<<< Précédemment90. Le meilleur et le pire.Sump, derrière Melky et Dunleon, revint sur ses pas et atteignit la salle où ils avaient affrontés le mage des lumières déchus quelques instants plus tôt. Il n’y avait plus aucune trace de celui-ci ni plus aucune trace d’obscurité, des torches plantés partout éclairant la scène, mais autre chose les attendait. Haut d’un peu moins de deux mètres, au torse large et recouvert d’un fin duvet blanc, un homme-oiseau se tenait au milieu de la pièce, sur la dalle aux briques sombres où les avait attendu ce qu'il restait de Kuirot. Sa nudité dévoilait de robustes cuisses et mollets musclés et, au bout de ses bras non-moins dotés, dix serres noires tenaient une imposante lance dentelée. Dès qu’il les vit, le bestiau ouvrit grand son bec aussi noir que l’onyx et poussa un cri suraigu. Dans son dos des ailes battirent furieusement l’air faisant voler la couche de poussière présente sur la dalle à ses pattes.
Depuis qu’il avait foulé ces tunnels, Sump avait vu de nombreux homme-oiseaux mais tous étaient noirs. Certains étaient d’ailleurs encore plus grand que celui-ci tandis que d’autres bien plus petit. Il était donc clair que ce n’était ni la force ni la vitesse qui différenciait celui-ci des autres mais bien sa résistance à la lumière. En effet, les noirs ne pouvaient approcher dès qu’une simple torche leur faisait face. Celui-ci au contraire semblait avoir besoin de lumière pour combattre. Et quel combattant il avait l’air d’être ! Sûrement pour les impressionner, et cela marchait bien en ce qui concernait Sump, le corbeau blanc avait exécuté toute une panoplie d’enchaînement avec son arme, la faisant tournoyer dans tous les sens, faisant comprendre qu’il pouvait attaquer dans toutes les directions mais également sur une distance non-négligeable.
« Je vais le retenir, marmonna Dunleon, les dents serrées,
vous, allez chercher la pierre.
-Hors de question qu'on t'abandonne ici, nous allons l'affronter ensemble ! » répliqua aussitôt Melky, choqué.
Sump le regarda et haussa les sourcils. Ce sera sans lui alors. Sans détourner les yeux de la créature dansante, le chevalier haussa légèrement le ton :
« Vous allez me déranger, c’est tout ce que vous allez faire. Foutez le camp quand je vous le dirai. Lorsque vous aurez trouvé ce que nous sommes venus chercher, vous pourrez venir me filer un coup de main si le cœur vous en dit. »Le gobelin reporta son attention sur Dunleon. Celui-ci avait les traits durcis par la concentration et peut-être bien la peur. Néanmoins, il semblait également, à la manière qu’il eut de dégainer sa rapière, se délecter du rude combat qui l’attendait. La vraie définition d'un taré selon Sump.
« Dunleon, insista Melky,
Kuirot n’est plus là pour te guérir et te rendre plus fort, tu…-Partez maintenant ! Hurla soudainement Dunleon alors que l’homme-corbeau se jetait en avant, pointe d’abord, vers Melky.
Heureusement, la lame du chevalier dériva l’attaque dans une pluie d’étincelle et un grand bruit de ferraille. Sump attrapa le bras du kender qui avait encore la folie d’hésiter pour l’entraîner vers la sortie de ces maudits souterrains. Sump avait dans l’idée qu'il aurait peut-être besoin de lui pour trouver un quelconque trésor. De plus, seul, le kender ne représentait pas vraiment une menace, surtout en combat rapproché. Il pourrait donc l’éliminer et s’enfuir avec la pierre si jamais l’occasion se montrait.
Faisant fi des bruits de combat, des ahanements et des cris perçants qui ne tardèrent à se faire entendre, lui et son nouvel acolyte gravirent les marches quatre à quatre pour se trouver de nouveau dans la première pièce du donjon, à savoir l’entrée, où le chien de la grande tapisserie les toisait toujours de son air hautain. À travers les rayons de lumière que laissaient entrer les portes entrouvertes, Sump aperçut les chevaux s’agiter et piaffer à leur vue. Melky et lui ne s’arrêtèrent pourtant pas et continuèrent leur ascension.
« Il nous faut trouver la loggia du comte, souffla le kender, essoufflé,
si la pierre est encore quelque part dans ce château, c'est dans les appartements personnel du maître des lieux. »La loggia du comte, très bien. Sump espérait qu’il savait de quoi il parlait parce que lui non. Apparemment oui puisqu’il pila devant une belle porte en bois et argent et pénétra à l’intérieur.
« Voilà c’est ici... Voyons. »Sump le sentait fébrile et alors que pour une raison inconnu il se mettait à feuilleter une sorte de bouquin rouge vif qu'il venait de trouver par terre, il le voyait galérer à tourner les fines pages. Sump, lui, ne souhaitait guère perdre de temps à lire, et commença ses recherches, bien décidé à trouvé le caillou blanc avant le kender. La « loggia » était une pièce relativement petite avec un bureau en forme de croissant derrière une grande fenêtre qui offrait une imprenable vue sur la tourbe et ses arbres infestés de ces sortes de gros cocons rouges. Sur les murs, foules d’étagères remplies de livres et…
Le cœur du sekteg s’arrêta de battre un court instant et ses yeux se figèrent sur un des coins supérieur de la pièce. Le fixait également de ses huit yeux rouges, une énorme araignée grisâtre, parmi son empire de toile infestant le plafond. Énorme c’était le mot puisqu’elle était plus grosse que Sump lui-même. Celui-ci n’osait faire un mouvement se sachant surveiller. Il craignait que s’il bougeait ne serait-ce qu'une oreille, la bestiole se ruerait sur lui pour l’égorger avec ses mandibules démesurés et emplis de venin. Mais la question de savoir s’il fallait dégainer ou pas ne se posa même pas. Une flèche atteignit l’horreur en plein dans la tête et c’est les pattes recroquevillées sur son abdomen qu’elle chuta lourdement sur le sol poussiéreux, un filet de toile l’accompagnant dans sa chute. Sump se retourna juste à temps pour voir Melky remettre son arc à son épaule et reprendre sa lecture, ses traits juvéniles tendus par la concentration et le stress. Le gobelin eut une petite moue admirative mais aussi un peu craintive. Mieux vaudrait ne pas le rater lorsque l’heure sera venu. Sa petite carrure, sa gentillesse et son apparente sensibilité le rendait beaucoup moins dangereux qu’il ne semblait l'être en vérité.
Gardant un œil sur l’archer plongé dans les pages du journal rouge, Sump reprit son tour de la pièce en quête d’une pierre blanche. Quelques squelettes jonchaient le sol ainsi que des détritus comme des chaises cassées, une faucille rouillée. Sump se rappela alors du dernier récapitulatif de Melky ce matin. Il n’avait pas très bien écouté, l’esprit encore embrumé de sommeil mais il se souvenait qu’une mutinerie avait éclaté chez les paysans du comte et que ce dernier ce serait fait tué, ne voulant pas leur donner ce qu’ils voulaient. Peut-être que la pierre se trouvait sur le corps du comte. Le gobelin se mit à sa recherche mais il ne savait même pas ce qui différenciait un comte d’un paysan. De plus, des ossements humains dans des armures étaient également présents ce qui signifiait qu’en plus des paysans et du comte, des gardes s’étaient joints à la bataille. Logique jusque-là mais alors pourquoi les paysans, qui avaient apparemment remporté le conflit, auraient laissé là l’Étincelle Blanche ? Melky répondit à cette question sans savoir que le sekteg se la posait. L’archer referma le journal avec un air satisfait :
« Très intéressante lecture mais on a pas le temps de s’éterniser, dit-il en fourrant le livre dans sa besace,
juste avant que la mutinerie n'éclate, le comte avait eu une grande discussion avec son fils et lui aurait confié la pierre avant de le sommer de quitter les lieux avant qu’un drame ne survienne. »Le kender sortit de la loggia pour se diriger vers un pièce à l’autre bout du couloir aux meubles moisis et sentant le renfermé. Sump le suivit, paré à dégainer et à lui trancher la gorge s’il faisait mine de trouver le trésor avant lui.
« On a plus qu’à espérer que ce fameux fils n’ait pas réussi à… Parfait ! »
Le gobelin regarda Melky s’agenouiller sur un cadavre d’ivoire enveloppé dans un manteau de velours violet déchiré et tâché d’un antique sang. Il dégaina lentement sa lame dorée prêt à l’abattre sur la nuque aux boucles brunes de l’archer quand soudain celui-ci se retourna. Le sekteg eut à peine le temps de camoufler son geste en cachant sa main derrière son dos.
« Tu dois me trouver bien dénué de tout sens moral pour être si content que le fils de ce comte ait trouvé la mort dans cette mutinerie… dit-il d’un ton contrit et avec un petit sourire coupable,
mais ne m’en veut pas, cela fait si longtemps que je cours après la découverte d’un objet historique...et je l’ai enfin trouvé. »L’archer montra ce qu’il avait trouvé dans la poche du manteau du cadavre. Une petite pierre brillante d’une blancheur douce et pure. À elle seule elle semblait éclairer la sombre pièce et dissiper toute mauvaises odeurs que les cadavres et le temps s’échinaient à dégager. Sump eut du mal à retenir un grognement de frustration. Il pouvait encore agir mais il remarqua que pour trouver la merveille, le kender avait dû sortir sa propre lame pour découper et découvrir une doublure dans le vêtement rouge du fils du comte de Ballurin, aussi les risques de se faire saigner le premier n’étaient pas négligeables.
Ignorant tout des sombres pensées qui agitaient l’esprit de son verdâtre compagnon, le kender se remit debout et sortit de la chambre.
« On doit retrouver Dunleon à présent, vite ! »Sump le suivit avec un petit grognement. C’était là la fin de leur collaboration. Il n’allait certainement pas redescendre là-dessous tout ça pour trouver la dépouille du chevalier et se faire becter par ces corbeaux géants… Tout à ses pensées, Sump rentra dans l’archer qui s’était figé dans les escaliers. Devant lui, Kuirot, de grossiers points de suture posés là où sa tête fut tranchée. Il les regardait, la tête penchée sur le côté alors que du sang épais comme de la confiture dégoulinait de sa plaie raccommodée. Il leur refit son affreux sourire.
Retenant comme il pouvait ses tremblements, Melky encocha une flèche ;
« Va-t-en Kuirot, cette fois je n’hésiterais pas à décocher. »Mais sa voix tremblait tellement. Kuirot leva une main ensanglantée et presque dénuée de chair, la flèche se fichant dans sa poitrine ne semblant pas le déranger le moins du monde et au moment où ses dents déchaussée se séparaient dans un simulacre d’inspiration, son visage explosa, la pointe d’une épée surgissant entre ses deux yeux vides de vie et emplis de ténèbres. Le mage déchu chuta alors comme une poupée de chiffon dévoilant un Dunleon presque dans le même état.
« Dunleon ! s’écria Melky en se jetant sur lui,
c'est incroyable, comment as-tu pu t’en sortir aussi rapidement ? »Le chevalier haussa les épaules ce qui le fit grimacer de douleur.
« Dis-moi que tu as trouvé quelque chose de ton côté. » dit-il en rengainant son épée et en portant un main à une plaie au niveau du haut de son bras.
« Oui j’ai trouvé, répondit Melky avec un ton malicieux,
mais viens, sortons d'abord de cet endroit maudit si tu le veux bien. »Dunleon sourit avec douleur et s’appuya sur le kender :
« Avec plaisir, tu viens le gobelin ? »
Tous trois foulèrent de nouveau la grande entrée, détachèrent les chevaux et sortirent enfin du donjon. Chacun prirent une grande bouffée d’air. Pour purulent qu’il était, jamais il ne serait pire que celui qu’on humait à l’intérieur du donjon du comte de Ballurne.
« Montre-moi s’il te plaît... » implora le chevalier devant les difficultés qu’il rencontrait à monter sa bête.
Tout sourire, Melky farfouilla dans une de ses poches et dévoila le trésor. Dunleon la contempla longuement :
« Ça à l’air minuscule. » dit-il d’une voix neutre.
L’archer la lança en l’air et la rattrapa :
« Oui, mais c’est bien l’Étincelle Blanche. J’ai hâte de l’étudier avec d’autres passionnés, peut-être même des spécialistes, et la voir dans un musée, vue et admirée de tous... elle possède une valeur inesti... »Sump avait vu le changement chez le chevalier. Il avait vu son expression se figer brutalement aux paroles du kender, aussi se contenta-t-il de reculer quand celui-ci dégaina et enfonça jusqu’à la garde sa rapière dans le ventre de Melky qui hoqueta plusieurs fois avant de tomber à genoux et de s’écrouler. Sans rengainer, Dunleon s’appuya sur son cheval pour se baisser et ramasser la pierre de la main de l’archer qui bougeait encore lentement dans la boue de la basse-cour du château, des flots de sang s’échappant du trou au milieu son corps et de sa bouche grande ouverte.
« Un musée ? ricana amèrement Dunleon en serrant le petit trésor dans sa main tâchée de sang et de boue,
comment tu peux parler d’études et d’histoire alors que tu sais très bien pourquoi je suis venu, pourquoi je t’ai accompagné et pourquoi c’était si important pour moi ! »Le visage déformé par le chagrin, la douleur et la colère, le chevalier dévisagea son ami gisant sur le sol pendant quelques secondes avant de hurler :
« Inestimable, c’est ça que tu allais dire ? Tu n’aurais jamais accepté de t’en séparer même pour tous l’or du monde pas vrai ? Mais même si c’est toi qui l’a trouvée, cette pierre me revient de droit ! J'en suis le plus méritant et j’en ai davantage le besoin ! »Des larmes coulaient à présent des yeux cernés et rougie de fatigue de Dunleon. Celui-ci sembla se rendre compte de la présence du gobelin ce qui sembla le calmer instantanément. Il eut un pauvre sourire :
« Ne me juge pas… souffla-t-il,
je...j’ai besoin de ça pour redevenir celui que je dois être et...et me venger de ces ordures qui m’ont condamné depuis l’âge de seize ans à fouler les routes comme un vulgaire déchet… Mon cousin, ma belle-famille, c’est à cause d’eux que l’on m’a banni, exilé, répudié ! Ce sont eux qui ont fait croire à tout le monde que j’étais un traître jaloux de son frère aîné au point d’empoisonner sa coupe de vin ! Eux qui m’ont dépossédé de mon honneur et de mon identité, moi Dunleon de Sabre-Colline ! Mais je ne suis pas un félon, non ! Aussi ais-je besoin de ceci, il montra la pierre blanche,
pour non-seulement prouver à tous que je suis quelqu’un de bon, mais surtout pour que je puisse m’offrir de l’équipement, remporté des tournois et redevenir quelqu’un, redevenir celui que je suis ! »
Il pointa son épée vers le sekteg qui recula :
« Libre à toi d’essayer de m’en empêcher, gobelin. Libre à toi de tenter de t’emparer de cette merveille, mais il faudra que tu me passes sur le corps, moi, Dunleon de Sabre-Colline... »
Il chancela, visiblement à bout de force. Un instant, Sump hésita à tenter effectivement sa chance, puis il se ravisa. Il avait assez vu cet homme à l’œuvre pour être sûr que même dans cet état et même s’il avait les mains liées et les yeux bandés, il ne ferait qu’une bouchée de lui.
« En revanche, reprit Dunleon devant les hésitations du gobelin,
si jamais tu as un peu de bon sens sache que je te laisserais en vie, puisque tu as sauvé la mienne avec la torche...Que choisis-tu ? Un combat à mort ou la vie ? »Sump choisit la vie. Il regarda Dunleon grimper sur son cheval et avec un dernier regard sur le corps de Melky, il éperonna et s’éloigna vers le lointain. Dans le silence de la basse-cour, Sump se retrouva seul avec les trois chevaux et un Melky sans vie. Il fouilla celui-ci, s’emparant de sa bourse qui représentait là une maigre consolation pour cette expédition dans un dangereux donjon, et alla également le délester de son arc et de ses flèches quand soudain un grand fracas retentit, comme si un gigantesque arbre venait de s’écrouler. Les trois chevaux se cabrèrent, hennirent et s’enfuirent au galop à divers endroits de la basse-cour alors que Sump, les oreilles basses et une grimace sur le visage ne bougeait plus. Il sursauta à nouveau quand, à ses pieds Melky prit une grande inspiration et s’agita soudainement. Médusé, le gobelin vit sa plaie se refermer lentement dans une aura verdâtre.
Une fois complètement refermé, le kender finit par s’asseoir, tâtant l’endroit où quelques minutes plus tôt, la vie s’enfuyait de son corps.
« Que…que s’est-il passé ? » demanda-t-il étourdi.
Puis il sembla se souvenir et ses traits s’assombrirent.
« Pourquoi as-t-il fait ça ? La pierre était à nous deux et... et je lui aurais laissé si jamais... » il enfouit la tête dans ses mains.
Sump le laissa là et se dirigea vers la provenance de ce grand bruit. Aux pieds des murailles, les corps éclatés de Dunleon et de son cheval gisaient là, profondément enfoncés dans la boue. Sump regarda autour et ne vit rien. Tout en se demandant ce qui pouvait bien être à l’origine de cela, il ne perdit toutefois pas le nord et s’accroupit pour fouiller la dépouille du chevalier. Serrant entre ses doigts la pierre blanche, il l’a mit dans sa poche et se releva. Il entendit ensuite des bruits de pas qui faisaient « floch floch » dans cette plaine inondée du domaine des Ballurne.
« C’est un des pouvoirs de l’Étincelle Blanche. Contrôler les choses afin que seule le plus méritant ne s’en sorte...»
Melky s’exprimait avec une tristesse lasse et semblait avoir vieilli de dix ans depuis le début de toute cette aventure. Sump, pour qui tout était égal, alla prendre la poudre d’escampette mais après quelques pas un long craquement, ressemblant à un grondement, se fit entendre faisant s’arrêter le gobelin. Une sorte d’énorme tentacule en ronces, racines et autres végétaux menaçait de s’abattre sur lui d’un moment à l’autre.
« C’est Bek’Mor, le roi des marais je crois. C'est lui qui doit m'avoir sauvé...On dit qu'ils sont capables de faire ça les Rois des marais... Commenta le jeune kender sans enthousiasme, le nez levé vers l’effrayant appendice,
il doit être manipulé par la pierre ou tout bonnement vouloir que justice soit faite. »De frustration, Sump grogna encore. Avec regret, il serra fort le petit caillou de nacre dans sa poche avant de le jeter derrière lui, aux pieds du kender. C’est bon il avait compris, c’est ce petit archer qui avait mérité la pierre de pureté, d'accord ! Melky baissa les yeux sur la merveille puis redressa la tête, les yeux brillants soudain d'une colère cinglante.
« Si tu crois que j’en veux toujours tu as tort ! » s’insurgea celui-ci.
Sump le dévisagea, ne comprenant pas sur le coup.
« Cette maudite pierre, elle m’a fait perdre tant de chose en quelques heures… Mes amis, la vision que j’avais sur eux, la vision que j’avais sur le monde, sur la chasse aux reliques, sur l’Histoire ! Je ne remettrais pas les pieds dans un donjon de sitôt tu peux me croire. J’ai été trahis trois fois en même pas une heure aujourd’hui ! Par Kuirot, par toi, et surtout par celui en qui je croyais le plus...celui qui représentait pour moi tout ce qu’il y avait de bon en ce monde...Elle se targue d’être la pierre de la pureté mais aujourd’hui, elle n’a apporté que souffrance, malheur et atrocités ! »De rage, il donna un coup de pieds dans la pierre de pureté qui alla rouler dans l’herbe. Sump la suivit du regard, se dit qu’il s’agissait là d’un beau gâchis mais qu’il avait toujours gagné une bourse, et sans plus regarder en arrière, se mit à courir pour s’éloigner au plus vite de cet endroit. Melky ne fit rien pour l’en empêcher. Une fois qu'il fut sûr de ne plus être à portée de flèches, Sump se retourna par curiosité. Il vit le kender s’éloigner à petit pas du donjon, la tête basse, semblant porter tout le malheur du monde sur ses épaules.
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