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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr à Shory
MessagePosté: Dim 18 Déc 2011 17:43 
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Le soleil tape fort sur nos têtes. Les deux carrioles continuent leur chemin vers Shory depuis plusieurs heures. Déjà les collines dessinent, de leurs verts versants, l’ébauche de futures difficultés. Nos deux amis, Haured et Kagnar émergent à peine de leur folle soirée de beuverie. L’alcool les a bien amochés, les rendant incapable de réagir correctement depuis l’aube, à notre départ. Je trébuche sur une pierre, traitreusement laissée sur la route pavée. Je sors de ma torpeur et me remémore ma journée et la séparation avec l’aniathy et son compagnon Shaakt. Nos routes se sont séparées au croisement des chemins, l’un allant vers le nord et la capitale Hinione, l’autre obliquant vers le sud et la mer, vers la péninsule de Shory et la cité des Sinaris.

Nous nous étions habitués à nos compagnons, si lunatique pouvait-être l’aniathy… Mais dans un voyage de cette langueur, de la distraction tout au long de la route était inespérée. Depuis le trajet été redevenu monotone. A chacun sa destinée, si nous l’avons partagée pendant quelques jours c’est déjà une grande chance. Désormais je me devais de faire attention à tous les indices nous permettant d’accomplir notre tâche. Et surtout de surveiller le torkin, car les collines sont là et il a interdiction d’aller les explorer. Enfin reste une menace pesante qui semble nous suivre, après les félins de métal, que va-t-il bien nous tomber dessus ? Il faut rester vigilant.

La route serpente sur la cote, jouant avec les criques et les terrains accidentés. Le paysage est sublime et relativement désert. Nous croisons parfois quelques modestes fermes de Sinari, mais aucun port de pêche. J’ai entendu dire qu’ils sont fâchés avec la mer, légende ou réalité ? La verdure s’accroche à chaque pierre, à chaque anfractuosité des falaises, à la route même. De la mauvaise herbe envahie les pavés, attestant le peu de passage de voyageurs. Vers le début d’après-midi on se décide de faire une pause, dans une crique au bord de la route. La mer est belle, les rouleaux de vagues viennent lécher et dévorer les galets et rochers. A l’abri du soleil par quelques arbres bas, nous mangeons tranquillement, bercé par le bruit relaxant de l’eau et le bruissement léger du vent.

Le lieu serait propice à la baignade, mais nous n’avons pas le temps pour ça. Seyra en est désolée, mais comprend la nécessité, surtout qu’elle est la plus alertée par ce qui semble nous suivre. Haured est tout penaud, et s’excuse de son comportement nocturne, je passe l’éponge sans en rajouter… Les Torkins sont des bons entraineurs quand il s’agit de picoler, et nous avons un champion comme compagnon. Celui-ci est très agité, ne tenant pas en place, scrutant les collines avoisinantes avec avidité. Je connais ma mission, et nul doute que Kagnar va vouloir y aller… Et très vite, je me devais d’y veiller. Et c’est lui qui aborda le sujet quelques instants plus tard.

"Couns cette route n’est pas la meilleure pour un Torkin, pourquoi ne pas passer par le centre et les collines, de belles routes doivent exister non ? La campagne doit-être bien plus peuplée, on sait à quel point les Sinari n’aiment pas l’eau, et ça je les comprends !"

"Cette route est la seule pavée vers Shory, il n’y en a pas de comparable par le centre." j’ai affirmé cela sans savoir.

"Lelma a raison, c’est la seule route sûre, les collines sont sauvages et nombreux sont les contes obscurs et terrifiants sur cette région… Oh certainement pas que pour effrayer les enfants !" réagit Haured.

"Je n’en connais aucun d’ici… Et même aucun tout cours…" se rend compte Seyra, une pointe de déception dans la bouche.

"Il y a en effet toujours de la vérité dans ces contes, cette péninsule semble la plus paisible de Nirtim, mais ce n’est qu’une impression, l’histoire en fait un des centres occultes les plus importants." dit Kagnar, pour une fois très lucide.

"Ah bon ?" on s’est exclamé tous les trois, surpris par cette affirmation.

"Oui, on dit que les collines ont abrités le grand dragon noir."

"Légende ?" dis-je.

"L’existence de ce grand dragon noir, maudit soit-il, est une réalité. Il a ravagé une bonne partie de ma cité, si incommensurablement profonde et riche de Mertar, lors de son réveil. Il a tué bon nombre de compagnons. Ainsi que mon propre fils…" Kagnar poussa un soupir à fendre le cœur. "Dès lors je n’ai eu de repos qu’à sa recherche."

Je fais alors le rapprochement avec ma mission. Il est évident que le Torkin va vouloir enquêter dans les collines, et je vais devoir l’en empêcher. Mais que cache la milice de Kendra Kâr dans ce pays ?

"Je vais jouer franc-jeu Kagnar : tu veux aller dans ces collines n’est-ce pas ? Enquêter sur ce dragon ? Tu penses qu’il est là ?" lui demandais-je.

"En effet, je veux aller voir ce qu’il en est. Tu sais que je suis milicien de Mertar, ma mission est de trouver des preuves sur la présence de ce dragon noir dans ces terres. C’est une mission délicate, en territoire étrangers. Vous êtes peut-être allié, mais avec vous humains, on ne sait que penser !" dit-il en toute franchise.

"Je vois. Tu dois savoir que ma mission à moi et de ne pas te permettre justement d’aller dans ces collines."

"Oh ça couns, tu m’empêcheras pas, ça c’est sûr !" il se renfrogne, prêt à attaquer au moindre mot de travers.

"Hé… On se calme. Il se trouve que ma mission est des plus curieuses. Pourquoi demander à ne surtout pas visiter ces collines, que cache-t-on là-dedans ? Un dragon ? Peu probable… Mais il y a un mystère assez important pour ne pas avoir envie de le résoudre."

"Cela veut dire que tu veux m’aider ?" il paraissait très étonné.

"Ce n’est pas simple de ne pas respecter un ordre, cela ne me ressemble pas, mais je pense que cette fois-ci il le faut. J’ai la conviction que quelque chose de très important est là-bas. Quelque chose qui nous fera tous progresser. Seyra, est-tu d’accord avec mon avis ?"

"C’est pas ce qui me dérange le plus. Donc on va dire oui. Après tout peu importe la mission, elle n’était pas des plus importantes. Et ça tient à cœur pour Kagnar, on n’aurait pas pu l’arrêter… Et on ne va pas se battre pour ça !"

"Ça pour sûr mignonnette !"

"Et toi Haured ?"

"Et bien je suis étranger à votre mission, j’en ai une à faire que vous devez aussi faire Lelma, donc si on suit le même chemin ça me va !"

"Parfait ! Couns vous avez été rapide à vous décider ! Vos gradés ne vont pas être contents !"

"On se débrouillera, comme d’habitude, n’est-ce pas papa ? Et puis ce n’est rien quand on sait ce qui nous suit. Vous avez remarqué ?"

Kagnar et Haured se regardent perplexe. Je reprends la parole :

"Oui, quelque chose… ou quelqu’un nous suit, un peu après que nous ayons vaincu les félins de fer. Nous n’en savons pas plus, mais c’est derrière nous. Je ne connais pas ses intentions."

"Je ne pense pas qu’elles soient amicales !" dit Seyra pessimiste.

"Je n’ai rien vu, rien entendu, vous êtes certain ?" questionne le Torkin.

"Pareillement, vous n’en savez pas plus ?" ajoute Haured peu rassuré.

"Malheureusement non, il va falloir être prudent car c’est un danger supplémentaire. Si on retombe sur des bestioles de métal on n’aura pas forcément la chance de la dernière fois !"

Tous acquiescent en cœur. Reste un problème : nos carrioles. Prévues pour aller jusqu’à Shory, elles ne pourront jamais passer par les collines.

"Et pour les carrioles, que faire ? Elles ne peuvent pas passer par les collines."

"Euh… Je me propose de les garder jusqu’à une ferme qui voudra bien les garder un temps. En attendant vous prendrez un chemin vers les collines. J’accélérerai pour vous rattraper."

"Trop dangereux Haured, tu sais qu’un danger nous guette, qui sait ce qu’il est ?"

"Justement, ainsi peut-être que je saurai ce qu’il est ce danger ! Je n’ai pas peur ! Partez avant, je vous rejoindrai !"

"D’accord, qu’il en soit ainsi, je ne changerai pas ta décision. Mais fait bien attention !"

Je suis inquiet, mais je me garde de lui montrer, il veut faire ses preuves et je ne pourrai pas l’empêcher.

On reprend alors la route, quelques centaines de mètres plus loin, un chemin sinueux part vers les collines. Nous nous chargeons du nécessaire, abandonnant là nos carrioles et Haured. Lui repart menant les deux carrioles vers une ferme Sinari, il n’aura aucun mal à les faire garder et nous rejoindre au plus vite. Nous nous enfonçons discrètement dans les buissons et ce passage vers les hauteurs. Rapidement la mer n’est plus visible, masquées par des contreforts de pierres et de terre.

Les collines sont très peu habitées, nous ne croisons personne, pas une ferme, pas un hameau. Nous poursuivons quelques kilomètres jusqu’à la fin du chemin qui s’arrête avant une crête stérile faite de pierres sèches. La soirée est bien avancée, on décide de camper sur le bord d’une caverne découverte quelques mètres en contrebas. Chacun espère qu’Haured aura tôt fait de nous rattraper, et ce avant la nuit. Nous ne faisons pas de feu, pour ne pas attirer le danger. Kagnar et moi nous nous organisons pour tenir la garde. Nous récapitulons à trois tout ce qu’on a pu remarquer depuis qu’on est dans les collines, les indices sont maigres. La nuit tombe enfin, perdant tout espoir de revoir Haured ce jour-ci.

Je commence mon tour de garde après avoir veillé que Seyra soit bien installée. Il ne se passe rien sur une bonne partie de la nuit. Juste quelques bruits d’animaux et la température qui a considérablement chuté. Kagnar me rejoint pour prendre son tour de garde, je vais alors me coucher proche de ma fille. Je m’endors rapidement, sans rêves, épuisé après ces derniers jours. Le petit jour me réveille, je vais alors avec Kagnar et je m’aperçois que ma fille est déjà levée, en discussion avec le Torkin. On mange en silence quelques provisions, en attendant l’éventuel retour d’Haured. Deux heures passent avant d’apercevoir l’humain, blanc comme un linge marchant rapidement sur le chemin en contrebas.

"Hé Haured, on est là !" il esquisse un petit sourire et vient nous rejoindre dans la caverne. Après s’être rapidement ravitaillé il nous raconte alors tout ce qui s’est passé après notre séparation.

"J’ai trouvé rapidement une ferme Sinari, quelques centaines de mètres plus loin, là où la route fait un cercle autour des grands rochers. Ils n’ont pas été très causants, mais ils ont mis les carrioles à l’abri et les chevaux avec leurs poneys en pâture. Je les ai payés avec quelques yus et j’ai rebroussé chemin pour vous rejoindre. Et puis…" Il blêmit en se souvenant.

"Et puis quoi ?"

"J’ai croisé le chemin d’un jeune homme qui semblait pister quelque chose. Il reniflait la route… Il m’a fait une drôle d’impression. Il était pile poil devant le chemin que vous aviez pris ! A ma vue il s’est redressé, et j’ai pu voir sa grande épée sur son dos, d’une taille démesurée pour son âge."

"A quoi ressemblait-il ?" demande Seyra inquiète.

"Et bien c’est un jeune homme d’une quinzaine d’année, tout au plus. Il a des cheveux mi-long noir et raide, il est bien battit pour son âge, ses bras nus sont plus noueux que les miens… Et il a une très grande épée, mais ça je l’ai déjà dit."

"C’est un Ynorien ?"

"Oui, oui c’est ça, exactement, un Ynorien, mais que ferais-t-il si loin de son pays ?"

"As-tu remarqué autre chose, t’a-t-il parlé ? Tu dis qu’il t’a fait une drôle d’impression, que veux-tu dire par là ?" je lui demande cela pour clarifier la situation. Seyra s’inquiète plus en plus, et je me fie à son avis sur le danger potentiel de cette personne. Est-ce ce qui nous suit ?

"Il était seul, totalement seul et… Ah oui hormis sa splendide et trop grande épée, il était dans un quasi dénuement : ni sac, ni équipement, il allait même nu-pied. Mais le plus troublant est la position que je l’ai trouvé devant le chemin… J’ai très clairement compris qu’il reniflait une piste ! C’était vous ?"

"C’est possible."

"Et sinon il ne m’a pas parlé, il m’a juste très clairement dévisagé en passant quelques centimètres à mes côtés. Je n’osais même pas bouger. Ses yeux noirs semblaient étonnés de me voir. Puis il a tranquillement poursuivit son chemin. Je n’ai pas osé bouger pendant quelques minutes tant mon estomac était tout retourné !"

"Et si… C’était…" Ma fille m’avait fait part de ses inquiétudes.

"C’est bien ce qu’il me semble papa, ce jeune homme a tous les chances d’être Tia…"

"Vous le connaissez ?" demande Haured interloqué.

"Oui c’est mon grand frère."

"Alors c’est super, il faut lui dire qu’on est là, il doit vous chercher."

"Il me cherche, mais certainement pas pour me voir… Mais pour tous nous tuer !"

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr à Shory
MessagePosté: Dim 18 Déc 2011 19:05 
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On était tous interloqués par la dernière révélation de ma fille. Certes j’en avais déjà entendu parler par ses discussions où elle exprimait ses inquiétudes sur son frère, mais jamais je n’aurai pensé que cela soit à ce point. La situation était grave et chacun mesurait le danger qui rodait autour de nous. Haured ne parvenait plus à réfléchir, il était livide. Il répète sans cesse un murmure inaudible, comme un psaume, en fixant un rocher à ses pieds et contorsionnant frénétiquement ses doigts. Il était en état de choc, conscient du danger qu’il a encouru, lui pourtant fier la veille de nous rendre ce service, sans doute n’avait-il pas imaginé pareille situation.

"Hé, réagit Haured, on est encore en vie, rien n’est joué !"

"Foutu, on est foutu… Je suis remonté directement après la rencontre…" dit-il d’un air désespéré.

"Couns !" s’exclame le Torkin.

"Je vois… Bien… D’accord… On n’est pas prêt de s’en sortir." je m’assois alors dépité. Il est certain que Tia va prendre la piste d’Haured pour nous rejoindre.

"Je suis tellement désolé !" dit-il d’un sanglot.

"Rien n’est perdu, il faut se ressaisir !" dit ma fille pour rassurer Haured au bord du gouffre.

"Et il est si redoutable ton frère ? On ne peut pas le résonner ?" demande alors Kagnar.

"Quand j’étais petite, Tia pour nous protéger a vaincu de grands guerriers lors d’une bataille… Je n’ai plus vraiment de souvenir de cette époque. Sur Nirtim, un peu avant l’enlèvement de notre village d’Ynorie pour les Garzoks, il était supérieur en technique de combat aux anciens, pourtant maître d’armes renommés. De plus il sait mélanger le feu avec son arme, ce qui provoque des dégâts considérables à ses ennemis. Rapide, très fort et très agile, c’est un véritable félin."

"Mais je ne comprends pas, qu’est-ce qu’il l’a changé ? Comment le sais-tu ?" demande Kagnar très perplexe.

"Je l’ai vu dans mes rêves, Tia a été corrompu par la grande Sorcière après son enlèvement, il été destiné à devenir un des enfants de Gaïa, mais l’abominable femme en a décidé autrement. Dès lors Tia a perdu le don, sans perdre ses capacités… On peut dire qu’il est un de ses enfants maintenant !"

"Mais des rêves ne peuvent dire ce qui est vrai, non ? Jeune fille ?" insiste-t-il.

Haured reprend la parole d’un souffle : "Elle dit vrai, malheureusement. Mon père en discutait encore avant que je parte de notre manoir, lui qui est en relation avec les hauts-gradés de la milice." Il toussote un peu puis reprend : "Un des enfants de Gaïa a été perdu après le raid sur le village d’Iowanara, capturé par Oaxaca, cet enfant est devenu un de ses lieutenants les plus redoutables. Juste en dessous des treize… Je n’avais pas fait le rapport, maintenant je comprends qui vous êtes !"

"Ce qui confirme officiellement nos pires cauchemars !" je réfléchis intensément à ce qu’on peut faire pour se sortir de ce très mauvais pas.

(Convoquer les faera pour qu’on puisse établir un plan global ?) Me glisse en pensée ma faera.

(Oui Aakia, c’est cela, il est temps de vous dévoiler à nos compagnons, la situation l’exige !)

"Aakia, Fuxi, montrez-vous !" ma Faera sous forme d’oiseau de feu émerge de mon collier, celle de Seyra s’enroule autour de son cou, dans sa belle couleur bleuté et de sa forme de petit félin.

"Hum, bon il était temps de vous montrer nos faera, se sont nos meilleures amis… Je vais faire bref, les faera existent, ce ne sont pas que des légendes, elles nous permettent de considérablement améliorer nos capacités : langage, perception et aussi parfois lors des combats."

"Hahahahahaha" le torkin s’écroule de rire, comme si j’avais raconté la plus drôle des blagues.

"C’est très sérieux, ce n’est pas le moment de rire !"

"La situation est cocasse, voilà tout, les faera sont si drôles ! Khaessinima !" Un oiseau de foudre apparait et se pose sur la tête du Torkin.

"Je dois dire que cela remonte le moral… Sylshylme apparait à l’instant !" une hermine d’un blanc pur va alors au pied d’Haured.

"Bien alors on est tous réuni pour une mission simple : échapper au frère de Seyra. Lelma, pourquoi n’y tu pas pensé plus tôt à nous utiliser ? Le temps presse !"

Fort gêné d’apprendre que nos compagnons ont aussi leur faera je mets du temps à réagit à la suggestion d’Aakia.

"Euh oui : où est-il en ce moment ?"

Évaporation de deux des faeras, celle du Torkin et celle de Seyra. Elles réapparaissent quelques secondes plus tard.

"Tia à moins de deux kilomètres, sur le versant opposé de cette colline !" nous dit Fuxi.

"Que vas-t-on faire ?" demande Haured.

"Aakia, peut-on le battre ?"

"En aucune manière, il est plus fort que chacun de vous."

"Ses intentions sont clairement belliqueuses ?" Demande le torkin.

"Totalement !"

"Donc on s’enfuit d’ici au plus vite !"

On s’empare alors de nos affaires, sac sur le dos et on part au plus vite dans les collines, à l’opposé de Tia, bien décidé à creuser les écarts avec lui. La matinée se passera à trotter de collines en collines, parmi les sentiers boisées ou dégagés. A bout de souffle et exténué on fait une petite pause pour se reprendre et boire un peu de nos réserves d’eau.

"Couns, un dragon et puis un fou meurtrier, elles sont gaies les collines des charmants Sinari !"

Mais pas le temps de répondre que nous repartons à travers bois, essayer d’aller au plus vite. Nos jambes pèsent des tonnes et nos poumons nous brûlent. Qu’importe, nous fuyons pour nos vies, pour sauver ce qui peut l’être encore… Pour combien de temps ? Nous arrivons alors sur une zone dégagée où nous ne nous attendions pas à trouver ce genre de construction.

"Attends c’est quoi ça ?" je m’arrête fort alarmé, sortant alors mon épée prêt au combat. Devant nos yeux et sur un terrain dégagé se dresse ce qui semble être un camp de Sektegs ou Garzoks.

Le Torkin entre alors en trombe dans ce lieux des plus inattendu vu la région, son arme à la main. Nous le suivons, inconscient du danger, agir ainsi sans connaître le nombre de nos ennemis est de la folie. Mais le camp est vide probablement abandonné. Je m’attarde pourtant et je remarque de nombreuses indications contredisant l’hypothèse du camp Sekteg.

"Hé attendez là, y a un truc qui cloche. Personne n’a jamais vécu dans ce camp, c’est désert et très propre. Et puis ces traces là et là dans la terre humide, c’est bien des bottes humaines. Y a un truc qui ne va pas ici, pourquoi ce camp a été bâti ?"

Tout le monde se regarde et se pose la même question. Soudain un cri d’alarme d’Aakia : "Fuyez, courez au plus vite loin du camp ! Viiiite !" D’abord surpris on s’exécute avec panique pensant que Tia était proche.

(Pas le temps d’expliquer, tout va brûler dans quelques secondes !)

Un bourdonnement dans le ciel, tout en courant tous les quatre, nous levons les yeux vers le bruit insolite. Une masse noire file à toute vitesse vers nous. Dans un souffle Kagnar lance un "C’est le dragon !" Nous n’avons pas le temps de se retourner que la forme passe en un instant sur nos têtes, quelques boules s’en détachent en sifflant sinistrement puis une immense explosion nous projette à terre.

Sourd.
Aveugle.
La mort ?


Un goût de terre dans la bouche. Une respiration hachée et brulante. Mes doigts me font mal et serrent encore mon épée que je n’ai pas lâchée. Que se passes-t-il ? Un dragon ? Je ne veux pas mourir sans combattre. Je ne vois rien, je ne sens que la douleur de mon corps, je respire avec difficulté. Où suis-je ? Est-ce là mon destin, finir par un ennemi que je n’ai pas vu venir ? Et Seyra ? Seyra où es-tu ? Je crois avoir crié mais je n’ai entendu aucun son. Je me relève avec difficulté, je vois des ombres danser devant mes yeux. Une odeur horrible de brûlé prend mes narines. Je vais vomir, mais seul le goût du sang et de la terre mélangé parvient à moi. La vue est trouble mais je comprends que ces ombres sont la fumée d’un grand brasier.

Le camp n’existe plus, soufflée, brûlé et broyé par une immense force. Mes compagnons ? Proche de moi j’ai Haured inconscient, le bras en sang avec des éclats de pierres incrustés. J’essaye de le faire revenir à lui, mais c’est ma fille qui m’inquiète. Je ne la trouve pas. Soudain j’aperçois plusieurs silhouettes qui montent vers nous, les armes à la main. Je suis attaqué, avec l’énergie du désespoir je vais à leur devant et attaque. Ce sont des soldats de bons niveaux qui esquivent et parent mes coups avec facilité… Mais je suis à bout de force et sans doute assez gravement blessé. Les soldats n’attaquent pas et certains me font des gestes, je n’entends rien. Soudain entre moi et les soldats, Seyra apparait et ouvre devant moi les bras en croix comme pour m’arrêter. Ce qui me faire stopper le combat immédiatement.

Nous sommes désarmés rapidement puis soigné par un guérisseur. Je n’ai que des blessures superficielles et quelques brûlures. Mais le corps a vraiment souffert à cause du souffle de l’explosion. Ma surdité est en train de s’estomper, je comprends alors ma méprise, j’ai tenté de combattre des soldats d’élites de Kendra Kâr ! L’homme me soignant prend le temps d’apposer ses mains et je sens petit à petit mon corps se régénérer.

"Alors ça va mieux papa ? On a eu chaud !"

"Que s’est-il passé ? Tu n’as rien ?"

"Moi ça va je n’ai pas eu grand-chose chose, mais ils ont trouvé Haured avec un bras salement touché, ils s’en occupent."

"Et Kagnar ? Que nous est-il arrivé ?"

"Pas vu…"

"Vous pouvez maintenant marcher avec sécurité, des gardes vont vous accompagner vers le commandement, vous allez avoir des réponses à vos questions." C’est le guérisseur qui avait parlé.

En effet deux gardes nous prennent et nos escortent quelques minutes vers un lieu surplombant l’endroit du camp ravagé. Là se dresse une dizaine de tentes, invisible d’où on était. Des gradés sont là, nous sommes alors dirigé vers la tente centrale, la plus grande de toute. Haured est en compagnie des gradés avec qu’il il est en pleine conversation. Il a tous ses équipements, chose que nous n’avons pas Seyra et moi.
Nous entrons alors dans la grande tente, les gardes restent postés dehors.

"Alors mon cher frère, qu’est-ce que cela fait un souffle de cette intensité ?" une voix que je connais ! Une voix que j’admirai il y a des années de cela.

C’est alors que je le vois, dans son armure dorée, le plus haut de tous les gradés, l’être si longtemps recherché, celui par qui j’ai eu tous les honneurs… Et tous les malheurs. Mon grand frère. Naren !

"Naren ?"

"Eh bien oui, tu sembles surpris de me voir là, pourtant tu savais qui j’étais ici non ?"

"Mais que fais-tu là justement ?"

"Mission secrète, mais maintenant que tu as goûté à ce secret, je ne suis pas certain de vouloir te relâcher !"

"Mais je suis ton frère !"

"Toujours le premier à réagir à mes taquineries, tu n’as pas changé !"

Je ne sais pas quoi répondre, impressionné par l’apparition miraculeuse.

"Et mademoiselle ? Avez-vous besoin de quelque chose ? Lelma, elle est de toi ? Ça ne fais pourtant que quelques années que j’ai quitté Asflhon."

"C’est mon père adoptif, vous êtes son frère ?"

"Oh bien, je vois que tu as beaucoup de choses à me raconter, et oui je suis son grand frère Naren, enchanté."

"Je suis Seyra, la fille de Lelma."

"Et milicienne en plus… je l’ai appris il y a quelques jours quand j’ai eu les rapports des évènements de Verloa par ce cher Bogast. Il m’a appris tout votre périple, quelle aventure ! C’est là que j’ai su réellement où vous étiez. Malheureusement, je n’ai pu vous contacter."

"Ah oui Bogast le capitaine, on est rentré il y a peu, je ne me souviens finalement pas grand-chose de cette exploration, à part que c’était long, on a beaucoup marché…"

"Long oui, mais fort intéressant, on est allé dans un endroit des plus troublants pour un être vivant, et ce qu’on y a vu valait le détour ! Papa c’est très bien battu je trouve, surtout contre les gargouilles !"

"Je ne me souviens pas de ce passage." Non, je ne me sais vraiment pas de quoi elle veut parler, sans doute veut-elle épater mon frère.

"Ah oui c’est vrai !"

"J’ai eu le rapport en détail, assez pour savoir beaucoup de ce qui s’est réellement passé, mais ce n’est pas le sujet de notre rencontre. Je vais vous expliquer ce qui vous est arrivé. Croyez-moi que ce n’est que pur hasard quand à votre présence, vous avez échappé à notre vigilance, heureusement vous vous en sortez bien. Le camp a été construit pour voir les effets de notre nouvelle arme. Tu sais car tu les as déjà vu à l’œuvre, j’ai la connaissance de la conception du feu soufflant, un explosif particulièrement puissant et destructeur. Pour porter cette arme contre notre ennemi, nous n’avions aucun engin de projection ou de transport nous permettant de l’utiliser. Jusqu’au jour du crash. Un anyore s’est écrasé dans les duchés, sur la montagne. Une aubaine, car la salle des machines était en relatif bon état. Nous avons alors copié pièce par pièce depuis quatre ans cet appareil pour créer le premier anyore Kendran de l’histoire. Et vous avez vu le résultat : rapidité, puissance de transport énorme et précision absolu ! La victoire sera à nous d’ici peu avec un tel engin de guerre !"

"Vous avez… Un anyore ! C’est ça la masse noire ?"

"Oui, il va si vite qu’on a du mal à le distinguer, et il peut prendre cinq projectiles d’une tonne chacun d’explosif. Imagine la puissance de feu !"

"Mais c’est de la folie ! Tu sais quels dégâts font ces explosifs, imagine aux mains de l’ennemi !"

"C’est la guerre, nous devons progresser si on veut les battre, ils sont plus nombreux que nous et totalement différents, ils ont mille tactiques et mille forme différentes alors que notre stratégie est toujours la même. Nous devons surprendre et frapper avec nos meilleures armes pour espérer l’emporter et ne plus avoir de débâcle comme sur le Nosvéris."

Je ne sais quoi penser à son raisonnement… Il a probablement raison, mis j’ai encore en cauchemar les dégâts de cet explosif lors d’une bataille sanglante sur Asflhon, et je viens d’en vivre ses effets. Je me rappelle alors de notre compagnon Torkin que je n’ai toujours pas vu.

"Et Kagnar, où il est ? Ça va pour lui ?"

"Il va bien, on l’a soigné, mais il a une jambe fracturé par une pierre de bonne taille. Il est aussi aux arrêts, car il est membre de la milice de Mertar et ils ne doivent pas savoir ce qu’on fait là… C’était pourtant ta mission de l’en empêcher non ?"

"Comment voulais-tu que je sache de quoi il en retournait ici ? Kagnar tenait à trouver son dragon, pas à trouver un anyore !"

"Il a été surpris et il nous a noyé d’insultes, alors on a laissé tomber pour l’instant."

"Il est prisonnier ?" demande alors Seyra.

"Oui, il ne doit pas répéter ce qu’il a vu ici."

"Cela n’a aucun sens, oh permettez-moi de continuer mon cher… Oncle, Kagnar est Torkin, mais nous sommes en guerre. Nous sommes tous en guerre ! Kendran comme Torkin. Ils sont nos alliés et vous ne devez pas les négliger. Ils ont payés et payent tous les jours tribu pour que Kendra Kâr puisse encore exister. Kagnar a perdu son fils lors du réveil du dragon noir, voilà ce qu’il cherchait ici. Une vengeance… un suicide. C’est un compagnon fragile, qui trouve réconfort dans l’alcool… Et qui se confie aux jeunes filles comme moi. Il n’y est pour rien s’il est ici, c’est notre faute, nous avons décidé de l’accompagner pour trouver ce dragon, bien que j’estimais que les chances de sa présence soit quasi nulle. Il est d’un peuple fier, courageux et nous ne devons pas les exclure sous prétexte qu’ils ne sont pas Kendrans ! Moi je suis Ynorienne, vous excluez les Ynoriens ? Pourtant ils tiennent au plus proche d’Omyre, sans cela Bouhen serait une cible de raid de choix. Les Torkins eux tiennent les montagnes et en font un rempart naturel contre l’invasion, ils ne nous demandent rien, mais pour tout cela vous devez faire confiance à Kagnar et à son peuple. Faites-en des alliés de choix, l’avenir en a besoin. Et tout de suite !"

"Cela se défend, comment pouvez-vous avoir connaissance aussi grande en géopolitique ?"

"Là n’est pas le sujet, Kagnar doit être libéré !"

"Si je puis me permettre." Surpris par la tournure de la discussion, j’interviens pour baisser les tensions, Seyra n’est nullement impressionné par mon frère et ce qu’il représente. "Kagnar cherchait effectivement son dragon, intention noble de vengeance, mais s’il est ici c’est que nous l’avons permis. Notre mission de milice consistait à l’emmener à Shory et ne surtout pas le faire passer par les collines, je comprends maintenant pourquoi, c’est pour dissimuler vos activités. Donc c’est notre faute et pas la sienne, tu ne peux pas le retenir prisonnier, ils méritent de savoir, donne leur un peu d’espoir, nous devons voir des alliés sûr, elle a raison !"

"Probablement, Solennel, notre Roi, décidera, je prendrai contact avec lui pour décider de ce qu’on en fait. Mais je suis impoli, asseyez-vous, prenez à boire, vous avez des fruits et des pâtisseries."

Nous nous exécutons sans insister outre mesure, le Roi seul décidera de ce fait.

"Alors racontes-moi comment tu es arrivé sur Nirtim, mon frère, tu es passé par le fluide spatial qu’il y a sur la route d’Espers ?"

"Je fuyais Surana et la folie des hommes, ils voulaient sacrifier Nayla, je partais donc en pleine campagne, sur la route d’Espers oui justement ! C’est vrai que c’est là que tu as disparu dans l’embuscade Thyus ! Sur la course folle, je ne m’étais pas aperçu où nous étions. C’était ce lieu, dans le canyon de la Qsatelh exactement, sur une corniche en contre-bas de la route…"

"Nayla, une femme ?"

"Oui, j’étais avec."

"On a donc passé le même fluide pour venir ici, on n’est pas les premiers à être venu sur Nirtim. Te souviens-tu du beau conte que maman nous racontait quand on était petit ? Neïdge et Olïndaï. L’histoire fini mal par le sacrifice d’Olïndaï, elle se fini dans la lumière, dans le canyon de Qsatelh. Depuis des millénaires nous savions que quelque chose était dans ce lieu reculé et mystérieux, et nous l’avons trouvé, c’est notre destin que d’être ici !"

"J’en ai trouvé une autre personne qui vient de chez nous : la Liseuse de rêves d’Oranan."

"Netare Yschan, brillante mais si mystérieuse. Elle a la vie des elfes en étant humaine comme nous. Une grande étrangeté et le savoir de nos ancêtres, du temps révolue de la magie."

"Très étrange oui, j’ai encore tant de questions à lui poser sur mes rêves."

"Tu parlais d’une femme, Nayla c’est ça ? Elle n’est pas venue avec toi ?"

"Non, elle n’a jamais passée le fluide, pourvu qu’il ne lui est rien arrivé, je ne sais rien plus depuis cette séparation, hélas !"

"Et il ne t’est jamais venu à l’idée de tenter de demander à ta faera si elle ne sait rien sur le sujet ?"

"Mais c’est impossible ? Aakia, tu sais où es Nayla, si elle va bien ? Que lui est-il arrivé depuis que je suis sur Yuimen ?"

Aakia sort alors sous forme d’oiseau de feu. "Que de questions, pourquoi dois-je répondre à cela… Alors que l’intéressée le fera sans nul doute, dans un temps assez proche, mais pour cela il faut que tu réussisses la mission qui t’es incombé… Et sans trainer."

"Ça veut dire que je vais la revoir ?"

"Seul toi peut décider de cela."

"Mon oncle." Seyra réagi après avoir fait honneur aux pâtisseries. "N’avez-vous pas capturé ou repéré un jeune Ynorien avec une grande épée dans les alentours ?"

"En effet, c’est un de vos compagnons ? Il a filé sans qu’on puisse l’approcher, un vrai cabri."

"Il est un ennemi très puissant, que vos hommes se méfient par-dessus tout."

"Vous semblez le connaître, qui est-il ?"

"Mon grand frère… Tia. L’histoire est compliquée, tout ce qu’il faut savoir c’est qu’il est…"

"Passé au côté obscur si on peut dire, et lieutenant d’Oaxaca, son nom est connu, malheureusement ! Vous êtes sa sœur ???"

"Oui, mais l’histoire est compliquée…" Seyra n’avait pas envie de répondre plus, de toute évidence.

"Je vois, je vais faire passer l’alerte tout de suite. Attendez-moi ici." Il sort alors de la tente pour parler avec ses subordonnés.

"Nos histoires sont quand même confuses papa, parfois je me demande si on a réellement vécu tout cela, ou si on n’invente pas notre vie au fur et à mesure."

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr à Shory
MessagePosté: Dim 25 Mar 2012 20:03 
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Je reste méditatif sur les dernières paroles de Seyra, ne sachant que penser. En effet ma vie est une succession d’évènements étranges, d’êtres, de lieux, de situations exceptionnelles. Et puis mon frère, mon frère perdu, mon frère mort ? Si j’avais occulté sa mort lors de l’embuscade du canyon de Qsatelh ? Que j’étais rentré à Surana en masquant la terrible réalité, dissimulant au plus profond de moi l’insoutenable absence ? Que toute la suite soit un résultat de la longue descente vers les bas-fonds, l’alcool, les stupéfiants, si en vogue chez des jeunes gens désespérés par leur conditions. Sans avenir, dans un royaume déliquescent, tombant en ruine sous les coups répétés d’un ennemi tenace et bien plus nombreux. Les millénaires de civilisation dont il ne reste au final que des traces, nos ancêtres si fiers de leur royaume, l’âge d’or, n’est que poussière que balaye le vent. Mon cerveau est en ébullition, un à un les éléments de la mosaïque se mettent en place, pour une réalité sordide. Rien de tout ce que je vois n’existe, ce n’est qu’un rêve, je dois être mort.

Je dois pourtant me réveiller, je dois réagir, prévenir mes parents que leur fils chéri n’est plus, qu’il faut faire le deuil, que jamais il ne franchirait le seuil de notre domaine. Pourtant je le sens encore la chaleur du fluide vital de feu. Est-ce aussi un rêve ? Et Nayla ? Et Seyra ? Yuimen ? Je suis perdu.

(Allô Lelma, ici Aakia, tu penses à quoi là ?)

(Euh, tu fais partie de mon rêve ?)

(N’importe quoi, je suis réelle et tu ne rêves pas. Tu es tout chamboulé car tu as réussis à retrouver ton frère, il te faut réagir.)

(Mais comment prouver que c’est la réalité, que je ne rêve pas ?)

(Tu sais prouver que tu vis ? Non et bien c’est pareil, il faut se faire confiance.)

(Sans doute, mais c’est compliqué, ma vie est complexe.)

(Peut-être, mais c’est le lot des aventuriers, sans cela ta vie ne serais pas très palpitante.)

Le général rentre alors dans la tente et me voit dans une grande confusion, la tête prise entre mes mains.

"Hé, mon frère, est-ce que ça va ? Tu as encore mal ?" Dit-il fort inquiet.

"Est-ce que l’on peut me prouver que tout ceci est réel ?"

"Tu divagues ? Non on ne sait pas prouver cela ! Il faut faire confiance à sa raison. Tu es sûr que ça va ? Tu es tout pâle !"

"J’ai besoin de repos, tout ce changement, j’ai échappé à la mort et je t’ai retrouvé ! Tu n’imagines pas à quel point tu as pu me manquer."

"Malheureusement si, pas un seul jour n’a passé sans que je ne pense à toi et à nos chers parents !"

Il va alors chercher une bouteille de cristal dans son armoire au bois noir. Il verse alors le liquide incolore dans deux gobelets d’étain richement décorés.

"Bois cette liqueur, elle va te remonter et te prouver que tu existes !"

J’accepte alors sa boisson et porte l’alcool à mes lèvres. Je bois d’un trait, le goût est très rafraichissant, légèrement épicé, avec des saveurs prononcées de fleurs. Puis la chaleur se diffuse en moi, jusqu’à mon ventre, me redonnant espoir et couleurs.

"C’est vraiment bon, je pense en effet avoir saisi un des sens de la vie aujourd’hui."

"Et bien qu’il en soit ainsi, je suis rassuré !"

"Et moi aussi, faut pas tout voir en noir papa, j’ai dit ça stupidement, il n’en est rien, même si c’est vrai que nous n’avons pas une vie facile."

"Rien n’est facile pour personne, jeune fille, surtout pas pour les gens à responsabilités. Au fait, votre équipement vous attend si vous me signez un document stipulant que vous n’avez rien vu ici."

"Tu ne nous fait pas confiance ?"

"Si mais c’est la procédure habituelle entre membre de la milice. Haured l’a signé dès le début."

Il me tend alors un parchemin que je lis. Il est clairement fait mention de tenir le secret quoi qu’il m’en coûte. Je signe alors, de toute façon tout ceci me dépasse, je n’ai aucun intérêt à divulguer ce genre d’informations.

"Et toi aussi Seyra, tu dois signer."

"Si ça peut te faire plaisir, moi je m’en moque, à qui veux-tu que je raconte ce que j’ai vu ici ?"

"A plein de monde, il ne faut faire confiance à personne !"

"En attendant, on a mon frère qui est proche, et qui aura tout loisir de trouver l’aynore et de prévenir l’ennemi… L’effet de surprise ne va pas être super."

"C’est pourquoi on l’a mis en sécurité et que nous allons disperser le campement. Nous avons pu mesurer la précision et les dégâts que peuvent faire cet appareil et ses explosifs, cela nous suffit, il nous faut désormais partir, chacun de notre côté."

"Déjà se séparer ?"

"Oui mon frère, tu as une mission capitale à réaliser, tu dois poursuivre ton chemin, on se reverra très vite !"

"Je l’espère…"

"Mon cher Oncle, qu’en est-il de Kagnar, est-il libéré ? Est-ce qu’on peut aller le voir ?"

"Je dois décider avec le Roi, mais pour cela je dois entrer en contact avec lui, ça n’est pas si simple…"

"Ne me dit pas que le Roi n’a pas de faera ?"

"Et bien non, pas de faera, mais nous avons des orbes de communication." Il va alors dans son armoire et en sort une sphère transparente de quelques centimètres de diamètre. "C’est très pratique, mais ça ne lie que deux personnes. En occurrence, celle-ci est lié au Roi en personne, c’est tout à fait normal que son général soit lié à son supérieur direct."

"En effet, tu vas lui parler maintenant ? Insiste pour Kagnar, c’est trop injuste de le retenir prisonnier." Demande Seyra.

"Le Roi décidera." Il pose alors l’objet sur son bureau de campagne, et sort de la tente pour appeler un de ses lieutenants. Il revient quelques secondes plus tard. "J’ai convoqué le Torkin et Haured à venir, vous avez le droit d’assister à la conversation, mais n’intervenez pas, c’est bien d’accord !"

"On sera sage, promis, mais toi tu défends notre ami !" Dit Seyra.

"Je vais faire tout mon possible, tes arguments m’ont convaincu, vont-ils suffire au Roi, ça je ne sais pas te le promettre, mais je vais tenter d’intercéder en sa faveur."

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr à Shory
MessagePosté: Dim 25 Mar 2012 20:26 
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Haured entre alors dans la grande tente, suivit de deux gardes entourant Kagnar.

"Vous pouvez nous laissez, merci." Dit calmement Naren aux gardes.

"Couns, que signifie tout ceci, assez de gougnafier ! Expliquez-moi pourquoi je suis retenu contre mon gré ?"

"Nous allons parlementer avec mon Souverain Solennel, calmez-vous mon ami, nous allons trouver une solution à notre petite… Euh incompréhension."

"Ne t’en fais pas, je suis là !" Vient en soutient Seyra, lui prenant le bras.

Seyra a le don d’apaiser le Torkin d’un simple contact.

"Et bien soit, parlementons, j’espère que tout ceci finira au plus vite."

"Voici une orbe de communication, elle est jumelle d’une de celle du Roi, je vais le contacter pour lui exposer la situation, n’intervenez pas, sauf si le Roi vous y invite."

Nous acquiesçons, après tout, aucun de nous n’a envie de dire quoique ce soit au Roi, de peur de mal faire. Naren touche alors la sphère du bout de son index.

"Le Général Naren demande audience au Roi Solennel. Sire répondez, c’est une affaire délicate dont nous devons nous entretenir."

Quelques instants d’attente puis la boule s’éclaire d’une légère lumière. "Votre Roi vous écoute, exposez les faits Général Naren."

"Sire, nous avons fait l’essai de l’anyore en condition de bombardement de camp ennemi, tout s’est techniquement bien passé."

"Tant mieux, c’est un avantage certain cet appareil et votre savoir des explosifs, vous n’avez rien à rajouter ?"

"Si, malheureusement on a eu des intrus lors du pilonnage du camp, quatre personnes sont entrés dans le secteur et ont été blessés. Nous les avons recueillis et soignés."

"Qui sont-ils ? Des espions ?"

"L’un d’eux est un noble Kendran de la milice, Haured. L’autre homme est mon petit frère Lelma ainsi que sa fille adoptive Seyra, ce sont deux miliciens de notre royaume."

"Vous avez un frère Général Naren ?"

"Oui, et le retrouver est un grand bonheur. Mais ce n’est pas fini, le dernier est un Torkin du nom de Kagnar."

"C’est ennuyeux…"

"Certes, mais ses compagnons assurent qu’il est fiable, honnête et de parole."

"Vous savez très bien que cet avantage ne doit pas être divulgué, c’est une affaire de sécurité nationale !"

"Bien évidemment, mais mon souverain, les Torkins peuvent être des alliés efficaces, ils l’ont déjà démontré. En ce moment même ils tiennent les montagnes, empêchant les hordes noires d’avancer dans nos vallées et nos plaines. Leur sacrifice ne doit pas rester isolé, il est temps de se regrouper si on veut détruire le mal qui est sur notre beau continent de Nirtim. Nous devons être unis, unis dans la diversité. Nous pouvons apprendre beaucoup des autres races intelligentes qui composent les peuples de Nirtim. Si je puis me permettre, rester seul conduira à notre perte…"

Un silence et un raclement de gorge.

"Il est difficile de faire confiance, les hommes ont étés mainte fois les jouets des autres races vivant plus longtemps. Du fait de notre nature mortelle, de notre fugacité sur ces terres, ils ont eu l’ascendant. Mais ce temps-là est révolu, l’homme est le plus puissant des peuples de Nirtim, comment puis-je prendre le risque de faire confiance dans notre temps obscur où la moindre erreur signerai l’arrêt de mort de notre espèce ?"

Nous nous tenons silencieux, effrayé à l’idée de faire un seul bruit en présence, même lointaine, du souverain du grand royaume de Kendra Kâr. Sa parole était claire et réfléchie, comme celle de mon frère. Un vaste débat allait débuter, un palabre proche de la négociation, un jeu que seul le Général Naren pouvait jouer face au Roi. Une heure durant les arguments sont pesés, le pour et le contre, les bénéfices et les implications de la seule décision de libérer Kagnar, l’Etre à ce moment-là, le plus important de Nirtim ! A pas mesuré, mon frère amène le Roi dans ses contradictions, prouvant que son discours n’est pas ses actes, arguant que la confiance est une chose qui se donne pour provoquer en retour l’éclair d’espérance, qu’il fallait allumer le cercle vertueux et casser toute la réticence entre les peuples.

Kagnar pourtant si mécontent de son traitement, écoute attentivement les paroles de mon frère, une lumière s’est mise à briller dans ses yeux, un espoir, une fierté d’avoir un tel avocat. Mon frère cachait-il son jeu ou est-ce Seyra qui l’a tant secoué quant à ses préjugés et son raisonnement ? Haured reste surpris d’entendre son Roi sans qu’il ne soit là, surpris du contenu et du niveau du débat. Quant à moi, je suis dépassé par la situation, le niveau de la discussion est au-delà de mes connaissances, même si j’arrive à saisir le sens des sujets abordés et l’implication que c’est pour nous tous.

Près d’une heure passe quand enfin le Roi décide du sort de Kagnar.

"J’ai bien écouté tout ce que avais à me dire Naren, et je te remercie de ta franchise et de tes réflexions, elles m’aident vraiment à comprendre le monde qui m’entoure. J’ai donc décidé en connaissance de cause pour notre ami Torkin. Monsieur Kagnar, honorable Torkin, je vous nomme ambassadeur Torkin à Kendra Kâr, vous allez vous charger d’améliorer notre collaboration, de mieux nous connaitre, de devenir alliés. Par conséquent vous êtes libres de mouvement et n’êtes plus prisonnier. Que pensez-vous de cette décision monsieur Kagnar ?"

"Mon Roi, elle m’honore, et honore les vôtres. J’accepte cette tâche dès à présent, merci de votre confiance !"

"Je vous attends à Kendra Kâr au plus tôt !"

"Je pars sur l’heure vous rejoindre !"

La décision est une véritable surprise, mais aussi un soulagement pour nous tous. Kagnar est libre oui, mais il doit nous quitter pour rejoindre sa nouvelle fonction. La discussion avec le Roi est coupée après que chacun l’ai remercié de sa clémence et sa bienveillance. Déjà le temps des adieux se dessine pour nous tous. Kagnar vient nous rejoindre pour son départ.

"Couns, ça c’est de la promotion !" dit-il hilare. "Comme quoi on peut être ivrogne au matin et Roi au soir !"

"Félicitations mon ami, tu vas avoir du travail, mais tu fais partie de ceux qui vont peser sur l’avenir de tous !"

"J’en suis conscient, et franchement j’en suis effrayé. Je ne connais pas grand-chose des hommes…"

"Mais beaucoup des Torkins, et c’est cela qui importe, comme l’a dit mon frère, nous devons apprendre à nous connaitre et nous respecter."

"Oui, Aux Dieux alors, nos chemins se séparent, puissions-nous nous retrouver vite autour d’une table et d’une bonne pinte… Sauf toi gamine !"

"Hé ! De toute façon je n’aime pas ça, ça sent mauvais et ce n’est pas bon !"

"Haha, tu m’as sacrément aidé tu sais ! Tu es une sacrée petite fille, d’une intelligence et d’une force inégalé. Vraiment, prends soin de toi ! Vous deux, soyez là pour la protéger de son frère, je regrette de partir et de te laisser face à ce danger…"

"Tu ne dois pas t’inquiéter et vivre ta vie. Je peux me défendre et je ne suis pas seule. Va et aide nous tous par tes actes."

Après quelques minutes d’adieux, le Torkin grimpa tant bien que mal sur sa monture, abandonnant là ses affaires et surtout sa bière chérie. Un autre Torkin nous regarde une dernière fois, fier et grandi par les évènements, du haut de son destrier bien trop grand pour lui. C’est ainsi que parti Kagnar le Torkin, à cheval, difficilement maintenu en selle, entouré de deux gardes d’élites. Il dévale la pente dans la poussière et parti vers la grande ville, vers une autre partie de sa vie, radicalement différente de la précédente. Nous sommes fiers pour lui, mais l’aventure se rappelle à nous et nous devons nous aussi reprendre la route. Avant cela il me fallait en connaitre plus sur le but de notre mission avec mon frère Naren. J’entre seul dans sa tente.

"Bon, nous devons aussi y aller, notre mission est d’une grande importance."

"Ça c’est certain, j’ai eu vent de ces missions, elles ont été confiés volontairement à des aventuriers de tout bord, car beaucoup de reviendront pas."

"Tant de danger que cela ?"

"Énormément de danger, ce que tu cherches, l’ennemi le veut, par-dessus tout. Nous avons repéré certains d’entre eux dans cette partie du royaume."

"Dont Tia j’imagine ? Et des félins de métal ?"

"Oui dont le frère de Seyra. Des félins de métal, ça c’est signé, fait vraiment attention à toi, les adversaires sont redoutables !"

"On est prêt, mais si on peut éviter les combats nous le feront, je ne veux pas que Seyra soit en danger, elle n’est qu’une enfant, même si elle est au moins aussi forte que moi !"

"Veilles sur elle comme le plus précieux des trésors de ce monde. Promets-moi de tout faire pour la protéger, d’être son Gardien, de toujours rester en vie pour elle."

Je suis surpris par sa réaction, je lui réponds simplement : "Je te le promets !"

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Shory
MessagePosté: Lun 13 Mai 2013 16:59 
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Le soir tombe vite dans les collines, notre départ est reporté au lendemain. Nous allons pouvoir nous reposer en sécurité avec les gardes de Kendra Kâr. J'en profite pour questionner mon frère une bonne partie de la soirée. Il me raconte sa nouvelle vie au service du Roi, ses exploits et ses désillusions. Il m'explique la situation : les guerres, Oaxaca, les relations avec les autres peuples, les entrainements, l'armement, l'anyore, ses techniques en explosifs. Puis il passe sur l'objectif de ma mission, sur ses dangers et implication, il me fournit assez d'éléments pour que je puisse progresser dans ma tâche. Alors que la nuit est bien entamée, je pars me coucher. Haured m'a précédé depuis bien deux heures, tandis que Seyra dort depuis le coucher du soleil, épuisée autant physiquement que mentalement par les épreuves traversées.

C'est un matin frais et brumeux qui nous accueille à la sortie de tente. Tout le campement est en effervescence, le signal de départ est proche aussi pour les gardes de mon frère. Ils ne peuvent rester au même endroit trop longtemps, pour ne pas attirer l'attention. Nous préparons nos affaires après un petit déjeuner frugal, un bout de pain et du fromage sec. Mes deux équipiers sont motivé à continuer, ignorant le danger qui nous poursuit. La séparation est dure, un jour à peine après avoir retrouvé mon frère !

"Bien, il est temps de repartir, merci de ton hospitalité mon frère, et de ton aide pour la suite de ma mission, je sais désormais où aller !" Dis-je avec le sourire.

"Que ton chemin soit en sécurité, puisses-tu aller et accomplir ta mission sans que nul mal ne te soit fait. A toi et tes compagnons !"

On ne s’attarde pas sur le départ, n’aimant pas les aurevoir à rallonge. Nous partons enfin, la route n'est plus si longue vers notre objectif !


Suite sur : La butte de la discorde

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Shory
MessagePosté: Mer 23 Nov 2016 00:03 
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Jour 1
Mes jambes ne se sont pas encore aussi bien remises que je l’espérais. La marche a vite réveillé mes douleurs, je ne pourrai pas faire d’aussi longues étapes que je le prévoyais. Je me suis taillé une bonne canne mais le voyage va être plus long que prévu. Heureusement Hélios a recommencé à utiliser ses pouvoirs, j’ai l’impression qu’en plus de me permettre de garder une moyenne à peu près correcte ils accélèrent mon processus de guérison.

Jour 2
Hier c’était ma première nuit avec Sélène depuis le départ de la maison. Je sens qu’il a essayé de se retenir mais des éléments…dérangeants ce sont immiscés dans me rêves. J’ai voulu en parler avec Hélios mais je me suis trouvé face à un mur de silence. Je ne pense pas qu’il le fasse exprès mais que comme Sélène une grande partie de ses pouvoirs étaient liée au lieu de sa mort. Maintenant que l’on s’en éloigne ses capacités sont réduites. J’espère juste que je trouverai vite un moyen pour pouvoir dormir normalement.

Jour 7
Mes visions nocturnes n’ont fait qu’empirer, si je ne trouve pas vite une solution je crains que je ne devrais me débarrasser du pendentif. Point positif, je suis maintenant certain des pouvoirs curatifs d’Hélios, à ce rythme même mon épaule sera vite rétablie.

Jour 9
Hélios semble avoir trouvé un moyen de canaliser Sélène. Je n’ai pas tout compris mais hier au crépuscule il a fait comme disparaître mon feu. En fait il était encore bien présent, je pouvais ressentir sa chaleur et je voyais le bois se consumer mais plus aucune lumière n’était émise. Pour la première fois depuis notre départ j’ai pu dormir tranquillement. J’en ai déduis qu’il avait une sorte de réserve de magie limitée, tant pour le jour que pour la nuit, et qu’il avait usé celle de Sélène pendant la transition.

Jour 11
Le stratagème d’Hélios continue de marcher. C’est un vrai plaisir de pouvoir redormir paisiblement. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point j’étais tendu. Même Dexter semble plus apaisé, le voyage a soudain prit une allure beaucoup plus légère. Je regrette juste de ne pas pouvoir communiquer avec Hélios.

Jour 12
Mes provisions sont presque finies, il va vite falloir que je me trouve à manger. Je me suis donc éloigné de la route. Ma progression en sera encore ralentie mais de toute façon je ne suis pas pressé.

Jour 16
Je n’ai pas avancé aujourd’hui. Je suis arrivé dans un endroit propice à la chasse et j’ai passé ma journée à rassembler des réserves. J’ai rafistolé mon arc du mieux que j’ai pu, ça a tenu pour cette fois mais il m’en faudra un neuf bientôt. Je ne veux pas prendre le risque qu’il se brise entre mes mains au mauvais moment. Je vais rester encore un moment dans le coin pour faire sécher la viande que j’ai amassée. Sélène ne m’a toujours pas causé de problèmes depuis la solution du feu.

Jour 17
J’ai profité de ce petit temps de pause pour m’occuper un peu plus profondément du dressage de Dexter. Déjà sur la route je lui avais appris des consignes de bases et là j’ai pu pousser sur des choses un peu plus complexes. C’est fou à la vitesse à laquelle il comprend. J’ai toujours eu des facilités avec les animaux mais je le trouve remarquablement intelligent et en plus il est visiblement ravi que je passe du temps à m’occuper de lui. Ce fut une journée de repos vraiment agréable.

Jour 18
J’ai levé le campement ce matin, normalement je n’aurai pas à m’arrêter pour la nourriture avant deux bonnes semaines. Je vais retourner sur la route et si mes calculs sont bons je devrai atteindre le premier des trois grands fleuves que nous allons traverser avant d’épuiser mes ressources. De là je le suivrai jusqu’à l’océan pour continuer plus près de la côte.

Jour 23
Dexter grandit à une vitesse stupéfiante et avec sa poussée de croissance les quantités de nourritures qu’il ingurgite augmentent aussi. Il va falloir que je lui apprenne à chasser maintenant. Le plus vite il sera autonome à ce niveau et le mieux ce sera.

Jour 25
J’ai trouvé deux pierres étranges ce matin sur la route. Les deux étaient marquées d’un sigle que je ne suis pas parvenu à identifier. J’ai l’impression qu’elles émanent une sorte de puissance mais c’est très différent de ce que je ressens au contact d’Hélios. Dans le doute je les ai prises avec moi. Quelqu’un à Kendra-Kâr pourra surement me renseigner et elles ont peut être de la valeur.

Jour 27
Ca y est mes efforts ont finis par porter! Dexter a réussi sa première chasse. Bon c’était un mulot qui n’avait pas l’air très en forme qu’il a ramené au campement mais il était complétement fou de joie. Je reconnais que je me suis peut être un peu emballé avec lui mais en même temps faut bien que je l’encourage.

Jour 29
Je viens de dépasser le croisement entre la route menant à Kendra-Kâr et celle menant à Lùimwë. Ca représente environ la moitié du trajet et du coup je suis un peu en avance sur mon estimation de mes réserves.

Jour 31
Ca y est on est arrivé au premier fleuve. A partir de maintenant on aura du poisson au menu. Dexter a eu un enthousiasme assez étonnant à la vue du cours d’eau. Apparemment l’élément liquide lui plait beaucoup.

Jour 33
L’engouement de Dexter pour le fleuve ne faillit pas. Ces deux derniers jours il a passé au moins autant de temps à nager qu’à marcher à mes côtés, un véritable poisson.

Jour34
Nous voilà arrivé sur la côte. L’excitation de Dexter grandissait au fur et à mesure qu’on s’en approchait et quand il a vu l’immense étendu d’eau j’ai cru qu’il allait devenir complétement fou de joie. Après avoir obtenu mon accord il s’est élancé pour aller affronter les vagues. L’eau salée n’a pas eu l’air de le déranger plus que ça et c’était un spectacle hilarant que de le voir tenter de prendre d’assaut l’océan. Il se faisait balayé mais revenait toujours à la charge. Ce n’est qu’à mon appel qu’il abandonna son combat pour revenir tout ébouriffé et épuisé vers moi. Il s’est laissé porté pour le reste de la journée.

Jour 36
Je me suis rendu compte que Sélène semblait réagir aux sons de ma flute. Lorsque je joue j’ai comme l’impression qu’il s’apaise un peu mais c’est difficile à dire comme je n’ai aucun moyen de communiquer avec le spectre. Je ferai une expérience la nuit suivante. Dexter est toujours aussi fou face à l’océan et si je le laissais faire on passerait nos journées au même endroit pendant qu’il jouerait avec les vagues.

Jour 39
C’est bien ce que je pensais ma flûte apaise en partie Sélène. Ces derniers jours j’en ai joué avant de me coucher et malgré qu’Hélios n’ait pas usé de son stratagème, j’ai pu passer des nuits correctes. Bon cette technique à des limites car plus je me repose dessus et moins elle est efficace, la dernière nuit était presque aussi terrible que si je n’avais rien fait. Je pense qu’Hélios l’a comprit et va en revenir à ce qui fonctionne mais c’était une expérience intéressante.

Jour 42
Dexter a une nouvelle fois démontré ses talents de chasseur. C'est un bouloum qu'il a réussi à avoir ce coup ci. La vitesse à laquelle il progresse est impressionnante. Il sera bientôt capable de se débrouiller seul. Je suis à la fois fier et mélancolique. Il y a un peine un mois il était encore si petit…

Jour 46
Je pense que mon épaule est finalement totalement guérie. J’ai encore une cicatrice assez laide. Elle devrait diminuer avec le temps mais je pense que je garderai une trace à vie.

Jour 50
On vient d’arriver à une zone où la plage est plus rocailleuse. J’ai montré à Dexter qu’il pouvait trouver des coquillages comestibles un peu partout. Il n’a été que très modérément intéressé, ces proies ne sont visiblement pas assez vives pour l’amuser.

Jour 55
Dexter a réussit à pécher! J’ignorais que c’était même possible. Je ne sais pas comment il s’y est pris mais alors que je le laissais jouer pendant une pause, il s’est d’un coup précipité hors de l’eau avec un poisson encore frétillant dans la mâchoire. Un anchois d’une dizaine de centimètres. Il m’a montré sa prise tout fier puis l’a engloutie en quelques bouchées.

Jour 58
On a dépassé le second grand fleuve. On approche de la fin du voyage. Au final ça fait déjà deux mois que je suis parti. Pourtant les aventures de la forêt me semblent encore si proches.

Jour 59
Je me suis éloigné de la plage pour me diriger vers la ville. Comme je le redoutais on est tombé assez vite sur des traces de ratissas. Dexter les a senties et a passé la journée le museau en l’air. J’avais choisi le chemin de l’océan en partie pour éviter ça mais je crains que ce ne soit plus qu’une question de jours avant qu’il ne tombe sur les siens.

Jour 61
C’est arrivé. Ils étaient quatre visiblement en bonne santé et Dexter fut tout de suite vivement intéressé. Il m’a regardé d’un air interrogateur, j’aurais pu tenter de le retenir mais je savais que cela devait se produire tôt au tard, aussi d’un hochement de tête je lui donnais mon accord. Je l’ai vu disparaître dans les champs avec le groupe qui l’a immédiatement adopté. J’espère qu’il sera heureux.

Jour 64
Croisé un groupe de chasseurs, troqué peaux et arc abîmé contre arc neuf et flèches.

Jour 66
Hélios a utilisé pouvoir énergisant, première fois depuis longtemps, pas compris pourquoi.

Jour 67
Fleuve franchi.

Jour 69
Arrivé à Kendra-Kâr.



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Multi d'Algaries


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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Shory
MessagePosté: Sam 31 Déc 2016 21:03 
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- I -


Erastos s'élança sans attendre sur la route, sans réaliser la longueur du voyage qu'il devait faire, ni l'ampleur de la tâche qui lui était confiée. Il sortit de la forêt et il parcourut les vastes plaines longeant les montagnes de Shory, en suivant la route royale empruntée par tous les voyageurs. Les silhouettes magnifiques et lointaines veillèrent sur le jeune vagabond pendant plus d'une semaine, avant de disparaître dans le levant.

Les premiers jours, il loua des chambres dans les auberges qu'il croisait. Cependant, constatant que sa bourse s'allégeait et comprenant que sa destination était bien plus lointaine qu'il ne se l'était figuré au premier abord, il finit par se priver de ce luxe et se contenta de subvenir qu'à ses besoins vitaux, c'est-à-dire l'achat de vivres. Il passa donc l'essentiel de ses nuits à la belle étoile, baigné par le climat frais et humide qui régnait dans le sud de ce nouveau continent. Jamais il ne quitta la route, de peur de se perdre dans l'immensité herbeuse. Une route de mille six cents kilomètres séparait Shory de Kendra Kar, c'était un pays entier à traverser, et nul ne sait ce que cachent ces grandes étendues sauvages. Il fuyait tout problème potentiel, se concentrant frénétiquement, avec une insistance déraisonnable, sur son objectif : la découverte du secret de fabrication du feuillu.

Cependant, les jours de voyage s'accumulèrent et la solitude commençait à se faire sentir. Il finit par croiser un convoi de bétail en partance pour la cité blanche. Deux cents bœufs dirigés par une caravane de marchands en tous genres, associés dans une affaire apparemment lucrative. Il sympathisa rapidement avec eux et leur demanda s'il pouvait prendre part au projet. Ils furent dans un premier temps choqués d'apprendre qu'il effectuait la route en solitaire. Elle était apparemment très mal réputée et les attaques de gobelin étaient assez courantes dans la région. Selon eux son comportement était suicidaire et ils l'exhortèrent même à travailler pour eux, en précisant qu'il ne toucherait qu'un salaire réduit. Erastos accepta l'emploi avec plaisir, de la compagnie et quelques yus en poche ne pouvaient pas lui faire de mal, même si cela ralentirait la cadence de son voyage.

Une monture docile lui fut prêtée, une jeune jument à la robe crème et aux sabots correctement ferrés. Bien qu'il n'avait pas monté depuis son enfance, il n'eut aucune difficulté à apprivoiser l'animal. Sa tâche consistait donc à maintenir les bovins le long de la route et de rattraper les égarés. Un temps d'adaptation fut nécessaire pour comprendre les ficelles du métier, car il avait au début tendance à effrayer les bestiaux récalcitrants et les éloigner encore davantage du troupeau. Mais à force de travail de groupe, il prit exemple sur les autres cavaliers et finit par saisir toutes les subtilités. L'important était de ne jamais brusquer les animaux et de les diriger avec des appels familiers.

Le trajet, initialement interminable, se déroula sans qu'il n'ait vu les jours passer. Après avoir franchi un gigantesque pont enjambant le Kenaris, les remparts blancs de cité apparurent au loin. Ils formaient une formidable enceinte, en fer à cheval, fermé sur la mer. On y distinguait un océan de toits en tuiles et de cheminées desquelles montait des colonnes grises de fumée. Au centre, les tours et le donjon central du château dominaient toute la ville. On distinguait aussi le dôme du temple de Gaïa, un bâtiment à l'architecture unique et aussi aux proportions gigantesques.

Le troupeau avançait paisiblement dans la campagne alentour, encombrant toutes les routes sur son passage, et ils s'arrêtèrent enfin en périphérie d'une bourgade sur les rives du fleuve. Le bétail fut parqué dans un immense enclos, et les cavaliers purent enfin se relâcher après des semaines de vigilance continuelle. Ils invitèrent Erastos à partager un repas à l'auberge du coin, mais il refusa, préférant se hâter à commencer ses recherches. Il salua chacun de ses collègues, les remerciant pour le voyage. Le meneur, en charge de la caisse et qui ne la quittait jamais des yeux, lui versa une poignée de yus en cuivre. Une misère, mais il l'accepta de bonne grâce ; ses repas avaient été pris en charge et sa sécurité avait été assuré, cela n'avait pas de prix.

Les portes de la cité l’accueillirent enfin. Il ne restait plus qu'à trouver une aiguille dans une botte de foin.


- III -

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