Sans se soucier de ce qui se passait autour de lui, Ziresh continuait de dépecer la créature, sans réussir toutefois à exploiter sa carapace. Par contre, en ce qui concernait les fameux crochets, il put les arracher sans aucun problème! Fièrement, il les examina alors, constatant les glande venimeuse qui pendait encore à la base de ces "armes". Il pourrait non seulement utiliser le venin, mais aussi fabriquer sans aucun doute une arme avec de telles pointes. Peut-être pourrait-il les mêler à sa lance? Enfin, ici, ce ne serait pas possible un seul instant. Il n'avait rien à sa disposition: pas d'établi, pas d'outils dans son sac... Bref, bien heureux de sa trouvaille, il fourra les crochets dans son paquetage, prenant soin d'orienter les crochets vers l'extérieur du contenant (il ne voulait pas risquer de voir les pointes traverser le sac pour lui lacérer le dos...).
Tout en farfouillant dans son inventaire, il essaya aussi de placer sa nourriture de manière à ce qu'elle n'ait aucun contact avec le venin. Il vit alors le fameux paquet que Kâhra lui avait offert. En lui donnant cela, elle lui avait dit qu'il devrait l'ouvrir uniquement lorsqu'il serait sur Lebher. Et le voyage en bateau avait duré si longtemps qu'il avait fini par oublier ce présent!
"Kâhra..." laissa-t-il échapper.
Empoignant le présent, il déballa ce qui ressemblait étrangement à une grosse feuille de palmier, pour constater une jolie boîte de terre, avec un petit fil maladroitement noué en son sommet. Trop pressé de voir son cadeau, Ziresh ne s'attarda pas plus longtemps, et tira vite le fil qui cassa le couvercle de la boîte de terre. C'était un "emballage" fait par plusieurs clans de liykors. Le principe était de le rendre facilement dégradable, pour ne laisser à la fin que son contenu, et non un paquet inutile. Le genre de chose que le jeune bratien ne savait pas créer lui-même, en somme.
Dans sa main, dès que la boîte se brisa, un magnifique pendentif d'argent tomba en son creux. Il s'agissait d'une fleur de lys, mais pas tout à fait comme les représentations de fleurs de lys que l'on connait en général. Non, ici, elle était incroyablement bien faite. Très réaliste, ses pétales d'argent lui auraient semblé flotter dans une brise discrète qui se serait immiscé dans la caverne.
Sans aucune hésitation, il mit le bijoux autour de son cou, et il remarqua aussi une lettre, avec un autre présent emballé dans celle-ci. Dans le papier se trouvait une rune, sans qu'il ne puisse vraiment savoir à quoi elle pouvait servir. Il la mit dans son paquetage, se disant qu'il pourrait toujours l'observer un autre jour.
Quant à la lettre, de la lueur de son casque, il réussit à la lire.
"Je ne pouvais me résoudre à te laisser partir uniquement armé de ta lance.
En plus de cela, je voulais absolument t'offrir quelque chose pour ton départ, afin que tu ne m'oublies jamais.
Ce pendentif est mon présent d'union, celui qui te rappellera que je te serais toujours liée. Mais il est aussi insufflé d'un pouvoir qui te tirera de toute mauvaise situation.
Je sais que tu sauras l'exploiter au moment venu.
Le village s'est aussi cotisé pour t'offrir cette rune. Il ne te restera plus qu'à la faire identifier par un érudit. Nous sommes certains qu'elle te sera utile.
Tu nous manqueras à tous, et surtout à moi.
Je t'aime.
Kâhra"
Ému, Ziresh fourra la lettre dans la poche avant de son sac. Ainsi, il pourrait facilement la sortir et la relire, autant de fois qu'il le voudrait. Il aurait pu se laisser bercer longtemps par ces quelques mots... Mais quelque chose le coupa dans sa rêverie: le mineur.
Sans savoir pourquoi, le jeune Liykor vit l'homme se ruer sur Amarante pour tenter de l'étrangler. Fort heureusement, Serpent agit promptement et l'enroula dans sa cape, sans aucune peur. L'homme-loup se sentait passablement inférieur à cet instant: jamais il n'aurait pensé à contrer une attaque de cette manière. Et puis, si ça se trouvait, il pouvait avoir une arme et tenter de le poignarder à travers le tissu! Mais pourtant, cette crainte ne le domina pas.
Ce dont il avait peur avant tout, c'était de la femme rousse. Depuis le début, elle cherchait des prétextes pour tuer, et maintenant, elle en avait un.
Bravant son affreuse migraine, Ziresh, dans un bond lupin démontrant tout la supériorité athlétique de sa race, se plaça entre le mineur et la "sorcière", pointant alors sa lance vers elle.
Bien entendu, elle était en droit de se défendre, mais il l'avait bien vue: jamais elle ne serait capable de se dire qu'elle pourrait prendre en compte les handicaps et uns et des autres. Elle le tuerait, sans chercher à le résonner. Sans doute que cela aurait pu être légitime, mais permettre un tel meurtre était inadmissible pour le Liykor.
Serrant son arme, il était déjà en position de combat. Loin de ses complexes d'infériorité initiaux, il plongea son regard dans les yeux de cette femme, afin de lui montrer qu'il n'avait pas peur une seule seconde d'elle.
"N'y pense même pas. On va le faire sortir et tout le monde ira bien."