GM5 a écrit:
En te voyant dégainer, Shoergek a un petit sourire rêveur, et ferme les yeux, expirant profondément. Quand il les rouvre, ses yeux flamboient plus ardemment que jamais: ils pourraient littéralement servir d'éclairage nocturne.
Il lève alors les bras au ciel, et tonne d'une voix si forte qu'elle en fait trembler les murs de la salle:
"Je me bats pour libérer le monde de cette putain d'Oaxaca!"
Lorsqu'il finit sa phrase, il jaillit sur toi avec une vélocité incroyable: tu as à peine le temps de cligner des paupières qu'il est déjà sur toi, transpercé par ton épée grondante de part en part. Cependant, emporté par son élan monumental, il t'entraîne avec lui, te plaquant contre le mur en un choc qui t'écrase le crâne contre la pierre dure. Tu peux sentir tes os dorsaux craquer alors que du sang chaud s'écoule de derrière ton crâne.
Malgré la blessure qu'il t'a laissé lui infliger, il a un petit rire après avoir expiré bruyamment, et lève un visage aux yeux toujours brillants vers toi.
"Se sacrifier... pour une cause... n'est-ce pas... merveilleux?"
Il se laisse ensuite glisser à terre le long de ton épée, laissant un sillon rouge vif de sang qui commence à goutter à terre le long de la lame. Il tombe à genoux, et reste là, haletant, tout en te fixant d'un air mi-interrogateur mi-amusé.
Le maître sourit d'une manière que je qualifierais presque de mystique et expire en fermant les yeux. Une lueur folle brille quand il les rouvre, manifestement une ferveur rare brûle dans ce maître et je comprends qu'il enseigne le sacrifice.
Il hurle alors qu'il se bat pour libérer le monde d'Oaxaca avant de se ruer sur moi. Il vient s'embrocher sur mon épée avant que j'ai pu faire quoique ce soit pour l'en empêcher. Sa puissance m'entraîne contre le mur, tandis que je suis prise par la surprise qui bloque mes réactions les plus basiques, comme me protéger ou encore le protéger lui. Je sens alors ce qui devait arriver, le choc violent avec le mur. Dans mon dos, je sens une vague intense de douleur ainsi que des crissements, la souffrance est intense et parcours tout mon corps.
Mes cheveux collent à ma tête, tandis que ma vision se trouble. Le sang coule sur ma nuque, je le sens.
"Se sacrifier... pour une cause... n'est-ce pas... merveilleux?"
"Quand la cause nous paraît juste, oui. C'est ce qui donnera à l'âme sa paix après."
Il se laisse glisser au sol, laissant une trace sanglante tant sur mon épée qui gronde tel un chien apeuré, tant sur le sol. Il tombe à genoux et je tombe avec lui, réalisant la puissance de son attaque.
"Laissez-moi vous soigner. Ca ne vaudrait pas le coup pour vous de mourir, car je suis une ennemie d'Oaxaca tout comme vous."
Utilisant la puissance de mon sort, j'enchante mon bouclier vert, toujours actif et m'en sert pour couvrir les deux blessures du maître.
(Tu ne t’occuperais pas de toi?)
(Mes blessures sont moins urgentes que les siennes, et ma faculté de régénération me permettra d'attendre un peu plus encore.)
Cependant, la douleur vrille mon cerveau et m'empêche de voir clair malgré mes efforts. L'attaque fût manifestement très violente pour l'un comme pour l'autre.
GM5 a écrit:
Devant tes efforts, un sourire se forme sur le visage de l'homme, incroyablement placide pour sa situation.
"Ne vous inquiétez pas, Gardienne de Yuimen" fait-il d'une voix douce.
Levant les mains, il te prend alors le visage avec légèreté, et caresse tes joues.
"Ton esprit est troublé par ce choc. Laisse le souffle de Gaïa le purifier."
Tu peux alors voir ses mains luire légèrement d'un éclat bleuté, alors que la douleur qui te parcourt le corps s'amenuise jusqu'à ne plus laisser qu'un vague tiraillement, souvenir du fracas de tes os.
Prenant une inspiration, il se lève alors avec un grognement, ignorant sa blessure. Il fait cependant attention à ses gestes pour ne pas aggraver la plaie.
Il te regarde alors fixement. La flamme dans ses yeux s'est cette fois définitivement calmée, mais son regard n'en reste pas moins pénétrant.
"Ne vous inquiétez pas pour moi. Ce n'est qu'une blessure superficielle. C'est de vous qu'il s'agit. Dites moi maintenant pourquoi il faudrait que quelqu'un soit assez taré pour vouloir se sacrifier."
Le maître semble étrangement calme, ne s'inquiétant pas plus que ça de sa propre situation. Il prend alors mon visage entre ses mains et caresse mes joues en me parlant doucement. J'écarte mon visage mais je le laisse me soigner malgré tout, sachant que mon état le mérite quoique j'en dise.
Il se lève dans un grognement tandis que je m'étire, mon dos me gênant encore un peu, comme lors de mes nombreuses sorties de coma, sans cette sensation d'étouffement. Je remercie le maître d'un sourire, me laissant envahir par son regard. Celui-ci est plus calme, plus posé. La fureur qui y brillait a disparu, le rendant plus humain.
"Ne vous inquiétez pas pour moi. Ce n'est qu'une blessure superficielle. C'est de vous qu'il s'agit. Dites-moi maintenant pourquoi il faudrait que quelqu'un soit assez taré pour vouloir se sacrifier."
Je ne peux m'empêcher de me mordre les lèvres quand il parle d'être taré pour sacrifier sa vie. En moins s'agitent les âmes qui ont donné un bout de leur vie pour moi. Je tremble du corps entier, une rage se développant en moi, la flamme du sacrifice de ma soeur.
"Être taré pour se sacrifier? Il faut à mon avis être taré pour ne pas être près à sacrifier son corps à une cause. Comment être autant attaché à son enveloppe mortelle quand on est prêt à donner son âme et son coeur à un être, à une cause, à un Dieu? Toute personne attachée à ses convictions ou à certains êtres devraient être capable de se sacrifier pour ce en quoi il croit. N'y a-t-il point dans la glorieuse armée kendrane des centaines d'hommes et de femmes qui sont prêts à se sacrifier pour leur ville, pour leur famille, pour l'honneur ou pour la paix? Il faut juste croire que ce que l'on fait est juste et bon pour être assez fou comme vous dites pour se sacrifier volontairement."
Une ferveur inébranlable m'envahit, elle est au-delà du souvenir de ma soeur mourant pour sauver ma vie, au-delà encore du suicide de mon père pour me laisser sa place... Au-delà de celle qui animerait normalement un mortel... C'est celle qui brûle dans l'adoration pure et dans la dévotion la plus intense, ce dévouement à un immortel qui fait endurer milles supplices pour accomplir la volonté divine.
GM5 a écrit:
Au sourire ravi qu'affiche Shoergek, tu peux deviner que la même flamme que la sienne anime. Il se saisit alors d'une épée de bonne facture sur un râtelier avec une grimace de déplaisir.
"Pardonnez moi de cet affront, mais je crois bien qu'Adram pourrait vous tuer."
Il tend alors l'épée devant lui et intime:
"Allez donc, Lothindil, Druidesse, Gardienne, Servante zélée de Yuimen. Montrez ce que vous avez dans le ventre et jurez à votre tour les raisons de votre sacrifice avant de passer à l'action!"
Ses paroles semblent être dirigées directement vers toi, et faire résonner ta cage thoracique, te galvanisant encore plus dans ton élan.
Manifestement, ma réaction est ce qu'il attendait et il attrape une épée sur un râtelier avant de se mettre en place comme moi quelques secondes avant, en m'expliquant qu'Adram, sans aucun doute son épée, pourrait me tuer, ce dont je doute personnellement.
D'une voix pénétrante, il m'invite essayer à mon tour de le blesser et de me sacrifier ainsi.
"Allez donc, Lothindil, Druidesse, Gardienne, Servante zélée de Yuimen. Montrez ce que vous avez dans le ventre et jurez à votre tour les raisons de votre sacrifice avant de passer à l'action!"
Je ferme mes yeux et respire profondément, cherchant en moi la présence de Yuimen comme je l'avais sentie sur Verloa. Dans mon corps, brûle la flamme qu'avait symboliquement allumée Fizold. Les images de l'aynore me reviennent alors, tels des atroces cauchemars, ainsi que les images des enfers terribles. Je sais qui m'a fait, je sais pourquoi j'ai été fait et comment. Je sais la rage qui me dévore, je me sais sacrifiée et l'accepte, je sais mon rôle et ma destinée.
"REÄ SARYA! REÄ YUIMEN! REÄ TYÄ ONORO! REÄ TYÄ VALAR! REÄ SAILË MAN TYÖ IRËSASSA PIELÄ FËA! NÙL SAILË MAN ARDUINIT ÑRATHRA! FAROTH ASTINOR, FAROTH!"1
C'est en Sindel, dans ma langue, que sort le cri du plus profond de mon âme, tandis que dans mes yeux, brûle une ferveur rare. Le hurlement résonne dans la salle de toute sa puissance. Plus par réflexe que par tout autre chose, je lance mon sort de force de la bête, je ne dois qu'à Lirelan que sa force soit réduite. Dans le même geste, je me lance, fonçant sur le maître, l'épée rugissant de concert avec moi.
(Flanc droit!)
Avec la puissance de l'ourse protégeant ses petits, avec la rage de l'animal à l'agonie, avec la folie de la bête se défendant dans un combat à mort, avec le désespoir d'un destin que rien ni personne ne peut arrêter, avec la colère des âmes que j'ai prise, je cours jusqu'à m'empaler sur l'épée tendue devant moi. Mon épée vient heurter l'armure du maître, la sienne fait de même à ma droite. Je poursuis dans mon élan, ignorant la douleur qui me transperce les cotes, l'arme du maître traversant mon bouclier de plante et mon armure de métal, Astinor venant mordre sa chair.
Le choc est brutal, la rencontre violente, la volonté implacable, la souffrance terrible, la rage apaisée, les blessures graves. Le geste est symboliquement plus puissant encore que l'attaque du camp Garzok et la puissance est tout autre, plus concentrée, plus offensive encore.
"Rien n'est plus... beau ... qu'un sacrifice... voulu..."
Un sourire moqueur se dessine sur mon visage, malgré la douleur omniprésente dans mon corps.
1 "Pour Sarya! Pour Yuimen! Pour ma soeur! Pour mon Dieu! Pour ceux qui m'ont offert leur esprit! Par ceux qui réclament vengeance! Chasse Astinor, Chasse!"
GM5 a écrit:
Derrière le voile de douleur qui recouvre tes yeux, tu crois voir, en croisant le regard de Shoergek, quelques larmes couler le long de ses joues ridées... mais tu ne peux pas en être sûre.
Avec la poussée d'adrénaline qui retombe, tu n'as tout d'un coup plus qu'à peine la force de tenir debout. Tu sens alors l'épée se retirer d'un coup sec de ton corps, et Astinor se dégager de celui de ton maître. Deux bras te soulèvent ensuite de terre.
"Croyez moi, si ça avait été Adram, vous auriez été coupée en deux... c'est une arme qui ne fait pas de cadeaux. tu entends une voix dire dans le lointain.
Tu sens alors qu'on te dépose sur une surface relativement confortable, et une gorgée d'eau se glisser entre tes lèvres.
"Ne bougez pas trop. Malgré vos étonnantes capacités, vos blessures sont graves. Laissez à votre corps et votre esprit le temps d'encaisser le choc. Un premier Sacrifice laisse toujours une trace.
Un doigt rêche passe alors à l'endroit de ta blessure, essuyant le sang d'un geste, laissant voir une cicatrice.
"Vous garderez cette marque. Elle vous fera vous souvenir de vos buts. Maintenant soufflez un moment puis dites moi les limites du Sacrifice."
Si tu tournes la tête, tu pourras voir Shoergek assis sur une chaise à à peine un mètre de toi, te regardant d'un air désormais définitivement calmé. On dirait que le temps de l'action est passé.
La douleur voile mon regard tandis que je cherche celui du maître. J'ai l'impression de voir une larme, glissant de ses yeux. La furie qui était en moi retombe, m'épuisant brusquement, comme une perte complète d'énergie magique. Mes jambes me lâchent, l'épée dans mes flancs me laisse tomber tandis qu'Astinor quitte celui de Shoergek. Avant d'avoir eu le temps de m'écrouler totalement, je sens qu'on me soulève du sol.
"Croyez-moi, si ça avait été Adram, vous auriez été coupée en deux... c'est une arme qui ne fait pas de cadeaux."
La voix me paraît lointaine, pourtant je sens qu'elle est proche de moi, sans doute est-ce celle de celui qui me porte. On me pose sur une surface dure, tout en restant confortable et on me donne à boire. L'eau rafraîchissante me fait du bien et je reste là sans bouger, les yeux clos. Certains pourraient me croire morte, endormie ou dans le coma, et pourtant mes sens sont en éveil total. Je laisse juste le temps à mon corps de récupérer de sa propre fatigue et guérir mes plaies.
"Ne bougez pas trop. Malgré vos étonnantes capacités, vos blessures sont graves. Laissez à votre corps et votre esprit le temps d'encaisser le choc. Un premier Sacrifice laisse toujours une trace."
"Je ne comptais pas bouger. Mon corps ne se soignera que plus vite si je ne bouge pas. D'ici une heure je pense que ça devrait aller mieux. J'ai vécu pire que cela."
Il passe un doigt au niveau de ma blessure, celle-ci étant déjà presque cicatrisée. Il essuie le sang, laissant apparaître une marque d'albâtre sur l'argent de ma peau.
"Vous garderez cette marque. Elle vous fera vous souvenir de vos buts. Maintenant soufflez un moment puis dites moi les limites du Sacrifice."
(Ca j'en doute... j'ai pas eu une seule plaie autour de mon poignet. Cette blessure est minime encore.
(Tu verras bien, il y a des blessures qui ne disparaissent jamais.)
Je reste là, sans bouger le moins du monde. Je suis à la limite de la méditation en réalité, dans un état second, celui du guerrier ayant fait son oeuvre. Je prends plusieurs minutes avant de répondre, non pour prendre le temps de réfléchir à ma réponse, mais celui nécessaire au minimum nécessaire pour ma régénération. Je finis alors par ouvrir les yeux, sans bouger malgré tout.
"La limite du sacrifice est celle que nous voyons là. Le combat est fini et le sacrifice a été inutile. Le Sacrifice plus qu'un geste désespéré doit être un acte utile. Il n'est intéressant que s'il permet la victoire. Le sacrifice doit donc être une attaque finale, achevant un adversaire déjà affaibli."
GM5 a écrit:
Tu entends la voix de Shoergek répondre, vibrante d'émotion:
"Oui! Vous avez compris, je n'ai plus rien à vous apprendre. Vous avez l'esprit du Sacrifice en vous."
Il dépose un baiser sec sur ton front, et tu peux sentir sa main glisser quelque chose dans la tienne: une petite bille lisse au toucher de couleur rouge sang.
"Afin que le Sacrifice que vous commettrez ne soit pas vain, utilisez ceci, Gardienne de Yuimen. Que les vents du destin vous soient favorables."
Tu peux l'entendre se lever, puis ajouter d'une voix déjà lointaine:
"Adieu J'espère que nous nous reverrons, Lothindil."
Puis plus rien. Quelques minutes après, tu entends des pas précipités, et une voix qui se rapproche:
"Par Gaïa! Qu'est-ce que ce vieux fou a fait?!" tu vois le visage d'Harand se pencher au-dessus de toi "Lothindil! Vous allez bien? Qu'est-ce que Shoergek vous a fait faire?!"
La voix du vieux maître fou tremble sous l'émotion :
"Oui! Vous avez compris, je n'ai plus rien à vous apprendre. Vous avez l'esprit du Sacrifice en vous."
Il dépose sur mon front un baiser rapide tandis que sa main glisse dans la mienne une petite sphère, lisse comme les billes de verre avec lesquels je jouais enfant avec ma soeur. Je la regarde, celle-ci est rouge, couleur du sang.
"Afin que le Sacrifice que vous commettrez ne soit pas vain, utilisez ceci, Gardienne de Yuimen. Que les vents du destin vous soient favorables."
(Qu'est-ce?)
(Une bille de sacrifice. On raconte que c'est une bille de verre fin dans lequel il y a le sang du premier sacrifice. Ce sang aurait la propriété de donner une ferveur démultipliée, renforçant le pouvoir sacrificiel. Il suffit de briser la bille avec son ongle avant de se lancer.)
(C'est en effet un cadeau précieux alors.)
Je ne bouge pas tandis qu'un bruit de chaise et des bruits de pas m'indique que Shoergek quitte la pièce.
"Adieu J'espère que nous nous reverrons, Lothindil."
(Rien n'est moins sûr, mais je sais que nous serons des alliés.)
Je reste là couchée, à attendre, à attendre quoi d'ailleurs? Je pourrais tout aussi bien me relever et retourner au temple, mais il est encore tôt et Harand m'a dit qu'il serait là. Puis des pas finissent par se faire entendre ainsi qu'une voix, celle de Harand. Les yeux toujours ouverts, je vois son visage s'approcher de moi et je lui réponds d'un sourire.
"Par Gaïa! Qu'est-ce que ce vieux fou a fait?! Lothindil! Vous allez bien? Qu'est-ce que Shoergek vous a fait faire?!"
Je me redresse et remets un peu d'ordre dans ma tenue, réalisant le sang sur ma tunique ainsi qu'un trou de la taille d'une épée. Cependant, ces quelques minutes calmes ont suffit à me guérir et nul trace de plaie, à part la cicatrice n'est encore visible.
"Ne vous inquiétez pas comme ça, Harand. Ce vieux fou comme vous dites m'a révélé la puissance que pouvait prendre ma dévotion pour Yuimen, rien d'autre. Je vais bien..."