Sèvothyr, Raftael et Fluron longeaient les quais, le demi-elfe et l’humain en tête, le demi-gobelin trottinait derrière eux. Ce dernier, qui vêtu d’une grande toge à capuchon, pouvait aisément être confondu avec un petit garçon aux bras trop longs.
-Où n..nous emmènes-t..tu ? ce n’est pa..pas dans cette d..direction ! *bégaya t’il*
Pour toute réponse, Sèvothyr tourna la tête vers lui et lui adressa un clin d’œil. Curieusement Raftael ne semblait nullement étonné de ce changement de plan, il avait même l’air s’y attendre, bien qu’une légère expression soucieuse planait sur son beau visage d’un naturel impassible.
Les clameurs d’une foule commencèrent peu à peu à se faire entendre, se faisant plus forte au fur et à mesure qu’ils approchèrent. Le meneur du petit groupe bifurqua soudain, empruntant 2 rues qui les entrainèrent sur une petite place dans le quartier des marins, au pied de remparts. Il s’y trouvait plusieurs dizaines de marins, mercenaires et badauds… formant un large cercle autour de quelque chose que les 3 compères ne pouvaient voir à cause des gens. La foule était déchainée, elle vociférait, clamait, criait, son attention était totalement portée sur ce qui se passait au centre, d’où s’élevait des nuages de poussières.
Faisant signe à ses compagnons ahuris de le suivre, Sèvothyr se dirigea vers des escaliers menant en haut des remparts. Après avoir gravi quelques marches, ils purent voir ce qui monopolisait l’attention générale, deux colosses étaient de s’affronter à mains nues.
-C’est pour ça que nous sommes venus ? Et l’argent qu’on doit gagner aujourd’hui alors ? *pesta Raftael*
-Ne t’en fais pas, on va gagner bien plus que prévu.Fluron, lui, était pétrifié par la foule de loubards qui se tenait devant lui. D’habitude Pachak l’envoyait accomplir de petits larcins, la discrétion et les ruelles quasiment désertes étaient son quotidien.
Là, il se sentait à la merci de tous, comme un pitoyable rongeur lâché dans une fosse à loups. Comment fera t’il si jamais une de ses brutes s’intéressait à lui ? et découvrait sa différence ? Frissonnant il agrippa une partie d’un long vêtement à Raftael. Comme si ce dernier lisait ses pensées il dit :
-Et Fluron, que feras tu si un d’eux commence à s’amuser avec lui ?-Restez juste discret, ne regardait personnes dans les yeux sans raisons, faites attention de ne pas marcher sur leur pieds et tout devrait bien se passer.-Cela ne m’explique pas ce qu’on est venu faire ici.-Suis moi.Il descendit et longea les remparts, se dirigeant vers un marin à l’air patibulaire, qui était posté derrière une table sur laquelle était disposé un petit coffret un encrier et un parchemin. Il tourna un regard mauvais vers eux quand ils arrivèrent.
-Qui sont les prochains combattants ?
-Morphis contre Chague. *maugréa t’il*
-Hmm…. Et après ?-Noctar contre Pathe.-100 yus sur Noctar *il jeta une bourse sur la table sous le regard choqué de ses compères*
-Ton nom ? *il tira une plume d’oie de sa ceinture et la trempa dans l’encrier*
Sèvothyr donna un faux nom tandis que Raftael s’éloignait les bras croisés et la mâchoire crispée, Fluron le suivant de très près. Quand Sèvothyr le rejoignit il ne put retenir sa colère et l’attrapa par le col. N’ayant pas vu le mouvement venir Sèvothyr fut cloué contre le mur.
-Tu as dépassé les limites là ! Tu n’as pas le droit de jouer avec cet argent nous en avons besoin pour vivre ! T’es vraiment qu’un égoïste tu nous mets en péril juste pour tes fantaisies personnels tu auras intérêt a tout rembourser de suite si nous perdons cet argent.Moment exceptionnel, le sourire narquois qui était normalement éternellement marqué sur le visage gris de Sèvothyr s’évanouit, il se dégagea d’un geste brusque avança sa tête à quelques pouces de celle de Raftael. Fluron poussa un petit cri perçant et se précipita entre eux, essayant en vain de les séparer.
-C..calmez vous ! *couina t’il* mail il fut complètement ignoré.
-Parce que tu trouves normal toi qu’on doit obéir au doigt et à l’œil à ce gros porc sous prétexte qu’il nous a receuilli et qu'apparemment on ne voudrait ne nous nul part ailleurs à cause de nos diférences? *grinça t’il entre ses dents*.
-On lui doit la vie. *répliqua son interlocuteur d’une voix calmée*
-On ne lui doit rien du tout *Sèvothyr avait fortement élevé la voix*
Se soumettre à lui jour après jour afin d’exécuter de misérables tâches, pour qu’il puisse profiter de l’argent que nous gagnons, sous prétexte « qu’il nous a sauvé la vie » et nous offre un toit, ça ne te gène pas toi ? C’est comme ça que tu vois ta vie, au pied de cet esclavagiste? Si c’est le cas ça ne regarde que toi, mais moi vois tu je veux faire autre chose de mon existence, accomplir des choses et être libéré de ces chaînes.Raftael ouvrit la bouche pour répliquer mais Sèvothyr ne lui laissa pas le temps de dire un mot.
-Et ne dis pas que je n’avais pas à vous embarquer avec moi je ne vous ai jamais obligé à me suivre, rien ne vous empêchait d’aller décharger les navires, comme convenu !Raftael referma la bouche, son compagnon avait raison, sur toute la ligne. Fluron, lui, avait la tête levé vers Sèvothyr, la bouche grande ouverte, immobile, il ruminait les paroles que ce dernier venait de dire, des paroles qui soudain lui faisaient voir sa vie sous un angle différent, même inquiétant. Après un court moment de réflexion, Raftael, qui avait repris son expression calme et impassible tout comme Sèvothyr avait repris son expression narquoise, dit :
-Tu parles de captivité, mais qu’est ce qui au fond t’empêche de partir ?-A ton avis, à peu près pour la même raison que toi-même n’est pas encore parti. On sait très bien tout les deux que seuls, on ne survivrait pas longtemps dans cette foutue ville et ces alentours. A moins que nous devenions des combattants aguerris mais d’ici là on aura le temps de mourir une bon vingtaine de fois…Non, j’attends et guette qu’une occasion se présente…...En attendant je suis comme captif ici.-C’est pour ça que tu commets toutes ces insubordinations, elle te donne momentanément l’illusion d’échapper à ces chaînes, je me trompe ?-Peut être, mais un conseil, au lieu de passer ton temps à observer et analyser tout ce qui t’entoure passe le aussi à agir.Considérant la discussion terminée il lui assena une claque sur l’épaule et jeta un regard circulaire sur la foule, il espérait que leur dispute n’avait pas trop fait de bruit, mais heureusement la foule était tellement déchainée et captivée par les combat que les éclats de voix avaient dû passer inaperçus.
Cependant Sèvothyr s’aperçut soudain qu’un individu non loin de là les observait, c’était un grand gaillard de pas plus d’une quarantaine d’années, au teint basané qui n’avait rien à voir avec les badauds alentours. Mesurant dans les 1,90mètre, il portait une grande armure noire de qualité, il longue cape noire bordée de fourrure argentée recouvrait ses larges épaules, ses bras, et tombaient jusqu’au sol. Il avait les cheveux très courts, tout aussi court que sa barbe de quelques jours et de même couleur que cette dernière, c’est à dire blond foncé. Mais le plus marquant sur ce personnage était son visage, il était couvert de cicatrices, tout comme son crâne. Son regard était pénétrant, dur. Sèvothyr détourna le regard, il émanait de la personne quelque chose qui inspirait le respect et la crainte. Une chose était sûr pour lui, si cet individu venait à s’inscrire il parierait sur lui sans hésiter, quelque soit son adversaire.
-Bon suivez moi maintenant notre combat ne va pas tarder.En effet à peine avait il fini ses mots que les clameurs de la foule explosèrent, annonçant la fin d’un duel. Regagnant les escaliers, il jeta un rapide coup d’œil sur l’étrange individu.
(Nous a-t-il entendu ?.... non ça m’étonnerait il y avait trop de bruit autour).Perchés sur les marches les trois compères observaient le match qui opposait Morphis et Chague. Celui-ci fut très rapide, le premier avait vite immobilisé le second au sol, et l’avait à moitié étouffé à l’aide d’une clef.
-Tu es sûr de ton coup ?-Ne t’inquiètes pas, ça fait un moment que je viens ici observer, je ne suis pas fou au point de parier sans connaitre les concernés.Les deux combattants suivant arrivèrent enfin, fendant la foule pour se rejoindre en son centre, l’un était un colosse de presque 2 mètre au teint mat et ses muscles prédominants.
L’autre était……
->-
Le pari