(
Avant)
(7)
Le couloir de barreaux en rejoint un plus large. À vue de pif, le nouveau fait une grosse forme ronde autour d'une pièce. Et ça sent encore plus mauvais. Ah ? Normal, y'a une poignée de rogneurs dans l'une des cages. Comment c'te cruche de Cécilie a fait pour chopper ces bestioles ? La rôdeuse a essayé une fois, et le machin s'est effrité à son contact. Elle est tombée où au juste ? Non mais, vraiment ?
Il y a une grosse porte double devant le loup noir et la peau-verte. Et c'est quoi ce bruit ? On dirait une engueulade en plus fort, comme si des dizaines de gars se prenaient le chou en même temps. Et là, un gros "
sprotch" qui se fait entendre, puis plus rien. Ah si, une foule à moitié rigolarde, et à moitié en gueulante. La peau-verte jette un oeil au liykor dont le poil s'est hérissé. Il tape sur la porte massive, la griffe, tente même de mordre le bois.
"
T'as la dalle à c'point ?", se marre la rôdeuse.
"
Territoire après. Terre plate. Sable rouge. Sang !", glapit le louloup en se mettant à baver encore. 
Et d'un coup, venant d'au-dessus de leur tête, une voix d'humain.
"
Que ? C'est quoi c'bazar ? Liykor et garzok ? Mais c'est pas sur l'programme ça !", grommelle-t-il en matant une tablette de bois et des feuilles.
Le bougre vêtu comme un riche, avec des cheveux gris en frisettes, leur marche dessus. Enfin, sur les grilles recouvrant les barreaux du couloir. Maintenant qu'elle y fait gaffe, le corridor n'est qu'un petit passage dans une pièce plus grande. Elle voit les murs en pierre autour, et des escaliers en bois permettant de grimper sur le plafond en grille. Et à côté, voilà que se pointent trois autres gars en protections de cuir. Avec des lances. Et qui les passent dans la grille, genre pour leur piquer la tronche !
"
Eh oh ! Pas b'soin d'me r'façonner l'nez, c'est d'jà fait ! Si j'dois avancer, suffit d'le dire, hein ?", ricane la peau-verte.
"
Avancer ? Ah non alors ! Après, c'est le lâcher de rogneurs pour nettoyer la place, le combat à mains nues entre deux varrockiens, sur lesquels on envoie les cocatrix si c'est trop long. Retournez en cage, vous.", fait l'homme en grognant détester qu'on ne le prévienne pas des changements dans son programme. 
Et que ça se plaint, et que ça grogne. Ah non, ça, c'est le liykor en fait. Le loup noir a tant la dalle qu'il agrippe une lance des crocs et la tire assez fort pour amener l'humain avec. Et "
crac", un pif qui s'éclate, et "
sprotch" le fer de lance qui passe en sens inverse, se plantant dans le bide de l'étalé. Arf ! Et v'là qu'ça dégouline ! C'était bien la peine qu'elle se lave, tiens ! Et si ça crie, on n'l'entend pas. C'est couvert par les gueulantes venant du monde à côté.
Les lanciers finissent par râler, rameutant d'autres gars identiques ou presque. Le riche lève le nez de sa tablette quand les portes des cages sont ouvertes une à une, libérant des bestioles à leur suite. Rogneurs, cocatrix, et même des saloperies de hérissons bondissant vers eux.
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Va y avoir du monde dans c'couloir !", lance la rôdeuse en préparant son gourdin. 
Grand sourire à crocs, jusqu'à ce qu'un des poulets manque de peu lui chopper la cheville. Et qu'il évite son gourdin en se jetant contre un hérisson, avec lequel il se prend le bec. Le grand louloup n'hésite pas et plonge sa lance dans une des volailles, l'embrochant sur le coup. Grosse bagarre d'animaux dans le couloir. Pour une fois, la peau-verte est perplexe. Genre, aucune des créatures ne s'en prend à elle. Elles se tapent joyeusement sur la tronche, entre elles.
Les humains au-dessus tentent de pousser les bestioles à attaquer, mais ça loupe complètement. Les rogneurs se barrent ou se changent en poussière au contact. Les coqs veulent picorer les hérissons. Les machins à piquants bondissent partout, tapant aussi bien les leurs que les parois. Et vive la nature !
La peau-verte se met à bouder, totalement ignorée, alors que le canidé bipède dévore tranquillement le volatile encore gigotant.
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Vraiment pas drôle. Ça s'ra fini avant qu'j'en éclate un... Eh ! Le vieux ! C'est par où la sortie ?", gueule la rôdeuse à l'intention du frisé.
Sauf qu'il ne l'écoute pas. Il agrippe d'une main le col d'un garde et le secoue, lui crie dessus, l'accusant de ruiner sa liste parfaite. Et les autres porteurs de lance de tenter de les séparer. Bref, un sacré bordel... Merdeuuuh ! Le bordel ! Maya ! C'détail lui était sorti de la tête ! La peau-verte tente d'ouvrir la double porte, mais le passage reste bloqué. Apparemment, c'est pas par là.
Ses yeux rouges partent vers la droite où d'autres couloirs rejoignent le leur. Et pendant ce temps, le liykor plonge de temps en temps la lance dans le combat de bestioles, faisant la gueule quand ça tombe sur une boule de piquants.
"
Bon ben, j'vais voir ailleurs si j'y suis.", fait Zu'Gash en assénant une claque dans le dos du chien, chose qui manque le faire s'étouffer avec sa proie.
Elle allonge les pas en se grattant une tête douloureuse. Encore une double porte fermée, et une autre, et encore. Il lui faut plusieurs minutes pour faire le tour et revenir à son point de départ. Le liykor vient d'entamer un troisième poulet cru, si elle en croit les deux becs par terre, et la tête sortant de sa gueule. Demi-tour. La rôdeuse décide d'emprunter un couloir un peu en montée. À grands pas, elle finit par se retrouver devant une autre porte à deux battants, sauf qu'elles sont faites en barreaux, et sont retenues par une belle grosse chaine et un cadenas. Coup d’œil au travers.
Une sorte de bâtisse en bois, avec des caisses un peu partout, des cages vides et une poignée d'humains jouant aux cartes sur une table branlante. Le passage donne sur une sorte de grosse remise avec une énorme porte coulissante en bois.
"
Hep !", fait-elle pour attirer leur attention, et éclatant d'un rire porcin quand la surprise en fait tomber un d'sa chaise. "
J'ai b'soin d'un peu d'air. On m'ouvre ?"
L'expression conne des gars se change en indifférence. Elle entend vaguement une réponse du style "on fait entrer, mais pas sortir, même quand ça cause". Bon, va falloir qu'elle se démerde seule, sauf si le louloup a fini de grailler. Et comment il peut bouffer ça ? Les poulardes sont pleines d'écailles en plus ! Encore une fois, elle revient sur ses pas. La situation l'amuse moins. Si elle pouvait taper sur quelque chose, ça l'aiderait !
Elle est à peine en vue de la fourrure noire qu'un coup brutal est donné à la double porte. 
"
On est fermé !", lance-t-elle, hilare.
Elle remarque alors l'agitation du liykor. Le chasseur renifle et griffe le bois. Ah oais. Le coup de l'autre côté a été assez violent pour créer un espace vers eux. En levant le nez, Zu'Gash aperçoit la poutrelle amochée, qu'on fait coulisser au sommet de la porte pour la maintenir fermée. Suffirait de la finir pour ouvrir.
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Passe-moi ta lance.", dit-elle en tendant la main, pour se faire gronder dessus. "
Quoi grrr ? Tu veux ouvrir, oui ou nan ?"
Calant son gourdin d'os entre ses cuisses, parce que faudrait pas qu'le gros toutou le prenne pour un truc à ronger, Zu'Gash chippe la lance et la plante à deux mains dans la poutrelle. Une fois, une deuxième et hop ! Un bout de bois pété ! Et "
spaff" en double alors que le liykor pousse les battants de bois et se jette sur la bestiole la plus proche. 
La rôdeuse lève le pif, avisant de très hauts murs de bois, derrière lesquels y'a un tas d'gens assis. Du sable au sol, du sang, des cris. Ah. Pigé !
C't'une arène souterraine !
(
Après)