L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mar 28 Juil 2015 21:23 
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Le commentaire se l'hinion sembla être moyennement bien reçu. Il était vrai que certains n'assumaient parfois pas très bien ce qu'ils sont. Mais au moins, Kerenn avait-il ses raisons comme il l'expliqua :

« Je suis un rustre, l'éducation laisse à désirer au bagne de Raynna. Mais évidemment, mieux vaut ne pas me le dire en face. Cependant, comme je t'avais pris pour un lâche paon de cour prêt à tomber en pâmoison au premier danger, et que tu es resté bien droit sur ta selle, nous sommes quittes? »

À ces mots, Faëlis inclina légèrement la tête avant de lâcher un petit rire cristallin :

« Non, en dépit des apparences, mon armure n'est pas une armure d'apparat ! Nous serons donc quitte si vous le voulez, bien que je ne me sente aucunement insulté par votre commentaire, il est aisé, pour vous comme pour moi, de se laisser duper par les apparences. »

Mais pendant ce temps, la dispute continuait avec la dénommée Pureté qui portait décidément bien mal son nom. Hargne lui conviendrait mieux ! Mais Kerenn n'était pas en reste et la tension monta. Bien qu'adoptant un air décontracté, Faëlis avait toujours son arbalète à la main. Non pour tuer, mais pour tenter une intervention en cas de geste malheureux. Cette petite guerre d'ego n'avait pas sa place dans une quête dont dépendait la survie d'un monde ! De toute façon, il était évident qu'il était ici le plus beau, le plus noble et le plus retenu, suivit de près par Yuralria. Ces indisciplinés feraient bien de suivre son exemple ! Mais bon, il fallait accepter les gens comme ils sont. Ce n'est que le début du trajet, les liens finiront par se tisser... Cependant, une possibilité l’inquiétait. Et si la jeune femme était aussi violente dans l'unique but d'évacuer un désir caché ? Car bien sûr, il était difficile de fréquenter un elfe blanc aussi parfait physiquement sans ressentir de désir. Plus d'une femme, hélas, avait eu le cœur brisé, sans même oser se déclarer au jeune elfe. C'est hélas un problème à ne pas sous-estimer. Il ferait bien de trouver un moyen de désamorcer cela assez vite. Un commentaire en l'air, quelque chose...

Mais en attendant, comme la fille semblait se calmer et que Kerenn souhaitait visiblement s'enquérir de ses récentes péripéties, il embraya sur ledit sujet, qui semblait préférable à l'actuel. Ce n'était pourtant pas qu'il ne soit pas gênant aussi... Il n'avait aucune envie d'étaler sa vie devant quelqu'un qu'il connaissait si peu. Il préféra donc rester au plus vague :

« Oh, ce serait un peu long à raconter. Disons que j'ai quitté Cuilnen pour... des raisons familiales. J'ai par la suite été embarqué dans une bien mauvaise affaire à Kendra Kâr et me suis hâté d'aller prévenir le roi du danger qui a été écarté de peu aux portes de la ville, grâce à la modeste contribution de votre serviteur, entre autres aventuriers. Puis, ayant entendu parler de cette affaire, sans grande précision hélas, je suis venu à Tulorim en aynore. Il faut au moins reconnaître cela à votre peuple, vos engins ne sont peut-être pas très élégants, mais ils sont incroyablement pratiques et efficaces ! »

Il s'était hâté de noyer la conversation dans quelque commentaires propre à flatter un sindel. Inutile de préciser qu'il venait pour se faire connaître de Cromax et espérer ainsi se faire bien voir de la cour. Heureusement, vanter les talents des sindel, si cela avait pour conséquence d'entendre généralement ensuite un long discours ennuyeux sur leur supériorité, permettait de changer de sujet aisément.

De plus, les questions continuent à fuser, et Yura, enfin calmée, quoique son teint se soit bien assombri, entreprend d'y répondre patiemment. Elle s'affirmait heureuse de les voir faire front commun, mais il s'agissait probablement d'une pointe d'ironie. D'autant plus que le « front commun » était bien loin de l'esprit de soutien auquel il avait assisté, et participé, dans le manoir. Bon, la situation était différente, aussi...

Ainsi, ils apprirent donc que les pouvoirs des élémentaires étaient à peine diminués, et que cela n'affectait en rien leur partie « élémentaire ». Maintenant qu'elle le disait, Faëlis se rappela avoir déjà posé la question. Il rougit légèrement. Quel âne il faisait parfois ! Il allait falloir qu'il fasse davantage travailler sa mémoire...

Comme la semi-elfe s'enquérait de la présence d'arcs à Niyx, infirmé par Yura, il se permit de faire savoir son information à ce sujet :

« Mademoiselle, en effet, le général Jillian serait ravi de vous fournir de l'équipement. Il m'a notamment confié cette épée de fort bonne qualité. »

Il dégaina l'arme au pommeau d'or et d'argent et la fit miroiter au soleil, admirant les étranges reflets de la lame.

« Je me demande en quoi elle est faite pour être aussi légère et équilibrée... avez-vous une idée de sa nature, Yuralria ? »

Mais leur guide signalait déjà la nécessité de manger. En effet, la matinée était passé d'un rien, il s'en apercevait, maintenant. Le soleil commençait lentement à descendre vers les grandes plaines au loin. Il pouvait même voir briller les hautes tours d'Ilmatar dans les éclats flamboyants de l'astre de Gaïa... De Gaïa ? Non. Gaïa était une déesse de Yuimen. Il n'y avait pas de dieux, ici. Il n'y en avait plus. Étrange. Il y avait quand même un soleil malgré l'absence de Gaïa ? Pourtant n'était-elle pas la déesse du jour ? Ou alors il fallait y voir une métaphore ? Les religieux étaient friands de métaphores, et Faëlis soupçonnait fort que ce soit parce qu'elles permettaient de mieux dissimuler le fait qu'ils ne comprenaient pas plus au monde que les autres. Après tout, si on sait vraiment qu'on est dans le juste, pourquoi ne pas le dire clairement ?

Enfin, il n'était pas l'heure à de telles considérations. Il était temps en effet de prendre un peu de repos, d'autant plus que le doux balancement de Brise, pour confortable qu'il soit, commençait à peser après une demi-journée de route.

« Je vous avouerais que je ne serais pas contre une pause, en effet. Néanmoins, il ne faudrait pas perdre trop de temps. Si vous voulez continuer en selle, je n'y vois pas d'inconvénient... »

Un demi-mensonge. Il aimerait réellement faire une pause, mais il était vrai aussi que le temps était compté. Vaille que vaille, il pourrait toujours se reposer à Niyx, avec un peu de chance...

(((1076 mots)))

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Jeu 30 Juil 2015 00:19 
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Kalas avait tendu sa main sans réfléchir, ne sachant pas quoi répondre en cas de refus de la part de la lutine. Etait-elle réellement prêtre à voir Hurlenuit ? Il ne s'agit pas non plus d'une expérience traumatisante, mais la lutine serait la première personne à le voir sous cette forme, exceptée pour la Meute bien sûr. Allait-elle le juger ? Lui dire qu'il ne s'agit là pas d'un pouvoir mais d'une malédiction ? Le Shaman était conscient que ce pouvoir lui avait été inculqué de force. La fin de sa formation l'aurait forcément récompensée avec ce genre de capacité, mais elle avait été loin d'être terminée.

En y repensant un instant, Kalas vit son enseignement comme bâclé. Certes, les retrouvailles avec son Maître avait été dû au hasard et les premiers cours n'étaient que le fruit de sa détermination. Pourtant, il n'était clairement pas capable d'égaler Milana lors d'un duel et le résultat aurait été le même voir pire avec Oslight ou Donnel. Mais pour Kalas, être apprenti avait ses avantages.

(Il y a toujours quelque chose à apprendre et c'est lorsque chaque épreuve de la vie me laissera fade ou une impression de déjà vu que je pourrais me vanter d'être Maître.)

Quoi qu'il en soit, la lutine ne rechigna pas à l'annonce de l'invitation du jeune homme. Au contraire, la réaction de Guasina fut celle attendue malgré la surprise que cela lui provoquait. Bien sûr, il savait qu'elle n'allait pas lui en vouloir de lui cacher quelque chose, mais endurcie comme elle l'est, la lutine aurait pu refusé par crainte ou prudence. Quoi qu'il en soit, Kalas était heureux de ne pas provoquer de sentiments négatifs dans l'esprit de la petite rouquine.

Un léger sourire s'étira jusqu'à ses tâches de rousseurs et Guasina recula d'un pas pour sauter droit dans la main du jeune homme qui ne s'abaissa même pas sous le poids qui venait de s'y rajouter. N'arrêtant pas sa course à cet endroit, elle continua le long du bras jusqu'à se retrouver sur l'épaule du jeune homme qui attendait qu'elle s'installe correctement pendant la transformation. Cependant, Guasina n'eut pas la même idée en tête que son support et en vint même à lui grimper sur le crâne pour retomber sur son autre épaule.

(Mais que fait-elle ?!)

Sans l'ombre d'une seule crainte, la lutine se jeta dans le vide à bras ouverts. Elle formula quelques paroles en sautant qui n'arrivèrent pas directement au cerveau du jeune homme, totalement paniqué par ce qu'il se passait. Avait-il fait quelque chose de travers ? S'enfuyait-elle après la proposition de Kalas ? Malgré tout, la petite rouquine était trop rapide pour lui et il n'eut que le temps de s'inquiéter jusqu'à voir un mouvement presque invisible tant il était véloce passer sous ses yeux. L'instant d'après, Guasina se réceptionna sur le dos de son oiseau, venu la récupérer en plein vol.

Dans un cri de joie, Guasina et le chouca tournoyèrent autour du bouc pendant quelques instants durant lesquels Kalas admirait sa maîtrise d'un tel animal. Il n'était pas chose aisé de diriger une monture volante et le jeune homme se demanda s'il pourrait un jour faire de même. Mais de quelle monture s'agira t-il ? Un dragon ? Un aigle géant ? Après tout, le cynore lui avait fait découvrir la joie de quitter le sol pour s'envoler vers les cieux, alors tout est possible...

Guasina revint vers lui, toute bredouille d'avoir abandonner son compagnon en pleine proposition de balade. A hauteur de ses épaules, l'oiseau battait des ailes pour se maintenir à une vitesse modérée et la discussion pu reprendre à un rythme normal. La lutine s'excusa de son enthousiasme, la mine coupable.

"Il n'y a rien a se reprocher, Guasina ! J'ai pu voir de mes yeux un véritable ballet aérien très agréable à observer !"

Une fois satisfaite, elle reprit du poil de la bête et manifesta son envie de découvrir ce que le jeune homme voulait lui montrer auparavant. Comprenant que le moment était enfin venu, Kalas donna quelques précisions avant d'entamer le vif du sujet.

"Très bien. Dans ce cas, j'espère ne pas vous faire peur, Guasina. Comprenez qu'il s'agit d'une partie de moi-même et que je préfère me montrer à vous dans mon entièreté plutôt que partiellement. Quand j'aurais terminé, je vous laisserais choisir si vous préférez vous promener sur moi ou à dos de votre oiseau. Le choix vous appartient, mais je ne me vexerais pas. Après tout, il doit être effrayant de monter un loup pour la première fois..."

Sur ces mots, le Shaman s'arrêta et ferma les yeux, laissant la petite compagnie continuer sur quelques mètres sans lui. Les démangeaisons qui lui parcouraient le corps se stoppèrent presque instantanément, comprenant que leur désir allait enfin être comblé. Lui-même attendait ce moment depuis longtemps et Kalas ne laissa paraître aucune émotion sur son visage avant qu'il ne fonde pour retrouver l'apparence d'une gueule de loup.

Dans une énergie qu'il était le seul à pouvoir capter, Kalas entama sa transformation, trop pressé de retrouver le corps de Hurlenuit. Il s'accroupit, sentant chacun de ses os se plier et s'allonger pour adopter une morphologie différente. Ses dents s'allongèrent en véritables crocs de bête et ses vêtements se mirent à disparaître, laissant une épaisse fourrure noire comme la nuit les recouvrir. La peau de cuir sur ses bras s'évapora comme par magie, laissant la place à de puissantes pattes musclées. Ses ongles perdirent de leur aspect rocheux pour s'étirer en griffes fines et tranchantes, véritables instruments de mort. La sensation était indescriptible pour le jeune homme tant elle lui avait manqué. Il n'avait jamais ressenti un tel plaisir à redevenir sauvage depuis qu'il en avait reçu la capacité. Tout en lui s'était éteint, ne laissant remonter à la surface que les sentiments de joie et de bien-être qu'il ressentait après être redevenu Hurlenuit. Il était incapable de le voir, mais ses yeux furent la seule chose qui n'avaient pas changés lors de la transformation.

En se léchant les babines, Kalas leva le regard sur Guasina qui avait du assister à quelque chose de peu commun. N'attendant pas une réaction immédiate de sa part, le loup trotta calmement jusqu'à atteindre le bouc afin de montrer à Birhû qu'il avait enfin changé de forme. Après tout, il était le seul à avoir percé son secret la nuit dernière.

Kalas enfin redevenu Hurlenuit, il attendit la réaction de ses congénères à ce qu'ils venaient d'observer.

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Multi d'Ellyan Crow, Boucher des Murènes et Allen, Guerrier de Wiehl.


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Jeu 30 Juil 2015 00:33 
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Des os, blanchis par le désert impitoyable, celui qu'on nomme avec une pertinence souvent involontaire désert des bataille. Des ténèbres, espérées lorsque il s'agit de la seule nuit qui tombe, mortelles et effrayantes lorsque elles se tissent dans de sombres antres Shaakts. Le soleil brûlant, terrible, capable de tuer si l'on y expose plus de quelques instants sa peau nue. Des courses folles dans les sables traîtres, chasseur ou proie, selon, à un cheveu de la mort, toujours. Des combats, innombrables, parfois contre un adversaire redoutable, d'autres contre de simples bougres incapable de rivaliser avec les redoutés arts de guerre des troupes de choc du Naora. Des massacres, femmes, enfants, combien en ai-je perpétré? Des dizaines? Des centaines? Je ne sais pas, je ne veux pas savoir. Trop. Du sang et des tripes qui rendent le sol glissant et écarlate, qui macule les combattants à tel point qu'il devient difficile de différencier un elfe noir d'un gris. Les images défilent devant mes yeux ouverts, sans fin, combien de temps faut-il pour revoir en pensée plusieurs siècles de carnage? Trop. Toujours trop. Et chacun, chacune, paie tôt ou tard son tribut d'ichor aux sables, apparemment insatiables d'essence vitale.

Mon regard se pose instinctivement sur mes avant-bras, seules parties visibles pour moi de mon corps. Là, un fine ligne à peine plus claire, un coup de cimeterre dans une bagarre de rue. Ici, une balafre plus large, dentelée, vestige d'une bataille contre une Shaakt armée d'une espèce de kriss. Plus haut, une trace de morsure, profonde, qui m'empêcha de me battre pendant plusieurs jours, cadeau de cette même Shaakt après que je l'aie désarmée. Plus haut encore, une cicatrice de brûlure, celle-là vient de mon enfance, je la dois à la bonté de mon "père", toujours soucieux de me faire comprendre qui menait la charrette dans l'histoire. Une autre brûlure, qui évoque un peu la forme d'une araignée, souvenir d'une mission foireuse, et d'une délicate séance de torture à la Shaakt. Ces imbéciles m'avaient enchaîné à une paroi de leur tanière, mais la roche était pourrie et c'est avec mes chaînes que j'ai étranglé mes bourreaux, avant de m'enfuir en laissant derrière moi un sillage de macchabées. Chaînes qui m'ont d'ailleurs gratifié de ces autres balafres aux poignets, la roche était pourrie certes, mais il n'en a pas moins fallu une série d'efforts violents pour les desceller. Et la liste s'allonge, me semblant sans fin, et dénuée du moindre sens alors que nous chevauchons vers cette cité inconnue de Niyx.

Que fais-je ici? Que fais-je en compagnie de cette écorchée vive à moitié demeurée et de cette luciole qui ne se soucie que de sa propre image? Je sais fort bien que je ne me souviens pas de tout mon passé, mais j'ai suffisamment retrouvé la mémoire pour être absolument certain d'une chose: cela fait longtemps, très longtemps, que je choisis mes coéquipiers avec le plus grand soin. L'une des raisons qui m'a permis de survivre à trois siècles et demi d'un conflit dont on ne parle pas, occulté par les autorités qui ne souhaitent évidemment pas admettre publiquement que la toute puissance du Naora est mise à mal par quelques bandes désorganisées de Shaakts pouilleux. Car malgré les ravages que nous avons perpétré sans répit, les Elfes Noirs ne semblent pas moins nombreux que par le passé, et toujours ils lancent leurs raids malveillants contre Nessima, quoi que nous ayons tenté pour les faire cesser. Tant de morts, tant de sang, de souffrances, et pourquoi? Pour la grandeur du Naora et des Sindeldi? La mauvaise blague que voilà. Le Naora ne veut rien savoir de ce qui concerne Raynna, en témoigne ce discours désabusé prononcé en privé par Maerhin:

"Ici, les lois du Naora n'ont pas cours. Et pour nous moins que pour quiconque. Nous n'existons pas, il n'y a pas de guerre dans le domaine de Charlùm, officiellement. Aucun officier issu de Raynna n'a jamais été promu ailleurs, les Ithilausters parfumés de la cour ne le permettraient pas. Pour eux nous sommes des sauvages indignes de les côtoyer, et d'une certaine manière ils n'ont pas tort. Quelques années ici suffisent à faire du meilleur d'entre nous une bête féroce. Mais écoute bien ce que je vais te dire: ici, contrairement aux apparences, nous sommes libres, bien davantage que n'importe quel autre soldat Sindel."

Une bête féroce en liberté, du moins tant que le fauve demeure bien sagement dans son enclos, voilà une définition assez exacte de ce que j'étais. Né à Raynna, destiné à y crever, simple et clair. Seulement, il y a eu une hache pour trancher ce fil bien rôdé. Et voilà donc le prédateur hors de sa cage, libre et rendu à moitié fou par son interminable captivité, par les massacres répétés que l'on a exigé de lui. Inadapté à la vie hors de ma prison de sable et de lave, le goût du sang encore sur la langue, le meurtre apparaissant comme unique solution aux problèmes, dès lors que la soumission n'est plus une option. Et les dieux savent à quel point j'éprouve l'envie dévorante de solutionner le minable problème de cette vermine puante de bâtarde. Ce serait rendre un fameux service au monde d'Elysian, aux aventuriers engagés dans cette quête insensée, et même à Yuimen sur du plus long terme. Encore que, étant donné son comportement abject, il apparaît très peu probable qu'elle survive longtemps ici, même si je n'y suis pour rien. Mais j'ai appris que les êtres pouvaient se montrer d'une gentillesse absurde avec les pires résidus, emplis d'une admirable mais stupide pitié pour les plus misérables créatures. Comme si leur bonté avait la moindre chance d'être contagieuse...jusqu'à ce qu'ils finissent, trop tard, par réaliser qu'un étron reste un étron quelle que soit la dose de parfum qu'on y ajoute.

Plongé dans mes sombres pensées, c'est à peine si je l'entends bavasser encore et encore, quémandant à nouveau un arc et mieux encore, de l'argent, pauvrette, en plus d'être tarée elle mendie comme la dernière des miséreuses, pas de doute, belle image de Yuimen qu'elle donne là. Rien d'étonnant en y songeant, mais ne lui ai-je pas enjoint de la fermer? Enfin, tant qu'elle ne tente pas de revenir à la charge vers moi pour étaler ses foutus états d'âmes de pucelle en manque de reconnaissance, elle vivra encore un peu.

Puis Faëlis répond très vaguement à ma question le concernant après avoir souligné à quel point il était aisé d'être dupé par les apparences, et affirmé qu'il ne se sentait pas insulté par la manière dont je l'ai perçu. Je hausse un sourcil en le dévisageant, répondant simplement sans relever sa petite tentative de flatterie:

"Je me trompe rarement, Sieur Faëlis, quand il s'agit de juger de la confiance que je peux accorder à quelqu'un. J'ai été formé à cela. Mais rarement ne signifie pas jamais, je te l'accorde. Quoi qu'il en soit, je choisis toujours avec soin ceux avec qui je me lance dans une mission risquée, et cela depuis plus longtemps que je n'aime à m'en souvenir. Le hasard et la chance ne sont pas seuls responsables de ma survie à plus de trois siècles de guerre, même s'ils ont fait leur part."

Un silence, mon regard parcourt les environs sans hâte, puis je reviens à l'Hinïon pour ajouter à mi-voix d'un ton qui ne laisse planer aucun doute sur le sérieux de mes paroles:

"Autrement dit, je ferai en sorte d'éliminer les éléments susceptibles de mettre en péril notre mission, sans le moindre état d'âme. Je n'en suis plus à quelques morts près, même si je préférerais une élimination plus nuancée le cas échéant. Enfin bref, parlons d'autre chose."

Peu après, Yuralria entreprend de répondre aux questions posées, les yeux perdus au loin. Une étrange empathie s'insinue en moi à cette vision, perturbante, mais je n'ai guère le temps d'y songer avant qu'elle nous propose de manger, tout en continuant notre route ou en faisant une brève halte, à notre choix. Faëlis avoue qu'il préférerait une pause, tout en se déclarant prêt à manger en selle pour ne pas perdre de temps. Je me contente pour ma part de hausser les épaules en répondant laconiquement à l'Ishtar:

"Comme tu préfères."

Et de fait cela l'est pour moi, j'ai l'habitude des longues courses dans un environnement autrement plus rude que celui que nous parcourons, et pour l'instant mes pensées sont bien éloignées de ces considérations pratiques.

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Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Jeu 30 Juil 2015 18:27 
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Derrière nous, Kerenn et l'hinïon dont j'ignore encore le nom semblent faire ami ami. Rien qui me concerne, mais lorsque sindel commence à parler à voix basse, je fronce les sourcils. Ca ne me dit rien qui vaille. Je reporte rapidement mon attention sur Yuralria, qui me tend un très joli pendentif et m'explique ses effets. Grâce à lui je peux me rendre dans n'importe quel lieu déjà visité d'Elysian, mais seulement une fois par jour. Je suppose que le voyage du retour jusqu'à Ilmatar sera plus court.

Car nous y repasserons, à Ilmatar, et selon notre guide ils possèdent de très bons archers, ce qui me permettra de changer mon... machin. Comme pour illustrer les propos de l'Ishtar, l'elfe blanc me montre une arme de très bonne facture, un sabre qu'il dit tenir du général Jilian. J'ai déjà entendu ce nom... je suppose que c'est l'humain qui était si proche d'Aaria'Weïla... A cette pensée, mes dents se crispent légèrement, mais je me calme rapidement avant que cela puisse être noté. C'est peut être un con, mais Kerenn a raison, une certaine haine m'habite, et il m'est très difficile de la contenir.

Je chasse ces pensées de mon esprit rapidement, me reportant sur Yuralria, qui nous demande maintenant si nous voulons bivouaquer ou manger en selle. J'essuie le coin de ma bouche d'un revers de main, prenant conscience d'un petit morceau de fruit qui était resté collé à ma lèvre.

« J'ai presque déjà terminé de manger, » fais-je. « Et ça ne me dérange pas de continuer ainsi, j'ai l'habitude d'être à cheval. »

Mais l'hinïon n'est pas de cet avis, lui. Il préfère que l'on s'arrête, le pauvre petit. C'est pathétique, nous sommes venu sauver un monde et voilà que celui qui se présente comme étant notre ''protecteur'' se met à grincer dès que l'on fait plus de cent mètre à cheval...

Je laisse cependant mes remarques acerbes pour moi-même, ne me défaisant pas de mon masque d'impassibilité ; au début je pensais que nous formerions simplement un groupe désuni, mais depuis que les deux elfes se sont mis à se faire des messes basses, je suis suspicieuse. S'ils font front commun et que je suis la seule à être mise à l'écart, cela pourrait être très mauvais pour moi. Et si c'est cuit pour le sindel – et de toute façon je ne compte pas faire sa connaissance outre mesure, quand bien même j'aurais une chance de rattraper les choses – je ne me suis pas encore trop accrochée avec l'hinïon. Il est temps que je me fasse un ami, on dirait...

« Si Messire n'est pas en forme, je vote pour que nous prenions une pause également. Nous ne voulons pas que l'un des nôtres se retrouve trop fatigué pour combattre. Si un événement inattendu intervient, il faut que chacun de nous soit capable de réagir. »

Je ne veux pas éveiller de suspicion en me montrant trop chaleureuse d'un seul coup. Et puis... je ne suis pas bien certaine de comment l'on fait. Alors je vais jouer la carte de la camarade concernée pour la mission quelques temps, avant de me montrer plus amicale.

« Quel est votre nom, au fait, Hinïon ? » fais-je en me tournant vers l'elfe blanc.

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Jeu 30 Juil 2015 22:36 
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Il hurle la nuit ?


A mon soulagement, Kalas ne prit pas ombrage de mon comportement impulsif, voire enfantin, comportement de lutin quoi. Au contraire, tout enthousiaste, il me confia avoir apprécié le ballet aérien que moi et le choucas lui avions offert en spectacle. Bien qu’il s’agissait de la première fois que nous volions ensemble, je le commandais sans difficulté comme si une complicité s’était installée au fil des années entre nous, ce qui n’était pas le cas puisque je venais tout juste de le rencontrer. Je mis donc cette aisance sur le dos de ce monde mystérieux et aussi sur celui de ma transformation. Mes yeux de choucas me permettaient sans doute d’entrer plus facilement en relation avec un oiseau de cette espèce.

Tout juste avant de me faire voir ce qu’il semblait très impatient de montrer, il me donna quelques précisions afin de ne pas m’apeurer.


(Pourquoi j’aurais peur ?)

Il poursuivit en précisant qu’il s’agissait d’une partie de lui-même et qu’il voulait se montrer à moi dans son entièreté. Dans l’incompréhension et la confusion, je tirai sur les plumes du choucas et il ralentit aussitôt. La bouche ouverte, les sourcils relevés, je ne dis mot attendant la suite des explications ce qui ne tarda pas. Il rajouta qu’à la fin de sa démonstration il me donnerait le choix de monter sur son dos ou demeurer sur le choucas, précisant qu’il n’était sûrement pas évident de monter sur un loup, pour la première fois.

(Sur son dos ? Monter sur un loup ? Mais de loup, il n’aurait pas que les yeux ?)

Toutes ces questions et bien d’autres encore défilaient dans mon cerveau. Kalas avait à présent arrêté sa course et moi de même, ma monture faisant presque du surplace. Les yeux fermés, le jeune homme concentré se plaça sur ses genoux. Puis un peu comme dans un rêve il se transforma. Je vis d’abord un poil dru, noir et dense remplacer ses vêtements, ses bras s’allongèrent pour devenir des pattes avant, les ongles devenant des griffes pointues. Son corps s’allongea, ses jambes devinrent de puissantes et musclées pattes arrière et une longue queue touffue poussa à son arrière-train. Lorsque je portai mon attention sur son visage, il était déjà transformé; d’un visage à moitié camouflé par une capuche, on discernait à présent de longues oreilles, un long museau et de longues dents prêtes à vous croquer. Seuls ses yeux étaient demeurés identiques.

Je venais d’assister à un phénomène étrange et insolite qui me laissa sans voix. Je n’avais rien d’une trouillarde, et mon oncle Ricardo m’avait déjà raconté des histoires où des gens prenaient des formes animales, mais j’avais toujours pensé qu’il exagérait ou même qu’il inventait ça de toutes pièces afin de conserver un bon public. Donc, ma surprise fut grande lorsque Kalas se transforma en loup. La bête était magnifique, mais même si je savais qu’il s’agissait de mon nouvel ami, j’éprouvais une certaine crainte pour moi et le choucas de rester à ses côtés alors qu’il se léchait les babines.

(Ne dis rien et ne fais rien. Prend le temps de digérer ce que tu viens de voir, il va comprendre que tu as besoin d’un peu de temps. )
Me dicta ma Conscience.

Ne voulant chagriner Kalas par une réaction trop violente, je suivis le conseil de ma Conscience. Au bout de quelques minutes, après l’avoir vu gambader tout près du bouc sans en faire une bouchée, je me sentais prête à m’approcher.

Toujours en vol, tout près de lui, tout en me maintenant à une distance sécuritaire de sa gueule, je lui demandai :

« Vous est-il possible de communiquer sous cette forme ? »


La peur avait fait place à la curiosité, et mon sourire taquin refit enfin surface.


(((630 mots )))

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Ven 31 Juil 2015 10:04 
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Alors que je sens chaque parcelle de mon corps se dissocier d’elle-même à l’utilisation effective du pendant d’Uraj, je repense aux dernières paroles de l’esprit-loup du vent. Aaria connaîtra mon départ sitôt que je partirai. Qu’a-t-il voulu dire par là ? Qu’elle a une conscience certaine de tous les êtres présents dans sa capitale, et de l’endroit où ils se situent ? Cette hypothèse me fait un peu froid dans le dos. Ça serait un pouvoir puissant et un peu dérangeant, comme une sorte de base centrale de l’information, une sentinelle omnisciente qui surveille le moindre fait et geste de ses pairs. Je doute Aaria user de ce pouvoir de la sorte, si tant est qu’elle le possède bien. Mais la potentialité même est dérangeante moralement parlant. Ça expliquerait, en tout cas, la facilité déconcertante avec laquelle elle a découvert mes furetages nocturnes. À moins, bien sûr, que ce ne soit une sorte de télépathie entre l’esprit et sa reine. Et qu’il la préviendrait ainsi de mon départ, plutôt que d’user de moyens détournés comme je le proposais initialement. Ou alors, simplement, est-ce une promesse de la tenir au courant. Tellement de niveaux de langage différents, tellement de possibilités de compréhension.

Mais le processus de disparition est rapide, et le pendentif s’avère drôlement efficace. Aucune sensation de malaise, aucun vertige dû à une vitesse de déplacement vertigineuse, la téléportation se passe à merveille, laissant à peine ma vue se brouiller pour que les couleurs changent avant que ma vision se précise à nouveau.

Je suis devant les ruines du fluide, cette ancienne cité elfe grise qui a été détruite lors de la guerre des dieux, ainsi que tous ses habitants. Il est curieux, vu sa position stratégique autour du fluide menant à Yuimen, certainement bien connu des élémentaires, vu sa mise en évidence dans le corps de bâtiment, que les élémentaires n’aient pas reconstruit cette cité plutôt qu’une autre, lors de la phase de reconstruction. Était-ce malvenu davantage ici qu’ailleurs ? Peut-être aurait-ce été plus pertinent que de se saisir de cités autrefois humaines, passant pour des usurpateurs et voleurs d’identités. Mais ce sont des considérations qui ne peuvent que m’échapper : je ne m’y trouvais pas. Dès lors, comment juger sans connaître tous les éléments les actes du passé ?

Ici, rien n’a changé depuis la veille. Toujours les mêmes vieilles pierres, toujours le même silence pesant, à peine troublé par les sifflements de la bise d’altitude. Je parcours les ruines, m’éloignant du corps principal de bâtiments, en longeant une sente me dirigeant vers le nord. Selon ma vision, c’est là qu’Ixtli se trouve. Mon pas est pressé : je dois aller m’assurer qu’elle se porte bien, elle, seule et exténuée, souffrante peut-être, dans ces contrées sauvages. Le chemin me parait long, mais les lieux me semblent toujours familiers : les mêmes que dans la vision que le lupin m’a partagée. Je soupire d’aise, ainsi, quand je l’aperçois enfin, dans la même posture que me l’a laissée la vision : effondrée contre le sol, visage vers la terre, mains dans celle-ci, et corps tourné vers le volcan écumant fumerolles noirâtres.

Elle a l’air en vie, mais pas en bon état. M’approchant d’elle, des questions m’assaillent soudain. J’ai pensé, depuis que je l’ai vue ainsi, qu’elle aurait besoin d’aide, de mon soutien, de ma présence. Mais si ce n’était pas le cas ? Si elle me rejette une fois de plus de son indifférence, comme la veille au soir et ce matin où elle n’a même pas pris la peine de venir me saluer, trop pressée de rejoindre cet endroit où elle souffre désormais ? Je ne sais pas comment je pourrais réagir alors. Mal, sans doute, me dictent mes sentiments les plus primaires et bruts.

Je freine ma marche. Elle doit peut-être se concentrer… Elle veut peut-être être seule. Le doute s’empare de moi, de mon esprit. Il m’étreint, là où l’instant d’avant j’étais persuadé de bien agir en la supportant ainsi, en me montrant déterminé à l’aider et à me montrer présent et lui apporter toute ma considération.

(Tu doutes, toi ?)

Ça ne me ressemble pas. Pourquoi cette hésitation, moi qui suis habituellement sûr de moi, borné même parfois ? Ixtli a beaucoup d’influence sur mon être. Beaucoup plus que je n’aurais laissé quiconque avoir. Et en si peu de temps… Mais je ne le contrôle plus. Je ne le comprends pas, même. Aussi, je poursuis quand même mon action initiée, et m’en approche doucement avant de m’agenouiller à son côté, dans son angle de vision afin de ne pas la faire sursauter, l’effrayer de ma présence. Je pose une main légère sur son épaule, et d’une voix se faisant murmure, je m’adresse à elle.

« Ixtli. Je suis là, c’est Cromax. Est-ce que tout va bien ? N’as-tu besoin de rien ? »

Ce disant, je guette les alentours. Elle est sauve et ne semble pas blessée, mais les Crocs du monde ne sont pas une région paisible, et en ces temps troublés, bien de curieux oiseaux peuvent y voyager. Monstres sauvages ou ennemis encore secrets, humains détracteurs d’élémentaires ou… D’autres dangers que je ne m’imagine peut-être pas encore.

J’ai commis l’erreur de ne pas prendre de vivres avec moi à Ilmatar, mais il me reste dans mon sac une outre d’eau de la veille, ainsi que quelques fruits secs du désert de Saldana. Dattes et noix oblongues. Je les sors de ma besace pour les lui présenter.

« Tu as besoin de force, tu sembles exténuée. »

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Dim 2 Aoû 2015 16:23 
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Crocs du Monde – Vers Elivagar

    Marikani accepta les premières paroles d’Earnar d’un hochement de tête, puis écouta les suivantes avant d’y répondre.

    - Et bien, vous dresser la liste des animaux d’Elysian serait difficile… J’ai ouï dire que nous avons certains animaux en commun, comme les chevaux, mais je serais bien peine de dire lesquels... Elivagar possède une petite armée, oui, mais rien de très impressionnant comparé au nombre de soldat que les humains sont capables d’aligner… Quant aux armes, et bien, je l’ignore. Je suppose, oui, mais il faudra le leur demander à eux.

    Elle poursuivit, laissant son cheval les guider à son rythme sur les chemins des terres d’Ilmatar. Ils s’engageaient dans un petit sentier qui serpentait dans la forêt, descendant manifestement vers la plaine encore lointaine, visible en contrebas.

    - Une rencontre sera organisée avec Mahuizoh, l’esprit de l’eau, c’est lui qui vous apprendra à maîtriser vos capacités, à les empêcher de vous trahir.

    Il laissa un petit moment avant de poser sa dernière question, et Marikani laissa un certain temps passer avant de répondre. Plusieurs émotions conflictuelles passèrent sur son visage qui restait relativement fermé, car il s’agissait d’une question personnelle. Malgré tout, elle finit par lui répondre :

    - Nous sentons le drainage, il impact pour le moment plus nos capacités que notre corps directement, même si cela ne saurait tarder. Pour le moment, je me sens plutôt bien, merci.


Crocs du monde – Vers Niyx

    Ils cheminaient toujours dans la forêt et l’air se réchauffait légèrement alors qu’ils descendaient vers la plaine. Un doux soleil venait les réchauffer au travers des feuilles des arbres et un petit ruisselet serpentait sur leur chemin. Yura laissa les aventuriers discuter entre eux, mais lorsque Faëlis mentionna les aynore, elle releva les yeux avec éclat de curiosité, mais ne dit rien. A la place, elle laissa Faëlis poser sa question concernant l’arme qu’il possédait.

    - L’épée est faite de valko, un métal relativement rare que l’on trouve dans les montagnes d’Ilmatar et d’Erta’Ale, il est à la fois léger et solide, mais certains guerriers, ai-je entendu dire, le trouvent justement trop léger pour servir d’arme. Je suppose que cela dépend du style du bretteur.

    Au vu de l’ambiance qui pesait sur le groupe, et aux dernières remarques, Yuralria finit par déclarer, après un instant de réflexion :

    - Mangeons en selle, nous serons plus vite arrivés dans la plaine où nous pourrons dresser un camp pour la nuit.

    Joignant les mots à la parole, elle se pencha en arrière pour piocher quelques sacs dans ses paquetages et en sortit des fruits secs ainsi que de la viande séchée qu’elle proposa aux trois aventuriers.

    Elle mâcha quelques instants en silence, semblant perdue dans ses pensées, avant de relever finalement la tête vers les deux elfes.

    - A quoi ressemblent-ils, ces aynores ? Savez-vous grâce à quoi ils s’élèvent dans les cieux ? Jillian n’a pas su me dire…


Crocs du Monde – Ruines du fluide

    Ixtli ne réagit pas aux sollicitations de Cromax, comme si elle ne les entendait pas. Elle gardait la tête baissée et les yeux fermés, les mains toujours enfoncées dans le sol. Mais soudain l’un d’elle bougea pour se porter sur celle du Sindel, posée sur son épaule, et l’agrippa, comme dans un sursaut de douleur. Elle resta quelques minutes ainsi, sans plus réagir, quelle que soient les sollicitations de Cromax. Puis, tout à coup :

    - Des busards noirs… hoqueta-t-elle entre ses dents dans un mince filet de voix. Ils arrivent.

    Puis un dernier mot s’échappa, douloureux, qui pourrait passer inaperçu.

    - Merci…

    Mais sur ceux, quatre êtres s’élevèrent au-dessus de la frondaison. Ils possédaient des ailes qui leur permettaient de planer plus que de voler, terminée par trois étranges doigts griffus. S’ils possédaient une tête d’oiseau de proie, leur corps était relativement proche de celui des humains, quoi qu’orné de plumes. Ils étaient fort semblables aux glenas de Yuimen, bien que plus gros et entièrement noirs.

[Je te laisse rp le combat en libre, les bestioles vont essayer de s’en prendre autant à Cromax qu’à Ixtli et s’intéresseront encore plus à elle en voyant qu’elle ne répond pas à leurs attaques et ne bouge toujours pas.]


Crocs du Monde – Vers Barkhane

    A l’approche du loup, le cheval et le bouc s’agitèrent grandement et Birhû peina à les maintenir en place. Ils cherchaient à s’éloigner du canidé, qui leur inspirait manifestement une grande peur. Le cheval de Kalas roulait des yeux affolés, semblant ne pas comprendre qu’il sente la même odeur chez le cavalier et chez le loup.

    - Vous êtes un beau loup, commenta cependant Birhû, peinant toujours sur son bouc. Il y en a quelques meutes dans les alentours d’Ilmatar.

[Earnar – xp : 0,5 (post)
Faëlis – xp : 1,5 (post)
Kerenn – xp : 2 (post)
Pureté – xp : 0,5 (post)
Cromax – xp 1 (post)
Kalas – xp : 1,5 (post)
Guasina – xp : 1 (post)]


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Dim 2 Aoû 2015 18:18 
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Le sindel insista bien sur sa grande expérience. Ainsi, donc, il avait l'habitude de fort bien s'entourer et de supprimer quiconque risquait de le gêner dans sa mission. Élégance, diplomatie... ce type avait incontestablement la subtilité d'un brok'nud dans les rues de Darhàm. Mais bon, ses multiples cicatrices, si elles témoignaient du fait qu'il n'avait pas dû toujours être aussi bien entouré qu'il le disait, le fait qu'il soit toujours là indiquait qu'il avait survécu.

« Essayez juste de ne tuer personne une fois en ville... » gloussa l'elfe blanc.

Pour ce qui était de la question de savoir où manger, elle était bien sûr au-dessus des durs et fiers aventuriers qui, en digne fier à bras, n'en avait cure. Néanmoins, Pureté s'empressa de proposer de faire comme voulait Faëlis pour le satisfaire, ce qui confirma son hypothèse : elle était folle de lui ! Bon, il fallait désamorcer au plus vite, sinon, les problèmes iraient en s'accumulant...

Yura proposa de continuer jusqu'aux plaines, plus confortables pour faire un camp. Faëlis suivit donc stoïquement, malgré ses fesses douloureuses. Rien de nouveau à cela, en soi, mais la cause, elle, était inédite. Enfin ça dépendait. Chevaucher un cheval à en avoir mal était inédit, mais si on se limitait au premier mot, on restait dans l'ordinaire. Enfin bref. Il sourit à la semi-elfe qui souhaitait s’enquérir de son nom dans une tentative d'approche désespérée et répondit avec un air soigneusement distant sans être antipathique :

« Faëlis Nyris'Kassilian de Cuilnen, pour vous servir. Actuellement, je réside à la cour de Kendra Kâr. Vous venez d'où ? »

Voilà, peut-être lui faire comprendre qu'il était vraiment hors d'atteinte la calmerait ? Ah la la... c'était difficile, la vie de beau garçon !

Heureusement, Yura vint distraire la discussion. Après un temps de réflexion, elle expliqua que l'épée était en valko, un métal rare parfois considéré comme trop léger par les guerriers. Parfait, une arme de valeur pour un individu de valeur ! Heureusement, il ne comptait pas se trouver assez proche des ennemis pour avoir besoin de la tirer ! Mais bon, on n'est jamais trop sûr ! La belle poursuivit en s'intéressant aux engins volants sindel. Faëlis éclata de rire :

« Vous vous engagez sur une pente glissante, ma dame, les sindeldi sont aussi loquaces sur leur technologie que si on demandait des renseignements sur les fleurs de montagnes à une huitre ! »

De plus, il était fort probable que seuls les ingénieurs qualifiés soient capables de répondre. Cependant, puisqu'on en parlait, il lui venait quelques idées :

« D'ailleurs, puisque le fluide était dans une cité Sindel et qu'il était censé être dans le ciel... ça pourrait bien être eux qui l'ont amené... enfin, j'imagine que nous ne le saurons jamais... ais quand j'y pense, il y avait déjà des sindeldi sur notre monde quand ceux du vôtre ont disparu... le cataclysme a donc été si foudroyant pour qu'ils n'aient pas eu le temps de fuir vers Yuimen par le fluide ? »

Décidément, il y avait tant de choses à découvrir sur ce monde... rien que pour ça, il ne fallait pas qu'il disparaisse ! Cela dit, il doutait fort de trouver une quelconque information en discutant des anciens sindeldi... encore que... ils avaient été un peuple très belliqueux à une époque. Et ils venaient normalement d'un autre monde, et pas d'Elysian. Avaient-ils pu être la source des problèmes d'une manière ou d'une autre ? Volontaire ou non ? Bon, inutile de commencer à parler ouvertement de telles choses avec l'autre excité à côté. Pour l'instant, ils avaient vraiment trop peu d'informations...

(((605 mots, si c'est pas magnifique !)))

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
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Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 3 Aoû 2015 00:09 
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Hurlenuit. Ce n'était qu'un nom, mais il semblait dire tant de choses. Kalas se souvint avec fierté du jour où son maïtre lui avait donné une telle identité. Au sein de ce groupe, il était nécessaire de disposer d'un nom pour chacune des formes de métamorphoses. Oslight était Loup-Blanc, Donnel fut Maître-croc, Karys avait été Fier-Patte et la belle Milana est morte en tant que Croc-de-Lys. Mais Kalas, pendant son apprentissage, disposait d'un nom plus... représentatif de son statut d'apprenti-Shaman. Ses compagnons l'appelait Dent-de-Lait, jeune louveteau et nouvelle recrue de la Meute. Porter un surnom pareil ne l'avait pas dérangé, conscient que son rang méritait ce genre de railleries de la part de autres. Malheureusement, les autres Shamans sont décédés en se souvenant de lui sous ce nom et seul son maître avait pu le quitter en le faisant accéder au rang de véritable Shaman de la Meute.

Les souvenirs de son ascension étaient encore douloureux pour le jeune homme, toujours hanté par cette nuit fatidique. Lui et Milana étaient partis pour la journée, la belle femme des forêts ayant été forcée de s'occuper de son apprentissage après une querelle avec Oslight. Elle lui apprenait ce que chaque louve enseignait à son petit, donnant conseils et informations sur les petites choses à savoir. Pour Croc-de-Lys, la forêt était un immense terrain de chasse et tous les éléments autour d'elle la proie à attraper. Ses derniers enseignements restaient toujours dans l'esprit du jeune louveteau, trop studieux pour oublier ce qu'il apprenait.

(Tu es un prédateur. Rien ne doit t'effrayer, même plus fort que toi. Et si malgré ta volonté, tu cèdes à la panique, restes le menton haut et le regard assuré. Garder la tête froide en toutes circonstances est un avantage certain sur tous les terrains, de la chasse au combat, de la diplomatie à l'intimidation et même lorsque l'amour survient. Tu es un mâle, alors montre le moi, Dent-de-Lait.)

L'amour. Un sentiment bien mal maîtrisé par le jeune homme. Que ressentait-il pour la louve aux yeux de lys ? Il avait été incapable de lui dire, mais certainement pas d'agir. Aussi, quand ils repérèrent des traces étranges et que Milana lui somma de rester en retrait pendant son inspection, Kalas sentait au fond de lui qu'il avait du mal à la laisser seule. Et lorsque elle hurla au désespoir, son cœur ne fit qu'un bond. Celle qu'il aimait était en danger et c'était plus que suffisant pour que le jeune louveteau accoure pour la secourir. Elle combattait une immense bête aux allures de loup ténébreux, trop immense et assoiffée de sang pour être le fruit de la nature. Ils tentèrent de s'enfuir, Kalas retardant la bête autant qu'il le put, mais ce qui devait arriver arriva. L'abomination dévora presque le mage vivant et transperça droit dans le coeur Croc-de-Lys de son étrange lame allongeant son menton. La sensation qu'avait éprouvé Kalas à ce moment-là était trop difficile à décrire et impossible à imaginer. La Meute vint à la rescousse alors qu'elle s'apprêtait à dévorer le cadavre encore chaud de la jeune femme, repoussant la bête grâce à une riposte parfaitement synergique. Mais le mal avait été déjà fait. Plusieurs instants après, le jeune mage sentit son corps changer à tout jamais, entamant le long et douloureux processus de transformation. Personne ne compris ce qui était à l'origine d'un tel phénomène, mais Oslight et Donell avait omis la possibilité d'un rapport avec un sombre pouvoir semblable à ceux de Thimoros, ce dieu cruel et perfide. Quoi qu'il en soit, le désordre et le chaos s'installèrent et la Meute perdit ses membres peu à peu. Maître-Croc fut empalé par Loup-Blanc alors qu'il s'apprêtait à tuer le jeune loup, Karys fut mystérieusement atteint par le même mal que Kalas et se transforma en la même immondice qui avait tué Milana et Oslight se sacrifia en ordonnant à Kalas de partir alors qu'il venait à peine de se réveiller, incapable de comprendre ce qu'il se passait. Les souvenirs étaient floues après de tels événements. Le jeune loup avait fui comme son maître le lui avait ordonnée et...

"Vous est-il possible de communiquer sous cette forme ?"

Revenant à la surface, Kalas tourna la tête vers Guasina qui l'interpellait sur son oiseau. Le curieux sourire de la lutine lui rappela qu'elle venait d'assister à quelque chose de particulier pour un être peu au fait de ce genre de métamorphose. Il répondit donc à sa question par un hochement négatif de la tête, lui faisant savoir par la même occasion qu'il était capable de la comprendre. De part la distance qui les séparaient, Kalas comprit qu'elle tenait malgré tout à garder quelques mètres entre sa mâchoire et le petit oiseau qui lui servait de monture.

A côté de lui, le cheval du jeune homme et le bouc que montait Birhû commencèrent à paniquer de part la proximité avec un de leurs prédateurs. Kalas n'avait pas pensé à eux et il s'en excusa intérieurement, lui n'ayant pas l'habitude de se transformer avec autant de monde autour de lui.

(Quel imbécile je fais... Heureusement que Birhû parvient à les retenir. Sans quoi, j'aurais l'air bien idiot d'avoir faire fuir notre unique moyen d'arriver rapidement à Barkhane. Je vais m'éloigner un peu pour rassurer les bêtes.)

Aussitôt pensé, le loup s'éloigna de quelques mètres, toujours capable d'entendre ses compagnons de voyage parler normalement grâce à son ouïe plus sensible que la normale. En s'écartant, le jeune homme capta les paroles flatteuses de l'élémentaire à propos de sa forme animale. Il fit également référence à la présence de quelques meutes de loup à proximité de la cité d'Ilmatar, mais n'apporta pas davantage de précisions à leur encontre.

(Ainsi, le loup est un animal à peu près commun sur Elysian. Il est bon de savoir que je n'aurais pas à expliquer ce que je suis à chaque individu que nous croiserons au cours de nos visites. J'apporterais plus d'attention à ces meutes lors de mon retour à Ilmatar, quand j'utiliserais le pendentif magique. Pour l'heure, occupons-nous de cette adorable lutine qui a l'air impatiente de faire une balade avec moi !)

D'une rapide foulée, le loup prit plusieurs mètres d'avance et s'arrêta sur le bord de la route avant de se tourner vers le groupe. Il prit un air attendrissant, les yeux grands ouverts et la langue pendante en haletant comme un chien trop heureux de se promener, puis fixa la lutine pour lui faire comprendre qu'il allait courir à travers les arbres et qu'elle pouvait se poser sur son dos, lui laissant le temps d'y réfléchir jusqu'à ce que la compagnie le rattrape dans l'avance qu'il avait prit.

((1108 mots))

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 3 Aoû 2015 19:04 
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Lorsque je demande à l'elfe blanc son nom il en profite pour me raconter sa vie, comme si je lui avais demandé sa biographie, alors que je voulais juste arrêter de l'appeler ''l'hinïon''. Il me semble presque plus prétentieux et égocentrique qu'il n'en a l'air, ce qui me semble tout juste possible tant un sentiment de supériorité transpire de sa personne. Soucieuse de m'en faire un ami plutôt qu'un ennemi – histoire de pouvoir faire front commun si jamais Kerenn recommence à me chercher des noises mais d'une manière plus... brutale – je retiens cependant avec difficulté une remarque acerbe pour lui demander de faire court. Pour couronner le tout, il a la ''politesse'' de me retourner la question qu'il croit que je lui ai posé, me demandant d'où je viens. Je lui ai demandé son nom et cet idiot croit que l'on doit se raconter nos vies respectives. Décidément, il est difficile d'être diplomate, surtout avec des idiots pareil.

De plus, répondre à cette question est délicat. D'où je viens ? C'est une bonne question. Je suis née à Kendra Kâr, et j'y ai passé presque l'entièreté de mes quinze premières années, mais je n'ai presque aucun souvenir de cette pathétique époque de ma vie. Après cela, j'ai passé mon temps à voyager, allant d'un point à un autre de la carte, dormant la plupart du temps en dehors de l'enceinte des villes, à la belle étoile ou dans un abri de fortune. L'endroit où j'ai passé le plus de temps, cependant, est Tulorim, ou du moins ses environs. S'il devait forcément y avoir un endroit que je doive appeler ma maison, je suppose que ce serait là. Mais la vérité c'est que je n'ai pas de maison, pas de patrie, les seules choses qui ont guidés ma vie sont Phaïtos et Equilibre. Et la mort.

« De nulle part en particulier, » lui réponds-je, sans m'appesantir sur la question, espérant qu'il n'insiste pas.

Après cela, heureusement, Yuralria prend la parole, expliquant à l'elfe l'histoire de son arme et me permettant d'échapper à une potentielle conversation sans intérêt et interminable.

Elle décide, à grande joie, d'ignorer mes conseils, nous permettant de continuer la route sans prendre en compte les muscles endoloris de l'ahuri sans que je ne passe pour égoïste. J'attrape un ultime morceau de viande sèche dans mon sac de provision et le grignote sur le chemin, tout en refusant l'offre de l'Ishtar qui semblait vouloir partager son dîner.

Après quelque temps, celle-ci s'adresse finalement à Kerenn, lui demandant des informations sur les aynores, ce à quoi Faëlis répond par une plaisanterie sur la loquacité des sindel concernant leur technologie, m'arrachant, malgré-moi, un léger sourire. Il est vrai qu'ils ne sont pas réputés pour distribuer leur science aux premiers venus, ce qui a, à mon avis, plus à voir avec leurs grandes fierté et prétention qu'avec une nécessité absolue.

Je retiens un « nous ne sommes pas digne de le savoir » à l'attention de Yuralria pour ne pas provoquer Kerenn ; c'est tentant, mais je préfère ignorer sa présence pour le moment, sinon les autres vont finir par mettre la faute de notre querelle sur mon dos.

Je profite que l'Ishtar ait relancé une conversation pour poser quelques autres questions.

« Combien de temps est-on censés rester à Niyx, à peu près ? Je doute que nous apprenions à contrôler le muutos en une demi journée, sinon nous serions restés à Ilmatar, mais cela vaut-il vraiment le coup de perdre tout ce temps pour ça ? Est-ce que c'est si important de le contrôler ? De toute façon nos espèces sont éteintes, donc ce n'est pas comme si nous pouvions passer inaperçus. »

Encore une fois, plus je pose de questions, plus il m'en vient. C'est le problème d'un monde inconnu comme celui-ci, nous ne connaissons absolument rien, et nous devons ré apprendre tous les détails qui nous semblaient naturels sur Yuimen.


(((655 mots)))

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Lun 3 Aoû 2015 20:06 
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La réplique de Faëlis me fait grimacer un sourire et hausser les épaules, je lui réponds avec une certaine ironie:

"Ce sera une première, le défi est de taille."

J'écoute ensuite questions et réponses, jetant un regard curieux à l'arme de l'Hinïon lorsque l'Ishtar nous explique de quel métal il s'agit et d'où il vient, puis après que Yuralria ait décidé de poursuivre notre route, j'accepte en la remerciant d'un simple hochement de tête la nourriture qu'elle me tend. Je m'écarte un peu du groupe et me sustente tranquillement, laissant mes pensées vagabonder parmi le flot d'informations que nous avons reçues depuis notre arrivée sur Elysian. Difficile de savoir ce qui est important et ce qui ne l'est pas, dans le mesure où nous ignorons ce que nous cherchons précisément, mais quelques ébauches de pistes s'esquissent tout de même, encore trop nombreuses en réalité pour que nous ayons une chance de toutes les vérifier avant l'échéance fatidique. Il nous faut donc réduire les hypothèses, en trouvant pour chacune quelques points précis aisément vérifiables afin de réaliser un premier tri grossier. L'idéal pour cela serait de réunir tous les intéressés et d'en parler ensemble, une douzaine de têtes auront toujours plus de connaissances, et plus diversifiées, qu'une seule, mais cela sera-t'il possible? Il est probable que certains préfèrent partir pour Illyria immédiatement après avoir rencontré l'un de ces fameux esprits, et le temps nécessaire pour cette rencontre n'est pas le même pour tous puisque certains, comme nous, ont de la route à faire.

Yuralria me sort de mes pensées par sa question concernant les Aynores et leur mode de fonctionnement, à laquelle un Faëlis ironique répond aussitôt que mon peuple n'a pas pour habitude de divulguer ses secrets. Il évoque ensuite le fluide par lequel nous sommes arrivés, son déplacement, et manifeste son étonnement qu'aucun Sindeldi d'Elysian n'ait survécu au cataclysme, une nouvelle qui m'avait également fortement surpris lorsque je l'avais apprise. Mais comme le disait très justement Faëlis, la pente est glissante car il est des choses qui ne se révèlent pas, et pour moi elle l'est doublement parce que ma mémoire incomplète ne me permet plus de savoir avec certitude ce qui est divulguable et ce qui ne l'est pas. Enfin, la question première serait déjà de rassembler ce que je sais à propos des Aynores et de leur fonctionnement, aussi, sourcils froncés de concentration, je plonge quelques instants dans ma mémoire.

"Naë Ressindi". "Mille couleurs". Une cité magnifique, que je n'ai fait qu'entrapercevoir en réalité, une unique fois, mais je me souviens de l'éclat de ses coupoles, de son aspect bariolé et surtout d'un lieu dont je sais que je ne dois pas le mentionner. Un cours, l'un des derniers des cinq années du passage rituel. Une voix sèche, hautaine, qui assène:

"Vous faites dorénavant partie des troupes d'élite du Royaume du Naora. En clair, vous serez affectés dans les zones critiques, ce qui peut vous amener sur d'autres mondes, et parfois derrière les lignes de l'ennemi. Vous serez peut-être confrontés à des technologies étrangères, armes, véhicules ou autres, d'une importance stratégique capitale. Vous allez donc devoir apprendre quelques rudiments de notre propre technologie, qui vous permettra j'ose l'espérer de vous comporter intelligemment en cas de trouvaille importante. Rappelez-vous que nul peuple n'a notre niveau technologique. Ce que vous rencontrerez sera forcément plus primitif, n'importe que Sindel digne de ce nom est donc en mesure de le comprendre."

Avait suivi un long exposé sur la technologie des fluides, touffu mais assez bien construit et résumé pour que je parvienne à me souvenir de l'essentiel, du moins j'en ai l'impression. Rien de plus que de bonnes notions de base évidemment, mais c'est sans le moindre doute beaucoup plus que n'en savent mes compagnons. Seulement, ce savoir fait partie des secrets militaires Sindeldi, alors puis-je ainsi les divulguer sous prétexte que cela pourrait éventuellement être utile pour notre quête? Tout dépend à qui, en réalité. Et dans le cas présent... J'effectue un rapide tri pour supprimer de ma réponse tout élément vraiment sensible et réponds enfin à Yuralria:

"Les Aynores ressemblent à des coques de navires entourés d'un anneau fluidique vertical en leur centre, maintenu par quatre bras métalliques. Ils fonctionnent grâce à l'énergie des fluides, mais je ne puis en dire plus dans l'immédiat, ce sont effectivement des informations qu'on ne donne pas à n'importe qui. Toutefois, je pourrais t'en parler plus amplement en privé si tu le souhaites, il n'est pas impossible que cela amène un certain éclairage sur ce qui vous préoccupe."

Un instant de silence, puis je laisse échapper pensivement:

"Une disparition pure et simple de mon peuple sur cette terre me semble également très étonnante. Notre terre d'origine, Eden, a été ravagée par un déséquilibre des fluides primordiaux, et pourtant les Sindeldi ont réussi à gagner Yuimen, et sans doute d'autres mondes, comme celui-ci par exemple. Si tel est le cas, ils ne pouvaient pas avoir oublié Eden, et certainement pas notre technologie ou notre protectrice. Certains ont dû survivre...rien d'impossible pour nous dans le fait de se dissimuler pendant quelques millénaires si nécessaire...de là à penser que mon peuple pourrait exister encore quelque part ici et être à l'origine de ce drainage...il n'y a pas longue route."

Une question me vient soudain à l'esprit suite à celle de la gamine, qui assène comme ça sans rien en savoir au fond que nos espèces ont disparu et qu'il n'est donc pas important de maîtriser notre muutos. Est-elle idiote ou fait-elle exprès?! Je fais simplement remarquer d'un ton neutre:

"A part les élémentaires, aucun peuple ici ne possède de fluides. Ce qui est possiblement une cause de jalousie voire de rancune et certainement de peur pour certains. Alors comment serait accueilli un être inconnu enveloppé de fluides visibles chez un de ces peuples, à ton avis?"

Puis je demande à Yuralria:

"Les Elfes qui habitent à Aetelrhyt, à quoi ressemblent-ils? Et les Lutins, sont-ils similaires à celle qui est venue de Yuimen avec nous?"

(1073 mots)

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


Dernière édition par Kerenn le Jeu 6 Aoû 2015 16:54, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mar 4 Aoû 2015 16:20 
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Crocs du Monde – Vers Niyx

    Aux paroles de Faëlis, Yuralria répond :

    - Nous avons remis le sort de nos peuples entre vos mains, la pente est tout aussi glissante, répond-elle sérieusement en le regardant droit dans les yeux. Mais je comprends cependant votre réticence, j’ignorais que le sujet était aussi sensible et ne vous demandais pas de divulguer quelque chose de délicat. Mes excuses.

    Cependant, elle hoche la tête en direction de Kerenn, à sa réponse, un léger sourire revenu sur ses lèvres, comme si elle se sentait mieux de voir leurs échanges houleux se tarir.

    - Je serais ravie d’en apprendre plus sur cette technologie, si jamais tu acceptes et peux m’en dire plus.

    Aux questions de Pureté, l’Ishtar ouvre la bouche pour répondre, mais Kerenn la devance et elle ne peut qu’acquiescer à ses propos.

    - En effet, les fluides que nous possédons sont cause de jalousie et de rancunes, et vous montrer ainsi ne ferait qu’accentuer les craintes à votre égard, comme c’est le cas pour nous. De plus il me semble logique d’apprendre à maîtriser cette capacité qui est votre, je doute que même sur votre monde natal vous soyez bien reçue en présentant une telle étrangeté. Cependant, n’ayez crainte, vous n’aurez pas à rester bien longtemps à Niyx, une journée tout au plus le temps que vous rencontriez les esprits.

    La jeune femme à la peau irradiant d’une douce lumière répond finalement à la dernière remarque de Faëlis, concernant les Sindeldi et leur fin sur Elysian.

    - Les ruines du fluide se trouvent drastiquement proche d’Erta Ale, le volcan qui explosa et dévasta sous les cendres une grande partie du continent. Un évènement d’une puissance telle que celui qui les emporta est difficile à se figurer, même pour nous…

    « Imaginez une explosion à même de ravager la moitié d’une montagne. Dont les roches libérées s’éjectent de toute part avec une force suffisante pour que le panache s’élève à plus de quarante ou cinquante kilomètres au-dessus du volcan, tandis que de part et d’autre des monceaux de roches et de cendres incandescentes dévalent les flancs restants de la montagne, brûlant, détruisant tout sur leur passage en l’espace de quelques minutes. Mais ces coulées sont précédées d’une force tout aussi puissante bien qu’invisible, un blast annonciateur de fureur et de destructions. Une onde de choc ne laisse guère d’espoir de survie, cependant, là n’est pas tout qu’à toutes ces puissances s’ajoutent des tremblements de terre et des retombées de cendre ignées. L’éruption de l’Erta Ale n’était rien à côté de ce que nous avons vécu. Rien.

    Sa voix est légèrement voilée par sa description de l’évènement, et ses mains serrent les rennes de sa monture, jusqu’à ce que ses jointures blanchissent. Ses yeux se baissent, regardant le sol.

    - Tout ce qui se trouve autour de nous n’existait plus, voici près de deux milles ans, ce n’était qu’un amas de pierres et de cendres chaudes. Pensez-vous que quiconque ait pu survivre à ceci ?


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Kerenn - xp : 1,5 (post)
Pureté - xp : 1 (post)
Kalas - xp : 1,5 (post)]


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mar 4 Aoû 2015 18:58 
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Kerenn semblait redouter de causer quelques pertes en effet... décidément, cet homme aurait bien besoin d'un peu de détente ! Et pour ce qui est de connaître l'origine de Pureté, celle-ci, visiblement choquée par la distance qu'il avait placée entre eux, se contenta de répondre qu'elle ne venait de nulle-part en particulier... La pauvre... S'il y avait bien une chose que Faëlis détestait, c'était briser des cœurs. Mais il fallait s'y faire. Il ne pouvait satisfaire tout le monde, mieux valait couper court au plus vite...

« Ne vous inquiétez pas, tout finira par s'arranger... » murmura-t-il d'un ton compatissant.

Pendant ce temps, à la surprise générale, le sindel entreprit de raconter ce qu'il savait des engins volants, sans entrer dans les détails, bien sûr, car il affirmait préférer en parler en privé. L'hinion laissa échapper un sifflement admiratif :

« Votre beauté, dame Yuralria, a réussi à faire plus que la convoitise de tous les peuples de Yuimen au fil des millénaires ! »

Cela dit, le sindel, convaincu de la supériorité de son peuple, se demandait comment son peuple avait pu disparaître aussi radicalement. Il est vrai que se débarrasser des elfes gris n'était pas si facile ! Oaxaca s'y essayait depuis longtemps et son succès était plus que mitigé. Faëlis avait entendu parler des récentes batailles. La mort du roi et de l'essentiel des héritiers... le seul restant se trouvait à la cour de Kendra Kâr, il avait assisté à ses fiançailles... Les sindeldi n'étaient maintenant plus au mieux de leur forme, subissant même des invasions sur leurs propres terres, quoique Faëlis ignorât comment une telle chose était possible sans qu'aucune marine n'ai réussi à arrêter une flotte d'invasion de la terrible reine noire. Bref... d'ailleurs, il faudrait se renseigner sur ce que pensait Kerenn du prince Naémin.

Pendant ce temps, Yura continuait à répondre aux questions, expliquant entre autre l'importance de masquer leur aspect élémentaire aux peuples ordinaires. Pureté, bien sûr, ne semblait pas vraiment comprendre la situation ! Heureusement, Yura pourrait peut-être lui éviter de commettre des impaires... Elle parla également du cataclysme de jadis, lorsque le monde avait été ravagé par l'Erta Ale. Son visage sembla se crisper douloureusement tandis qu'elle parlait de la terrible éruption qui avait ravagé et carbonisé les alentours en quelques instants. Des nuées de cendres et des coulées de lave. Des catastrophes inimaginables qui avaient déferlé sur des milliers de vies innocentes. Non, les sindeldi n'avaient eu aucune chance d'en réchapper. Et s'il fallait en croire toute cette histoire de drainage... cela allait recommencer. Mais... tout cela était étrange... Elle parlait pourtant de cette éruption comme n'étant rien par rapport au reste de ce qui avait été vécu, les mains crispées dans une douleur que seul un souvenir ou une profonde empathie pouvait produire... L'hinion baissa la voix, soudain plus grave. Il ne savait pas trop comment s'y prendre mais la question lui brûlait les lèvres. Il devait vraiment savoir !

« Pardonnez-moi de vous avoir remémoré de si tristes événements, ma dame... Je ne voulais point vous heurter et je comprends bien que c'était là chose terrible... mais dites-moi... vous en parlez comme si vous l'aviez vu... Pourtant, ces événements sont censé être fort vieux ! Comme une telle chose est-elle possible ? »

Il savait que les élémentaires pouvaient vivre fort longtemps, mais à ce point ? Bon, ce n'était pas miraculeux non plus. Il serait lui-même toujours là dans deux mille ans, quoiqu'un peu moins jeune et beau, si tant est que sa beauté puisse être amoindrie.

(((591...)))

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mer 5 Aoû 2015 12:23 
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Immobile, elle ne me répond pas, elle ne répond pas à mon contact sur son épaule. Pas même par un tressaillement. Yeux fermés, tête baissée vers le sol, elle reste prostrée, comme si souffrance et concentration s’étaient mêlées. Elle ne saisit pas mes vivres, que je range momentanément dans ma besace avant de reporter mon attention sur elle. Que fait-elle, exactement ? Son pouvoir est-il si puissant qu’il œuvre malgré tant de distances sur le volcan fumant ? Pourquoi ces ruines dangereuses, et non le confort d’Ilmatar pour œuvrer de la sorte, dès lors ? En vérité, j’ignore même jusqu’à la nature de ses pouvoirs et de ses intentions vis-à-vis de ce géant de roche et de lave. Éviter qu’il atteigne les eaux, m’a dit Aaria’Weïla. Mais d’eau, je n’en vois goutte ici, au sommet des Crocs du Monde. Mais je ne peux lui demander : elle ne m’entendrait pas… Comme si elle était elle-même inconsciente.

Puis, soudain, sans que rien ne l’explique, elle sort sa main de terre pour la plaquer, crispée, sur celle que j’ai posée sur son épaule. Comme on agrippe la main d’un ami pendant une douleur vive. Elle reste contractée, dure, et je tente de connaître la raison de ce changement abrupt.

« Que se passe-t-il ? »

Aucune réponse. Comme quand elle était vers le sol, elle reste silencieuse, le visage fermé. De longues secondes s’égrainent ainsi sans qu’il ne se passe rien, sans que j’ose bouger ni qu’elle n’initie elle-même le moindre mouvement. Je respecte ce silence, même si j’en ignore la raison. Je ne sais que faire, de toute façon.

Et soudain, sa voix se fait entendre, faible, entre ses lèvres à peine ouvertes. Elle évoque l’arrivée prochaine de créatures nommées busards noirs. Ils me sont inconnus, mais vu son ton, ça n’a rien d’une bonne nouvelle. Des ennemis. Là, je sais que faire. Défendre et protéger, tuer pour survivre. Voilà un domaine qui est mien, bien plus que la magie qui contrôle et apaise les volcans. Je redresse la tête, sans rien apercevoir encore, mais alors que sa main glisse de la mienne, étreinte de faiblesse, un dernier mot coule de ses lèvres, enhardissant plus encore ma ferveur protectrice. Elle me remercie. Elle approuve ma venue. Et alors que je me redresse, la laissant agenouillée, faible, au sol, quatre silhouettes sortent des bois, planant dans notre direction. Je pointe mon regard dans leur direction, plissant les sourcils pour mieux les voir arriver. Jamais je n’ai vu de telles créatures. Elles sont semblables à des oiseaux, arborant une tête de rapace et deux grandes ailes à l’envergure large et au plumage noir de jais. Mais la comparaison s’arrête là, puisqu’elles sont aussi, étonnamment, humanoïdes. Dotées de jambes, elles se posent toutes quatre à bonne distance, nous lorgnant de leurs yeux carnassiers. Leurs ailes sont maintenues par des bras terminés par trois longs doigts griffus. Leur arme principale, avec leur bec acéré fait pour arracher la chair. Une bien étrange créature, de la taille de ces êtres rustres et rudes vivant sous terre dans mes contrées : les Thorkins.

Dégainant mes deux lames, sous la forme de deux rapières jumelles, en vue d’un équilibre de combat parfait, je me dresse entre ces busards noirs et Ixtli, toujours à genoux. L’intimidation sera ma première arme… Sait-on jamais qu’ils soient impressionnables. Je lève mes bras armés et les remue en les alpaguant vivement :

« Foutez le camp, oiseaux de malheur, corbeaux de tempête. Retournez d’où vous venez ! »

Les quatre silhouettes, immobiles, ne cillent même pas. Leurs yeux d’or, à la pupille verticale fendue, me regardent avec plus de ferveur. Je n’en attendais pas moins, en vérité. C’aurait été trop simple qu’ils prennent peur si facilement. Intelligentes ou non, ces créatures sont plus nombreuses, et donc potentiellement en position de force. L’une d’elle piaille de son bec, et émet un claquement sec. Les quatre s’envolent aussitôt, prenant difficilement de la hauteur en s’écartant l’un de l’autre. Je lève les yeux, tentant de suivre leur ascension. J’en suis totalement conscient : ils ne fuient pas. Ils prennent de l’élan pour attaquer plus fermement.

Je me campe sur mes pieds, en position défensive, prêt à recevoir leur assaut. Et il ne tarde pas à venir. Tour à tour, avec une seconde d’intervalle à peine, ils plongent dans ma direction, fondant sur moi comme sur une de leur proie. Je protège Ixtli de mon corps, faisant front pour la protéger : elle ne leur est pas accessible. Mais ils sont vifs et rapides. La force emmagasinée par la chute libre rattrapée à ras de sol en ouvrant subitement leurs ailes noires est grande. Pattes postérieurs en avant, serres immenses déployées dans ma direction, je me prends ce quadruple assaut de plein fouet. Si je parviens à écarter de mes lames les deux premiers, non sans me faire bousculer, le troisième me percute de ses pattes et referme sur mon armure ses serres tranchantes, m’emportant avec lui sur plusieurs mètres avant de me lâcher sur le sol, brusquement. Un vol plané de dos qui finit sur mes fesses, sans trop de mal sinon d’avoir été secoué sérieusement. Mais je n’ai le temps de me redresser que le quatrième est déjà sur moi. Je protège mon visage de mes lames, mais il parvient à m’arracher la rapière de Phaïtos en m’écorchant le bras, déchirant la sangle de mon brassard kendran.

L’arme virevolte et va se planter plus loin dans le sol alors que je me redresse d’un bond leste, lorgnant les cieux pour repérer mes ennemis. Une ombre passe devant le soleil, menaçante : un nouvel assaut se prépare. Mais cette fois, je ne me laisserai pas avoir si facilement. Fronçant les sourcils, crispant les mâchoires, je change mon arme en fouet, que je claque dans les airs alors que le busard géant fond à nouveau sur moi. Il ne se laisse pas impressionner, mais un sourire mauvais marque mon visage : je compte bien qu’il se rue sur moi comme précédemment. Et il le fait. Mais cette fois, j’agis avant qu’il ne soit sur moi. J’envoie mon fouet d’un mouvement rotatif saisir ses pattes en plein vol. Sentant ses pattes se faire capturer par l’arme souple, il donne un puissant coup d’ailes pour interrompre son piqué. Le fouet se tend, et si je me sens soulevé une fraction de seconde, je sais que je dois maintenir une prise ferme. Je tire sur ma prise avec force, et l’oiseau s’écrase au sol, à plat ventre, libérant ses pattes de mon fouet, et me faisant recouvrer l’équilibre.

Un gémissement plaintif attire mon attention derrière moi. Je me retourne prestement. Ixtli s’est fait renverser par l’assaut d’un des quatre, qui la surplombe maintenant en s’apprêtant à lui donner des coups de ses longs doigts crochus.

« Non ! »

Emporté par leur premier assaut, je ne suis plus en couverture pour la jeune ondine. Et elle en paie le prix. Elle n’a pas la force de se défendre par elle-même, trop épuisée. Faible, elle est la proie facile qu’ils attendent. Trop loin pour agir directement, je me baisse vers le sol pour ramasser une pierre qui se loge parfaitement dans ma paume. Je l’envoie avec force vers l’oiseau noir, et elle lui percute le dos. Un piaillement aigu se fait entendre, et il se tourne vers moi, apparemment courroucé… Si tant est que l’on puisse détecter le courroux sur un tel animal. Mon plan fonctionne : j’ai attiré son attention. Aussi, arme changée en épée bâtarde, je me rue vers lui sans tarder. Mais… j’ai fait l’erreur d’oublier ses pairs, qui des cieux fondent de concert sur moi par derrière sans que je ne m’en protège. Ils m’agrippent les bras et me soulèvent du sol en m’emportant dans leur vol, avant de me lâcher quelques mètres plus loin. Surpris, je ne peux assister qu’impuissant à ma propre erreur. Par chance, mes bottes et mon agilité naturelle me permettent de réceptionner la chute sans trop de heurt. Ainsi, mes os ne se brisent pas, et je culbute vers l’avant, forcé tout de même de lâcher mon arme dans le mouvement. Remué, plein de terre sèche, je me redresse tout de même vivement, et me rue sur mon arme au sol pour la ramasser. Mes deux assaillants, fiers de leur coordination, ont préféré me délaisser pour se saisir de l’opportunité d’une cible plus facile, avec leur confrère que mon roc n’a que peu tourmenté, au final. Ils se réunissent tous trois, tels des vautours avides d’une charogne, autour du petit corps prostré d’Ixtli, prêts à la découper de leurs griffes acérées.

Cette propension à s’attaquer au faible d’abord commence à m’irriter, et ramassant mon arme, je la change en une lance de jet à la pointe acérée. Emporté par mon élan, je continue ma course vers eux en envoyant mon arme sur celui qui est le plus proche. La lance vole dans les airs et le cueille au centre du dos, dans la colonne vertébrale. Figé par la douleur et la mort, il s’effondre en avant, droit sur Ixtli, alors que je continue de me ruer sur les deux autres qui se tournent vers moi. Désarmé, je n’en garde pas moins mon élan et ma fougue. Hors de question qu’ils touchent un cheveu de l’ondine. Je suis son protecteur, son défenseur. Et à chaque foulée large et rapide, assurée, je hurle ma rage pour leur voler dans les plumes.

Me servant de mon corps comme d’une arme, je me projette vers eux sans retenue, bondissant tel un fauve sur cette masse plumeuse. L’un m’esquive, mais j’emporte l’autre dans ma chute, et nous roulons l’un et l’autre sur le sol, dans une pagaille sans nom. Je ne suis pas doué au corps à corps sans armes, et je le sais. Mais je devais agir. Je me relève une fois de plus avec fougue, et laissant un temps de retard à l’oiseau fourbu par les roulades, fonce à nouveau vers Ixtli, où le busard se penche sur son pair défunt pour l’écarter de la jeune Aigail. Une fois de plus, je bondis… mais pas pour emporter l’ennemi avec moi cette fois. Je récupère habilement mon arme dans la colonne vertébrale du vaincu, et en un mouvement rotatif horizontal, alors qu’elle se change en sabre tranchant, je l’abats sur le cou du busard noir, qui se sépare de son corps. L’adversaire étêté choit sur son confrère, éparpillant son sang sur Ixtli, mais n’étant plus un danger pour elle.

Encore une fois, je me dresse entre elle et les deux ennemis qui me restent. Tous deux fracassés au sol précédemment, ils n’en sont pas moins sur pieds maintenant, et ne semblent guère plus avoir l’envie de voler. C’est à pieds qu’ils arrivent vers moi, menaçants, armant leurs longs doigts griffus pour m’assaillir.

Mais je les attends. Qu’ils viennent, et ils comprendront qu’on ne s’en prend pas si facilement à moi ou aux êtres qui me sont chers. J’ai beau n’avoir qu’une arme, puisque l’autre est toujours plantée dans le sol depuis leur premier assaut, ils la sentiront passer. Je décide de prendre l’avantage de la distance, puisqu’ils ont celui du nombre, et change mon arme en vouge. Une pointe menaçante, et un tranchant acéré. Le premier qui m’attaquera mourra…

Et c’est ce qui se passe. Ils approchent en même temps, mais l’assaut est plus vite donné par l’un que par l’autre, et lorsqu’il se rue sur moi, j’enfonce la pointe de mon arme dans son abdomen. Il s’arrête net sous le choc et recule, chancelant. Il n’est pas mort, mais sa plaie saigne abondamment. Un piaillement douloureux sort de son bec alors qu’il titube vers l’arrière, se libérant de l’étreinte de mon arme. Hélas, ça laisse le champ libre à l’autre de me harceler de plus belle. Il arme ses griffes et m’attaque de celles-ci. Je tente de me protéger avec mon avant-bras, mais cela ne fait que de finir d’arracher mon brassard kendran, qui tombe sur le sol, démantibulé. La vouge se fait épée, et le coup porté n’est paré par son aile que par le sacrifice de celle-ci. Ça lui épargne la vie, mais plus jamais il ne volera, os du bras brisé sous le choc. Il tente de m’asséner un nouveau coup de griffe, mais ce domaine est le mien, et je le pare sans peine avant de lui porter une fente en travers du ventre. Je dégage mon arme et croise son regard. Il sait qu’il est mort. Il tente de se retourner pour fuir, mais… Je n’ai aucune pitié pour les faibles, et plante ma lame dans son dos. Il s’effondre, mort.

Mon dernier adversaire, blessé et perdant beaucoup de sang, semble implorant, même s’il n’a guère la langue pour m’implorer, ni quoique ce soit pour attirer mon indulgence. De chasseur, il se change en proie, et je lui donne un coup de pied en plein poitrail pour le renverser au sol sans qu’il ait la force de se défendre ou d’esquiver le choc.

Je me penche sur son corps meurtri, et lui murmure, d’un borborygme guttural :

« On ne s’attaque pas à moi impunément. »

Et j’abats mon épée sur sa tête, la tranchant en deux. J’essuie le sang de ma lame sur son plumage noir et la rengaine sous forme de poignard. Avant de rejoindre Ixtli, je fais un détour vers ma rapière, que je rengaine également, lorgnant le champ de bataille. Un champ de mort, abreuvé du sang de mes ennemis, ces oiseaux de malheur. Des adversaires coriaces, qui n’ont su résister à ma grande maîtrise des arts de la guerre… Mais que serait-il advenu si les autres aventuriers m’accompagnant s’étaient retrouvés face à de telles créatures ? Je ne doute pas de leurs capacités et aptitudes à vaincre, mais… Ils n’auraient eu qu’une faible chance de survie. Était-ce vraiment une bonne idée de les séparer pour qu’ils rejoignent les différentes cités élémentaires ? Je tente de me rassurer en me disant que les ambassadeurs élémentaires sont de vaillants combattants, si je me fie à l’armement trouvé dans leurs chambres, la veille. Ou de puissants mages aux pouvoirs obscurs et aux gadgets mystérieux, tels ceux de Yuralria.

Ce monde est loin d’être un port de plaisance, fut-il peuplé de superbes paysages. Des monstres assoiffés de sang rôdent dans les Crocs du Monde, et les forêts, mers et monts. Il faudra s’en prémunir autant que des ennemis qui peupleront les plaines, lors de la guerre à venir. Ça sera rude, difficile pour chacun, puissants comme faibles. Mais nous devrons vaincre. Et je porterai la victoire sur chaque combat, qu’il soit une escarmouche de bêtes sauvages ou une bataille rangée de nombreux êtres. Plus que mon devoir, c’est ma volonté.

Doucement, je reviens vers Ixtli, écartant les cadavres qui l’entourent pour la laisser respirer. Une fois la tâche effectuée, je me penche vers elle. Elle a quelques plaies aux bras, d’avoir essayé de se défendre, mais rien de bien grave, apparemment. Je lui saisis une main, passant l’autre sur sa joue, préférant quand même m’en assurer.

« C’est fini. C’est tout. Pas trop de heurts ? »

J’espère qu’elle reprendra ses esprits… et qu’elle finira à terme par m’expliquer ce qu’elle faisait là avant l’arrivée de ce quatuor noir.


[hj : 2550 mots]

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mer 5 Aoû 2015 15:46 
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Crocs du Monde - Ruines du fluide

    Ixtli lève un regard affaiblis vers Cromax, la lueur orangé de son regard brillant entre ses cils. Elle remonte lentement sa main libre jusqu’à celle du Sindel, près de son visage et la dépose dessus.

    - Merci, murmure-t-elle de nouveau, avec un léger sourire cette fois.

    Elle se redresse légèrement. Elle est vêtue d’un pantalon brun enfoncé dans des bottes de cavalier de la même couleur et d’une chemise à manches bouffantes blanche retenue par une large ceinture prenant toute sa taille. A ses bras se trouvent des protections faite d’un matériel étrange, bleuté et à son cou pend un pendentif proche de celui de Cromax, mais orangé celui-ci. Elle porte également une rapière à sa taille, qui n’a pas quitté son fourreau du combat.

    - Pardonne-moi de ne pas t’avoir prévenu de mon départ, dit-elle. Je n’en ai pas eu le temps, tout s’est passé si vite…

    Elle se redresse un peu plus, jusqu’à être assise. Son visage pâlis n’est plus qu’à quelques centimètres de celui du Sindel, mais elle baisse les yeux sur le sol, la fatigue inscrite sur ses traits.

    - Une nappe phréatique menaçait d’entrer en contact avec la chambre magmatique du volcan – l’endroit où est stocké tout le magma, quelque chose de gigantesque, d’aussi grand que la montagne. Rien que cela aurait déjà pu créer une éruption cataclysmique, car le contact des deux est extrêmement explosif. Alors je me suis rendue ici pour m’en occuper, car personne d’autre ne pouvait le faire, comme je suis la seule Aigail d’Ilmatar…

    Elle marque une petite pause, pour reprendre sa respiration, levant les yeux sur lui.

    - J’ai pu contenir la première nappe, mais le séisme a créé une petite faille, une brèche dans laquelle l’eau s’est infiltrée, s’approchant dangereusement elle-aussi de la nappe. J’ai été obligée de la contenir également, le temps que les Golems interviennent.

    A son tour, elle lève une main vers le visage du Sindel, l’effleurant doucement.

    - Mais c’est fini, c’est terminé, il n’y a plus aucun risque pour le moment, tout est sous contrôle.

    Elle marque une nouvelle pause.

    - Merci d’être venu, dit-elle encore une fois avec un faible sourire.


[Cromax – xp : 4 (post) ; 2 (tuage des quatre créatures) ;
Faëlis – xp : 1 (post)]


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