J'arrive à ce qui semble être une taverne, même si l'aubergiste du paladin serait sans doute outré que je compare sa boutique à ce trou. L'odeur est nauséabonde, le sol couvert d'une couche de poussière et de graisse assez impressionnante. Je remets ma capuche avant d'entrer dans le bâtiment et me dirige vers le comptoir. Je jette un coup d'oeil rapide aux clients, y découvrant une population hétéroclite, mais nettement moins amicale que celle de la tortue guerrière. Il n'y a qu'une poignée d'individus reconnaissables, la grande majorité portent des capuches gardant leur visage dans l'ombre. Ils discutent à voix basse, mais mon ouïe elfique me permet de savoir qu'ils parlent d'échange, d'assassinats ou d'autres contrats. Au bout du comptoir, un humain me surprend. Il a l'air jeune, mais il a la peau du visage tirée et les cheveux gras. S'il n'avait pas le regard brillant et les muscles saillants de celui qui a eu une vie difficile trop tôt, mais qui y a survécu, je lui aurais donné facilement mon âge. Il me dévisage un moment lui aussi avant se lever et de venir me voir.
"Qui êtes-vous?" "Je n'aime pas mentir, je ne répondrais donc pas." "Tu es naorienne, étrangère, n'est-ce pas?" "En effet, et tu es kendran, je suppose." "Raté, Tulorimien." "Je cherche Snick." "Je suis Snick... Tu veux quoi?" "Des renseignements." "..." "Je cherche une cape, et un arc, ainsi qu'un artefact." "Viens avec moi, je vais te montrer ce que j'ai."
Il se lève et m'emmène dans une petite salle annexe à la taverne. A peine entrée, je flaire le piège, quatre hommes m'y attendent, ceux-ci n'ont guère l'air de vouloir de mon corps, mais bien de ma peau.
"Tuez-la."
"Snick" sort de la pièce et avant que j'ai réalisé ce qui se passe, il m'enferme. Je me retrouve donc face à quatre brigands, armés de longs sabres. Ils n'ont rien de puissant, du moins à vue de nez. Un sourire carnassier se dévoile sur mon visage tandis que le premier s'approche. Je dégaine Astinor qui grogne paisiblement, aussi certaine de la victoire que moi.
Les quatre se lancent sur moi en même temps, mes chances d'esquive sont limitées, mais mes réflexes me laissent juste le temps de me ruer sous la table au centre de la pièce. Les sabres heurtent le plateau au-dessus de ma tête dans un craquement sourd. Je me rends compte que ce que je pensais être des adversaires faibles, sont finalement presque à mon niveau et ma magie va être une nécessité dans cette lutte.
"RËA YUIMEN!"
Mon cri résonne à travers la pièce. Dans le même temps, la force magique envahit le moindre de mes muscles et ma peau se couvre d'une fourrure longue blanche fumée de fauve. Je reste cependant cachée sous la table, comptant surtout sur un effet de surprise et j'écoute. Les quatre hommes n'ont pas besoin de parler pour se concerter, je ne dois pas être leur première victime et leurs techniques sont affinées. Je les entends cependant marcher et vois leurs pieds sous la table, ceux-ci se rapprochent de moi en tournant. Soudain, ils sautent en arrière, s'abaissent et leurs épées viennent tenter de m'estoquer dans ma cache. Mon adresse et ma rapidité me permettent de bondir en évacuant la table plus loin dans la pièce, les lames se choquent là où j'étais et me griffent. Il me faut parvenir à briser leur ronde, je n'aurais pas cette chance plusieurs fois. Ils retirent leur lame assez vite, malgré la surprise, ils sont manifestement des anciens guerriers formés à la guerre.
D'un bond, je cherche à sortir de ce cercle infernal, mais ils perçoivent mon but et se décalent, bloquant mon action. Changeant de technique, j'attaque le premier des quatre, celui en face de moi. Sur son visage, un filet de sang s'écoule qui rajoutera une cicatrice, s'il survit au combat. J'enchaine alors sur le suivant qui contre d'une passe de son épée. J'ai alors juste le temps de me baisser pour éviter un coup arrière. Dans le même mouvement, je me retourne et cherche à percer celui derrière moi qui recule simplement d'un pas, tandis que mon épée est détournée de celle de son voisin.
(Je sens que je vais avoir un problème.) (Utilise ce que tu as appris.)
Mais bien sûr... c'est si simple. Je prends le temps de me recentrer dans la ronde. Les quatre attaquent alors en même temps, je suis contrainte de me coucher au sol pour éviter d'être embrochée. Une attaque vient cependant mordre cruellement mon épaule, juste à la limite de mon épaule, au niveau du cou, ne m'empêchant pas de concentrer ma magie qui vient fourmiller dans mon bras gauche. Leurs épées sont à peine relevée, que je saute sur mes pieds et heurte mon bâton au sol. Première petite vibration, seconde petite vibration, troisième grosse vibration. Tout autour de moi le sol tremble, les assassins reculent pour tenter d'y échapper et de perdre l'équilibre.
Je frappe alors une quatrième fois et laisse les fluides glisser au sol et se répandre sur le sol de pierre. Les fluides jaillissent soudain tout autour de moi, créant des stalagmites pointues et protectrices. Si j'ai bien compris ce nouveau sort, je devrais être relativement à l'abri des attaques des brigands. Avec un sourire sadique ceux-ci lèvent alors leurs manches, dévoilant quatre arbalètes de poing, chargées.
"Merde!"
Je ne peux esquiver les quatre carreaux en même temps et deux viennent me blesser, l'un à la jambe, l'autre au bras. Plus que jamais, je regrette mon arc, mais je suis bien décidée à combattre malgré tout. Il faut forcer le corps à corps, c'est ma seule chance.
D'un bond agile et fort, je rejoins l'un des brigands. Tel de l'argile, le pieu s'affaisse sous mon poids, ne me blessant pas. D'un geste rapide, je vais pour le blesser de mon épée, mais frappe en même temps mon bâton au sol. Ma lame ricoche sur celle de l'adversaire, dans une gerbe d'étincelle et un miaulement aigu, mais il se prend le séisme magique dans les pieds et s'écroule de douleur. Dans le même temps, trois carreaux partent dans notre direction. Le laissant tomber, je reviens au centre du cercle tandis qu'il vient s'empaler contre un des pieu, mourant sur le coup. L'un des carreaux, décentré, passe par l'emplacement où j'étais un instant plus tôt et vient se fracasser sur le mur. Un autre me frôle l'oreille et finis sa course dans une des fenêtres de la pièce tandis que le dernier vient se ficher dans mon épaule gauche, me faisant hurler de douleur.
Un regard sur mes trois derniers adversaires me prévient qu'ils sont déstabilisés par la mort de leur compagnon, mais à la fois déterminé à me tuer. Dans les yeux de l'un, il semble se lire une forme de crainte tandis qu'il recharge son arme mortelle. Je prends le temps d'ôter un des carreau de mon épaule, permettant à mon corps de se soigner pendant la suite. Eux ont le temps d'armer leurs machines et les pointent sur moi. Au moment même du déclic, je me jette au sol, laissant les trois traits loin au-dessus de ma tête, mais vient me blesser sur l'épée du mort, au sol.
(Lance-la!)
Suivant le conseil de ma faera, je me retourne sur le ventre, lâche mon épée et prends celle du cadavre pour l'envoyer sur un de ses compagnons. Mon tir s'avère précis et vient lui entailler profondément le flanc, il tombe alors à genou, en me maudissant, mortellement blessé, sans doute.
Les deux autres commencent manifestement à ne plus être aussi sûrs de leur réussite mais s'élancent dans le cercle, oubliant leurs arbalètes. Erreur fatale s'il en est, il est plus simple pour moi de me battre de près, même contre deux personnes que de loin. Mon cercle agit exactement comme prévu et vient blesser l'un des guerrier à la jambe.
Pour ma part, je me rue vers eux, juste après m'être relevée. Dans ma main, Astinor hurle de bonheur et de rage. J'esquive une attaque, pare l'autre de mon bouclier de poignet avant de riposter. L'adversaire me fait une jolie parade, montrant une forte maîtrise. Mais son action le place dans une fort mauvaise posture vis-à-vis de moi, sa lame contre le mienne. D'un mouvement habile, exercée chez le maître du temple, j'enroule son épée et l'expulse plus loin. D'un "chtong" vibrant, elle se plante dans la table plus loin, le laissant désarmé face à moi.
Enfin désarmé n'est peut-être pas le terme approprié. D'un mouvement rapide, il m'envoie son poing dans les côtes. Il pousse alors un cri, ne s'attendant sans doute pas à une armure de métal sous mes vêtements de tissus. Je riposte d'un coup de garde bien placé qui l'assomme à coté.
(A Gauche!!!)
L'autre n'attend cependant pas que je m'occupe de lui et a été récupéré l'épée de son collège qu'il lance sur moi. J'esquive de justesse, grâce à l'avertissement de ma faera, mais ne peut empêcher la lame fort coupante de me laisser une douloureuse et sanglante estafilade. Voyant son tir raté, il sort un carreau de sa pochette de cuisse et arme son arbalète.
D'un réflexe basique, je lance alors ma propre épée dans sa direction en entendant Astinor hurler de désespoir sur cet acte ridicule. L'assassin évite mon arme d'un mouvement aisé et lance son projectile dans ma direction. Je me rue alors au sol pour l'éviter, erreur grossière. L'autre individu me plaque au sol et commence à me rouer de coup de poing tandis que son comparse pointe son arme meurtrière sur ma tête.
(Sers-toi de l'autre comme d'un bouclier!)
Je ne vois pas l'arme ni l'autre agresseur, mais perçois en revanche le déclic précis de la gâchette. Je me retourne alors, utilisant toute la puissance de mon sort de force de la bête. L'homme surpris, ne réalise que trop tard qu'il ne peut plus se soustraire à la trajectoire du trait de l'arbalète de son ami. Le métal du projectile vient le heurter dans un craquement sinistre d'os. L'humain s'affale alors, mort.
Un hurlement se fait entendre au même moment, celui d'Astinor. Quand le dernier assassin me voit me redresser à la place de son collègue, il lâche mon épée qui heurte le sol avec un "schling" clair. Il semble totalement dépité et hors d'état de combattre.
"Tu tiens réellement à ce qu'on finisse le combat?"
Le jeune homme tremble de tous ses membres tandis que je m'approche de lui, oubliant un peu la douleur de mes membres, particulièrement mon épaule. De ma main droite, j'ôte d'ailleurs le dernier carreau d'arbalète que je jette au sol, libérant un peu mon épaule de sa gène.
"Je peux pas vivre, il me tuerait!"
Je n'ai pas le temps de comprendre ou de réagir, qu'il semble reprendre ses esprits et le contrôle de ses muscles. Il ouvre alors sa bague et absorbe la poudre à l'intérieur. Je me mets en position d'attaque, m'attendant à un regain de force ou autre... Mais il s'écroule, le teint vert pâle, mort. Je soupçonne cependant une feinte et ne bouge pas, attendant qu'il se relève.
(Il s'est tué...)
Je soupire alors, ne cherchant pas à comprendre son geste et commence à fouiller les corps à la recherche de tout ce qui pourrait de près ou loin m'aider.
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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
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