La menace de la belle susurrée à l’oreille du jeune homme blessé porta fruit. Sa surprise partie, c’est avec une expression de colère non-dissimulée que Blanket se leva péniblement, faisant signe à la rouquine de le suivre. En lui proférant ses cruelles menaces, la rouquine croyait qu’il leur suffirait d’emprunter un tunnel pour se rendre à la dite mine. Sa surprise fut ainsi plus grande lorsqu’elle constata qu’ils devaient sortir de la caverne. Conservant une attitude impassible, elle ne laissa deviner son ignorance quant au lieu où se trouvait la mine. Affrontant la lumière aveuglante du soleil, les yeux mi-fermés, Sibelle ne perdit pas pour autant le jeune blanc bec des yeux. Conservant le même mutisme que son otage, envahie par une colère aussi violente que ce dernier, mais déclenchée par des motifs différents, la guerrière suivit de près le jeune homme qui s’enfonçait dans la forêt. La courte balade en forêt fut des plus silencieuses, les deux jeunes gens s’échangeant mutuellement des regards peu engageants.

Arrivée près de la mine, mais encore cachée derrière un couvert de végétaux, Sibelle se tint très près du jeune homme, sa lame aiguisée effleurant le cou de ce dernier. D’une voix menaçante, elle lui chuchota à l’oreille :

« Maintenant, tu vas me déballer tout ce que tu sais sur ce qui se trame ici. Et fait gaffe, de ne pas alerter ce garde. Si tu le fais, je ne serai peut-être pas la gagnante de ce duel entre lui et moi, mais tu ne le sauras jamais, car ta mort t’empêchera d’assister au combat. »

Un long tunnel sombre, étroit et mal taillé. Zniitch ne tarda pas à reconnaitre là les galeries des mines dans lesquelles il avait tant souffert ... Deux jours ? Trois ? Le gobelin était incapable de se rappeler combien de temps il avait bien pu passer ici.

Mais le souvenir des cris inaudibles et des coups de fouet résonnants entre ces murs de pierre investit soudainement Zniitch, si bien que les bruits de pioche qui martelaient toujours son crâne s'amplifièrent à nouveau.
Ses jambes semblèrent un instant ne plus vouloir supporter son poids et il trébucha, se rattrapant de peu à la paroi rocheuse. Il resta ainsi, la respiration haletante, un fin filet de bave dégoulinant de sa lèvre inférieure, puis se redressa, secoua la tête pour reprendre ses esprits, et continua son avancée dans les ténèbres.

Dirigé Zniitch/Sibelle

Sibelle : Blanquet te regarde l’air furieux, il serre les dents de rage mais finit par se calmer voyant aucune autre échappatoire.

Très bien, je vous raconte tout, seulement si vous me laissez partir ensuite.

Zniitch : Tu découvres une grande caverne souterraine dont le centre est occupé par un grand lac. On ne voit pas le fond qui se perd dans la distance et l’obscurité. Sur ta droite deux baraques ou sont parqués des gobelins trop faibles visiblement pour rejoindre leurs appartements, leurs corps rachitique, entassés les uns sur les autres, frémissent légèrement aux rythmes des respirations saccadés. Il y a deux gardes qui les surveillent. Toujours à ta droite mais plus proche, un préau de bois, formant une caserne ou six mercenaires dorment paisiblement. Sur ta gauche se trouve une bâtisse, fermé et surélevé par des petits pilotis. Plus loin un entrepôt ou tu peux voir des sacs, entre cette grange et la maison en bois il semble y avoir deux artères où des gobelins travaillent sous la surveillance de quatre gardes. Le camp est entouré d’une barrière en bois.

Sibelle savait choisir les mots pour convaincre ses otages de parler. Et quiconque la connaissait, savait qu’il était préférable d’obtempérer puisque la rouquine n’hésitait jamais à mettre ses menaces à exécution.

Probablement convaincu de la véracité des propos de la guerrière, le jeune homme à la cape rouge consentit, à contrecœur de tout dévoiler demandant en retour la vie sauve. Combative, agressive et déterminée, la guerrière n’en demeurait pas moins loyale. Elle accepta donc de mon cœur le marché proposé.


« Marché conclu ! Je n’ai qu’une seule parole. Parle et je te laisserai partir sans aucune blessure. Mais fais attention à ne pas me raconter des sornettes, car je te retrouverai et là je ne t’épargnerai pas. »

Méfiante de nature, Sibelle diminua la pression de sa courte lame contre le cou du jeune blanc-bec, sans pour autant la retirer. Pas avant qu’il ait tout raconté.

Quelques secondes plus tard, Zniitch débouchait dans une nouvelle grotte. Une haute et vaste grotte dont le fond se perdait dans les ténèbres. En son centre, un sombre et large lac reflétait les lueurs des quelques torches éparses qui constituaient l'unique source de lumière.
En effet, entouré d'une petite barrière de bois clouté, un petit camp humain lui barrait le passage.

Tout de suite à sa droite, une rudimentaire construction de bois abritait une demi-douzaine d'humains. Tous paisiblement endormis et allongés sur de modestes couchettes, le peu d'équipement sale et usé qu'ils possédaient était disposé un peu partout autour d'eux.
Mais un peu plus loin, surveillées par deux gardes bel et bien éveilles, se dressaient deux grandes cages comme celle dans laquelle Zniitch avait passé ses dernières nuits. Elles étaient chacune remplies de gobelins rachitiques et faiblards, entassés les uns sur les autres comme des bêtes ...

A gauche, cependant, tout n'était que granges et entrepôts. En effet, de nombreux et volumineux sacs de toile encombraient le passage et s'entassaient les uns sur le autres. Zniitch aurait été bien incapable de dire de quoi ils étaient remplis.
Devant ce grossier entassement, se tenait une seconde construction de bois. Intégralement fermée et montée sur pilotis, elle semblait marquer l'entrée d'une étroite galerie dans laquelle travaillaient une poignée de gobelins, surveillés par quatre gardes humains armés et à l'air menaçant. La vue de ce spectacle ne fit que rapeller au gobelin d'affreux souvenirs.

( Zniitch le sent mal ... très très mal ! ) Déglutit-il, serrant fébrilement ses armes entre ses frêles mains verdâtres. Il se voyait très mal traverser ce camp sans se faire repérer, et encore moins affronter la dizaine de gardes qui le défendait.

Ainsi, c'est avec tout le courage que l'on pourrait attendre d'un tel représentant de la race des sektegs que Zniitch prit la décision de rebrousser chemin. Il retraversa donc au pas de course les galeries qu'il avait déjà traversé, et prit le passage de gauche au croisement où il avait prit à droite, en sortant de la porte.

Dirigé Sibelle/Zniitch

@ Sibelle : Blanquet reprend son souffle se relève et éclaircie sa voix.


@ Zniitch : Tu remontes le couloir, laissant derrière toi la mine.
(2 tour pour revenir au carrefour (1/2))

Sa courte lame toujours sous la gorge du jeune homme, Sibelle écoutait attentivement ce dernier raconter toute son histoire. Le vol de la récolte n’était qu’une manigance organisée par le maire, son fils et quelques villageois afin de récupérer en partie et d’une façon indirecte les impôts toujours trop gourmands que réclamait le duc d’Amaranthe. Blanket expliqua ensuite que le milicien trop honnête n’avait voulu participer au complot, il s’en était suivi un rude combat dans lequel le milicien serait mort accidentellement. À ce moment du récit, Sibelle émit alors un petit son démontrant son scepticisme, mais laissa tout de même son prisonnier poursuivre. Quant à la mine, il s’agissait d’une histoire toute différente. Abandonnée, Blanket et quelques complices l’avaient remise en marche employant comme esclave quelques misérables peaux vertes. Lorsque son captif lui avoua que Zniitch faisaient partie des travailleurs de la mine et qu’il était peut-être décédé sous les conditions rudes du travail, Sibelle éprouva beaucoup de difficulté à retenir sa lame, à tel point que la pression exercée fit une légère éraflure qui fit couler quelques gouttes de sang.

Respirant à grand coups pour tenter de se contrôler, Sibelle retira la lame du cou de Blanket. Elle l’empêcha par contre de partir en appuyant fermement de sa main droite l’épaule du blessé.

Lui faisant face et sans le quitter des yeux, elle farfouilla dans son sac et en ressortit une vieille tunique.

« Je ne dévoilerai rien pour ce qui est des villageois, ni de leur récolte. Il s’agit du fruit de leur labeur, elle leur appartient. Pour ce qui est de l’entente avec le seigneur de leur terre, ça ne me regarde en aucun point. Cependant, je n’ai qu’une seule parole et j’ai dit que je vous laisserais partir sans blessure. Je vais donc te faire un bandage à l’épaule afin d’éviter que tu meurs au bout de ton sang avant de te rendre au village. »

Ceci dit, elle se mit à l’ouvrage, déchirant des bouts de tissus et enveloppant l’épaule du jeune homme. C’est donc avec un talent sûrement non-soupçonné que Sibelle fit un pansement à sa propre victime. Elle travailla efficacement, rapidement, mais sans ménagement envers le jeune homme, peu lui préoccupait qu’il éprouve un peu de douleur, bien au contraire.

Avant de le lâcher, elle le dévisagea une dernière fois :

« Écoute-moi bien ! Je m’en vais récupérer mon ami et puis je vais retourner au village. Tu as intérêt à être reparti avant que je revienne. Et si tu essaies de me jouer un vilain tour, tu le regretteras, car la prochaine fois je ne t’épargnerai pas. »

Sibelle libéra ensuite le jeune homme puis sortit du buisson pour se diriger vers l’entrée de la mine.

Dirigé Sibelle/Zniitch

@Sibelle : Blanquet ne se fait pas prier et disparait. Tu avances devant la Mine, le garde dort à l’entrée.

Le jeune homme fautif partit sans demander son reste alors que la belle guerrière passa silencieusement près du garde endormi tout en éprouvant un certain dédain pour cet homme qu’elle jugeait, sans le connaître, incapable d’occuper adéquatement son poste. D’un autre côté, la paresse de cet homme lui avait sûrement sauvé la vie puisque s’il avait été éveillé, Sibelle n’aurait pas hésité à le zigouiller sans plus de formalité.

Inquiète pour son compagnon Zniitch et habitée une fois de plus par un sentiment de colère qui ne demandait qu’à s’extérioriser sous forme de violence, Sibelle entra prudemment dans la sombre mine.

Dirigé Sibelle/Zniitch

@Sibelle : Tu rentres dans la mine, l’entrée est un petit hall, grossier et tout juste remplit d’une table et de quelques chaises. Les restes d’un repas trainent sur la table et au centre de la grotte gît un feu, éteint et fumant. Il n’y a personne. Devant toi une entrée d’un couloir sombre, tu y pénètres et t’enfonce dans l’obscurité jusqu’à buter contre quelqu’un.

@Zniitch : Alors que tu remontes le chemin tu finis par être percuter par ton amie Sibelle.

C’est à pas de loup que la guerrière pénétra dans la première pièce. Étroite et faiblement éclairée, cette petite salle réchauffée par un feu récemment éteint, si on en jugeait la fumée qui s’en dégageait encore, n’avait pour meuble qu’une table et quelques chaises de facture modeste.

Une orque ou un gobelin aurait sûrement arrêté leur investigation pour sauter sur les restes de repas qui traînaient sur la table. Mais Sibelle, en elfe fière et dédaigneuse, n’y aurait jamais goutés, même affamée. Or, si la faim ne la tenaillait guère, l’inquiétude par contre lui rongeait les sangs. À chaque pas franchi dans cette grotte, elle redoutait de retrouver le cadavre de son petit associé à la peau verte. Sans plus attendre, la rouquine sortit de cette salle vide de vie et s’infiltra dans le sombre couloir.

Elle n’eut le temps de franchir que quelques pas qu’elle percuta de pleins fouets une créature. Sur ses gardes, elle recula de quelques pas et questionna :

« Qui êtes-vous ? »

La main gauche près de son arme attachée à la ceinture, elle attendit.

Laissant derrière-lui la grotte remplie d'humains, Zniitch parvint à s'éclipser sans faire le moindre bruit. Cependant, craintif de nature, il ne cessa de se retourner pour vérifier qu'il n'avait pas été repéré et que personne ne le suivait ...
Bien vite, il se retrouva à nouveau dans le long couloir sombre et mal taillé qu'il venait de traverser un peu plus tôt. Il hésita d'abord à s'y engager, sachant pertinemment les douloureux souvenirs que ce tunnel ravivaient en lui, mais il décida après un bref instant de prendre un peu sur lui.
Il ferma les yeux, prit de grandes inspirations, et éloigna de son esprit les bruits de pioches et de fouets qui tambourinaient dans son crâne, tentant de se concentrer sur autre chose.

Beaucoup de souvenirs passèrent en revue dans sa tête. De son enfance difficile dans les montagnes de Nirtim, jusqu'à sa récente arrivée à Kendra Kâr et sa survie dans les égouts labyrinthiques de la capitale humaine. En passant par les différents clans et groupes de sektegs qu'il avait rejoins, utilisé, trahis et abandonné, puis rejoins à nouveau ...
Il repensa à Gark, qui avait dirigé l'un de ces nombreux clans, avant de le dissoudre en l'abandonnant pour se retirer et ne plus jamais faire parler de lui ... Jusqu'à ce jour, dans les docks de Kendra Kâr. Ce jour où Zniitch avait à nouveau entendu son nom, et qu'il s'était engagé sans réfléchir dans une folle aventure dans l'espoir de le revoir, allant même jusqu'à s'enrôler dans un groupe de mercenaires pour finalement se retrouver embourbé dans une enquête sans queue ni tête !
Puis quelqu'un d'autre s'imposa dans sa mémoire. Une épée dans chaque main, cuirassée d'une armure légère et finement détaillée, il s'agissait d'une grande silhouette élancée, aux formes féminines et à la longue chevelure rousse volante dans le vent. De cette tignasse fougueuse dépassaient deux longues oreilles, trahissant ses origines elfiques. Sibelle.
Cette elfe lui avait redonné courage à maintes reprises. Elle l'avait protégé, dans ce village humain, et ils avaient tous deux développé une complicité peu commune en enquêtant ensemble sur cette affaire qui les avait réunis fort fortuitement, faisant même oublier à Zniitch pourquoi il était venu à la base. Elle l'avait protégé, oui, mais il l'avait perdu de vue ... Et, aussitôt, il s'était fait capturé, emprisonné et réduit en esclavage par ces humains haineux !

( Zniitch doit s'échapper, il doit sortir de là. Et quand il sera sorti, il devra retrouver Sibelle. Et quand il l'aura retrouvé, il ne la quittera plus ! )

Quand Zniitch revint à lui, il cligna des yeux à plusieurs reprises avant de se rendre compte de ce qui s'était passé. Sans même s'en rendre compte, il avait traversé ce tunnel qu'il craignait tant et il se trouvait maintenant devant l'embranchement précédent.
Sur sa gauche, la porte encore ouverte qu'il avait franchit quelques instants auparavant. Et droit devant lui, un nouveau couloir qui s'enfonçait dans les ténèbres, mais d'où provenait une faible lueur. Le frêle gobelin nota toutefois que les éclats de voix qu'il avait entendu à son dernier passage s'étaient estompé, laissant place à un silence glacial.

Il n’hésita pas une seconde de plus, et s'élança à toute vitesse vers le seul chemin qui pouvait encore le mener à la sortie. Trop occupé à penser à Sibelle et à ce qu'il ferait pour la retrouver, il ne faisait plus attention à ce qui se passait autour de lui ... jusqu'à ce qu'il percute brusquement et de plein fouet un obstacle, le faisant tomber à la renverse.
Paniqué, il se mit à rouler au sol afin de trouver un abri et cherchant à dégainer son sabre tout en maudissant son imprudence qui lui couterait probablement la vie. Tout ce que ses yeux avaient pu distinguer, c'était une grande silhouette humanoïde ... et armé ! Mais il fut stoppé par une voix. Un « Qui êtes-vous ? » hostile et menaçant, mais venant pourtant d'une voix familière.

« Sibelle ?! » S'exclama le gobelin, toujours au sol, alors que ses yeux s'habituaient lentement à l'obscurité. « Le ... Un gobelin a retrouvé Sibelle ! L'elfe ne doit pas ... pas attaquer le gobelin ! Le gobelin porte le nom de Zniitch ! Zniitch ! Sibelle se souvient ? »

À la question de la belle, la réponse ne se fit point attendre. Ce n’était nul autre que son petit compagnon d’aventures qui l’avait percuté et qui la voix tremblante rappelait, à la guerrière qui il était.

Le sang de la rouquine ne fit qu’un tour. Brusquement, elle lâcha son arme et de ses deux mains nues, elle prit la petite créature verte par le collet et le hissa à sa hauteur afin de darder son regard noir de colère dans les petits yeux du gobelin. Sans le quitter des yeux, l’irritabilité bien présente dans la voix, elle le sermonna :

« Toi ! Ne t’avise plus de me quitter ainsi, tu entends ? »

Ces paroles prononcées, elle le déposa sur le sol. Puis dans un élan non contrôlé elle s’agenouilla afin d’être à sa hauteur et le serra tendrement dans ses bras, tout en chuchotant, les yeux humides.

« J’étais inquiète ! »

Ce petit égarement de tendresse ne dura qu’une dizaine de secondes peut-être quinze ou trente tout au plus, après quoi la guerrière se releva.

Alors que vous vous retrouvez, du bruit attire votre attention. Il provient de l’entrée, des cris et surtout le choc des bottes sur la roche. Des hommes viennent vers vous et rapidement. Sibelle tu reconnais la voix de Blanquet.