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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Sam 31 Aoû 2013 10:44 
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Je contemple la rue déserte et ne peux retenir un soupir de déception. Après cette brève course-poursuite matinale, les dieux ne semblent plus vouloir me venir en aide, à moins que Yuia ait voulu m'éloigner à dessein de cet inconnu. Comment savoir ? Je m'abimerais bien dans une légère méditation mais derrière moi le grincement de la chaise à bascule m'oblige à refermer doucement la porte et à revenir sur mes pas. Je tire la chaise la plus proche de la grand-mère et m'installe sans prendre le fruit qu'elle m'a proposé, je n'ai pas faim.

"Eh bien il semble que je vais pouvoir vous tenir un peu compagnie madame. L'étrange homme croisé avec un loup que je suivais a définitivement disparu. Il restera un mystère."

Je me tais, observant la dame âgée qui continue de tricoter tranquillement sans pouvoir voir ce qu'elle fait. J'admire la performance et me dis que ce serait un bon exercice que de m'entraîner les yeux bandés pour améliorer mes autres sens.

"Je n'ai quitté mon village que depuis..." Je laisse ma phrase en suspend pour compter sur mes doigts. "Vingt-et-un jours exactement, mais j'ai l'impression que cela fait une éternité et que j'ai raconté mon histoire tant de fois."

Je soupire en laissant mon esprit vagabonder un court instant dans les hautes et froides montagnes de Nosvéris.

"Je viens d'un continent plus au nord que le vôtre, Nosvéris. Une grande partie des terres est tombée sous le joug d'Oaxaca, une terrible déesse. Bien que mon peuple soit à l'abri dans les montagnes, certains d'entre nous sont allés dans la plaine pour combattre aux côtés des hommes."

Les visages rieurs d'Ylif et Woorig dansent devant moi dans le noir avant de disparaître. Comme à chaque fois que je les évoque, je me demande s'ils sont encore en vie ou si leurs corps pourrissent sur le champ de bataille, à moins qu'ils ne soient prisonniers des Garzoks.

"L'un de nos sages m'a parlé d'un set d'arme forgé par Yuia, c'est ce qui m'a décidé à quitter nos terres pour partir à la recherche de ce Set Élémentaire de Glace."

Raconté comme cela, l'histoire paraît folle, suis-je fou de croire que ces armes pourront changer quelque chose ? Peut-être.

"J'ai trouvé l'Epée, je l'ai. Et feu son ancien propriétaire m'a mis sur la voie du Bracelet qui doit se trouver dans vos montagnes."

Je m'étonne de la facilité que j'ai à partager toutes ses informations avec cette petite grand-mère, après tout on ne doit pas juger le loup par sa pelure. Je souris en repensant à celui que j'ai traqué dans les rues d'Amaranthe, ne m'attardant pas à son aspect menaçant.

"Un homme d'ici devait m'y mener aujourd'hui, mais l'homme-loup dont je vous ai déjà parlé à fait irruption ce matin à l'auberge pour me dire que Kenmare ne viendrait pas, s'étant mêlé de ce qui ne le regardait pas et que je devrais moi aussi tout laisser tomber."

Je repense au petit bonhomme barbu à l'auberge, il est ma seule piste à présent, espérons qu'il est encore là-bas. Je décide malgré tout de rester encore un peu avec la dame par politesse.

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Lun 2 Sep 2013 04:42 
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La vieille qui n'avait cessé de se bercer et de tricoter te répondit sur le ton de la conversation:

"Un homme-loup ? Oui, c'est bien lui qui est passé, il y a quelques minutes, j'ai reconnu cette odeur bien particulière d'animal. Il se sert souvent de ma maison comme passage, mais il ne m'adresse jamais la parole et moi je fais comme si je ne savais pas qu'il était là, c'est plus prudent. Ainsi, il n'a jamais rien tenté contre moi."


Puis elle écouta ton histoire.

"Je ne suis jamais allée à Nosveris, le climat est différent du nôtre ? .. Vous êtes un jeune homme très courageux et vaillant, et vous me semblez bon. Je vais donc vous confier un secret. "


Elle se tut alors quelques petites minutes, arrêtant par le fait même ses activités, comme si elle s'appliquait à ramasser ses idées avant de lui en faire part ou encore parce qu'elle te devinait suspendu à ses lèvres et qu'elle voulait profiter de ce moment. Puis, elle se remit à se bercer, et ses doigts reprirent leur travail.

"Je suis une vieille femme et aveugle par-dessus le marché. Mais à tous les jours, je fais une petite marche dans les rues et ruelles, puis je me rends au marché où je m’assoies pour me reposer et j'écoute ce qui se passe. Vu mon état, les gens ne se méfient pas et parlent devant moi, comme si je ne pouvais rien comprendre." Suite à cette dernière phrase, elle se mit à rire de bon coeur.

" Mais je suis aveugle bon sens, pas sourde, ni muette, seulement aveugle ! "
Poursuivit-elle tout en riant. Elle reprit ensuite son souffle et poursuivit ce qu'elle avait commencé.

"Donc, je ne connais pas votre Kenmare, mais il se trompe. Le bracelet du set élémentaire de glace n'est plus ici, il a été trouvé il y a quelques temps déjà ! Mais ne vous découragez pas, il serait logique de croire que plus de deux objets forment ce set de glace, et vous pourrez peut-être chercher de ce côté là ! "

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Lun 2 Sep 2013 12:45 
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Ma curiosité quant à l'homme-loup n'est pas comblée par les dires de la grand-mère, les quelques informations qu'elle me donne sur ses allers et venues ne font qu'agrandir le mystère qui plane autour de cet être sombre.

"Oui un homme-loup, une race que je n'avais encore jamais rencontrée et qui doit sûrement avoir un nom comme mon peuple se nomme les Phalanges de Fenris."

Je souris aux répliques de l'aïeul, savourant un court instant cette conversation qui sonne presque anodine.

"Quelque peu différent d'ici oui, je vis dans la neige et la glace, mais au-delà des Monts Éternels d'où je viens, le reste du continent a un climat plus clément."

Je fronce les sourcils à la nouvelle phrase de la petite mamie, me demandant quel secret cette dame peut bien avoir à me confier. Je l'écoute avec attention me raconter ses promenades quotidiennes jusqu'au marché du village et suis abasourdi par sa révélation. La bouche ouverte et le visage quelque peu abruti, qu'heureusement elle ne peut voir, je reste sans voix quelques instants. Les pensées se bousculent dans ma tête et je ne parviens pas à y mettre de l'ordre.

"Co... comment... ?"

Comment quoi ? Comment peut-elle être au courant de cette histoire ? Comment peut-elle en savoir autant sur le Bracelet ? Est-elle sûre de ce qu'elle avance ? Autant de questions qui fusent sans parvenir à franchir la barrière de mes lèvres. Prenant ma tête entre les mains, je ferme les yeux pour me concentrer.

"Pardonnez-moi dame, mais êtes-vous sûre de ce que vous avancez ? Je ne sais que dire... Mais il me paraît incroyable que vous ayez entendu parler de ce Set, pas que je mette en doute votre sincérité, loin de là !"

Mes yeux ne quittent pas le visage serein de la grand-mère, malgré mon cerveau qui ne cesse de réfléchir. Le Bracelet a été trouvé par quelqu'un, mais par qui ? Si cela est vrai, que vais-je faire ? Il y a la piste du Désert Bleu pour le Casque, mais il me faudra bien trouver les autres éléments. Et Kenmare, je ne peux l'abandonner, en souvenir d'Eldridge, je dois aussi retourner voir le petit bonhomme qui m'a dit savoir où se trouvait le Montagnois.

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Lun 2 Sep 2013 23:08 
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A ton incrédulité, la dame se renfrogna légèrement.

"Toujours les mêmes, les voyants, vous ne vous fiez qu'aux apparences ! "


Elle se tut quelques secondes, puis un petit sourire espiègle dessiné sur son visage ridée, elle reprit:

"Répondez-moi franchement, si j'avais été un fier capitaine dans la fleur de l'âge, dirigeant une armée et vêtu d'une solide armure, vous m'auriez cru aussitôt ? "

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Mer 4 Sep 2013 09:55 
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Je me mords la lèvre, conscient d'avoir peut-être vexée la dame en ayant mis sa parole en doute. Mais lorsqu'elle me demande si à sa place c'était un fringuant et bien armé capitaine qui m'avait annoncé la nouvelle, je l'aurais plus facilement cru, je secoue la tête avant de me rappeler qu'elle ne peut pas me voir.

"Pas le moins du monde dame. Je... D'où je viens, ma tribu ne connait pas le mensonge, mais les quelques jours passés sur d'autres continents semblent déjà déteindre sur moi et j'ai appris la méfiance. A croire qu'il n'est pas bon pour moi de rester trop en dehors de mes terres, que Yuia me pardonne. C'est un tel concours de circonstances que cela me paraît aberrant mais je vous crois."

On peut beaucoup nourrir le loup mais il regarde toujours la forêt : mon naturel peut être considéré comme naïf sur ces terres mais je décide de croire les dires de la grand-mère.

"Seulement maintenant, je me retrouve quelque peu désœuvré. La piste du Bracelet est la seule que j'avais, auriez-vous entendu autre chose ? Au sujet d'une autre pièce, d'un Casque peut-être ?"

Je cite le Casque, car c'était le premier élément dont m'avait parlé Miyash Nùùrg.

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Jeu 5 Sep 2013 03:58 
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Toujours poursuivant son tricotage, elle réfléchit un petit moment, puis tout en te souriant elle te répondit.
"Vous êtes un jeune homme très bien élevé.... mais je maintiens ce que j'ai dit, vous vous fiez trop aux apparences, mais je ne vous en tiens pas rancune "

Elle s'arrêta de tricoter et poursuivit.

"Je ne sais pas de quel pièce d'armure ou d'armes qu'ils s'agit, masi ils cherchent encore, et des têtes tombent, c'est certain qu'il reste quelque chose à trouver et que la petite n'est pas parti avec tout"

Elle renifla quelques coups puis vous dit:

"Ça sent le sang ici... je reconnaitrai cette odeur de fer entre toutes. Rendez-vous à mon armoire dans le fond, il y a des morceaux de tissus qui vous feront un bon bandage et puis sur la tablette du haut, il y a un onguent, mettez-en sur votre plaie avant de bien bander le tout. "

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Jeu 5 Sep 2013 10:39 
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Alors que la grand-mère insiste sur le fait que je me fie aux apparences, je secoue une nouvelle fois la tête.

"Pour moi, tout être est foncièrement bon, l'apparence n'est que secondaire presque futile. Et c'est peut-être ce qui me mènera à ma perte."

J'ai parlé sans vraiment m'adresser à mon interlocutrice, je ne suis pas d'accord avec elle mais il est inutile d'argumenter plus avant car cette divergence n'est pas importante. Un autre jour, en un autre lieu, peut-être aurais-je pris le temps de parler de la nature des êtres vivants avec cette dame qui doit en savoir long sur l'humanité. Mais je n'ai pas le temps aujourd'hui, je me dis que chaque minute qui passe est une chance en moins de retrouver Kenmare.

Me recentrant également sur ma quête, je note que la grand-mère n'en sait pas plus et que c'est une femme, semble-t-il, qui se soit emparé du Bracelet. Je suis tellement focalisé sur toute cette histoire que j'en ai oublié ma légère blessure, m'étant habitué à la douleur permanente mais faible qu'elle m'inflige. La remarque de mon interlocutrice me la rappelle soudainement.

"Merci dame... Je me rends compte que je ne vous ai même pas demandé votre nom et ne me suis pas présenté. Je suis Rurik des Ventnor et suis votre obligé."

Je parle tout en me levant pour me diriger vers l'armoire indiquée par la dame, près de la porte qu'a empruntée l'homme-loup pour sortir d'ici. Attrapant chiffon et baume je pose le tout sur la table avant d’entrouvrir ladite porte pour avoir un peu plus de lumière. Je délace ma tunique de cuir et l'enlève, révélant le tatouage sur mon torse que la dame ne peut voir. La plaie n'a pas touché les entrelacs. Il m'est inutile de mettre un doigt dans la blessure pour vérifier les dégâts, si mon adversaire avait tranché quelque chose de vital, je ne serais plus debout. Appliquant l'onguent, j'entoure mon ventre d'un long morceau de tissu qui rougit légèrement au niveau de l'entaille. M'assurant que le bandage est bien en place je remets ma tunique par dessus et remercie une nouvelle fois mon hôtesse, avant de refermer la porte.

"Bien, je resterais avec plaisir ici mais il va me falloir poursuivre ma route. Puis-je faire quelque chose pour vous remercier ?"

Je suis revenue près d'elle et range la chaise sur laquelle j'étais assis, restant debout.

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Dernière édition par Rurik le Jeu 27 Sep 2018 00:35, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Sam 7 Sep 2013 14:49 
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La vieille dame te sourit:

"Enchanté Rurik ! Je suis Anissa Nuiqor. Mais on me connait davantage sous le surnom de Borgna ! Souvenez-vous de ce surnom, il pourra vous être utile ! Et pas besoin de faire quelque chose pour me remercier, contentez-vous de: "Passer au suivant"

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Dim 8 Sep 2013 17:32 
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Je souris bien que je sais qu'elle ne peut me voir tout en prenant soin de retenir son nom et son surnom : Anissa Nuiqor, Borgna. Ce dernier n'est pas vraiment adapté à l'infirmité d'Anissa qui n'a l'usage d'aucun œil. Mon cœur se gonfle à l'idée de cette petite grand-mère ici toute seule et dans un élan soudain je dépose un baiser sur chacune de ses joues en la remerciant une nouvelle fois.

"Prenez soin de vous dame Nuiqor."

Et sans un mot de plus j'ouvre la porte par laquelle je suis arrivé et la referme doucement. Observant un instant les environs dans le vain espoir d'apercevoir l'homme-loup, je prends sur ma gauche, revenant sur mes pas dans la précédente ruelle, puis encore à gauche dans la venelle où le mystérieux inconnu m'a blessé. Alors que je prends de nouveau à gauche, je me dis que j'aurais peut-être fait tout aussi vite de sortir par derrière la maison d'Anissa pour prendre à droite. Haussant les épaules, je continue ma route et retombe sur la rue de l'auberge où les enfants sont toujours en train de jouer. Lorsqu'ils m'entendent arriver, certains lèvent la tête dans ma direction, dont ma jeune espionne. Je leur adresse à tous, dans un sourire, un clin d’œil amical, laissant traîner mon regard sur la petite poupée un peu plus longtemps pour la remercier.

Puis sans perdre un instant je pénètre dans l'auberge d'Amaranthe, espérant que le petit homme barbu est encore là.

>> L'auberge de Til'Sit

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Dernière édition par Rurik le Mar 4 Sep 2018 04:09, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Jeu 12 Sep 2013 03:46 
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La vieille dame fut surprise, mais ricana de bon coeur lorsque tu lui fis ta petite démonstration de tendresse. Elle ne rajouta pourtant aucun mot et te laissa quitter sa maison.

(((La suite ici ! )))

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Jeu 26 Juin 2014 23:43 
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Précédemment

Une fois sorti de l’habitation de son oncle, John resta un moment sur le seuil à respirer l’air frais et pur de la montagne. Bien que désirant se rendre au moins une fois dans une grande ville, le jeune homme savait parfaitement qu’il n’y trouverait pas atmosphère aussi revigorante que celle qu’il inspirait dans sa ville. Il avait entendu des marchands de passage parler des tanneries et leurs odeurs pestilentielles ainsi que des déchets qui pouvaient traîner dans certaines rues pendant un temps suffisamment long pour qu’ils se mettent à sentir vraiment mauvais.

(Finalement le village montagnard, ça a quand même du bon).

La vue n’était pas en reste, Amaranthe se situant en plein dans les duchés qui se situaient eux même dans les montagnes, on ne pouvait se lasser du paysage. Du moins John ne cessait de l’admirer quand il sortait et aimait se balader dans la forêt de conifères qui entourait la petite ville. Les montagnes laissaient entrevoir leur sommet dont les plus hauts étaient perpétuellement couverts de neige. Le jeune homme reporta son attention sur la bourgade en elle-même qui était, en début de matinée, déjà bien active.

(Commère).

Des femmes discutaient près du puits de la ville, tous les jours elles étaient en ce lieu où elles se retrouvaient pour raconter toutes sortes de ragots qui ne présentaient aucun intérêt. Ensuite ces bavardes remontaient les rues de terres vers leur foyer où elles retrouvaient leur mari, éleveur et sûrement alcoolique, et leur marmaille à l'éducation laissant à désirer. Déjà que la vie n'était pas forcément drôle tous les jours pour John, elle aurait été très certainement pire si sa sœur n'avait pas été là. Plus jeune elle le défendait contre les imbéciles qui le torturaient parce qu'il était un grand solitaire et s’intéressait à des choses étranges comme la magie ou la mort.

« Bon où est-elle passée ? »

« Bonjour John mon mignon. »

Une voix éraillée mais reconnaissable comme celle d'une vieille femme venait d'atteindre les oreilles du jeune homme qui s’intéressa enfin à ce qui se passait juste devant lui. Une dame d'un âge certain le regardait en souriant, dévoilant sa mâchoire partiellement édentée. Le montagnard se força à lui sourire car c'était la seule autre personne étant sympathique avec lui et malgré qu'elle soit à moitié folle, et même accusée d'utiliser la magie noire, il l'appréciait aussi.

« Bonjour madame Klinell. Vous n'auriez pas vu ma sœur à part hasard ? »

La vieille se frotta le menton en regardant vers le ciel, montrant clairement qu'elle essayait de se rappeler de quelque chose. Intérieurement John espérait de tout cœur que la femme donnerait une réponse utile.

« Je l'ai croisée il y a une demi-heure. Elle se dirigeait vers la maison du duc. »

Le jeune homme grimaça ce que la vieille ne manqua pas de remarquer au vu du regard interrogateur qu'elle lançait à son interlocuteur. Ce dernier se reprit très vite et afficha un sourire factice pour remercier l'ancienne.

« Merci beaucoup... Et bonne journée. »

La doyenne commença à reprendre son chemin puis s’arrêta et se retourna vivement vers le jeune homme qui commençait déjà à rejoindre la maison ducale d'un pas pressé.

« Si tu as des soucis viens me voir. Je pense pouvoir t'aider. »

La confusion se lisait sur le visage de John qui acquiesça d'un signe de tête et reprit son chemin en trottinant vers la rue principale. Cette dernière était à peine plus large que les autres et aussi terreuse mais elle menait directement à la destination du montagnard. Quelques personnes arpentaient la même voie que le coureur et lui lançait des bonjours polis pour certains, un regard légèrement désapprobateur pour d'autres mais il ignora les deux pour se concentrer sur ses recherches.

(Elle a du accepter la proposition de ce dindon de Klaus, c'est sûr que fils de duc il y a de quoi éveiller la curiosité).

Klaus d'Amaranthe et John n'étaient pas les meilleurs amis du monde bien au contraire. En plus d'avoir une incompatibilité de caractère et de niveau social, le jeune noble convoitait ouvertement Anna ce qui en faisait la cible d'une animosité justifiée selon le montagnard. Pour ne rien arranger le fils aîné du duc avait la réputation d'être hautain, exigent et particulièrement violent bien qu'intelligent dans l'ensemble.

(Oups).

Alors qu'il atteignait la maison ducale, John remarqua sur sa droite un couple qui s'enfonçait dans la forêt entourant le village. Le frère inquiet se cacha promptement à l'angle d'une maison et observa le duo en espérant ne pas avoir été remarqué. La femme portait une robe blanche légère lui arrivant aux chevilles et laissant ses bras nus, dévoilant sa peau d'une couleur laiteuse. De longs cheveux roux cascadaient jusqu'au milieu du dos et ces derniers ondulaient légèrement avec ses mouvements. Le jeune homme qui l'accompagnait était un peu plus grand que sa compagne qui avait pourtant déjà une taille relativement impressionnante pour son sexe. Il portait une tenue de chasse élégante d'un vert pin tout à fait approprié pour la région et ses cheveux blonds avaient l'air parfaitement coiffés, arrivant un peu plus haut que les épaules. Cependant ce n'était pas la personne qu'il attendait mais un de ses amis ou du moins un de ceux qui tournaient autour de l'héritier du duché.

(Trouvée ! Par contre je vais la suivre à distance sinon elle ne va pas apprécier).

Une fois sa sœur et son soupirant enfoncés dans les bois, John se pressa de s'y engager aussi avec pour objectif premier d'assurer la sécurité de sa jumelle . Puis s'il pouvait gâcher le rendez-vous s'en se faire remarquer cela ferait de cette journée une très bonne journée.

Suite

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La fin justifie les moyens.




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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Dim 9 Aoû 2015 19:56 
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>> Subduction

Dans l'ombre de Roche


Dans les rues de la ville, il n'y avait désormais plus âme qui vive, hormis un chat domestique qui les regardait avec indifférence fermer la porte et se mettre en marche. De sourds bruits de rires étouffés leur parvenaient ; signe que de rares maisonnées veillaient encore à cette heure tardive. Mais aucune lumière en vue. Seul le clair de lune éclairaient leurs pas. A l'inverse de sa cadette, Roche ne perdit pas de temps en rêveries inutiles et remontait déjà la ruelle dans la direction opposée à la grand-rue. L'enfant rabattit en vitesse la capuche de sa cape sur ses oreilles et s'élança sur les talons de la guide. Finalement, celle-ci s'arrêta au coin d'une allée perpendiculaire scrutant discrètement de chaque côté avant de soupirer à voix basse:
- La lune est contre nous ce soir...
- Roche, quelle est cette ville ? demanda Haple toute excitée.
La montagnarde jeta un regard impérieux sur la petite pour lui intimer de se taire et ajouta :
- Silence. J'aimerais éviter qu'on remarque notre départ. Marche juste derrière moi et longe les murs autant que possible.
Et comme pour montrer l'exemple, Roche pivota d'un mouvement fluide au coin du mur et se fondit dans l'ombre de l'avancée des toits. Se précipitant à sa suite, l'enfant elfe avala la remontrance avec amertume mais cette fois n'en laissa rien paraître. Elle ne comprenait pas la raison de ces précautions et aurait normalement protesté contre ce traitement apparemment injustifié. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, la petite semblait se soucier de l'opinion de l'aventurière à son égard et ne voulait pas passer pour une geignarde doublée d'un poids mort ! Elle fit donc de son mieux pour marcher le plus silencieusement possible, posant ses pieds avec précaution sur le sol inégal de la rigole latérale, tout en s’efforçant de rester à proximité de sa guide. Et dans les minutes qui suivirent, les deux marcheuses glissèrent ainsi dans la nuit, leur marche furtive interrompue uniquement lorsque leur chemin passait par d’occasionnels rochers massifs autour desquels certaines maisons avaient du être construites par manque d'espace.

Ce n'est que lors d'une ultime halte que Haple perçut un changement d'atmosphère et releva le nez des larges mollets de sa guide pour observer les alentours. Devant elles, le bourg s'arrêtait net et le chemin parvenait à un pont arrondi enjambant une étroite bande d'obscurité pour rejoindre de l'autre côté l'entrée d'un bois. Dans le clair obscur, le tronc des arbres et leur frondaisons évoquaient un décor en ombres chinoises aux yeux de l'enfant hinïone. Pour la blonde en revanche, le pont semblait surtout représenter une source d'inquiétude à la voir réfléchir nerveusement à la meilleure manière de procéder.
- Bon. Il n'y a pas trente-six chemins parmi lesquels choisir de toute façon. Reste cachée, Haple. Je vais voir si la voie est libre. Quand je te ferai signe, rejoins moi de l'autre côté aussi vite que possible. Tu m'entends? Aussi vite que possible, insista-t-elle en plantant ses yeux dans ceux de la petite.
- Aussi vite que possible, acquiesça celle-ci dans un murmure.
Satisfaite, Roche se retourna en direction du pont. Après avoir jeté un regard furtif de part et d'autre, l'aventurière s'élança en avant d'un pas de course fluide. Haple compris alors les inquiétudes qui avaient habitées sa guide : l'absence de maison ou d'arbre les exposerait complètement à découvert sous les projecteurs blafards de l'astre des morts. Le trajet était heureusement court, et en quelques secondes, la silhouette de la montagnarde se dessinait déjà au sommet du pont. Elle lui faisait signe ! Aussitôt, l'elfe encapuchonnée partit à sa suite tandis que Roche disparaissait de l'autre côté. Marchant aussi vite que possible sans pour autant se lancer dans une course qui aurait attirée l'attention sur elle, Haple parvint au niveau du pont aussi rapidement que son aînée et entrepris de le traverser aussitôt. Une fois en haut du pont un courant d'air ascendant fit cependant glisser sa capuche en arrière et l'enfant fit halte pour l'enfoncer sur sa tête à nouveau. Jetant un regard vers le bas, Haple fut alors saisi d'un haut le cœur. Un véritable précipice s'étendait sous ses pieds, et le pont de pierre lui paraissait tout à coup d'une fragilité alarmante ! Elle n'avait jamais été exposée au vertige et elle n'aimait pas ça. (Pas du tout). Un hululement sinistre en provenance du bois la ramena à la réalité et lui fit lever la tête, rompant l'emprise du vide obscur. La “chouette” n'était autre que Roche et celle-ci lui signifiait de se hâter à grands renforts de moulinets de bras impatients. De nouveau en pleine possession de ses moyens, Haple obtempéra aussitôt et courut jusqu'à l’orée du bois.
- Mais à quoi tu joues ?! l’accueilli furieusement son aînée.
- Le vent... ma capuche... le gouffre... ça m'a surprise, conclut-elle penaude.
- J'ai bien vu oui. En route, fit-elle en la poussant brusquement devant elle, je serai plus tranquille une fois qu'on aura traversé le bois. Et accélère un peu, n'importe qui pourrait se dissimuler dans ces bois et je préfère éviter une éventuelle confrontation avec toi dans mes pattes.

Le camouflet était rude. Haple ne comprenait pas son aîné tantôt amène et complice, tantôt brusque et insensible. Et pour la première fois depuis son départ d'Anorfain, elle sentait les larmes monter dans ses yeux fatigués. Mais Roche ne lui laissa pas même le temps de s'attarder sur ses états d'âmes et l'entraînait déjà dans une foulée rapide à travers les sapins. Fort heureusement, la blonde était ralentie par le poids de son sac et les branches basses des conifères entravaient son passage, alors qu'elles n'effleuraient que de justesse la capuche de l'enfant. De plus, sous le couvert végétal, l'éclairage lunaire faiblissait et la piste devenait incertaine. Ainsi, telle deux ombres dans la nuit, les voyageuses progressaient entre les arbres à une cadence soutenue mais soutenable pour chacune. Les nombreuses couches qu'avait revêtues Haple en prévision des frimas de haute-montagne s'avéraient en revanche être des plus inadaptées à cette altitude. En effet, la petite commençait à transpirer abondamment dans son justaucorps et la laine humide frottant contre sa peau délicate occasionnait de pénibles démangeaisons. La situation empira davantage encore peu après lorsque l'inclinaison du sous-bois, jusqu'à présent guère plus qu'un léger faux-plat, s'accentua rapidement en une côte escarpée, transformant la trotte nocturne en un exercice de crapahutage. Et c'est à ce moment là, alors que Haple sollicitait au maximum ses appuis pour éviter de glisser sur le tapis d'aiguilles mortes, que la douleur à sa cheville choisit de se réveiller. Alors finalement, la souffrance se mêlant à la fatigue des muscles et à la gêne des vêtements, l'inévitable arriva. Haple, son pied butant contre la racine sinueuse d'un résineux, perdit l'équilibre et atterrit face contre terre dans un cri de surprise étranglé. Alertée par le bruit sourd de la chute, la montagnarde se précipita immédiatement à l'aide de l'enfant empêtrée dans sa cape couverte de brindilles et lui releva sa capuche d'une main soucieuse pour examiner son visage éraflé :
- Ca va, petite ? Encore un petit effort, on est presque sorties. Tu vois la lumière à travers les branches là-bas, c'est la fin de ces maudits sapins. On pourra s'y reposer.
Mais malgré ces mots de sollicitude, Roche n'attendit pas la réponse et entreprit de remettre l'enfant sur pied en la hissant sans ménagement par les aisselles. Et, après avoir jeté l'un de ses sempiternels coups d’œil circulaires pour s'assurer qu'aucun danger ne les menaçait, elle gravit la courte distance qui les séparaient du seuil du bois, laissant à l'enfant le soin de la suivre. Haple resta un instant figé sur place à regarder avec désarroi la blonde s'éloigner et émerger soudain dans la lumière blafarde de la lune. Ces derniers mètres qu'il lui fallait encore franchir lui paraissaient insurmontables. La douleur dans sa cheville la lançait désormais aussi violemment qu'au premier jour, et ses sens avaient été désorientés par le choc. Si bien que dans un premier temps, elle trébucha en avant plus qu'elle ne grimpa, avant de finalement parvenir à se ressaisir et à occulter la souffrance par la promesse du repos. S'aidant des troncs pour franchir les derniers pas, c'est une enfant essoufflée, échevelée et éperdue qui franchit la ligne d'arrivée.

>> Siehst du den Mond über Soho ? ...Neeeeeh

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Dernière édition par Haple Mitrium le Lun 24 Aoû 2015 17:19, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de la ville d'Amaranthe
MessagePosté: Dim 9 Aoû 2015 20:07 
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Siehst du den Mond über Soho ? ...Neeeeh


Une brise rafraîchissante sur son visage perlé de transpiration l'accueillit au terme de ces rudes efforts. Fermant les yeux de plaisir, Haple avala par saccades plusieurs profondes goulées d'air pur et un sourire de soulagement étira ses lèvres sèches. Une odeur prégnante de résine embaumait l'air. Une odeur revigorante à laquelle elle n'avait pas prêté attention plus tôt sous l'effet du stress. (C'est bon...). Lorsque finalement Haple eut retrouvé une partie de ses moyens, elle se résolut sans grand enthousiasme à chercher du regard celle qui l'avait poussée à ce point dans ses retranchements. La nuit lui parut particulièrement claire par contraste avec la dernière demi-heure passée sous le couvert des conifères, son infravision elfique ne lui étant ici même pas nécessaire pour y voir. Et c'est sans peine qu'elle repéra sa guide posant son sac au sol sur un rocher en hauteur. Haple l'y rejoignit en traînant des pieds et s'assit lourdement, laissant pendre ses jambes fatiguées dans le vide, le long de la pierre. De là où elles se trouvaient, leur regard effleuraient la cime des arbres et le bourg qu'elles venaient de quitter apparaissait de l'autre côté de l'étroite bande forestière. Sans un mot, Roche s'assit à ses côtés se joignant dans la contemplation rêveuse des ruelles désertes de la ville, éclairées par la lune de sa lumière mélancolique. Quelques minutes passèrent ainsi dans un silence confortable, ou bien quelques dizaines... Haple n'aurait su dire. Seuls d’occasionnels battements d'ailes d'oiseaux nocturnes venaient ponctuer la course du temps. Jusqu'à ce que finalement sa voisine émette un profond soupir et ne lâche dans la nuit … :
- Amaranthe... Le nom de la ville que tu me demandais tout à l'heure... Amaranthe.
Haple détourna son regard absent des toits de chaumes pour observer une Roche étonnamment nostalgique.
- Combien de fois n'ai je pas quitté ces ruelles sinueuses et ces ponts élancés en me demandant s'il me serait donné de les revoir, poursuivit-elle en secouant la tête un rictus au coin des lèvres.
Le changement de ton de la montagnarde était surprenant. La voilà qui sonnait de nouveau fraternelle et... humaine. Et Haple ne savait si elle pouvait lui faire confiance pour rester longtemps dans cet état d'esprit plaisant. Si elle pouvait de nouveau se laisser aller à la mettre sur un piédestal après la rudesse que celle-là avait démontré lors de la sortie du bourg. Dans le doute, elle lui laissa donc la parole de crainte de la contrarier pour quelque raison qui lui échappait toujours.
- La première fois que j'ai quitté ces pics rocheux, je devais être guère plus âgée que toi... Tu sais Haple, je crois bien que Bharf ne m'a pas dit ce qui t'avais amenée sur les routes ?
- C'est compliqué... marmonna vaguement l'enfant.
- Com-pli-qué, répéta Roche avec ironie, naturellement. Et bien moi c'est très simple. Je suis née dans une famille d'agriculteurs et nous exportions certains produits dans les duchés voisins. A cette période de l'année, mes parents m'auraient envoyée livrer nos meilleures grappes pour les vendanges de Blanchefort. Leurs fûts de chêne sont de bonne facture, je leur donne ça, mais le raisin le plus sucré venait de chez nous, y a pas à chipoter ! s'exclama-t-elle avec la fierté de ceux qui travaillent la terre. Ce qu'ils n'avaient pas vu venir par contre, mes parents je veux dire, précisa-t-elle, c'était qu'après avoir aperçu ce que le monde recelait de trépidant, plus rien ne sut me retenir à Amaranthe. Et je suis partie de plus en plus loin, au départ avec pour prétexte d'aller apprendre de nouvelles techniques agraires, puis avec le temps j’abandonnai les faux-semblants et avouait que j'étais devenue enchanteresse de grands chemins. La tête de mon père lorsque je lui mis entre les mains un bâton semoir impregné de fluides terrestres ! Paix à son âme.
- Et votre mère … ? hasarda Haple avec une pensée pour sa propre histoire familiale.
La montagnarde secoua sèchement la tête.
- Je n'ai jamais eu l'occasion de lui dire. Un jour que je revenais d'un voyage à l'académie kendranne, j'ai trouvé mon père apportant des fleurs sur sa tombe. Et il m'a fait promettre de prendre le relais lorsque lui-même aurait rejoint la terre. Et voilà que je trahi sa confiance aujourd'hui pour un ami poilu sortant sans prévenir des fantômes de mon passé. Il voit quelque chose en toi je crois... Et ce n'est pas le seul à s'intéresser à toi apparemment.
Cette dernière phrase n'avait aucun sens pour Haple. A deux reprise déjà, l'aventurière avait laisser entendre que l'enfant elfe était susceptible d'attiser la curiosité de certaines personnes. Mais les seules auxquelles la petite pouvait penser étaient les membres de sa fratrie... Peut-être avaient-ils finalement regretté leur décision d'avoir fait preuve de clémence à son égard et la pourchassaient-ils pour la traduire en justice ? Ou bien se pouvait-il au contraire qu'ils lui aient pardonné la mort de leur mère et souhaitaient la ramener au bercail ? Haple n'y croyait guère et elle ne voulait pas revenir sur le passé de toute façon. Et quand bien même ce fut d'eux qu'ils étaient question, en quoi le Fujonien se sentait-il concerné et qu'est-ce qui justifiait de telles précautions de la part de l'enchanteresse? Plus la petite y songeait, et plus elle pensait que sa guide était tout simplement dérangée : rien ne semblait justifier ses sautes d'humeur ou ses simagrées paranoïaques. Rien jusqu'à présent...

Haple sentit la blonde à ses côtés se raidir soudainement. Elle avait le visage figé vers l'entrée de la ville, le souffle coupé et le cœur, semblait-il, à l'arrêt. Un éclair de panique traversa ses pupilles dilatées et Haple suivi son regard pour identifier la cause de son émoi. Une silhouette se détachait de la sombre grisaille du pont. Bien en évidence, immobile dans la lumière lunaire, l'inconnu semblait perdu dans une contemplation rêveuse du flanc de montagne au dessus de leurs têtes.
- Lève-toi, rapidement, siffla Roche en donnant l'exemple.
L'enfant la regarda avec lassitude. Quel besoin y avait-il de se cacher d'un villageois insomniaque ?
- J'ai mal à la cheville... se plaignit l'elfe en se remettant sur pied dans l'indifférence complète de son aînée.
Celle-ci harnachait déjà son sac tout en gardant ses yeux inquiets rivés sur le pont.
- Par tous les dieux ! s'exclama l'aventurière dans un hoquet de surprise. Il nous observe !
- Et alors ?
- Alors il vient vers nous petite, il vient pour toi ! rétorqua-t-elle vivement.
Haple plissa des yeux pour constater par elle-même : effectivement, il ne s'agissait pas d'un promeneur mais d'un voyageur de grand chemin équipé d'un long manteau et d'un bâton de marche. Et il avançait vers le bois qui les séparaient. Rien n'indiquait cependant qu'il représentât une menace. Il était certes étrange de voyager de nuit mais cela valait aussi pour elles après tout. Peut-être souhaitait-il faire une partie du chemin en leur compagnie ? Et quand bien même le voyageur la cherchait, à en croire Roche ce qui n'allait pas présentement de soi pour l'enfant malmenée, peut-être n'avait-elle rien à craindre de lui ? Peut-être c'était des intentions cachées de cette femme et de ce Bharf qu'elle devrait se méfier ? Quoiqu'il en soit elle voulait des réponses ! Et c'est dans une attitude de défi qu'elle répéta :
- Et alors ?
Roche la dévisagea, interdite. Puis, sa respiration s'accéléra alors qu'elle se léchait les lèvres comme pour préparer une tirade enflammée.
- Alors... amorça-t-elle avant d'être aussitôt interrompue par les protestations de la petite.
- Peut-être que je vais aller à sa rencontre ! Et peut-être qu'il ne me traitera pas comme une gamine, lui ! Qu'il me dira ce qu'il me veut, et alors, si ses intentions sont mauvaises, je lui montrerai de quel bois je me chauffe ! Bien sûr, c'est seulement si toutes ces histoires ne sont pas que les agitations d'une enchanteresse retraitée en mal d'aventure.
Et la réaction de Roche ne se fit pas attendre. Son poing fendit l'air et s'écrasa durement contre la tempe de l'insolente. Et avant que Haple n'ait pu donner voix à la vague de douleur qui submergea son crâne, la montagnarde fit un bond en avant et saisit la petite par la nuque, l'enfermant dans l'étreinte de son bras musclé, une main lui baillonant la bouche.
- Petite sotte ! lui cracha-t-elle dans le creux de l'oreille. Tu ne sais encore rien du monde, des viles créatures qui rampent à sa surface putride. L'ordre des choses se disloque et de ce chaos émerge une foule de truands, de violeurs, de bouilleurs d'enfants, de tortionnaires, de sadiques en tout genre. Ils n'ont pas besoin de raisons pour s'adonner à leurs plaisirs malsains et ce n'est pas tes fluides maigrelets qui s'interposeront entre leurs sombres pulsions et ta délicieuse chair de pucelle. Et dans ton cas, il n'est pas dit qu'il s'agisse de quelconques criminels. Bharf m'avait prévenue qu'on te repérerait tôt ou tard et il avait l'air terrifié que tu tombes entre leur mains... ce qui, connaissant l'étendue de sa sagesse et de sa puissance, fait naître en moi, l'enchanteresse retraitée, une peur sans nom, oui.

Relâchant son emprise, Roche poussa la petite loin d'elle comme pour éviter de se laisser emporter à nouveau et de lui en coller une pour la route. De son côté, Haple ne bougeait pas : le regard figé sur le sol devant elle, elle se mordait la joue pour se contenir. De la tirade horrifique, elle n'avait rien retenu. En effet, le coup de poing l'avait choqué, la propulsant dans un premier temps dans un univers de douleurs lancinantes et de scintillements éblouissants où les bruits du monde extérieur se mêlaient aux sifflement de ses oreilles et battements de cœur affolés. Puis à partir du moment où le Fujonien fut évoqué, les explications de la montagnarde se noyèrent dans les (Vengeance) (Vengeance) (Vengeance) à la manière du goût ferreux de son sang qui suintait dans sa bouche se joignant à l'amertume de l'humiliation. Mais le nom du Fujonien lui rappela également son aventure dans la Grotte de Faiblesse, et bien qu'elle avait du mal à l'admettre, Bharf avait vu juste sur le fait que laisser éclater sa colère était l’apanage des faibles et des enfants. Et cela l'avait desservi à de nombreuses reprises déjà. Alors Haple ne desserrait pas les dents quitte à s'entailler l'intérieur des joues pour endiguer la vague de fureur qui menaçait de prendre le meilleur d'elle et se jura de lui rendre la pareille au moment opportun. (Avec les intérêts).

Lorsque l'elfe se fut enfin recomposée un visage relativement neutre et se retourna, elle découvrit Roche la tête levée vers la montagne. Une voie pavée prenait le relais du chemin qui les avait conduites jusqu'ici. Et peu après une bifurcation donnait naissance à un chemin de terre qui sinuait vers les hauteurs tandis que la route principale poursuivait à moyenne altitude et se perdait dans l'horizon obscur au détour d'une montagne. A en juger par la direction du regard de la blonde, elle avait l'intention de prendre la voie la plus difficile...
- Oui, la route du temple... marmonna-t-elle pour elle même. Avec les rumeurs qui circulent, n'importe qui ferait le détour par Beauclair, sauf s'ils avaient une bonne raison... comme de nous suivre à la trace. Oui... on sera fixé.
Puis sèchement, à Haple :
- On marchera toute la nuit et on se reposera ensuite. Suis moi.

>> Dans l'ombre des dieux

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 Sujet du message: Re: [Amaranthe] Les ruelles
MessagePosté: Lun 18 Sep 2017 20:20 
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Dix jours après avoir quitté Clair de Lune, je parviens à une petite ville connue sous le nom d'Amaranthe. Cette première partie du voyage, bien qu'éprouvante à cause du relief escarpé de la région, s'est déroulé sans encombres. La présence de mon Ithilartëa éloigne les prédateurs, peu enclins à s'en prendre à un fauve de son gabarit, et brigands comme bandes de gobelins s'abstiennent de nous approcher, conscients sans doute qu'essayer de truander le duo que nous formons leur serait peu profitable. D'autre part mon pied enfin correctement guéri rend la marche autrement plus plaisante que les dernières. Je n'ai plus besoin de prendre garde à la façon dont je le pose chaque fois que le terrain se fait caillouteux et cela change tout.

Les rues de la bourgade ne sont pas pavées, de terre battue elles serpentent au gré du relief et relient un peu anarchiquement les jolies chaumines aux toits de chaume. J'aperçois une bâtisse plus vaste que les autres et située un peu en hauteur, la demeure du nobliau local probablement, puis une auberge et enfin une grange apparemment transformée en lieu d'entraînement martial, à voir le nombre de guerriers qui y entrent ou en sortent. La nuit étant encore loin et moi-même toujours intéressé par les techniques de combat locales, c'est vers cette dernière que je me dirige, non sans attirer au passage nombre de regards surpris, Sindeldi et Ithilartëas ne devant pas être monnaie courante dans la région. Néanmoins je ne sens nulle animosité envers nous, contrairement à celle, pesante, de Mertar, il n'y a là que de la simple curiosité qui n'a rien de bien dérangeant.


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 Sujet du message: Re: [Amaranthe] Les ruelles
MessagePosté: Sam 22 Sep 2018 00:59 
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Localisation: Duchés
<< L'auberge de Til'Sit

Suivant les claires directions que vient de me donner la tenancière de l’auberge de Til’Sit, je m’enfonce d’un pas sûr dans les ruelles d’Amaranthe, où malgré l’altitude, le soleil commence doucettement à réchauffer les pierres. Après quelques tournants qui m’éloignent du centre, je ralentis un temps pour admirer le paysage qui s’étend au-delà des maisonnées. Arrivé de nuit et n’étant sorti ce matin que pour une brève course-poursuite, je n’ai rien vu du hameau et de ses alentours dans le jour naissant.
Sans la neige que j’ai toujours vu couvrir les sommets, les flancs des montagnes regorgent de flore aux couleurs chatoyantes pour le plus grand plaisir de mes yeux. Suivant où l’on se trouve dans la bourgade, le grondement de la cascade se fait moindre et laisse place aux bruits de la nature, un coup de brise dans les arbres, les pépiements des oiseaux, un braiment d’âne au loin…

Je laisse échapper un soupir et accélère le pas, ne pouvant me laisser trop longtemps distraire de ma charge par la beauté des lieux. Traversant l’un des nombreux ponts suspendus qui relient les deux parties d’Amaranthe, l’odeur puissante du fumier me confirme que je ne suis plus qu’à quelques pas de ma destination. Le large portail donnant sur la cour des écuries est ouvert et je le franchis sans plus tarder.

>> L'écurie d'Amaranthe

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