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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Sam 23 Jan 2016 15:03 
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Crocs du Monde – Vers Illyria

    La nuit se passa sans heurt, quoi que les aventuriers, lors de chacun de leurs tours de garde, entendirent des cris et des bruits étranges, lointains, qui ne les menacèrent pas de trop près.

    A l’aube, ils se remirent sur les routes, descendant encore la montagne le long d’un chemin sinueux permettant d’éviter de trop grosses pentes qui empêcheraient les chevaux de passer. Ils croisèrent bien d’autres chemins qui s’éloignèrent du leur, mais Ixtli ne semblait à aucun moment hésiter entre l’un ou l’autre des sentiers. Les conifères laissèrent petit à petit place aux feuillus alors que l’atmosphère se réchauffait sensiblement, devenant également légèrement plus humide. Ils devaient approcher d’un cours d’eau, qu’ils ne tardèrent pas à atteindre. Ce n’était guère plus qu’un gros torrent, mais Ixtli arrêta les chevaux devant un gué.

    - Ici s’achèvent les terres d’Ilmatar et c’est également ici que je vais vous laisser continuer votre route. Vous n’avez qu’à suivre ce, il vous mènera d’ici quelques heures jusqu’à une route, pas très grande, mais elle vous amènera elle-même sur une route un peu plus grande et vous aurez alors atteint les terres sous la domination d’Ilyria. Vous verrez alors des champs et il vous sera alors aisé de trouver la Cité des Hommes.

    Elle se tenait droite et solennelle sur sa monture et les regarda un à un, princière elle l’était, bien plus qu’elle ne l’avait jamais été devant eux. Ses yeux s’attardèrent légèrement sur Cromax et s’adoucirent avant qu’elle ne poursuive.

    - Je joins mes vœux à ceux d’Aaria’Weïla et de Jillian, ainsi qu’à ceux de tous les élémentaires que vous puissiez mener à bien cette mission car il y a là énormément en jeu, bien plus que nous ne parvenons à le comprendre et les temps qui vont suivre seront assurément troublés. Si d’aventure vos chemins s’assombrissaient et que vous nécessitiez un havre, vous trouverez toujours un refuge à Ilmatar.

    Sur ces paroles, elle hocha la tête, leur indiquant qu’ils pouvaient poursuivre la route. Elle les laissa alors partir, les observant traverser la rivière avant de s’éloigner. Ce n’est que lorsqu’elle les perdit de vue sous le couvert des arbres qu’ils purent entendre le galop de sa monture s’éloignant.

    Ils suivaient toujours le chemin lorsqu’ils arrivèrent sur un terrain plus plat avec des arbres plus épars, jusqu’à ce que ces derniers disparaissent au profit d’une prairie verdoyante de couleurs printanières, s’ornant çà et là des premières fleurs de la saison.

    C’est alors, cependant, qu’ils entendirent des bruits de lutte s’accompagnant de grognement animaux semblables à des rugissements.

    En s’approchant, ils purent voir en contrebas de l’endroit où ils se trouvaient, dans la prairie, un groupe de quatre personnes aux prise avec d’étranges créatures. Le groupe, de ce qu’ils purent en voir, était constitué d’un homme roux pourvu d’une cotte de maille et d’une hache, de deux personnes, un homme et une femme munis d’une rapière et un dernier, harnaché dans une armure, muni d’une grande épée. Tous quatre bataillaient contre une dizaine de bêtes ailées. Grandes, elles semblaient être un cauchemardesque mélange entre un griffon, un lion et un cobra. De griffon, elles possédaient les ailes gigantesques et de lions leur taille et leur tête féline, ornée d’une collerette semblable à celle du serpent et leur corps était terminé par une longue queue saurienne. Ces créatures avaient l’air d’être farouches et violentes, s’acharnant sur les quatre combattants. Ces derniers semblaient aguerris, mais ils ne tarderaient pas à être assaillis sous les attaques répétées et hargneuses des créatures ailées.

    Image

[Combat libre, vous pouvez décider de prendre part (ou non) à ce combat auquel cas je vous laisse vous débrouiller avec ces créatures en respectant vos niveaux respectifs les uns par rapport aux autres. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me les poser. L’image en grande taille est disponible si vous cliquez dessus.
Si jamais vous souhaitez échanger des mots avec Ixtli avant son départ, envoyez les moi et je vous donnerais sa réponse que vous pourrez rp.]



[Cromax – xp : 0,5 (intériorisation), 1,5 (discussions), 1 (plan), 0,5 (monter le camp), 3,5 (longueur) ;
Faëlis – xp : 0,5 (intériorisation), 1 (discussions), 1 (plan), 0,5 (monter le camp), 3 (longueur) ;
Leykhsa – xp : 0,5 (intériorisation), 1 (discussions), 1 (plan), 0,5 (monter le camp), 3 (longueur) ;
Hrist - xp : 0,5 (intériorisation), 1,5 (discussions), 1 (plan), 0,5 (monter le camp), 3,5 (longueur]


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Sam 23 Jan 2016 19:04 
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Localisation: Derrière Cromax
A mesure qu'il étudiait ce que lui disait la femme, sous le couvert de la forêt, Cromax semblait s'attarder à essayer de deviner quelque chose au fond des yeux de la Sindel. Hrist quant à elle, jubilait de le voir ainsi, elle aimait bien se rendre assez insaisissable et adorait voir l'effet produit sur ses pairs. La Frémissante, c'était ainsi que Cèles sa Faera la nommait du fait qu'elle aime à faire frémir ses ennemis. Même si Cromax n'était pas l'un d'eux, elle prenait malgré ça un malin plaisir avec lui.

Il lui répondit, justifiant son point de vue qu'il n'était pas utile de révéler au reste de la troupe leurs ambitions et le rôle qu'ils allaient endosser. Certes, il aurait été facile pour Faëlis ou Dame Pureté d'espionner ne serait-ce qu'un instant pour deviner sans mal le rôle joué. Mais Hrist aimait la carte de la sûreté autant que celle des actes inconsidérés. Agent double devenue énigme, elle ne comprenait pas immédiatement ce que lui disait Cromax.

(" Hm ? Il n'a pas demandé plus tôt mon accord pour révéler aux autres son plan ? ")
(" Si si. Il vient de changer d'avis ? Ou il a oublié ? Ou il aime s'entendre parler au point de ne plus savoir ce qu'il dit ? ")

Hrist exprima une petite moue d'abord boudeuse puis ravie lorsqu'il récupéra au creux de sa main la Tueuse de Mage pour lui aussi, imiter le geste de la femme après avoir longuement sondé son regard comme s'il voulait mesurer jusqu'où elle était prête à aller. Il transpirait la méfiance à plein nez et alors que son sang révélé à l'éclat opalin de la lune se mêla à celui de Hrist, il fut encore plus pieu qu'elle ne l'était en promettant solennellement que liés par le sang, le traitre périra par le sang.

Hrist eut un petit sourire amusé et lâcha d'un ton rieur :
" La grandiloquence vous sied à merveille. "

(" M'est avis que c'garçon a passé beaucoup de temps tout seul. On dirait une... Caricature de Faëlis. A moins que ce ne soit Faëlis la caricature de Cromax. Cela dit, il montre un grand enthousiasme pour échafauder des plans.")
(" Certes. Je trouve tout ceci un peu bancal, j'espère qu'il a des instincts solides pour faire face aux retournements de situations... ")

Disant cela, elle inspectait le Sindel qui ne lâchait pas sa main, s'approchant doucement d'elle, d'un réflexe défensif, Hrist recula la tête lentement dans un geste tout juste perceptible. Il eut alors cette phrase étrange, remettant en question tout ce qu'elle avait pu dire. Ce " Qui êtes-vous " issu de nul part aurait pu désarçonner Hrist de sa confiance mais elle garda pied et, après s'être offert le luxe d'une poignée de seconde, le temps de dévisager le Sindel avec un autre sourire elle répondit en riant :

" Alors ça. Et bien nous nous entendons bien. Votre nouvelle femme, ambassadrice d'Eden et venue avec mon cher et tendre pour récolter un magnifique accord commercial dans ce monde à la vitalité en friche avant que toutes ses ressources ne soient perdues. "

Son ton moqueur avait caché de façon très manifeste quelque chose de plus troublant. Elle n'allait pas lui dire ouvertement qu'elle avait été envoyée par Xenair afin de lui prêter service tout en gardant un oeil sur lui historie de s'assurer qu'il n'essaie pas d'avoir une trop grosse par du gâteau. Cela dit, elle se mettait à sa place et estimait qu'elle aurait certainement détesté être laissée dans pareille ignorance, si elle devait avoir confiance en lui, ce devait être réciproque.

Sa main légère, offerte comme un oiseau sur la branche était toujours dans l'étau rigide de ses doigts pourtant fins. Un filet de sang commençait à grossier et quelques gouttes perlaient et tombaient au sol.

Elle lui offrit un indice de taille quant à son identité.

" Ma main. Vous comptez me la rendre, Seigneur de l'Ombre, ou souhaitez-vous partir avec ? "

Son sourire venait de se diluer dans la noirceur de la nuit qui n'avait rien à envier à celle que l'on trouvait dans le fond de ses yeux.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Sam 23 Jan 2016 22:21 
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Localisation: Quête 32 : Elysian | À la recherche des Hypogriffes perdus
Visiblement mes quelques questions font rire le vieil homme. Il me rassure un peu lorsqu'il m'explique que les Chevaucheurs du vent ne mangent pas d'hippogriffes. La seule particularité qu'ils semblent avoir, c'est qu'ils vivent six mois le jour, six mois la nuit. C'est drôle, je trouve, comme cycle pour une année. J'imagine déjà des humanoïdes ayant un certain rapport avec le vent et dormant pendant six mois, tels des grosses marmottes. Et puis pendant six mois de jour, ils volent.
Je ne sais pas pourquoi, mais ce peuple me paraissait déjà sympathique.

Mon hôte m'explique ensuite comment les rejoindre. Une journée et demie de voyage. Un mont en forme d'arc. Dès que je m'en approche, je continue à pied, à terre.
Il m'assure que je trouverai un chemin.
Très bien. Les indications sont claires, sans moyens de se tromper.

Mon interlocuteur fait une légère pause et reprend. Il m'indique que leur dernière rencontre remonte il y a très longtemps, mais que la dernière fois qu'il les a vus, ils étaient bons et gentils. Les temps ont peut-être changé. Oui... Surtout avec le drainage. Il me faut donc rester méfiant.
Me souhaitant bon vol, il m'accompagne jusqu'en bas de sa tour. Il me donne de quoi me nourrir, moi et mon compagnon.

Nous voilà donc sur le point de partir. Je me hisse sur Rivä et le vieux, après avoir donné un petit coup symbolique sur la croupe de mon compagnon, lui souhaite un bon vol à lui aussi. Il souligne sa destinée extraordinaire. Ah ça ! C'est sûr que ce n'est pas tous les jours qu'on croise un duo pareil !

(C'est partis ! À nous l'aventure, les soirs de pleine lune, et les grottes humides !) Toujours cette voix dans ma tête. Cela devient un peu moins désagréable. Bien qu'une légère nausée pointe le bout de son nez à chaque fois que je tente de dialoguer avec mon compagnon.

(Et les combats !) J'arrive à répondre quelques mots.

(À ce propos, il faudra qu'on prenne le temps d'en parler, des combats et tout ce qui touche de près ou de loin à l'action.) me répond-il.

J'acquiesce mentalement. Je ne sais pas si c'est possible mais je le pense très fort.
Rivä prend son envol. Galopant un moment à terre, il s'élance ensuite et fait bouger ses ailes. Nous nous élevons peu à peu du sol, vers le Nord. Mon compagnon prend un peu d'altitude pour finalement accélérer peu à peu.
Son vol est un peu maladroit au début. Ses ailes semblent manquer de vigueurs et d'expérience. C'est sûrement dû à son jeune âge.

Au fur et à mesure que le temps passe, mon ami semble s'habituer lentement à mon poids. Ses gestes se font toujours plus sûrs, toujours plus réguliers, toujours plus souples.
J'ai activé mon Muutos, presque inconsciemment. Nous, Rivä et moi, sommes en symbiose avec notre environnement. Nous volons. Nous volons tels deux oiseaux de proie. Nous nageons efficacement dans l'air.

Nous sommes le Vent, l'espace d'un instant.

Nous avançons comme cela, quelque temps. Ou plutôt de nombreuses heures. Cela me paraît durer quelques heures, pourtant. Le paysage défilant sous mes yeux ébahis me berce doucement. Je m'amuse souvent à plisser les yeux pour voir le plus loin possible.
Rivä, malgré un manque d'expérience dû à sa jeunesse, semble en revanche bien tenir les distances. Nous nous arrêtons juste une fois pour que j'aille faire mes besoins dans un coin de la nature environnante. Rivä n'était pas trop pour que je le fasse en l'air. J'imagine qu'en plein vol, avec les effets du vent ou quoi, c'est un peu trop risqué.

Bref. Nous volons, encore et encore. C'est monotone mais j'aime bien ça.
La nuit finie par arrivée. Nous volons alors un maximum jusqu'à ce que la luminosité se fasse trop faible pour s'orienter correctement. Nous nous posons au sol, dans les derniers rayons de soleil.

(698 mots)

_________________


Multi de :
Hawke de la maison Zear'ël', Sindel, Chevalier du Chaos
Eva d'Arkheval, Semi-elfe, Enchanteresse


Dernière édition par Baratume le Ven 5 Fév 2016 23:06, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Sam 23 Jan 2016 22:51 
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Faëlis lut, alla se coucher et, conformément à la proposition de Leykhsa, prit le dernier tour. La nuit se révéla tranquille. Pourtant, les propos de la reine à leur départ continuaient à tourner, et il eut du mal à trouver le sommeil. Après s'être retourné plusieurs fois (et sans doute avoir dérangé tout le monde), il sombra enfin dans l'état de méditation profonde qui s'apparentait si bien au sommeil. Dans la tente, il n'y avait pas la place de s'asseoir, il fut donc d'autant plus perturbé. Il avait l'habitude de se reposer en tailleur.

Finalement, la semi-elfe le réveilla et il émergea difficilement, allant prendre sa place en se retenant de ronchonner. Heureusement, il avait eu son comptant de sommeil et il fut bientôt assez éveillé pour guetter convenablement. Au loin, retentissait des cris étranges, des bêtes ? Des hommes ? Impossible à dire. Du coup, il se demanda ce qu'il ferait en cas d'attaque. Devait-il hurler ? Aller chercher les autres au risque de se faire frapper dans le dos ? Non, pas à dire, rien ne valait la sécurité d'un palais !

Finalement, les autres se levèrent bientôt. Il avait profité pour préparer rapidement un petit en-cas du matin et ils purent reprendre la route. Les montagnes s'éloignaient peu à peu, menant progressivement vers des territoires plus plats et à la végétation plus douces que les lourds conifères.

Finalement, Ixtli s'arrêta devant un gué, leur indiquant la route à suivre avant de leur faire ses adieux. Elle leur souhaita bonne chance et leur promis qu'ils trouveraient toujours un havre de paix à Ilmatar. Faëlis hocha la tête à ces mots.

« Nous ferons de notre mieux, soyez en sûr. Nous n'aurons pas de repos tant que nous n'aurons pas trouvé la source de vos maux, et nous vous tiendrons informé du moindre avancement afin qu'en cas d'échec, d'autres puissent continuer à avancer. »

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Dim 24 Jan 2016 01:54 
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La nuit se passe sans incident. Lorsque je me lève pour effectuer mon tour de garde, rien ne vient nous perturber si ce n'est quelques cris d'animaux, qui pourraient être inquiétants pour un citadin comme Faëlis mais qui ne me font ni chaud ni froid. Il faut dire que j'ai l'habitude de faire de tels tours de garde, ça a en réalité fait parti de ma formation, et ils ont très régulièrement duré toute une moitié de nuit, un non un cinquième comme ce soir. Notre nombre est presque un luxe pour moi. Je me place dos au feu mourant et observe les environs, mes yeux s'accommodant rapidement au noir, et ne bouge plus de mon quart. A la fin de celui-ci, rien n'est venu nous perturber, et je me lève pour aller réveiller la personne chargée de me relever avant de me rendormir immédiatement, habituée à sombrer sans difficulté dans des conditions pareilles.

Peu avant l'aurore, comme à mon habitude, je me réveille seule. Lorsque tout le monde est levé, nous entreprenons de ranger toutes nos affaires avant de reprendre le chemin vers Ilyria, descendant de la montagne par un chemin sinueux. Petit à petit, l'atmosphère se réchauffe mais s'humidifie, laissant finalement place à un climat proche de celui de Tulorim alors que les rares bosquets de conifères disparaissent, laissant entièrement place à des forêts de feuillus.

C'est arrivé devant un cours d'eau qu'Ixtli fait halte. Je devine rapidement que c'est là la frontière du domaine d'Ilmatar, et qu'elle compte nous laisser ici. Ce n'est qu'après ce torrent que nous nous retrouverons réellement seuls, sans guide natif d'Elysian pour nous éclairer, pour répondre à nos questions. C'est à ce moment là que débute réellement notre aventure, notre enquête, que notre débrouillardise, notre capacité à nous sortir des situations difficile sera testée. C'est un moment que j'appréhendais, mais qui me faisait tout autant frémir d'impatience. La part d'aventurière en moi a hâte de me retrouver à Ilyria, de prendre cette épopée à bras le corps.

Confirmant mes soupçons, Ixtli nous fait un petit discours, nous expliquant d'abord la route à prendre avant de nous souhaiter bonne chance à sa manière. Je ne lui ai jamais vraiment adressé la parole, aussi je me garde d'une longue réponse pompeuse, mais, lorsque son regard s'attarde sur moi, je lui accorde néanmoins un hochement de tête appuyé, pour lui faire comprendre que je saisis l'enjeu de la situation, et que je l'accepte.

Après cet au revoir, nous continuons notre route seuls, si je puis dire, ou en tout cas sans guide, suivant ses indications jusqu'à arriver à une prairie bien plus plane que les paysages que nous avons pu fouler jusqu'ici, bien plus verte également.

Au bout d'une longue chevauchée, des bruits se font entendre. Des bruits de lutte. Et des bruits de fauve. Rugissements et grognements s'entremêlent avec des cliquetis d'armure et des cris plus humains. C'est après nous être avancés quelque peu que nous apercevons, en contrebas de la prairie, un groupe de quatre humains bataillant férocement contre une dizaine de bêtes ailés, chimères au physique improbables, possédant des caractéristiques propres aux lions comme aux cobras, aux oiseaux comme aux lézards, ainsi que deux ailes aux membranes proche de celles des chauve-souris.

Je prends immédiatement la parole, avant que quelqu'un ne puisse faire montre d'un excès d'héroïsme et ne propose que l'on les aide.

« Nous devrions contourner, » fais-je. « Je suppose que certains d'entre vous pourraient avoir des états d'âme, mais premièrement nous ne les connaissons pas, deuxièmement ils n'ont pas plus de légitimité à vivre que ces créatures, et, troisièmement, s'ils nous voient tous ensemble venir des terres d'Ilmatar, nos couvertures pour Ilyria sont potentiellement foutues. »

Je regarde en particulier Faëlis en prononçant ces mots, je ne l'imagine que trop bien sujet aux dérives de la bien-pensance. Mais il serait illogique de leur venir en aide maintenant.

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Dim 24 Jan 2016 11:44 
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Le reste du groupe fit bien vite ses adieux et l'aigail les regarda s'éloigner. Faëlis glissa un regard vers Cromax, se demandant comment il prenait cette séparation, mais les affaires de cœur n'étaient pas vraiment de son ressort. Ou du moins, il comptait sur ses compagnons pour y faire attention. Cela dit, il était lui-même un peu triste de laisser la rafraîchissante ambassadrice derrière lui.

Ils poursuivirent donc leur route sur un terrain qui vira bientôt à la plaine, une immensité qui dérangeait l'hinion par son caractère presque vide. Les forêts, il n'y a rien de mieux ! Sauf peut-être les villes. Enfin les villes elfiques, bien sûr. Celles qui sont en forêt.

Ces considérations furent troublées par un terrible rugissement. Sur ce terrain plat, il était aisé de voir assez loin, et Faëlis frémis en voyant une scène terrifiante : une dizaine de monstres hideux, d'odieux hybrides évoquant les manticores des légendes, mais dotés d'un cou de serpent, s'attaquaient à un groupe d'hommes. Les monstres étaient imposants, rapides, et ils s'abattirent en une meute féroce sur leurs proies en infériorité numérique. L'elfe identifia de loin deux hommes, une femme, et un guerrier en armure lourde, donc de sexe inidentifiable. Ils firent corps, se battant férocement, et il était évident que ce groupe, s'il était formé de vaillants combattants, serait vite dépassé.

Leykhsa proposa immédiatement de les contourner. Quelle couardise ! Faëlis dédia un nouveau regard au groupe en difficulté. Usant de leurs ailes et de la souplesse de leur corps, les bêtes bondissaient, reculaient et harcelaient sans cesse leur proie pour les épuiser. Ces gens ne tiendraient pas longtemps !

L'hinion grinça :

« Faites ce que vous voulez, mais l'ambassadeur des ishtar a été envoyé pour apporter un message d'amitié et de soutien aux humains suite à cette éruption accidentelle qui a affolé les bêtes de la région et obscurcit le ciel. Que deviendrait ce message si je laissais des humains se faire tuer sur la route ? »

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Dim 24 Jan 2016 13:32 
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Un sourire perle sur les lèvres de la grise alors que j’explique mon point de vue sur son pacte sanglant. Presque moqueuse, elle affirme que la grandiloquence me sied à merveille, ce à quoi je rétorque d’un haussement de sourcils. Où, selon elle, ai-je été grandiloquent dans mes paroles. Si elle ne prend pas mes paroles au sérieux, elle sera bien désappointée le jour où je la tiendrai. Car si on ne peut se fier à aucun honneur de ma personne, je respecte généralement scrupuleusement ma propre parole. Surtout quand ça m’arrange. La légèreté de sa réponse m’indique chez elle un tempérament assuré, hautain peut-être, ce qui ne serait pas abscons, vu l’espèce que nous partageons, et dont les membres que j’ai déjà croisés sont particulièrement pourvus. Un tempérament qui peut s’avérer dangereux dans certaines situations.

Elle a tout de même un mouvement de recul prudent lorsque j’approche mon visage du sien, et perd aussitôt son sourire confiant, subtilement, une fraction de seconde, avant de s’en parer à nouveau pour me répondre d’une bravade humoristique l’indiquant comme… mon épouse. Je secoue la tête en levant les yeux au ciel, m’écartant d’elle d’un air blasé sans m’empêcher de sourire à sa farce, alors qu’elle me réclame sa main en m’appelant…

(Attends, quoi ?)

Seigneur de l’Ombre.

Mon identité secrète est révélée. Elle la connait. Elle est fort bien renseignée, et fine de n’avoir donné aucun indice préalable. A moins qu’elle ne soit parfaite comédienne, et ait perçu mon pendentif sans réagir alors. Je perds en tout cas tout sourire, lâchant sa main en reculant d’un pas, la toisant d’un air devenu plus dur et sévère que moi-même je ne l’aurais voulu. D’une voix plus froide que celle employée jusqu’alors, je rétorque, un peu trop cinglant à mon gout :

« Puissiez-vous garder ce secret aussi efficacement que les vôtres. »

Elle sera dangereuse, si elle sait qui je suis. Je n’en sais que trop peu sur elle. Je ne sais si elle est digne de confiance. Je ne sais, au final, même pas son allégeance. Sbire des Treize, ou tueuse d’officiers d’Oaxaca ? La plume atteste qu’elle est liée à ce monde, mais sous quels termes ?

(Dans le doute… tue là.)

(Non !)

Il n’en est pas question, bien sûr, même si je ne m’étonne pas d’une telle réaction de la part de Lysis. Elle se présente en alliée, et je n’ai aucune raison de la suspecter de trahison. Mais je devrai la surveiller plus que je ne l’aurais cru. Garder un œil sur elle car, détentrice de ce secret, elle pourrait modifier clairement la vision que chacun sur ce monde comme sur le nôtre a de moi. Me mettre à nu, et faire faillir ainsi tous mes plans. Je me tourne vers le campement, prêt à partir sans un mot de plus, mais alors que je fais mon premier pas, je me tourne une dernière fois vers elle, un sourire presque… carnassier, sur les lèvres.

« Je n’ai nul besoin de garder votre main, elle est déjà mienne, ma mie. »

Et sans un mot, je m’enfonce dans la clairière en direction du feu de camp. Pureté et Faëlis sont partis se coucher, pour s’occuper ou dormir. Je m’installe moi-même près du feu, farfouillant mon sac pour dégoter de quoi grignoter. Je ne prête pas attention au passage de la grise, lorsqu’elle va elle-même se coucher, ne lui adressant même pas un regard, les yeux perdus, réflexifs, dans le feu.

Les heures passent sans grand événement. Des sons lointains se font entendre, comme des cris inaccessibles, mais rien qui ne nous menacerait directement. Il n’est pas le moment de jouer les héros en partant seul dans la nuit à leur rencontre. Lorsque vient l’heure de la relève, je laisse ma place au suivant et m’en vais dans la tente commune, me blottir contre le corps tiède et endormi d’Ixtli. Je trouve ainsi le sommeil, sans que mon corps n’ait défusionné de celui de Lysis. Étonnamment, je trouve un certain confort à cet état. Les fluides bouillants de la faera me réchauffent et me baignent d’aise.

Les heures de la nuit passent, et bientôt l’aube pointe. Nous nous éveillons, déjeunons rapidement et nous mettons vite en route après avoir défait le campement, et effacé les traces de notre présence dans cette clairière abandonnée.

Aujourd’hui, nulle envie de conversation dans le groupe. Tout le monde est pensif et silencieux. Moi-même, je me mure dans un silence appliqué alors que nous dévalons les sentes sinueuses de ces monts inhospitaliers, mais où au final, nous n’avons pas fait de mauvaise rencontre. Nous sommes forcés de longer la pente sur un sentier, car elle est trop forte pour une cavalcade sécurisée. Ça allonge la route, indéniablement, mais nous n’avons guère le choix que de passer par-là. Ixtli, fidèle à elle-même, nous sert de guide dans ce dédale naturel. Confiante, elle nous mène à travers monts et vaux, sans hésiter le moins du monde sur le chemin à emprunter, quand bien même de nombreuses voies croisent la nôtre. À mesure que nous descendons d’altitude, la végétation se densifie et se diversifie. Face à la majorité des conifères dans les hauteurs, les feuillus prennent ici le dessus, et l’atmosphère semble plus chaude, plus humide qu’en haute altitude. L’humidité ambiante était due à un cours d’eau proche, où l’aigail décida d’arrêter sa monture pour expliquer, une fois que chacun l’ait rejoint, qu’il s’agissait des frontières des terres d’Ilmatar. Au-delà de la rivière, le pays rattaché à Illyria s’étendait. Je trouve, un instant, presque curieux de constater que cette frontière naturelle soit si peu gardée, vu les tensions présentes entre les deux peuplades, dernièrement. Pas d’éclaireurs humains, ni de patrouilles de sylphes. J’aurais pensé Jillian plus prudent. Peut-être aussi n’en a-t-on simplement pas croisé. La zone à surveiller est grande, et les troupes élémentaires ne sont pas innombrables. Ils ne peuvent se permettre de les gâcher en surveillance de terrain dans l’éventualité où un groupe d’humains s’aventurerait sur leurs terres.

Elle annonce ensuite qu’elle compte nous laisser ici, que son rôle de guide s’achève. Elle le clôt en nous indiquant la voie à suivre désormais pour rejoindre une route principale qui nous amènera aux abords de la mégapole humaine. Au-delà des champs, nous la trouverons sans aucun doute. Les explications me semblent assez claires pour ne pas l’interroger plus sur la question. Elle arbore un côté impérieux, royal, que je ne lui connaissais pas jusque-là. Solennelle, elle nous offre ses vœux de réussite au nom des élémentaires, rappelant les enjeux de notre mission, d’importance cruciale tant pour la sauvegarde du monde que pour le maintien de la paix entre les peuples de cette région. Elle assure que malgré l’ombre qui pèse sur nos destins respectifs, Ilmatar fera toujours office de havre de paix, prête à nous accueillir. Je salue sa performance d’un air admiratif. Elle n’est pas ambassadrice pour rien, la belle ondine au teint clair.

Les adieux sont vite faits. Faëlis promet de faire de son mieux, et de ne trouver le repos qu’une fois la situation réglée. Il évoque même une possibilité d’échec qui semble, hélas, probable. Mais je refuse de me laisser aller au défaitisme, et alors que la troupe se remet en route pour traverser la rivière, je reste un instant de plus auprès d’Ixtli, profitant du départ pour un brin plus d’intimité.

« Même sérieuse, tu restes adorable. Il me tarde déjà de te revoir, délicieuse compagne. Afin qu’encore et encore, nous fêtions le présent. »

De ma main, je prends délicatement la sienne, amenant ma monture au côté de la sienne. Elle saisit la mienne dans les siennes, et regarde la plaie sur la paume, ersatz de ma conversation de la veille avec Hrist, et la caresse doucement en me demandant de faire attention à moi d'un air grave. J'opine du chef, lui réitérant ma promesse tacite de revenir la voir. Rassurée, au moins en apparence, car si son visage se fait rieur, ses yeux restent chargés d'une lueur inquiète et soucieuse, elle me répond.

"Puisses-tu toujours triompher de tes aventures et garder cette ardeur insouciante."

Mes lèvres effleurent sa peau délicatement, et lorsque je récupère ma main, je vois dans la paume sa partie du collier lunaire trouvé à Andarsté. Je la remercie d’un signe cordial de la tête, sans m’empêcher de teinter mon regard de connivence et d’affection. Je passe le collier autour de mon cou, et attache les deux parties du tout ensemble. Je soupire d'aise. Je soupire de douleur, mais mon visage n'est que paix.

(Bon, ça suffit ce romantisme à l’eau de rose ? Ça m’donne la gerbe, là. Go, go, go, l’aventure nous attend !)

Un dernier sourire, et je lance mon cheval à la poursuite des autres, le cœur étrangement pincé. Rien n’assure, désormais, que je puisse un jour la revoir. Et jamais une telle peur ne m’a étreint. Je soupire, sortant de la rivière au petit galop pour rattraper mon retard sur le trio de tête. Je me retourne, une dernière fois, mais elle n’est plus là, disparue sous le couvert des arbres. Dans un silence absolu, nous poursuivons la route jusqu’à une zone plus plane, signalant notre arrivée dans les plaines sous les Crocs. Des plaines herbeuses aux arbres bien plus rares. Des prés sauvages où, d’habitude, j’adore chevaucher, libre comme l’air, sur le dos de Lune. Mon canasson du jour n’est pas moins brave, mais je me sens moins lié à elle qu’à mon étalon du désert. Et puis, je ne suis pas seul.

Des bruits confus nous coupent dans notre avancée, et notre petit groupe marque l’arrêt pour apercevoir, en contrebas dans la prairie, un combat acharné entre une dizaine de créatures étranges et quatre personnages inconnus. Des humains, sans doute. D’illyria, encore bien échu. Ils ne semblaient pas en posture de force, face à ces créatures mi-lion, mi-dragon, félins puissants plutôt grands dotés d’ailes leur permettant de voler. Leur crinière avait la forme des contours de tête de certains serpents venimeux. Des sales bêtes, en somme. Pureté, pragmatique, indique que nous ferions mieux de les contourner pour ne pas jeter aux roses notre plan, perdant toute crédibilité dans nos rôles respectifs, s’ils nous voient ensembles. Elle a raison, même si en les laissant mourir, ou en tout cas galérer, nous perdons sans doute une bonne source d’approche de la cité. Faëlis, lui, se fait plus héroïque que censé. Il annonce vouloir leur porter secours, au nom de son rôle d’ambassadeur Ishtar venu pour porter un message de paix et de soutien. Noble cœur, mais… cervelle pourrie ? Alors qu’il s’apprête à lancer sa monture pour voler à leur secours, tel un héros de légende, je m’interpose vivement, lançant ma monture devant la sienne et l’alpaguant :

« Non ! Vous y mouriez comme l’un d’entre eux. Comme l’a dit Leykhsa, ça serait une erreur d’y aller tous, et seul, vous n’avez qu’une faible chance de les vaincre. Si nous y allons tous, comprenez que nous ne pourrions pas les laisser mettre en doute notre identité auprès d’Illyria, s’ils y sont rattachés. »

Je laisse ces mots couler comme une menace latente, mais cependant inévitable. Qu’importe l’issue du combat, nous devrions les mener au silence, possiblement définitif, s’ils nous voient ensemble. Une solution pouvant paraître trop extrême pour être oralement énoncée, mais… nul doute que j’en serais venu à cette extrémité si la situation me l’indiquait. Je poursuis :

« Je suis d’accord avec votre envie de les sauver. Ils peuvent nous être utiles. Mais par pitié, laissez-nous faire, moi et Hrist. Poursuivez la route et devancez-nous à Illyria. Nos rôles n’en serons que renforcés, si nous y arrivons séparément. Sois assuré, Faëlis, que ces créatures ne me résisteront pas longtemps. »

Je jette un regard à Pureté, la désignant tacitement garante de l’empêchement de Faëlis de commettre une action irréfléchie, et puis vers Hrist, pour trouver dans son regard le soutien de mon plan. Car lorsque je l’aurai, je lancerai ma monture vers la plaine en contrebas, et nous chargerons ensemble ces créatures sorties tout droit d’un cauchemar.

[2018 mots]

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Dim 24 Jan 2016 18:34 
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Cromax lâcha enfin sa main. Le sang coagulé dans la tiédeur de leurs paumes avait compoté et elle l'avait senti se coller à celui du Sindel, inspectant sa main rougie elle y distinguait toujours la petite entaille rosée. Quant à son nouveau compagnon, il venait définitivement de perdre tout son sourire en entendant Seigneur de l'Ombre et s'empressant de lui sommer de garder pour elle ce secret, il lui envoya deux tonnes de mépris par son regard - une par œil. Hrist ravala son sourire, elle comprenait bien que Faëlis qui l'adulait ne serait sans doute pas aussi jouasse de savoir que son héros vénéré était en fait un lieutenant d'Oaxaca. Quant à Pureté, elle émettait des réserves.

Finalement, l'ambiance se termina presque bon enfant lorsqu'il s'apprêtait à lui tourner le dos, ayant ravalé sa surprise, il joua également de son nouveau rôle. C'était un début amusant mais ils auraient très vite à poser là des bribes de leur "histoire" avant d'entrer en ville.

Hrist n'était pas experte en la matière, mais elle imaginait que les questions qui pourraient être posées par quelqu'un de suspicieux serait par exemple le nom d'une contrée d'Eden, comment se sont-ils rencontrés ? Et si il y avait déjà eu la visite d'un Elfe d'Eden dans leur histoire... En tout cas, ils ne pourraient pas l'ignorer sans risquer de faire tomber tout ce stratagème.

Hrist était pour trouver une nouvelle identité, pour Cromax aussi. Il fallait reprendre les choses à zéro, mais avant de lui parler, elle souhaitait y réfléchir de façon à trouver rapidement des solutions simples et adaptées. Certes, tous deux étaient sans doute des menteurs émérites doublés de vétérans sur le terrain, mais le risque était latent comme une épée effilée suspendue au dessus de leurs têtes.

En essuyant la trace de sang sur sa cape déjà raide de crasse, Hrist emboita le pas de Cromax, le Seigneur de l'Ombre et s'allongea non loin de Pureté, juste assez pour se tenir chaud mais pas assez pour violer l'intimité que cette jeune femme, elle le devinait, tenait pour précieux.

Lors de son tour de garde, Hrist alimenta le feu à plusieurs reprises. Elle se sentait plutôt en forme et redoutait de devoir se coucher par la suite, de peur de briser ce rythme et de se retrouver abrutie de sommeil aux premiers rayons de l'Aube. La nuit coula comme un long fleuve tranquille bien qu'elle ne surveillait pas vraiment les alentours, trop occupée à observer l'infinie étendue de ce ciel hivernal constellé de milliards d'étoiles lointaines qui à elles seules, éclairaient assez la surface de la plaine. La lune gibbeuse, ronde et brillante comme un sou neuf trônait dans ce ciel étoilé, en dépit des versants boisés et de l'horizon prometteuse, Hrist voyait en la lune la seule chose intéressante de la soirée. Cet immense éclat blanc et hypnotique vidait son âme et ses pensées de toute de qui se faisait de noir et de mauvais. Elle se sentait douce et apaisée comme du temps où Silmeria vivait avec elle.

Cette insondable mélancolie descendue du ciel semblait avoir un impact étrange sur Hrist qui, perdue dans ses songes rêveurs, triturait le brasier à l'aide d'une longue branche. Les flammes ardentes vomissaient des souffles bouillants qui ne tardaient pas à faire picoter la peau de ses doigts et de ses joues trop exposées à cette source de chaleur. Hrist n'avait que trop joué avec les flammes. Au loin, par delà l'horizon, le ciel nocturne se fit déjà un rien plus clair et il était déjà temps de laisser sa place au feu à quelqu'un d'autre.

Tous étaient alignés sous la tente. Le sommeil les avait terrassé car bien que portés par cette enthousiasme mordant, leur chevauchée avait été éprouvante et les informations récoltées de toute part avait également épuisé leurs esprits. Faëlis semblait le seul à ne pas dormir du sommeil du juste, il gesticulait, se tournant dans tous les sens et dans le silence de la nature, semblait faire un vacarme étonnant de cliquetis et d'armure froissée. Hrist le réveilla en posant doucement sa main sur son épaule et l'Elfe, perdu dans son demi-sommeil la méprisa avec Pureté ce qui fit sourire la jeune Tueuse. Il se leva presque contre son gré et Hrist se coucha à la place qu'il avait déjà chauffé. Il ne s'était pas rendu compte que Hrist lui avait dérobé une de ses flèches. Elle aurait bien pu lui demander, il aurait certainement offert l'arme de bon coeur mais elle préférait cacher certains aspects de sa personnalité.

La Sindel savait que lors de la visite d'Ilyria, on confisquerait probablement leurs armes et ne voulait pas s'aventurer là bas sans un petit avantage dissimulé. Elle cassa la pointe gardant juste assez de la tige pour avoir une petite poignée. La pointe était plate, propre et coupante assez facile à dissimuler, elle pourrait facilement percer une gorge si on l'employait correctement. Mesquine, Hrist rangea tout de même la flèche brisée dans le carquois du jeune Elfe Blanc qui était déjà au coin du feu.

Lorsque le matin avait chassé les étoiles pour couvrir le monde de son doux petit manteau brumeux, Hrist se réveilla en même temps que les autres, à demi abrutie par la pulsation de l'éveil, tous avalèrent quelque chose en silence, profitant des derniers rayons chaleureux du foyer mourant avant de le recouvrir de terre et de disperser les cendres sur un tapis de feuille morte pour dissimuler les traces. L'herbe couchée et aplatie sous leurs corps endormis se redressait doucement et le vent et la pluie auraient tôt fait de lui rendre un aspect normal. Hrist ne s'attendait pas à ce qu'un traqueur ne repère ses indices, il n'y a rien à repérer si l'on ne cherche rien. Le campement était à coup sûr facile à identifier pour un chasseur ou un bon éclaireur mais ils avaient la chance de n'être encore que des anonymes pour les humains.

Ensemble, ils chevauchèrent de nouveau dans le froid matinal. La femme avait pris le temps d'inspecter chacune des montures pour s'assurer qu'il n'y aucun symbole, aucun sceau d'une manufacture quelconque. Si elle était Sylphe, il aurait été facile de l'identifier et ainsi de remettre en doute tout le plan établi. Ils chevauchèrent jusqu'à atteindre les frontières invisibles qui séparaient la terre des Sylphes de celle des hommes. Aucun poste de garde, aucune ronde, aucune trace de bivouac. Jusqu'à présent, bien qu'elle soit observatrice, Hrist n'avait rien vu de tout cela.

Dupoisson s'arrêta, prononçant un discours que Hrist n'écoutait que d'une oreille, trop intéressée par quelques saletés dans la crinière de Peste Noire qu'elle retirait à bout de doigt. Cromax avait décidé de rester un court instant avec Dupoisson ce que Hrist voyait d'un très mauvais oeil. S'il avait le coeur faible pour cette étrangère, ses sentiments pourraient agir en sa défaveur plus tard si l'aboutissement venait à trahir les siens comme responsables de ce drain magique. Hrist détourna le regard et chevaucha avec Faëlis et Pureté. Ils avalèrent une certaine distance avant d'être rejoint par Cromax au grand galot. En suivant maladroitement les indications dégrossies de Dupoisson, le petit groupe parvint à trouver son chemin sans perdre trop de temps à scruter l'horizon jusqu'à arriver à une hauteur d'où ils entendirent quelques bruits. D'abord faibles, puis les clameurs se firent plus fortes et tous devinèrent sans peine qu'il s'agissait là d'un affrontement. Avaient-ils débarqués juste au dessus d'un camp militaire humain en plein entrainement ? Et depuis quand les humains grognaient-ils aussi fort ?

Hrist s'approcha avec le petit groupe et elle entendit alors un bruit d'aile, comme une large membrane qui battait l'air lourdement pour donner de l'élan à une bête au poids considérable.
En contrebas des hauteurs d'où ils observaient le risible spectacle, quatre guerriers en armure en proie à un ballet de créatures que Hrist ne parvenait pas à identifier. Il devait s'agir d'une patrouille tombée sur les créatures dont le Général d'Ilmatar parlait la veille. Ces bêtes féroces ayant abandonné leurs hauteurs pour fuir les éléments en furie.

Hrist plissait les yeux et fronçait les sourcils. Ces monstres avaient la férocité des fauves, une gueule massive et courte aux mâchoires puissantes. Un col reptilien soutenu par deux pattes avant massives terminées par une patte large et griffue. Des ailes membraneuses comme celle d'une chauve sourie géante qui allongeait un corps à la fois velu et à la fois écailleux.

('' On dirait le fruit d'une orgie entre Sissta, Xenair et le Carapacé. ")

Hrist commençait à sourire lorsqu'elle vit Faëlis prêt à fondre sur les humains pour leur porter secours. Elle ravala son sourire à toute vitesse, prête à claquer Peste Noire pour partir à sa suite et le désarçonner mais Cromax s'interposa juste avant. Cet imbécile allait tout faire rater. S'ils arrivaient à quatre pour aider ces hommes, jamais ils ne pourraient assurer qu'ils ne viennent pas ensemble et ce serait là le début de toute suspicion.

" Non mais je rêve... On n'est même pas arrivés en ville qu'il va tout faire rater. "

Elle claqua des bottes sur l'encolure de son cheval pour se mettre à la hauteur de l'Elfe Blanc que Cromax réprimandait déjà avec tact et douceur. Hrist avait été piquée au vif et se montrerait nettement moins amicale avec lui. Cromax et Pureté soulevaient le même point important ne pas être repérés. A n'importe quel prix. Le Seigneur de l'Ombre annonça qu'il irait lui même avec Hrist, laissant Faëlis et Pureté s'introduire en ville avant eux. Certes la scission du groupe était brutale et soudaine, mais ils n'avaient guère le choix. Laisser les hommes tomber sous les assauts répétés de ces terribles bêtes fauves et sauriens était une option valable mais il pouvait s'agir d'une porte d'entrée pour la ville, et sous escorte humaine de quoi appuyer la légitimité de leur venue.

A la hauteur de Faëlis, Hrist lui lança un acerbe :
" Intervenez et tous devront mourir sans quoi nous serons trahis tôt ou tard. Partez à votre tâche, Maître Hinion et essayez de faire preuve d'un peu de bon sens. " Son regard n'offrait rien de bon. Elle commençait à comprendre ce que sous-entendais Pureté à qui elle offrit un autre regard.

Elle lui demanda sans aucune pudeur, devant Faëlis :
" Assure toi bien qu'il ne tente rien... " La menace avait été crachée. Hrist n'aurait aucune hésitation à tuer les humains s'ils comprenaient quoi que ce soit. Au moindre doute, elle mettrait son odieuse menace à exécution. Faëlis devait être averti, elle ne tolérerait aucun écart dangereux. Ce que l'Elfe ignorait aussi, c'est qu'elle choisirait probablement de les torturer jusqu'à obtenir des informations intéressantes pour assurer une immersion facile en ville avant de les achever en prenant son temps.

Puis, jouant de nouveau la carte de la sécurité, la Sindel attrapa les flèches du carquois de Faëlis pour les tendre à Pureté, lui ajoutant :
" Tu pourras lui rendre ça quand il aura l'esprit plus clair. En attendant Cromax, je suis prête. L'idéal serait que l'un de nous charge et que l'autre rassemble les hommes d'un côté, prêts à établir une défense serrée. Un roc contre lequel leurs assauts aériens échouerait. "

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1800 mots

Confisque les flèches de Faëlis pour les tendre à Pureté histoire qu'il n'intervienne pas.

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Dim 24 Jan 2016 19:32 
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Mais que ne voilà pas que les autres s'y mettent aussi. Ils pensaient donc sérieusement qu'entrer, même séparément, dans la ville passerait inaperçu ? Le même jour, Illyria allait découvrir la réalité de l’existence des Ishtar et des sindeldi... qu'ils se bercent d'illusions s'ils veulent, mais il n'y a aucune couverture possible pour le groupe. Cependant, le sergent lui demanda en personne de ne pas s'en mêler. Lui et Hrist pourraient faire le travail seul. C'était sans doute le cas. Mais la pensée que lui et ses talents de guérison soient écartés alors qu'un combat féroce s'annonçait était insupportable.

Il était venu pour rencontrer Cromax. Il devait le ramener... Il baissa les yeux, vaincu d'avance. N'était-il pas qu'un pion depuis le début ? C'est ce qu'il avait été toute sa vie, et on n'échappait pas à son destin. Il tira sur la bride et grinça de colère :

« Très bien, alors hâtez-vous. Si un seul meurt... je n'aurais même pas à exercer une quelconque vengeance, les humains, dont vous semblez nettement sous-estimer les capacités de déduction, vous le feront payer bien assez vite. »

Mais voilà que Hrist en rajoutait une couche, visiblement encore plus folle et fanatique que les autres, convaincue que sauver ces gens serait un fléau terrible qui mettrait fin à toute leur entreprise. Après les messes basses de la veille, il commençait à soupçonner que les deux elfes gris préparent quelque chose. Pourquoi invoquer des excuses aussi incohérentes ? À moins qu'ils ne veuillent se réserver la gloire ? Car sauver ces gens donnerait un bon passe-droit... un passe-droit qu'ils ne comptaient manifestement pas partager. Pourquoi vouloir lui compliquer la tâche ainsi ?

Peut-être, au fond, était-il le seul à vouloir sauver ce monde. Une idée terrifiante et impensable... non, quelque chose devait vraiment lui échapper.

Il fut pris par surprise quand elle lui arracha brusquement ses flèches. Au milieu de l'incompréhension du moment, cela sonna comme une agression. Voyaient-ils en lui, elfe juste et honorable, quelqu'un qui les trahirait... ou peut-être une menace contre leur propre complot ? En tout cas, Leykhsa semblait plus fiable à leurs yeux... ce qui était tout autant mauvais signe !

Faëlis reprit la poignée de carreaux d'un geste violent.

« Pour qui vous prenez vous ? J'ai dit que je vous laissais aller, et j'ai le sens de l'honneur. Alors allez essayer de nous faire des alliés pour rentrer dans cette ville... sauvez ces gens. Cela fait partie de notre but, ici, je vous le rappelle... »

Il tourna bride avec humeur et commença à entamer un large détour, ignorant royalement la gamine le suivant.

(((récupération des flèches, 437 mots)))

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 25 Jan 2016 18:42 
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A ma proposition de contourner le champ de bataille, Faëlis s'offusque, prétextant qu'en tant qu'ambassadeur des Ishtars venu apporter un message de paix aux humains, il est tout à fait légitime qu'il leur vienne en aide, me confirmant par la même sa stupidité latente. Parce qu'il pense qu'ils pourront venir à bout de ces créatures s'il vient les aider ? Evidemment que non, les quatre humains semblent aguerris et ils sont sur le point de perdre pied, ce n'est pas un idiot d'Hinïon qui va drastiquement changer l'issu du combat. Surtout pas celui-là. Et si nous y allons ensemble, cela détruira notre couverture.

Je grogne immédiatement, mais c'est à Cromax, plus diplomate, d'intervenir. Je lui en suis grée, car si je devais continuer plus longtemps ce serait à coup d'insultes. Il ramène rapidement Faëlis à la raison en lui garantissant que lui et Hrist s'occuperaient seuls d'aider ces humains. A cette annonce, je grimace légèrement, mal à l'aise à l'idée de laisser deux d'entre nous s'élancer face au danger seuls. C'est pour cela que je voulais que l'on les contourne – pour cela et parce que je ne reconnais pas plus de valeur à la vie de ces hommes qu'à celle de ces créatures –, tant que nous sommes un groupe, que nous nous appréciions ou non, la sécurité de chacun être une priorité, la plus grande, même, derrière la nécessité d'arriver à notre ou nos objectifs. Autrement dit, laisser l'un ou l'autre d'entre nous risquer sa vie n'est envisageable que selon l'importance pour notre objectif du bénéfice qu'il y a à tirer de la situation. Et, si ces humains pourraient aider certains d'entre nous à s'infiltrer et s'intégrer dans la cité, ce n'est qu'un avantage minime si Cromax ou Hrist devait en mourir.

Mais c'est au tour de cette dernière d'intervenir, interpellant avec véhémence notre idiot et lui déclarant sans autre forme de procès que nous seront contraints de tuer ces hommes si jamais nous descendons ensemble dans cette plaine. Les deux Sindels se tournent alors vers moi, me signifiant, l'une oralement, l'autre tacitement, qu'il m'incombe la tâche de l'empêcher d'intervenir. Mais je ne suis toujours pas à l'aise avec l'idée de les laisser descendre seuls. Cromax nous a assuré qu'il serait capable de s'occuper des créatures, mais je ne puis savoir si c'est là l'honnête déclaration d'un guerrier bien plus capable que je ne l'imaginais ou s'il se surestime.

« Bien, si vous êtes certains que vous pouvez en venir à bout, allez-y, mais votre vie est plus précieuse pour l'avenir de ce monde que celle de ces hommes, si la tâche devait être plus difficile que prévue, fuyez, tant pis pour eux. »

Hrist, toujours en colère contre Faëlis, attrape alors les flèches de celui-ci pour me les tendre, mais l'Hinïon, visiblement vexé, les reprend immédiatement avec colère. Il clame n'avoir qu'une parole, ce dont je doute fortement, et lui dit, lui ordonne, presque, de se hâter, car notre tâche sur cette planète est de sauver ces hommes. Il se fourvoie, je crois.

« Non, notre tâche n'est pas de sauver ces quatre personnes. Notre tâche n'est pas de patrouiller le monde pour empêcher quelques créatures de se nourrir des entrailles d'une poignée d'humains. Tous les jours des milliers de personnes meurent, et notre tâche n'a jamais été, n'est pas et ne sera jamais d'empêcher cela. Notre tâche est bien plus importante, et la vie de bien plus d'être vivants est en jeu, alors si l'on doit laisser quatre personnes mourir sur notre chemin, soit, car ils mourront de toute façon si nous échouons. Cesse un peu de te comporter comme un adolescent capricieux, et suis-moi, » fais-je en talonnant ma monture, prenant la direction opposée pour tracer un large contour et éviter que les humains nous aperçoivent s'ils devaient lever quelque peu la tête dans notre direction.

Avant de m'éloigner complètement, cependant, je me tourne vers Hrist.

« Pas besoin de ses carreaux, s'il se tourne pour vous suivre, ou ne serait-ce qu'observer votre affrontement, s'il fait quoique ce soit qui pourrait mettre nos couvertures en danger, en fait, je lui plante moi-même une flèche entre les omoplates, » déclaré-je à vois haute et intelligible tout en décrochant mon arc de mon épaule. « Et bonne chance. »

Puis, sans un regard en arrière, je prends un chemin transversal à la suite de Faëlis, qui, vexé, est déjà parti en avant, vérifiant bien tout le long que les humains nous soient invisibles de notre position, pour être certaine que l'on soit invisibles de la leur.



Nous contournons très largement la scène, dont les seuls témoins de la présence sont les bruits que nous pouvons entendre en contrebas ; de là où nous sommes, nous ne pouvons savoir réellement ce qu'il se passe, ni pour ces humains, ni pour nos deux compagnons. Cependant, nous n'avons pas pris assez largement, car après avoir chevauché quelques instants supplémentaires, nous éloignant ostensiblement du champ de bataille, nous arrivons à un endroit légèrement plus bas de la plaine, d'où nous pouvons voir deux de ces créatures, plus petites que les autres, légèrement en retrait. Certainement des adolescents apprenant à chasser avec le reste de la meute, a moins que leur troupeau ne soit en plein phase de migration à cause de l'éruption, et que ce soit leurs femelles.

En tous les cas, attirées par notre mouvement, les deux créatures se tournent, et, ni une ni deux, foncent dans notre direction. Aussitôt, mon arc est dressé et mes flèches sont prêtes, mais je me retiens au dernier moment de tirer ; nous sommes dangereusement proches de l'escarmouche principale, et nous ne pouvons pas prendre le risque de nous faire voir. Les humains doivent croire que ces créatures là sont à la poursuite d'animaux sauvages.

« Faëlis ! » m'exclamé-je presque à voix basse. « Il faut les éloigner ! C'est notre chance d'aider Cromax et Hrist sans se faire repérer. »

Et, joignant le geste à la parole, j'oblige ma monture à tourner sur elle-même avant de l'élancer à toute vitesse pour mettre de la distance entre nous et les humains. Derrière moi j'entends les bruissements d'ailes des chimères, agrémentés de manières régulières par ceux de leurs griffes frappant le sol, se rapprocher dangereusement de moi. En tant qu'archère, je ne peux pas me permettre d'attendre qu'il me rattrape complètement pour engager l'affrontement, il faut que je prenne l'avantage tant que je l'ai, c'est à dire tant qu'ils sont à bonne distance.

Au bout d'une poignée de secondes, qui ont défilées comme des minutes, j'oblige ma monture à piler et me tourne d'un geste souple dans ma selle, arc relevé et flèche encochée. Mon trait part immédiatement dans l'épaule de la bête la plus proche, surprise par mon brusque arrêt, mais le cri qu'elle pousse au moment où la pointe d'acier traverse sa chair effraie mon cheval, qui repart de plus belle, me faisant chuter. Je me redresse juste à temps pour éviter d'une roulade l'assaut de la deuxième créature, l'autre ayant été ralentie par mon attaque.

La créature revient à l'assaut immédiatement, beaucoup trop proche pour que je puisse opérer convenablement. Ma flèche est encochée, mais à chaque fois que je tente de lâcher la corde, le fauve ailé s'approche de moi dangereusement, m'obligeant à reculer toujours plus. Et de sa stature, il m'empêche de voir convenablement derrière lui, ne me permettant pas d'apercevoir ni Faëlis ni sa congénère. Il est nécessaire que je me tire de cette position désavantageuse, et vite.

Dans un moment de témérité, poussé par mes réflexes et mon instinct de survie, je décide de décocher ma flèche. Poussée par une force inconnue, que jamais je n'avais ressentie, à la fois étrangère et familière, une puissance latente qui semble couler dans mes veines, j'esquisse un bond en arrière, suivi d'un pas chassé sur le côté, esquivant par la même un quatrième assaut de la créature et me retrouvant maintenant sur son flanc. Profitant de ce temps supplémentaire, pendant lequel la chimère se tourne sur elle-même pour me faire face, je bande mes muscles, ajuste ma flèche et tire de toutes mes forces sur la corde de mon arc flambant neuf. Lorsque je le lève, l'hybride me fait face ; il est près, très près, et m'oblige à me pencher en arrière pour avoir assez d'allonge pour placer mon arme entre lui et moi. L'adrénaline, couplée avec cette force nouvelle et prodigieuse qui coule en moi, me permet de bander l'arc avec une force plus grande encore qu'à mon habitude. L'action s'est déroulée en une seule seconde, mais j'ai l'impression qu'il a duré des minutes entières. Des minutes de concentration pour aboutir à ce résultat. Mes doigts lâchent, la corde claque l'air, la flèche part. La pointe pénètre profondément dans la joue de la bête, et s'enfonce jusqu'à sa collerette de cobra.

Aussi surprise que blessée, la créature s'écarte d'un bond, et, toujours mue par cette puissance phénoménale, je fais de même, m'éloignant ostensiblement d'elle en seulement quelques pas. Lorsque l'étrange force me quitte, je suis à quelques bons pieds de la chimère, et j'encoche une troisième flèche dans mon arc. Visant de nouveau, je profite de l'accalmie pour chercher Faëlis de la voix.

« Faëlis ! Je m'occupe de les couvrir de flèches, essaie d'attirer leur attention, toi qui as une épée ! »


(((Tentative d'apprentissage de la CCAJ de classe Eradicateur : Mauvaise Surprise : Grâce à une funeste agilité, l'éradicateur parvient à décocher une flèche à bout portant à son adversaire, le prenant complètement au dépouvu pour avoir le temps de prendre de la distance. (for +0,5, init=1 pour l'adversaire pour l'action qu'il fait). )))

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mar 26 Jan 2016 21:30 
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Ils prennent donc un large détour, s'enfonçant toujours plus bas dans la plaine. Une dénivellation plus forte leur permet d'entendre le combat sans se faire repérer, et Faëlis est toujours noyé dans ses pensées, se demandant pourquoi les sindeldi voudraient à ce point faire cavalier seuls. Il réfléchit à ce qu'il sait de ce peuple, à savoir bien peu de choses à part le fait qu'ils soient isolationnistes et volontiers belliqueux. Cela pourrait-il justifier leur comportement ? Ou sont-ils en train de tramer de plus noirs desseins ? Il a de la peine à envisager cela de la part de Cromax, mais l'homme n'est pas forcément connu pour sa vertu...

C'est le cri de Leykhsa qui le tire de ses pensées. Le tour qu'il pensait faire large ne l'était finalement pas tant que ça, et deux créatures restées en retrait les ont repérer ! Bon, bientôt, elle va dire que c'est de sa faute ! Elle s'exclame qu'il faut les éloigner, les affronter en restant hors de portée. L'elfe sent son cœur s'accélérer. Ce n'est pas ainsi qu'il voyait une opération de sauvetage, mais il comprend l'idée. Aussitôt, les deux chevaux s'élancent au loin, et les bêtes, sans doute affamées, se précipitent à leur suite. Il ne faut pas longtemps avant que l'elfe, grisé par l'action, ne laisse échapper un ricanement. Il tire sa petite arbalète de poing et, sans s'arrêter, se tourne pour lâcher un trait. Dans de telles conditions, difficile de viser juste, mais les créatures sont grandes. La flèche transperce la collerette d'une des bêtes qui ralentit un instant avec un gémissement. L'archère sombre stoppe son cheval et lâche à son tour un trait et fait mouche. Mais son cheval, rétif et effrayé par les prédateurs, la désarçonne et repart du plus belle. L'elfe pense à aller le chercher, mais trop tard, les bêtes sont déjà sur l'archère qui engage le combat.

À courte portée, elle n'a aucune chance ! Faëlis veut se porter à son secours et encoche une nouvelle flèche dans sa petite arbalète de poing. Il veut tirer mais son cheval, également nerveux, fait un écart et le trait rate sa cible... pourtant, le jeune homme réalise qu'il y a eu un effet bénéfique : la créature surprise par le carreau qui à claqué sur une pierre juste devant ses pattes, à reculé d'un pas. Leykhsa, concentrée sur l'autre bête, réalise une manœuvre audacieuse, lui permettant de prendre le large tout en plantant un trait dans son flanc. Elle crie à l'elfe de les tenir à distance pendant qu'elle continue à tirer. Protéger quelqu'un ? Voilà quelque chose qui lui plaît plus !

Avec un courage qu'il ne se connaissait pas lui-même, Faëlis lance sa monture entre les prédateurs et la proie et saute à bas. Les monstres rugissent. Ils ne sont qu'à quelques mètres... Hors, sa petite arbalète de poing est certes dangereuse pour un humain, et ses petits projectiles sont nombreux, mais l’inconvénient, c'est que du même coup, ses petits traits auront un effet limité sur des bêtes de cette envergure. Mais une idée commence à germer dans son esprit.

« Allez-y. Je vous couvre ! »

Ses techniques de tir multiple sont adaptés à l'arc, mais sa petite arbalète est très maniable et il n'a aucune peine à encocher les flèches à un rythme effréné, et parfois deux à la fois. Une première salve fait hésiter les monstres, qui ont compris maintenant que ces petits bâtons sont dangereux. Mais il en faut plus pour impressionner des esprits animaux et ils reprennent bientôt leur avance. Vite une solution... tout à l'heure, la flèche avait claqué contre une pierre. Un projectile de perdu... mais s'il faut ça pour les impressionner... Oui ! Il est sûr que son idée est la bonne ! Ces créatures sont agacées par les flèches qui les blessent, donc elles essaient maintenant de les esquiver ! Il peut utiliser cela pour les tenir à distance ! Plutôt que de les enrager en les blessant, il va les faire hésiter.

Il se met à tirer très vite. Il ne cherche pas à toucher ces grandes créatures souples et agiles, non, il vise des cibles fixes, plus faciles, pour déverser une pluie de traits qui va leur faire peur. Les blessures les forcent à attaquer, mais les blessures qui ne se produisent pas, celles qui semblent évitées de justesse, au contraire, douchent les ardeurs les plus féroces !

Faëlis enchaîne malgré la sueur due à l’extrême concentration, visant les pierres, tapant devant les coussinets. Il a besoin d'un esprit parfaitement concentré pour maintenir le rythme, trop même. Des fois, il rate sa cible et le monstre avance. Mais comme les tires se suivent rapidement, il arrive au moins à les ralentir. À chaque trait, sa méthode s'affine, au point que, les créatures semblent vraiment hésiter. Les flèches de l’archère aident bien, achevant de les convaincre d'éviter les projectiles. Les monstres cherchent une ouverture, mais Faëlis s'efforce de trouver toujours une parade. Les empêcher d'avancer, coûte que coûte... L'une recule vers un buisson, et un carreau claque contre le bois, la faisant sursauter. L'autre est en raz campagne, aucune pierre à porté... les yeux de l'elfe cherchent frénétiquement. Ils surprennent une flèche perdue au sol. D'un tir, il la fait sauter sous le nez de la créature qui feule de rage, éloignant le bois bout de bois sauteur d'un coup de patte rageur. Faëlis recule pas à pas, forçant Leykhsa à reculer aussi, mais ceci, associé au ralentissement des créatures, leur permet de garder un peu d'avance.

Les animaux sont attirés par le mouvement. Il remarque les yeux de serpent qui guettent son arme. Il change son arbalète de main d'un geste vif et tir. Il tire encore, puis change à nouveau son arbalète de main. Les yeux des monstres tentent de suivre, paniqués dans leurs tentatives infructueuses de suivre la source des projectiles. Oui ! Il y arrive presque ! Il pousse un cri féroce d'exaltation qui se mêle aux rugissements furieux... un cri, voilà aussi de quoi impressionner les animaux ! Il crie à nouveau, continuant à décrire des arabesques avec son arme et à tirer. Les monstres ne savent plus où donner de la tête. L'archère, derrière, continue également, et il croit un instant qu'il vont réussir à les vaincre...

Mais si les monstres ne sont pas assez stupides pour foncer bêtement dans les flèches, c'est qu'ils sont capables d'adaptation... et ceux-ci ne sont pas en reste. Ils ont bien des armes à leurs dispositions et ils vont les employer... L'elfe voit avec inquiétude leurs ailes frémir et il comprend que le jeu est terminé.

« Attentions, ils vont s'envoler ! »

En effet, agacé par les claquements des carreaux sur la terre devant leurs pattes, les monstres prennent brutalement les airs pour se laisser tomber sur eux.

(((1115 mots, tentative d'apprentissage de :

Impasse: Grâce à un tir nourri, le protecteur peut empêcher jusqu'à [lvl du sort] adversaires d'approcher pendant lvl/4 tours. )))

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mer 27 Jan 2016 19:30 
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Proche de moi, j'entends Faëlis me répondre ; un rapide coup d'oeil sur ma gauche pour le voir armé d'une arbalète, et il commence à tirer à un rythme soutenu aux pattes des chimères, les empêchant avec plus ou moins de brio d'avancer. N'ayant emporté qu'une vingtaine de flèches – il faut dire que je ne suis pas habituée à en utiliser plus de deux ou trois par cible – je ne peux me permettre de le relever lorsqu'il recharge, aussi dois-je lui faire confiance. En revanche, les créatures portant un intérêt tout particulier à l'Hinïon, qui les tient en haleine inlassablement, je peux me concentrer sur la précision. Ma flèche déjà encochée, je m'écarte quelque peu de l'elfe pour sortir du champ de vision de nos adversaires, puis vise en prenant le temps d'analyser leurs mouvements.

Mon premier projectile part à toute vitesse, et pénètre dans la croupe d'un hybride, qui, dans un cri de douleur, se tourne vers moi. Il semble vouloir s'approcher, mais les carreaux de Faëlis l'en empêchent et occupent bien vite de nouveau son attention. J'encoche rapidement une seconde flèche et vise de nouveau. Leurs déplacements sont irréguliers et vifs, mais en cherchant à toucher le milieu de leur corps plutôt qu'une région spécifique je parviens une fois de plus à faire mouche, cette fois au milieu des côtes. Bientôt, une troisième et une quatrième flèches viennent parer son corps. Mais les créatures sont musclées et imposantes, et mes assauts, s'il les affaiblissent, ne semblent jamais endommager leurs organes vitaux, ni provoquer un saignement assez conséquent pour réellement les arrêter.

Consciente que je n'arriverais pas à les tuer de cette manière, j'alterne les cibles pour les blesser toutes les deux, de manière à ce qu'elles soient assez affaiblies pour que Faëlis puisse les combattre à l'épée. Mais bien vite, alors que seules une demi-douzaine de flèches ne soient plantées dans leur corps, les chimères s'adaptent, et, aidées de leurs immenses ailes, s'envolent pour nous fondre dessus. Mais c'est après l'Hinïon qu'elles semblent en avoir.

« Ecarte-toi ! » crié-je en tirant dans la direction de l'elfe blanc, sans toutefois le viser.

Le projectile, plus par chance que par talent, effleure l'encolure de l'une des créatures, qui vient de se poser proche de Faëlis. Elle se tourne vivement vers moi et me prend en chasse. C'était l'effet escompté.
La distance qui nous sépare n'est que de quelques mètres, mais elle boitille presque, maintenant, et le sang s'écoule dangereusement des quelques blessures que je lui ai infligées. Comprenant que la force a plus d'impact que le nombre contre de telles bêtes, je décide de prendre mon temps pour viser ; je n'aurais droit qu'à une seule flèche. Je l'encoche, je vise la chimère, je stabilise mon bras et je me concentre.

Guidée par la même puissance que précédemment, mais que j'invoque presque, cette fois, que j'appelle à moi et que je laisse couler dans mes veines pour me guider et me prêter sa force, je tends la corde à son paroxysme, mes doigts proches de ma joue, et je vise. Encore une fois, cette énergie inconnue qui coule en moi semble ralentir le temps, semble me donner une emprise inédite et exceptionnelle sur le monde. Je bande mes muscles, pris d'une puissance hors norme pour ma frêle carrure, et tire sur la corde comme jamais. Lorsque je la relâche, la flèche vient pénétrer dans sa gorge comme dans du beurre.

Mais le coup ne suffit pas à lui ôter la vie, et si la douleur et le handicap infligés sont énormes, la charge de l'animal n'est que partiellement ralentie. Je tente au dernier moment un bond sur le côté, mais son épaule vient heurter mon buste avec violence, m'envoyer voler à une bonne distance de là. Mon corps se réceptionne avec rudesse sur la terre, durcie par les premiers jours de soleil du printemps, et roule sur plusieurs mètres, amplifiant la douleur initiale de l'assaut à chaque nouvelle secousse.

Lorsque je reprends mes esprits, après quelques secondes difficiles, j'aperçois la chimère s'ébrouer et gesticuler, tentant vainement de se débarrasser de ma flèche. Dans ma chute, j'ai lâché mon arc, mais, par aubaine, je retrouve non loin de moi le sceptre de Niyx, cadeau de l'Isthar Iyaroak, que j'avais attaché aux sacs de ma monture pour le voyage. La magie, je n'y avais pas pensé. Il faut dire que la pratique est nouvelle pour moi, mais une idée en rapport germe néanmoins dans mon esprit, car ce bâton n'est pas le seul cadeau du Tisseur que j'ai reçu. Je me redresse tant bien que mal, faisant fi des nombreux hématomes qui doivent orner mon corps après une telle collision, et me dirige vers le sceptre. Une fois en main, je me tourne vers Faëlis pour l'interpeller. Mon adversaire, abandonnant finalement ma flèche dans son cou, tourne vers moi un visage chargé d'animosité. Il faut que l'Hinïon se dépêche, car je ne connais qu'un sort, et il n'est pas rapide.

« Faëlis ! Je vais essayer quelque chose, mais il faut que tu réunisses les deux et les occupe ! »

Tant pour lui faciliter la tâche que pour m'éloigner de la chimère en colère, je me dirige vers l'elfe, en proie avec son propre hybride.


(((Utilisation de la CCAJ Tir du Destin.)))

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mer 27 Jan 2016 22:34 
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L'archère a bien criblé les créatures d'une demi-douzaine de flèches, mais si les blessures sont profondes, elles sont largement insuffisantes, et la charge aérienne reste d'une violence inouïe. Faëlis plonge sur le côté tandis que la jeune femme, qui a compris le danger, tire encore, cette fois-ci pour l'aider à se dégager. Un monstre se précipite dans sa direction, mais l'elfe ne peut l'aider, occupé qu'il est à éviter la deuxième bête. Il se relève tant bien que mal. Son arbalète est déchargée, il la glisse à sa ceinture tandis que sa main droite ramasse une pierre et la lance avec violence. On oublie souvent que si les elfes sont de bons archers, ils font aussi de très bons lanceurs de caillou. L'objet percute le monstre entre les deux yeux, le faisant marquer un temps d'arrêt qui donne le temps au jeune homme de se relever.

Soudain, la voix de Leykhsa retentit à nouveau. Elle a besoin qu'il les retiennent pour avoir le temps de faire quelque chose... et cour vers lui pour amener son propre adversaire ! L'elfe écarquilla les yeux. Elle ne pense tout de même pas à...

« Euh... attend, je suis pas sûr que ce soit... »

Il n'a pas le temps d'en dire plus, les deux monstres sont sur lui.

« OuaaaaAAAAH !!!! »

Incapable de tenir face à deux créatures, il se met à courir en rond frénétiquement, essayant de jouer sur son agilité. Il évite un coup de patte, puis deux... mais qu'est-ce qu'elle fait bon sang ! Il tire son épée pour la brandir et essayer de les tenir à distance. La lame des sylphes est incroyablement maniable, ainsi qu'il l'avait pressenti. Un vrai plaisir en main. Il pouvait l'orienter en un éclaire vers un adversaire pour le repousser d'un coup d'estoc. Cela marcha... mais seulement un temps, puisqu'il n'a qu'une seule épée et que quand il menace l'un, l'autre avance. Il parvient à faire une griffure au visage d'une bête, mais un coup de pattes lui fait lâcher sa lame et il doit repartir en courant, essayant de tourner en rond pour les garder dans la même zone.

Et bien sûr, ce qui devait arriver arriva, voilà que l'une des manticores lui donne un coup de patte dans le dos. L'armure d'Alfy le protège, mais il tombe à terre et lève un bras pour bloquer des mâchoires qui visent sa tête. Les crocs glissent sur le métal, mordant férocement. Il faudra qu'il remercie Jilian pour son armure ! L'autre tente de lui mordre la jambe mais s'arrête miraculeusement sur ses bottes. Un coup de l'autre pied lui permit de se dégager. Les cris du jeune homme résumaient au mieux sa situation :

« Leykhsa ! Vi... Argh !!! Je... lâche ça !!! Vite ! VITE !!! Bon sang... mais LÂÂÂCHEEAÏE !!! »

Une patte griffue avait écorché sa jambe. Il ramasse finalement une pierre et cogne pour faire lâcher celle qui tient son bras. À ce moment-là, Leykhsa lui cria de s'écarter. Non, sans blague ! Il bondit à distance.

(((509)))

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Dernière édition par Faëlis le Jeu 28 Jan 2016 13:49, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Jeu 28 Jan 2016 05:19 
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Visiblement piqué à vif par la remarque de la jeune Sindel, Faëlis, cette volaille idiote récupéra ses carreaux d'arbalète au moment où Hrist les tendait à Pureté. Il clama qu'il était digne de parole mais Hrist savait bien que la bêtise n'avait pas de limite et que partir en mission aussi périlleuse que celle de sauver un monde entier accompagné de compagnons non expérimenté était chose dangereuse. Presque aussi dangereuse que de se lier d'amitié avec l'un d'eux.

Pureté alla dans son sens, assurant Hrist qu'elle pouvait accompagner Cromax avec confiance, car au moindre écart suspect de sa conduite, la jeune demi-elfe lui ficherait une flèche dans le dos. Quelque part, cette jeune femme semblait avoir de la ressource, rien de tel qu'une situation tendue pour révéler la véritable nature des gens. Cromax serait l'homme posé et stratégique alliant diplomatie et tact, Faëlis serait le nigaud du village, prêt à faire une bonne action peu importe les conséquences, Pureté plus réfléchie avait préféré les contourner, estimant qu'ils avaient que peu de poids face à l'enjeu de taille qui les attendait.

Hrist commençait doucement à croire qu'elle finirait par mieux s'entendre avec la jeune Elfe qu'avec les autres. Elle les observa s'éloigner le temps d'une poignée de seconde, assez longtemps pour observer comment les hommes assaillis se défendaient. Elle serra la bride de cuir de Peste Noire et après avoir adressé un regard approbateur à Cromax, son nouvel allié elle fit avancer son cheval noir au pas, puis au trot.

Elle ne souhaitait pas arriver en furie, il était important d'avoir assez de temps pour engager l'assaut, ces quatre gaillards armés et armurés étaient au centre de la mêlée et ils en pâtissaient, harcelés de toute part. Elle en vit un faisant mouliner sa hache, deux autres jouant d'une épée fine comme celles des duellistes et qui semblait assez mal appropriée pour un combat contre des bêtes pareilles. Le mieux paré à ce type de bataille semblait être cet humain en armure complète armé d'une grande épée avec laquelle il décrivait de larges mouvements, assez pour rivaliser avec la longue patte griffue de ces créatures ailées.

Hrist tira de son fourreau la Vieille Rengaine regrettant amèrement de pas avoir d'armes plus commode pour ce genre d'assaut. Avec assez de force à l'épaule et une bonne lance, elle aurait facilement pu embrocher une de ces créatures avant même qu'elle ne puisse le voir venir. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, elle était cependant ravie et excitée de pouvoir faire couler le sang. Les propos de Faëlis avaient animé une colère bouillante en elle, ces maudites bêtes allaient payer pour lui.

Elle avançait au galop; avalant très vite la distance qui les séparait des autres guerriers. Une des créatures ailées ne tarda pas à la prendre pour cible, peu discrète de leur corps sombre dans le ciel clair du matin, Hrist eut l'impression de voir un énorme aigle fondre sur elle.

(" Elle te tombe dessus comme un faucon tombe en piquée pour attraper un lapin. 'Tention la tête ma vieille... Tu pourrais bien la perdre.")

Hrist se concentrait, le temps semblait devenir moins dense, comme si les pulsions de l'adrénaline commençaient déjà à aiguiser ses sens et alimentaient ses muscles et ses instincts d'une énergie nouvelle.
(" Bien... Cette saloperie a l'air dix fois plus lourde que toi... Et plus forte... Laisse venir. Laisse venir. ") Se répétait-elle avec le calme étal d'une casserole de lait portée à quatre-vingt-dix-neuf degrés.

L'animal attaqua d'un coup de patte que Hrist évita en baissant la tête. Son entrainement chez les Samouraïs avait payé. Ses maîtres lui avaient enseigné une chose, qu'il s'agisse là d'un homme ou d'une bête, les mouvements du corps trahissaient à coup sûr les attaques que l'agresseur tenterait. La bête ne se retourna pas pour attaquer, elle continua son vol bientôt suivie d'une autre pour déserter le combat et partir vers là où Cromax et elle venaient d'arriver.

(" Tu sais, sans vouloir t'alarmer, les chiens et les loups tuent en mordant la gorge, les tigres, lions et ours quant à eux tuent aussi d'un coup de patte. Vise moi ce morceau, il est tout de muscles. ")

Hrist repéra un des monstres à terre, la bête rugissait et harcelait de coups de pattes un des guerriers à l'épée fine. Dressée sur ses deux pattes arrières, prête à utiliser tout son poids pour écraser le duelliste, la bête rugissait en écartant ses pattes toutes griffes sorties.

Hrist envoya un coup de talon à sa monture et la dirigea vers ce montre, prêt à frapper. Au moment où Peste Noire passa à côté d'elle, Hrist se désarçonna et emportée par l'élan de la course, frappa la créature ailée de plein fouet la renversant sur le côté.

Si l'impact avait déstabilisé le monstre, il avait aussi quelque peu sonné Hrist qui s'était retrouvée à terre dans une promiscuité avec son adversaire mi-félin mi-saurien qui n'était pas très enviable. Le duelliste quant à lui, ne dût pas immédiatement comprendre ce qui venait d'arriver et encore moins d'où sortait cette femme tout de noir vêtu qui s'était jetée en pleine mêlée. Faut d'être tranquille sous ce ballet aérien, il ne pu venir relever la femme, trop affairé à jouer de l'épée contre griffes et crocs.

Se relevant un peu sonné, Hrist vit la bête féroce lui grogner dessus, elle était à portée de patte et pouvait recevoir un mauvais coup à tout moment. Toujours armée de la Vieille Rengaine elle se recula doucement, sans faire le moindre geste brusque et vit que la bête saignait. Son arme avait entaillé le cuir du fauve non loin de la gorge. Le sang glissait le long des poils et entre les écailles couvertes de poussières. Le fauve poussait de drôle des cris, la douleur se lisait sur sa gueule et dans ses mouvements, il semblait être victime de hoquets ou d'éclairs de douleurs. Léchant sa plaie de sa longue langue poisseuse et couverte de fiel, la bête semblait flancher.

Hrist railla l'animal comme s'il pouvait la comprendre. " Et oui... Du poison. Tu ne pensais quand même pas que je me mesurerais à des fauves féroces sans une... Petite supériorité vénéneuse ? "

Tout en muscles, les babines retroussées, les yeux noirs en amande brillant d'un mélange de peur et de rage, la bête ne devait pas comprendre l'origine de son malaise, elle battait des pattes dans le vide, griffant le vent et mordait à gauche et à droite sans jamais rencontrer de gorge à déchiqueter ou d'os à broyer. Cette machine à tuer tout droit sortie des montagnes affolées luttait contre un mal déjà infusé dans son sang. Il ne restait plus qu'à porter le coup de grâce. Confiante, Hrist se glissa sournoisement sur le côté de ce monstre paniqué. La longue queue de lézard qui fouettait l'air et le sol devint alors le plus grand danger. Autour d'elle, aucun monstre ne semblait prendre la femme pour cible, lui laissant le loisir de jouer un peu avec sa victime.

Cinglant, l'animal agitait son extrémité comme une vache chassant les mouches qui lui collaient au fondement. Sauf que cette mouche était armée. Et qu'elle avait un sens de l'humour très approximatif. Et qu'elle appréciait très moyennement le coup de fouet qui lui vint en pleine face et contre lequel elle n'eut d'autre recours que de se protéger le visage de ses bras, ce qui lui vaudrait à coup sûr une magnifique marque d'un rouge écarlate pour quelques jours.

L'animal emporté par la douleur semblait vouloir s'échapper du combat, rampant presque pour s'éloigner comme motivé par la pudeur du demi-gros-chat qu'il était lui le sommait d'aller expirer en paix et à l'abri des regards. Hrist non sans se masser les avants bras endoloris parvint à se placer derrière le monstre et lui grimper dessus. Le fauve usa alors de ses dernières forces pour remuer l'arrière train et agiter sa queue dans tous les sens afin de désarçonner l'impudente qui osait le maltraiter ainsi.

En vain. Hrist savait parfaitement qu'elle serait piétinée si elle venait à chuter ce qui la motivait à employer un moyen de sûreté. Elle utilisait sa dague qu'elle enfonçait afin d'obtenir une bonne prise et vicieuse, Hrist ne l'enfonçait que là où pouvaient se trouver les endroits sensibles et douloureux comme le haut du cuissot arrière ou encore la partie tendre du ventre, un peu avant le commencement des cotes. Les mains couvertes de sang et de poussière, Hrist reçu également en pleine face une giclée de sang chaud survenue d'une mise à mort sanglante non loin d'elle, trop occupée à faire trépasser le monstre pour en découvrir l'origine.

La bête faiblissait, parvenant à peine à se dresser sur ses quatre pattes, elle flanchait, se relevait et tombait de plus belle. Hrist avait gagné son ascension et par la même occasion, un excellent moyen de glisser sa lame sous la gorge de serpent et...

" Pourtant on dirait que tu as du sang de serpent... Dommage d'être tué par un poison. "

Elle fit glisser en un éclair sa lame sous le garrot du fauve qui flancha une nouvelle fois, cette fois-ci sans se relever. Le sang vomissait de la plaie à gros bouillons et s'écoulait sur l'herbe verte de la plaine. L'adrénaline pulsait encore plus fort dans ses veines. Le festival des ombres fantomatiques et agitées autour d'elle. Ces hurlements bestiaux qui mugissaient avant de soudainement se taire, parfois sous l'action d'une épée, parfois d'une hache. Le bruit du métal qui fracassait un crâne de prédateur, la lame qui s'enfonçait dans les écailles en rang serrées avant de chercher du bout de sa pointe cruelle et meurtrière un organe chaud et palpitant à faire taire.

La fièvre du combat; Hrist en était folle. Cherchant Cromax dans le feu de l'action, elle croisera son regard et lui adressera un petit clin d'œil avant de porter sa lame ensanglantée à sa bouche pour y déposer un petit baiser.


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1600 mots

1 victime. J'ai laissé entendre que Hrist recevait une gerbe de sang en pleine figure, à toi Cromax de voir si tu veux en être l'auteur.

J'ai également considéré qu'on se croiserait du regard dans le feu de l'action, histoire de temporiser le combat. A toi de voir si tu veux le faire en un seul poste, je reprends le mien à partir du moment où tu considères mon clin d'œil.


Bon Rp

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Jeu 28 Jan 2016 19:25 
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Si j’ai espéré apaiser et recentrer les esprits par mon discours, c’était sans compter l’intervention de Hrist, qui, véhémente, s’interpose à son tour devant la monture de Faëlis, répétant mes propres paroles mais en des mots moins… diplomatiques. Elle a l’air d’appeler un chat un chat. Et pour Faëlis, c’est le crétin qui échoit. La froideur du ton de la grise n’a d’égal que celui du regard que lui lance en retour le nobliau immaculé – le cochon – pour consentir à mon plan visant à les écarter tout en envoyant balader Hrist et sa confiscation de carreaux d’arbalète. Une initiative dont nous nous serions bien passés. Instaurer, si près d’une longue séparation qui verra sans doute nos allégeances bousculées, une tension dans le petit groupe que nous formons n’est guère la meilleure idée qu’elle ait eue jusqu’ici. Si elle en a déjà eue, par ailleurs, depuis sa récente arrivée. Parce qu’à part dompter les rongeurs et faire des pactes de sang, la baronne rouge n’a pas fait preuve de grand discernement, si ce n’est celui de prêter attention à mes propres paroles sages.

(Woh l’aut’, comment il se la pète.)

Là où je ne rejoins pas foncièrement Faëlis, dans ses paroles, c’est qu’il dit qu’on est censés sauver les gens. Leur venir en aide en trouvant le responsable du drain de magie, et sauver temporairement la mise aux élémentaires pour éviter une guerre ouverte avec les humains à cause de la crise de succession d’Illyria, oui… jouer les gardiens protecteurs et preux chevaliers allant sauver la veuve et l’orphelin (mais surtout la veuve, faut pas rire, non plus), y’a des limites. Le loyal con, ça n’a jamais été ma tasse d’infusion de plantes parfumées dont le nom sera sans doute démocratisé plus tard, quand on le généralisera et le vendra en sachets préservant le goût et l’arôme de la plante originelle séchée.

(Thé.)

(Enrhumée ?)

Du coup, je me contente de hausser les épaules à leurs successives interventions, modérant le propos d’un geste visant à l’accalmie.

« Tempérez vos humeurs, bon sang ! A Illyria, des écarts de ce genre ne nous serons pas permis. Alors blindez-vous, et gardez pour vous vos vexations. Il y aura suffisamment de peigne-culs pédants et trop sûrs d’eux là-bas pour devoir vous rabrouer à la moindre maladresse. »

J’opine ensuite aux dires de Pureté, qui se fait la voix de la raison dans ce groupe de dégénérés. Cela conclut ce petit conciliabule, et les deux combattants les moins aguerris de notre quatuor exotique se taillent un bout de chemin pour sortir de notre vision, alors que la grise mienne propose l’ébauche d’un plan d’attaque contre ces créatures, séparant notre duo – couple, désormais – en deux rôles distincts, l’un fonçant dans le tas, l’autre regroupant les humains combattants en un tas impénétrable d’armures d’acier. Défense serrée, stratégie prévue d’avance… je n’entends à son discours qu’une chose : elle est prête. Et j’aime entendre une femme me dire ça ! Inutile, face à une harde de bestioles inconnues, de plancher trop longtemps sur stratégie complexe : leur défoncer la tronche en frappant partout et de toutes ses forces, ça fonctionne aussi très bien. Ça vaut aussi pour d’autres sujets, à certaines occasions, mais… ce n’est pas le thème du jour.

Aussi, j’opine vivement du chef, et lorsqu’est venu le moment d’entrer dans la danse, je commente brièvement :

« D’accord. Je prends la charge. »

Et sans plus lui laisser le choix, finalement, du rôle qu’elle compte emprunter, je lance ma monture au grand galop, dégainant ma lame métamorphe pour la changer en une lance de cavalerie aussi pointue que longue – comme ma vantardise – qui s’enflamme, sous l’impulsion de Lysis qui est toujours mêlée à ma propre essence corporelle. Car voilà ma vraie nature : le combat. La rage d’une bataille, l’incertitude d’en sortir vivant, le sang, la mort que je sème. Écraser ses ennemis, les voir mourir devant soi et entendre les lamentations de leurs femmes, comme dirait un légendaire connard barbant connu de tous. Un instant, alors que le galop fait voler mes cheveux bigarrés derrière moi, je m’amuse du spectacle que doivent vivre sans pouvoir s’y attarder ces rudes guerriers trop pleins de leur humanité. Celui de deux elfes majestueux fonçant droit sur eux et leurs adversaires, portés par la vitesse de leur monture et par la grâce de leur espèce, imposant à la fois crainte et respect de leur charisme quasiment royal, quoiqu’éminemment salvateur et non dénué d’une certaine dose de courage épique. En un mot comme en cent : la classe, quoi.

Et c’est conscient de cette image de grande qualité que je m’élance, plein d’une ferveur retrouvée pour le sauvetage de péquenauds tous armurés. Ah, ils ont l’air fier, ces combattants caparaçonnés et bardés d’acier, à jouer les gros durs face à une colonie de ces monstres mythologiques effrayants, véritables chimères cauchemardesques pouvant effrayer quiconque les verrait.

(Manticore plus que chimère, en vérité.)

(Quewa ?)

Qu’importe, au final, le nom de ces abominations, le quatuor armé semble ne pas bien les gérer. Et c’est de cette délicate posture qu’il nous échoit de les tirer, désormais.

L’une de ces bêtes semble apercevoir notre ambitieuse approche, et prend son envol pour prendre Hrist comme cible. La jugeant assez grande pour s’en charger toute seule avant de jouer la chienne de berger pour rassembler ses pieux moutons, je fonce comme un barbare vers le gros du troupeau, en plein dans la mêlée, là où sang, boue et pisse se mêlent dans la peur, la haine et le courage des combattants. Les voyant dans leur élément, tout en m’approchant avec une rapidité que d’aucun jugerait inconsciente, je les détaille brièvement, tour à tour. Le premier est un grand rouquin bataillant furieusement avec une lourde hache de guerre, arborant pour seule protection une cotte de mailles. Je vois en lui toute la brutalité d’un grand guerrier barbare des steppes sauvages, se complaisant avec une bestialité sauvage dans sa manière de tuer. Il hurlait de rage et de colère, faisant face sans pouvoir y échapper à l’une de ces créatures monstrueuses, qui le menaçant de ses griffes acérées, parées tant bien que mal par le manche de son arme, et par les mailles déchirées de sa frêle protection de fer noué. C’est l’animal qui, le premier, rencontre la fureur de mes armes, alors que je projette vers lui ma monture, plantant dans son flanc ma lance embrasée. Il se tord, il se cabre et s’écroule sur le côté, rugissant sa douleur comme il vomissait sa rage. Ainsi déséquilibré et meurtri, il fait une fort bonne victime à la hache de l’autre, à laquelle je laisse volontiers la priorité pour lui déformer le portrait à grands coups hargneux visant à lui défoncer la mâchoire. Il y a bien assez d’ennemis pour ne pas disputer celui-ci, aussi retiré-je ma lance du corps sans interrompre mon élan, la faisant prendre la forme plus archaïque d’une hache d’assaut, toujours aussi enflammée, qui vient cueillir la cuisse postérieure d’une seconde bête, en proie à un nouvel humain, une demoiselle, à laquelle je pourrais pareillement lui mettre quelques coups, sans arme cette fois, sur le postérieur qu’une fine protection de cuir masque savamment. Sa rapière est de bien piètre utilité face à de tels mastodontes, d’autant que la pauvrette, sans doute emprunte de phéromones puissants, attire à elle trois mâles de la harde, dont elle peine à se débarrasser seule.

Au moins, mon action aura détourné l’attention d’un d’entre eux, qui grogne férocement en se retournant vers mon cheval, qui file déjà plus loin pour établir un large arc-de-cercle pour effectuer un demi-tour sans perdre d’élan, afin de ressurgir tout aussi fort et puissant dans la mêlée confuse que je ne fais, pour l’heure, que traverser subrepticement. Blessé à la patte et non aux ailes, le carnassier s’envole à ma suite, battant de ses ailes membraneuses avec une frénésie calculée. La souplesse d’action de ma jument est suffisante pour rendre temporairement son vol confus, alors qu’au loin je vois un autre guerrier léger à la rapière luisant de sang s’échiner à planter successivement les créatures l’encerclant. Avant que je n’ai eu le temps de m’y plonger pour faire voler plus loin ces lions ailés, le dernier d’entre eux, un vaillant guerrier à la lourde armure de plates, et équipé d’une large épée, vole à son secours en balançant sa lame autour de lui comme s’il fauchait les blés des champs. Une forte carrure, qui aurait tout aussi bien pu naître paysan que chevalier. Je n’ai plus donc qu’à me contenter de balancer mon arme modifiée en fléau lourd tintant au bout d’une chaine clinquante sur le mur de droite que forment ces bestiaux, semant la pagaille dans leur organisation, et brisant l’une ou l’autre aile, ou articulation.

Certains s’envolent, d’autres continuent le combat avec férocité. Au moins, la pagaille est totale, maintenant. Je vois Hrist fondre de sa monture sur l’un d’eux, menaçant l’homme à la rapière en le dominant de tout son poids, prêt à lui arracher la tête d’un coup de patte. Bien. Au moins n’hésite-t-elle pas à donner d’elle-même pour sauver ces âmes condamnées.

Je n’ai guère plus le temps de l’admirer que la vindicte sauvage s’impose à moi et me rattrape dans la charge héroïque : le blessé de la cuisse de plus tôt se rappelle à moi en me prenant en traître. Par derrière, et par les cieux, il me percute de dos de ses pattes antérieures. Pris de court, et ne m’y attendant pas à cet instant, je vole littéralement de ma monture, qui s’en va dériver à toute vitesse à l’écart du combat, s’éloignant naturellement de tout danger, sans disparaitre toutefois, bien éduquée qu’elle est. Pour ma part, c’est après un vol plané totalement inesthétique que j’atterris sur l’herbe de la plaine, me réceptionnant sur mes pieds, habilement, mais trébuchant sous la vitesse du choc, et roulant sur moi-même ensuite sur plusieurs mètres, alors que la bestiole se rue sur moi, boitant de l’arrière-train, mais pas moins désireuse de me planter ses crocs dans la gorge. D’un bond leste, malgré la chute qui m’a malmené, je me redresse et lui fais face, tenant à deux mains la hache qui me tenait lieu d’arme plus tôt. Un manque d’inspiration sans grande conséquence, puisque l’animal sauvage bondit d’un saut que je n’aurais pas jugé possible pour se retrouver à portée de moi. Je repousse sa gueule acharnée d’un revers du manche de mon arme, mais la bête me prend de vitesse et engloutit mon coude dans une douleur vive qui étreint mes chairs. Je grogne, plus de peur que de mal, avant qu’elle ne me le libère… intact. Abasourdi, je reste hébété une seconde de trop, ne comprenant que trop tard que je dois cette consistance particulière à la nature faerique de Lysis, avec qui je partage ce corps même si d’apparence, c’est le mien. Le monstre en profite, donc, pour m’asséner un coup de griffes horizontal qui me balaie littéralement non loin de la position de Hrist, sans qu’elle semble s’en apercevoir, trop prise par son combat. Je n’ai moi-même guère le temps de m’y attarder : la manticore me charge de plus belle, et je me relève avec la promesse autosuggérée de ne plus le laisser me toucher, désormais.

Et de fait, cette fois, c’est moi qui la prend de vitesse, la cueillant avec la lame de ma hache sous la gorge, l’ététant à moitié dans une large gerbe de sang qui ne manque pas d’éclabousser tout au passage, et particulièrement l’elfe grise non loin, aux proies avec un autre monstre ailé. Les giclures m’atteignent sans pitié également, rougissant mon armure et pointillant de carmin ma peau d’argent.

Le carnivore, toujours agité de soubresauts, trouve la mort en un ou deux autres coups réduisant sa tête léonine en charpie sanglante, en bouillie épaisse de grumeaux rouges qui restent un instant collés à ma lame avant que je ne l’essuie d’un revers sur le sol, me lançant cette fois à pieds dans la bataille, avec une ferveur combattive retrouvée. La charge cavalière a beau être plus efficace, on ne ressent la vie d’une bataille, cette frénésie meurtrière qu’une fois au même niveau que les autres combattants. Là où tout n’est que chaos, où le plus fort l’emporte tant par la chance que la technique ou la force brute. Et des trois, j’en possède au moins deux. Et je n’hésite pas à en abuser sur ces ennemis puissants, dégainant ma rapière en plus de la hache que je tiens toujours fermement. Le concret s’efface pour ne devenir que confusion, et je frappe des coups successifs sur des ennemis pluriels, qui ne sont plus, dans ma danse effrénée et meurtrière, que des tas de chair à découper sans a moindre pitié. Leurs corps confus et blessés crachent des flots carmin à chaque estafilade, à chaque plaie, sans qu’ils ne parviennent à m’atteindre. Rapide, j’entends leurs mâchoires claquer sur mon passage, je sens sur ma nuque le vent produit par les coups puissants de leurs pattes monstrueuses, mais si quelques-uns me percutent, aucun ne me blesse réellement, et ma danse macabre ne s’en retrouve que magnifiée, à peine déséquilibrée dans la perfection de chaque mouvement.

Lorsque dans ma vision, plus aucun n’apparait, je cesse tout mouvement et me retourne vers la bataille. Mes pupilles noires se posent par hasard, mais presque prophétiquement, sur celles violettes de ma grise pseudo-épouse. Indemne dans cette marée sanglante de cris et de plaies, elle semble apprécier aussi puissamment que moi cette frénésie incontrôlable qui anime les combattants baignant du sang de leurs ennemis. Elle m’adresse un clin d’œil en embrassant sa dague ensanglantée sans peur de s’en salir les lèvres. Lèvres sur lesquelles une pulsion sauvage me donnent envie de plonger, passant ma main dans sa nuque jusqu’à saisir ses cheveux pour dévorer sa gorge de morsures voluptueuses. Je sens l’animal en moi, la bête incontrôlable, liée à ses instincts les plus primaires. Aussi, sans lâcher son regard, le mien se faisant incandescent, je plonge ma rapière dans la bouche d’une des bêtes jusqu’à ce que mon poignet passe ses crocs et traverse sa collerette serpentine, rougissant sa nuque de son propre sang. J’en dégage alors l’arme et le bras, laissant choir le cadavre sur le côté.

Sur la bataille, même si elle n’est pas finie, nous avons désormais l’avantage. La majorité des créatures est blessée, sinon morte, et rares sont les indemnes qui se ruent encore avec la ferveur primale au combat. Nos partenaires humains ne sont pas en reste, s’organisant enfin pour s’offrir mutuellement protection et efficacité dans le combat.

Je profite du passage effréné d’une créature aux ailes brisées plus paniquée que prédatrice, désormais, pour m’accrocher à sa collerette reptilienne afin de grimper sur son dos, saluant le retour des actions dangereusement classes dans mes combats acharnés. Pour me maintenir sur son dos parcouru des spasmes de sa course, je plante mon arme métamorphe sous la forme d’un poignard courbe dans le cartilage de sa crinière saurienne, m’assurant un contrôle partiel sur ses mouvements. Du moins le pensé-je, jusqu’à ce qu’il prenne une toute autre direction que celle vers laquelle je le destinais. Dans mon esprit, je sens celui de Lysis trépigner d’impatience devant la vanité de mes efforts.

(La dominer ? Mais il fallait le dire tout de suite !)

Instantanément, je perds presque conscience de moi-même alors qu’elle prend possession de notre corps pour insuffler sa sombre magie dans le corps de la manticore sous moi. L’animal a beau résister, il ne peut faire autrement que d’obéir aux ordres qu’elle lui donne, le dirigeant littéralement en contrôlant sa chair, l’amenant à foncer droit vers ses semblables pour leur asséner coups de griffes et de dents jusqu’à ce qu’ils finissent par se retourner sur lui pour le massacrer unilatéralement, traitre à sa nature.

Je reprends alors brutalement possession de mes moyens alors que le corps du monstre que je chevauchais se fait réduire en bouillie par sa propre meute. Je suis expulsé en arrière, tombant sur le sol sans retenue en voyant cet horrible spectacle cannibale et fratricide sous mes yeux. Hébétées elles-mêmes devant cette nécessité horrible, quoique je leur prête là peut-être des sentiments anthropomorphiques un peu trop prononcés, elles ne voient pas arriver ma fureur meurtrière poursuivie, qui me voit paré de mes deux lames, rapière et sabre, qui viennent faucher leurs gueules béantes et remplies de sang, leurs flancs offerts à la morsure de l’acier, et leur fourrure se faire grignoter et noircir par les flammes qui l’embrasent. En posture de combat, dans un cercle d’ennemis mourants, je frappe et frappe encore là d’où vient le moindre mouvement, dernier témoin d’une vie gâchée par le meurtre. Lorsqu’enfin, il n’y a plus que mort partout autour, je me redresse, droit et fier, parmi mes victimes, cherchant du regard tant la grise que les quatre humains.

La plaine baigne de sang et de cadavres. Je ne sais pas, au final, combien j’ai pu en tuer moi-même, mais le massacre semble unilatéral. L’adrénaline retombe et j’exhale un soupir d’essoufflement mêlé d’un plaisir aussi physique que mental. Droit, le port noble malgré mes mèches rougies et ma peau maculée de sang, je me tourne vers les survivants pour m’exclamer d’une voix claire et impérieuse, entrant finalement dans mon rôle d’ambassadeur pédant d’un peuple croulant sous la richesse et la technologie :

« A l’allégeance de quelle cité sont ces lames que vous maculâtes du sang de ces menaces pour le peuple que vous défendîtes au péril de vos vies ? »

(Ah, ben comme ça au moins tu donnes raison à Hrist sur ta grandiloquence !)

Au péril de leur vie. Une façon détournée de leur signifier qu’ils nous la doivent, désormais, tout en les encensant de leur acte de bravoure. Je ne connais pas un peuple qui y soit insensible. J’enjambe les cadavres des monstres défaits, préservant une grâce à laquelle je ne prête aucune attention d’habitude, même s’il ne me parait pas aberrant qu’elle me soit naturelle, et m’approche de Hrist, tentant de plonger mon regard dans le sien en posant une main délicate sur sa joue, demandant d’un silence entendu des nouvelles de son propre état suivant le combat. Le mari se souciant de la survie de sa tendre et froide épouse, ou le compagnon s’enquérant des plaies de son acolyte d’aventure ? Les deux rôles, ici, se mêlent à merveille. Ça ne sera pas si complexe que ça a pu paraître, au final. Je me sens déjà grisé de ce masque improvisé.

[3094 mots]

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