Arc du Souffle du Voile
Chapitre I : L'Istru'Vent
"C'est terrible ! Comment cela a bien pu se produire ?"
"Déesse Rana, priez pour nous..."
"Ces aurores boréales... je le savais, nous avons offensé la déesse, et nous n'avons pas pris au sérieux ce phénomène qui nous l'indiquait.."
"Je suis sûr que les Orques y sont pour quelque chose."
"Taisez-vous ! Comment les Orques auraient pu pénétrer dans le temple sans être vu ? C'est absurde !"
"Peut être que ce n'est qu'un accident ?"
"Un accident ?? Vous êtes fou jeune homme ! La Faerunne est aussi solide que le meilleur des aciers !"
"Quoi ? Vieux sénile, pour qui te prends tu à m'insulter ?"
"Moi , vieux sénile ? Viens un peu là que je t'apprenne le respect !"
La foule était secouée, les esprits commençaient à s'échauffer sous l'effet de la panique, du stress et de la colère. Akihito arrivait alors sur les lieux et contemplait cette foule sans comprendre vraiment ce qu'il se passait.
(Bon sang, il se passe quoi ici ?)Alors que le jeune Ynorien et le vieil homme commençaient à en venir aux mains, la rumeur de la foule se tut : un homme coiffé d'une mitre dorée venait de faire son apparition. Avec respect, la foule se calma et s'inclina devant l'actuel 2ème membre du Conseil des Sages, Le Père Roland.
"Allons allons mes chers enfants, cessez de vous battre. Je vais vous expliquer en détail ce qu'il s'est passé, je vous assure qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter.
Comme vous le savez tous, notre dévouement à Rana, sainte maîtresse du Vent, s'exprime en partie grâce au Chant du Vent, la mélodie qui rythme parfois nos cérémonies. Cette mélodie est faite à partir d'objets très particuliers, que nous avons baptisé les Instru'Vents, et sont fait à partir de la Faerunne, métal dont le son peut autant rappeler la douce Brise de Rana autant que sa terrible Bourrasque.
Mais depuis quelques temps, et vous l'avez remarqué, le ciel se colore d'un voile aux teintes vertes et jaunes, appelé Aurore Boréale. Si ce phénomène est parfaitement naturel dans les lointaines steppes du nord de Nosvéris, le fait que celles-ci nous atteignent également à Oranan l'est bien moins. Après des semaines de concertations avec les sages du Conseil, Père Trohya et Mère Dasne, nous en sommes venu à la conclusion suivante : loin d'être un mauvais présage, ce voile céleste est un cadeau de Rana qui, dans son infinie bonté, a décidé de récompensé ses Fidèles avec ce magnifique spectacle.
Prions ensemble pour remercier les bienfaits de la Déesse Rana."Sur ces mots, le Père Roland s'inclina profondément, ferma les yeux et psalmodia à voix basse d'antiques paroles à la gloire de Rana. Les fidèles, après un soupir de soulagement et un coup d'oeil commun au ciel pour tenter d'apercevoir le présent de la Déesse en ce début de matinée (avec toujours un soupçon de crainte dans les eux de certains), la foule, d'un commun accord, hommes et femmes, vieillards et enfants, tous mirent un genou à terre, respectueusement. Au milieu de la foule, Akihito était quand à lui perdu dans ses pensées.
(Ce n'était donc pas un signe de mécontentement de la Déesse en fin de compte.. Mère avait raison, ces "Aurores Boréales" ne sont rien de plus qu'un phénomène créer par la Maîtresse des Airs.
Cependant... Quelle est cette histoire d'instru'Vent brisé ? J'ai entendu le nom de la prêtresse Lymi en arrivant, est-ce que son instrument serait abîmé ? Détruit ?)Durant 5 minutes, la foule communia en silence, agenouillée devant l'entrée du temple, entouré des arbres. Le Père Roland se releva alors et de sa voix douce et parcheminé, à l'instar de sa peau claire typique d'un Ynorien, invita la foule a faire de même.
"Mon Père, nous avons entendu des rumeurs, la prêtresse Lydi chercherait un nouvel Instru'Vent mais les réserves de Faerunne sont épuisées ! Que se passe-t-il ?"
(Au moins, ça m'évite de poser la question !) s'amusa Akihito, remarquant par ailleurs que la personne ayant posé la question était le jeune homme bagarreur.
D'un rapide coup d'oeil, Akihito l'observa et constata un pur Ynorien de souche : Yeux d'un noir profond, teint clair, et coupe de cheveux impeccable ; à la qualité des vêtements de celui-ci, Akihito le classa comme un homme issu de la petite bourgeoisie, avec assez de moyens pour commencer à réellement investir dans les parures et autres vêtements lui faisant paraître pour une classe plus élevé qu'il ne l'était.
Pourtant, son visage, à bien y regarder, semblait amical, sans la marque de l'arrogance qui naît parfois chez les personnes assez riches mais pas assez pour avoir réellement de l'importance, et qui se rabatte sur ceux qu'ils peuvent, à savoir leur ego.
(Il a l'air un peu différent des autres, celui-là, et ses mains calleuses ne diront pas le contraire : il sait ce qu'est un travail manuel, ou un entraînement long et intense du moins.)Le Père Roland se tourna vers le jeune homme, prit connaissance de sa question, et y répondit en s'adressant à l'assemblée massée devant lui.
"Il est vrai, la prêtresse Lydi cherche effectivement un nouvel instru'Vent."Alors que la foule commençait de nouveau murmurer, le Sage enchaîna :
"Elle en cherche un, mais pas pour elle : son Ocarina est intact et restitue toujours aussi bien le doux son du Zéphyr que vous connaissez tous, et comme vous le savez, c'est cette Ocarina qui guide le Chant du Vent ; la prêtresse Lydi, en sa qualité de joueuse de l'Ocarina, est donc en charge de l'orchestre. Et pour honorer de la plus belle façon qu'il soit le présent de la Déesse que sont ces Aurores, elle souhaite ajouter un nouvel Instru'Vent et créer ainsi une nouvelle musique, Le Souffle du Voile."(Un nouveau Instru'Vent ? Une nouvelle symphonie ? Mère doit apprendre ça !) s'enthousiasma Akihito à l'instar de la foule, et pour cause : que l'on vénère un non Rana, il n'est pas rare de voir des gens venir de tout le continent pour assister à une célébration de Rana où le Chant du Vent était joué : les instru'v
Vents faisaient résonner et vibrer l'air dans tout le temple, d'une manière si mélodieuse que certains, bien que non croyants du culte de Rana en arrivant, finissait par devenir prêtre, envoûtés par la mélodie. Les autres repartaient l'esprit léger : l'écoute du Chant du Vent n'est ni plus ni moins considéré comme l'une des choses à faire au moins une fois dans sa vie.
"Malheureusement, comme vous l'avez fait remarquer, nous n'avons plus de Faerunne : le dernier minerai a été utilisé pour la création du nouveau calice servant a recevoir les offrandes, et depuis, aucun marchand n'en a proposé. Nous pourrions faire une demande de recherche auprès de marchands mais nous avons eu la conviction que la Déesse Rana nous met à l'épreuve : cet instru'Vent devra être récupéré par un de ses fidèles, sans quoi le Chant du Vent et à fortiori le Souffle du Voile n'aurait aucun sens si nous cédions à la facilité."La foule acquiesça : pas de sacrifice, pas de victoire.
"De plus," continua le Père Roland,
"Aucun des Missionnaires de Rana n'est actuellement présent dans la ville, et la prochaine cérémonie du Rituel du premier Souffle se déroule dans un peu moins de 2 mois, et nous ne pouvons nous permettre de les attendre, la Faerunne se trécoltant dans les hautes montagnes du Col Blanc. De même, les Prêtres préparent également le Rituel et ne sont pas disponibles, de même que les Pélerins. Certes, nous pourrions leur demander de le faire, leur formation étant presque achevée, mais nous préférerions qu'ils se concentrent sur leurs objectifs, après 5 ans de dévotion et d'apprentissage, il serait ingrat de leur demander. C'est pourquoi je m'en remets à vous chers Fidèles : la mission sera difficile, épuisantes, et peut être même dangereuse ; mais au nom de tous les prêtres et prêtresses de Rana, je m'en remets à vous..."La foule resta muette. La plupart ne pouvait de permettre de partir si longtemps loin de chez eux, pour un long voyage, d'autant plus que les Orques se faisaient plus pressant ces derniers temps, et bon nombre des fidèles présents étaient des guerriers qui se devaient de défendre leur terre natale. Entre honte, embarras et indécision, les membres de la foule se regardaient. Akihito, lui, sourit.
(Enfin, l'occasion se présente..)Il glissa sa main sous sa tunique et la posa sur son porte bonheur, un éclat de Faerunne donné par sa mère en le ramassant sur une ébauche d'instru'vent ratée. Le contact froid du métal le rassura, et en lui, les premiers souvenirs de sa fascination pour le métal qui d'une simple pichenette résonnait comme le cristal lui revinrent. Les éléments, la magie, les métaux élémentaires : tout ça le fascinait. Et il avait enfin l'occasion de commencer son voyage par la recherche du minerai à l'origine de tout cela.
Une décharge d'excitation lui parcourut l'échine. Une autre, bien réelle celle-la, crépita dans le creux de sa main.
"Mon Père, moi, Akihito Yoichi, fils de Hinori et Marcus Yoichi, me porte volontaire pour aller chercher la Faerunne."Tout les regards se tournèrent vers le jeune homme au regard bicolore, ni tout a fait Ynorien, ni tout à fait Wiehlenois : certains s'écartèrent prudemment de lui, sa réputation de sang-mêlé fulguromancien les apeurant, d'autres le dévisagèrent avec curiosité, un resta bouche bée devant le petit arc électrique formé entre l'index et le pouce de la main droite de Akihito. Il entendit même 2 filles glousser en déclarant le trouver "mignon", mais il n'en n'était pas sûr (ce qui ne l'empêcha pas de rougir d'embarras).
Akihito s’avança donc à travers la foule en direction du Père Roland, avant de mettre respectueusement un genou à terre devant les blanches marches du haut desquelles le sage se trouvait, et pencha la tête.
"Je mets mon épée, mon honneur et ma magie au service de Rana."Soudain, Akihito entendit un murmure parcourir la foule, et une silhouette se plaça à la gauche de lui, genou à terre.
"Je me porte également volontaire."