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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Lun 17 Aoû 2015 04:00 
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Nos discussions animées réduisent l'ennui du voyage. Mais visiblement, notre attention et nos réflexes aussi, puisque nous nous faisons surprendre près d'un gros rocher qui devait certainement camoufler la créature qui nous attaque à présent. D'au moins ma taille, doté de grandes ailes semblables à celles de chauves-souris, d'une tête ovale munie de deux petits yeux fins et nacrés et d'une longue queue où trônent nombre de piques, le Jinn Marid s'élance dans les airs pour fondre sur sa proie, Elena. Celle-ci n'a pas le temps d'esquiver son attaque et reçoit de plein fouet un coup de griffe au bras gauche, dont elle se sert comme bouclier instinctivement. Une seconde suffit à faire couler le sang de la belle au sol. Son bras est lacéré en quatre endroits distincts lorsque le monstre reprend son envol pour un deuxième assaut. J'ai le temps de le juger plus précisément tandis que les cris de mon acolyte me parviennent, stridents, perçant et sinistres.

Ses ailes, sa queue et sa tête sont d'un marron relativement clair tandis que le reste de son corps comporte des nuances jusqu'à atteindre le noir profond. Chacun de ses membres est équipé de quatre serres affûtées comparables à des poignards meurtriers. Ses multiples blessures me laissent supposer qu'il s'agit du même Jinn qui eut raison d'Azammé. Elles perturbent son vol et il paraît éreinté, exténué.

Elena pose immédiatement sa main sur son bras meurtri et lance un sort de guérison puissant. Mais sa blessure étant sévère, elle risque fort de ne pas pouvoir soigner quoi que ce soit à présent. Elle n'a jamais été une grande guérisseuse, préférant se spécialiser dans le combat à l'arc.
Maintenant équipé de mes saïs, je me prépare à affronter notre ennemi. Il ne dispose plus de l'effet de surprise et le sait, en témoigne son hésitation.

Soudain, il s'éloigne et commence à tourner autour des arbres qui nous entourent, de manière aléatoire. Il nous encercle et attend le moment propice, mais il est lent. Il s'élance une seconde fois vers nous, l'une de ses griffes en avant. Il a changé de cible, préférant s'attaquer à celle qui ne peut se soigner. Mon regard ne l'avait pas perdu de vue une seule seconde et je suis prêt à le recevoir.

Je brandis mes deux lames vers l'avant, en croix, tentant de parer son agression. Je sais que la moindre erreur signerait mon arrêt de mort. Au dernier moment, je peux presque lire dans son regard, pourtant si peu expressif, une certaine crainte. Il est blessé et aurait certainement préféré éviter ce combat.

Ses longs doigts s'approchent avec dangerosité tandis que je change l'axe de l'un de mes saïs, droit vers lui, afin de lui planter dans la paume de sa main. L'impact est puissant mais je ne lâche pas mon arme que je maintiens fermement, maintenant plantée dans sa chair. Il poursuit dans sa course, moi avec, pour finalement s'écraser contre un arbre quelques mètres plus loin.

L'affrontement se déroule à présent au sol, où nous nous retrouvons allongés. Ses griffes ont pénétrées dans mon bras gauche lors du choc et nombreuses sont mes plaies, ruisselantes de sang rouge vif. Sa queue file droit dans les airs, s’apprêtant à venir me chatouiller le visage en guise de remerciement. Je peux heureusement compter sur Elena, qui encoche une flèche au milieu de celle-ci, stoppant net son attaque.
Pour ma part, je regrette la perte de mon second saï lors de l'estocade, le premier étant encore fermement enfoncé dans sa patte marron. Il reste bien mon katana accroché dans mon dos, mais il m'est impossible de le saisir dans cette position couchée. J'ai finalement une idée, bien qu'il soit très peu probable qu'elle se réalise aussi bien que dans ma tête.

« Elena ! Utilise ton explosion de lumière ! Vite ! »

Au moment où elle encoche sa flèche, je clos mes paupières et attends un court instant. La créature, ébloui, se redresse et lâche prise. J'en profite pour effectuer une roulade afin de m'extirper de cette situation et cours en direction de mon arme récemment laissée à terre. Je me concentre une seconde, malaxant mon énergie jusqu'à ce qu'elle circule rapidement dans mon bras droit et lance ma lame avec force. Je vise sa tête, mais ma condition physique actuelle ne me permet pas tant de précision. C'est finalement son abdomen que j'atteins. Le Jinn émet un cri de douleur aiguë et semble en mauvais état.

J'en profite pour fouiller dans mon sac et y prendre la potion que me donnait Suzanne lors de ma sortie de mon inconscient. Une seule gorgée suffit, plus serait du gâchis. Je saisi enfin mon katana court et me dirige en direction du monstre. Ce dernier tente vainement de s'envoler, préférant la fuite comme solution. Mais ses nombreuses blessures ne lui laissent pas cette chance et rapidement, ma lame transperce son thorax tandis qu'une flèche d'Elena vient se loger dans sa gorge. Notre adversaire s'écroule finalement au sol, agonisant. Je lui assène le coup de grâce sans plus de procès, une frappe franche sur le haut du crâne, pour être certain de notre sécurité durement gagnée.


((Une utilisation de : Musc (for+1 durant 5 min, 2 utilisations restantes) [E=1]))

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 18 Aoû 2015 23:34 
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Une fois sûr du trépas du Jinn, je m'affale sur le sol dans une position semi allongée. Seul mon bras gauche est réellement mal en point, le reste de mes blessures n'étant que quelques égratignures et contusions dues à la chute, mais la perte de beaucoup de sang m'a affaiblie et je ressens tout à coup des vertiges.
Elena s'empresse de venir m'aider et pose délicatement la paume de ses mains sur mon bras ensanglanté.

« Je suis désolé Rayd, je n'ai presque plus de fluide magique. Je vais pouvoir stopper l'hémorragie, mais il faudra du temps avant que ton membre guérisse. La douleur devrait perdurer plusieurs jours également... »

Après m'avoir demandé d'attendre sagement quelques minutes, elle s'en va à la recherche de je ne sais quoi. Elle revient près de dix minutes plus tard, durant lesquelles j'en ai profité pour boire un peu d'eau et manger une petite portion de pain. La douleur semble m'avoir quelque peu coupé l'appétit. Elle tient dans sa main plusieurs feuilles d'arbre pourpres qu'elle étend au sol, sauf une qu'elle applique sur mes blessures.

« C'est une feuille de snaria, un petit arbre très utile. Ses feuilles ont la particularité d'accélérer la cicatrisation si on les frotte du bon côté. Le côté rugueux. Le côté doux a l'effet inverse, il faut donc faire très attention. J'en ai pris plusieurs pour que tu en aies tout le long du voyage. Mais ça n’apaisera pas ou peu la douleur. »

Elle se blottit ensuite contre moi tout en continuant son massage curatif. Je l'embrasse quelques secondes avant de retirer mon bras. Il est temps d'y aller. Nous ne sommes plus très loin et je préfère arriver au village avant la nuit.
Je récupère rapidement mes saïs sur le corps de la créature, extirpe les flèches que je rend à l'archère et nous reprenons promptement la route.

C'est cependant au crépuscule que nous l'apercevons, au loin, sous un ciel flamboyant. Ses toits délabrés nous apparaissent difficilement, mais plus précisément à mesure que nos pas nous y conduisent. Nous sommes arrivés à Tanasun, le village des maudits.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 8 Sep 2015 10:18 
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Un bruit approche. Deux... trois bêtes se dirigent vers toi, décidées à t'achever...

Un bruit de botte ferrées. Tu reconnais ton commanditaire qui approche nonchalamment, avec une grâce toute féline. Soudain, d'un geste il rejette sa cape en arrière et dévoile une armure shaakt et tout un arsenal de lames en tout genre. Il attrape deux couteaux et les lance d'un mouvement, blessant deux créatures. Plusieurs hommes vêtus d'étranges haillons noirs et armés d'épée semblent émerger de nul part pour charger les créatures qui s’enfuient avec des plaintes hideuses. Ceci fiat, ils se disposent en un cercle silencieux qui t'observe.

L'homme a maintenant rejeter sa capuche en arrière. Il s'agit bien d'un shaakt. Il te regarde de haut, le visage parfaitement inexpressif.

"Debout."

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 8 Sep 2015 17:28 
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Mes yeux s'ouvrent et se ferment au gré de leurs envies. Clos, je peux voir Elena, dans sa belle robe rose qu'elle portait souvent lorsqu'il faisait beau. Son visage est radieux, son teint parfait, brillant de mille feux sous un soleil éclatant. Ouvert, c'est ma main que j’aperçois. Écarlate, comme le sang qui la parcoure. Le même astre me fait part de quelques rayons désagréables et je préfère concentrer mon regard vers mes pensées, moins dramatiques.

Andy, sa sœur aînée la rejoint avec un grand sourire, passe sa main dans son dos et l'incite à me revenir, s'accroupissant sur le sol afin de rapprocher leur visage du mien. Je suis couché dans l'herbe fraîche, dans la même position qu'en réalité.
Elle est vêtue, elle, d'un ensemble accordé, dont un joli corset bleu et une jupe qui lui arrive jusqu'aux genoux avec quelques dentelles raffinées. Elles semblent toutes deux heureuses, sereines, sans une once de peine, d'anxiété ou même de léger stresse. Rien ne vient perturber leur air si tendre, chaleureux.
D'un geste doux et affectueux, la plus âgée passe ses doigts dans ma chevelure ensanglantée et m'offre son plus beau rire, fermant quelque peu ses grands yeux délicats.

« T'en rate pas une hein ?! Toujours à jouer les héros. »

Sa voix de velours caresse mes tympans comme autrefois, alors que sa cadette enchaîne d'une voix un tantinet plus grave.

« T'as toujours été le moins téméraire et c'est pourtant à chaque fois toi qui prend le plus de risques pour réparer nos erreurs ! »

Des bruits me rappellent à la raison, m'extirpant de ce rêve fabuleux. Des pas, désorganisés, nombreux. Le sang qui coule lentement dans mes oreilles m'empêche de les dénombrer, mais il sont nombreux. Les créatures n'en ont pas fini avec moi et cette fois, vont m'achever.
Il m'est impossible de bouger sans ressentir une douleur puissante dans tout mon corps, je ne pourrais jamais combattre dans cet état. C'en est fini de Rayd, le voleur de pomme de l'étalage du marchand, l’orphelin d'Exech qui vaincu le coma et se releva d'entre les morts, le compagnon d'arme des deux plus belles femmes que ce monde ait connu...

Après tout ce que j'ai pus dire sur le fait de vivre, pour égorger ce mage et venger ma princesse, pour succomber à la haine de mon plein gré et faire jaillir le sang au nom de l'amour... Je vais finir sur le pavé d'un petit village dont tout le monde se fiche, pour sauver un peuple qui va me tuer.

(Phaïtos, si vraiment tu me regarde. Sache que j'admire ton sens de l'ironie.)

Je décide de retourner au plus profond de mes pensées, choisissant de mourir l'esprit libre, accompagné de mes biens aimées.

L'archère s'est installée à la gauche de mon visage, assise en tailleur et a prit ma main dans la sienne, tandis que sa sœur continu ses cajoleries. Un léger vent s'est levé et fait voler leurs cheveux dans un tableau parfait.

« Tu sais, Rayd, tu n'es pas Azammé. Lui a préférer abandonner sa fiancée plutôt que de trahir son dieu. Toi, tu ne nous a jamais laissé une seule fois. Jamais tu n'aurais accepté une telle chose. Et même si tu n'as pas réussi à nous sauver, tu auras été là à chaque moment, tentant de le faire. Elena autant que moi a vécue les meilleurs instants de sa vie avec toi. Et même si nous ne sommes plus là aujourd'hui, tu as en toi nos souvenirs. Tu seras la seule personne à nous pleurer, la seule à nous aimer. Garde sa en mémoire, garde nous. Mais à présent, parcoure ces terres pour toi et pour personne d'autre. Vis et poursuis des buts propres à toi. Ne nous oublie pas, mais laisse nous partir à présent. Sache qu'on t'aime, toutes les deux. Lève toi maintenant, pour nous, pour toi. Tu n'as pas le droit de mourir maintenant, après tout ce que tu as vécu. Je te l'interdis. Lève toi, Rayd... »

Je suis de nouveau interrompu par un son étrange. Mais je crois bien que mon rêve se terminait là de toutes façons.
Des bruits de bottes ferrées s'approchent. L'homme qui les possède s'arrête non loin et je dois fournir un effort conséquent pour lever ma tête et l'observer. Ce n'est autre que l'homme qui nous a confié cette mission suicide.
Lorsqu'il rejette sa cape vers l'arrière, je peux voir une armure étincelante de très bonne facture, forcément elfique à en juger par les quelques ornements. Comme je l'avait prévu quelques jours auparavant, il est équipé des pieds à la tête avec un arsenal de guerre. De nombreuses lames sont accrochées à son armure, toutes différentes.
Il lance quelques unes de ses armes sur mes assaillants et j'entends les cris de celles-ci qui me parviennent comme preuve de la réussite de son jet. Ce n'est clairement pas un amateur.
De nombreux autres guerriers apparaissent sans que je puisse voir d'où ils proviennent et foncent vers les whiels maudits, les faisant visiblement fuir en une plainte hurlante.
Mon visage s'écrase à nouveau contre la terre et je devine que mes nouveaux alliés m'encerclent et m'épient. Mon commanditaire me demande alors, d'une voix sans expression, d'un ton morne et monotone de me lever, purement et simplement.

« Facile à dire... »

C'est mots s'adressent autant à lui qu'à Andy, qui m'a fait cette même demande un instant plus tôt. Je me hisse difficilement non sans douleur sur mon bras droit et tourne ma tête pour observer le combattant maintenant à découvert après qu'il ait retiré sa capuche. Il s'agit d'un shaakt au visage aussi sobre que le ton de ses paroles. Ma vue trouble ne me permet pas de mieux le détailler, mais je m’exécute autant que mon état me le permet, forçant maintenant sur mon membre gauche et mettant un genoux au sol.
Mon corps tout entier me cri d'arrêter et la douleur me saisit brusquement. Mais je devine à ses traits que le seul choix qui m'est donné est de lui obéir. Mon premier amour a raison, je dois vivre et la souffrance, morale ou physique ne doit pas alourdir mon pas. Je peux surmonter tout ça, j'ai déjà surmonté bien pire.

Je me lève maintenant, chancelant quelque peu et fais face à mon sauveur qui me toise. Je ne sais ce que je dois dire. Devrais-je seulement le remercier ? Peut-être devrais-je sortir une réplique digne d'un guerrier charismatique, pour faire bonne impression. Je pense cependant avoir échoué en lui disant d'une voix faible :

« Heu... Salut. »

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 8 Sep 2015 17:33 
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Ton commanditaire, car c'est bien l'homme que tu as rencontré à la taverne, te regarde sans rien dire. Visiblement peu désireux de t'aider à te tenir.

"Ta mission ?"

Les autres sont toujours aussi immobiles. Silencieux comme des statues.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 8 Sep 2015 18:15 
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Proche de l'inconscience, sur mes jambes par ma seule force de volonté, je fais face à mon employeur sans tenir compte de ses acolytes qui semblent figés sur place. J'aurais bien besoin d'un peu d'aide pour tenir debout cependant, mais aucun ne bronche et je reste stoïque devant l'elfe.

Il n'a cure de mon état et s'empresse de me demander, simplement et encore une fois d'une façon qui ne trahie aucun sentiment, si j'ai rempli ma mission. Enfin, c'est le sens que je comprend à sa phrase, car il ne m'a finalement gratifié que d'un court « Ta mission ? » comme s'il avait peur que sa douce langue brûle au contact de l'air.

Si seulement mon corps me le permettait, j'aurais bien caler mon poing sur son joli faciès. (Elena est morte pour sa foutue mission ! J'ai failli mourir et encore, rien n'est joué, je peux toujours succomber ! J'ai parcourus des lieux pour un bouquin et lui ? Il était là, à attendre que j'ai terminé et me demande juste... Ça ?! Sale engeance!)

Je garde tout de même mes commentaires pour moi et me contente de décrocher mon sac de mon dos afin d'en extraire le journal du whiel. Calazadre m'a dit que la solution y était inscrite. J'espère seulement que c'est vrai, car il se pourrait que le shaakt me tranche la gorge s'il s’avère que c'est faux.

Je lui tends le livre, sans rien ajouter et peux enfin le juger plus précisément. Son armure indigo est parcourue de liserés d'or et est dessinée avec nombre de picots et gravures délicates. C'est une cuirasse magnifique qui doit valoir une fortune, à n'en pas douter. Son visage est quant à lui à l'image de tout shaakt, gris foncé aux yeux rouges perçants, petits mais doués d'une vue sans doute rivalisant avec les plus grands félins. Fin et immaculé, il est orné de sourcils argentés qui sont en parfaite adéquation avec sa longue chevelure de la même teinte qui descend plus bas que ses épaules solides. Un adversaire redoutable s'il en est. Je ravise mes paroles imaginées plus tôt, même si je le pouvais, je n'oserais jamais lui assener un quelconque coup. Je serais exécuté sur le champs.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 8 Sep 2015 18:19 
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Le shaakt regarde le livre, puis se décide à le ramasser.

"Très bien. J'espère que cela répond vraiment à ma question... Où est la fille ?"

Il fait un geste et un des hommes en noir s'approche pour t'offrir son épaule. Visiblement, ils n'ont pas envie de s'attarder ici.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mer 9 Sep 2015 02:16 
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Le shaakt observe quelques secondes le journal, comme s'il doute que ce qu'il cherche puisse s'y trouver, mais fini par le saisir délicatement. Puis d'un geste de la main, il intime à l'un de ses subordonnés de venir m'épauler, ce que je ne refuse pas le moins du monde. J'en profite pour me reposer sur celui-ci sans aucune forme de pitié, quitte à être la cause de sa future fatigue.
De sa voix roque, l'elfe s'adresse alors à moi, s'interrogeant de l'absence d'Elena et émettant ses doutes ouvertement.

« Très bien. J'espère que cela répond vraiment à ma question... Où est la fille ? »

Son décès remonte à quelques heures tout au plus et je n'ai pas le courage de lui expliquer tout en détail. Il m'est déjà assez difficile d'y penser et je remercie ma douleur de maintenir mon esprit sur autre chose.

« Morte... » Réponds-je doucement. Mais cela ne lui suffit pas et il me demande immédiatement comment et si elle a souffert. Je peux voir dans son regard un quelconque intérêt pour mon éventuelle réponse. Pour la première fois, j'aperçois une expression autre que le stoïcisme qui se dessine sur ses traits d’elfe impérieux. Mais cela n'empêche pas mon ton d'être légèrement sarcastique lorsque je lui rétorque :

« Je ne me suis jamais fait trancher la gorge, je sais pas si c'est douloureux. Mais c'était rapide. »

Il hoche la tête un bref instant et me répond ne façon naturelle que c'est l'essentiel et que les morts doivent partir en paix. Je ne comprends pas réellement le but de ces paroles. En quoi sont départ s'est fait en « paix » ? Parce qu'elle n'a pas ou peu souffert ? Est-ce là la seule chose qu'il retient de tout ceci ? Qu'elle est partie vite ?
Alors que je me mets à penser à tout cela, nous nous mettons en route, mon bras toujours autour de l'épaule du guerrier encapuchonné qui me maintient.
Plus pour moi-même que comme réponse, je sors une remarque destinée à Calazadre.

« Et les vivants n'auront jamais la paix. Encore moins lui... »

Nos pas nous mènent sans faillir sur la route vers Tulorim et ni eux ni moi n'ouvrons la bouche. Le silence est total et je remercie la chance de ne pas nous avoir mis une nouvelle horde de ces monstres sur la route, bien que j'ai confiance en mes nouveaux compagnons pour s'en charger seuls.
Ce shaakt m'intimide et me fascine. Sa puissance émane de lui comme son charisme et pour une raison qui m'est inconnue, j'espère lui faire bonne impression et m'oblige à contenir mes larmes dès que le visage de l'archère revient se coller à ma rétine.

De nombreuses fois mes mouvements me font souffrir, me rappelant que je suis quelque peu amoché et pourtant, encore une fois, je m'applique à ne rien laisser paraître, tel un gros dur des tavernes qui ne bronche pas après un coup de poing qui lui décroche la mâchoire.
C'est également une question de survie. Bien qu'il ne me semble pas foncièrement mauvais, je décèle en lui quelque chose de dangereux et je préfère ne pas être un frein à notre trajet. Un poids mort peut très vite se faire détacher au besoin et je préfère rester accroché.

Je me remémores la vision que j'ai eut, mourant, plus tôt dans la journée. Ce que Andy a dit me revient et me perturbe quelque peu.
Je sais bien que ce n'était pas elle et qu'il s'agit de mon inconscient qui a surgit dans mon esprit, mais la véracité de ses propos n'en est pas moindre.
D'abord, le fait que je ne sois pas Azammé. Il est vrai que ses arguments étaient des plus justes. Jamais je ne me serais laissé mourir au nom d'un dieu alors que l'une ou l'autre de mes amours perdus serait quelque part à m'attendre, seule. J'ai toujours cherché le meilleur pour elle, bien qu'il semble évident que j'ai échoué.
Mais également sur le fait que je dois vivre, pour elles. Je dois d'une part venger Elena, mais encore plus que ça, je dois survivre pour honorer la mémoire des deux sœurs. C'est elles qui ont forgé ce que je suis, qui m'ont fait grandir et devenir un homme. Je n'ai certes rien accompli de grand dans ma vie, mais je suis encore là, en témoignage du passage des deux Narus en ce monde. Deux femmes remarquables, mortes pour un seul homme... Ce dernier ne peut pas mourir, ça n'aurait aucun sens. Je ne peux pas me le permettre.

Mes pensées m'accompagnent jusqu'au crépuscule, moment que le chef de la troupe choisi pour camper. Nous aurions fait le double de trajet à cheval. Pour un guerrier tel que lui, voyager en marchant devrait être un affront à son rang. Pourquoi donc se mouvoir à pieds ?
Toujours est-il qu'ils me proposent enfin quelques soins, que je ne refuse pas. Des bandages et des potions en petites quantités qui suffiront, mais ne remplacent pas l’efficacité des sorts de soins d'Elena.

A la première gorgée du breuvage, ma vigueur se voit déjà revenir à quelque chose de plus agréable. J’engloutis immédiatement deux fioles avant de m'occuper de mes blessures. Je retire mon foulard de mon bras gauche et le range dans mon sac. Je le laverais plus tard. J'applique ensuite un bandage sur ma blessure, trois trous larges qui traversent mon avant-bras et mon bras. Je passe à l'autre, la morsure, puis m'occupe de mon torse, bien moins alarmant. Il s'agit là de deux petites ouvertures de un voire deux centimètres de profondeur au maximum. Le corps du monstre dont je me suis servis comme bouclier m'a certainement sauvé la vie.
Je fais le tour de mon corps avec le bandage et m'allonge enfin, afin de me reposer. Je pense l'avoir amplement mérité après tout ce que j'ai vécu aujourd'hui.

L'elfe quant à lui s'occupe de préparer le feu, tandis que ses hommes guettent les alentours, comme de bons soldats dévoués. Je profite de ce moment pour commencer la conversation. Je suppose qu'il faudra bien parler un jour et j'ai quelques questions.

« Puis-je vous demander votre nom et qui vous êtes ? »

« Je suis Gwandor. Et vous êtes Rayd. Pas très malin. Mais efficace au combat, je dois le reconnaître »

Encore un qui me connaît, je dois avouer que ça risque de devenir lassant à la longue. A moins qu'un avis de recherche pour vol à l'étalage circule dans tout Imiftil, alors cela paraîtrait presque cohérent. Je préfère néanmoins ne pas relever sa boutade, surtout qu'il me gratifie par la suite d'un compliment qui ne manque pas de me flatter, vu la puissance de l'énergumène.

« Enchanté Gwandor. Visiblement je n'ai pas besoin de me présenter. J'ai l'impression que tout le monde me connaît en ce moment... Vous faite partit d'un... Ordre, ou quelque chose du genre ? Tous ces gens qui vous suivent, qui sont-ils ? »

« J'appartiens à un ordre oui... qui pourrait être le vôtre, si vous ne voulez pas finir en vagabond errant et ruminant comme beaucoup d'aventuriers désœuvrés. »

Décidément... Cet homme a plus dans son sac de reproches et autres remarques cinglantes que de réponses. Qui sont-ils ? Il a déjà oublié ma question. Foutus elfes qui veulent se donner des airs mystérieux en tournant leurs phrases de façon toujours plus compliquée.

« Tout dépend de l'ordre, je suppose... Et de ce qu'un pauvre vagabond errant peut avoir à y gagner... »

« Chacun peut gagner ce qu'il désir pour peu qu'il serve bien le dieu corbeau... »

Je l'observe un instant, fixant ses yeux. Cet homme ne blague pas. Il parle bel et bien d'un dieu. Et il est aussi tout à fait sérieux sur le peu de contenu de sa réponse. Il ne me donnera pas plus de détails.

« De toute façon, vous n'avez guère de choix. Si vous rentrez chez vous, vous serez considéré comme un traître. J'espère que vous me pardonnerez de vous forcer la main, ce n'était pas mon intention originelle. »

Rentrer chez moi ? Je n'ai plus vraiment de chez moi. L'orphelinat n'est pas un endroit adapté pour quelqu'un comme moi. Je suis certain qu'ils arriveront à subvenir à leurs besoins sans moi. De plus, la petite Nathalia ne mérite pas les dangers que je lui ferais courir si je vivais sous le même toit qu'elle. Et j'ai maintenant une mission à accomplir, qui ne me permettra pas la sédentarisation. Mais pourquoi est-ce que je serais considéré comme un traître ? Qu'entend-t-il parle là ?
Je garde cette question sous le coude, j'en ai bien d'autres en tête qui méritent d'être élucidées.

« Chez moi ? C'est un terme bien vague à présent, vous savez. Qu'est-ce que le dieu corbeau ? Et comment le servir ? »

« Phaïtos, le dieu à tête de corbeau qui veille à l'équilibre entre la vie et la mort, ainsi qu'au repos des âmes... »

« Phaïtos... Pourquoi ce nom revient si souvent ?! Et vous voulez quoi ? Que je bosse pour lui ? Que je m’enchaîne sur son autel pour le servir jusqu'à la mort ? »

Je hausse le ton cette fois. Ce foutu dieu me suit partout depuis le départ de Tulorim et me harcèle. Et voilà que celui qui m'a sauvé, celui-là même qui m'a embauché se trouve mêlé à cette divinité. Je n'ai rien de particulier contre lui, mais de là à m'enrôler dans un ordre qui le prône...
Gwandor hausse les épaules et n'est pas gêné par ma façon de m'adresser à lui. Fort heureusement pour moi.

« Je ne demande rien. Si tu veux partir, tu peux. Toute alliance se base sur un échange, pas sur la force. » dit-il. Ben voyons... Juste après que tu m'aies dit que je n'avais pas vraiment le choix.

« Pourquoi vous avez rejoint cet ordre, vous ? Pour Phaïtos ? Ou pour vous ? »

Il hésite avant de répondre et je comprends que je tiens là ma réponse. Même s'il me dit qu'il est là pour son dieu, il y a une part de lui qui n'est là que par intérêt personnel. Ce qui signifie que l'ont peut les rejoindre sans avoir à embrasser complètement la cause de leur ordre.

« Pour moi. J'ai fuit les matriarches de Caix Imoros. J'espère un jour revenir dans ma ville à la tête d'une armée. Les Messagers du corbeau seront mon armée. »

A la tête d'une armée ?! Ce mec est soit fou, soit arrogant... Soit bien plus dangereux que je n'aurais pus le penser.

« Une armée ? Rien que ça ?! Les Messagers du Corbeau, c'est le nom de cet ordre ?
Comme vous l'avez si bien dis, je n'ai visiblement pas le choix. De plus, j'ai il semblerait une dette envers vous. Mais est-ce que j'aurais le choix, par la suite, de quitter l'ordre ? »


« Oui. Mais en sachant que si tu devais utiliser les connaissances acquises contre lui, tu périrais à coup sûr. »

Mes yeux se fixent un instant sur le bandage de mon bras gauche qui commence à se teinter de rouge. Mon regard se perd et je dois me concentrer pour poursuivre la conversation.
Je ne vois par contre pas vraiment ce qu'il veut dire par « contre lui ». Qui voudrait s'en prendre à un dieu... ? Ou contre un ordre puissant constitué de nombreux disciples ?
Non, clairement, ce ne sera jamais mon intention, quel que soit mes ambitions. Mais par contre, s'il celui-ci peut m'aider... Il se peut que rejoindre ce « clan » ne soit pas si compliqué à envisager.

« C'est le dieu de la mort n'est-ce pas...? Peut-il... Enfin... Ramener les morts ? »

Il me perce de son regard, semblant tenter de lire en moi. Je suppose qu'à ce moment, même lui a des questions. Mais je ne lui ferais pas l'honneur de lui donner les réponses.

« En effet, c'est quelque chose qui est en le pouvoir des messagers, du moins de certains d'entre eux. »

« D'accord... Alors je pense ne pas avoir d'autres raisons de refuser. Mais il me reste une question. Pourquoi moi ? Et pourquoi être venu au village ? »

Il sourit et le ton de sa voix change quelque peu, légèrement plus élevé. Il semble amusé par l'histoire qu'il raconte.

« Par un pur hasard. J'ai été surpris de voir que malgré le fait que je t'ai indiqué le numéro de ma chambre, tu n'es pas allé y jeter un œil discrètement... tu aurais compris bien des choses lorsque tu y aurais trouvé le cadavre de ton véritable commanditaire.
J'étais venu pour deux choses : élucider le mystère du village et tuer une crapule qui menaçait l'équilibre de la vie et de la mort par ses meurtres sordides.
Quelle surprise de voir qu'il avait requis l'aide, pour une de ses missions, de deux mercenaires d'un de ses confrères... Je me suis dit que je pourrais faire usage de cela et, avec la complicité du tavernier dont j'ai gagné la confiance, j'ai pris sa place. »


Donc depuis le début... Nous nous sommes fait berner ?!
Je comprends mieux pourquoi il disait que je serais traité comme un traître. Dorian sera fou de rage quand il saura ce qu'il s'est passé et voudra ma mort. Il va falloir que j'évite Exech quelques temps, certainement...
Je n'apprécie également pas trop le fait que ce shaakt nous ait utilisé. C'est en partie sa faute si Elena est morte. Mais en partant de ce principe, je pourrais remonter jusqu'à Dorian, voire moi, qui ai insisté pour avoir une mission importante.
Même si cet individu y est pour quelque chose, je ne peux pas laisser ma rage se disperser. Le seul et unique fautif est Calazadre. Je décimerais la guilde des Ermites du Monde Stable dans son intégralité. Et s'il le faut, je rejoindrais cet ordre qui prie Phaïtos. Aucun problème, si je peux profiter de leur force pour ma vengeance, tout comme Gwandor.

« Donc notre mission n'était pas celle-ci à la base ? Et vous avez rempli vos deux objectifs si facilement ? Cet ordre... Les messagers du corbeau. Il me permettra d'atteindre une puissance égale à la votre ? »

« Non, en effet. Et pour ce qui est de la puissance. Il faudra te montrer plus habile pour cela, mais qui sait ? »

Compte sur moi... Je te surpasserais même et je mènerais ma vendetta grâce à toi. Je ne serais pas crédible aujourd'hui, si je sortais ce genre de paroles, alors que je suis faible et qu'il a dut me sauver. Mais cette force qui grandit en moi, dès que je repense à cette scène... Je m'en servirais pour atteindre mon but.
C'est décidé, je vais devenir un Messager du Corbeau, au moins jusqu'à ce que le mage crache son dernier jet de sang.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 22 Sep 2015 17:57 
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Les deux jours qui suivent ne sont guère palpitants et c'est dans un calme plat que nos pas foulent le sol en direction de Tulorim. Mon regard reste fixé durant tout le trajet sur le dos de Gwandor, impassible et ténébreux. Il représente d'une certaine façon la montagne, haute, puissante et imperturbable qui me guide vers mon but et que je vais devoir gravir.

Finalement, je ne vois aucune raison de refuser de rejoindre ses rangs. Je n'ai de toutes façons nul part où aller. J'espère tout de même faire le bon choix, mais tous les autres me semblent mauvais.
Beaucoup d'interrogations me hantent encore, comme à mon habitude, mais c'est la tristesse qui domine mes pensées durant tout notre parcours à travers la garrigue. Le visage d'Elena me revient encore et encore, inlassablement et parvient plusieurs fois à me faire couler quelques larmes.

Mon impuissance a gouverner ma vie et les conséquences s'en font ressentir encore une fois aujourd'hui. Mais à partir de maintenant, je vais prendre mon destin en main et inverser la tendance. Je ne serais plus un être faible condamné à regarder ses proches mourir sous ses yeux. Je serais l'aigle qui fond sur sa proie sans crier gare.

Ma quête commence en ce jour ensoleillé et ne se terminera qu'à ma mort. Jamais je n'ai été aussi déterminé et cette nouvelle force sera maîtresse de mon corps. Je m'abandonnerais à elle et la regarderais accomplir ma vengeance féroce.

Bien que mes plaies soient encore douloureuses, je me sens beaucoup mieux et je ne pense pas trop les retarder dans leur marche. C'est en milieu d'après-midi que la cité nous apparaît, baignant sous un soleil de plomb.
Je ne sais qu'elle sera la suite des événements et je compte sur Gwandor pour me le dire, néanmoins, il me faudra dans un premier temps me reposer quelques jours afin que mes plaies cicatrises comme il se doit. De plus, je vais devoir m'équiper, car la plupart de mes équipements ont été abandonnés dans le village de Tanasun.
C'est dans un silence absolu que notre troupe pénètre dans Tulorim à travers les grandes portes, sans ralentir la cadence de ses pas.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 4 Oct 2016 23:22 
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Localisation: Alentours de Tulorim
J’entends les applaudissements, le public est nombreux aujourd’hui, il fait un soleil radieux. Cela fait deux jours que nous sommes ici, dans la prairie, non loin d’un village. Je suis derrière la scène que nous avons montée. Je serais la prochaine à passer, je suis équilibriste.
Pour le moment c’est Olaf qui épate la foule avec ses tours de magie. Pour mon numéro, un fil est déjà tendu à quelques mètres au-dessus de l’estrade.
Je jette un rapide coup d’œil, en poussant discrètement la toile. Les enfants du premier rang rient aux éclats et les adultes derrière, sont totalement conquis. Je souris, c’est une belle journée.
Le spectacle d’Olaf se termine par un magnifique lâcher de colombes sous l’ovation générale. Le prestidigitateur salut la foule puis se retourne pour rejoindre les loges où je suis dissimulée.
Monsieur Fries, notre bienfaiteur et dirigeant du cirque ambulant s’avance vers moi et pose sa grosse main sur ma frêle épaule. Il est très imposant, très grand, très bedonnant et aussi très chauve.

- Tu es prête ?

J’acquiesce de la tête en souriant.

- Parfait haha !


Il rentre ainsi sur l’estrade dans un grand éclat de rire puis il s’adresse au public enjoué.

- J’espère que vous passez une excellente journée en notre compagnie !

Le public lui répond en criant et en applaudissant de plus belle. Quant à moi je grimpe discrètement sur un poteau pour atteindre le plus haut point de la scène, là où démarre la corde sur laquelle je vais effectuer mon numéro.
La voix forte de Monsieur Fries couvre les cris.

- Maintenant, après le rire, voici un peu de poésie. Un magnifique numéro d’équilibriste saupoudré d’une voix mélodieuse, par la plus douce des humorans. Laissez-vous émerveiller par OKEN !


Il tend son bras vers le haut pour me montrer puis s’échappe derrière la toile tandis que l’assistance lâche un souffle de surprise.

Je me dresse debout sur le poteau puis, gracieusement, je salue la foule en souriant. J’avance doucement mes orteils, puis, je bondis d’un pas assuré sur la corde tendue, le public lâchant un long "Oooh". J’avance comme une chatte, sans filet au sol, ni balancier dans les mains. Une fois arrivée au milieu de la distance qui sépare les deux poteaux, j’entame quelques figures gracieuses tout en libérant ma voix en chanson.


De tous ses copains du cirque forain
Pas un n'avait dit au vieux funambule
Qu'il était aussi parfois somnambule
Ça n'aurait servi strictement à rien

Le public parti, la lune dehors
À travers les trous de la vieille toile
Allumait un ciel tout rempli d'étoiles
Le vieux funambule, arrivait alors


Je fais la roue sur le fil, quelques mouvements sûrs et agiles, tentant même un saut arrière en m’aidant de mes mains.

Lui qui n'était pas tellement sûr de lui
Qu'avait mal aux reins, qu'avait des vertiges
Était tout changé c'était un prodige
Oui c'était vraiment le jour et la nuit

Plus besoin d'ombrelle ni de balancier
Les sauts périlleux devenaient faciles
Il était gracieux, il était agile
Comme un demi-dieu, sur son fil d'acier

Et ce fut ainsi qu'un enfant le vit
Un enfant puni ou un fils de pauvre
Qui s'était glissé dans l'odeur des fauves
Et le regardait d'un regard ravi

Spectateur fortuit de ce numéro
L'enfant applaudit à tant de merveilles
Mais un somnambule, quand on le réveille,
Comme un funambule, ça tombe de haut



A ces mots, dans une ultime figure, je me laisse tomber en avant, retombant comme un poids sur les planches de bois. Le public cri de stupeur, certains se lèvent, la main devant la bouche. Je suis recroquevillée sur le sol.
Mais le spectacle n’est pas terminé et dans un léger mouvement, je relève la tête, les yeux fermés, puis comme un félin qui vient de retomber sur ses pattes, sereine, je me redresse en faisant un pont.
Je termine alors ma chanson.

De tous ses copains du cirque forain
Pas un n'avait dit au vieux funambule
Qu'il était aussi parfois somnambule
Les gens du voyage sont des gens très bien.


Je suis maintenant debout, les mains croisées sur la poitrine, la tête penchée, faisant face à la foule rassurée et totalement ébahie par mon numéro. Ils applaudissent.
La ferveur des gens m’emplit de joie et, essoufflée, je montre mes dents dans un large sourire, sentant le plaisir monté. Je salue amicalement en me penchant, sautillant d’un bout à l’autre de la scène pour aller saluer chaque côté de l’assistance, et dans un dernier regard vers les bambins du premier rang, je me faufile derrière la toile.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Lun 9 Jan 2017 02:55 
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Chaque Weihl a sa place et les loups pourront manger.

1: Aux armes etc...

La grande fête débute ce soir là. Le temps est agréable en cet été et le ciel dégagé promet une fête sous la bénédiction des étoiles. Tout le village y participe . Les doyens, les parents, les rejetons, et bien sûr les nouvelles recrues, viennent saluer cette soirée par leurs présences et leurs joies. Néanmoins, c’est une obligation pour les habitants de venir, et ce, chaque année, pour la même chose. Car ce n’est pas une simple fête, mais la cérémonie qui clôture le laborieux apprentissage aux arts de la guerre des jeunes Wiehls, tout juste adulte.

Il est traditionnel de recevoir tout le monde sur la grande place. Celle-ci, bien que pittoresque, est idéale pour ce genre d’événement. Quelques maisons l’entourent, la plupart en toit d’ardoises et en pierres d’un gris crépis. Elles ont de grandes portes, faites de ce bois clair typique de la région. Il n’est pas rare qu’un lierre sec arpente les murs, et que les poutres apparentes soient mouchetées de lichens jaunes et blancs. Les balcons sont bâtis en calcaire, certaines façades sont sculptées ou ornées de moulures et les frontons crayeux se courbent au dessus des entrées. Ce village charmant a cependant une particularité. Large comme trois maisons avec un promontoire sur le toit, l’ancienne grange, a été réhabilité en garnison militaire, parfaite pour stocker et observer les alentours. Les pièces que l’on peut discerner via les larges fenêtres aux étages sont les bureaux des gradés, tandis que le rez de chaussé comprend l’armurerie, l’écurie et une partie de la douane. Un bâtiment sobre et fonctionnel mais central dans la vie de la communauté. C’est ici que tout le corps d’armée se prépare, pour battre le pavé et faire sonner le clairon. D’ailleurs, au centre de la grande place rien de moins que des pavés d’un gris granitique, lisses et enfoncés dans une terre battue d’un marron rougeâtre. Ce soir là, tout le village va donner de la voix et taper du pieds, et les lieux se sont parés de décorations et de lumières.

Le blason de Tulorim trône fièrement, en drapeau et en étendard, parfois pendouillant sur les murs ou s’étirant sur des poteaux. Des chandeliers à sept branches cerclent la place, symboles de la lumière des sept familles dirigeantes. Leurs lumières font vibrer d’étranges moirures sur les pavés et les boucliers décoratifs, dont le cuivre rougeoit sous les flammes vacillantes.
Il y a pour l’occasion des buffets et d’imposantes tables fourmillants de plats. Ils forment un large demi cercle pour laisser la place en son centre à une scène surélevée. Celle-ci a déjà vécue, usée par les pas, les cabrioles et les danses. Les installations sont légèrement bancales à cause des pavés inégaux, et les bancs, ainsi que les chaises devant la scène, se tordent et grinçent sous les gesticulations des villageois. Si la plupart sont assis, attendant les discours et les remises de décorations, quelques uns font le tour des tables, par curiosité ou pour tenter de picorer dans les plats.
Étrangement, a mesure que la population arrive, l’ambiance se calme. Les quelques chahuts et salutations laissent place à un silence solennel et une patience emprunte de politesse.
Les enfants peuvent être dissipés mais restent tout de même dociles, les parents comme les vétérans veillent au bon déroulement de la soirée.

Le temps commençe à rafraîchir, et les ruelles s’assombrissent tandis que j’avançe, accompagnés de mes parents, Theemi et Jina.
Les rues sont déjà dépeuplées, il n’y persiste que nos pas et des hululements de chouettes.
Comme à mon habitude je flâne, appréciant la fraîcheur du soir et la voûte céleste. Alors que mon père et ma mère pressent le pas, je suis exhorté de me dépêcher.


« Magnes toi un peu ! Ou on va se retrouver sur les pavés ! »
Me cria Theemi, de sa voix rauque.

Ancien docker, il a préservé sa capacité à se faire entendre à cent lieux. Impossible de faire la sourde oreille.
( il faut que j’accélère sinon je vais me prendre un sermon. )

Mon père a cette allure de charpentier bourru, renfrogné, large d’épaule et légèrement voûté. Sa démarche impulsive fait ballotter sa cape verte, tintinnabuler ses épaulettes et son surcot en mailles. Pour l’occasion il avait prit son arc et ciré ses bottes. Un vrai petit soldat, tout propre et bien apprêté pour recevoir les grâces du commandement. Je ne peut m’empêcher de rire intérieurement, tant je trouve ridicule son besoin de rutiler en société.
Ma mère quant à elle, est ravissante. Modeste, elle a juste orné son cou d’un collier de perle, aussi vieux que moi. Une robe légère en dentelle, décorée de fleurs en motifs, épouse toute sa taille jusqu’au cheville. Un petit veston en laine lui recouvre les épaules. Elle est d’une beauté lunaire, sans grands éclats, d’un teint pâle comme l’étoile du nord et d’une chevelure noir comme la nuit.

Nous arrivons à la place, il ne manque plus grand monde et les chaises commençent à se faire rare.

Mon père, d'un ton autoritaire me cri « Viens vite ! On est encore en retard par ta faute ! »

Ma mère lui met une tape sur l’épaule et ajoute « Cesses donc de lui faire porter le chapeau, il était prêt que t’enfiler à peine ton haut !»
A ces mots mon père se tait, et moi, je m’installe avec autant de nonchalance que d’ennui.

Les trompettes sonnent, les derniers bavardages cessent et tambours battant, la fine fleur des Weihl s’avançe jusqu’à la scène. Le commandement ouvre la marche, on y trouve le chef de la garnison, ainsi que les officiers. Plus surprenant, un grand intendant du bastion Ouest, parade au centre, avec tous les attributs officiels. Theemi s’étonne dans un premier temps, puis tombe en admiration. En montrant l’homme du doigt il se penche vers ma mère et dit  :

« Tu vois, lui, c’est Bret, j’ai pus le croiser, mais les gas l’appelle Bretteur. On dirait que le vieux Pertul lui a passé le flambeau pour ouvrir la cérémonie, c’est de la bonne épée que voila et de la bonne épée ça se déplace pas pour rien. »
Ma mère acquiesçe sans réel conviction, tandis que l’ouverture se poursuitet que les jeunes recrues suivent le rang.

Les Chefs ont pris place sur le devant de la scène et une dizaine de jeunes se sont alignés au fond, les bras le long du corps, le regard sérieux. Un pupitre drapé du blason de Tulorim, trône devant, attendant les discours. Le grand intendant s’avance, puis étend ses mains sur le pupitre comme tenant une caisse de ferraille. Le cou droit et la voix assurée il commençe :
« Chère citoyens, citoyennes ! Jeunes et moins jeunes ! Frères d’arme et sœurs du foyer. Nous sommes tous ! Unanimement des Weihls et nous le resterons ! Par la terre et par le cœur !
Aujourd’hui nous accueillons de nouveaux héritiers de la tradition, ayant fait leurs preuves, leurs devoirs. Tous se sont accomplis en tant que Weihl. Ils sauront chérir et défendre leurs familles, leurs futurs enfants, sous l’œil béni de nos sept dirigeants. Que tout l’honneur qu’ils méritent, leur soit rendu ! »


Puis commence la remise des récompenses, au son des tambours et des cuivres. Chaque recrue une fois nommée s’avance et se voit décorée d’un ruban brodé de fils dorés. Un ruban rouge signifie des prouesses à l’épée, vert, une bonne adresse à l’arc, gris un endurant forgeron. Certains ne reçoive que les bénédictions de la geinte et la satisfaction de garder leurs armes, outils, qu’ils ont acquis au cours de toutes leurs années d'apprentissage.

Mon père est réellement admiratif et ému. Ces yeux d’un noir pétrole luisent de bonheur, et de ses grosses mains calleuses il essuie ses larmes, ou applaudit.
Ma mère apprécie la cérémonie, par un simple sourire, et moi, je suis avachi sur ma chaise, regardant des guignols en costumes se congratuler et recevoir un bout de tissu. Je suis à la limite du dégoût. Et il m’arrive d’échapper un rire nerveux à voir les recrues serrer les fesses et bomber le torse au passage des chefs.

Un déroulement sans bavures avec son lot d’applaudissement et de « Hourra! ». Alors que le monde se précipite vers les buffets, Bret reprend soudainement, la parole et coupaeles gourmands dans leurs élans :
« Bien. » Dit il en se raclant la gorge. «  Mes chères frères et sœurs, je dois vous faire part d’une dernière information, avant d’inaugurer les festivités. »
Certains villageois reprennent leurs places, d’autres s’etonnent de surprise ou commencent à parier sur la nature du discours.

« Merci » Dit il suite au silence. « Cette année s’avère particulière. Comme vous l’aurais constaté, le commandant Pertul m’a cédé sa place et désormais je dirigerais la Garnison du village ainsi que le bastion d’Eknor. » Dès lors l'ambiance est teinté d'impatiente...mais je sens surtout l'impatiente de mon ventre affamé.

« La raison étant, qu’un membre du conseil des sept m’a ordonné de protéger la zone et de renforcer la présence militaire » La foule silencieuse se mis à bourdonner d’interrogations.

« Des pillards dont ne ne connaissons ni la nature, ni la provenance, ont braqué à plusieurs reprises des diligences, et convois venant de Tulorim. Nous envisageons qu’ils se cachent dans les forets environnantes et nous faisons de notre mieux pour que ces vols n’arrivent plus. Mais ne vous inquiétez pas ! Nous vous tiendrons au courant des événements et resterons vigilant tant qu’il le faudra. Merci pour votre attention.»

Les villageois sont interloqués, confus, ne sachant plus s’il faut festoyer ou s’inquiéter. Les bavardages reprennent de plus belles et certains n’hésitent pas à interrompre la retraite de l’intendant pour le questionner.

En se levant mon père nous dit « Je l’avais dit ! M’en douté qu’y avait un truc louche ! Depuis quelques jours on avait plus le temps pisser qu’il fallait faire le guet sur les corridors. »


Je me moque encore une fois de toute cette agitation ( Ça va jaser dans les chaumières ! ).
Puis, mes sarcasmes disparus, je m’échappe vite fait en direction des tables. Les danses commencent dans une ambiance étrange. Les jeunes Wiehls vont embrasser leurs parents et se félicitent de leur formation. Dans ce vacarme, je m’évade tel un chat, zigzaguant entre les chaises et la foule, à la recherche de mes plats favoris.
Mais alors que je prends en main du pain et tâte un peu la boustifaille, une main gantée, pesante et déterminée, se pose sur mon épaule.

(((1739mots)))

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Un souffle invisible et quelques gouttes d'eau, façonnent plus sûrement le corps et l'esprit, que milles tempêtes qui vaincues dans l'oubli, ne soufflent que du vent et ne pleuvent que de l'eau.


Dernière édition par Arabesque~ le Mer 18 Jan 2017 05:33, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mer 11 Jan 2017 22:39 
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Ce geste surprenant s’accompagne d’un bruit de métal cliquetant. Lorsque je pivote ma tête je remarque une main recouverte de lamelles en aciers. Large et épaisse, elle a l’air sévère, ce qui est accentué par le froid métallique que je sens à son contact. Mon regard, auparavant soucieux de ce que mon estomac allait engloutir, n’a plus qu’un seul désir : découvrir le propriétaire cette main. Avec un air abasourdi, je balaye des yeux cette main, puis ce bras, puis cette épaule, son corps semble ne plus en finir. En effet ! il a bien deux têtes de plus que moi et une carrure de taureau qui m’écrase les yeux, tant ce mur est imposant. Je finis par tomber sur son visage qui m’est totalement inconnu. A moitié éclairé par les lumières de la place, il a un air sinistre et chacun de ses traits sont grossis par les ombres.
Quand mes yeux se portent sur les siens, il commence, le visage figé et inexpressif :
"Kaami ?" 

« Oui ? » dis je en bredouillant, l'air penaud. Avant de m’apercevoir que c’est un de ces militaires, sans visage et sans âme.

« Viens, y a quelqu’un qui veut te voir.»


Plus je le regarde, plus il m’inspire du mépris. Pour le peu que j’en discerne, il n’a l’air que d’un tas de chaire et d’os, un de ces « marche au pas » qui sait soulever du plomb mais n’en a pas dans la tête.
D’un revers de main, je pousse son gant de mon épaule et d’un souffle, avec mécontentement, lui rétorque :

« Laissez moi, j’ai rien a voir avec vous !»

« Viens te dis je, tu pourras profiter de la fête tant que tu voudras… »

Son ton reste néanmoins courtois et posé. Il n’y a aucune agressivité, mais un peu d’empressement. Il ne tarde pas à prendre les devants, sans m’attendre, ni me forcer. Je chipe prestement deux chouquettes, puis le suit au travers de la foule.

(Qu’est ce qu’ils me veulent sérieux ?…mon père je paries... il veut que des collègues prêchent la bonne parole à son fils déserteur de la tradition… Marre! )
Cette seule pensée a le don de me faire bouillir intérieurement, et anticiper leurs propos ne fait qu’accentuer ma colère.
( Un Wiehl ceci, un Wiehl cela… Un wiehl doit savoir tenir une épée et pas se contenter d’un bâton de marche, un Wiehl, un WIEhl, UN WIEHL… Putin ! au chiotte les Wiehls !)

Pendant que je m’énerve tout seul, les villageois semblent commencer à apprécier les festivités.
On a dispersé les chaises pour laisser de la place au pas de danses et troqué les cuivres contre des percussions et des flûtes. Une petite chorale chante l’histoire d’une jeune fille qui aimait les sucettes à l’anis et qui devint boiteuse. Tandis que les enfants rejouent la cérémonie, avec des sifflets et des branches sèches, courant de ci de là en criant et riant.
A les voir, j’ai comme un pincement au cœur.
( J’aimerais tant avoir leur insouciance. )

Une fois à l’écart de la foule et du bruit, le colosse m’emmène à la garnison. Il pousse l’immense portail qui grinça, et nous entrons comme des voleurs complotant à l’abri des regards. A la lueurs des torches on peut entrapercevoir des vestiaires et des plastrons accrochés aux murs. Une ancienne meule plus au loin tourne pour qu’ un soufflet entretienne les braises d’une large cheminée. Seule ses grincement et le rythme du soufflet percent le silence. De grosses poutres en bois, parallèles les unes aux autres supportent les étages, rendant les lieux imposants et d'autant plus austère. Malgré le feu, l’endroit est frais, l’espace immense laisse pénétrer des courants d’air, faisant parfois s’élever les poussières parsemant le sol en terre cuite.
Nos pas résonnent sur les petites dalles et je suis le militaire avec une pointe d’appréhension. Puis nous montons un escalier en pierre, polis par les nombreux allers et venues, pour arriver à l’étage des bureaux. Un long couloir en parquet traverse le bâtiment, au point qu’on ne discerne plus le fond. Des portes de chaque cotés resserrent l’étau, parfois avec une bougie allumée à leurs seuils, éclairant faiblement ce dédale sans vie. Vers la moitié du couloir, mon guide s’arrête devant une porte, puis avec un geste en tout point militaire, pivote, pour me signifier que je doit entrer.

Cela ressemble plus à l’entrée d’un coffre fort que d’un bureau. La porte est d’un bois épais, où se croisent des barres de fer cloutées. Quand je tourne la poignée, massive et sombre, je ressens comme un frisson, m’attendant à être enfermé. Mon angoisse ne fait que croitre, au passage du seuil.
Alors que je referme la porte, l’homme qui m’attend débute:

«Pour une fois que tu daignes suivre un ordre, je suis surpris que ce soit ce soir. »

En me retournant vers lui, je remarque que c’est Bret, assis à son bureau, en train de griffonner des papiers. Il a beau être tard, qui plus est un soir de fête, il ne déroge jamais à ses devoirs. Il est réputé acharné au travail, gérant chaque lieu, chaque mission, chaque contingent, avec énergie et méticulosité. Cependant, d’autres le voient comme un arriviste, faisant ces bonnes œuvres pour d’autres comptes, notamment le sien. Jalousie et ignorance diront certains, méfiance diront d’autres. Quoi qu’il en soit, ses desseins restent flous.

« Que me voulez vous ? »

« J’ai entendu parlé de toi, Kaami, un jeune refusant de s’accomplir et vivant de verdure. » son ironie est grinçante, et il me parle sans même me regarder, continuant sa paperasse.

«Si c’est mon père qui vous a demandé de me faire la leçon, ce n’est pas la peine, j’ai déjà mon compte et ma réponse restera la même ! »
A cette réponse il lève un cil, pose sa plume et croise ses mains sur son bureau.

« Je ne connais pas spécialement ton père. Un archer moyen à ce qu’on dit, mais persévérant. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’on dit de toi, petit loup des bois. Le fils irrécupérable et vagabond. Ton père aime se plaindre de ton comportement, mais moi, je n’ai pas le même point de vu . »

A la fois surpris et dubitatif, je ne comprends toujours pas la raison de cet entretien.
« Encore une fois, que me voulez vous ? »

«Je veux, tes yeux, tes oreilles, et tes talents de chat sauvage à mon service...»

« Pas question ! Je ne suis au service de personne et encore moins pour faire vos sales besogne! Sur ce... »

Alors que je tourne les talons pour retourner à la fête, il se lève d'un bon.
« Attends un peu, nous ne faisons que commencer... » dit il d’une voix mielleuse
« Tu connais les environs mieux que personne, y paraître et disparaître à ta guise, ce qui n’est pas mon cas, ni celui de mes soldats. Y a de drôles d’individus qui rodent dans les environs, je le sais, parce que le commandant Pertul c’est fait dépecer comme un lapin alors qu’il était en reconnaissance. Il est aujourd’hui entre la vie et la mort. »

Je commence à comprendre, en substance ce qu’il veut que je fasse...être un espion au service de sa majesté.
(Si Pertul y est passé, c’est que c’est pas de la petite canaille, y a anguille sous roche, trop de risques )
« Si le commandant c’est fait avoir, peut de chance que je sauve ma peau, et parce que je connais le coin, je sais à quel point, être seul là bas est dangereux, je n’ai rien à y gagner. Désolé »

« Je te demande juste de surveiller les environs, moyennant, je t’offre l’attirail nécessaire, de quoi te chauffer et manger. Tu devras juste me rapporter les mouvements suspects et m’en faire part. N’est ce pas ce dont tu rêves, qu’on rémunère ta soif de liberté ? » Un petit sourire s’esquissa sur son visage, ce qui était presque terrifiant, au vu de sa mâchoire carré et ses petits yeux sombres.

L’offre est en effet alléchante, continuer mes excursions avec pour prétexte, vrai ceci-dit, de veiller sur le village, engagé par le Monsieur Bret qu’on taraude d’éloges, et si je ne vois rien...payé à me balader.
«Si je marche, ne m’impliquez pas pour autant dans vos manœuvres et ne me forcer pas à parader en costume. Je vous dis ce que je vois, rien de plus. Et… Je veux aussi des Yus ! »

« Parfait. Tu auras ce qu’il faudra à hauteur de tes services. Tu commences dès demain. Je suppose que ton père appréciera la nouvelle, peut être qu’il verra en toi une autre personne. Signes ce papier et tout sera réglé. »

Il prit la plume et me la tendit comme satisfait du dénouement de la conversation.
Je jette un coup d’œil au bout de parchemin, à n’y rien comprendre, les écrits ne m’évoquant que des lignes abstraites.
(J’imagine que c’est comme une bonne poignet de mains, ça veut dire que tout le monde est d’accord.)

A la lueur d’une petite bougie, je signe prestement d’une croix. A coté de ma signature, un caché de cire à peine sec, l’emblème de Tulorim, baignant dans un rouge sang.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Jeu 12 Jan 2017 02:47 
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La fête est à son apogée, la musique résonne et j'entend la ruche des villageois tourbillonner au son des tambourins. Alors que le militaire ferme la porte derrière moi, je me dirige vers cette joviale cacophonique, la tête encore grouillante de questions.

(Pourquoi n’envoient ils pas plutôt des Hommes de mains, des mercenaires ? S’ils veulent vraiment chasser des intrus, autant le faire à la manière forte. Peut être qu’ils veulent connaître les lieux avant ? Ou être sûr de ce qui s’y trouve ? Bref, j’ai faim)

Cette conversation avec Bret, n’a en rien endiguer mon appétit et mes deux chouquettes sont parties aussi vite qu’acquises. Mon seul désir se résume à profiter du buffet...toute la soirée. Depuis que mes parents, surtout mon père, ne m’accordent le gîte et le couverts qu’en certaines occasions, je me remplis tant que possible. Se sont des festins rares, et mon estomac s’affole à pouvoir manger autant. Les réserves faites, je pris le temps décuver, adossé à un mur, la tête chancelante, l’abdomen gonflé à bloc. Mon corps n'a pas supporté les fastes de cette soirée et je me laisse emporter par la musique, oubliant déjà ma drôle d'entrevue.


C’est le petit matin, la grande place est déserte, excepté deux habitants s’affairant au rangement des meubles.

(Pwaaa ! J’ai le dos en confiote, même dans les bois les racines sont plus accueillantes)
Je ne suis pas surpris par le manque de sollicitude à mon égard, que personne ne m’ait réveillé ou proposé un lit, pas même mes parents.

( « Vivre dehors ? Et bien dehors !!! »)
C’est sur ces mots que m’ont père m’a expulsé vers mes dix-sept ans, ils sont restés gravés dans ma mémoire et souvent la solitude m'y fait repenser. J’ en ai toujours la même amertume, comme si aimer se perdre dans la nature, m’empêcher d’apprécier la chaleur dans l’âtre, un toit et des personnes avec qui vivre. A vrai dire, j'ai fait surtout le constat, que pour vivre pleinement ses aspirations, il faut consentir au sacrifice, parfois même de ceux sur qui on comptait autrefois.

Je me remet en route, encore titubant de la veille, et d'un geste mollasson je salue les deux déménageurs...sans avoir de réponse.
(J’aurais un jolie ruban, qu’ils me baiseraient les pieds...)

La maison de mes parents se trouvent en amont du village. Un sentier recouvert de dalles y mène directement. Les ruelles ce matin sont particulièrement sales. Des eaux usées et des déchets jonchent les caniveaux. Le mélange de pelures, de terre et de bois cramé, donnent une odeur étrange, néanmoins appréciable.
Au fur et à mesure de mon ascension, le soleil m’accompagne. Je l'admire au dessus de la colline, il doit être neufs heures. Mes escapades en pleine nature m’ont bien appris une chose, « si tu veux savoir où tu vas, tu dois savoir qu’elle heure il est. ».
Avec mes expéditions je suis devenu, un champion de l’orientation et de l’astronomie. Les étoiles me guident, aussi bien que le sens des cours d’eau, ou la direction du vent. J’ai appris à me repérer avec mes seuls sens, à comprendre des infimes variations de temps et anticiper les caprices de mère nature. Car aussi belle que cruelle, elle en devient mortelle à qui n’écoute pas ses leçons.

J’arrive à ce qui fut autrefois ma maison. Avec ses joies et ses peines. J’y ai vécu dix années jusqu’à ce que je tire ma révérence, pour honorer Yuimen. J’aime encore le petit carillon à la porte d’entrée, l’oranger qui borde la terrasse et le toit d’ardoises sur lequel j’allais me chauffer en été. J’en suis tout nostalgique.

« Tiens ! Je t’ai préparé quelques fruits et un peu de sirop. »
Ma mère dans toute sa splendeur. Elle est accoudée à la fenêtre, humant l’air. Je pense tenir d’elle mon amour pour la nature. Elle est toujours radieuse à son contact, et tel l’oiseau indissociable du vent, elle prend son envole dès qu’un souffle vient.

J’entre dans la maison, ça sent bon les légumes qui chauffes, ma mère prépare déjà le dîné. Je m’attelle aussitôt à refaire mon paquetage, composé d’un vieux couteau, d’une bonne couverture en laine et de diverses denrées. Mon vieil ami le puisatier m’a également offert une sorte de bout de verre un peu rond qui permet de voir des choses loin de plus prêt, j’appelle ça l’œil du chat. Ne reste plus que mon fidèle compagnon, qui m’attend contre un mur ; mon bâton, fabriqué avec mes soins. Je suis assez fier de mon œuvre, que j'ai taillé et sculpté en spirale, lui donnant une allure de serpent. J'ai également bricolé à un bout une pique en fer pour éviter de déraper, de l’autre, un menu crochet qui m’est pratique pour grimper ou décrocher des fruits.

« Je refais mes affaires et je m’en vais. L’archéduc est là ? »

« Heureusement qu’il n’est pas là, il serait là, que tu te serais pris un soufflet à l’appeler ainsi... Tu ne veux pas rester pour ce midi ? »

(Et encore je n’ai pas ajouté un ON à la fin de ce joyeux surnom.)

«Non désolé, je repars sur les routes. Tu dira à mon chère père, que son fils à reçu du travail de la part de Bret le preux de ces dames.»

« Toi ? Bret ? Quelle mouche t'as piqué ? Si les médailles ne t’intéressent pas, c’est sûrement les Yus.» Dit elle en ricanant.

« Euh… Bas, je dois juste lui faire des commissions, il dit que j’ai du potentiel malgré ce que père peut penser...» Un beau mensonge, qui ne me fait pas plaisir, mais autant éviter de l’inquiéter.

« Bien... Fais attention à toi et débrouilles toi pour revenir propre ! »

Sur ces derniers mots, je l’embrasse avec tendresse. Aussitôt je prends mes affaires et croquant dans une belle pomme, retourne à la garnison, voulant tâter la marchandise que Bret m’a préparé.

Les soldats sont déjà en train de courir dans tous les sens, certains manient le fer rouge, tandis que d’autres se recouvrent de plaques, ou s’échangent des coups tonitruants.
Le colosse d’hier soir m’accueille et n’emmène dans un petit vestibule où est entreposé « mon attirail ».
(Il a l’air moins sévère et crétin que la veille, peut être la lumière ?)

« Prends en soin, sinon au revoir aux Yus. Et puis le père Bret il veut des infos, pas d’infos, pas de jolie cape. »

Il y a en effet une jolie cape, dans les mêmes tons que le paysage, je la tourne et la retourne, la palpe tant je suis ravi de l'ouvrage, n'y croyant presque pas. ( Pour moi ?)
Elle est d’un blanc calcaire, avec des tâches marron-verte et des bords gris. Assez chaude, elle retombe jusqu’à mes fesses, pratique pour se camoufler, mais certainement pas pour marcher en plein été. Il y a également une gourde, du fil de fer, des ressors, quelques clous, une mono-lame (couteau de lancer), deux bougies et des sortes de craies huileuses pour faire des marquages.

« Y a ça aussi pour toi. » Le grand gaillard me tend un calepin pourvu d’un petit crayon. Quel luxe ! mais ne pouvant écrire...

« Je sais pas écrire... »


« T’auras qu’a dessiner... »


Puis il me laisse sans politesse ni regards et je reste le calepin à la main, perplexe. Je me met d'un seul coup à gesticuler d'une allure effréné, comme pour cacher mon butin et éviter qu'on ne me vole.
A peine ai je enfilé ma cape, que Bret entre, les talons claquant le sol.
En tenue de combat, il est drapé d’une soie verte comme les pâturages au printemps et son armure est faite de plaques étincelantes. Son épée pend à sa ceinture, dans un fourreau argenté, tissé de perles formant une étoile à sept branches. Il est droit, le cou tendu, toujours sévère.

« Petit loup des bois prends sa peau de mouton ? » Dit il en s’esclaffant de rire.

«Je prends ce que vous m’avez promis »
Ajoutais je, en le toisant du regard.

« Fais, fais…Dernières informations. Là où tu repères quelques choses d’anormal tu le marques. Tu me fais un état des lieux tous les dix jours selon la longueur de tes expéditions. Surtout tu ne prends aucune initiatives stupides et bien entendu tu es muet comme un tombe sur ce que tu vois et ce que tu trouves. » Son regard est fixe et perçant, s’assurant que j’ai bien tout assimilé.

« Compris »


« Bien. Et n’oublies pas ! Tu vas où bon te semble mais je veux des résultats !»

Je n’ai qu’une seule hâte sortir de cette garnison puant la sueur et prendre l’air des forets.
J’ai plein de nouveaux jouets à essayer et je sens venir en moi l'excitation de me sentir utile.
Après tout, j’ai un rôle à jouer moi aussi ?

Et désormais je pars, le sourire aux lèvres en cette chaude journée d’été. Naïf peut être, quant à ce qui m’attend, mais heureux de pouvoir prendre mes sentiers perdus...en sachant où aller.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Dim 15 Jan 2017 03:33 
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Le soleil s’intensifie, les rayons me brûlent la rétine et font pâlir le paysage d’un voile fuligineux, blanc, presque brumeux. Je suis sorti du village par la route Nord menant aux plaines. Je sais qu’après une bonne journée de marche, je trouverais « la colline des criquets », qui est un belvédère magnifique, en plus d’être un lieu d’observation idéal. Tel est mon objectif. Là bas, il y a de quoi m’abriter, une foret épaisse me sauvera du soleil et un étang en contrebas, ayant fait son lit au creux des rocailles de grès et de calcaires, me rafraîchira le temps de mon séjour.

Je doit tout d'abord longer un cours d’eau, l’un des bras de la rivière qui s’est perdu, amputé de sa source et parcourant des horizons solitaires. C’est là une route naturelle et isolée s’étendant jusqu’aux racines des collines, que je veux atteindre. La rivière principale au Nord Ouest est bordée de quelques habitations et de nombreuses cultures, un pont, souvent emprunté par les convois marchands la traverse. Il n’est pas rare de voir des travailleurs la faux à la main, ou d'apercevoir des charrettes survolant les lieux et charriant du foin. Les marchands qui prennent la route des plaines, depuis maintenant des lustres, convoient souvent des agrumes et des huiles. Deux produits de luxes du comté de Wielh, cadeau d’un climat chaud et stable, et d’une terre solide.
Le peuple voit dans ces richesses locales durement acquises, le fruit et le symbole d’un pays indépendant. Des richesses qui avant même l'indépendance n'étaient réservée qu'a quelques privilégiés, et qui furent la monnaie d'échange pour le pouvoir. Les riches marchands et les bourgeois de Tulorim financèrent la révolution il y a de cela plusieurs siècles, et aujourd’hui, ils siègent en politique et perpétuent leur dynastie. Chaque dirigeant est un comptable et chaque loi est une balance dictée par le poids des Yus.
Des événements que Diamel, mon vieil ami, me conte à l’occasion. Ancien interprète et diplomate, il a vu, entendu, les manigances et les coups bas, dans les couloirs du pouvoir. Il a aussi, une grande connaissance de l’histoire. A son contact j’ai appris bien des choses sur la nature humaine. Mais j'ai surtout compris, que la curiosité peut nous sauver si l'on n'oublie pas de se méfier.

Plus je médites moins je ne m’étonne de cette soudaine effervescence militaire dans la région. Les pillages dont a parlé Bret ont certainement alerté les instances politiques, qui souhaitent préserver la route des plaines, ses Yus, et le pouvoir qui va avec.

( Voilà comment les transactions mènent la danse et comment un petit village peut se retrouver embarqué dans une histoire dont elle est ignorante et victime.)

J’avance durement dans la garrigue. La chaleur me tape les tympans et les pierres chauffées font l’effet d’un four. Je porte une tenue en lin blanc, légère et parfaite pour ce temps, ce qui ne m’empêche pas de suer et de vider mes réserves d’eau.
(Quelle idée que de me filer une cape, ils veulent ma mort ou quoi ?)

J’ai bien marcher six heures, que les flancs des collines apparaissent. Je quitte les bords du cours d’eau pour m’égarer dans la végétation et grimper de plus en plus.
Le buis a envahit les lieux, quelques chênes-verts et oliviers ont élus domiciles au sommet. Je tente de les rejoindre afin de prendre un peu l’air frais et de savoir où exactement je me situes.
Il doit être passé dix-sept heure quand j’y parvient. Le soleil entame sa descente.

(Allez, courage) ai je pensé en soupirant ( Encore quelques heures sous ce cagnard et j'aurais atteint mon but ).

De là haut, je me serais cru aux confins du monde. L’horizon est désertique, pas un être qui vive, ni de maisons dans les environs. Un léger vent fait vibrer mon pantalon et remonter des odeurs d’herbes sèches et de fleurs. Au loin, je perçois quelques nuages lenticulaires qui s’auréolent d’une lumière dorée,et a l’ombre d’un chêne, je me repose quelques minutes. Je sors tout compte fait mon « œil du chat » et scrute les environs.
« La colline des criquets » est en vue, je la reconnait bien. Plus haute que les autres elle est tel un point vert surplombant la plaine.

J'ai eut la chance en reprenant le chemin, de trouver de la vigne sauvage et un peu de thym dont j'ai fait des réserves. Une volée d’oiseau m'a surpris dans un sous bois, mais sinon, il règne toujours ce même silence.
Je sait désormais que j’approche, car le chant des criquets et des cigales croit au rythme de mes pas. L’eau de l’étang attire une vaste faune et flore. Les herbes grasses sont plus nombreuses et des arbres plus gourmands en eau ont fleuri. Alors que j'étais majoritairement entouré de pins et de buissons rabougris, ici, je voit des chênes pubescents, des arbousiers, ou encore des genévriers et des salsepareilles. Avec chance, je trouve un pistachier et de ma canne improvisée, je le secoue pour en récolter quelques fruits.
L’étang pointe le bout de son nez tandis que le ciel s’assombrit. Une lumière orangée passe entre les feuillages, signe que la nuit sera claire. L’eau du petit lac se meut sous la brise, et les libellules finissent leur danse journalière, alors que les oiseaux piaillent la fin du jour.

(Voilà un bel endroit pour préparer le campement et se reposer.)

J’observe les alentours afin de trouver la meilleure place. Je préfère remonter un peu la colline pour éviter les moustiques et les animaux attirés par l’eau. Une trouée cerclée de rochers me convint finalement, d’autant plus que de l’aubépine et du genévrier, buissonnant d’épines, me protègent de potentiels visiteurs.
Je prends le temps de faire des réserves d’eau et de nettoyer mes bottes, puis j'aménage mon futur lit avec des fougères et des doradilles. Je prends soin de poser des pièges. Le fil de fer obtenu à la garnison, tendu entre les arbres, peut au moindre contact déclencher des pieux et des pics dans la face des malheureux curieux. J’ai également badigeonné les arbres et mon corps de thym écrasé, dont l’odeur est un répulsif pour bien des animaux et des insectes.
Ce soir là, je ne fait pas de feu. La nuit est plutôt lumineuse, il ne fait pas excessivement froid et je n’ai rien à faire cuire.

( Le temps est calme, la nuit est parfaite, et tout ça rien que pour moi. Promis Yuimen, demain, je te fais un cadeau )

J’ai pour habitude, avant de m’endormir, de prier Yuimen, pour qu’elle soit douce à mon égard et qu’elle continue à se faire belle. Un simple souffle sur ma joue et je prends cela comme une réponse, une étoile filante, une pensée d'espoir pour ma quête. Tout est signe à mes yeux, tant la parole de Yuimen fut lumineuse, dans les moments les plus sombres. Je pris Yuimen régulièrement maintenant, depuis qu’elle m’a sauvé. Alors que j’étais affamé et perdu, elle me mena à l’homme qui deviendra mon ami, mon instructeur et mon père de substitution. Je me rappel encore de son intervention magique. Alors que la fatigue et la mal-nutrition m’avaient rendu faible et que ma vision était floue, elle me guida par sa lumière, un léger scintillement volatil, allant et venant entre les arbres. Elle me parla aussi, avec le vent et le bourdonnements des insectes. Elle n’emmenait là où il y avait de l’eau et de l’ombre, elle me disait quand partir et quel rocher gravir. Elle me prévint des pièges et me montra le chemin pendant des jours, jusqu’au potager de mon vieil ami, où je m’évanouis, épuisé. Depuis cette épreuve je la sens et je l’écoute, j’essaie de saisir ses messages et de respecter ses volontés. C'est e dieu qui m’a redonné la vie et il veut que je le connaisse. Son murmure est toujours là et au creux de l’oreille me dit, « Cherches ».

Mon sommeil est difficile ce soir là, Yuimen m’encourage à rester vigilant. Un craquement de branche et je saisis mon bâton, un cri animal et j’envisage du mouvement dans les environs. Havre de paix le jour, la nature est bien plus dangereuse la nuit, car son jeu est invisible et ses cartes imprévisibles.
Quand je fermes les yeux, un vent chaud et désagréable me pénètre les narines. Je ne suis pas tranquille, malgré mon campement, plutôt sûr et confortable.

Les arbres frémissent, les branches craquent.
Un bruit de caillou dévalant la pente me réveille. Quand soudain, un brusque coup de vent me fait tressaillir. Les branchages s’agitent furieusement et une chouette s’envole dans un hululement précipité et colérique.
Assis sur mon séant, j’ai le cœur qui tambourine et le souffle vif. Mes yeux sont un peu habitués à l’obscurité et je suis attentif au moindre bruit. Je vois les ombres tanguer, et sens le vent s'intensifier.
Mon instinct me dit de me mettre debout, bâton en main ! Un clique violent vient de cingler le silence nocturne !

( Un de mes pièges s’est enclenché ! )
Suivit d’un cri strident, proche du sifflement.

« kIIIIIAAAR, Pff, SHSHhh, KIIIIIIIaaaaaAAR !!! »

Le cri de la bête est effroyable mais impossible de savoir à quoi il appartient. Je suis pris de panique, comme tétanisé. Une nouvelle bourrasque me fait sortir de ma torpeur ! Ne voyant la menace et ne sachant comment l'abattre, je prends prestement ma couverture et mon sac. D’une allure effrénée je m'égare dans les bois. Le souffle haletant, je cours aussi vite que je peux et m’enfuis sans me retourner dans l'espoir de semer cette créature inconnue.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Sam 26 Aoû 2017 21:27 
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Un peu à l'écart des trois routes principales, il est possible de voir un petit regroupement de trois ou quatre maisons.

Au-delà des cultures s'étend la garrigue. C'est une étendue sauvage recouverte de plantes dures, piquantes et épineuses, pas très grandes, mais qui rendent tout de même cet espace très dense et difficile à traverser.

Une forêt d'épineux succède peu à peu à la garrigue, sur des collines. Cette dernière est composée d'arbres très résistants qui ont su braver les conditions climatiques rudes des environs. Certains initiés connaissent les chemins de calcaire qui la traversent. Un étranger, par contre, a de nombreuses chances de se perdre dans les méandres des chemins naturels. On raconte que, outre de petits animaux, ce vaste territoire cacherait un mystère encore non révélé.....

Et puis si on a de bons yeux, on peut apercevoir en flanc de montagne, juste à l'orée des bois, une petite chaumière et de la fumée sortant de sa cheminée.

Guasina

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