L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Ven 24 Juil 2015 09:26 
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Départ de l'auberge

La sorcière est satisfaite que le liykor reconnaisse qu’elle a raison : voilà au moins un individu qui sait se tenir, ou du moins donner le change en feignant la déférence et la docilité. C’est que cette histoire de mouchoir, relevée par Alcofribas, attise chez elle le doute. Brandissant la lanterne comme si tout jusqu’aux ténèbres doit plier devant elle, elle avance à grands pas sonores, sans se soucier de savoir si son escorte la suit. De toute manière, si un quelconque obstacle se met sur son chemin, elle compte bien en venir à bout par ses propres moyens. Son regard brûle tout autant que la flamme de la lanterne alors qu’elle se dirige dans la direction indiquée par la gamine, et sa détermination matérialisée aurait fait fondre de la roche.

(Je vais retrouver la mère de cette petite, la ramener, et puis en finir avec tout ce chambard. Ah, les villes, j’vous jure… Au moins, à la campagne, nous n’avons pas à nous encombrer des cadavres, les bêtes s’en chargent bien avant.)

« Une p’tite piè… »

Le peu que la lumière oscillante révèle du visage d’Esmé sous les larges bords de son chapeau noir dissuade le mendiant d’aller plus loin dans sa demande, et ses mains lestes repartent dans ses haillons alors que l’idée que cette femme lui broierait les phalanges en cas de larcin lui traverse la tête.

« Les dieux te bénissent. » Elle s’arrête pourtant, sort un yus de sa bourse et le jette à l’homme grimé en infirme. « Y’a une femme qui est passée par ici, avec sa fille ? »

« Oui m’dame, y’a… »

« Merci. » Deux yus supplémentaires atterrissent dans la main noire de crasse tendue. « La prochaine fois que tu essaies de me voler, je te jure que je serai moins généreuse. »

Avant même d’avoir obtenu un signe d’approbation – elle n’en a cure, pour Esmé, ses avertissements touchent nécessairement – elle reprend sa marche, le liykor et le chasseur sur les talons, qui ont observé la scène en silence, sans juger bon d’intervenir. Fendant l’ombre fanal à la main, la sorcière mène le petit groupe jusqu’au fleuve. Là, elle décrit un cercle sur la rue élargie, cherchant un indice, une trace, quelque chose qui pourrait lui offrir une indication. Mais rien. Sans se laisser démonter, elle bifurque vers l’amont, conformément aux indications de la fillette.

Avant même de voir les corps, elle sait qu’elle les a trouvé. D’autres lumières sont massées dans la nuit de la ville, avec un attroupement dont montent des murmures.

(Des curieux…)

Elle n’aime pas les curieux. Des indécis, des gens pas forcément malins, beaucoup d’avis sur tout, mais pas foutus de prendre une décision lorsque cela s’impose, toujours à consulteur leur voisins du regard, attendant sagement que quelqu’un prenne une initiaitive qu’ils pourront suivre ou qui les dispensera de faire quelque chose.

« Poussez-vous ! Laissez passer la sorcière ! » Ses coudes pointus dispersent quelques yarthissois pas assez prompts à l’exécution ou inattentif. Fendant le maigre attroupement comme le sanglier un hallier, elle se retrouve nez à bedaine avec un quelconque notable, habillé à la va-vite d’un pourpoint de velours écarlate, la dominant de toute sa taille. Haut et large comme un ours, à peu près aussi velu et barbu, gras comme un bœuf, la manière dont la petite société s’organise autour de lui signale immédiatement une certaine position, ou tout du moins des coffres abondamment pourvus en métal précieux. Sa masse n’est sans doute pas étrangère à son autorité.

(Un notable. J’aime pas les notables. Il n’y a que la rime qui les rapproche de « respectable »…)

« Je cherche une femme qui se serait évanouie dans le coin. »

« Ah ouais ma p’tite dame ? » Se faire appeler « ma petite dame » fait partie des choses qui ont de le don d’horripiler la sorcière, qui attend qu’à sa fonction, sur laquelle le noir chapeau pointu ne laisse planer aucune équivoque, soit accordé bien plus de déférence ; et bien plus encore à sa personne. Aussi commence-t-elle déjà à fulminer lorsque le gros bourgeois continue d’un ton vaguement paternaliste et condescendant. « J’vous connais pas, mais j’vous remercie d’vous soucier de cette femme. Vous pouvez rentrer chez vous maint’nant, les hommes sont là et s’occupent de… » Le dernier mot se perd dans un couinement de douleur. En sortant de chez lui, il n’a pas eu la présence d’esprit d’enfiler de solides croquenots, et ses bottes de cuir souple sont sûrement d’un grand confort, mais d’une piètre protection face aux talons renforcés des bottines de la sorcière, et surtout à sa colère ?

« J’sais pas trop de quoi vous vous occupez, terminez donc vos phrases mon brave. Z’avez pas l’air très au courant, j’vais bien trouver, vous inquiétez pas. »

L’homme remis de sa blessure physique ne tient pas à laisser passer celle infligée à son ego, ainsi qu’à sa réputation : il voit bien que quelques-uns des gens du quartier présent ont assisté à la scène, et qu’il y en a pour rire sous cape.

« VOUS ! » commence-t-il à rugir, levant un poing gros comme un jambonneau. Tout le long du mouvement, Esmé soutient son regard, et avant qu’il ait pu projeter ses phalanges jointes vers la femme cause de son humiliation, voilà que le marchand sent un contact glacé sur son cou, et interrompt son projet pour porter les deux mains à celui-ci. A peine le temps pour lui de s’inquiéter en constatant qu’une ombre plus profonde que la nuit qui les entoure est venue enserrer son encolure adipeuse, juste sous le double menton, que le contact s’évanouit.

« Moi. » Nul besoin pour la sorcière de crier, elle a fait passer le message en silence. « Où est la femme ? »

Tendant un index pareil à une saucisse, le boucher désigne un mur auprès duquel est adossé un corps.

« Merci. »

La sorcière n’est pas la seule à avoir pris en compte l’information. Déjà le liykor se précipite vers le mur indiquée, Esmé sur les talons, toujours aussi peu encline à voir dans son attitude de l’inquiétude ou de la sollicitude. S’il a quelque chose à dire à la mère de la petite, elle veut l’entendre. Elle arrive en même temps que le lupin, et identifie immédiatement à l’odeur le contenu de la gourde que tend à l’infortunée un homme d’un certain âge un peu dégarni, un alcool assez fort pour que les vapeurs se diffusent dans l’air. (De la mirabelle.)

« Madame, votre fille est en sécurité à l’auberge. Et si vous vous sentez assez en forme pour marcher, nous pouvons vous accompagner jusqu’à elle. »

Pour Esmé, hors de question de trainer plus longtemps dans les rues, et de laisser les gens monter cette histoire en épingle. Les yarthissois trouveront peut-être les corps, et ils s’en occuperont, ce ne sera plus du ressort des étrangers, et tant mieux. La sorcière veut ramener à la fille sa mère, parce que c’est ce qui doit être fait. Elle évitera des troubles supplémentaires autour d’elle si elle le peut. Pour le reste, c’est l’affaire des gens du cru et de la milice. A cette dernière, elle ne veut pas se frotter, pas plus qu’elle ne souhaite faire de vague. Déjà elle regrette d’avoir usé d’un brin de magie pour calmer son premier interlocuteur, car elle ne souhaite pas attirer sur elle l’attention plus que nécessaire, des fois que ceux qui ont brûlé sa bergerie à Tulorim aient des yeux et des oreilles de ce côté-ci du continent aussi.

Scène de crime

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Dernière édition par Esmé le Lun 27 Juil 2015 20:42, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Sam 25 Juil 2015 23:05 
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Aussitôt qu'il arrive près de la femme, le liykor l'interroge:

"Ils étaient vivants lorsque vous êtes arrivés ? Avez-vous vu leurs agresseurs ? "

La dame prise au dépourvu, tordait son mouchoir dans ses mains et finit par répondre

"Oui, je l'ai vu, c'était l'homme à la cape, celui qui a attaqué Gaspard dans l'auberge "

Soupçonneux, le liykor jeta un coup d'oeil furtif sur les mains de la dame qui se dépecha de les cacher sous son mouchoir. Il eut le temps, et Esmé aussi, d'apercevoir une tache de sang entre le pouce et l'index droit de la dame. Il allait la questionner davantage lorsque qu'il s'aperçut, un peu tard en effet, que Esmé est à ses côtés.

Apparemment contente de voir Esmé, la dame lui répondit :

" Oui, j'aimerais bien être accompagné, c'est trop d'émotions dans une journée "

Le mangeur de soupe amnésique avait écouté cette scène d'un oreille distraite plus absorbée par ce qui ce disait du côté des deux victimes.

Les sourcils froncés, il s'approcha de Esmé et lui dit pas trop fort (mais entendu du Liykor et de la femme).

" Tout ça est louche, nous en parlerons à l'auberge. "

Une araignée escaladait l'épaule de la dame, qui, heureusement pour elle, ne l'avait pas vu !

Le chien était demeuré à l'auberge, mais le chat rôdait pas trop loin de Gaspard.

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Dim 26 Juil 2015 12:20 
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Après ce début de journée pour le moins mouvementé, Ellébore se fit plus discrète. Sur le chapeau d'une cheminée, elle se posa, espérant y trouver un peu de répit. Cela ne faisait pas cinq minutes qu'elle s'y était installée qu'un pigeon vindicatif vint lui en contester la jouissance.
Les ailes ouvertes et tirées vers l'arrière, le poitrail gonflé, la tête enfoncée dans son cou et prête à jaillir comme un ressort, l'animal toutes griffes dehors s’apprêtait à lui donner quelques bons coups de bec. Bien mal lui en prit.

Avec ses trente centimètres de haut et sa fine silhouette, l'Aldryde n'en était pas moins l'une des plus grandes représentantes de sa race et cela n'était rien comparé à la puissance de son plumage qui, une fois épanoui, atteignait une envergure impressionnante.
Loin d'être dans ses meilleures dispositions et profitant du rapport de force qui était en sa faveur pour la première fois de la journée, elle ne se priva pas de lui en faire une petite démonstration. Ignorant la parade d'intimidation du volatile, ses caracoulements et le froufrou bruyant de ses ailes, Ellébore, le regard plus sombre que jamais, se contenta de déployer ses arguments.

L'oiseau laissa échapper un misérable jabotement de dépit, avant de reculer et de se dégonfler littéralement. Désormais à bonne distance d'Ellébore, il semblait néanmoins hésiter, la jaugeant et estimant ses chances. N'en n'ayant visiblement pas fini et prêt à en découdre, il reprit sa posture d'attaque et se rapprocha de nouveau.
Si la jeune femme préférait manier la sarbacane et les escarmouches à distance, elle n'en demeurait pas moins une combattante dont il fallait se méfier. Vive, la jeune femme ne sous-estimait jamais un adversaire quel qu’il soit.
Le regard rivé sur celui-ci, Ellébore donna deux impulsions lentes à ses ailes et, déplaçant lourdement l'air dans un bruit sourd, s'éleva tandis que sa main, glissant dans sa besace, se saisissait d'un aiguillon d'ajonc.

(Viens…)

La petite Ellébore hésitante et désemparée s'était volatilisée. Son visage n'exprimait plus que détermination. Les traits tendus par la concentration, une jambe repliée, le pic en main, elle était non seulement prête à l'affrontement mais s'en réjouissait.

(Approche c'est ça…)

A mesure que le pigeon avançait vers elle, l'Aldryde donnait encore un peu des ailes, s'élevant à chaque fois un peu plus, en l'entraînant dans sa suite. L'animal, qui prenait visiblement de l'assurance, face à ce qui pouvait ressembler à de l'évitement et à de la soumission, s'approchait dangereusement du point de rupture.
Ce fut enfin chose faite. Loin des toits, estimant qu'elle avait désormais assez d'amplitude pour manœuvrer, Ellébore donna le coup d'envoi des festivités.

- Ah nous deux, mon beau !

L'exclamation jaillit au moment où, donnant toute l'impulsion nécessaire, elle fusa dans les airs. Le volatile resta là, cloué sur place, tandis que l'Aldryde amorçait déjà la courbe préparatoire à son looping. Les ailes affolées, le pauvre malheureux eut à peine le temps de comprendre ce qui lui arrivait que la jeune femme redescendait déjà en piqué… droit sur lui. Déviant très légèrement sa trajectoire à la dernière seconde en évitant l'impact, Ellébore ouvrit grand les pavillons afin de parer la chute, puis vint, lentement, tournoyer autour de son querelleur. Tel un chat jouant avec une souris, l'Aldryde observait sa proie qui se remettait à peine du souffle qui l'avait envoyée promener.

Poursuivant son manège sadique, la jeune femme décrivit dans le ciel un cercle enfermant la piteuse créature qui, désormais en proie à la panique, moulinait dans tous les sens pour trouver une issue. Chaque fois qu'il tentait une percée, Ellébore se retrouvait face à lui. Commençant à s'épuiser face à la force tranquille de sa belle tortionnaire, le pigeon n'offrait pas la résistance qu'elle avait espérée, aussi rangea-t-elle son épée de fortune, qui ne lui était d'aucune utilité, et le laissa-t-elle s'échapper… sur quelques mètres, avant de le rejoindre à nouveau pour une dernière petite danse.

Lassée de la faible performance de ce volatile urbain et estimant la leçon bien suffisante, Ellébore finit par le planter là. Sans plus se soucier de lui, elle se mit à la recherche d'un point d'eau. Avec cette chaleur, un petit bain dans une fontaine aurait été des plus salvateurs mais le souvenir de sa cuisante expérience sur la place l'en dissuada. Il fallait qu'elle trouve une autre source où se rafraîchir.

Quittant les hauteurs de la ville pour se protéger du soleil, elle évolua silencieusement dans les rues que l'ombre gagnait peu à peu et, surplombant les passants, évita de se faire remarquer. Ce fut peine perdue. L'ombre qu'elle dessinait ça et là faisait se lever les têtes sur son passage. Décidant finalement qu'elle n'en avait cure et qu'ils finiraient bien pas se faire à sa présence comme elle se faisait à la leur, elle poursuivit, goûtant avec quiétude les joies de sa promenade.
Découvrant l'architecture de la cité, elle contempla les colombages et les lignes que traçaient les poutres au milieu du torchis, les contrastes qu'ils créaient dans les teintes, les effets de matières… Tout était nouveau pour elle et tout la captiva. Les fenêtres retinrent particulièrement son attention. Il était fascinant pour l'Aldryde d'y voir son reflet et plus d'une fois elle s'arrêta pour s'y mirer. Se faisant, elle jetait un œil rapide à l'intérieur et une idée ne tarda pas à germer dans son esprit de petite curieuse.

La flânerie se transforma en quête et elle finit bientôt par trouver ce qu'elle cherchait : une fenêtre ouverte dans une ruelle déserte. Débout sur le rebord, elle passa la tête furtivement au travers du cadre et, constatant la vacuité de la pièce, entra.
Un lit immense l'accueillit. Si l'Aldryde déplora la rugosité du textile qui le recouvrait, elle en explora les multiples effets de rebonds avec une joie non feinte. L'amusement terminé, la petite bonne-femme contempla le mobilier qui garnissait la chambre et dut constater avec amertume une évidence : tout était démesuré pour elle. Ainsi, même les gestes les plus simples, comme ouvrir un simple tiroir, s'avérèrent être une véritable gageur.
Renonçant à être trop intrusive dans l'intimité de ses hôtes qui ne l'avaient pas conviée, Ellébore s'accorda un peu de repos sur ce lit de géants avant de s'envoler vers d'autres terres à explorer.
L'étape suivante fut une cuisine. La première chose qu'elle y vit fut une gigantesque coupe de fruits.

(Merci!)

Elle avait faim, elle avait soif, et un jardin luxuriant prêt à consommer s'offrait à elle sur cette table. La plupart des fruits lui étaient inconnus et, à leur taille, l'Aldryde se dit qu'un seul d'entre eux aurait pu nourrir toute sa fratrie. Son attention et sa gourmandise se portèrent enfin sur un des plus petits.
Rond, écarlate, brillant et de la taille d'une très grosse baie, il ne semblait attendre qu'elle. Tenant le fruit à deux mains, elle planta ses dents dans la chair ferme et juteuse, aspira le jus, aussi rouge que du sang qui en jaillit, et découvrit avec délice une saveur sucrée et parfumée qui enchanta ses papilles. Se rassasiant et se désaltérant par la même occasion, ce fut avec une infinie délicatesse qu'elle dégusta ce bienfait des dieux.
Pleine d'énergie à présent, seule sa curiosité ne semblait être repue. L'Aldryde déposa l'énorme noyau sur la table, puis regardant ses mains maculées du divin suc alla les essuyer sur un torchon qui traînait par là. Les empruntes de ses petits doigts sur le blanc du linge la laissèrent perplexe…
La jeune femme dissimula les traces de son petit forfait sous un vaisselier et n'oublia pas d'y joindre le noyau.

- Voilà !, se félicita-t-elle avant de s'envoler plus loin.

Sa dernière incursion fut des plus courtes. A peine entrée dans la pièce surchargée de bibelots en tous genres que l'une de ses ailes heurta un bougeoir en cristal qui vint se fracasser bruyamment sur le sol. Des bruits de pas dans l'escalier s'en suivirent. Ellébore se carapata. Lorsque la tête intriguée de la maîtresse de maison se montra à la fenêtre, la jeune femme avait déjà trouvé refuge sur le toit.
Quitte pour une bonne frayeur qui, fallait-il l'espérer, lui servirait de leçon, Ellébore estima qu'elle en avait assez fait. Il était temps de rentrer, une longue journée l'attendait le lendemain !


***


Depuis son départ du matin, où elle avait fait ses adieux à Lyena, les événements s'étaient enchaînés sans discontinuer. Certains s'étaient imposés à elle, d'autres étaient de son fait, mais tous avaient un point en commun : ils la conduisaient inexorablement vers une prise de conscience. Même les plus anodins en apparence finiraient, dans les jours ou les semaines à venir, par prendre sens pour l'Aldryde à la manière des pièces d'un puzzle.

Le fleuve avait emporté avec lui une partie de son passé, la cité avait englouti une part de ses illusions, le renoncement annoncé par Anraël était à l’œuvre et tel un papillon abandonnant sa chrysalide, le jour de l’essor était proche.

Zewen était-il derrière tout cela, comme était encline à le croire Ellébore? Était-ce le fruit d'un pur hasard ou une série d'actes manqués? Cela n'avait que peu d'importance. Le mouvement était initié, son destin était en marche et tel un cours d'eau coulant de sa source jusqu'à une plus vaste étendue, tel le courant contre lequel il était illusoire de se battre sans y laisser des forces, la jeune femme avançait à chaque battement d'ailes, à chaque rencontre et à chaque petite déconvenue vers quelque chose dont elle avait toujours rêvé sans jamais parvenir à le formuler...



> 1 - Interlude

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Dernière édition par Ellébore le Lun 24 Aoû 2015 21:44, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Dim 26 Juil 2015 13:22 
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Lorsqu'elle se promène dans les rues, Ellebore remarque un attroupement, deux en faits. Un premier plus nombreux ou gardes de la milice, notable, et curieux sont assemblés devant 2 cadavres.

Et un second plus petit composé d'une femme qui semble ébranlée, d'un liykor ( portant nombres de poignards à sa ceinture) de Esmé, et d'un vieil homme au cheveux blancs et larges chapeaux.

Aucun de ces gens n'avaient remarquer la petite aldryde avant que le chat (un magnifique Maine-coon) qui se trouvait là l'aperçut et miaula.

Le vieil homme se retourna alors et l'aperçut à son tour. Il fronça d'abord les sourcils, perplexe, avant de reprendre contenance et de chasser le chat.

"Pardonnez-moi, mademoiselle, ce chat ne pense qu'à chasser. Mais dites-moi, vous êtes ici depuis longtemps ? Vous n'auriez pas vu ce qui s'est passé ici par hasard ? "

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Dim 26 Juil 2015 17:27 
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< 5 - Renoncements


Interlude
Deux cadavres et une sorcière
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Avec Ellébore, il y avait souvent un gouffre entre l'intention et l'action. Bien décidée à rentrer avant la tombée de la nuit comme elle l'avait promis au vieux pêcheur, elle s'était de nouveau laissée distraire. Papillonnant de de-ci de-là, suivant un quidam avant que son attention, attirée par un autre, ne l’entraîna dans une autre ruelle, puis une autre et encore une... c'était sans fin. Tout était prétexte à la distraction, pire encore, le temps n'avait plus cours.

La ville s'était drapée dans son habit de soirée, les maisons s'illuminaient une à une et les quelques rares passants se hâtaient de rentrer chez eux pour abandonner la ville à une toute autre faune. Quelques femmes aux jupons bariolés haranguaient le client avant de l'entraîner dans quelque recoin plus sombre, des objets s’échangeaient subrepticement sous le manteau tandis que les silhouettes noires et encapuchonnées fleurissaient comme autant de présages à d'obscurs desseins. Yarthiss avait revêtu son masque de nuit.

Cela faisait déjà un bon moment qu'elle filait un drôle de personnage, lorsqu'il stoppa net à l'angle d'une rue. Se mettant aussitôt à couvert, l'homme jeta de nouveau un œil avant de rebrousser chemin dans un silence des plus religieux. Oubliant son lascar, l'Aldryde s'approcha à son tour.
Fendant les ténèbres en éclats sonores et lumineux, la scène qui s'offrait à elle attisa sa curiosité. Tout un attroupement des plus intéressants était là.

Ellébore passa par les toits pour redescendre se poser sur la balustrade d'un balcon juste à l'aplomb du drame qui se jouait. Assise sur la main courante, aux premières loges, elle jouissait désormais d'une vue imprenable.
Des plus intéressants, c'était peu dire ! Son regard alternant entre les deux groupes qui s'étaient formés, elle contemplait paisiblement les masses inertes qui endeuillaient les pavés, tandis qu'une femme adossée contre un mur semblait bien mal en point. A ses côtés, quelques individus semblaient s'inquiéter de son sort, alors que le gros des troupes s'animait autour des deux cadavres.

Au milieu de toute cette agitation, la jeune femme ne tarda pas à reconnaître une silhouette qu'elle aurait préféré ne pas recroiser de sitôt. Même de dos, le doute n'était pas permis. Il s'agissait bien du milicien qui l'avait menacée d'un petit tour au cachot plus tôt dans l'après-midi, celui-là même que la femme avait appelé Sergent.
L'autre petit groupe ne lui disait rien qui vaille non plus. Pour tout dire, la présence d'un Liykor n'était jamais une bonne chose, c'était plutôt l'annonce de l'ouverture de la chasse. S'il était rarissime d'en croiser un dans les forêts de Yarthiss, leurs exactions marquaient si profondément et si durablement les esprits qu'ils en étaient devenus la menace ultime adressée aux enfants. A la seule évocation de leur nom, les plus récalcitrants rentraient dans le rang et demandaient grâce. Celui-ci, lardé de poignards étincelants, glaça plus qu'un autre le sang de la pauvre Aldryde.
Ce qui l'inquiéta plus encore, si cela était possible, fut qu'il restait en retrait.
Une femme très étrange semblait mener la danse. Elle n'avait rien d'alarmant à première vue avec sa modeste taille, sa silhouette presque fluette et son drôle de chapeau pointu, mais l'assurance qui émanait d'elle à chacun de ses mouvements, conforta Ellébore dans sa certitude : le danger était là, il valait mieux qu'elle parte.

- Maaaou…

Elle ne l'avait pas vu celui-là ! Les yeux écarquillés, elle orienta son regard en direction du son qui venait de lui arracher le cœur. Un ÉNORME chat, aux orbites aussi rondes que les siennes, la dévorait littéralement du regard. Piaffant, l'animal marquait son impatience et son impuissance en de multiples piétinements de ses pattes avant, tandis que son postérieur semblait avoir lancé le compte à rebours.
Il n'avait rien d'un pigeon et l'Aldryde s'en félicita dans une certaine mesure. Au moins ne risquait-il pas de la rejoindre sur son perchoir !

- Pardonnez-moi, mademoiselle, ce chat ne pense qu'à chasser. Mais dites-moi, vous êtes ici depuis longtemps ? Vous n'auriez pas vu ce qui s'est passé ici par hasard ?

(Saleté de chat!)

A cet instant, la petite curieuse aurait aimé se fondre dans le décor, s'évaporer dans l’éther, être absorbée par le néant… enfin bref, tout plutôt que d'être là. La mine déconfite et déglutissant péniblement, Ellébore se tourna vers le troisième compère, un vieil homme aux cheveux blancs qui lui parut bien courtois pour une personne qui semblait prendre avec autant de légèreté les atrocités que pouvait commettre ce genre de bestiole.

(Pardonnez-moi M'sieur, mais cet orque s’apprête à vous dépecer, ne paniquez pas surtout... je vais vous en débarrasser. J'aimerai bien le voir à ma place lui!)

- ... Euh… Depuis quand je suis là ? Reprenant ses esprits et un peu de sa fierté perdue, la jeune femme poursuivit sur un ton qui se voulait plus serein. Depuis peu ! Quand je suis arrivée, vous étiez déjà là. J'ai bien peur de ne pouvoir vous aider, vous en savez plus que moi, je le crains. Mais que se passe-t-il au ...

Ellébore n'avait pas fini sa phrase qu'elle vit une masse se détacher de l'autre groupe.

- Encore toi ! Décidément partout où y'a du grabuge t'es dans l'coin ! J't'avais pas dit d'aller traîner tes plumes ailleurs ? Le ton du sergent, bien qu'agacé, se voulait plutôt paternaliste.

Se retrouvant comme prise au piège de sa trop grande curiosité, l'Aldryde eut l'impression à cet instant précis que tous les regards convergeaient vers sa petite personne. Ne sachant plus trop où donner de la tête entre le vieux bonhomme et le milicien, elle lâcha un « J'ai rien vu, j'vous l'jure !», qui dans sa maladresse ressemblait plus à un aveu.



> 2

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Dernière édition par Ellébore le Dim 23 Aoû 2015 21:31, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Lun 27 Juil 2015 20:40 
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La femme est bien réveillée maintenant, assez pour pouvoir répondre directement aux questions du liykor. Le voilà qui veut savoir si la femme a vu le coupable. Craint-il d’être découvert, s’il est à l’origine des deux cadavres ? Ou a-t-il lui aussi des soupçons ? Les aveux de la mère font tomber l’accusation sur la tête de l’importun qui a poignardé Alcofribas à l’auberge, projetant bien malgré elle la sorcière dans toute cette histoire incongrue.

(Voyons… L’assassin présumé poignarde Alcofribas, qu’il a peut-être pris pour un autre – ou peut-être pas – et fuit ; un des hommes ressemblant à Alcofribas reste calme face à la provocation, et m’accompagne dans cette histoire ; le liykor s’est éclipsé après les deux joueurs bagarreurs, qui sont les deux cadavres selon ce qu’a dit la gamine. L’autre cible potentielle n’a pas quitté l’auberge. Cela ne nous laisse donc que le liykor ou l’homme qui a poignardé Alcofribas… Deux potentiels assassins, dont l’un qui me suit de près… Ou n’importe qui d’autre de mal intentionné dans cette ville. Une coïncidence n’est pas à exclure.)

Accaparée un instant dans ses pensées, Esmé n’en remarque pas moins un mouvement furtif de la dame, alors que le liykor l’observe, et que sur l’une de ces mains si vivement dissimulées se trouve une tache pouvant passer, à la lueur de la lanterne, pour du sang.

(Elle n’a pas aidé à soigner Alcofribas, et si elle avait touché les cadavres, elle aura du sang au bout des doigts…)

Le liykor ne pose pas plus de question, il n’y a que la dame pour rompre le silence, et accepter l’invitation de retourner à l’auberge. Puis le mangeur de soupe, moins attentif au premier abord, revient confier ses soupçons à la sorcière – il trouve ça louche – ; peut-être en sait-il plus d’avoir tendu l’oreille du côté des cadavres : Esmé ne le saura que de retour à l’Au-Delà. Pour l’heure, son cerveau travaille à tisser une nouvelle hypothèse.

(N’importe qui dans cette ville aurait pu tuer… Y compris cette femme. Qui la soupçonnerait ? Evanouie, l’air fragile, sans compter tous ceux qui pensent qu’une femme n’est pas capable d’une telle violence… Reste la gamine. Sa mère aurait pu la berner, lui mentir, partie en avant, en finir avec ses cibles, feindre de découvrir les cadavres, et de s’évanouir. Ou bien elle est elle aussi complice… Quel mérite elle a, cette petite, d’être revenue dans la nuit jusqu’à l’auberge, laissant sa mère évanouie derrière elle, après avoir peut-être vu des morts à la gorge tranchée, pour venir chercher du secours. Sous le coup de la peur, on peut faire des choses extraordinaires ! D’autres enfants auraient peut-être paniqué, seraient allés chercher du secours au plus près, auraient frappé aux portes… La preuve des gens sont là… Beaucoup de mérite ou beaucoup de sang-froid…)

« Oui, rentrons à l’auberge. » Malgré les questions qui naissent dans son esprit, et l’incertitude dans laquelle elle se trouve, Esmé ne laisse pas le ton de sa voix s’effriter : de l’autorité, de l’assurance, de la cer-ti-tude. Toujours. Surtout quand les choses paraissent aller de travers. Et des ordres, rien de tel pour reprendre la main, provisoirement du moins. « Vous, là » dit-elle à l’homme de l’auberge, en lui tendant la lanterne « prenez donc ça et ouvrez la route, elle devient lourde pour mon bras. » Un mensonge, mais au moins serait-il peut-être plus enclin à accepter. « Et vous » c’est cette fois le liykor qu’elle montre du doigt « vous m’avez l’air costaud : soutenez donc madame jusqu’à l’auberge, elle a l’air vraiment pâle, il ne faudrait pas qu’elle chute. Moi, je vais fermer la marche. »

(Et observer, écouter.)

Au notable qu’elle a malmené, elle indique sèchement : « Si quelqu’un, la milice par exemple, cherche un témoin, nous sommes tous à l’auberge de l’Au-Delà. »

Nouvelle venue

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Mar 28 Juil 2015 15:09 
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Le vieil homme avait espéré que le témoignage de l'aldryde aurait pu élucider, un tant soit peu ce mystérieux meurtre, mais malheureusement, elle était arrivée bien après eux.

Voyant la réaction du milicien à l'endroit de la petite chose, il intervint auprès de celle-ci.

" Les rues ne sont pas sécuritaire et un mystérieux meurtrier rôde par ici. Restez avec nous, il ne vous arrivera rien ! " Dit-il aimablement à l'intention de l'aldryde.

Puis à ce moment, Esmé l'interpèle et lui demande de tenir la lanterne.

Affichant un sourire bienveillant, il acquiesce à la demande de la sorcière, tout en faisant un petit signe de tête à l'aldryde afin qu'elle le suive.

Le liykor, pour sa part, s'empresse d'exécuter l'ordre demandé.

"J'allais justement m'offrir de vous soutenir " Dit-il à la dame avec un sourire narquois. Cette dernière, évidemment décontenancée, ne sait plus quoi répondre.

"Heu... et bien..." Mais il n'y a pas de mots qui lui viennent, ou de prétextes valables. Nettement contrariée, elle n'a pas le choix que d'accepter l'offre du liykor. Est-ce la race de ce dernier qui la mets si mal à l'aise ? On ne saurait dire ! Le liykor se pencha donc vers la dame et délicatement l'aida à se lever et lui tint galamment le bras afin de bien la soutenir. La peau de la dame est encore plus blanche qu'à leur arrivée.

Et puis, le chat à présent assis sur les dalles de pierre, fais sa toilette, tout simplement.
Non, loin de là, une petite souris ayant aperçu le vil prédateur, rebrousse chemin. Et puis, il y a l'araignée, celle-là même qui escaladait l'épaule de la dame, se trouvait à présent sur le bras du liykor qui ne s'aperçut de rien.

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Mer 29 Juil 2015 17:33 
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- Hop, hop, hop ! Elle va nulle part la D'moiselle, lança le Sergent au vieux qui venait de convier Ellébore à se joindre à eux et qui, sans plus attendre, se saisissait de la lampe tendue par la femme au drôle de chapeau.

Le milicien intima l'ordre à l'Aldryde de descendre de son perchoir, tandis que l'homme aux cheveux blancs s’éloignait déjà. Ellébore hésita un instant entre celui qui venait de l'inviter et le représentant de la force publique. Mais avait-elle vraiment le choix ? S’exécutant de mauvaise grâce, en vol stationnaire, la jeune femme se mit à sa hauteur en attendant de savoir ce qu'il allait advenir d'elle.

- Comment ça t'as rien vu ! Et qu'est-c'tu fais à traîner par ici à pareille heure !

Ce n'était pas des questions, mais bel et bien une engueulade qui lui tomba sur le coin du nez. Elle eut la sensation de faire un bon dans le temps, lorsque enfant, rentrant fort tard, Lyena l'attendait pour un passage à savon dans les règles de l'art.

- J'ai rien vu, c'est ça… L'Aldryde se perdit ensuite en explications qui laissèrent le Sergent pantois.

Une moue dubitative se dessina, sa tête oscilla de droite à gauche, ses mains en signe d'impuissance s'élevèrent : «C'est bon, c'est bon ! »

Il en avait vu dans sa vie des coupables et des trucs franchement dégueulasses, et s'il n'y avait plus grand-chose qui pouvait encore l'étonner, il n'en revenait toujours pas de cette capacité quasi innée, presque divine, qu'avaient certaines personnes à se passer elles-mêmes la corde au cou. La jeune femme, qu'il contemplait à présent de son regard incrédule, était de cette catégorie insaisissable. De ces gens qui innocemment, mais avec persévérance et contre toute raison, avancent droit vers l’échafaud qu'ils ont eux-mêmes bâti.

« Si quelqu’un, la milice par exemple, cherche un témoin, nous sommes tous à l’auberge de l’Au-Delà. »

La femme avait pris les choses en mains, donnant ses ordres à la ronde comme si la ville lui appartenait et comme si tout ce petit monde était là dans un seul but : la servir sans sourciller. Le plus étonnant, c'était qu'elle semblait être dans son bon droit. Personne ne sourcillait, tous obtempéraient.

Le milicien observa attentivement le petit groupe qu'elle menait à la baguette, puis revenant à l'objet de ses préoccupations immédiates, d'un signe de tête, pour le moins désabusé, lui donna son accord.

- Et toi ! Lança-t-il au vieil homme, elle est sous ta responsabilité maint'nant, veille à ce qu'il lui arrive rien de fâcheux, sinon t'auras affaire à moi !

Ellébore, surprise de s'en tirer à si bon compte, et plus encore de la sollicitude bourrue du Sergent, le remercia avant d'aller rejoindre la petite troupe.
Gardant ses distances d'avec le Liykor, elle se plaça juste à côté du vieil homme qu'elle gratifia d'un haussement de sourcils amusé.

- Bon, ben... merci. Quelle drôle de soirée ! Moi, c'est Ellébore.

Les civilités faites, son attention se porta sur son environnement immédiat qu'elle scruta dans ses moindres détails. Le monstre poilu, tout occupé à sa toilette, semblait l'avoir oubliée pour un temps, alors que la dame, blanche comme une anémone des bois, acceptait l'aide du prédateur dont le sourire ne laissait présager rien de bon. Son regard glissa sur la petite araignée, sans même la voir, pour redescendre sur les poignards qui luisaient telles des dents acérées. Elle regarda de nouveau le visage aimable de son chaperon avant de s’attarder sur celui de la femme… à cette distance, elle pouvait désormais sentir le fluide qui se dégageait d'elle.




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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Lun 3 Aoû 2015 11:22 
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C’est avec une grande satisfaction qu’Esmé constate que les choses reprennent un ordre de marche normal : son ordre de marche. Moins de monde, moins de curieux, moins de morts. Le liykor accepte de se charger de la pauvre mère… (…Avec un enthousiasme douteux. C’est quoi sur son visage ? Un sourire ? Pas facile à voir sur une tête de loup… Il doit lui faire peur, elle est pâlotte comme tout… Ou c’est de se relever. Y’a des gens, dès qu’ils se relèvent, déjà le sang leur tombe dans les pieds au lieu de leur remonter à la tête, et les voilà qui retombent. Mais pas question de la laisser couchée là. Ce grand gaillard pourra la ramasser si elle tombe mal de nouveau. Pas question que je m’en charge, ou que je laisse l’autre vieux le faire, au risque de me retrouver avec sur les bras un infirme de plus avec le dos bloqué !). Pensant à cette perspective, son esprit se réoriente sur la situation dans sa nouvelle configuration. Le vieux a pris la lanterne, et va ouvrir la marche. Avant de suivre le mouvement imprimé par la sorcière, il s’est tout de même trouvé le temps d’aller jeter un coup d’œil dans les affaires d’autrui, et d’en revenir avec de la compagnie. Voilà qu’un milicien leur confie la responsabilité d’une nouvelle venue. Il faudra que le vieux veille à ce qu’il ne lui arrive rien de fâcheux. Intérieurement, Esmé esquisse un sourire ironique qu’elle ne laisse pas se dessiner sur son visage, de marbre. (Rien de fâcheux, en notre compagnie… Le déroulement de la soirée aurait de quoi inquiéter les moins superstitieux… Un blessé, deux morts, trois…) Mais elle peine à trouver une suite valable, quelque chose de pire que la mort – l’humiliation ? – et délaisse presque aussitôt cette pensée : si quelque chose de néfaste doit arriver à trois d’entre eux, il faudra lui passer sur le corps avant.

Avant de répondre à Ellébore, Esmé la détaille d’un œil acéré, s’efforçant de se faire une idée précise. De ce petit peuple à plume, elle ne connaît rien, sinon ce qu’elle a pu en lire plus jeune dans les livres à Kendra-Kâr, ce que lui a vaguement dit ‘Man Grenotte, et les rumeurs ; le tout forme un amalgame de renseignements qui ne lui inspire pas de sentiment particulier, et de toute manière, rien de cela ne parvient à égaler l’élément cardinal de son action qu’est son propre jugement. Une tenue comme la sienne, la sorcière ne la porterait pas, pour la coupe comme pour la couleur : pas convenable pour son statut. Et puis les cheveux blonds éveillent chez elle une forme de méfiance teintée d'hostilité. (Mais ça c'est pas sa faute. Attendons de voir. Elle a l'air polie, c'est déjà ça.)

« Appelez-moi madame Esmé. Je suis sorcière. » énonce-t-elle en guise de présentation, faisant sonner son état comme un titre de noblesse – et il a à ses yeux bien plus de valeur – ne parvenant pas à dissimuler une certaine fierté dans le ton employé pour ce mot : débit plus lent, voix un peu plus forte, chaque syllabe bien détachée, elle tient à ce que cela s’entende. « Nous ramenons cette dame jusqu’à l’Auberge de l’Au-delà, où sa fille l’attend. Je loge là-bas. Je ne suis pas d’ici. » Cette dernière précision est importante pour Esmé : que les choses soient claires, elle n’a rien à voir avec cette ville, les gens qui y vivent, et encore moins avec ceux qui y meurent. Une sorcière doit avoir son territoire, où elle exerce une autorité, où elle connaît les gens, où aucun bourgeois bedonnant ne s’aviserait de la menacer. Une sorcière à l’étranger est toujours une sorcière, mais elle ne devrait pas être tenue pour responsable de ce qui se passe loin de chez elle.

« Gardez un œil sur les ruelles. » précise Esmé en se plaçant à l’arrière du groupe, comme elle l’avait annoncé ; l’avertissement s’adresse à tous cette fois. « Même si aucun d’entre nous n’a rien vu, le tueur est peut-être encore dans le coin, et peut avoir un doute. »


Nouveaux soupçons

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Lun 3 Aoû 2015 16:13 
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Le vieil homme fit un signe de tête affirmatif au milicien, il s'occuperait de la nouvelle venu.

Puisque les présentations semblaient avoir enfin lieu, la dame bien que la peau très pâle enchaîna à la suite d'Esmé.

"Je suis dame Picard !" annonça-t-elle s'en plus de détail.

Le liykor qui la soutenait sans difficulté, lui proposa même de la porter, ce qui ne semblait lui causer aucun souci. Ce qu'elle refusa avec empressement. Devant, ce refus, il esquisça un sourire avant de se présenter à son tour.

" On m'appelle Sly ! "

Le vieil homme qui était en tête, muni d'une lanterne, se gratta d'abord la tête.

"Et bien moi, je n'ai aucune idée de mon nom. J'ai oublié. L'aubergiste croit que cela peut être dû au coup que j'ai reçu sur la tête."

Il émit un petit rire avant de poursuivre:
"J'espère juste de ne pas m'appeler Gaspard, il n'est pas prudent de porter un tel nom par ici."

Et puis, le chat cessa sa toilette, s'étira et entreprit de les suivre, se tenant non loin de Esmé, mais à une certaine distance de ses pieds.

L'araignée, pour sa part, se trouvait toujours sur le bras du liykor qui ne l'avait pas encore vu, ce qui n'était pas un mal en soi.

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Mer 5 Aoû 2015 17:19 
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Alors qu'Ellébore portait son regard sur cette femme pour le moins étrange, il croisa le sien nettement plus incisif. La détaillant de pied en cap, celle-ci semblait faire l'inventaire de sa petite personne. Il lui parut même qu'elle s'attardait quelque peu sur le haut de ses cuisses comme si elle cherchait un morceau d'étoffe manquant. Quelque peu agacée par cette intrusion visuelle, l'Aldryde se tint plus droite, avec une sorte de fierté contenue, et entreprit d'en faire de même. Cette réaction assez puérile dans un premier temps ne manqua pas de rapidement l'amuser.
A y réfléchir un peu, la tenue vestimentaire de cette femme avait sûrement sa raison d'être qui, si elle lui échappait, devait être tout aussi justifiée que la sienne. L'Aldryde s'imagina, portant un grand chapeau qui ne manquerait pas de s'envoler sous le vent, et un long jupon qui au premier looping ou au premier piqué viendrait se retrousser et se placer lamentablement en travers de son visage.

(Emmaillotée comme un cocon!)

Détendue par cette petite pensée, un sourire s'esquissa sur son visage.

- Appelez-moi madame Esmé. Je suis sorcière. Nous ramenons cette dame jusqu’à l’Auberge de l’Au-delà, où sa fille l’attend. Je loge là-bas. Je ne suis pas d’ici.

Ellébore nota, non sans ironie, le ton quelque peu emprunté de la sorcière lorsqu'elle se présenta et la fierté qui tintait dans son application à détacher les syllabes. Était-elle censée la connaître ? (Une grande sorcière réputée... qui sait ?) Décidément cette femme ne manquait pas de l'étonner, ni de l'intriguer d'ailleurs. Il y avait même un petit quelque chose d'agaçant… un je ne sais quoi dans ses manières, dans le regard qu'elle posait sur les choses et les gens, cette façon abrupte de donner des ordres, comme si l'idée que quiconque puisse les contester ne lui traversait même pas l'esprit. Toujours était-il qu'elle avait pris la direction des opérations et personne ne semblait contester son autorité.
Dans le doute et par prudence, la jeune femme se garda bien de laisser paraître quoi que ce soit de ce qui lui traversait l'esprit. Après tout, la haute estime qu'elle semblait avoir d'elle-même était peut-être justifiée, mieux valait ne pas tenter de l'en dissuader.

(Avec les sorcières, la prudence est de mise !)

- Bien, Madame Esmé !


Ellébore fit un petit signe de tête à dame Picard, la gratifiant au passage d'un sourire compatissant et d'un «Enchantée». Sly, quant à lui, eut droit à un salut silencieux et pour le moins distant. Quand le tour du vieil homme vint de se présenter, sa réponse ne manqua pas de surprendre l'Aldryde.

- Comme c'est triste de ne pas avoir de nom. On pourrait peut-être vous en trouver un en attendant que vous vous remettiez de ce mauvais coup et que la mémoire vous revienne.

Mais déjà le petit groupe était en ordre de marche. L'amnésique, en tête, éclairait le chemin, Sly soutenait dame Picard et la sorcière en queue de cortège surveillait tout son petit monde avec le chat sur ses talons.

- Gardez un œil sur les ruelles. Même si aucun d’entre nous n’a rien vu, le tueur est peut-être encore dans le coin, et peut avoir un doute.

(Bonne idée!)

La mort n'effrayait pas l'Aldryde, elle faisait partie de sa vie. S'ils avaient seulement eu une idée de ce dont étaient capables les gens de son peuple, avec leur apparence si fragile et si délicate, ils ne l'auraient plus regardée du même œil. Sans compter qu'elle ne risquait pas grand-chose dans cette situation, un battement d'ailes et elle serait hors de danger. Non, ce qui l'inquiétait, c'était ce vieil homme qui serait en première ligne en cas d'attaque. Il avait déjà pris un mauvais coup, il ne survivrait peut-être pas au suivant. Dame Picard aussi était vulnérable.
Ellébore porta machinalement sa main sur sa sarbacane et déplora en cet instant de ne pas avoir de poison sur elle !
Si le pire advenait, elle ne serait d'aucune utilité. Et pourtant, elle comptait bien faire sa part du travail !

- Très bien, Madame Esmé ! Je pars en éclaireur vérifier si les rues sont sûres.

Sans attendre la réponse de la sorcière, ni même celle du vieil homme, elle prit un peu d'avance sur le groupe et disparut au coin d'une rue. Un peu d'action lui ferait le plus grand bien.
Depuis son départ ce matin de sa forêt natale, elle avait plutôt subit les événements et cela n'était pas dans ses habitudes. Incontestablement, cette ville l'avait mise dans un drôle d'état!



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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Mar 11 Aoû 2015 20:46 
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Alors que tout le groupe se présente à l’aldryde, Esmé observe les réactions, et le comportement de leur nouvelle compagne à ailes. Maintenant, elle connaît le nom de tous, ou du moins les noms qu’ils ont bien voulu donner : dame Picard pour la mère de la gamine, Sly pour le liykor, et toujours pas de nom pour le dernier compagnon… (Comme c’est commode !) Si le vieil homme n’est pas amnésique, il poursuit bien sa comédie, se permettant même de faire un trait d’humour – sur les risques qu’il y aurait à ce que son nom soit Gaspard – qui lui donne un air un peu niais et perdu. Trop peut-être. La sorcière se souvient du flegme dont il a fait preuve à l’auberge, alors qu’Alcofribas s’indignait et jouait l’empêcheur de souper en rond. Un flegme trop louche. Et puis il ne s’est pas agité beaucoup près du cadavre, ni ne semble plus gêné que cela par la situation. Soit il est vraiment un peu simple, et s’émerveille de tout, soit il dissimule une âme bien forte, et n’a pas besoin d’afficher, comme le liykor, une rangée de couteaux sur le torse.

(Toute une belle brochette de suspects… Et même cette nouvelle venue d’ailleurs, Ellébore… Elle est tombée à point nommée, l’air perdu. Mais personne ne se méfie d’une petite créature… Déjà qu’il y a des idiots qui ne se méfient pas des femmes parce qu’ils les croient trop fragiles ! Posée sur une gouttière, une lame effilée à la main… Il n’y a pas besoin de plus pour tuer un homme, ni même deux. En un battement d’aile, elle est loin pour tout le monde.)

A cette idée, Esmé fronce des sourcils, bien contente que personne ne puisse le voir. Aussi, lorsque l’aldryde se propose de partir en éclaireur, elle opine du chef en marmonnant « Oui oui, excellente idée. » avant de continuer à l’adresse de dame Picard.

« Ca a dû être un sacrée frayeur pour votre fille. Elle a été bien courageuse la petite, de revenir à l’auberge dans la nuit. Et quelle déveine… Tomber justement sur les deux hommes qui ont été chassés de l’auberge juste avant vous. Vous étiez sur le chemin de la maison ? »

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Mer 12 Aoû 2015 23:03 
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Lorsque la petite Aldryde parla de prendre les devants et de partir en éclaireur, le chat fit quelques pas précipités pour la poursuivre, mais s'arrêta étrangement après quelques mètres un peu comme si une laisse invisible, le retenait, l'empêchait de se séparer du groupe. Il ne put émettre qu'un long miaulement d'insatisfaction. Ellébore prenant les devants arriva sans emcombre jusqu'à l'auberge. La porte de cette dernière à la volée, une fillette faisant face à l'aldryde

"Vous avez vu ma maman ?" Puis elle s'arrêta sec comme si elle venait de réaliser ce qui lui faisait face, sa curiosité d'enfant prenant le dessus.

"Vous êtes une fée ? Vous exaucez des souhaits ? Vous pouvez redonner la vie au petit oiseau noir qui s'est fracassé la tête contre le miroir de l'auberge ?"

Tout en parlant, la petite s'approchait de l'aldryde, bras tendu.


Le reste du groupe était un peu à l'arrière, n'ayant pas encore tourné le dernier coin de la rue les menant à l'auberge.

Aux paroles d'Esmé, Dame Picard s'affola

"Ma fille !! Ou avais-je la tête ? Ma fille ! Ou est-elle ? Il faut retourner là-bas, on doit aller la récupérer."

Elle allait se retourner, mais le liykor la maintenait fermement. D'un ton calme, il se contenta de dire :
" Elle est dans l'auberge !"

"Toute seule dans la nuit.... je suis une mère indigne ! "
Cria-t-elle sincère, rongée par les remords. Puis elle fixa le liykor avec des yeux teintés de colère:

" Et puis après que les hommes soient sortis de l'auberge, vous êtes sortis à votre tour monsieur Sly, c'est louche.. c'est peut-être vous..."

Elle s'arrêta hésitante.

Mais le liykor conservant son air calme enchaina pour elle.

"C'est peut-être moi qui les aie tués. Oui, ça pourrait être envisageable. Mais que possédaient-ils qui aurait pu m'intéresser, dites-moi ?"

La conversation se termina là. L'homme amnésique approchait du dernier coin de rue avant d'atteindre celle qui menait à l'auberge.


(((Il n'y a plus de contact visuel entre Esmé et Ellébore. )))

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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Dim 16 Aoû 2015 16:58 
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Le miaulement du chat, qui voyait son potentiel dîner s'éloigner, se répercuta en une longue plainte qui emplit le silence de la nuit bien après qu'Ellébore eût tourné au coin de la rue. Sans plus se soucier de lui, ni du liykor, scrutant les recoins et les renfoncements, l'Aldryde gagna rapidement l'auberge. Nulle trace d'un quelconque assassin en embuscade sous un porche, ni même d'un moindre guetteur. Comme désertées, pour laisser passer la sorcière et sa cohorte d'estropiés, les ruelles offraient en ces instants un corridor sécurisé et libre de tout danger.

La porte de l'auberge s'ouvrit brusquement alors que la Rôdeuse s'en approchait.

- Vous avez vu ma maman ? A brûle-pourpoint, la gamine l'apostropha, avant de réaliser qu'elle avait peut-être face à elle la solution à tous ses soucis. Vous êtes une fée ? Vous exaucez des souhaits ? Vous pouvez redonner la vie au petit oiseau noir qui s'est fracassé la tête contre le miroir de l'auberge ?

D'abord surprise par cette soudaine apparition et faisant un bon en arrière, Ellébore s'amusa rapidement de cette faculté toute enfantine de ne pas hiérarchiser les problèmes. Un mère égarée s’effaçait devant le cadavre d'un petit oiseau.

- Une fée ? Est-ce que j'ai l'air d'une fée ! La petite remontrance était volontaire, la jeune femme ne supportant pas ces niaiseries avec les fées et encore moins un quelconque amalgame. Il n'y avait rien de comparable entre les fées et les aldrydes et surtout pas ces espèces de ridicules proéminences qui leur servaient d'ailes. Elles étaient tout juste capables de virevolter comme des moucherons, là où les siens pouvaient se montrer de véritables seigneurs des airs. Enfant ou pas, il était important de marquer le coup et de parfaire son éducation défaillante ! Je suis une aldryde ma petite, et cela te sera bien plus utile !

Gardant ses distances d'avec l'enfant, qui s'avançait vers elle bras tendus comme pour l'attraper, ce qui ne manqua pas de lui rappeler la fâcheuse scène de l'après-midi, Ellébore continua son petit jeu.

- Chut ! Portant très sérieusement son index sur ses lèvres, puis faisant mine de tendre l'oreille, elle imposait le silence et l’immobilisme à la petite fille qui devait être, à n'en pas douter et vu la ressemblance, celle de dame Picard. Entends-tu ? Les pas cadencés de la sorcière résonnaient sur le pavé et la petite troupe ne tarderait pas à faire son apparition. Je crois que je peux exaucer ton premier souhait et te rendre ta mère ma chère enfant ! Haussant les sourcils et affichant un sourire triomphale, elle se fit subitement plus songeuse. Pour le petit oiseau en revanche… cela me semble bien compromis. Mais, je prierai Phaïtos pour qu'il l'accueille auprès de lui !



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 Sujet du message: Re: Les Rues de la Cité
MessagePosté: Jeu 20 Aoû 2015 17:59 
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L’aldryde, comme elle l’avait annoncé, s’est envolée reconnaître le chemin, et battements après battements, ses ailes blanches se sont perdues dans la nuit de Yarthiss, trop lointaines pour le regard de la sorcière ; peut-être le liykor a-t-il pu encore les distinguer s’il dispose, comme les chats, d’une bonne vision dans le noir, mais cela la kendrane l’ignore. Le chat s’en alla à la poursuite de la petite créature volante, comme il aurait traqué un oiseau sans doute, puis s’arrêta mystérieusement, et poussa de longs miaulements qui rappelèrent à la sorcière combien son propre compagnon félin était d’un naturel calme et posé, même en cas de contrariété : il déversait dans son regard, son attitude, et parfois ses griffes, tous ses griefs envers le monde, mais jamais ne se laissait aller à des manifestations aussi bruyantes. Et ce souvenir éveille celui du cadavre de l’animal cloué à la porte, puis le feu, l’odeur, la prison.

La colère grandit, et diffus dans tous le corps de la femme, les fluides d’ombre semblent lui répondre par des picotements. La conscience lui vient que l’équilibre doit être rétabli, et qu’il est hors de question de se laisser aller à de telles émotions, ni ici, ni ailleurs, ni maintenant, ni plus tard. Ce qu’elle doit faire, elle devra le faire froidement, l’esprit clair. Et toute son attention lui sera nécessaire pour tirer au clair cette affaire dans laquelle les évènements sanglants l’ont embrigadé.

(Non, où je me suis fichue toute seule ! J’aurais pu laisser Alcofribas se vider de son sang, et ensuite laisser tout ce beau monde de l’auberge courir dans les rues pour chercher la mère de cette gamine… ‘Man Grenotte, elle courait les montagnes pour aller aider une femme à accoucher, sauver quelques chevreaux pour pas que la famille perde son gagne pain, quelque soit le temps, quelque soit la saison, l’heure du jour et de la nuit. C’est ça, être sorcière, qu’elle disait. Aider les gens, et surtout se mêler de ce qui ne nous regarde pas. Parce que les gens le font pas, parce que les gens se taisent dans les villages, parce qu’ils ne veulent pas d’ennuis, il faut que certains se taillent une sale réputation, aillent lire dans les yeux la vérité et mettent les pieds dans le plat. C’est ça une sorcière. Avant la connaissance des simples, avant les savoirs de la nature, avant même les pouvoirs.)

Laisser le corps parler, et libérer l’esprit. A cette fin, elle ramasse une vieille pierre sur le chemin, un fragment de maçonnerie sans doute, détaché par le gel. Lourd dans son poing, elle perçoit sa rugosité, sa température, quelque chose de plus. Lentement, elle laisse ses fluides couler dans ce petit fragment qui fut, peut-être, autrefois, la part d’une montagne, et changer doucement jusqu’à son être.

La voilà plus libre de réfléchir : une part de sa concentration va vers la pierre, mais ce n’est qu’un exercice, un leurre pour l’esprit, des idées, des émotions qui suivent le cours de la magie. Son attention s’y plonge, se libère de ce qui lui pèse, et revient à la petite troupe.

La mère s’est inquiétée de sa jeune fille, a reclamé après elle, presque complètement affolée. Etait-ce le choc qui lui avait fait oublier de se préoccuper de sa progéniture avant qu’elle soit mentionnée par la sorcière ?

C’est le liykor qui prend l’initiative de lui répondre. Il la rassure peut-être trop brusquement, il paraît renforcer sa prise sur elle. Est-ce cela qui provoque un éclat chez dame Picard ? Ou avait-elle déjà l’idée qui rampait dans ses pensées, prête à jaillir ?

(Sa mémoire est défaillante pour sa fille, mais elle se souvient bien que le liykor est sorti après les deux hommes…)

Car sur cette base, celle qui s’inflige le statut de mère indigne fait part de ses soupçons au petit groupe. Le dénomme Sly ne nie pas, au soupçon, il répond par la question de l’intérêt. Quel intérêt aurait-il eu à tuer ?

(Excellente question…)

Mais Esmé ne dit rien, écoute, puis, lorsque tout le monde se tait, laisse à nouveau ses pensées couler vers la pierre, qu’elle sent petit à petit changer de forme. Sous la pression de ses doigts, la couche superficielle déjà se déforme, devenue bel argile.

(((Utilisation du sort RP "Terre Glaise" sur le caillou)))

_________________
Esmé, sorcière à plein temps


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