Et son ouïe ne l'avait pas trompé, il régnait dans ce cimetière un sinistre silence que seul venait troubler le souffle du vent sifflants dans les rares arbustes des alentours et quelques volets claquant dans l'obscurité. Le paysage était lui aussi d'une monotonie affligeante, une petite colline recouverte de tombes, la plupart à peine marquées d'une croix de bois, et quelques mausolées éparses, le tout a peine éclairé sous la lune blafarde. Pour une raison inconnue, certaines sépultures étaient recouvertes de fleurs.
(Surement un signe de richesse post trépassage.)Il se dirigea donc vers un premier tombeau fastueusement recouvert de multiples composition florale qui semblaient lui faire de l'œil. Dans un premier temps, il attrapa un des bouquets et gouta quelques fleurs.
Schrounch schrounch schrounch (Humides, fraiches, sucrées, une robe délicatement crémeuse... A priori fraiches, coupées du matin, délicieuses.) Contrairement à un préjugé largement répandu, les gobelins adorent les fleurs, et il resta ainsi de longues minutes, adossé contre la pierre tombale, à s'abandonner au plaisir des fragrances pétalesques.
(bon, trêve de gourmandise, j'y embarque pour plus tard)Reportant la fin de son dessert à plus tard, il se mit à la tache et s'intéressa de plus prés à la tombe à proprement parlé. Assez grande pour en enfouir huit ou neuf comme lui, elle était élégamment ornementée d'un bas relief représentant des bonshommes armés d'arcs et d'épées ruinant la gueule d'un gros dragon plein de dents. Recouverte d'une grande dalle de basalte aussi noir que lourde, il était parti, au vu sa carrure toute gobeline, pour s'échiner un moment avant de pouvoir réintroduire dans l'économie locale les biens bêtement oubliés à l'intérieur. Heureusement, Il avait toute la nuit devant lui.
Dans un premier temps, au prix de maints efforts et d'une paillassée de jurons, il décala légèrement la dalle, juste assez pour pouvoir y glisser son gourdin et faire levier avec. Ceci fait, ce fut un jeu gnome, et il n'eut plus qu'à se ménager une ouverture assez grande pour accéder au cercueil. Plusieurs fois au court de la manœuvre, il coupa son efforts, craignant l'arrivée d'un visiteur impromptue, mais à chaque fois sa crainte fut infondée, il régnait dans ce cimetière une ambiance de mort.
Le plus dur était maintenant fait, ne lui restait plus qu'a ouvrir le cercueil, qui foutredieu de chiure de woran était en élferie de chêne et n'avais pas l'air de s'être décidé à pourrir! Et pour couronner le tout, cette grande boite à viande froide avait été verrouillée à grand renfort de clou. Qu'avait il donc fait au grand massacreur?! Mais foi de gobelin, il ne serait pas dit qu'il avait tant sué pour...
"Boum boum boum"(Comment ça boum boum?)Pensa Maltar, incrédule.
"Boum Boum Boum Boum"(Ah ouais, ça répond quand ont les insultes ces saloperies là?)Boum Boum!(Faut croire)Le bruit venait du cercueil, on semblait en marteler frénétiquement l'intérieur des parois, ce qui n'avait absolument rien de normal: les morts n'étaient pas censé se réveiller quand les vivants venaient les trousser. Cela dit, chez des gens qui traitent leurs morts n'importe comment, il ne fallait pas s'étonner que ceux si fassent n'importe quoi.
(Si il y a bien une chose donc je suis sur, c'est que convenablement grignotés, les morts se font moins remarquer) En tout cas, qui que ce soit à l'intérieur de ces planches, il avait l'air fermement décidé à sortir, et grand bien lui en fasse! Sur ce point, tout deux était d'accord: les cercueils, c'est fait pour être éventré!
Maltar resta à coté à attendre: après tout, mieux valait que l'inconnu se fatigue à sa place, lui avait déjà donné alors que l'autre devait se reposer depuis un sacré bout de temps. Assez rapidement, le haut du cercueil commença à céder. Il se mit donc en position, gourdin à la main, prés à accueillir son nouvel ami.
Le bois céda, un crane pointa le bout de son nez (dans la mesure ou cela est possible pour un crane), humant enfin le parfum du grand air (enfin c'est une image quoi)! Il ne fût pas déçu du voyage. Le gourdin fondis sur lui dans une élégante courbe, l'ôtant à ses vertèbres pour littéralement l'éclater contre la pierre. Toute activités cessa alors dans le cercueil, et le silence de mise retomba.
Fier de lui, Maltar cracha sur les morceau.
(bon, j'avais déjà entendu parler de personne supposée mortes se réveillant par la suite, de joyeux drilles enterrant vivants des tiers pèquenaud, mais ça, un squelette tenu par une poignée de tendons qui décide de se payer une petite promenade au clair de lune... Enfin bon, merci à lui, il m'aura quand même économisé quelques ampoules...Bien bien, qu'y a t il de beau dans cette grande boite?)Vif comme un nain déshydraté devant une bière fraiche, il profita des dégât occasionnés sur le cercueil pour finir de l'ouvrir et prendre tout ce qu'il pouvait y avoir d'intéressant dedans, tibia compris, il pourrait toujours en faire des pointes de lances et de flèches. Puis il sorti du tombeau et reparti au pas de course par là ou il était arrivé, son grand sac bringuebalant sur son épaule. Partout autour, d'autres squelettes semblaient avoir été pris de la même envie de se dégourdir les jambes, et certains étaient armés.
(je savais bien que c'était un tradition stupide d'enterrer les morts, même eux viennent protester!) Cela dit, ils n'étaient pas d'une vivacité stupéfiante, et ne le génèrent pas outre mesure dans sa retraite. d'ailleurs, ils ne semblaient pas faire vraiment attention à lui, et se dirigeaient plutôt vers l'entrée officielle du cimetière.
(hé, c'est qu'avant de passer par dessus le mur, faudrait qu'ils apprennent à sauter ces sacs d'os)Repassant enfin de l'autre cotés du mur , Maltar jeta un dernier regard en arrière. Il pu voir un groupe de 10 ou 20 personnes pénétrer dans le cimetière, armés de bric et de broque, torches à la main. Leurs mamans avaient du oublier de leurs apprendre la discrétion quand ils étaient petits. Dommage pour eux, tous les morts-vivants convergeaient maintenant en leurs direction. Aléa jecta est.
Il faudra qu'il repasse demain matin si il y pense, il y aura des inconscients à alléger de ce qui ne leurs sera plus utiles.
En attendant.