Les critiques de la rousse infâme ne le touchèrent pas dans son estime, mais il ne put s'empêcher d'être percuté par ce manque d'humanité. En quoi pouvait-elle dire qu'il était immoral de tenter de faire le bien? Ziresh n'avait jamais eu l'orgueil de se prétendre ainsi, car pour lui, c'était tout à fait normal d'aider son prochain. Heureusement, elle semblait bien être la seule personne à penser cela dans le groupe. Quoiqu'il en soit, le liykor ne trancherait pas en décidant de qui serait digne de confiance ou non. Même si cette femme était affreuse, il devrait l'aider en cas de danger? Car il était ainsi. Toutefois, il n'allait pas rester de marbre face à de telles insultes. Aussi, il lui répondit:
"Peu importe si je ne suis pas assez fort pour faire ce qu'il y a de mieux. Et peu importe si ça ne vous plait pas. Je peux toujours essayer."
Après cela, les choses s'enchaînèrent assez vite. Si vite qu'il n'eut pas le temps de réagir au cas par cas, même s'il l'avait voulu. En particulier pour l'incendie créé par Depheline. Il cautionnait le fait de devoir brûler ce corps, même s'il n'avait que trop d'empathie pour ne pas avoir espéré apporter une véritable tombe à ce pauvre homme. En fait, il regrettait de ne pas être resté pour garder des effets personnels, un bijou ou quelque chose qui puisse permettre de l'identifier et de prévenir la famille de cette personne là. Aussi, sans oser reprendre l'action de son acolyte, c'est avec regret qu'il se tût, en espérant que chaque mineur disparu serait recensé à la surface.
Ensuite, ce fut l'arrivée de l'homme apparemment fou. Ce dernier semblait avoir repris un peu plus de ses esprits pour comprendre que la communauté qu'ils formaient n'était pas dangereuse (du moins, en excluant Amarante). Aussi, il s'était approché pour exprimer toute sa crainte. Et à la grande surprise du loup, ce fut aux pieds de Selen qu'il s'était incliné. Si cela le surprenait, c'était bien parce que l'homme s'était toujours montré particulièrement ténébreux et détaché. Un instant, il se sentit même un peu jaloux. Après tout, c'était bien lui, Ziresh, qui s'était montré le plus intéressé! Mais la réalité le rattrapa d'un coup. Et il repensa à sa condition.
(Ah oui, c'est vrai, je suis un liykor...)
Heureusement pour la victime, le fameux Selen ne s'était pas montré si indifférent et lui avait directement répondu qu'il ferait mieux de fuir, par opposition à Amarante qui avait déjà envie de tuer quelques innocentes personnes. Chose qui, dramatiquement, n'étonna même pas le loup d'argent. L'envie de s'interposer entre elle et le pauvre homme était particulièrement grande. Il en avait assez de ce manque d'humanisme, de ses insultes et de son sarcasme. Il était calme, d'ordinaire, mais l'envie de se confronter à elle se faisait de plus en plus grande, tant il défendait ses valeurs. Heureusement, il était assez intelligent pour comprendre que chercher le conflit était la plus mauvaise chose à faire ici. Et si certains mercenaires, ici, même les plus appréciables, n'avaient aucun scrupule à entretenir cette chose-là... lui ne voulait pas en faire partie.
De plus, le devoir l'appela lorsque Serpent et Depheline vinrent à ses côtés. Il se rappela, en effet, de Serpent, et de sa fameuse potion qui lui permettait apparemment de voir plus loin que d'ordinaire. Il avait demandé de l'aide à Aztai (qui avait trouvé de la poix), mais sans doute que la jeune rousse (la plus appréciable des deux) préférait jouer sur la sécurité et quémander l'aide des deux créatures anthropomorphes les plus à même d'aider à travers les sens. Ainsi, Ziresh, plutôt que d'être à côté d'eux, se plaça juste devant, en position plus animale, la lance à la main. Cette chose serait peut-être plus facilement touchée par les éléments, mais il pouvait toujours essayer de compter sur son arme de prédilection. Il se souvint alors de la fameuse "poix". C'était une matière inflammable, mais surtout, de ce qu'il en savait, elle était solide et brûlait longtemps. Puisqu'il ne pouvait pas utiliser la magie, il pouvait toujours exploiter ce genre d'arme... Seulement, en tournant la tête, il vit que cette matière là n'était déjà présente qu'en petite quantité, et déjà sur une arme, une arbalète. Mais son idée fut toujours maintenue. Le problème étant que l'huile de sa gourde ne pouvait tenir aussi facilement sur sa lame, il pensa que sans doute, Depheline pourrait l'aider dans sa démarche. Toujours en position de combat, devant elle, il lui demanda alors.
"Depheline, croyez-vous que vous pourriez donner un quelconque apport élémentaire à mon arme? Comme chauffer la lame ou peut-être y faire apparaître une flamme? Lorsque ces choses arriveront au corps à corps, je ne voudrais être désarmé."
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