Alors que Selen se tirait victorieux de l'épreuve du Maître, les deux prêtres se tournèrent vers lui ouvrant de grands bras en exclamant leur joie de le retrouver ainsi entier. Les deux hommes présents en avaient totalement oublié Amarante, laissant encore une fois la cruelle magicienne sur sa faim.
Toute fois... Les lumières allaient grandissantes. Et contre toute attente, de nouveaux visages apparurent, sortant de l'ombre, venant à votre rencontre, les bras grands ouverts, des compliments et des félicitations plein les musettes. Visiblement, il était possible de conclure que les trois hommes qui s'étaient présentés à vous tenaient pour rôle de gardiens de la cité, et que les autres âmes qui s'y terraient attendaient que le Maître lui même accepte la venue des étrangers...
Tous vêtus de la même tenue, souvent rapiécée, jamais réellement identique, certains portaient plus de ces étranges visages de cuir à la poitrine, les femmes elles, n'en portaient aucun. Les enfants, à défaut de revêtir la capuche pointue de rigueur, étaient tous rasés, tous albinos et leur pâleur éclairée de ces lueurs vertes leur donnaient une expression étrange... Irréelle. Tous se ruèrent vers Selen pour caresser sa poitrine d'un air solennel dans une cohue joyeuse.
Un grand homme s'appuyant à chaque pas sur une longue de bois, probablement venue de la cargaison pillée du navire. Il posa sa main sur l'épaule d'Amarante.
« Laissez ces hommes acclamer ce qu'ils pensent être le héros... Suivez moi donc. Vos questions ne seront pas sans reste. Vous êtes acceptée, vous pourrez donc enfin savoir... Ce qu'est l'Aura. Non, ce culte n'a rien à voir avec la mousse purulente de ces profondeurs... Il s'agit d'une larme... D'un coeur, d'un esprit peut être... Quoiqu'il en soit, cette chose luisante et magnifique que je m'apprête à vous montrer est issue du mal, le mal pur, celui des Dieux anciens et capricieux... Ceux de la mort. Suivez moi... » disait l'homme en poussant légèrement la femme, il avançait avec peine en se dirigeant vers un petit porche décoré d'une fresque divine mettant en scène l'éternel et même visage...
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De leur côté, Depheline, Serpent, Aztai, Ziresh, Warren et Trà Thù étaient toujours en compagnie de cet homme inconnu fraîchement bombardé de questions. Il avait gardé le silence sous vos interrogations, prenant bien soin de regarder non sans un soupçon d'insistance chacun d'entre vous.
Il dit premièrement à Depheline, accompagnant ses dires d'un sourire presque honnête.
« Et bien... Les dangers sont nombreux ici. Mais derrière ces murs, nous connaissons à la fois sécurité et prospérité... Ne restons pas ici... Suivez moi plutôt. Le Maître me dit que votre ami Selen est vainqueur et que vous serez traités à mesure de cette prouesse.»Alors qu'il s'avançait pour se diriger vers la cité, il tourna vers Aztai son visage, sa voix fut peinte d'une toute autre tonalité, comme si les propos qu'il allait déclarer étaient dérangeants, honteux.
« Cet homme a été attaqué avec son clan dans la nuit par les insectes voraces... Le Maître a dû voir en lui un espoir d'apporter son aide... Cependant, nous ne sommes pas tous égaux face à la voix du Maître. L'être en est devenu fou à lier, et pour le punir de ne pas avoir été à la hauteur, le Maître dans sa noire colère lui inflige mille tourments. Telle est sa loi. Telle est la vôtre maintenant...»Soudainement, son empressement se fit plus fort, et tout en bousculant Ziresh et Warren, il se dirigea à pas allongés vers les lourdes portes de la cités en marmonnant dans sa barbe :
« Bien sûr qu'ils étaient là avant... C'est pas nos femmes qui ont accouchés cette engeance...»