Inscription: Mer 13 Oct 2010 22:01 Messages: 9
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Aucun bruit ne règne dans l’auberge, mais petit à petit Vingilot se réveille. Dès les premiers rayons du soleil, le sommeil l’avait fuit, comme c’était le cas lorsqu’il dormait dehors. Il avait résisté à la tentation de se lever et de partir, profitant d’un lit tant qu’il en avait l’occasion. Plus aucune chaleur ne parvenait de la cheminée, depuis longtemps éteinte et Vingilot commençait à avoir froid. Mais à la vue de l’eau sale dans la bassine et ses habits en tas sur le sol, il repoussa au maximum le moment où il devrait se rhabiller. (Alors, je commence par quoi ?) se demanda-t-il en regardant le plafond. (Je crois qu’il faut que je retourne en ville. Mais il faut que j’ai un plan, une idée, pour aller plus vite. Sinon je mourrai avant d’avoir fini.. Et puis c’est là que ça se passe. Evidement l’un sans l’autre ne sert à rien, mais peut être que si je commence par ça, le reste sera plus évident..)Ce n’était pas la première fois qu’il avait cette discussion en tête, et chaque fois il avait une conclusion invariablement différente. (Oui. C’est fini l’observation, il est temps de se créer des occasions !) Et joignant le geste à la pensée, il se releva et s’assit sur le bord du lit. En fronçant le nez, il commença à remettre ses habits, conscient qu’il faudrait les changer sous peu. Une fois terminé, il rassembla ses affaires et sorti de la chambre pour aller dans la salle en contrebas.
Lorsqu’il arriva dans la salle à manger, il n’y avait personne. Il entendit toutefois des bruits venant de l’arrière salle, et décida de s’assoir en évidence à une table du milieu de la salle. Quelques minutes plus tard, l’aubergiste apparut un fagot de bois sous le bras et l’air absorbé dans ses tâches matinales. Il ne put s’empêcher un léger sursaut quand il aperçut Vingilot qui le regardait tranquillement. « Oh bonjour » dit-il une fois ressaisit. « Vous êtes là pour le déjeuner ? »Vingilot hochât de la tête. « Si vous voulez bien attendre un peu. Je suis un peu occupé, mais je vous apporte ça dès que j’ai fini ».Vingilot parut satisfait de la réponse, et s’installa plus confortablement après avoir ressorti un os à moitié gravé et son vieux couteau. Quelques marques s’étaient ajoutées à celles déjà gravées sur l’os quand l’aubergiste cessa ses allers retours et apporta enfin le déjeuner du matin. Soupe fraiche, pain, fromage, et luxe, de la confiture, furent déposé sur la table, que Vingilot mangea consciencieusement.
L’aubergiste devait avoir fini ses tâches du matin et semblait vouloir bavarder, mais il savait que la conversation serai limitée avec son client. Ce qu’il avait à raconter lui sembla suffisamment important, puisqu’il vint dans la salle et engagea la conversation en faisant mine de ranger les tabourets et tables. « Dites, vous vous souvenez les deux hommes qui étaient assis là hier ? » « Leur soirée à mal tournée et ils se sont battu dehors » continua-t-il sans attendre la réponse. « C’est pas la faute au vin, ils avaient presque rien consommé ! Heureusement qu’on en a vu d’autre. Sans chercher à comprendre qui avait commencé, on les a mis au pas, et l’un d’eux doit être en train de s’expliquer avec la milice s’il est réveillé. Des types bizarre, pas d’ici » rajouta l’aubergiste comme pour expliquer leur comportement. Puis un sourire apparut sur son visage. Ne feignant plus de ranger la salle, il s’approcha de Vingilot. « Vous savez pas le plus drôle ? » « Alors que je fermais les volets, peu de temps après la bagarre, je vois un homme qui porte une lanterne sur la route. Je me méfis et me dépêche de fermer. Après ce qu’il s’était passé, je voulais pas d’ennuis. » « Je reste attentif, mais aucun doute, l’homme vient par ici. Comme il a pas l’air méchant, je l’interpelle avant qu’il ne soit vraiment devant l’auberge.»L’aubergiste avait gardé un ton sérieux jusque-là, mais ne put s’empêcher de rire en racontant la suite. « Le type me demande si j’aurai pas vu deux homme qui devaient l’attendre !! J’ai dessuite compris la situation. Ces deux hommes qui se sont battu, ils en attendaient un troisième !! » crut nécessaire d’ajouter l’aubergiste. « Vous vous rendez compte, l’autre serait arrivé plus tôt, ça aurait évité du grabuge, et ça aurait fait un client en plus !» s’exclama-t-il amusé.
Pour faire plaisir à l’aubergiste Vingilot afficha un sourire de circonstance, et repris petit à petit le repas. Alors l'aubergiste, satisfait d’avoir raconté son histoire retourna à ses occupations encore hilare.
Le pain était vieux et la soupe trop claire, mais Vingilot ne traîna pas pour finir son déjeuner. De la route l’attendait avant d’arriver à Oranan, et il savait qu’il lui faudrait un certain temps pour s’acclimater à la ville et trouver ce qu’il y cherchait. La dernière bouchée avalée, il commença à rassembler ses affaires. Alors qu’il se levait et s’apprêtait à partir, l’aubergiste revint dans le salon et l’interpella. « Attendez un peu s’il vous plait. Je ne me suis pas encore occupé de votre cheval ! »Vingilot s’arrêta surpris. (Pourquoi me parle-t-il de cheval ?!)L’aubergiste interpréta mal sa réaction et crût qu’il était agacé par ce contre-temps. « Je m’en occupe dessuite. Vous savez le matin il y a beaucoup de choses à faire dans une auberge, et je ne m’attendais pas à ce que vous partiez si tôt. Je l’aurai su avant, votre cheval serai déjà harnaché devant l’auberge, mais.. C’est comme hier soir, vous auriez dû m’accompagner jusqu’à votre cheval avant d’aller dans votre chambre» dit-il avec un ton de reproche. « Ce n’est qu’en redescendant que j’y ai pensé et que je suis allé le mettre sous l’abri derrière l’auberge. Heureusement que je fais bien mon travail ».Vingilot était toujours debout, interdit. L’aubergiste cachait avec peine la satisfaction d’avoir pu enfin rendre mal à l'aise ce client impoli. « Bon, je vais me dépêcher. » rajouta-il en repartant vers le fond de la salle.
Indécis, au milieu de la salle, Vingilot regarda l’aubergiste à la fierté retrouvée s’éloigner. (Mais.. qu’il est con. Incroyable.
Ca sent les embrouilles ça.. … Bon, je le prends ou je m’en vais ?)A ces pensées, il enleva la bourse qui pendait à son cou, et fit quelques tours de poignets pour en mélanger le contenu. Puis il ouvrit la bourse la renversa sur la table. Une simple pièce en sorti, et après avoir un peu roulé sur la table s’arrêta du côté face.
Tout doute se dissipa sur le visage de Vingilot. Il replaça précieusement la pièce dans la bourse, et le pendentif autour de son cou. (Je vois.
Ça part de là alors. Ne perdons pas trop de temps quand même.)Il prit son baluchon sous le bras et entrepris de rejoindre l’abri qu’il avait aperçu en arrivant la veille, et où se trouvait « son » cheval. En approchant, il aperçut le cheval et l’âne qui étaient déjà présent hier, sûrement au propriétaire. Il vit également l’aubergiste finissant de seller un cheval que Vingilot reconnut comme celui attaché à l’entrée quand il était arrivé. Sans être exceptionnel, le cheval était de bonne condition. Un peu jeune et sûrement que peu dressé, mais sans carences apparentes. « Vous êtes vraiment pressé dites donc ! » lança l’aubergiste à sa vue.
Vingilot hocha de la tête. Sachant qu’il n’en tirerai pas plus, l’homme détacha le cheval et l’amena jusqu’à Vingilot par la bride. Ce dernier s’en approcha et jugea que les étriers seraient à la bonne hauteur, et ne donneraient pas la puce à l’oreille de l’aubergiste. Doucement il caressa le cheval pour lui intimer le calme. Puis il monta dessus avec l’appréhension que le cheval ne dévoile la supercherie par une réaction inamicale. L'animal piaffa un peu, mais ne rua pas.
Sous l’œil de l’aubergiste amusé devant le manque de sérénité du cavalier, ils commencèrent à s’éloigner. Alors qu’ils passaient près de lui, l’équipage prenant la route parut lui rappeler une anecdote. « Bon voyage. Et faites attention où vous guidez votre cheval ! » ajouta-t-il amusé. « Vous vous souvenez de l’homme qui est arrivé en retard ? Eh bien figurez-vous qu’il venait de Bouhen avec d’autres passagers en carriole, mais que le cocher c’est débrouillé pour briser une roue dans un nid de poule. Le nez en l’air, distrait par une chaussette accrochée aux branches d’un arbre, qu’il était !! » finit-il dans un éclat de rire. « C’est pas de chance quand même !! Tout ce raffut pour une .. chaussette ! » pouffa-t-il. Seul l’arrière du cheval et le dos de Vingilot étaient maintenant visible pour l’aubergiste, s’éloignant sur la route. Et dans le matin frissonnant lui parvint une voix qu’il n’avait pas entendu jusque-là, calme, forte et claire : « La chance n’a rien à voir dans tout ça. »Stupéfait, l’aubergiste savait qu’il n’avait pas rêvé mais désormais seul le bruit des sabots venait rythmer le silence. Peut être aurait-il compris s'il avait observé attentivement les pieds qui reposaient dans les étriers, maintenant loin sur la route. L'un ne portait pas de chaussette.. Et c'est ainsi que quelques heures plus tard, Vingilot arriva à Oranan.
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