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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 1 Fév 2016 16:50 
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Crocs du Monde – Vers Illyria

    Kariny, une nouvelle fois, soutiens sans broncher le regard de Cromax, jusqu’à ce que celui-ci détourne les yeux. C’est, encore une fois, Valérian qui répond au Sindel :

    - Non, je n’avais jamais entendu parler de telles meutes si loin au sud, bien qu’elles soient, paraît-il, plus nombreuses au Nord, dans les Crocs du Monde. Il est vrai que votre arrivée fut des plus providentielles, cependant je crains que nos chemins ne se séparent pour l’instant, nos pas nous mènent vers l’est, et non vers Illyria. Je ne doute pas que vous parviendrez aisément à vous introduire à la cour, qui ne verrait pas la venue de deux elfes d’antan avec intérêt ?

    Il accepta les paroles de Hrist avec un hochement de tête.

    - J’attendrai avec impatience le moment de votre venue.

    Sur ces mots, il salua les deux aventuriers et ses compagnons se joignirent à lui, tandis que Cromax et Hrist partaient de leur côté.

    Dès qu’ils furent de leur côté, Hrist utilisa ses bracelets de l’Ombre. Elle put, tout d’abord, sentir que leur utilisation était bien différente que sur Yuimen. Elle parvenait à voir et à entendre, mais les images et les sons lui parvenaient comme brouillés, avec des interférences, et il lui était difficile de les maîtriser correctement, pour qu’elles rejoignent le quatuor. En vérité, elle sentait même que plus elles s’éloignaient d’elle, moins elle parvenait à les maîtriser.

    - Quelle étrange duo, disait Selirant. Les elfes ont-ils tous un comportement aussi… abscons ?

    - Il semblait que leurs moindres mots cachaient une menace ou un double sens. Etaient-ils seulement ce qu’ils prétendaient être ?

    - Difficile à dire, le tout vient peut-être d’habitudes différentes, j’ai entendu dire que les elfes avaient parfois un comportement étrange et parlaient par énigmes. J’espère vraiment qu’ils viendront à Valmarin, nous en saurons peut-être plus, et s’il s’agit réellement d’ambassadeurs de… Eden ? alors cela ferait un marché dont père serait ravi. Ils devraient se retrouver face à une déconvenue à Illyria, au vu de l’état du roi Coryphème… Les pauvres ! ils vont se retrouver enfermés dans des litanies interminables, là-bas, pour au final ne rien obtenir. Après il n’y aura qu’à leur montrer les richesses de Valmarin et nous devrions réussir sans mal à attirer leur attention sur nous plutôt que sur eux.

    - Toujours envie de plaire à ton père, n’est-ce pas ? le taquina Kariny. Redorer le blason de Valmarin…

    Le Prince lui lança un regard torve tandis que Selirant éclatait de rire.

    - Aller, retournons au bercail avant que le Roi ne démantèle le palais pierre par pierre pour retrouver son fils.

    - Haha ! J’ai hâte de voir la tête qu’il fera, la dernière fois, j’ai cru que la veine de son front allait éclater !

    Le Prince leur lança un regard dégoûté avant de partir à la recherche des chevaux dispersés par les bêtes sauvages, talonné par Elgin qui observait les alentours d’un regard scrutateur, comme s’il s’attendait à des ennuis tandis que Kariny et Selirant le suivaient un peu plus en arrière, poursuivant les boutades et riant entre eux.


Crocs du Monde – La maison dans la forêt


    La porte s’ouvrit sans mal et les deux aventuriers se retrouvèrent à monter les escaliers de bois menant à l’étage supérieur. Chaque pas faisait grincer les lattes qui couinaient dans la nuit tombante avec un bruit qui leur paraissait des moins discrets. Cependant, ils parvinrent à l’étage où ils trouvèrent une unique porte, fermée, mais qu’ils purent ouvrir sans mal en faisant tourner la poignée. Si la pièce du bas était relativement ordonnée celle du haut en était un saisissant contraste. Elle était pleine d’un fatras d’objets plus ou moins utile, de bougies, de livres, de plantes qui séchaient et un monceau impressionnant de bocaux qui contenaient des ingrédients parfois des plus étranges. A côté se trouvaient une étagère complète de fioles aux liquides multicolores et certains semblaient même briller d’une lumière propre. Au plafond étaient pendus des herbes en train de sécher et il ne semblait pas qu’un seul lieu de la pièce ne soit pas occupé.

    Dans un coin, cependant, se trouvait une petite table ornée d’une nappe en tissus rouge, face à la fenêtre et devant laquelle se trouvait une chaise. Sur cette chaise se trouvait un chat noir endormi qui cependant se redressa lorsque les deux aventuriers entrèrent et feula dans leur direction, les poils redressés, avant de filer entre leurs pattes à travers la porte pour descendre à l’étage inférieur.

    Image
    (Avec un chat à la place de la gamine et sans la chouette, of course).


    Ils purent aviser, sur la table, de la présence de livres et de bouteilles, dont certaines ressemblaient à des bouteilles d’alcool. Mais cependant l’une des bouteilles était couchée et, en s’en approchant, ils virent qu’elle était des plus étranges. Parfaitement transparente et fermée par un bouchon de liège, elle contenait un magnifique navire miniature, mais, ce qui attirait le plus le regard, était l’impression que donnait ce navire de voguer dans un océan intérieur, dans des flots placides et calmes recelés au creux de la bouteille.

    Image


[Cromax – xp : 0,5 (intériorisation), 0,5 (questions), 1 (longueur) ;
Faëlis – xp : 0,5 (exploration de la maison) ;
Leykhsa – xp : 0,5 (exploration de la maison) ;
Hrist - xp : 0,5 (intériorisation), 0,5 (utilisation des bracelets), 1 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 1 Fév 2016 17:24 
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Ils montèrent en silence à l'étage, ne s'attendant pas à y trouver beaucoup plus. Au final, ceci se révéla à la fois vrai et faux.

À sa grande surprise, le jeune elfe trouva la maison pleine d'objets, de fruits... Des fioles, des tables ornées de fleures et d'un bric-à-brac d'objets en tous genres. Il semblait qu'où que se pose le regard, il y avait quelque chose à regarder. L'ensemble dénotait d'un sens de l'esthétique particulièrement abscons, sans pour autant être franchement laid. Cela ressemblait furieusement à la chaumière de quelque vieille sorcière de conte de fées. D'ailleurs, un chat noir bondit d'un siège pour filer avec un feulement.

Il y avait également une bouteille contenant... quoi ? Un bateau ? Il semblait plus vrai que nature ! Voguant tranquillement sur les flots en une miniature à la fois étrange et cocasse. Faëlis plissa les yeux :

« Finalement, il semble que l'endroit ne soit pas abandonné. Mais c'est étrange, seul les élémentaires font de la magie... et cette bouteille ressemble bien à de l'art magique. Nous ferions mieux de ne pas y rester plus longtemps. Campons à proximité et, si quelqu'un vient, nous pourrons demander l'autorisation d'y dormir. »

(((199)))

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 1 Fév 2016 19:22 
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Faëlis sur les talons, je monte les marches de bois qui mènent à l'étage en catimini – ou du moins essayé-je, mais le parquet grinçant m'empêche toute discrétion et je grimace à chaque grincement que nous provoquons . En haut de l'escalier, une porte, fermée mais pas verrouillée, que j'ouvre sans mal en appuyant sur la poignée. Je replace ma main immédiatement sur mon arc, prête à m'en servir en cas de menace, et pousse du pied l'ouverture, laissant apparaître devant moi un environnement aussi insolite qu'en désaccord avec le rez-de-chaussée. Et pour seule menace, un chat noir, qui feule en notre direction avant de s'enfuir de la pièce en passant entre nos jambes.

« C'est habité, » conclus-je à voix haute.

Je vois mal quelqu'un enfermer un animal dans une pièce sans penser revenir très bientôt. D'autant que l'animal n'est pas en mauvaise santé, il a été nourri récemment.

La pièce m'intrigue beaucoup. Pleine d'objets atypiques, qui, pour certains, ont l'air d'être magiques, de plantes séchées, de livres et de bougies, un buffet rempli de fioles aux contenus divers, qui respirent également l'occulte et le mystérieux, la salle ressemble au capharnaüm d'une druidesse ou autre sorcière. Rien qui n'arrange mon mauvais pressentiment, en somme. Pour autant, si mes connaissances dans ce domaine viennent bien plus des clichés des contes de fées que d'une réelle expérience, je peine toutefois à trouver quoique ce soit qui témoigne d'une quelconque malveillance de la part de la propriétaire des lieux. Ou du, qui sait ? Mais étrangement, cette pièce me donne une impression de féminité. Près de moi, Faëlis commence déjà à faire dans ses chausses, ou est retenu par une politesse bien énervante, et propose que nous partions immédiatement pour camper plutôt que de rester ici. Mais où est donc sa curiosité ? D'autant que, comme il le dit, seuls les élémentaires sont capables de magie, selon nos informations, et qu'il y a dans cette pièce bon nombre d'indices qui semblent témoigner d'une certaine influence magique. Il pointe en particulier une bouteille, posée sur une table revêtu d'une nappe rouge, qui abrite un bateau miniature dans un océan plus vrai que nature.

« Seuls les élémentaires peuvent utiliser la magie de manière innée, mais... peut-être l'alchimie, et les sortilèges de la terre sont-ils toujours accessibles aux autres espèces ? Quoiqu'il en soit, il commence à se faire tard, et monter un camp maintenant serait du temps de perdu inutilement quand nous avons cet abri. Et puis... tu n'es pas intrigué, toi ? »

En terminant ma phrase, je me suis approchée de la table sur laquelle repose la bouteille. Si cet endroit respire la magie à plein nez, il n'en reste pas moins relativement accueillant. Plus, en tout cas, que la forêt dans laquelle nous nous trouvons. De plus, si cette force était la cause de notre venue ici, que nous restions dans la maison ou que nous nous éloignions de quelques dizaines de mètres ne changerait pas grand chose. Si ce n'était pas le cas, alors au moins aurions nous un abri pour la nuit. Et si la propriétaire de cette maisonnée rentre bientôt, nous pourrons lui demander l'hospitalité en espérant ne pas tomber sur une ennemie.

« Que nous restions ou non me semble tout aussi dangereux. Alors autant en profiter pour dormir dans un lit. D'autant que nous allons devoir nous partager les tours de garde à deux, et que nous allons donc avoir besoin de tout le repos nécessaire pour demain. »

Mes yeux n'ont pas bougé de la bouteille couchée depuis que je me suis approchée de cette table. Je m'accroupis pour la regarder de face, pour l'observer. Ce n'est pas seulement l'océan, qui semble si réel, mais le ciel également, parcouru de nuages et de sa propre clarté. L'objet m'intrigue plus encore que tout le reste de la pièce. Que tout le reste de la pièce réuni. Est-ce une illusion ? Si non, comment a-t-on pu glisser cet objet dans cette bouteille, alors qu'il semble trop gros pour son goulot ? Et comment a-t-on pu rendre son environnement si vivant ? La bouteille est immobile, et pourtant l'océan semble parcouru de quelques remous inexplicables... l'habitant, ou l'habitante, de cette maisonnée, est définitivement capable d'utiliser la magie, j'en ai la quasi-certitude. A moins que ce ne soit là une relique des temps anciens ? Tant de questions.

« Et si on... » commencé-je en attrapant la bouteille par les deux bouts, la maintenant à l'horizontale, pour l'approcher de mes yeux et l'observer plus attentivement, « ...l'ouvrait ? »

Lorsque je la bouge, la bouteille est parcourue de vagues bien plus intenses, et le courant de l'océan miniature semble s'intensifier. Maintenant toujours l'objet à la verticale, je tente, de la main droite, d'ouvrir le bouchon. Il semble bouger quelque peu, mais ne cède pas, comme si on le tirait depuis l'intérieur, seulement avec plus de force. Je fronce les sourcils, irritée, et décide de basculer la bouteille à la verticale, bouchon vers le haut, pour observer sa réaction. Une tempête semble battre à l'intérieur de la bouteille, mais très vite ça se stabilise et le bateau reste dans le même sens, sans tenir compte de la gravité, complètement à la verticale.

« Bordel de, » grommelé-je, plus énervée encore que cet objet me tienne tête.

Et, sans plus de considération, bien décidée à gagner mon duel imaginaire, je frappe le goulot contre la table pour casser le verre et en libérer le contenu de force.


(((917 mots)))

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 1 Fév 2016 20:06 
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Leykhsa, qui l'ignorait visiblement complètement, répéta que les lieux étaient en effet habités. Elle se demandait s'il n'y avait pas d'autres pouvoirs, tel que celui des alchimistes. Ce qui fit lever les yeux au ciel d'un Faëlis déjà sur les nerfs. Et pourquoi pas une sorcière de conte de fées ? En tout cas, elle ne voulait pas monter un camp à l'extérieur, préférant profiter de la situation. Elle ne voyait pas de différence de danger entre ici et l'extérieur.

« Ah bon ? s'énerva l'elfe. Moi je vois un problème, c'est qu'on va dormir chez quelqu'un... et que si ce quelqu'un rentre, on va avoir du mal à se justifier ! Vous êtes bien prompte à défendre notre mission quand il s'agit de laisser des gens se faire dévorer, mais quand il s'agit de voler le toit de quelqu'un, là, subitement, courroucer les habitants du coin ne vous dérange plus ! »

Il entendit un bruit derrière lui et vit que, tandis qu'il déblatérait, elle avait ramassé la bouteille, visiblement intriguée. L'objet avait quelque chose de fascinant, il fallait le reconnaître, mais il manqua de se retrouver la mâchoire pendante devant un tel comportement. Elle la leva sans complexe pour l'examiner avec soin, se proposant même de l'ouvrir ! Il se calma par une ample inspiration. Rester calme. Tout le monde ne pouvait pas être civilisé comme lui, hein ? Bon sang, cette mission diplomatique était vraiment mal partie...

… elle commençait à la retourner dans tous les sens ! Elle se mit même à tirer sur le bouchon !

« Mais faites attention ! Ce n'est pas à vous ! En plus, c'est magique, ce n'est pas parce que ça à l'air inoffensif que ça l'est ! »

Catastrophé, il se précipita pour la lui retirer des mains et la reposer sur la table... mais elle l'abattait déjà sur la table. Et ce furent quatre-vingt-dix ans d'éducation à la politesse volèrent instantanément en éclat.

« OH LA CONNE !!!!! »

Faëlis plongea à couvert derrière la table.

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mer 3 Fév 2016 05:17 
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Hrist n'avait pas lâché les mains de Cromax, le seul à perturber ce contact, ce fut Peste Noire qui vint renifler les cheveux de sa nouvelle maîtresse et lui souffler des deux naseaux en pleine face. L'animal interposa directement sa tête entre les deux Sindels, probablement sa façon d'exprimer son envie de cavaler la distance qu'il lui restait à faire pour être ensuite chouchouté par un palefrenier compétent. Il était vrai que Hrist n'avait pas pu lui accorder un traitement de faveur et que rien ne lui avait été prêté pour qu'elle puisse prendre soin de lui durant la traversée des Crocs du Monde.

Hrist lâcha doucement les doigts de Cromax pour flatter l'encolure de sa monture noire qui s'ébrouait gaiement. Lorsqu'elle fut assez apaisée et un tantinet moins jalouse, Hrist jeta un regard aux Humains qui cherchaient leurs montures plus loin dans la plaine. Ils étaient assez loin pour être parfaitement inaudibles. Hrist lâcha la bride de son cheval et marcha quelques pas vers Cromax, avec ce petit air d'oiseau de mauvaise augure qui lui allait si bien.

" Une épouse digne de ce nom vous aurait claqué en pleine face pour récompenser vos œillades si appuyées. "

Elle agitait l'index comme lorsqu'on réprimande un enfant mais son petit air amusé n'avait pas quitté son visage. Avant qu'il ne puisse dire quoique ce soir, elle attrapa ses poignets de ses mains et dit :

" Il va falloir me rattraper... "

Dès lors, elle ferma les yeux et au bout de deux petites secondes, bascula brusquement la tête en arrière, les yeux révulsés, elle avait pu prendre le contrôle de son ombre. La concentration qu'elle devait employer cette fois-ci était bien plus grande que d'ordinaire. Sans s'en rendre compte, elle venait d'enfoncer ses ongles dans la peau de Cromax, totalement absente de ce que son corps, cette enveloppe charnelle vidée de son âme, pouvait bien faire. Son esprit lié à l'ombre venait de se lever derrière le duo Elfique. L'univers entier hurlait, le monde tout entier semblait chavirer et ce qu'elle voyait était traversé d'éclairs flamboyants qui aveuglaient son iris éthéré. Des bourdonnements lourds et frénétiques harcelaient ses oreilles à tel point que la femme avait l'impression d'avoir la tête dans une ruche en furie. Elle parvint à déplacer l'ombre, la faire glisser cependant avec moins de souplesse et moins de facilité qu'autrefois.

Lorsqu'elle parvint à l'envoyer jusqu'aux aventuriers au prix d'un incommensurable effort, elle pu entendre qu'ils parlaient justement de leur récente rencontre. Visiblement, la venue des deux Elfes avait mieux marqué l'esprit que l'assaut bestial dont ils venaient d'être l'infortunée victime. Là où certains se demandaient là l'origine du comportement des Elfes, ce fut Valérian qui, plus cultivé que ses pairs à en croire son discours, venait d'expliquer simplement à ses compagnons qu'il s'agissait là de coutumes différentes. Il exprima aussi son espoir de les voir un beau matin à Valmarin afin de pouvoir sied à son père.

Hrist essaya de se concentrer sur ce que le Prince disait car il venait de mentionner que les Ambassadeur d'Eden se dirigeaient droit vers une triste déconvenue en se rendant à Ilyria. Que le Roi mourant ne serait pas une oreille attentive à leurs besoins et leurs questions, qu'ils seraient à coup sûr embarqués dans les derniers délires d'un cadavre ambulant prêt à rendre la dernière étincelle de vie au néant.

Mais relativisant, le jeune Prince misait justement sur cette déconfiture pour les rallier à sa cause plus facilement et obtenir le pacte commercial si convoité. La jeune femme, sa soeur de sang en ricana face à ces doux espoirs et ils se mirent à quitter les lieux, prêts à rentrer au bercail comme il le soulignait.

Hrist s'interrogeait puisqu'il venait de mentionner, en les quittant, se diriger vers l'Est or son " bercail " aurait plus été indiqué à l'Ouest, plus loin par delà la Mer Scélérate. La Tueuse garda cette information de côté pour l'instant et récupéra son corps et ses esprits, dans l'ordre.

Ses yeux roulèrent et son petit cerveau recommença à voir et à sentir par des organes animés et non éthérés. La tête qui tourne, le coeur qui flanche, Hrist manqua de perdre l'équilibre, fort heureusement pour elle, ses ongles étaient encore bien ancrés dans la chair de ce pauvre Cromax qui en subissait la griffure. Certes, elle avait de la force dans les doigts à force de manier la dague mais la blessure était loin d'être terrible pour l'homme qui en avait sans doute vu d'autres.

" On dirait... Et bien qu'il sera compliqué d'obtenir quelque chose du Roi... "
(" Conifère !")
" Du Roi... "
(" Polymère !")
"... Coryphème. Cependant... Valérian est sans doute fils unique et semble très prompt à vouloir séduire son père. Détail qui pourrait avoir de l'importance.

Elle leva les yeux vers Cromax, essayant de rassembler ses esprits et ajouta, le regard moqueur : " La femelle ne vous a pas trouvé à son goût. "

Hrist garda son sérieux l'équivalent de deux secondes avant de commencer à ne plus pouvoir retenir son rire.

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860 mots

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mer 3 Fév 2016 11:49 
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L’opiniâtreté de la donzelle du groupe a un piquant plutôt agréable, mais qui avec un être moins patient et plus impérieux que je puisse le jouer aurait vite fait de regretter ses insistances oculaires. Il est mal vu, chez de nombreux peuples, de soutenir avec tant d’insistance le regard d’un étranger. Une insistance qui dénote un caractère fier et revêche. Une insoumise ayant dû se battre pour préserver la place de choix qu’elle occupe auprès de Valérian, peut-être mal vue encore ce jour par le paternel de ce dernier. Soit elle est bravache, et consciente du danger où elle se met en œuvrant de la sorte, soit complètement abrutie. Et même dans le premier cas, son assurance doit être puissante pour que cela ne dénote pas d’un esprit presque suicidaire, plaçant la fierté au-dessus de la vie… Et étrangement, ça me plait. Une force de caractère que je peux respecter. Un culot prononcé, une insouciance téméraire.

Le prince, écoutant ma proposition, y met cependant une réserve puissante, refusant toutes mes propositions, qu’importe leur ordre. Je fronce les sourcils pour marquer un mécontentement ostensible, et le laisse poursuivre et se justifier par d’improbables excuses sur une direction géographique opposée à la nôtre, et l’inutilité de sa présence à nos côtés pour rejoindre la cour Illyrienne. Il appuie ce dernier fait par un compliment vaseux qui, d’abord, ne me plait guère. Je ne demandais quand même pas la lune… Un tel manque de reconnaissance alors qu’ils nous doivent la vie, tous importants qu’ils sont, me semble déplacé. Oh oui, ils ont promis une bonne réception à Valmarin et sans doute la gratitude du père et du peuple pour notre sauvetage express, mais… niveau individuel, ils ne sont pas gonflés de gratitude.

Sans plus demander leur reste, ils s’en allèrent donc, nous saluant comme si nous n’étions que de vulgaires passants. Je les regarde un instant partir, alors que Hrist tient toujours mes mains dans un contact prolongé qui… étonnamment ne m’apparait pas comme désagréable. Mais sa monture en décide autrement, et vient s’interposer, alors que la mienne propre revient à son tour, une fois le calme retombé sur la plaine. L’elfe grise me lance une pique humoristique sur l’insistance de mes propres regards envers Kariny, arguant qu’une vraie épouse m’aurait sans doute fait payer ceux-ci amèrement. Une répartie se prépare dans mon esprit, mais avant que je puisse la réciter, elle m’attrape les poignets et m’indique qu’i va falloir la rattraper.

(Quoi ?)

(Les bracelets.)

(Ah !)

L’instant d’après, elle convulse, les yeux révulsés, et choit, inconscience, vers l’arrière. Je la rattrape de justesse, adoucissant sa chute de mes bras, et m’accroupissant pour poser sa tête sur mon genou pour un réveil confortable. Elle reste absente plusieurs minutes, pendant lesquelles je scrute, attentif, son visage concentré. De son col légèrement ouvert par la cape qu’elle a dû abandonner pendant le combat, je remarque sur sa gorge une impressionnante cicatrice la traversant d’un côté à l’autre, comme si par le passé, elle avait été égorgée et y avait survécu. Un frisson d’horreur me parcoure l’échine alors que je glisse l’index sur la marque.

(C’pas bientôt fini de tripoter les demoiselles évanouies ?)

Profitant de son évanouissement, je me saisis de la gourde dans ma besace pour m’en laver les mains, et, de mes mains humides, ôter le sang coagulé sur ses jours, son nez, ses lèvres. De subtiles caresses altruistes lui rendant une apparence moins sauvage, plus civilisée. Plus dans le ton du rôle que d’instinct, elle a choisi d’employer. Poursuivant mes soins, je remarque à peine son réveil, et ses grands yeux violets se lever sur moi avec malice. Je ne réagis que lorsqu’elle s’adresse à moi, précisant que la « femelle », terme hautement péjoratif pour parler de Kariny, ne m’a pas trouvé à son goût. Je ne peux m’empêcher un sourire, alors qu’elle-même peine à se retenir de rire, et craque peu après, partant dans un ricanement léger presque rafraîchissant après un combat de cette ampleur. Ne me départissant pas de mon sourire, de la laisse reprendre possession de son corps tout en arguant :

« Si vous aviez été une vraie épouse, je vous aurais taxé de jalousie mal placée… »

Et après un regard séducteur à peine surjoué, je poursuis :

« …et vous l’aurait faite oublier de bien des manières. »

Me redressant si elle se libère de mon étreinte protectrice, je poursuis, plus sérieusement.

« Les goûts de chiotte de la donzelle sont-ce les seules informations que votre espionnage ait pu tirer d’eux ? »

En le disant, je ne peux m’empêcher de songer que cette demoiselle, quels que soient ses goûts, je peux aisément la faire céder sans la forcer. Mon apparence changeante comme mes phéromones me donnent ce pouvoir. De quoi m’amuser, si elle se montre aussi revêche, lors de notre prochaine rencontre.

Puis, imperceptiblement, je désigne le col entrouvert de ma compagne, ne pouvant garder pour moi ma découverte de sa cicatrice.

« Un douloureux souvenir ? »

[835 mots]

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mer 3 Fév 2016 19:58 
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Hrist se relevait doucement, s'appuyant sur l'épaule de son acolyte afin de ne pas perdre lamentablement l'équilibre devant celui-ci. Sans s'en rendre compte au début, c'est en passant la main dans ses cheveux qu'elle se rendit compte qu'ils étaient humides, mais ce n'était pas une sensation épaisse et sirupeuse comme le sang à l'air qui se durcit et qui colle, c'était plutôt une sensation froide et légère, agréable même. Son visage était encore un peu humide et lorsqu'elle souriait, aucune pellicule de sang séché et coagulé ne venait tirer ses traits ou la gêner. C'est en portant le regard sur Cromax qu'elle vit sa besace ouverte et une gourde au goulot encore moite à proximité.

Elle leva un petit regard étonné sur l'Elfe qui la dominait sa hauteur et ne pipa mot. Ce fut d'ailleurs Cromax Amarthan, qui prit la parole, la targuant d'épouse jalouse sous le couvert d'une note humoristique. Hrist ne s'était pas imaginée à ce jour qu'elle ferait des traits d'humour et des subtilités avec un de ses congénères, c'était bien différent de ce qu'elle avait imaginé et pensé. Cela dit, elle ne se déplaisait pas à manipuler l'humour et l'art de la malice. Il lui répondit d'un air appuyé qu'en véritable époux, il aurait tôt fait de lui faire oublier sa jalousie, ça cette remarque, elle ricana et leva les yeux au ciel.

" Je ne pense pas que ces œillades mettent en doute notre jeu. " Dit-elle tout simplement. Cèles quant à elle, ne manqua pas d'intervenir avec un peu moins d'enthousiasme cependant.

(" Faudrait quand même m'expliquer. Z'allez tous deux rencontrer des hautes personnalités humaines et vous commencez déjà à mentir. Et si il s'avère qu'ils ne sont en rien responsable mais que ça soit les Élémentaires ? Z'allez leur dire quoi, aux nobliauts tout outrés de s'être vu moquer de la sorte ? Je pense pas que mentir soit une excellente solution. ")
(" Peut-être, mais nous n'allions pas non plus arriver comme des fleurs et demander des explications, au nom de quoi d'ailleurs, nous ne sommes pas de ce monde. ")
(" Oui mais toi, c'est pas la finesse qui t'étouffe hein. Quoique... Tu as été dans une Cour pendant un temps... Avec le succès qu'on connait. ")

Hrist ne répondit pas, Cromax venait d'interrompre sa conversation en demandant si c'était là l'ampleur de son espionnage. N'avait-elle que cette information bien maigre ? Elle le craignait. La Sindel n'avait pas entendu grand chose mis à part que le Roi mourant d'Ilyria ne leur serait pas d'une grande aide.

" Le plus important est que le jeune Prince probablement fils unique et seul héritier du Royaume sera plus malléable qu'on ne le pense. Il ne veut que plaire à son Souverain. Avec un peu de subtilité, nous pourrons aisément obtenir quelque chose si ils ont la certitude d'obtenir un accord par la suite. "

Mais son sourire fondit comme banquise au printemps lorsque Cromax, d'un petit geste du menton venait de désigner le col entrouvert de la Sindel qui avait abandonné sa cape et sa capuche dans le feu du combat. Une bien triste négligence qui la conduisait devant des explications auxquelles elle n'échapperait pas.

Elle se tourna d'un quart de tour, gardant Cromax dans le coin de son oeil et mutine, ne dit rien, retirant de sa ceinture son dragon de bronze à l'oeil brillante pour récupérer à terre, dans une mare de sang et mille fois piétinée par les monstres sa cape qu'elle secoua pour essayer de la rendre plus présentable.
La moue boudeuse, elle se demandait bien quoi répondre à Cromax, après tout, il était important pour lui comme pour elle se savoir avec qui il faisait équipe. D'un pas léger, elle retourna vers lui en attachant sa cape autour de son cou.

" Très douloureux. D'ailleurs c'est bien ce qui m'a tué... Une seconde fois. "

Elle garda le silence un temps et tira de son fourreau pour la première fois la Vieille Rengaine. Peut-être que Cromax avait déjà entendu parler de cette arme de légende, prisée par les assassins et les trancheurs de gorge de bas quartier.

" Je suis l'Assassin envoyée par Xenair lui même. Mandée pour prêter mes services au Seigneur de l'Ombre afin que nous puissions protéger nos intérêts communs. Le Maître Fauconnier a estimé bon de faire appel à moi en raison de mes.. talents que vous devinez Seigneur de l'Ombre. "

Elle fit tourner la lame entre ses doigts de façon à présenter la garde à Cromax au cas où il souhaiterait l'examiner comme l'avait fait jadis le Seigneur Xenair.

Hrist ajouta d'une voix basse :
" Je n'étais pas obligée de vous le faire savoir. Mais j'ai estimé qu'il valait mieux être claire. "

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Jeu 4 Fév 2016 11:29 
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Hrist répond étrangement à ma petite provocation concernant Kariny. Sortant du jeu de couple de faussaires, elle affirme que mes œillades ne mettent sans doute pas en doute notre mensonge commun. Non, effectivement. J’aurais même tendance à penser l’inverse : un couple trop fusionnel, amoureux, parfait attirerait plus le doute et les regards soupçonneux. Alors qu’un mari volage un peu trop léger sur ses regards abandonnés aux corsages bien garnis, mais fidèle néanmoins à sa timide épouse au col relevé, me semble tout à fait crédible. Et puis, il n’y a pas de raison que je ne puisse pas profiter, au moins des yeux, des courbes que ces jolies Elysianes mettent si bien en valeur. Je note d’ailleurs, assez curieusement, une certaine propension des êtres de ce monde à nous parler des humains par leurs mâles, et absolument pas par leurs femmes. La société d’Illyria est-elle donc si patriarcale pour que le roi n’ait d’autre choix que des neveux éloignés et un bâtard illégitime comme seule succession. N’a-t-il pas épouse, sœurs ou filles en vie, ce grand souverain sur le déclin ? Est-ce une société tellement patriarcale qu’elle oublie même de les citer dans les rôles majeurs dirigeant le royaume ? Ce ne sont que vaines questions, pour l’heure. Sans y être, ni n’avoir à portée un contact savant, impossible d’y répondre.

Et j’arrête d’y songer, puisqu’enfin, Hrist me révèle ce qu’elle a appris de son espionnage. Et selon ses propres dires, pas grand-chose. Elle semble conclure que Valérian, prince de Valmarin, est l’unique héritier de son royal paternel, et probablement fils unique. Elle le décrit comme malléable. Chose que j’ai moi-même notée en lui adressant la parole : c’était sans en douter le plus ouvert des quatre compagnons, là où le sieur péteux n’était que jugement, la donzelle que soupçons, et le rouquin que rudesse renfrognée. En apparence, du moins. Et selon un premier regard bien neuf. Cela veut peut-être simplement dire qu’il a de grandes dispositions à la diplomatie, là où ses pairs, bien que probablement sympathiques, sont plus retors à la chose.

Hrist poursuit en affirmant qu’il ne souhaite que plaire à son souverain, et qu’il s’agit là une faille exploitable pour s’immiscer dans la vie politique de Valmarin, et jouer à des jeux d’influence. Très bien. Voilà de bons indices que nous pourrons mettre en place sitôt arrivés dans leur marine cité. J’opine silencieusement du chef, n’ayant rien à rajouter sur le sujet pour le moment.

Pour l’heure, nous n’avons plus qu’à nous rendre à Illyria, désormais. La direction nous est toute indiquée. Mais ma compagne décide de se saisir de la perche que je lui tends concernant sa cicatrice pour révéler sa mort passée.

(Hein ?)

Sa double mort passée, même, si j’en crois ses propos.

(Quoi ?)

Et j’ai du mal à y croire, la voyant déambuler là à mes côtés. Je ne suis pas étranger aux choses de la mort, aux possibilités de résurrection des corps défaits. J’ai été visiter les Enfers, domaine de Phaïtos. J’ai été mis en contact avec la divinité en personne, qui a proposé et réalisé la résurrection d’Andelys le Barbare, à l’époque. Et pourtant, j’ai toujours autant de mal avec ces histoires de secondes vies. Une fois mort, comment peut-on imaginer réintégrer son corps ? Une fois qu’il est devenu froid, vaincu d’avoir été trop faible pour survivre, trop imparfait pour être vraiment libre, comment peut-on l’aimer encore, sans perdre toute confiance en soi ? La vie, je le crois sincèrement, est unique. Et ceux qui s’en dotent de plusieurs, comme Hrist me l’affirme ici, gardent en eux quelque chose d’irrémédiablement brisé. Avoir le souvenir de sa, voire ses, propre mort, c’est quelque chose qui ne peut qu’abîmer la psyché.

Sans commenter, je la regarde dégainer son poignard, une arme sombre, unique, au passé lourd. Une dague de légende, ayant fait couler des litres de sang. Outre son histoire, que je ne maîtrise pas, ne m’y connaissant que peu dans les milieux de l’ombre, je reconnais en sa fabrication un outil de qualité, prêt à dispenser la mort sans jugement ni considération. Une arme d’assassin. Une main dans l’ombre qui vient poignarder dans le dos, lâchement, sans combattre. Je répugne ces activités traitresses, même si je suis conscient de leur absolue nécessité, parfois.

Mais quel plaisir de tuer, sans voir dans les yeux de sa victime la peur de la mort ?

Et avec sa dague, une révélation qui sonne comme un glas sinistre en moi : Envoyée de Xenair, l’assassin solitaire, éminent membre de l’armée d’Oaxaca, général, tout comme moi. Un des Treize. Je la fixe avec une sévérité non feinte alors qu’elle me révèle son identité, tendant le manche de son arme dans ma direction comme si elle se mettait à mon service, ce qu’elle confirme aussitôt en affirmant obéir aux ordres de son maître pour se mettre au service du Seigneur de l’Ombre pour protéger des intérêts communs. Des intérêts communs ? Qu’entend-elle, par là ? Que sait-elle de mes objectifs ? Qu’est-ce que Xenair, avec qui je n’ai eu aucun contact depuis mon accord avec la sombre déesse, sait de moi ? Je fronce les sourcils, grave. Je sais avoir des alliés et des adversaires, dans ces treize Champions de l’ombre. Aerq s’est de suite montré amical, et l’alliance s’est confirmée sur Saldana. Je sais Sisstar haineuse de ma personne pour ce que mon corps représente pour le sien. Je connais aussi la rancœur forte de Khynt, et encore davantage celle de Crean Lorener, à qui j’ai tout ôté. Mais Xenair ? Je ne connais rien de ses affiliations, de ses intérêts personnels.

Ne regardant que ses yeux, mon regard pénétrant plongé dans le sien, je replie mes doigts autour des siens, sur sa lame. Doucement, sans presser, mais pour indiquer que je ne serai pas celui qui guiderai sa lame. Et si le geste n’est pas assez clair, j’y joins la parole.

« N’espérez pas d’ordre de ma part, envoyée de Xenair, sinon celui d’œuvrer pour la sauvegarde de ce monde. Car mon rôle de Seigneur de l’Ombre, ici, n’est guère différent que celui d’Amarthan. J’œuvre à la recherche d’alliances, martiales ou commerciales, qui lieraient Tulorim à l’opulence. Opulence qu’elle me devrait, et qui ouvrirait son propre regard sur une alliance entre les cités d’Imiftil et Omyre, afin que cesse la suprématie de Kendra Kâr sur le monde des Hommes. »

Je ne sais pas si lui révéler mes objectifs profonds est une bonne idée, mais elle a fait preuve de courage et de sincérité en m’avouant son identité. Je peux lui rendre la pareille. Le rôle du Seigneur de l’Ombre, jouant des deux influences pour transformer la vision du monde d’esprits étriqués. Non, Kendra Kâr n’est pas le bien, et Omyre le mal. Entre les deux systèmes, je préfère encore celui que propose Oaxaca, sans nul doute, si tant est qu’elle n’abuse pas de son autorité, et qu’elle laisse le chaos s’installer dans un empire guidé par les libertés individuelles.

Je lâche les mains de la jeune elfe, sans reculer cependant.

« Êtes-vous là pour me surveiller ? Que savez-vous de moi ? »

Ces questions, je les pose calmement, posément, mais gravement, aussi. Il n’est plus le temps des badinages. Au moins pour un moment. Et toujours sérieux, je poursuis :

« Vous m’êtes mystérieuse, Hrist. Et plus j’en apprends sur vous, plus vous l’êtes. Je veux vous connaître. »

Par chance, notre mission commune en ces terres me permettra d’en apprendre plus sur elle, peut-être. Comment lui faire confiance, par contre, désormais ? Car si elle m’a révélé son identité, n’est-ce pas aussi pour gagner ma confiance ? Enfin, je détourne le regard pour poser les yeux sur nos montures. Et alors que j’en approche, me détournant d’elle, je cite :

« Marchons sur Illyria, si vous le voulez bien. »

Et enjambant ma monture, je talonne ses flancs pour la mener au petit trop sur la plaine, dans la direction que le quatuor nous a indiquée. Je reste sufisamment lent pour qu’elle puisse, à l’envi, me rejoindre et chevaucher à mon côté pour, je l’espère, poursuivre notre conversation. Celle-ci m’intéresse hautement, même si pour l’heure, elle ne peut me détourner de nos objectifs.

[1374 mots]

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Ven 5 Fév 2016 04:01 
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Les yeux dans les yeux, le monde autour d'eux s'était fait silencieux. Dans ceux de Cromax, sombres et presque impénétrables, Hrist parvenait à y lire un soupçon de... Doute. Comme si la récente révélation venait d'atteindre l'homme en plein cœur. Pourtant, tel un petit garçon perdu en pleine forêt, Hrist avait semé derrière elle de très nombreux indices, le plus flagrant avait été la plume de Xenair et le fait qu'elle puisse dévoiler sans aucun mal l'identité de ce Sindel qui semblait être arrivé ici par hasard. Était-ce le cas ? Il apprendra en ouvrant la bouche pour répondre à ses dires que non. Il œuvrait pour établir quelque chose de solide entre ce monde et Tulorim.

Quelque chose qui pouvait passer de l'accord militaire ou commercial, dans le meilleur des cas, les deux mais encore, il fallait que ce monde mourant puisse tenir la route. Sur le point de passer de vie à trépas comme ce bon vieux Roi d'Ilyria, il pourrait conduire toutes ces magnifiques opportunités commerciales dans la tombe, tombe dans laquelle il avait déjà un pied.

Hrist écoutant le Seigneur de l'Ombre lui expliquer sans détour qu'il n'avait aucun ordre à lui octroyer, se refusant presque le luxe de ses services, il ne lui demanda que sur le ton d'un simple accord tacite de veiller avec lui au bon déroulement de ces traités.

(" Vous êtes de GROS nazes. Comment pouvez-vous espérer, même le temps d'un fragment de seconde que vous pouvez vous faire passer d'Eden à Tulorim ? Parce que... Franchement ! C'est pas la même ampleur commerciale entre les deux. Tulorim pourrait en effet refiler des catins vérolées... C'est quand même ce qu'on y fait de mieux.")

Hrist estimait que sa Faera n'avait pas tort, dans le fond, ils commençaient déjà d'un mauvais pied pour entamer un accord majeur. Comment allaient-ils expliquer ce brusque changement de camp ? N'importe quel contrat deviendrait nul à partir du moment où une puissance face à une autre se trouverait lésée et Hrist ne se voyait pas à son avantage dans cette situation.

(" Hm. A la limite, tuer les dirigeants de certains royaumes et les mettre sous la coupe d'ambassadeurs qui seraient eux intéressés par ce que vous avez à offrir. Ah ! A supposer que vous parveniez à trouver ce qui est en train de sentir le moisi. ")

Hrist gardait son regard dans celui de Cromax, autour d'eux, les carcasses ensanglantées commençaient déjà à grouiller de mouches bleues et au dessus de leurs têtes, corbeaux et choucas planaient en cercle avant d'entamer une longue descente et de picorer à même les carcasses.

Encore plus loin, un rat curieux venait de repérer un morceau de choix, une cervelle éclatée à même le sol tel un soleil sanglant et s'aventura malgré les prédateurs ailés pour en grignoter un bout. Il mordit une fois et ne voyant aucune réaction de son festin, croqua de nouveau, dévorant frénétiquement tout ce qui passait à portée de son petit museau. Encore encore plus loin, c'était un de ces monstres ailés mal achevé qui agonisait à l'ombre d'un arbre sec. La bête avait rampé sur quelques mètres avant de s'effondrer, à bout de souffle et espéra mourir au plus vite pour ne plus souffrir enfin. C'est un renard et sa famille qui lui rendit ce sale service en croquant la gorge déjà blessée de la bête pour en faire sortir des morceaux juteux et faciles à croquer pour sa progéniture affamée. Encore une fois, il était infesté de mouches et bientôt, ces saloperies mangeuses de merde et buveuse de pu venaient s'intéresser à Cromax et sa compagne.

Celui-ci reconnu d'ailleurs qu'elle lui était mystérieuse, ne sachant trop si elle était là pour le surveiller et souhait savoir l'étendu de ce qu'elle savait de lui. A vrai dire, le Sindel aurait été déçu, mis à part quelques rumeurs, Hrist ne connait que peu de cet homme, les espions de Katalina avaient bien rapportés quelques histoires fumantes au sujet d'un autre général d'Oaxaca venu de Kendra Kâr mais Katalina avait pris que peu de goût à cette histoire, suspectant ses espions d'avoir un penchant pour la bouteille.

Est-ce que cette histoire était vraie ? Hrist n'en doutait plus, la preuve vivante était là, de toute sa hauteur devant ses yeux. Et elle venait en plus d'y prêter ses services. Repoussant doucement sa main armée, Cromax proposa de continuer la route jusqu'à Ilyria et Hrist, harcelée par les bourdonnements incessants des insectes accepta d'un signe de tête.

Il commença déjà à cavaler avant même que la femme ne puisse rejoindre et enfourcher son cheval avec lequel, elle pu parcourir la faible distance qui séparait les deux aventuriers.
Elle ne savait pas trop quoi lui dire, quels étaient les usages ? D'ordinaire, c'était plutôt les autres qui se liaient à elle et non pas l'inverse, et d'ordinaire, elle acceptait les compagnons de bon coeur, c'était pour elle un bon moyen de ne pas voyager seule et d'être moins vulnérable en cas d'attaque groupée. Voilà que Hrist se mettait à la place de Grall, son fidèle Garzok qui l'accompagnait jadis par delà les plaines enneigées de Lehber et qui s'était montré fier compagnon, hardi à la tâche et téméraire au combat.

" Je crois que Xenair a fait appel à moi parce que j'ai rempli avec succès bon nombre de missions délicates. Il ne doit pas avoir un jugement particulier sur vous, donc je ne pense pas que ma mission soit de vous surveiller, en tout cas, si c'était le cas, je ne me serais jamais présentée à vous. "

Elle chevaucha encore un peu pour se mettre à sa hauteur. Enfin, les mouches venaient de lui ficher la paix et l'air frais que lui offrait la course à cheval lui fit le plus grand bien.

" Quant au reste... Il n'y a pas grand chose à savoir de moi. Je suis issue de Tulorim... Croyez le ou non. Enfin, j'ai beaucoup voyagé, principalement à Oranan où j'ai coulé une vie presque paisible. J'avais une amie proche, je travaillais avec les chasseurs et les paysans, j'ai pu profiter d'un enseignement martial auprès des Samouraïs. Vous avez déjà vu ces hommes se battre ? Ils portent des masques à l'aspect terrifiants pour terroriser leurs adversaires. "

Elle s'arrêta... Incapable de lui expliquer comment elle avait du quitter cette ville et ses Samourais et surtout sans mentionner Silmeria. Un petit brouillard se figea dans son regard comme si des larmes venaient de gagner l'orée de ses yeux de violette. Elle renifla et se cura une dent du bout de la langue avant de détourner la conversation.

" Et puis... J'ai pris la tête d'une Caste à Omyre. J'y dirige les assassins, je fédère des quartiers et fais respecter l'enseignement de Xenair, mon maître. La lâcheté et la couardise sont le plus grand mal qu'un assassin puisse s'infliger. Vous pensez peut-être que je ne suis qu'une tueuse d'enfant et de femme, une prédatrice qui attend que l'on me tourne le dos pour trancher la gorge... "

Elle tira la bride de son cheval pour devancer un peu Cromax, Peste Noire répondait parfaitement à ses ordres, même un peu mieux que la monture de Cromax qui pourtant ne rechignait en rien à obéir.

" J'ai établi un ordre dans la ville noire. Les chefs récalcitrants ou se rallient. Les guerres intestines cessent et les meilleurs éléments se joignent à mon maître. " Annonçait-elle non sans un semblant de fierté dans la voix. Elle songeait à sa Caste, aux Murènes et à ses plus proches membres, Katalina, Lydia et le terrible Capitaine Von Klaash, à ses navires, la Laide les Maines, le Redoutable Jugement et la Veuve. Hrist estimait avoir un grand trésor à porter et n'y voyait en rien un fardeau. Elle avait pu gravir les échelons de la ville noire là où autrefois elle n'était que simple Apprentie de Milice chargée d'écumer les quartiers et les bas fonds de la ville des chasseurs de rats et leurs querelles de territoires.

Maintenant, elle accompagnait un des plus hauts gradés de la Reine Noire en un monde qu'elle ne connaissait guère et trouvait que son travail n'était pas des plus déplaisants.

Elle acheva de parler après avoir tourné la tête une dernière fois vers Cromax, tout sourire.
" Mais... Bin que je sois assez discrète depuis peu... Je suis certaine que vous avez entendu des... Rumeurs à mon sujet ? Non ? Allez... Dites moi qui je suis et je vous dirais si c'est vrai."


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Ven 5 Fév 2016 11:57 
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La grise me rattrape bientôt, apparemment pressée d’éclaircir sa situation à mon égard. Nous laissons derrière nous ce charnier où mouches et charognards se disputent déjà les cadavres de nos victimes. Je la découvre ainsi professionnelle avant tout, et sens presque une distance toute éthique se dresser entre elle et moi du fait de sa récente révélation, comme si en quelques mots, elle était devenue ma subordonnée alors que je lui ai soutenu l’inverse.

(Tu es à l’un des grades les plus élevés de l’armée qu’elle sert, au même rang que son propre maître. Elle sait ce que les Treize ont vécu pour arriver à leur place, et surtout ce qu’ils mettent en place chaque jour pour y rester. La moitié du continent a envie de les voir morts, et l’autre moitié les craint trop pour oser penser ça. Tu es leur égal, Cromax, même si en ce qui me concerne, tu les dépasses amplement en bon nombre de choses.)

J’ai du mal à me faire à cette image de chef respecté d’une armée sombre. Je ne suis pas un dirigeant, un donneur d’ordres. Un meneur, tout au plus, qui rassemble autour de lui pour la pertinence de ses idées plus que par son grade officiel. Maintes fois, j’ai noté la propension des aventuriers que je rencontrais à me respecter comme tel assez naturellement, même si ça aussi, j’y ai toujours eu du mal. Là, la position de Hrist, si elle était jusqu’ici distante et méfiante, se fait soudainement bien trop… marquée par l’autorité que j’incarne, et je ne sais pas si j’aime beaucoup ça. Menant sa monture à la hauteur de la mienne et m’informe de la raison de sa présence. Elle se vend comme on le ferait lors d’un entretien d’embauche, avouant ses hauts faits et sa valeur en qualité d’assassin majeur de Xenair le maître des volatiles. Elle m’assure qu’à ce titre, son maître n’a aucun avis particulier sur moi, et qu’elle n’a pas ordre de me surveiller, sans quoi elle n’aurait pas révélé son identité. J’en doute, néanmoins. C’aurait été une bonne excuse pour se rapprocher de moi et avoir un œil constant sur mes actions, même les plus sombres. Une légitimité de suivi qui l’aurait entraînée partout où je vais. Peut-être est-ce le cas, d’ailleurs, mais je décide de n’y prêter plus d’attention qu’elle n’en requiert. Si je le faisais pour elle, je vivrais constamment dans la paranoïa. Et je m’y refuse.

Enfin, elle finit de se présenter à moi, indiquant venir de Tulorim, même si elle a rapidement beaucoup voyagé. Je lève un sourcil à cette mention. Tout comme moi, elle est liée à cette ville. Intéressante mise en exergue de la destinée de deux sindeldi éloignés de leur terre natale, finissant dans la sombre et fustigée armée d’Oaxaca.

Elle poursuit son récit en parlant d’Oranan et de ses samouraïs, honorables guerriers faisant la fierté de leur peuple, où elle aurait reçu une éducation martiale plus poussée.

« J’ai déjà été quelques fois à Oranan, et j’ai vu les samouraïs… Mais je ne suis jamais resté suffisamment longtemps pour profiter de leur enseignement. »

Elle annonce, poursuivant une fois de plus son récit, qu’elle est ensuite allée à Omyre, où elle a pris en main une caste d’assassins, l’amenant du plus bas de son niveau jusqu’au respect qu’elle semble avoir aujourd’hui. Elle se présente en femme forte, et non en lâche. En dirigeante. Elle insiste, comme si elle avait elle-même honte de ses activités assassines, sur la difficulté d’une telle gestion, facilitée peut-être par son engagement auprès de Xenair. Attaquer une guilde indépendante, ça se fait régulièrement. S’en prendre à un ordre directement relié à l’un des Treize, il faut déjà être sacrément plus couillu.

Elle se tourne alors vers moi, confiante et souriante. Je trouve cette attitude presque étrange, finalement, mais elle ne me déplait pas. Je suis en présence d’une elfe fière de ce qu’elle a accompli, sans regret avoué. Et je préfère ça que quoique ce soit d’autre. Je lui renvoie son sourire, et consens à répondre à sa dernière question sans masque.

« Hé bien… Je dois avouer que malgré tous vos faits, votre nom m’est inconnu à bien des égards. Mais comme Oranan, je ne connais que peu la vie d’Omyre, et votre action sur la ville. En revanche, il m’est arrivé aux oreilles la présence d’une noble sindel dirigeant un domaine sur les terres de Bouhen, une baronne sanglante n’ayant que peu de respect pour la vie de ses serfs et visiteurs, qui se serait faite chasser de son château, Keresztur, par une armée de Kendra Kâr. J’avoue vous avoir associée à cette personne, à notre première rencontre… »

Je laisse la question de mon tort, ou non, en suspens. Suffisamment claire, cependant, pour ne pas devoir insister plus. Je décide de lui en apprendre, à mon tour, plus sur ma propre histoire, faisant écho à la sienne.

« Je n’ai aucun mal à vous imaginer originaire de Tulorim, je le suis moi-même. J’ai grandi dans la forêt jouxtant la ville, sous les enseignements d’un vieux taurion en fin de vie. Mes aventures à moi m’ont mené dans des endroits bien différents : pour le compte de la milice de Tulorim ou directement en mission pour le pouvoir central de Kendra Kâr, j’ai parcouru l’Imiftil et de lointaines régions et mondes dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler. J’ai acquis une grande réputation auprès de ces royaumes humains, de là à être représenté en héros vaillant dévoué à leur cause. »

Le preux chevalier, bien loin de la sombre assassine… Et pourtant.

« C’est cette image que le rôle que je joue auprès d’Oaxaca veut que je mette en avant. Car si je suis connu sous le terme de Seigneur de l’Ombre, et non par mon nom, c’est que je suis une sorte… d’agent double. J’aide les royaumes humains, acquérant la confiance des puissants, et dans leurs dos, j’œuvre à donner l’avantage aux armées d’Oaxaca dans leurs intentions d’invasion. Une alliance entre la Reine d’Omyre et Tulorim, qui n’a aucun camp actuellement, mais est l’ennemie ancestrale de la cité blanche, ferait prendre une toute autre tournure à la guerre. Nul doute que prise en tenaille, Kendra Kâr devrait réviser ses positions, et ne plus uniquement compter sur les pays à sa marge, comme le Royaume de Mertar ou la République d’Ynorie, pour couvrir ses arrières. »

Des précisions peut-être inutiles, mais qui étayent ma volonté d’arriver à viser l’intérêt de Tulorim, sur ce monde. Qu’elle soit une puissance militaire et économique viable face à des superpuissances comme Omyre ou Kendra Kâr. Et toujours, devisant, nous progressons vers Illyria, chevauchant dans les plaines en direction du Sud. J’espère bientôt voir poindre à l’horizon les hautes tours qui la composent.


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Sam 6 Fév 2016 05:30 
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Cromax répondit assez favorablement à sa question, visiblement il se prenait aussi à ce petit jeu. Tout sourire, le Sindel reconnu sans détour, aucun, l'avoir au début méprise avec celle qu'elle fut par le passé. Hrist s'attendait à cette réponse, c'était d'ailleurs ce qu'elle avait sous-entendu lorsqu'elle mentionna plus tôt avoir été plus discrète durant les derniers mois.

Cromax, comme elle s'y attendait encore, ne connaissait de cette histoire que de vulgaires racontars de paysans et des rumeurs de taverne. Hésitante à le reprendre, Hrist fit tout de même tourner la question dans sa tête un court instant. Pour un assassin, il était bien sûr nécessaire d'avoir sous le coude quelques hauts faits, comme pour un chevalier ou un chasseur. Toutefois, lorsque quelqu'un appartient à la Noblesse, avoir trucidé et fait maltraiter des dizaines de personnes n'est pas à mettre dans les plus grands atouts de sa carrière. Hrist décida malgré ça de répondre d'un air amusée et ravie.

" Bin oui, et pour cause... La Baronne de Keresztur c'était moi. Mais ce que l'histoire ne dit pas, c'est que les punitions et les sévices étaient adressés aux voleurs, menteurs et bandits. "

Elle ralentit un instant sa monture pour mieux se mettre à la hauteur de Cromax afin d'éclaircir au mieux le sujet afin qu'aucune tache sombre ne vienne salir sa relation avec lui.

" La guilde des marchands de Bouhen a mal apprécié que je fasse taire leur petit manège. Les quelques paysans que j'avais sur mes terres vivaient en sécurité des raids de Garzok et de barbares. Mais il y avait la guilde et des félons à chaque coin de rue, toujours le fiel au lèvres et l'arme au poing prêt à me chasser... Tout ça sous prétexte que j'étais une usurpatrice. Non mais quelle idée. Ce que l'histoire ne dit pas c'est que durant les deux ans à Bouhen, j'ai laissé une bonne vingtaine de gouteurs sur le carreau et presque autant de gardes. Bien sûr... Je connaissais les responsables. La guilde des marchands. "

Elle tourna son regard, jusqu'à présent porté devant elle, jusqu'aux yeux de l'homme et le regarda comme en se demandant s'il avait avalé quelque chose que la suite de ses propos risquerait de lui faire vomir.

Dans le doute...

" Alors, un soir j'ai fait convoquer tous les marchands de haut nom qui appartenaient à la guilde, prétextant que je retirais mon rang et que je souhaitais m'entretenir avec eux pour savoir comment partager le domaine. Le repas était divin, faste même, tous avaient apporté dans leur liesse générale d'excellents produits et même moi qui suit d'un appétit chiche, je dois reconnaitre en garder un très bon souvenir. Leurs femmes et leurs enfants sont venus également et ont apportés de jolis présents issu de contrées lointaines, de beaux flacons, des parfums, de magnifiques parures de pierreries resplendissantes.

Ah. Et quand ils sont allés se coucher, au creux de la nuit, j'ai envoyé ma garde personne les égorger dans leurs lits. Bon, les enfants ont hurlé comme des putois et depuis le château, les hurlements ont réveillé de nombreux villages alentours. C'est dire. J'ai manqué de mourir empoisonnée cinq fois ce soir là. Cinq goûteur ! L'histoire ne raconte pas ça. Ensuite, au petit matin, j'ai fait pendre les corps jusqu'à ce que les corbeaux aient dévoré les yeux. Puis nous avons coupé leurs sales horribles têtes de pécores. Et fait de jolis masques avec leurs visages morts. Tiens, regardez, ça rime. Gardez ça en tête, Hrist est poète. "


Elle éclata d'un petit rire cristallin, tout à fait opposé à l'atrocité qu'elle venait de reconnaitre avec un naturel déconcertant. Puis, ayant déjà détourné son regard de Cromax, comme désintéressée de l'impact que ses dires pourraient avoir sur lui, elle continua sans aucun gêne.

" Contrairement à vous, Cromax, je n'ai pas le rôle d'un agent double. Je ne suis pas acclamée par la veuve - et l'orphelin ne voit pas en moi un modèle ou une figure paternelle. Je suis plutôt le contraire, je suis une faiseuse de veuve et une faucheuse de père. Je traine derrière moi des centaines de fantômes. Certes, nous avons dans notre terrible différence le même but. Nous œuvrons pour Oaxaca et remplirons notre rôle en ces terres. "

Cromax... Quel singulier personnage. Il semblait prêt à tout accepter d'elle, peu importait ce qu'elle pouvait lui dire et elle était bien décidée à voir jusqu'où le Sindel avait posté ses limites. Ayant lui même voyagé jusque loin, plus loin qu'elle ne l'imaginait, il avait sans doute plus qu'à son tour rencontré maints dangers et avait aussi derrière lui son lot de fantômes.
Hrist était persuadée qu'ils avaient énormément de choses en commun mais qu'un Elfe de sa stature, prêt à flamber sous les acclamations d'un foule et à s'enivrer du doux regard d'une jolie femme n'accepterait pas facilement avoir une âme aussi noire qu'une nuit sans lune.

" Ahaha... Savez Cromax, au début j'ai cru que vous étiez d'un ennui mortel mais finalement je dois reconnaître bien m'amuser. Quel curieux hasard tout de même... Qu'un agent double d'Oaxaca, servant presque deux causes se retrouve là, avec la première Tueuse de Xenair, tous deux prêts à délivrer un monde entier de son annihilation... Et tout ça sans même se connaître. "

(" Toi... Tu causes pas souvent mais quand tu le fais, tu rigoles pas. Et pour rien dire en plus. Le pauvre va être noyé sous un flot incessant de paroles et ne saura pas si c'est du lard ou du cochon. J'vais aller causer avec sa Faera, je crois que je la connais d'il y a un ou deux millénaires. ")

Hrist, consciente d'avoir monopolisé la conversation essaya de réparer l'audace en posant à son compagnon une nouvelle question, encore un peu plus singulière.

" Tulorim est une ville magnifique. Aussi bien dans sa splendeur que sa laideur mais elle grouille d'humains ambitieux et il faudrait une figure emblématique pour mener les hommes. Pensez-vous pouvoir remplir ce rôle une fois que notre objectif sera atteint ? "
(" S'il l'est un jour.")
" Pensez-vous que les hommes se rallieront à la bannière noire et marcheront en cadence ? "
(" La ville sera ravagée par une guerre civile. La scission déchirante de la guerre sur une terre neutre. ")
" Je crois justement que vous pourriez être ce genre d'homme. Cette figure qui fait rêver le serf et l'apprenti. Ce modèle pour le duelliste et l'écuyer, les légendes forgent les noms et font rêver les hommes. Animé d'un tel sentiment, l'asservissement des êtres leur semble presque être une bénédiction et un privilège... "
(" Quant aux rebelles, ils seront retrouvés suspendus à une corde, dansant une dernière fois au gré du vent marin de Tulorim. ")

Hrist arrêta son cheval, ferma les yeux et offrit son visage à une petite brise parfumée de l'odeur de cimes et tourna son regard froid vers Cromax.

" Ce que je reproche le plus à Kendra Kâr, c'est d'avoir tenté d'assoir une domination sur le monde. De nous avoir forcé à nous sentir en marge et en dessous d'un monde que nous souhaitons désormais anéantir. Les anciens assassins en guerre contre Kendra Kâr qui possédaient autrefois cette dague - désignant la Vieille Rengaine - Furent les révolutionnaires du passé. Ils se battaient pour défendre leur droit d'exister et les massacrèrent plus radicalement... Plus religieusement... Frappant la race avant tout. Partout. Par préjudice ou par colère... Parce que, quoique fasse l'Homme, il sera toujours l'Homme. Le vil. L'égoïste. L'odieux prédateur du patrimoine d'autrui. La honte de notre monde. "

Elle prononçait ces mots là d'une voix débordante de colère, probablement la première fois que Cromax entendrait sa gorge vibrer de colère depuis leur rencontre.

Cèles à Lysis
(" Bien. Tu l'as remarqué ma vieille, ça devient presque pour ma Maîtresse un but mystique de débarrasser le monde de ce qu'elle appelle à loisir la Lèpre Humaine. Comment il voit les choses, le tien ? ")

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1360 mots - 4450 mots au total

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 8 Fév 2016 00:13 
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Crocs du Monde – Vers le Nord

    Baratume et Rivä se posèrent au sol et trouvèrent rapidement une petite clairière où passer la nuit. Il faisait froid, mais moins que dans la haute montagne de laquelle ils descendait, cependant ils pouvaient sentir le vent froid venu du nord, partiellement arrêté par les conifères, mais néanmoins vivace et vif. La première partie de la nuit se passa sans mal, mais, vers le milieu de la nuit, hippogriffe et compagnon entendirent soudain de longs hurlements, sortes de jappements à mi-chemin entre le loup et le chien. Ils étaient non loin d’eux, et s’approchaient. Le cri ressemblait fortement à un appel à la chasse. Quelques instants passèrent sans qu’ils n’entendent rien de nouveau, jusqu’à ce qu’ils voient des yeux violacés briller dans les ombres autour de leur campement. Ces ombres ondoyaient dans l’obscurité, se rapprochant d’eux à pas légers. Il y en avait deux pairs, pour autant qu’ils purent voir. Rivä, qui possédait une vision nocturne, pu voir qu’il s’agissait de sorte de grands chiens noirs et grands sur patte quoi que relativement fins, avec une longue langue pendante. Ils avaient manifestement l’intention de les attaquer et n’étaient plus qu’à quelques mètres d’eux.

    Image


Crocs du Monde – La maison dans la forêt


Faëlis – Darwin Award : échec (c’est bien).
Leykhsa – Darwin Award : réussite (c’est mal).

    La petite bouteille de verre ne s’éclata pas entre les mains de Pureté, mais le choc eut un effet étrange sur le flacon dont les vagues semblèrent soudain s’agiter follement et, dans un moment suspendu dans le temps, le bouchon fut éjecté jusqu’à l’autre bout de la pièce.

    L’espace de quelques secondes, il ne se passa rien. Puis ce fut l’apocalypse.

    Devant le goulot de la bouteille encore tenue par Leykhsa l’air sembla se distordre et soudainement un gigantesque navire et des vagues gigantesques se matérialisèrent, réduisant la pièce à l’était de cure-dents et éjectant les deux aventuriers hors de la maison à présent détruite ou écrasée sous le poids du galion dans une déferlante d’eau et de débris épars. Fût-ce la chance ou l’instant de lucidité de Faëlis ? Toujours est-il que le jeune elfe atterrit sur l’herbe autour de la maison, son poids amorti par un matelas d’eau qui s’écoula rapidement jusqu’à la rivière et il se retrouva assis sur le sol sans trop de dommages corporels, bien qu’il soit passé de peu à côté de la noyade et qu’il sentait ses côtes lui faire un peu mal, bien qu’il n’ait rien de cassé. La table derrière laquelle il s’était cachée était devant lui, comme un rempart aux débris qui s’écoulaient de la bicoque en lambeaux.

    Leykhsa, elle, eût bien moins de chance. En réalité, elle fut percutée par le navire, ne devant la vie qu’à l’eau qui s’était matérialisée en même temps que le bateau et elle fut éjectée hors de la maison détruite pour atterrir durement sur le sol. Elle retomba lourdement sur le sol et sentit sa jambe se casser sous son poids alors qu’elle roulait par terre, criblée de la multitude de petites échardes qu’était devenue la maison. L’une d’elle passa si près de son œil qu’elle laissa une marque sanglante. Elle souffrait de plusieurs éraflures et des ecchymoses ne tarderaient pas à apparaître.

    Les deux aventuriers se retrouvèrent ainsi sur le sol face à un gigantesque navire à la coque effilée pourvue d’une tête de proue en forme d’oiseau volant et à l’éperon en fer et tranchant. Allongés par terre à quelques mètres à peine, ils pouvaient voir les grandes voiles ornées de ce même oiseau aux ailes déployée entre lesquelles se trouvait une étoile. Il était écrit, en lettre d’or quoiqu’abimées par le temps : L’Hirondelle.

    Image


    L'image de ce gigantesque et fier bâtiment des mers était fort cocasse, allongé sur le flanc, quoi que relativement intact, au milieu des débris et des décombres de ce qu'était la petite maison dans les bois.

    Les deux aventuriers entendirent soudain des voix et deux êtres apparurent sur le pont, sautant lestement au-dessus du bastingage pour atterrir à quelques mètres d’eux.

    Le premier à descendre fut un elfe, à moins que ce ne fut un demi-elfe au vu de sa carrure impressionnante et les oreilles légèrement moins pointues que Faëlis. Loin des cheveux blonds et apprêté du yuiménien, celui-ci avait des cheveux noirs en bataille, un regard gris clair acéré et s’avançait avec assurance. Il était vêtu d’une armure de cuir accommodée de plaques de métal et agrémenté de cotte de maille.

    Image


    L’autre était un homme en tous points étrange. Il avançait d’une démarche affectée, monté sur des bottes au talon compensé. Il ne portait qu’une sorte de tunique en bandes de cuir ornementées, laissant ses jambes, ses bras et ses épaules à nu. Il portait également un torque d’or et des bracelets. Sa coiffe était constituée d’une longue chevelure terminée en nattes et gardées en arrière par des ornements en or eux-aussi, que l’on pouvait également retrouver dans sa barbe. Son visage, quant à lui, était allègrement maquillé.

    Image


    - C’est pas trop tôt, lâcha ce dernier, avant de porter un doigt manucuré à son menton. Ma parole, quel étrange duo ! Qui êtes-vous ?

    Il n’attendit pas la réponse et balaya ses paroles d’un mouvement de bras.

    - Là n’est pas la question. Nous sommes le Capitaine Khayr ad-Din et son second Aleyn de L’Hirondelle, dit-il avant d’hésiter et d’ajouter avec une légère courbette : à votre service. Il paraît.

    Le semi-elfe attendait, les bras croisés, dans l’expectative. Aucun des deux ne se proposa pour les aider à se relever.


Crocs du Monde – Vers Illyria

    Cromax et Hrist, suivant le chemin indiqué plus tôt par Ixtli, ne tardèrent pas à se trouver face à des plaines qui ne tardèrent pas à s’orner çà et là d’un patchwork de champs dans un agréable paysage de bocage et de paysans travaillant sous un radieux soleil printanier. Ils virent au loin quelques villages, mais leurs pas ne les y menèrent pas, et, lorsque la nuit tomba, il ne s’en trouva pas un en vue. Ils purent dresser le camp dans un petit bosquet et passer une nuit calme, sans être dérangés par de quelconques créatures extérieures.

[Suite à Illyria]


[Cromax – xp : 0,5 (intériorisation), 1 (discussions), 1,5 (longueur) ;
Faëlis – xp : 0,5 (intériorisation), 0,5 (exploration de la maison), 0,5 (longueur) ;
Leykhsa – xp : 0,5 (intériorisation), 1 (discussions), 0,5 (exploration de la maison), 1 (ouvrage de la bouteille), 1,5 (longueur) ;
Hrist - xp : 0,5 (intériorisation), 1 (discussions), 1,5 (longueur ;
Baratume – xp : 0,5 (intériorisation, 0,5 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 8 Fév 2016 11:39 
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Il y eut un instant de silence pendant lequel le monde sembla suspendu. Qu'allait donc déclencher cette bouteille magique ? Faëlis était tendu à tout rompre... et alors... le bouchon sauta.

Nouveau silence. L'elfe était prêt à se relever, se sentant très bête de sa réaction, mais alors, la bouteille sembla se distordre étrangement et un véritable raz-de-marée s'en déversa. La suite ne fut qu'une confusion de bruit et de folie. Impossible de voir ce qui se passait. Leykhsa avait disparu dans la tempête. La table fut heurtée de plein fouet. Cet abri dérisoire fut emporté, en même temps que Faëlis... et que les murs de la maison.

Noyé, ballotté, secoué comme jamais il ne l'avait été même par une amante en folie, l'elfe n'eut même pas le temps de ressasser sa vie. En revanche, il se permit une pensée comme quoi s'il se retrouvait en enfer aux côtés de la semi-elfe-catastrophe, il lui pourrirait la mort autant qu'elle lui avait pourri la vie. À ce moment-là, il percuta le sol... et se retrouva assis dans l'herbe, trempé de la tête aux pieds, essayant de reprendre sa respiration.

Silence. On n'entendait plus que quelques grincements de bois dans la forêt dévastée. Il n'y avait plus de maison. Il restait à la place un navire.

Il ressemblait beaucoup à celui qui était dans la bouteille. Ainsi, cet objet magique avait pu contenir quelque chose de si grand ? La magie permettait-elle vraiment de faire une telle chose ? C'était tout simplement ahurissant, inconcevable...

Il se releva, titubant, sonné, au milieu des débris. Il était en vie. Il y avait des planches et des ustensiles un peu partout. Faëlis sentit quelque chose battre contre lui. C'était la balance de l'étage qui était accrochée sur son épaule, il la rejeta d'un geste preste avant de continuer à regarder autour de lui, se demandant ce qu'ils diraient si les propriétaires de la maison arrivaient maintenant.

Le navire était imposant, doté d'un éperon à faire pâlir de jalousie le séducteur de Cuilnen qu'il était. Avec ses balistes en plus, il évoquait un navire de sang-pourpre, comme ce fameux navire pirate, le Chasseur des Brisants. Faëlis secoua à tête, drôle de chose à remarquer en ce moment. Il nota aussi les voiles, ornées d'ailes et d'étoiles, ce qui cette fois-ci évoquait plutôt un navire elfique. Et le nom : l'Hirondelle. Drôle de nom, fort délicat, pour un navire manifestement paré pour le combat.

Il tapota un peu la table qui l'avait protégée et qui gisait maintenant, renversée, à côté. Elle avait vaillamment défendu la vie d'un parangon de beauté !

Il commença à tituber parmi les débris, cherchant autour de lui. Leykhsa devait être quelque part... mais avait-elle seulement survécu à la catastrophe ?

Le cœur serré, elle ne méritait quand même pas la mort, il parcourut les décombres jusqu'à ce que... oui ! C'était elle ! Elle avait l'air sonné et sa jambe était tordue dans un angle sinistre, mais elle était vivante !

Mais alors qu'il allait vers elle pour la soigner, il fut interrompu par une voix. Deux hommes avaient sauté du navire. L'un d'eux demandait qui ils étaient et l'elfe perdit quelques secondes à le regarder avec des yeux ronds.

C'était un homme. Manifestement. Il portait même la barbe. Mais ses chaussures avaient de tels talons qu'il y avait de quoi se demander comment il avait pu se réceptionner après avoir sauté du bateau. Son visage était couvert de maquillage, ses cheveux étaient plus longs que ceux de l'elfe et ses ongles étaient longs et soignés.

Il ajouta bien vite qu'au fond, sa question n'avait pas d'importance, que lui et son compagnon étaient capitaines et seconds du navire et se proposaient d'être à leur service. Son compagnon... un homme imposant avec quelque chose d'elfique et une armure lourde. Était-ce lui le capitaine ?

Faëlis secoua la tête et se lança, l'air encore un peu secoué :

« Hum... tout l'honneur est pour nous. Je suis Faëlis Nyris'Kassilian... Excusez-moi de poser une telle question mais... que faisiez-vous dans une bouteille ? Vous avez dit que ce n'était pas trop tôt... depuis combien de temps attendez-vous ? »

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 8 Fév 2016 18:28 
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Alors que j'abats le goulot sur la table, ignorant royalement Faëlis qui tente de m'en empêcher, j'entends celui-ci proférer une remarque désagréable avant de l'apercevoir sauter derrière une table du coin de l'oeil. Et pourtant, mon action ne commet rien de bien spectaculaire. A vrai dire, seul l'intérieur semble ébranlé, car la bouteille tient parfaitement tête, elle, contrairement au bateau, ballotté par un océan artificiel déchaîné. C'en est frustrant à la f...

Pouf.

Le bouchon gicle enfin. Mais toujours rien.

Puis la maison s'effondre sur elle-même alors je suis éjectée à l'extérieur, propulsée par une immense vague, qui, paradoxalement, me prévient d'être écrasée par l'apparition de l'immense navire qui a remplacé la bâtisse. Je suis quand même percutée par le bateau dans ma chute, et je sens tous mes intestins se retourner à l'intérieur de mon corps alors que de multiples échardes viennent se planter dans ma chair lorsque j'atterris durement à terre, mes os craquant par la même sous l'impact de la chute. Je roule sur moi-même, aggravant à chaque nouvelle secousse l'état pitoyable de ma jambe et renforçant les nombreuses petites blessures que je me suis infligée dans le processus, avant de finalement arrêter ma course à quelques mètres de l'immense vaisseau, toute endolorie. Sonnée, meurtrie et énervée, je me redresse d'un seul coup pour hurler ma douleur et ma colère.

« SALOPERIE DE... MMRAAAAAAAH ! »

La douleur me force très vite à me rallonger, en serrant les dents pour contenir d'autres jurons ou cris. Mais après quelques secondes, j'explose de nouveau.

« MEEEEEEEEEERDE ! Putain de magie de MEEEEEEEEEERDE! »

Quelle idée de mettre une bouteille comme cela sur la table, bien en évidence ? Et puis quelle idée d'avoir un truc pareil chez soi. Au moindre problème, à la moindre secousse, c'est la maison entière qui part en fumée. Et puis MERDE ! Quelle idée de foutre un bateau gigantesque dans une saloperie de putain de connasse de bouteille de merde ?! C'est vraiment des putain de connards ces magiciens.

« DES PUTAIN DE CONNARDS ! » m'écrie-je à voix haute.

Quelques dizaines de jurons plus tard, alors que ma jambe commence à me faire légèrement moins mal et que je me sens de nouveau capable de redresser mon buste, j'entends finalement que quelque chose ne va pas. Des voix. Faëlis et le propriétaire – que dis-je, le connard de propriétaire – de la maison que je viens idiotement de détruire ? Ce serait... fâcheux. Je ne me sens que moyennement d'attaque pour un affrontement avec une sorcière en colère, pour le coup.

Mais, relevant les yeux vers l'imposant navire, à la tête de proue en forme d'oiseau, et gravé d'inscriptions le nommant ''L'Hirondelle'', je me rends compte de la provenance de ces voix : deux hommes sont sur le pont, et ils en descendent prestement pour nous faire face. Ne sachant pas à quoi m'attendre, alliés ou ennemis, je me relève immédiatement, malgré la véhémente protestation de mon corps endolori, tout en faisant attention à ne pas me servir de ma jambe brisée. Je me redresse de toute ma petite taille, cherchant à avoir l'air la plus menaçante possible, mais, évidemment, l'effet est loupé. J'ai une sale mine, je penche d'un côté, mes vêtements sont trempés et en sale état, mes cheveux, mouillés, collent à mon visage, et pour toute arme je tiens la bouteille dans laquelle ils étaient emprisonnés voilà quelques secondes. Au moins, peut-être verront-ils en moi leur sauveuse, et non une ennemie.

Face à moi, deux hommes très différents. Le premier est un elfe, ou un semi-elfe, à la carrure imposante, habillé en guerrier et au regard sûr et aiguisé. Il n'a absolument pas l'air d'un amateur. Son compère, par contre, me tire un haussement de sourcils tant il est grotesque. Vraisemblablement humain, une tenue pour le moins... déshabillée, d'énormes talons à ses chaussures et une grosse barbe qui pourrait paraître virile si elle n'agrémentait pas un visage grossièrement maquillé. Un genre de mélange raté entre pirate typique de Dahràm et putain de Exech.

C'est ce dernier qui prend la parole en premier, nous déclarant – il en fallait du courage – que nous étions un duo très étrange, et nous demandant qui nous sommes. Mes yeux s'écarquillent à cette déclaration. Mais avant que je ne puisse en placer une, il balaie sa question d'un geste ample du bras avant de les présenter, lui et l'elfe, comme étant le capitaine et le second de L'Hirondelle : Khayr ad-Din et Aleyn. Et de conclure par un « à votre service ». Mes sourcils se lèvent plus encore à cette remarque. De quoi de quoi ?

« Heu... » commencé-je, perdue par le flot d'informations que je viens de recevoir.

Mais c'est Faëlis qui répond le premier. Il semble prendre la nouvelle particulièrement bien, vu qu'il se présente comme si de rien n'était avant de poser, l'air de rien, une question qui manque de me faire exploser de rire tant elle est absurde : « Que faisiez-vous dans une bouteille ». Que... faisiez-vous... dans une... bouteille.

« Oui ! » m’exclamé-je, incrédule. « Qu'est-ce que vous foutiez dans une putain de bouteille !? D'où vous sortez ? Vous foutiez quoi dans une maison qui a l'air tout droit sortie d'un conte pour enfant ? Et comment ça « à notre service » ? Si vous êtes vraiment à notre service, racontez-moi tout, parce que si j'ai l'habitude de voir des trucs bizarres quand j'ouvre une bouteille c'est uniquement après en avoir bu le contenu. Et vous êtes que deux dans ce bateau ? »

Je secoue la tête, chassant le flot de questions qui me vient pour les laisser répondre à celles-ci, avant tout. J'en oublierais presque les douleurs que m'infligent ma jambe et le reste de ma jambe tant la situation me paraît absurde. J'ouvre une bouteille, et pouf, deux types bizarres en sortent, dont un qui ne ressemble à rien du tout, et pendant ce temps Faëlis lâche un « salut moi c'est Fafa » comme si de rien n'était, absolument pas choqué par le ridicule de la situation. C'est moi qui suis bizarre, ou suis-je au contraire la seule personne censée ici ?



(((1033 mots)))

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Ven 12 Fév 2016 15:13 
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Crocs du Monde – Alentours d’Ilmatar

Pour Guasina


    Aaria’Weïla eu juste le temps de relever la tête avant de voir Guasina s’envoler par la fenêtre et ouvrit la bouche pour lui dire quelque chose, mais la lutine était déjà partie. Le choucas et la lutine survolèrent ainsi Ilmatar, la présentant comme une ville relativement petite pour la capitale de la cité des Sylphes, perchée sur son éperon rocheux au-dessus du lac d’Ilmatar. Elle ressortait de la verdure environnante comme un écrin d’argent qui s’envolait vers les cieux, peuplée de créatures aériennes qui vaquaient à leurs occupations dans les rues en bas, comme inconsciente de la beauté qu’ils foulaient tous les jours. Le choucas ne tarda pas à les mener hors des murs de la cité et à se diriger vers le sud-est, vers Illyria.

    La première partie du trajet se fit sans encombres, bien que le choucas, peu habitué aux grands trajets d’une traite et encore moins avec quelqu’un sur le dos, ne fut obligé de jalonner leur trajet de plusieurs pauses sur les branches des arbres. Ils volèrent ainsi tout le jour durant, jusqu’à ce que des nuages noirs apparaissent à l’horizon, et ils ne tardèrent pas à être pris dans des vents à la violence allant croissante. La nuit était également proche et Guasina avait plusieurs options, notamment celle de continuer sa route, d’aller s’abriter dans une grotte qu’elle pouvait voir d’où elle était, trouver un perchoir dans les arbres, de se construire un abri ou toute autre idée qu’elle aurait.


Crocs du Monde – L’Hirondelle et la Maison qui Fût


    Les deux hommes écoutèrent les questions des deux aventuriers, le semi-elfe d’un air impassible et le second acquiesçant de la tête, comme s’il reconnaissait l’aspect saugrenu de la situation.

    - Questions pertinentes, répondit l’homme maquillé. Et aux réponses gênantes…. C’est-à-dire que je ne sais pas exactement depuis combien de temps nous attendons dans cette bouteille.

    - Deux mille cent cinquante ans et quatre-vingt-deux jours, lâcha sèchement le demi-elfe.

    - Ah oui ? Tant que ça ? J’ai arrêté de compter après les cinquante-quatre premiers jours, répondit le premier avant de reprendre son explication. Il s’avère que nous avions l’habitude de diversifier nos pratiques maritimes et que cela faisait un bout de temps que nous avions dilapidé nos dernières richesses acquises.

    - Volées.

    - Oui, volées, mais le terme manque de tant de finesse… Il s’est avéré que nous avons entendu parler d’un fabuleux trésor qui se trouvait dans une île perdue dans la mer Scélérate, dont nous avions acquis la carte peu de temps auparavant. Nous avons donc, en toute logique, décidé de faire voile vers cette île. Bon, il s’est avéré que l’île en question était le fief de Merïarvi, l’Intraitable Déesse des Flots et que nous étions parvenus à emprunter l’un de ses fabuleux objets avant de l'apprendre. Elle n’a guère apprécié notre emprunt et nous avons eu beau lui dire qu’il ne s’agissait que d’un affreux malentendu, elle a décidé de nous maudire et de nous enfermer dans une bouteille.

    Il fit une pause, comme s’il réfléchissait à tous les évènements qui avaient mené à sa présence en ces lieux, qu’il semblait prendre avec un certain fatalisme.

    - Enfin, elle ne s’est pas contentée de ça. Elle avait besoin d’un équipage, a-t-elle dit, mais elle ne voulait pas que nous restions dans ses pattes, aussi, à chaque fois qu’elle ouvrait la bouteille, nous en étions éjectés et à chaque fois qu’elle la refermait, nous rentrions de nouveau dedans. Mais il a dû lui arriver quelque chose, car elle a rapidement arrêté de nous utiliser et nous avons été parfois utilisés par d’autres individus, nous rendant compte que nous étions ainsi liés à ces individus jusqu’à ce qu’ils décident de nous transmettre à quelqu’un d’autre. D'où le fait que je me retrouve à vous raconter cette histoire.

    - Ce qui est irritant, ajouta Aelyn.

    - Tout le reste de mon équipage se trouve à l’intérieur du navire, m’dame.


[Faëlis – xp : 0,5 (intériorisation), 0,5 (enquête), 0,5 (information reçue), 1 (longueur) ;
Leykhsa – xp : 0,5 (intériorisation), 0,5 (enquête), 0,5 (information reçue), 1 (longueur), 0,5 (bonus) ;
Guasina – xp : 1 (départ d’Ilmatar), 0,5 (longueur)]


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