La mimique de colère de la rouquine se transforma rapidement en sourire lorsqu’elle entendit et sentit les os du Djin craquer sous sa lame. De nouveau, l’hideux monstre difforme fit entendre sa voix criarde. Cette fois par contre, Sibelle apprécia ce petit récital puisqu’il signifiait que sa victime souffrait. De son seul bras valide, l’horrible animal blessé tenta de s’en prendre à Sibelle qui, à l’affût et agile, l’évita sans difficulté comme si elle avait effectué un pas de danse coutumier.

L’autre gobelin, celui que Sibelle ne connaissait point, bondit sur leur adversaire commun, et de sa puissante hache, lui trancha son épaisse peau coriace.
Inquiète pour la santé de Zniitch, Sibelle se permit de regarder en direction de Blanket pour voir de ses yeux, la petite peau verte disparaître au toucher du guérisseur. Le sang de la guerrière ne fit qu’un tour et elle s’apprêtait à occire le jeune homme croyant qu’il était la cause de cette disparition. Mais heureusement pour ce dernier, Sibelle se ravisa et ne fit aucun geste en ce sens lorsqu’elle comprit qu’il n’y était pour rien.

Alors que la bête durement blessée décida de reculer, la belle avança ses armes toujours en main, cherchant sans le trouver son petit gobelin.

Dirigé Sibelle/Zniitch

Jet de Znitch : réussit
Jet du Gobelin : échec
Jet de Blanquet : réussit
Jet du Jinn : réussit.
Jet esquive Sibelle : échec

Le sabre de Zniitch s'enfonce dans la peau du monstre qui hurle à en faire trembler les parois de la grotte. Le monstre s'avance titubant, mais esquive une nouvelle attaque du gobelin qui prit dans son élan va rouler plus loin, dans les gravats. C'est là que Blanquet tend ses mains en avant. Il crée un jet de lumière qui percute la bête dans un bruit de grésillement. Il tombe alors à terre au pied de Sibelle, une odeur de brulé s'empare de vous. gisant devant la guerrière inanimée l'abominable Jinn dans un sursaut de vie se relève et frappe la guerrière d'un uppercut, violent. (-8pv). L'elfe se retrouve à terre et peu voir la chimère sanguinolente, un bras ballant, s'agiter et vociférer à votre égard.

Alors que rien ne le laissait présumer, la redoutable chanteuse pourvue de multiples organes buccaux se mit à gémir si fort que les parois de la grotte en tremblèrent. Sibelle, perplexe, ne comprenant pas ce qui avait causé cette atroce douleur à la misérable chose, la vit s’approcher d’elle en titubant. Sans hésiter, probablement dans le but de protéger la guerrière, le petit gobelin, fort courageux, tenta une fois de plus d’attaquer le Djin. C’était sans compter les derniers réflexes de survie de sa cible qui esquiva sans trop de mal son attaque tout en l’envoyant rouler plus loin.
Sibelle, les pieds bien campés au sol, tenant son épée courte à deux mains, s’apprêtait à attaquer leur adversaire de front. Or, à la surprise de tous, le jeune prétentieux la prit de cours en se servant de ses mêmes mains guérisseuses pour tuer le Djin qui s’effondra lourdement à proximité de la belle rouquine. Alors que celle-ci cherchait toujours du regard son petit protégé, la bête mourante eut un dernier regain d’énergie, et la frappa de plein fouet .N’ayant eu le temps d’esquiver, la guerrière s’effondra au sol, ébranlé.

L’horrible chose qu’elle croyait à l’agonie agitait son désormais unique bras, tout en menaçant ses opposants.

Blessée, mais toujours animée de cette énergie guerrière qui la caractérisait tant, l’elfe blanche en colère se releva tant bien que mal, empoignant à deux mains le manche de la pelle qu’elle avait trouvée au cimetière. Réunissant toute la force et l’énergie qui lui restait, ses deux pieds écartés à la largeur des épaules, elle fit avec ses bras un mouvement de balancier suivi d’une légère torsion du tronc, afin de se donner un élan pour frapper violemment de la partie plate de son instrument l'animal qui avait osé la frapper.

Au grand bonheur de Zniitch, son sabre s'enfonça presque jusqu'à la garde dans la peau violacée du monstre. Le beuglement assourdissant qu'il poussa alors ne faisait plus aucun doute : il n'allait pas tarder à succomber aux assauts répétés des deux gobelins et de Sibelle.

Mais soudain, alors que Zniitch était toujours accroché à son sabre, dans le dos de la créature hurlante qui gesticulait follement, un grand flash de lumière envahit la salle. Une vive lumière, rapidement accompagnée d'une vague de chaleur étouffante et d'un inquiétant grésillement.

( Zniitch n'aime pas ça ! Pas du tout ! ) Se dit le gobelin avant d'avoir le réflexe de sauter. Il força un peu sur ses muscles endoloris, appuya de ses deux pieds nus sur le cuir épais de la créature et dégagea son sabre en se jetant au sol.

Et heureusement pour lui car, l'instant d'après, il put voir son adversaire démesuré lâcher prise du plafond et s’effondrer bruyamment au sol dans un énorme nuage de poussière.
Cependant, cette monstruosité n'avait pas dis son dernier mot et, après avoir passé un court moment immobile, elle se mit à convulser au sol, balançant dangereusement ses longs bras mortels dans tous les sens. L'un de ses spasmes désordonnés frappa même Sibelle, qui fut propulsée en arrière de plusieurs mètres avant de retomber dans les décombres.

Mais, aussitôt, comme si de rien état, celle-ci se releva. Son épée probablement tombée durant sa chute, elle s'empara d'une pelle qui était accrochée dans son dos et chargea la monstre qu'il avait osé la blesser. Elle semblait uniquement animée par la haine et le désir de se venger.
A vrai dire, elle faisait un peu peur à Zniitch.

Mais il ne se laissa pas décontenancer. Sibelle était là, à présent, et elle pouvait le voir. Il se devait donc de rester fier. Fier et digne, comme elle le lui avait appris.

« Fier et digne ! » Hurla-t-il de sa voix nasillarde en se redressant, en récupérant son arme dans les gravats et en fonçant à toute vitesse vers la créature. L'adrénaline et sa volonté ignorant la douleur, ses sens en alertes, il tenta d'esquiver ses longs bras pour y planter son long sabre.

Dirigé Sibelle/Zniitch

Le Jinn rend l'âme sous vos coups, rebondissant tel un pantin désarticulé et s’effondrant dans un gargouillis étouffé. Le Silence retombe, le gobelin qui est en fait une femme se relève et vous toise.

Je suis Hystère

Blanquet se redresse, il souffle de soulagement de voir le Jinn mort.

Je connais la sortie, j'avais étudié les ancien trajet de cette mine Torkine.

Alors que la belle rouquine enragée frappait la bête atrophiée de sa lourde pelle souillée de terre, elle entendit une petite voix nasillarde s’élever non loin de là. Il s’agissait de son petit compagnon Zniich qui, la tête haute, clamait être fort et digne comme lui avait conseillé Sibelle. Il s’était approché ainsi de leur victime commune, le sabre bien haut et d’un coup violent la transperça de sa lame affûtée.

Attaqué des deux côtés, le monstre déjà très affaibli ne put se défendre. Il émit un dernier gargouillis doux à l’oreille de ses assassins, et mourut sous l’assaut des coups répétés des deux compagnons légèrement blessés.

Le petit gobelin se releva et dévoila son visage féminin. Il s’agissait bien d’une gobeline qui d’un signe de tête se présenta comme étant : Hystère.
En fière guerrière, appréciant l’aide plus qu’utile de la petite peau verte, elle l’a salua fièrement et déclina à son tour son nom.

Quelque peu inquiète de la santé de son protégé, Sibelle allait s’en approcher lorsqu’un souffle de soulagement détourna son attention. Le beau Blanket, celui-là même qui à deux reprises l’avait trahi, soulagé du décès de l’abominable créature des profondeurs de la mine, se releva à son tour et les informa qu’il savait comment sortir de ces sombres souterrains.
Ravivée dans sa rancune, Sibelle avait pour le moment un autre intérêt que de fuir, celui de se défouler sur le jeune guérisseur mal intentionné. D’un geste rapide et violent, elle fonça droit sur lui, l’empoigna par le collet, le souleva et le colla contre la froide paroi de roches, puis déversa sur lui toute sa bile en hurlant :

« Salopard sans foi ni loi ! Tu m’avais promise au prix de ta vie, de ne tenter aucunes représailles. Et pourtant, aussitôt que tu le pus, accompagné de vauriens sans scrupules, tu es revenu dans l’intention de nous faire taire à jamais. »

Sans le lâcher, à quelques centimètres seulement de son nez, elle poursuivit sa tirade :

« Au comble de l’insolence, tu m’as laissée panser tes plaies, alors que tu aurais pu te soigner sans mon aide…. »

Elle s’arrêta de parler quelques instants, la peau rouge de rage, la respiration rapide, le fusillant du regard, cherchant sans doute au plus profond de sa personne un moyen de se calmer pour se retenir de ne pas tuer cet homme sur le champ.
« Mais… » Elle se racla la gorge et se reprit : « Mais tu m’as sauvé la vie… » Elle baissa le regard, puis poursuivit d’un ton plus bas, plus ferme et moins agressif.

« Tu m’as sauvé la vie et je t’en suis redevable, je te laisse donc la vie sauve. Montre-nous le chemin et nous te suivrons. »

Ceci dit, visiblement à contrecœur, elle le relâcha et se retourna vers les deux gobelins.

(((Comme objet, j'aimerais l'armure, le bustier de fer, qu'elle porte sur l'image qui la représente)))

L'estocade du gobelin, combinée aux coups de pelle furieux de sa camarde elfique, eurent finalement raison de l'horrible créature dont les hurlements stridents se muèrent en gargouillis étouffés, avant de s'éteindre définitivement. Elle était morte, et bien morte.

L'autre gobelin - qui les avait bien aidé durant le combat, il fallait bien l'avouer - se redressa et se présenta sous le nom d'Hystère. Et puis c'était une gobelinne, d'ailleurs ... un simple détail, au vu de la laideur commune des deux sexes opposés de cette race de peaux-vertes.

« Merci pour l'aide. » Commença Zniitch à l'attention de cette dernière. Malgré la douleur, il s'affaira à essuyer sa lame sur la tunique d'un cadavre qui trainait là, puis la rangea dans son magnifique fourreau. « Le gobelin se nomme Zniitch ... Il est ravi de rencontrer une autre sekteg. »

Enfin, le dernier humain vivant soupira de soulagement à la vue du monstre ensanglanté et immobile. Zniitch le reconnut aussitôt comme l'un de ceux qu'ils avaient tenté de prendre en embuscade, Sibelle et lui, juste avant que le sol ne s’effondre et qu'ils ne débouchent dans cette mine naine ... Peut-être était-ce pour cela que l'elfe guerrière se mit à lui crier dessus, l'insultant et l'accusant de tords auxquels le pauvre gobelin ne comprenait rien.
Une incompréhension qui ne fit que croitre lorsque Sibelle baissa le ton et remercia presque l'homme de lui avoir sauvé la vie, lui promettant la vie sauve s'il les menait hors de cette mine - qu'il avait l'air de bien connaitre, selon ses dires.

Pendant ce temps, Zniitch était occupé à questionner l'autre sekteg, qui lui paraissait déjà beaucoup plus intéressante. Il la questionna sur la raison de sa présence dans ces souterrains, si elle savait pourquoi les humains souhaitaient-ils tant creuser ces grottes et il lui demanda enfin ce qu'elle savait sur Gark-n'à-qu'un-œil.

Ce faisant, il fouillait toujours les gravats poussiéreux qui recouvraient désormais le sol de cette vaste mine, à la recherche de quelque chose qu'il pourrait éventuellement récupérer ... jusqu'à ce qu'il soit miraculeusement exaucé ! En effet, aux poignets d'un esclave gobelin désarticulé, était accrochée une paire de protection d'avant-bras en cuir clouté encore intacte.
Sans le moindre état d'âme, Zniitch dépouilla alors ce corps de ses biens et les enfila à ses propres poignets, rajusta quelques sangles et fut rassuré en constatant qu'ils lui allaient parfaitement bien.

Dirigé Zniitch/Sibelle

Blanquet soupire de soulagement en voyant qu'il ne va pas être passé à tabac par l'elfe. Pour toute réponse la gobeline hausse les épaules, c'est Blanquet qui te répond.

Gark est une excuse et une invention de mon père et moi-même afin que le village garde ses récoltes. Si ce gobelin existe encore il doit être bien loin de là.

Il avance vers le porche, qui donne vers le corridor et vous fait signe de le suivre.

...

Blanquet n'a pas menti et très vite vous sortez de la mine, la lumière du jour vous aveugle un temps puis vos yeux si habituent. Vous redescendez vers le village paisiblement.

Quand du bruit vous attire sur votre gauche. A Travers les fourrées, derrière les arbres, suivant le même chemin que vous, en contre bas, une horde de gobelin armé se dirige vers le village. Ils ne vous ont pas vu tant ils font du bruit. A leur tête, Zniitch tu reconnais Gark n'a qu'un œil, apparemment celui-ci a eu vent qu'on utilisait son nom à tord et il n'a pas l'air de l'apprécier. Il est clair qu'ils vont attaquer le village en guise de vengeance et Blanquet l'a compris.

Mon dieu, Lisa.

La belle rouquine avait retrouvé son calme et en silence suivait leur guide et écoutait la conversation. Zniitch questionnait la gobeline visiblement intéressée à lier la conversation avec cette dernière qui très peu volubile, se contenta de hausser les épaules. Blanket répondit à sa place en précisant que Gark bien qu’il ait probablement existé, n’était pas la cause de l’incendie de la grange de leur village. Tout cela n’était que machination afin que les habitants du village puissent conserver leur récolte. Sibelle en voulait toujours à Blanket pour ses gestes de traîtrise, mais malgré tout, elle trouvait injuste que les villageois soient obligés de donner une si grosse part de leur récolte, au détriment même de leur bien-être, voire même leur survie.

Tout en traversant les longs corridors de roches, Sibelle aperçut une armure qui lui plaisait. Puisque son propriétaire était décédé, elle n’eut aucun scrupule à lui retirer. Et c’est sans pudeur qu’elle la revêtit immédiatement. De toute manière, elle était en queue de ligne et ses compagnons regardaient droit devant eux. Constituée de plusieurs plaques de métal, arrangées à la façon d’un corset cintrée à la ceinture. Cette armure lui allait bien et la protégerait lors des futurs combats.
Il ne fallut que très peu de temps pour retrouver la lumière du soleil si réconfortante, bien qu’aveuglante le temps que les pupilles de la guerrière s’adaptent.

Le petit groupe hétéroclite de quatre personnes se dirigeait paisiblement vers le village lorsqu’un bruit attira leur attention. À leur gauche, dans les fourrés un petit groupe de gobelins bien armés et semblant plus téméraire que ceux de la mine, se dirigeaient bruyamment vers le village. À leur tête, un gobelin visiblement en colère, les pressaient à accélérer le pas. Il n’y avait pas de doutes, ils s’apprêtaient à attaquer le village.
Blanket désespéré craignait pour une certaine Lisa, sûrement la demoiselle que Sibelle avait vue entrelacée dans les bras de Blanket quelques jours plus tôt.

Sibelle fit signe aux trois autres de s’approcher d’elle pour leur faire part de ses intentions.

« On ne peut les laisser massacrer le village, il faut établir un plan et vite. On pourrait les attaquer par-derrière et les éliminer un par un. Ou encore, les devancer et s’en prendre principalement au chef. Lui éliminer, il y a de fortes chances que le reste de la troupe déguerpisse. »

Elle les regarda un après l’autre puis reprit :

« On doit agir vite…. Et tous les quatre ! » Rajouta-t-elle à l’intention de Blanket. "Je ne crains pas de me battre, mais sans votre aide, je n’y parviendrai pas …. Et toi Zniitch, que proposes-tu ? »

Même si Zniitch était très heureux de rencontrer un autre représentant de sa race - du sexe opposé, qui plus est - celle-ci n'avait pas vraiment l'air bavarde. En effet, elle ne répondit pas aux questions du gobelin bien qu'elle les ait entendu, et se contenta de hausser les épaules avant de suivre l'humain à la cape rouge et déchirée qui les conduisait désormais au travers des larges couloirs décorés de la mine naine.
La grandeur de cet endroit était impressionnante. Le plafond se situait à presque une dizaine de mètres au dessus de leurs têtes, et était soutenu par de nombreuses colonnes géométriques et positionnées symétriquement. En bref, ce lieu représentait parfaitement les valeurs de nains, à savoir la fierté, la robustesse et le savoir-faire.

Mais la voix de leur "guide" le tira de ses contemplations. Il avait probablement entendu les questions que le gobelin avait posé un peu plus tôt, et avait remarqué que son interlocutrice n'y avait répondu. Il prit donc sa place. Mais ce qu'il annonça ne laissa pas Zniitch indifférent.

En effet, selon ses dires, Gark n'a-qu'un-œil n'aurait jamais été impliqué dans cette histoire de pillage et de vol de récoltes ... A vrai dire, Zniitch pouvait s'en douter puisque leurs investigations, à lui et à Sibelle, leur avaient prouvé que toute cette histoire n'était qu'un coup monté visant à accuser les gobelins. Mais il avait toujours nourris l’espoir de le trouver quelque part, afin que toute cette aventure n'ait pas été vaine ... Mais non, Gark n'avait rien à voir avec tout ça, et il devait être bien loin d'ici.
Mais un autre détail força l'attention de Zniitch. L'homme à la cape rouge annonça que lui et son père avaient utilisé le nom de Gark pour rendre l'histoire crédible, et afin que le village puisse garder ses récoltes ...

( C'est donc lui le responsable ? Et qui est son père ? Et au juste ... Qui est cet homme ?? ) Se demandait Zniitch, sans vraiment oser le demander. Sibelle, elle, semblait le connaitre ... Il lui poserait la question en temps voulu. Mais le petit gobelin n'était pas entièrement satisfait.

« L'homme n'a pas répondu à toutes les questions de Zniitch ... Quelle est cette mine ? Et qu'est-ce que les humains y cherchent ? » Redemanda-t-il de sa voix nasillarde, avant de prendre un ton plus agressif. « Les humains du village réduisent des gobelins en esclavage pour pouvoir creuser et piller les vieilles ruines naines ... Est-ce cela ? »

Quoi qu'il en soit, Zniitch se sentait terriblement trahis. Sa voix tremblait et ses mains étaient moites. Pourquoi était-il sorti des docks de Kendra-Kâr, au juste ? Pour revoir Gark, qu'il n'avait pas vu depuis si longtemps. Et, maintenant, il apprenait que Gark n'était pas impliqué et que ces stupides humains avares lui avaient fait courir tous ces risques pour rien. Que lui restait-il à faire ?
Mais ce n'était pas la seule raison à la haine qu'il éprouvait en ce moment-même. Pendant plusieurs jours, il avait creusé jusqu'à l'épuisement dans ces mines sombres et étroites, au côté de nombreux autres membres de sa race ... Il pouvait encore entendre les cris, les coups de fouet et le tintement des pioches contre le métal ... Tous ces gobelins ... Réduits à l'état d'esclaves et ne servant plus qu'à l'assouvissement de l'avarice des hommes.
Ces hommes devaient payer ce qu'ils avaient fait.

Assez rapidement, au fil de la discussion et pendant que la haine et le ressentiment bouillonnaient dans le cœur du petit gobelin, la lumière revint et la mine déboucha enfin à l’extérieur. Un extérieur familier. En effet, ces pentes douces recouvertes de forêts de pins et ces montagnes à perte de vue ne pouvaient signifier qu'une seule chose : qu'ils étaient bien dans les montagnes du centre de Nirtim, dans les duchés humains.
La journée était bien avancée à la lumière du soleil était telle qu'elle aveugla Zniitch pendant plusieurs minutes, lui qui avait passé des jours entiers dans ces mines obscures. Bien vite, le petit groupe hétéroclite arriva en vue du village, planté sur un plateau en contrebas. Petit amas de battisses éparses à la cheminée fumante, le gobelin imaginait tous les humains qui y vivaient. Tous ces humains qui haïssaient les sektegs et qui les persécutaient à la moindre occasion ... et cela ne fit qu'amplifier la rage et le désir de vengeance qu'il renfermait en lui.

Lorsque soudain, un bruit attira l'attention de tout le monde.
Des bruits de pas ... Beaucoup de bruits de pas. Le bruit d'une armée en marche ! Et en effet, un peu plus bas, progressant à travers les bois et se dirigeant sans l'ombre d'un doute vers le village, marchait une petite armée de gobelins d'une cinquantaine d'individus. Ils étaient bruyants, détermines et armés.
Le cœur de Zniitch fit un bon dans sa poitrine. Il n'avait guère vu de gardes dans le village d'Alkil, et la seule opposition que rencontreraient les gobelins seraient les quelques mercenaires isolés et désorganisés qui recherchaient toujours dans le village et ses alentours ... Cette armée pouvait détruire le village. Elle pouvait mettre à bas ces esclavagistes, ces tortionnaires et ces hommes qui avaient salis le nom de Gark n'a-qu'un-œil.

C'est alors que Sibelle commença à établir un plan. Plein d'enthousiasme et son esprit guerrier prenant les devants sur la raison, elle proposa d'attaquer l'armée et d'en tuer le chef, en espérant que cela suffise à disperser les troupes.
Même s'il est vrai que ce genre de technique pouvait marcher contre une armée aussi instable et peu organisée que les gobelins, le fait était qu'ils étaient à quatre contre cinquante ... Zniitch avait confiance dans les talents au combat de la guerrière elfique, mais quand même ! Et il ne fallait pas se mentir ... Zniitch n'avait aucune envie d'empêcher cette armée de faire son œuvre. Et le désespoir de l'humain à la cape rouge à propos d'une certaine Lisa n'y changea rien.

Mais le cœur de Zniitch manqua de s'arrêter quand il vit enfin le chef dont parlait Sibelle. Petit, distordu, doté d'un visage laid et marqué d'une vilaine cicatrice qui lui barrait l’œil gauche, Zniitch n'eut aucun mal à reconnaitre Gark. C'était lui, cela ne faisait aucun doute. Il n'avait pas changé. Il se distinguait des autres à peine par sa taille, mais surtout par son équipement et son allure.

« Non, non, non, ... faut pas le tuer ! Zniitch ne ... Zniitch reconnait ce gobelin. Il le connait ! C'est Gark ... Gark n'a-qu'un-œil. » S'exclama Zniitch, poussant de petits cris excités et tenant à peine en place. Il n'en croyait pas ses yeux ! « Gark s'est retiré il y a plusieurs années ... Il ne doit pas être content que les humains utilisent son nom pour l'accuser de pillage alors qu'il devrait être à la retraite. »

Mais Zniitch ne savait pas quoi dire d'autre. Il était en proie à un terrible dilemme. D'un côté, il voulait rejoindre Gark et laisser l'armée marcher sur le village pour que les gobelins prennent leur revanche ... Mais, d'un autre côté, Sibelle semblait tenir à ce village. Il voulait absolument revoir Gark, mais il ne pouvait pas décevoir ou contredire Sibelle ... Elle l'avait tant aidé, elle lui avait tant apporté, ... il ne pouvait pas la trahir ou l'abandonner ainsi ... d'autant qu'il risquerait d'y perdre la vie !
Il fallait qu'il trouve un compromis !

« Sibelle ... Zniitch ne ... Zniitch a passé plusieurs jours dans les mines, avec des dizaines et des dizaines d'autres gobelins. Zniitch se souvient des cris, Zniitch se souvient des fouets, et Zniitch se souvient des pioches battant la pierre. Les humains ont forcé les gobelins a travaillé sans relâche, jusqu'à l'épuisement. Zniitch a vu beaucoup de gobelins mourir ainsi. Et pourquoi ? Pour quelques morceaux de cailloux ... Comment réagirait Sibelle si elle voyait autant d'elfes mourir autour d'elle pour quelques morceaux de cailloux ? Je pense que Sibelle voudrait se venger ... Zniitch veut se venger. Il veut se venger contre les humains.
En plus, ces mêmes humains ont commis une grande offense contre Gark. Zniitch connait bien Gark. Il avait juré de ne plus tuer et de ne plus piller. Et voila que ces humains l'accusent d'avoir voler leurs ressources, et tout ça pour quoi ? Encore une fois pour s'enrichir ... Les humains ne vivent que pour ça. Ils s'enrichissent, détruisent ce qu'ils ont battis, puis s'enrichissent de la destruction, et recommencent encore et encore ... Ils doivent payer. »

Zniitch fit une pause dans son discours, reprenant son souffle et jetant un coup d’œil autour de lui. Il y avait un humain, dans leur groupe, et Zniitch ne voulait se retrouver avec un poignard dans le dos ... Puis il reprit.

« Mais ... Mais si Sibelle ne veut pas laisser les gobelins prendre leur revanche, Zniitch peut toujours essayer d'aller voir Gark et essayer de le convaincre de ne pas attaquer le village. Mais il faudra lui offrir quelque chose pour laver l'offense qui lui a été faite ... Pourquoi pas les responsables de cette usurpation de nom ? » Lança-t-il en se tournant vers le fameux humain à la cape rouge dans un piteux état. Ce serait une bien maigre compensation, mais ce serait déjà ça ...

Contrairement à ce que Sibelle avait affirmé un peu plus tôt, ce n’était pas une petite troupe de gobelins qui s’avançait vers le village, mais bien une centaine de peaux vertes bien armées. En fait, la guerrière n’avait d’abord aperçu que la tête de l’escadron. Tous ces plans tombaient alors à l’eau, il n’était plus question de tenter de les affronter, à quatre ils ne faisaient pas le poids. Sibelle attendit alors impatiemment la réponse du petit gobelin, espérant qu’il trouverait une solution à laquelle elle n’avait pas pensé.

C’est la voix tremblante que Zniitch expliqua à la guerrière sa vision des choses. Lors de leur séparation, Zniitch s’était fait capturer et employer dans une mine où il avait subi de mauvais traitements, travail forcé jusqu’à l’épuisement et coup de fouet à volonté. L’elfe blanche qui ignorait jusqu’alors ces faits, devint rouge écarlate, et empoigna l’hypocrite humain par le collet de peur qu’il songe à s’enfuir avant la fin du court récit du gobelin. Zniitch rajouta que pendant son pénible séjour dans la mine, il avait vu un nombre important de gobelins mourir et il pensait davantage à se venger et à rejoindre le groupe de gobelins qu’à sauver ces humains qui avaient tué sans scrupule ses semblables. La guerrière ne doutait point des paroles de Zniitch, puisqu’elle aussi avait été témoin d’un odieux massacre de ces petites peaux vertes sans défense. Peu à peu, la poigne de la guerrière s’écrasait plus violemment sur l’épaule de Blanket. Son petit protégé lui expliqua ensuite qu’il connaissait bien le chef de la troupe. Il s’agissait de Gark n'a-qu'un-œil, un chef de guerre retraité depuis quelques années et qui avait apparemment juré de ne plus piller, ni tuer. Ce Gark ne pouvant sans doute admettre qu’on salisse ainsi son nom désirait prendre sa vengeance.

Sibelle n’avait pas encore prononcé un mot, écoutant religieusement les propos de son petit compagnon de route. Elle se sentait un peu honteuse d’avoir voulu défendre les humains, comme si leur vie avait plus d’importance que celles des gobelins. Elle comprenait aussi la position de Zniitch, tout comme il lui faisait remarquer, elle n’aurait pas toléré qu’on agisse ainsi avec les gens de son espèce. Mais tout n’était pas si simple, les habitants du village, en particulier les enfants, n’étaient pas responsables de ce coup monté. Dans cette vengeance bien légitime, il y aurait sûrement d’innocentes victimes, ce que déplorait notre vaillante guerrière.
C’est alors que Zniitch proposa un compromis. Connaissant Gark, il se proposait d’aller parlementer avec ce dernier, lui offrant Blanket sur un plateau d’argent et lui demandant en retour d’épargner les autres habitants du village.

Sérieuse, songeuse, elle réfléchit une minute de plus avant de se prononcer :

« Ton plan est plus que généreux envers ces humains qui t’ont massacré. Je suis avec toi. Faisons ce que tu as proposé. Et puis, si Blanket, ne lui suffisait pas, on lui proposerait le père et toutes les têtes pensantes de ce plan tordu. »

Elle se tourna vers l’humain qu’elle n’avait pas lâché depuis le début de la conversation, et lui jeta du dédain dans la voix:

« Ce sera la seule façon pour toi de sauver les gens du village, tu leur dois bien ça. »

Ce disant, elle le tira pour qu’il prenne la route à la suite du petit gobelin.

dirigé Sibelle/Zniitch

Blanquet est terrorisé il ne dit rien. Vous avancez jusqu’à la troupe qui s'arrête devant vous avec beaucoup de tumulte de bruit et de hurlement. La horde vous menace jusqu'à ce que un gobelin cri plus fort que les autres. Là vous voyez une gobelin, trapu, les muscles saillant, légèrement plus grand. Il est habillé de peau de bête et porte une hache à la ceinture. Son visage est couvert de cicatrice, d'on une en forme d'étoile qu'il porte à l’œil droit, qui est pale et sans vie. Il vous regarde avec mépris et vous demande.

Que voulez vous?

Pendant le discours de Zniitch, Sibelle s'empara de l'épaule de l'humain - dont il était question - d'une poigne de fer et ne le lâcha plus. Puis, quand le gobelin eut prononcé son dernier mot, il y eut un silence ... un long silence pesant pendant lequel l'elfe semblait en proie à une intense réflexion.
Et, finalement, l'air très sérieux, elle approuva son idée. Elle le trouvait même très généreux envers les habitants du village et proposa même de livrer à Gark le père de Blanket - qui devait être le nom de l'homme à la cape rouge - et toutes les têtes pensantes de ce plan si jamais un seul homme ne lui suffisait pas.

La guerrière elfique se tourna ensuite vers le fameux Blanket et lui annonça que c'était pour lui l'unique moyen de sauver son village. Celui-ci, terrorisé, ne dit rien et se laissa guider lorsque Sibelle et les deux gobelins reprirent la marche en direction de l'armée qui continuait son inexorable progression vers le petit village d'Alkil.

***

Aussi inexorable soit-elle, la progression de cette armée gobeline était on ne peut plus lente et chaotique. Si bien que Zniitch, Hystére, Sibelle et Blanket n'eurent aucun mal à la dépasser, descendre à son niveau, pour finalement se retrouver sur son chemin. La première réaction des gobelins fut de hurler et de s'agiter dans tous les sens à leur vue. Sans le moindre semblant d'organisation, ils sautèrent dans tous les sens, se mirent à essayer de les encercler et avancèrent lentement vers eux en hurlant et en tirant leurs armes ... jusqu'à ce que l'un des gobelins crie plus fort que les autres et qu'ils s'immobilisent tous, le laissant se dégager de la foule pour s'approcher des quatre intrus.

« Gark n'a-qu'un-œil ... » Souffla Zniitch sous son masque, à voix basse. Il était encore plus impressionnant que dans ses souvenirs. Sa musculature le rapprochait plus du Garzok que du Sekteg, bien que sa taille ne le trahisse toujours, et son corps était couturé de cicatrices, dont celle en forme d'étoile qui entourait son œil droit, blanc et immobile.
Sans montrer la moindre émotion - si ce n'était une grosse dose de mépris - il demanda sèchement ce qu'ils lui voulaient.

Zniitch déglutit avec difficulté. C'était à lui de parler. Il attendait ce moment depuis tellement longtemps, pourtant il ne savait pas ce qu'il devait dire à son ancien mentor. Devait-il lui demander comment il allait ? Comment se passait sa retraite ? Devait-il lui dire qu'il lui en voulait d'avoir rompu son clan, plusieurs années plus tôt ? Devait-il le déclarer en duel pour lui prouver qu'il savait se battre, à présent ? ...
C'est à ce moment que Sibelle se pencha derrière lui - le faisant évidement sursauter - et lui chuchota de rester fier et digne ... Fier et digne ... Il ne lui en fallait pas plus pour se décider !

Hâtivement, les mains quelque peu tremblantes, Zniitch retira son casque et déroula les bandes de tissus qui recouvraient son visage, laissant celui-ci - aussi laid était-il - à la vue de tous. Il ne souhaitait pas vraiment que Sibelle le voit ainsi, mais il n'avait pas le choix s'il voulait que Gark le reconnaisse.

« Gark ne reconnait pas Zniitch ? Zniitch était membre du clan que Gark dirigeait, avant de se retirer et d'abandonner les gobelins à leur sort ... Zniitch n'était qu'un enfant ... C'est un très grand honneur de retrouver Gark n'a-qu'un-œil ! » Commença le petit gobelin frêle, avant de se rappeler la question que son interlocuteur venait de lui poser. « Zniitch a entendu la rumeur que Gark reprenait la vie de pillage, et ça l'a intrigué. Alors Zniitch est venu ici, dans les montagnes ! Mais Zniitch a appris que ce n'était qu'un mensonge des humains qui ont accusé les gobelins de leur avoir voler leur ressources. C'est vrai, les humains sont stupides, ils ne se rendent pas compte du déshonneur qu'ils ont provoqué. Mais, par Ter Zignok, Gark est en train de faire une bêtise ! Si il détruit le village, il rompt son serment et sa parole perdra alors toute valeur ... »

« De plus, tout le village n'est pas responsable de ce mensonge. Et c'est pour ça que Zniitch est ici. Zniitch viens apporter à Gark celui qui a eu l'idée d'utiliser son nom. » Ce disant, le petit gobelin fit signe à l'elfe d'amener le dénommé Blanket. « Gark peut en faire ce qu'il veut, mais en échange, il ne doit pas détruire le village des humains. Le Gark que Zniitch a connut il y a plusieurs années était un gobelin d'honneur, Zniitch est sur que Gark comprendra ! »

Très peu de gens ne redoutent pas la mort, même Sibelle, malgré tout le courage qui l’habitait, la craignait elle aussi. Comme tout le monde, elle tentait d’y penser le moins possible et de vivre le plus pleinement les jours que lui offraient les dieux. Pour le jeune traître égoïste, il en était autrement, il ne pouvait tenter de l’ignorer, puisque sa mort était imminente. Plus que conscient de sa fin proche, paralysé par la peur, muet, comme un fantôme, il se laissa pousser par la guerrière qui lui pressait le pas et qui n’avait aucunement l’intention de le laisser filer.
Heureusement, le petit groupe de quatre se déplaçait malgré tout beaucoup plus rapidement que l’énorme troupe plus ou moins organisée de gobelins. C’est donc sans difficulté, ayant contournés roches et fourrés qu’ils rattrapèrent et dépassèrent Gark et sa gang.

C’est avec du mépris dans le regard que ce gobelin plus grand et musclé que les autres nous demanda ce qu’on lui voulait. La guerrière demeurait silencieuse, c’était à Zniitch de prendre la parole, il connaissait cette créature trapue habillée de peaux de bêtes, seul lui avait des chances de convaincre le chef de clan d’épargner les vies humaines.

Le plan pouvait marcher, mais il comportait quelques risques et reposait entièrement sur les épaules du petit gobelin qui bien malgré lui trahissait par ses tremblements, une grande nervosité. La guerrière, agissant comme un soldat sous les ordres de son supérieur, s’approcha de Zniitch et lui chuchota quelques mots à l’oreille :
« Sois fier et digne. » Peu de mots, mais qui semblèrent suffisant pour le petit être qui peu à peu reprenait sa contenance. Zniitch retira alors son casque et défit les bandelettes de tissus qui recouvraient son visage. Dévoilant ainsi ses traits, Zniitch espérait se faire reconnaître par Gark qui lui avait déjà servi de mentor. La guerrière fut surprise par ce qu’elle vit alors, mais n’en fit rien paraître. Elle admirait même le jeune gobelin pour le courage qu’il faisait preuve.

Zniitch s’exprima clairement à son ex-supérieur, lui proposant la vie de Blanket, le seul véritable coupable de tout ce canular qui avait terni sa réputation.
Jouant fièrement le rôle de subalterne, c’est sans ménagement, et sans lui lâcher l’épaule que Sibelle poussa Blanket vers l’avant lorsque Zniitch en fit la demande.
D’extérieure calme et posée, la guerrière n’en était pas moins nerveuse à l’intérieure, se tenant prête à riposter et à protéger Zniitch si les choses se gâtaient.