Si le court combat avait calmé la belle rouquine, le silence des gens du village ne fit que ranimer sa colère. Elle croyait que les gens avides de potins ou de yus se seraient précipités sur elle pour lui dire ce qu’ils savaient, au lieu de ça, une fois le spectacle terminé chacun était retourné chez soi, apparemment peu préoccupé par le sort de leur village. Un autre échec qui ne faisait que miner la bonne humeur de l’orgueilleuse guerrière.
Elle se tourna vers le petit nabot vert qui lui affirma que sa blessure n’était pas si grave, qu’il avait vu pire. Elle le fixa un petit moment perdue dans ses pensées, puis lui fit part de son intention :

« Je retourne à l’intérieur, ils ont intérêts à être plus coopératif ou bien je vais moi-même recruter des gobelins en montagne pour qu’ils mettent à sac ce village. »

Évidemment, ses paroles avaient dépassées ses pensées. En furie, mais têtue, la guerrière poussa un long soupir avant de franchir de nouveau le pas de la porte de l’auberge pour tenter une nouvelle fois d’élucider ce mystère de grains de blés.

Une fois à l’intérieur, submergée par les alléchantes odeurs de cuisine, elle se dirigea vers le comptoir de l’aubergiste. Elle s’assit sur le petit tabouret, attendit qu’il vienne à elle puis lui passa sa commande d’un ton presqu’aimable. :

« J’ai une faim de loup, je prendrais bien un bon repas chaud et une bière. Vous pourriez me dire où je pourrais trouver Milou, je crois que j’ai quelque chose qui lui appartient »

Dit la belle en montrant la petite arme qu’elle avait récupérée un peu plus tôt sur le lieu de l’incendie.

Tout en posant sa question, Zniitch s'aperçut que la foule commençait à se disperser aux alentours, reprenant leurs affaires et leurs discutions. Il n'était pas vraiment choqué par ce comportement laxiste : à vrai dire, parmi les siens, l'individu n'avait guère d'importance et la décapitation publique d'un gobelin au sein d'un clan faisait rarement plus de bruit que le gargouillement d'estomac d'un gros rat ...

Apparemment, Sibelle aussi remarqua la dispersion de l'attroupement car elle se dépêcha de s'adresser aux quelques villageois restants, sans même prendre le temps de répondre au petit gobelin. Elle leur fit une étrange proposition, une proposition que Zniitch ne comprit pas tout à fait ... Elle les présenta d'abord tous les deux, puis demanda de l'aide de leur part, en échange de la totalité de ses gains.
Évidement que Zniitch ne pouvait pas comprendre ! Opportuniste et vénal qu'il était, la générosité n'avait jamais vraiment fait partie de ses principes ...

En tout cas, cet excès de générosité elfique tomba lamentablement à l'eau. Pour cause, les intéressés ne se retournèrent même pas, si bien que le couple improbable se retrouva bien vite seul devant l'auberge. Cette réaction sembla agacer profondément Sibelle, dont l'expression tendue trahissait la colère qui enflait en elle.
Elle s'enquit tout de même de savoir comment allait le bras de Zniitch. Ce dernier regarda ladite blessure, réprima une grimace de douleur en l'effleurant du bout des doigts, et assura à sa protectrice que ça irait :

« Ce n'est rien de grave, Zniitch a connu pire ! » Mentit-il du ton le plus assuré qu'il put produire. En vrai, ça faisait un mal de chien ! Surtout maintenant que l’adrénaline du combat et de l'action étaient retombée.

Mais la guerrière n'en aurait eu que faire. Elle annonça au gobelin qu'elle allait retourner dans l'auberge, afin de poursuivre son interrogatoire. Puis elle lui tourna le dos en proférant des menaces à l'adresse des villageois s'ils ne se montraient pas plus coopératifs.
Ces menaces exagérées arrachèrent un sourire au gobelin, qui suivit Sibelle jusque dans l'auberge.

« Zniitch vient aussi. Ils seront plus efficaces à deux ! »

La grande table centrale était toujours occupée, et le même aubergiste s'affairait toujours à nettoyer et à ranger sa vaisselle derrière son comptoir. C'est vers lui que commença à s'avancer l'elfe.
Pour sa part, Zniitch n'ayant aucune envie de se frotter à un grand nombre d'humains en même temps, il préféra se diriger en direction de la salle sombre dans laquelle se tenait Sibelle avant l'agression des brigands. Elle était désormais vide, mis à part l'homme âgé et dégradé que Zniitch avait repéré et qui n'avait pas bougé d'un poil. Il semblait juste au gobelin qu'il y avait sur sa table plus de verres vides qu'à la fois précédente ...

Le gobelin choisit de s'asseoir à la table la plus proche, à portée de vue et de voix. Il posa son katana sur la table, tira sa dague et sa pierre à aiguiser, et entama de parfaire le tranchant de la courte lame noire.

« Un gobelin se présente. Un gobelin se nomme Zniitch ... Un gobelin cherche des informations, est-ce qu'un homme saurait quelque chose susceptible d’intéresser un gobelin ? » Questionna le gobelin, sans même se retourner.

Dirigé Sibelle/Zniicth

Zniitch

Le vieux Sam esquisse un sourire

Il faut pour cela m’apporter à boire, mais je veux bien discuter avec Zniitch, je me sens si seul.

Il leva son moignon et demanda deux choppes.

Sibelle

L’aubergiste te regarde et te sourit en te servant une gamelle.

Surement chez lui… c’est la troisième maison après l’auberge, celle avec un toit en construction. Milou est couvreur.

Comme il lui tournait toujours le dos, Zniitch ne put voir la réaction de l’intéressé. Cependant, une voix rauque et fatiguée qui ne pouvait qu'être la sienne s'éleva dans son dos : Le vieil homme acceptait de parler avec lui, à condition qu'il lui paie à boire. Il ajouta dans un murmure qu'il se sentait terriblement seul.

Avant que le gobelin n'ait le temps de réagir, l'homme levait déjà le bras pour héler la serveuse et lui demander deux bières. Décidément, Zniitch en avait assez de devoir dépenser son argent ...
Cela ne l'empêcha pas de poursuivre son ouvrage, faisait décrire à sa pierre à affûter de petits demi-cercles secs et rapides.

« Un gobelin cherche des ... informations, sur plusieurs personnes. » Commença-t-il sans lever les yeux de la lame luisante qu'il astiquait maniaquement. « Trois noms. Un gobelin offrira à un homme une bière supplémentaire pour chacun ... »

« Milou ... Lisa ... et le Milicien ... » Lâcha-t-il finalement après une courte pause.

Une bière fraîche, une gamelle bien remplie d’un repas chaud, voilà qui était bien réconfortant pour notre guerrière qui était fort déçue de ne pas avoir avancé dans son enquête. Mais les choses étaient sur le point de changer puisqu’en apportant le repas, un homme costaud de belle allure sourit à la rouquine tout en lui donnant enfin une piste pour poursuivre ses recherches. Selon ses dires, Milou qui était couvreur, habitait à trois maisons de l’auberge. Son gîte serait facile à retrouver puisque son toit serait en construction.

Bien que de nature directe et franche, Sibelle tenta malgré tout une attitude plus douce. Son impulsivité avec le vieil homme n’ayant donné aucun résultat, elle voulait se reprendre avec ce tavernier. C’est ainsi que d’une voix aimable, mais sans plus, elle répondit sur le ton de la conversation.

« Je vous remercie. Je m’y rendrai un peu plus tard lorsque j’aurai terminé ce délicieux repas. »

Elle joint la parole aux gestes dégustant le contenu de sa gamelle, laissant de ce fait, l’aubergiste vaquer à ses occupations. Après quelques minutes de silence et lorsque l’hôte revint vers le bar, elle l’interpella aimablement.

« C’était excellent ! Dites-moi, pendant que j’y pense, ce milicien qui est malheureusement décédé pendant l’incendie, il avait de la famille par ici ? »

Tout en parlant, Sibelle avait dégainé la petite épée et l’avait déposé sur le comptoir pour la montrer.

« C’est qu’après tout, je me disais que cette arme que j’ai trouvée, appartenait peut-être au milicien et non à Milou. Si c’est le cas, sa famille voudrait peut-être la récupérer. Vous en pensez quoi, vous qui connaissez sûrement les gens du coin ? »

Termina-t-elle tout en offrant son plus beau sourire à l’homme qui lui faisait face.
Se rappelant l’échec de son dernier interrogatoire, notre rouquine avait réussi, au prix de maints efforts à adopter un air plus décontracté, une attitude plus sereine.

Dirigé Zniitch / Sibelle

Zniitch :

Le vieux Sam regarde son moignon, pensif l’air triste.

Le milicien m’a sauvé une fois, un homme bien…

Il attrapa sa bière et en bu une gorgé.

J’ me suis fait attaquer par une bête immonde il y a longtemps, il m’avait coupé un bras et au moment où il allait me tuer le milicien est apparu et l’a fait fuir.

Il se replonge dans sa boisson le regard maussade.

Sibelle :

Le milicien ? Aucune famille, un homme à la solde que du conte d’Amaranthe, un homme scrupuleux, à cheval sur les principes, on pouvait jamais rire avec lui… alors une famille, non il n’en avait pas. Il vivait seul dans une maison à deux rues et maintenant il vit au cimetière.

Il laisse échapper un sourire heureux de sa blague et reprend son activité.

D'une voix triste, cet homme aux longs cheveux crasseux raconta alors une anecdote, s'arrêtant de temps en temps pour siroter sa bière. Il expliqua qu'il s'était fait attaqué par un monstre hurleur et répugnant, dans le passé. Bien qu'humanoïde, l'immonde créature lui avait tranché un bras et s'apprêtait à l'achever au moment où le milicien avait débarqué et l'avait fait fuir.

( Ce milicien doit être sacrément puissant, pour dérouter ainsi un tel adversaire ... ) Réfléchissait le gobelin, sans détacher ses yeux de la dague qu'il affûtait encore et toujours.

« Cela n'avance pas beaucoup Zniitch ... Lâcha-t-il après un instant de réflexion. Mais Zniitch a donné sa parole ... »

« Humaine ! Une bière fraiche pour l'homme de la table d'à côté ! » Héla le gobelin verdâtre en leva le bras droit, préférant ne pas bouger le gauche après la blessure qu'il avait reçu au cours de son récent combat.

Ceci fait, il redirigea son attention vers le vieil estropié pour tenter d'obtenir de nouvelles reponses de la part de cet ivrogne imbibé d'alcool. « Et qu'en est-il des deux autres nom que le gobelin a donné ? A moins qu'un homme ait autre chose à dire sur le milicien ? »

Fort aimable, l’aubergiste expliqua à Sibelle que le milicien était un homme de principe qui vivait seul, il termina en précisant en blague que sa nouvelle demeure était maintenant six pieds sous terre dans le cimetière. Bien que la guerrière trouvait la blague de bien mauvais goût, elle ne laissa rien paraître. Elle préférait rester en bon termes avec le propriétaire des lieux au cas où il pourrait lui être utile un peu plus tard.

L’estomac bien remplie, et quelques habitations à visiter, la belle rouquine était assez satisfaite de la tournure que prenait l’enquête.

Elle laissa les yus nécessaires sur le comptoir en y rajoutant un généreux pourboire, fit un signe amical d’aurevoir à l’aubergiste qui semblait fort occupé, se leva et se dirigea vers la salle connexe où se tenait le petit gobelin. En fait, elle ne fit que passer la tête par embrasure de la porte, constatant que son collègue était en pleine conversation, elle se retira discrètement et se sortit de l’établissement avec l’intention de se rendre directement au cimetière.

Sibelle était sortie de l’auberge avec en tête plein de pistes à fouiller. Il y avait d’abord la maison de Milou qui était située tout près à peine trois maisons dépassées l’auberge, puis la maison du milicien et ensuite le cimetière. Aucune piste n’était à négliger la rouquine avait bien l’intention de fouiner partout où elle aurait idée d’aller.

Elle venait à peine de faire une centaine de mètre qu’elle s’arrêta soudainement. Levant le regard vers les maisons qui lui faisait face, et comptant jusqu’à trois, elle trouva la maison qui devait sans aucun doute être celle du couvreur. Après un court moment d’hésitation, elle reprit sa marche, voulant d’abord en savoir plus sur le milicien avant de questionner le jeune homme qui avait été témoin de l’incendie de la grange. Elle reprit donc d’un bon pas, sans trop faire attention aux villageois qui la croisaient.

Les cimetières avaient toujours impressionné grandement l’elfe blanche. Pour elle, ceux-ci étaient aussi précieux que les livres d’histoire. Alors qu’elle n’était qu’une fillette, dans son village natal, elle aimait bien passé des après-midi à se promener dans les allées du cimetière à lire les épitaphes et à inventer les histoires des gens qui y résidaient désormais.
Le cimetière du petit village d’Alkil bien que plus modeste que les cimetières des grandes villes, n’était pas dénudé d’attraits. Elle parcourut rapidement ce petit lieu de repos où souvent de simples pierres amassées en tas faisaient office de tombe. À une extrémité de l’endroit, Sibelle vit une petite cabane, une pelle et tout le matériel nécessaire pour faire un cercueil. Sans vraiment savoir si cela allait lui être utile, elle ramassa l’outil puis poursuivit son exploration.

Après quelques minutes de recherches patientes et ordonnées, elle trouva enfin l’endroit où était enterré le milicien. Elle se pencha alors de plus près afin de trouver le moindre indice qui pourrait l’aider dans ses recherches. Un objet de trop ? Ou bien un objet manquant ? Des renseignements importants sur la pierre tombale ? Sibelle n’avait aucune idée de ce qu’elle souhaitait trouver. Mais à quatre pattes au sol, elle cherchait activement. Elle avait l’intuition que l’incendie de la grange avait comme but premier de se débarrasser du milicien.

En entendant la question du gobelin, le vieil estropié s'arrêta tout à coup. Il releva lentement les yeux de son verre pour lui jeter un étrange regard, empli de méfiance, avant de replonger dans la boisson.
Zniitch, lui, attendait patiemment qu'il ait finit de boire pour écouter sa réponse. ( Nom d'un garzok, l'homme va bien finir par dire quelque chose d’intéressant ! ) S'impatientait-il en peaufinant nerveusement le tranchant de son couteau.

« Non ... Je ne sais rien de plus. » Lâcha finalement l'ivrogne après avoir avalé sa dernière gorgée.

« Alors Zniitch n'a plus rien à faire ici. Un homme devra se trouver quelqu'un d'autre pour discuter. »

Fulminant, le gobelin descendit du haut de sa chaise, rengaina son arme exagérément affûtée, paya ce qu'il devait à la serveuse puis s'en alla avec hâte.
Il aurait aimé pousser l'interrogatoire plus loin, tenter d'intimider ce vieil estropié imbibé d'alcool et de le faire parler de force, ... mais il n'était pas vraiment en bons termes avec l'aubergiste et il ne préférait pas risquer de se faire jeter dehors à coups de pieds, ou pire ...

En traversant la grande salle dont l'éclairage l'éblouit un instant, Zniitch remarqua l'absence de sa protectrice elfique, elle qui aurait du être en train de parler au fameux aubergiste.
Une crainte le saisit soudain. L'avait-elle abandonné ? S'était-elle lassé de sa médiocrité ? Avait-elle réalisé qu'il ne lui était d'aucune utilité ? ... Toutes ces questions se bousculèrent soudain dans sa tête cabossée, et lui firent bientôt oublier la véritable raison de sa présence ici.

Il sortit donc en trombe de l'auberge, manquant de bousculer un passant sur son chemin ( ou plutôt de se faire bousculer par un passant, compte tenu de sa masse ), et se mit à la recherche de Sibelle. Il chercha désespérément des yeux cette grande silhouette aux oreilles pointues et à la chevelure fougueuse et rousse, dont la proximité le rassurait autant qu'elle l'intimidait.
Mais en vain, elle devait déjà être bien loin.

Cependant, il ne renonça pas. Sa peur des gens envolée, il se dirigea vers une personne qui passait par là, au hasard, et lui demanda des renseignements.
« Zniitch s'excuse ... L'humain aurait-il vu une grande elfe dans les parages ? Peau pâle, cheveux roux, yeux sombre, ... » Se mit à détailler le gobelin, presque admiratif.

Malgré tout l'entrain du petit gobelin, l'homme que celui-ci venait d'interpeller n'avait aucune idée d'où pouvait bien se trouver la belle guerrière elfique ... Cependant, il lui suggéra quand même d'aller voir du côté de la maison du milicien, où se rendait apparemment un grand nombre d'aventuriers.

Cela ne lui plaisait pas, mais il n'avait guère le choix. C'était sa seule piste.

Alors, suivant les indications du villageois, Zniitch se dirigea vers la maison de cet homme qui était mort la nuit-même de l'incendie de la grange sur laquelle ils enquêtaient. Il était effectivement probable que Sibelle s'y soit rendu, pour continuer de poser des questions ou pour y chercher des indices.
Tout ce qu'il espérait, c'est qu'il ne lui arrive rien en chemin.

Au fur et à mesure qu’elle fouillait le sol, la tombe et les alentours, ses espoirs de trouver un indice s’effritaient. Ce qui avait de lourdes conséquences sur sa patience déjà très limitée. Sibelle commença par pousser un premier soupir de découragement, mais sans pour autant abandonner sa tâche, puis une seconde expiration plus forte, pour enfin lâcher un bref cri de rage, donna un coup de pied sur la pierre tombale et finalement hurler de plus belle en se prenant le frottant le pied douloureux.

N’ayant pas l’habitude de faire des efforts sans obtenir de résultats concluants, c’est en bougonnant et de fort mauvaise humeur qu’elle se dirigea vers la sortie du petit cimetière. La pelle toujours en main, c'est à ce moment précis sur un coup de tête qu'elle se décida d'entrer dans la petite cabane dont la porte fracassée était à moitié ouverte. Curieuse, mais aussi prudente, Sibelle, tenant la pelle comme une arme, poussa la porte et entra dans la petite cabane.

Dirigé Sibelle et Zniitch

Zniitch :
Tu arrives à une bâtisse très semblable aux autres, hormis que des aventuriers en sortent. Quand tu rentres, un homme assis derrière un bureau t’accueille froidement. Il te jauge de la tête aux pieds et ce permet un « on aura tout vue » étouffé dans sa barbe.

Sibelle : tu rentres dans la cabane, elle sent l’humidité. Une heure s’égrène, puis deux, sans que rien ne se passe…