Elle veut vite rentrer dans la taverne et se retourne directement sans jeter un œil à son interlocuteur. Celui-ci lui saisit le bras et la stoppe dans son élan. D'un ton insistant et rude il l'avertit :
"Enfin, je vous offre mon aide… c'est impoli de refuser."
Un coup sec et il l'attire vers lui, à l'angle de la venelle. Elle trébuche légèrement et cherche à se dégager de l'emprise qui se fait plus forte. La fatigue ronge ses réflexes et réflexions, l'idée de le frapper d'un coup de pied ou de genou ne lui vient qu'une fois qu'elle entend une autre voix sortir de l'ombre.
"Je t'avais dit que ça n'allait pas marcher."
Comme droguée par la fatigue, elle tourne la tête et a à peine le temps de discerner le crâne chauve d'un humain avant de se prendre un coup violent sur la tempe, l'assommant instantanément.
Le binôme, chargé de son méfait, se faufile jusqu'à rejoindre une cave sordide aux murs aussi ternes qu'humides. Ils laissent tomber leur paquet sur le sol crasseux et s'écartent légèrement tandis qu'Inès reprend conscience.
Une douleur lancinante lui tape depuis l'intérieur du crâne jusqu'aux épaules. Elle essaie de se redresser, mais ses mains sont fermement attachée dans son dos. Elle peine à ouvrir les yeux. La nausée lui monte, le coup sur la tempe et le déshonneur de cet elfe la retournent. Elle cligne plusieurs fois, pour dissiper le brouillard de son esprit, et cherche à distinguer son nouvel environnement. Son regard est attiré à sa droite, par la course d'un rat entre deux tonneaux, l'ensemble de la pièce ressemble à un dépotoir à caisses. Elle revient face à elle, subissant un nouvel élan de douleur dans le cou et reconnaît, dans le pénombre, le traitre qui l'a enlevée. Il se tient à côté d'escaliers qui se perdent dans l'obscurité et porte le coffre contre lui. Non loin se trouve le chauve, un humain sinistre, l'air patibulaire avec un visage barré d'une cicatrice et le regard froid. Il est clairement habitué au combat, la maille le protégeant en étant l'une des preuves.
"Tu vas mourir."
La sentence tombe brutalement et happe la sagacité d'Inès hors de sa léthargie. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive mais cherche déjà à s'enfuir. Si seulement elle arrivait à se mouvoir sans ressentir le poids d'une enclume sur le dos…
Elle scrute plus attentivement vers le duo, l'elfe rit comme un Thorkin mais se fait calmer d'un simple regard du chauve qui ajoute sarcastiquement :
"Je pensais que cela serait plus dur de te prendre ce coffre, mais finalement ce fut facile. Je vais te laisser avec mon ami, il a des projets pour toi, notre mère à tous te remercie pour ce cadeau."
Inès ne peut réprimer un cri de rage tout agitant les mains pour se détacher, la corde lui brûle la chair, mais la rage abreuve sa volonté. Dans un élan, elle se hisse sur ses genoux et fixe le renégat qui s'avance vers elle, l'attitude pleine de concupiscence.
"À nous deux. Je vais t'éduquer, te rappeler à notre pureté, cela va te faire mal mais à la fin je suis sûr tu vas apprécier."
En un instant Inès comprend ce que ce chien compte faire, elle serre les dents de rage puis lui grogne :
"Tu es un renégat, tu es le sbire d'un humain, tu t'en prends à une femme attachée. Tu es pitoyable. Ne me touche pas."
Elle continue de tirer lentement mais surement sur ses liens, ne lâchant pas des yeux son opposant.