« Prêt à tout pour de l'argent, même trahir son propre peuple... »

« Zniitch ne ... » Commença à protester le gobelin, piqué au vif. Mais il s'interrompit. De toute façon, les humains et autres races qui n'avaient pas vécu dans le même climat que lui ne pouvaient pas comprendre. Et ils ne comprendraient pas non plus si il leur dévoilait son intention de retrouver Gark, son ancienne connaissance. Au contraire, cela l'aurait fait passer pour suspect et le groupe ne lui aurait jamais fait confiance.

Il se tut donc, préférant garder ses motivations pour lui-même, et alla se ranger avec les trois autres mercenaires qui patientaient lorsque le colosse blond en armure le lui indiqua.
De loin, il avait cru que les deux femmes étaient en pleine discution ... Mais ce n'était pas le cas, pas du tout. Elles semblaient d'ailleurs plutôt être en froid. L'elfe toisait son interlocutrice de son impressionnante carrure, une main sur la poignée de l'une de ses épées. Zniitch nota qu'elle n'avait pas l'air particulièrement méchante et mauvaise, mais elle en restait très intimidante. L'humaine avait d'ailleurs l'air déconfite et très mal à l'aise, presque effrayée.

En l’espace de peu de temps, deux nouveaux personnages rejoignirent la caravane en passant par le recruteur et en se présentant. Le premier était un épéiste humain qui faisait visiblement très attention à son apparence, trop peut-être. Toujours est-il que Zniitch nota ce point commun qu'il partageait avec lui, dans l'idée d’éventuellement se rapprocher de lui pour engager la conversion. Pour le reste, il s’appelait Epi Narde, abordait une longue chevelure qui flottait dans le vent et portait un bel ensemble de vêtements taillés à la perfection. Il alla s'adosser à l'une des caravanes, non sans passer devant les deux femmes en leur adressant une révérence et ses hommages.
Enfin, vint un genre de vieillard encapuchonné qui se présenta sous le nom de Vieupa Pimagik. Humain lui aussi, il devait s'aider d'une canne de bois pour pouvoir avancer et Zniitch en arriva à se demander ce qu'il pouvait bien venir faire ici.
( Qu'est ce que le vieillard peut-il bien cacher sous sa robe ? ) Se questionna-t-il au sujet de cet étrange personnage.

Mais il n'eut guère le temps de plus s'attarder sur ses observations, que le recruteur monta à l'avant de la première caravane et ordonna aux mercenaires de se tenir prêt pour le départ.
« Bon on va y aller, ce n'est pas tout mais c'est qu'on a du chemin. »

Les membres du convoi s’activèrent alors et prirent différentes positions : le vieillard allant s'assoir aux côté du recruteur, à l'avant de la caravane de tête tandis que l'humain chauve en robe, affichant toujours le même sourrire, partit s'installer à l’intérieur de cette même caravane.
Le dénommé Epi Narde et la jeune femme préfèrent marcher à côté du convoi, bien qu'ils furent tous deux assez loin l'un de l'autre : le gobelin nota une certaine dose d'agacement en provenance de l'humaine à propos de l’épéiste soigné.
Enfin, sortit de nul part un jeunot à l'air jovial mais discret et aux cheveux châtains qui s'installa aux commandes de la deuxième et dernière caravane, chargée de vivres et de caisses.

Désirant avant tout s'éloigner de l'elfe, le gobelin jaugea les différentes options qui s'offraient à lui. L'alcool coulant encore dans ses veines, il se sentait trop faible pour marcher à côté du convoi, même si cela aurait pu le rapprocher d'Epi. Tant pis, il aurait encore tout le loisir de lui faire la discution lors de leur périple.
Le ventre plein, ballonné et nauséeux, Zniitch ne souhaitait pas non plus avoir à s'approcher du convoi de vivre, qui, dans l'instant présent, lui donnait plus envie de vomir qu'autre chose.
La place assise à côté du recruteur déjà prise par l'étrange vieillard, le gobelin n'avait guère plus le choix. Il ne restait que l’arrière de la caravane de tête, où était entré l'humain balafré au crâne dégarni pour s'allonger un instant. Il grimpa alors sur la haute marche et se hissa à l’intérieur de la roulotte.

( ... Zniitch ne se sent pas très bien ... ) Râla le gobelin en s'écroulant sur l'une des places assises, à proximité de l'homme qui s'était déjà confortablement installé et allongé sur une couchette rudimentaire.

Il attendit que le convoi se mette en marche, s'ébranlant brusquement et se dégageant peu à peu de la foule qui s'agglutinait aux Grandes Portes de Kendra Kâr.
Les aléas de la route secouaient son estomac et il devait lutter contre l'envie de rendre ce qu'il avait ingurgité plus tôt dans la matinée. Mais, bien décidé à ne pas s'humilier devant ses nouveaux compagnons, il préféra s'activer à autre chose pour faire disparaitre son malaise. Le gobelin produisit donc, d'une de ses poches, un étrange fragment de roche : une pierre à affûter. Puis, il dégaina vivement son katana du sublime fourreau dans lequel il reposait, produisant un chuintement semblable au sifflement d'un serpent. Un bruit qui ne manqua pas de faire réagir l'humain, qui ouvrit un œil et lorgna dans sa direction.

« Zniitch s'excuse ! Zniitch ne voulait pas réveiller un homme ! »

La rudesse de la guerrière refroidit quelque peu et avec raison la jeune Lison qui n’avait voulu en fait qu’entamer gentiment la conversation. Sibelle, peu habile dans les communications, ne comprit pas l’effet qu’elle avait produit chez sa nouvelle compagne d’aventures. Sans s’offusquer que la jeune femme la dévisage, elle jeta un œil sur la foule qui s’était agglutinée devant la caravane. Parmi tous les gens présents, seulement trois s’étaient portés volontaires pour l’expédition.

( Il n’ y a ici que des curieux assoiffés de potins à raconter, des lâches, des trouillards !)

Tout en cultivant ces pensées négatives, la guerrière balayait d’un regard méprisant toutes ces personnes qui n’avaient pas, selon ses propres critères, le courage d’affronter un petit groupe de crapules vertes. C’est précisément sur ces entrefaites qu’un petit être camouflé en partie par des vêtements trop grands pour lui, sortit de la foule en titubant et en proposant sa candidature. Sibelle n’eut le temps de se questionner davantage sur le nouveau venu que le recruteur confirma ses soupçons sur l’identité de l’avorton.

(Un gobelin qui s’enrôle pour attaquer les siens, ça ne me dit rien qui vaille !)

C’est avec dépit et rage grandissante que Sibelle darda d’un regard noir ce nouvel arrivant apparemment à moitié ivre, se retenant afin de ne pas laisser échapper un juron.

Alors que la petite troupe comptait à présent quatre membres, deux autres volontaires se présentèrent. Le premier, un homme de belle apparence, une fois enregistré, passa devant la caravane et ne manqua pas de saluer la gent féminine. Sibelle, tout en le scrutant admirativement de la tête au pied, le salua silencieusement d’un petit signe de tête tout en arborant un malicieux sourire.

(Espérons que tes capacités au combat soient à la hauteur de ton allure, beauté !)

Le jeune homme, dont l’appellation ressemblait fortement à un légume vert riche en fer, laissa sa place à un plus âgé, vêtu d’une bure et muni d’un bâton tordu. Sibelle n’était pas dupe, ce bout de bois était sûrement plus qu’une béquille pour le vieil homme, mais probablement une arme magique redoutable. Elle-même fille d’une mère guérisseuse et d’un père magicien, Sibelle avait aussitôt fait de classer ce dénommé Vieuxpas dans cette catégorie de gens. Son teint rosé, sa barbe blanche bien taillée et son air réfléchi firent bonne impression à la guerrière.

Apparemment satisfait de sa nouvelle troupe hétéroclite, le recruteur annonça qu’il était grand temps de lever les feutres. Le convoi formé de deux caravanes avançait lentement. La seconde charrette, celle de ravitaillement, était menée par un jeune homme châtain, tandis que la première, servant apparemment pour les périodes de repos, logeait déjà l’homme chauve et la petite bestiole verte, alors que le recruteur et le vieil homme prenaient place à l’avant.

D’un pas décidé, notre guerrière s’approcha de la première caravane, celle-là même où étaient bien installés Galem et Zniitch, et frappa de la paume de la main sur le panneau de bois afin d’attirer l’attention du gobelin et cria à l’intention de celui-ci :

« Hé, moisissure verte, si tu t’avises à changer de clan ou nous trahir de quelque façon, tu goûteras à ma cuisine. De mes lames, je te découperai en morceaux »

Ceci dit, elle tourna les talons pour s’approcher d' Epi et de la jeune femme blonde sans se soucier si l’apostrophé souhaitait ou non lui donner la réplique. Elle avait fait son message, la suite lui importait peu. Une fois à la hauteur de l'homme à la belle chevelure et de la femme à la frêle allure, elle fit un petit signe de tête à la demoiselle, puis entama un semblant de conversation, conservant comme à son habitude son ton froid et distant, sans pour autant être menaçant.

« Je me prénomme Sibelle. Pourquoi vous êtes-vous engagé ? Vous n’avez pas l’accoutrement d’un guerrier. »

Dirigé Sibelle/Lison/Zniitch

Galem qui est couché, n'a pas plutôt ouvert la bouche pour répondre à Zniitch que Sibelle le coupe. Il se ravise, regarde le gobelin en haussant les épaules et se rendort. Le convoi avance bien, il semble que vos chauffeurs soient habitués à cette route et ils traversent les plaines rapidement sans montrer de signe d'empressement. Le paysage défile devant vos yeux à mesure que la journée s'écoule, il devient peu à peu plus rocailleux, mais la route est toujours présente et facilite votre avancé. Sir Epi regarde la jeune guerrière qui lui parle, il lui offre un sourire, déployant ses dents impeccables.

"Un guerrier, diantre, que Yuimen m'en préserve. J'aspire à la chevalerie et chaque vie à sauver est une étape pour y arriver. Et vous belle et farouche amazone que faites-vous ici ? "

« Zniitch s'excuse ! Zniitch ne voulait pas réveiller un homme ! »

Le gobelin se raidit sur-le-champs et, son sabre encore en main, il se tint prêt. En effet, on avait déjà maintes fois tenté de le tuer pour bien moins que ça. Il attendait donc la réaction de l'humain chauve, lorsqu'il fut subitement distrait par un tambourinement sourd dans son dos, en provenance de l'arrière de la caravane.
C'était l'elfe. Zniitch le constata en se retournant, et il comprit alors l'expression intimidée qu’arborait la femme humaine du convoi, quand il l'avait vu un peu plus tôt. Il devait effectivement afficher la même expression. Et pour cause, cette brute elfique était vraiment effrayante !

« Hé, moisissure verte, si tu t’avises à changer de clan ou nous trahir de quelque façon, tu goûteras à ma cuisine. De mes lames, je te découperai en morceaux » Proféra-t-elle avec haine et dédain, avant de lâcher le panneau de bois et de disparaitre du champs de vision du gobelin.

N'ignorant pas qu'une menace potentielle se trouvait toujours dans son dos, Zniitch se retourna prestement en direction de la paillasse où était allongé l'homme qu'il avait malencontreusement tiré de sa torpeur. Le gobelin s'attendait presque à le surprendre éveillé, un couteau à la main et prêt à l’égorger ... Mais ce n'était pas le cas : il était toujours étendu sur sa paillasse et avait déjà à nouveau sombré dans le sommeil. Le gobelin souffla donc et put se concentrer sur sa nouvelle priorité.

L'elfe avait, en effet, remis en cause son allégeance devant les autres membres du convoi. Habitué à se faire sans cesse insulter, frapper et marcher dessus, le gobelin ne se sentait pas vraiment blessé, même si son honneur en avait pris un coup. De plus, il était conscient que si il ne répondait pas tout de suite aux paroles de l'elfe, sa crédibilité et la confiance que les autres lui accordaient allaient descendre à une vitesse impressionnante.
Cependant, cette femme là n'avait besoin que d'une bonne raison de le tuer pour s'en donner à cœur joie. Et lui tenir tête allait surement la contrarier quelque peu.

Prenant son courage à deux mains, Zniitch se leva alors, déterminé, et se dirigea jusqu'à l'ouverture à l’arrière de la caravane de tête du convoi. Ouverture par laquelle il jeta un coup d’œil à l’extérieur pour observer un trio constitué du dénommé Epi accompagné des deux femmes.
Il sembla à Zniitch que l'épéiste était en train de converser avec l'elfe qu'il haïssait tant. Et la colère pris alors le pas sur la peur : il n'allait pas laisser cette femme rousse aux longues oreilles lui piquer cet homme soigné dont il voulait lui-même se rapprocher !

« Hé ! Longues-oreilles ! Une elfe ne devrait pas sous-estimer Zniitch ! Zniitch sait se défendre et pourrait bien surprendre l'elfe ! » Cria-t-il d'un ton provocateur à l'attention de sa "coéquipière" en se penchant à l'arrière de la caravane.
Il réalisa alors qu'il tenait toujours fermement son sabre dans sa main droite, lui donnant clairement une apparence hostile. Ce qui n'était pourtant pas du tout l'objectif initial.

Le convoie avançait doucement mais sûrement. Le chemin n'était pas encombré, c'était une d'un pas plus sur que je suivais les caravanes aux côtés d'Epi. J'avais oublié ma fatigue et la faim ne me tordait plus l'estomac. Je n'apercevais plus Galem qui était rentré dans la première caravane, sans doute pour faire une sieste, le vieil homme l'avait suivi et le gobelin aussi. Depuis que j'étais partis de la sororité, je m'émerveillais de plus en plus, voyant tout ce j'avais raté ces années d'enfermement. Je perçus Sibelle, qui se précipita dans la caravane ou se trouvait Galem, Zniitch et Vieupa. Sa voix résonna d'une telle force que je l'entendis de là où j'étais.

« Hé, moisissure verte, si tu t’avises à changer de clan ou nous trahir de quelque façon, tu goûteras à ma cuisine. De mes lames, je te découperai en morceaux »

Charmant, me dis-je. Ceci promettait une ambiance des meilleurs ! Elle n'attendait, d'ailleurs, pas de réponse. L'elfe sortit de son pas si certain qu'il me mettait mal à l'aise. C'est stupide. Je n'étais pas intimidée par elle, mais par sa façon si spontané de faire les chose, si sûre d'elle, si froide, si détachée. Je me mordis la lèvre, et moi, j'ai l'aire de quoi en comparaison ?
Chassant mes pensées je l'observai venir vers nous et me saluer poliment d'un signe de la tête et se présenter à l'épéiste en lui demander ses motivations.

Je ne pus m'empêcher de tourner la tête. Ça promettait une bonne ambiance ! Une elfe et un gobelin en froid, un séducteur des plus ridicule, un vieil homme plus que suspect... et un voleur...
Je n'avais pas encore fait attention aux autres, mais j'avais déjà saisis l'aspect de notre convoi. Le bellâtre se donna la peine de répondre de son ton hautain, comme si rien ne lui arrivait à la cheville, en ventant ses mérites. Nous disant qu'il aspirait à la chevalerie voulant sauver chaque vie... Enfin le baratin habituel pour nous faire comprendre... que c'était un caudataire.
Par Selhinae, qu'il m'exaspère ! Ne peut-il pas dire qu'il en avait envie comme tout le monde et nous épargner ces fabuleuses motivations ! N'a t-il pas encore quelque chose à nous dire ? Des orphelins à sauver, peut-être ? Un chaton coincé dans un arbre ?
Je me ravise, il ne m'avais rien fait. Si je voulais vraiment me plaire ici, je devrais peut-être apprendre à le supporter.
J'entendis une porte claquer. Je sursaute et me retourne. Le Gobelin était là, il avait l'air hors de lui et cria en direction de l'elfe :

" Hé ! Longues-oreilles ! Une elfe ne devrait pas sous-estimer Zniitch ! Zniitch sait se défendre et pourrait bien surprendre l'elfe !"

Il tenait son sabre. Pas très rassurant. Il avait l'air encore plus menaçant que ce que sa voix donnait comme aspect. Cette ambiance lourde me pesait. En plus de ne pas savoir ce que je faisais là, d'être perdue dans les questions que je me posais et de supporter une conversation plus qu'ennuyante entre l'elfe et l’épéiste, je n'avais sûrement pas envie qu'une dispute éclate.
Je me surpris, moi même à être en colère. En colère contre tout ce qui m'arrivait mais qui se répercutait sur leurs différents.

« Hé ! Personne n'a à supporter votre querelle, allez régler ça ailleurs sinon vous aurez affaire à moi ! »
Criais-je hors de moi, ce qui m'étonna moi même.

Il n’était pas facile de se faire ami avec Sibelle, son comportement bouillant lui avait valu par le passé bien des différends. Et si on en juge par les premiers échanges avec ses nouveaux compagnons de route, ce n’était pas prêt de changer. Or, Sibelle ne s’en souciait guère, elle ne prenait pas de détour pour s’exprimer en disant en toute honnêteté ce qui lui semblait la vérité et tant pis si son interlocuteur s’en offusquait. Notre rouquine avait un sale caractère, mais n’était pas prétentieuse pour deux sous. Fougueuse et persévérante, elle connaissait par contre ses limites et s’inclinait, de mauvaise grâce avouons-le, devant plus fort qu’elle.

Le père de Sibelle, tentant de corriger le caractère difficile de sa fille, n’avait de cesse de lui répéter le vieux dicton : « Qui sème le vent, récolte la tempête ». Et bien une fois de plus ce vieil adage se concrétisa devant leurs yeux. En fait, c’est une petite tornade verte blessée dans son amour propre, du bout de la charrette qui se vengea à l’endroit de la guerrière. Visiblement enragé, il répondit à cette dernière, en faisant allusion à ses longues oreilles, qu’il ne fallait surtout pas le sous-estimer, qu’il était digne de confiance et qu’elle pourrait bien en être surprise. Sibelle le dévisagea de ses grands et beaux yeux marron et ouvrit la bouche pour lui répondre, mais apparemment en colère, Lison la devança, leur reprochant de se quereller. Les sourcils froncés par la surprise, l’elfe la dévisagea un instant avant de répondre au gobelin, en adoptant toujours sur le même ton froid, mais n’exprimant aucune colère cette fois :

« Et bien tant mieux si tu dis vrai. Nous nous sommes engagés pour nous battre contre des pillards, des brigands qui sont, que tu le veuilles ou non de la même espèce que toi. »

Une fois sa réplique faite, Sibelle se tourna vers Lison :

« Si tu ne supportes pas la querelle, réfléchis bien à ta décision de nous accompagner, ce qui nous attend est bien pire qu’une guerre de mots, le sang risque de couler à flots. Nos futurs adversaires seront sans pitié. «

Le ton pris par la guerrière était égal à elle-même, froid et distant, mais dénué de toute arrogance ou prétention.
Elle se tourna enfin vers l’aspirant chevalier qui lui avait demandé ce qu’elle faisait dans cette expédition.
« Je me rendais déjà aux duchés des montagnes. Et une bataille vaut bien des détours. »

Une fois de plus elle disait vrai, elle aimait se battre à mains nues ou à l’épée qu’elle avait appris à manier depuis sa tendre enfance. Rien de tel, pour elle qu’un affrontement pour libérer son surplus d’énergie et calmer son tempérament trop impétueux.

Zniitch avait fait son effet : tous avaient étés témoins de sa réplique osée à l'agressive elfe, qui n'avait même pas eu le temps de répondre directement que l'autre femme du convoi avait crié son mécontentement à propos de leur querelle. Sa plainte avait jeté un froid sur le groupe, et seule la brute aux longues oreilles y avait répondu en rappelant au gobelin qu'ils allaient affronter des brigands de la même race que lui ... Ce qui lui importait bien peu ! Il avait déjà de nombreuses fois affronté les siens et il n'en éprouvait guère de remords. Et puis les humains aussi s'entretuent sans cesse, les sektegs ne sont pas les seuls à se battre entre eux !

L'altercation en resta là et, malgré lui, Zniitch en était satisfait. Le gobelin n'avait pas forcément envie de se faire d'ennemis si tôt dans la quête qu'il avait entreprit : il en avait déjà bien assez comme ça ! Les deux caravanes avaient donc conservée leur lente progression routinière le long du tortueux chemin qui serpentait dans le paysage.
Le paysage, justement, s'était vu remplacé ses plaines et collines parsemées de bosquets touffus par un décor beaucoup plus rocailleux et dont le relief commençait à augmenter. Le convoi se rapprochait des montagnes.

Pendant ce temps, le soleil s'abaissait dans le ciel et l'air se faisait plus froid, sans pour autant se montrer glacial. La nuit s'apprêtait à tomber sur le groupe d'aventuriers, qui allaient incessamment sous peu être contrait de monter le camp pour la nuit.

Zniitch, lui, avait repris sa place assise à l’arrière de la caravane de tête et avait passé la majeure partie de la journée à nettoyer, aiguiser et bichonner son katana. Ce katana dont la découverte lui avait sauvé la vie, quelques jours plus tôt ... Il était maintenant reluisant et tranchant comme un rasoir.
( Parfait. ) Songeai le gobelin en jetant un dernier coup d’œil à la longue arme courbée, avant de la rengainer dans son fourreau. Rien que ce simple geste lui faisait produire un son magnifique et gracieux.

Mais il avait également eu grandement l'occasion de se reposer, éliminant l'alcool qui coulait dans ses veines et recouvrant la totalité de ses esprit. Il recommençait d'ailleurs à avoir faim et il lui tardait la pause du soir pour se remplir à nouveau l'estomac.
C'est sur cette pensée qu'il se leva - sans en avoir la tête qui tourne, pour une des premières fois de la journée - et qu'il se laissa tomber sur le sol rocheux de la route.
Il s'étira brièvement et s'avança en direction de la seconde caravane, sur laquelle était juchée le jeune garçon aux longs cheveux châtains. Il avait l'intention de faire connaissance et, pourquoi pas, d'en bénéficier quelques avantages alimentaires : après tout, cet humain juvénile était chargé du stock de vivres, peut-être en avait-il la responsabilité !
« Bonsoir ! Un jeune homme pourrait se faire un ami. Que dirait-il de bavarder avec Zniitch ? » Lui adressa le gobelin, tentant de paraitre le plus jovial et sociable possible.

Lejeune homme relève la tête s’échappant à ses rêveries.

Se faire ami avec un gobelin, n’est pas judicieux là où l’on va. Mais après tout je ne suis que le chauffeur.

Il esquisse un sourire.

Je m’appelle Liwood

La réponse me mit mal à l'aise. De quel droit se permettait-elle de me faire la morale ? Elle ne me connaissait pas si ça se trouve je pouvais être une grande guerrière. Seulement, ma carrure démentait touts mes rêves... mais ce n'était guerre l'ambiance qui me gênait dans cette querelle, mais le fait que l'on critique le gobelin. Après tout, j'étais bien poursuivis pas des sororités qui me tueraient si elle me retrouvaient ! Alors qu'il veuille tuer des gobelin, peu importe, tant qu'il ne se retourne pas contre nous.
Je m'en souciait guerre de toute façon, ces cris m'épuisaient. J'étais exténuée et le chemin devenait moins facile. Nous approchions des montagnes et le chemin devint rocailleur tandis que le soleil d' déclinait. Les caravanes s’arrêtèrent. Je ne pensais plus ni à l'elfe ni au gobelin mais à la sensation faim qui me tordait l'estomac.
D’ailleurs, le gobelin commença une conversation avec le jeune homme que j'avais vu plutôt, celui-ci, me dégoutta à sa simple réponse. Il dit que ce n'est pas judicieux d'être ami avec un gobelin pour notre destination mais se présente tout de même : Liwood. Drôle de nom.
Il fait presque noir et nous sommes éclairés par le feu de camps dressé près des caravanes. Zniitch me préoccupe. Comment peut il être rejeté ainsi par toutes personnes qu'il voit ? Les admis au convoi sont ils si peu ouvert d'esprit. Je m'avance vers lui, remarquant que je ne m'étais pas présentée.

«  Lison. »

Dis-je simplement en m'avançant. Je m'adossa à la caravanes derrière lui et sortit une de mes dagues pour m'amuser avec la lame. Geste stupide, mais drôlement agréable qui était devenue un automatisme. Les étoiles étaient apparurent et je levai la tête pour les admirer. Notre «  chef » que je ne considérais, d'ailleurs, absolument pas comme tel, nous distribua ce qu'il appela de la « nourriture », je souris. Cette vieille bouillie avait l'aire de tout, sauf mangeable, et je dévisageai mon bol si fort que ça en devint presque caricaturale.
Mais la faim, rattrapa ce dégoût et j'engloutis le contenu du récipient.

Alors que les caravanes s'arrêtaient et que le camp se levait, le jeune garçon avait répondu au gobelin, avec une hostilité qui semblait commune à tous ceux qui le côtoyaient, qu'il n'était guère judicieux de s'attacher à un gobelin : à cause de la mission qu'ils s’apprêtaient à entreprendre. Mais il lui sourit tout de même et se présenta sous le nom de Liwood.
( Zniitch a peut-être encore une chance ) Pensa alors le sekteg, ne perdant pas de vue l'objectif de cette conversation.

Il s'apprêtait donc à répondre à son interlocuteur, afin d'augmenter ses chances de se remplir le gosier au cours de ce periple. Mais une tierce personne l'en empêcha. Se dégageant de l'obscurité ambiante, une silhouette élancée s’avança : c'était la jeune humaine qui avait, plus tôt dans la journée, rompu la querelle entre le gobelin et l'elfe en élevant la voie et en criant haut et fort son agacement.
Un frisson parcourut Zniitch qui espérait de toutes ses forces que l'humaine ne venait pas remettre cette dispute sur le tapis et s'occuper personnellement de son cas.

Cependant, lorsqu'elle s'approcha à la lueur des torches, les petits yeux du gobelin comprirent qu'elle n'avait aucunement des intentions hostiles. Au contraire, même, elle avait l'air calme et posée.
Et en effet, elle fit quelques pas dans sa direction et, dans un geste de sympathie, se présenta à son tour. Lison. Puis elle continua sa route jusqu'au rebord de la caravane où elle s'adossa. Zniitch se demanda ce qui leur prenait à tous, de lui donner leur nom, avant de juger qu'il s'agissait sans doute d'un bon signe de confiance de leur part.

« Les deux humains connaissaient le nom de Zniitch mais Zniitch ne connaissait pas les leurs. Zniitch les en remercie. » Dit le gobelin en inclinant la tête à l'attention de chacun de ses deux interlocuteurs, une fois que le recruteur en armure soit brièvement passé parmi eux pour leur distribuer leur repas.
... Si seulement on pouvait appeler ça un repas ! Ce n'était pas tant l'allure de la nourriture qui le rebutait, mais plutôt la quantité de ce qu'on lui avait donné : une simple tranche de viande séchée accompagnée d'une miche de pain.
( Zniitch va devoir faire avec ... ) Concéda le gobelin en tournant discrètement le dos à ses camarades de route pour abaisser son masque et avaler d'une traite son maigre repas qui n'était pas sans saveurs pour autant !

C'est en se retournant qu'il vit que la jeune humaine en avait déjà fait de même, et qu'elle passait maintenant le temps en jouant avec la lame d'une gracieuse et fine dague qu'elle semblait avoir sortit de nulle part. Il appréciait assez bien cette attitude, qui semblait révéler une certaine affection pour l'arme, lui-même étant très attaché à son propre couteau de lancer.
Son estomac avait beau être d'une taille bien petite, Zniitch ressentait encore bel et bien de l’appétit. Aussi, s'approcha-t-il de jeune homme aux longs cheveux et qu'il lui adressa la parole, d'un ton curieux et intéressé.

« Zniitch est curieux. Qu'est ce que le garçon peut-il bien transporter dans sa caravane ? »

La suite du voyage fut plutôt silencieuse pour Sibelle qui profita de la marche pour errer dans ses pensées. Peu à peu, le soleil achevait sa course emportant avec lui la chaleur suffocante pour faire place à la fraîcheur du soir. Le convoi s’arrêta et les préparatifs pour le repas et la nuit étaient en cours. Active de nature, Sibelle qui appréciait la baisse de température envisageait mal rester là et attendre. Elle mit donc la main à la pâte et sans dire un mot, elle alla quérir des bouts de branches qui serviront à alimenter le feu.

Le soleil était à présent disparu à l’horizon, la seule lumière leur parvenait des torches et du feu de camp. Trouvant cette fois qu’il faisait un peu frisquet, Sibelle s’empara d’une roche de grosseur moyenne et alla la déposer près du feu. Tout en mâchonnant le morceau de viande séchée qui lui avait été offert lors des distributions des vivres, la rouquine observait le gobelin qui tentait de sympathiser avec le garçon de service et la jeune femme prénommée Lison. À tout réfléchir, elle en vint à la conclusion que ce petit avorton ressemblait davantage à Fenouil -un jeune gobelin naïf tout juste sorti de l’enfance qu’elle ne portait tout de même pas dans son cœur- qu’aux segteks qu’elle avait jadis combattus lors de campagne militaire.

Sa viande avalée, Sibelle renifla la belle grosse pomme rouge qu’elle tenait entre ses mains et en prit une grosse bouchée. Silencieuse, elle réfléchissait à la mission et d’innombrables questions l’envahissaient. Entre deux croquées, elle se décida finalement à interroger l’homme qui les avait recrutés. Elle parla suffisamment fort pour que tous l’entendent.

« Combien reste-t-il de temps pour se rendre au village qui a subi l’invasion gobeline ? Arriverons-nous à temps ? Quels sont les plans ? Quelle sera précisément notre mission ? »

Sans prendre son souffle, la guerrière avait défilé toutes ses questions d’une traite. Par l’enthousiasme dans sa voix, il était clair qu’elle était taillée pour le combat. Malgré son caractère de cochon, combattante fidèle et dévouée, la rouquine se battait toujours pour sa troupe, sans ménagement, mettant à profit la fougue qui l’habitait.

Lison et Zniitch :

"Enchanté Lison."

Le jeune garçon te lance un air enjôleur et reprend sa discussion avec le Gobellin

"Et bien messire, il y a des marchandises que mon père et moi convoyons moyennant finance pour le village d'Alkil. Dans les montagnes, la haut, c'est difficile de se fournir certaines choses, malgré la présence d'Amaranthe. Donc mon père et moi on fait ce travail passionnant, on marchande entre la cité blanche et les petits villages."

Le regard de Liwood se ferme, écrasé par la fatalité.

Sibelle : Le recruteur te regarde et éclate de rire, déployant sa barbe blonde et ses cheveux hirsutes.

"Je ne suis que votre chauffeur, en plus des habituelles outils et tissu, cette fois si on m'a demandé de ramener des mercenaires. Un mandat du seigneur d'Amaranthe pour aider le village, il se serait fait voler leur récolte par une troupe de gobelin se cachant dans les montagnes. Nous arriverons demain début d'après-midi. Vous verrez le reste avec le maire. "

Le garçon répondit au gobelin qu'ils transportaient, lui et son père, des marchandises depuis Kendra Kâr jusqu'aux villages des montagnes, où ces denrées se faisaient rares et difficiles à obtenir. ( L'homme blond serait donc le père du jeune garçon ? ) Déduisis Zniitch tout en se disant que ce jeune humain n'était en fin de compte pas si agressif qu'il ne l'avait cru en premier abord. Après réflexion, le gobelin le trouva même ouvert et assez sympathique.
Cependant, le ton sur lequel il parlait semblait faire ressortit de la lassitude et de la fatalité quand à leur activité. Et Zniitch ne put s'empêcher de tenter de le juger. ( Peut-être que le jeune garçon aspire à une autre vie ... ) L'amour ? L'aventure ? Le combat ? Ou simplement la stabilité et la sédentarité ? Au fond, Zniitch n'en avait que faire : cette caravane transportait des marchandises, des marchandises destinées à être amenées aux villages des montagnes, pas à être consommé en route. De plus, ce Liwood n'en était que le chauffeur. Zniitch se rendit donc à l'évidence qu'il n'y avait rien à en tirer, même si il appréciait ce gamin, et il passa à autre chose.

A quelques mètres à peine, l'elfe rousse et le grand homme blond en armure - qui devait donc être le père du jeune Liwood - étaient en pleine discussion quant au déroulement de leur proche mission. Zniitch n'en entendit pas tout mais il crut comprendre que les gobelins avaient volés les récoltes de l'un des villages et que les détails de leur rôle seront donné par le maire de ce village. Enfin, le convoi devrait arriver à destination l’après midi du lendemain.

Prenant bien garde à ce que personne ne voie son visage sans son masque, le gobelin termina de croquer une des juteuses pommes qui avait été distribuées avec leur repas et qui, il fallait l'avouer, été doté d'un excellent gout sucré et acide. Il jeta ensuite négligemment le trognon du fruit dans la nature et recracha un pépin, après quoi il alla rejoindre l'humaine qui s'était présentée sous le nom de Lison, toujours adossée à une caravane à jouer avec sa dague.
« C'est une belle arme que Lison tient en main. » Entama le gobelin en se postant à côté d'elle et en croisant les bras. Il voulait avoir fière allure ... Malgré la trentaine de centimètre de hauteur qui séparait leurs deux têtes.
« Zniitch aussi possède un couteau, depuis longtemps. Il y est très attaché ... » Continua-t-il donc, dégainant ladite arme de sa ceinture. Il s'agissait d'une arme très vieille, dont la courte lame d'un noir d’ébène était ébréchée à divers endroits malgré un aiguisage visiblement très soigneux. Elle possédait également un manche petit et fin, même pour la main d'un gobelin. On pourrait aisément reconnaitre un couteau de lancer.
« L'arme de Lison a-t-elle une valeur sentimentale à ses yeux ? » La questionna alors Zniitch en faisant jouer la lame entre ses mains griffues, à la manière de l’intéressée.

La question de Sibelle m'intéressa, j'attendis en gouttant aux pommes distribués, meilleures que le plat précédent. Elle avait demandé combien de temps restait-il à voyager, si nous arrivions a temps et d'autre question auquel je ne fis pas vraiment attention. Seul m'importait le jour de notre arrivée. Le «  chef » de notre convoie sembla prendre son temps pour répondre, l'elfe, elle, reprit son souffle. En effet elle avait fait défiler toutes ces questions d'une traite et sans prendre sa respiration. Sans m'y attendre, je sursaute aux éclats de rire de l'homme blond, qui nous explique les raisons pour lesquelles nous combattrons des gobelins. Nous arrivons demain. J'en suis soulagée, enfin une bonne nouvelle ! Mais une pensée vient à mon esprit, j'avais oublié ce que m'avait dit Galem : il m'avait parlé d'un trésor sont nous nous emparerons, m'avait il mentit ? Ou nous serons les deux seuls dans le coup ? Cela voudrait dire que nous agirons dans le dos de nos camarades ?

Le jeune conducteur d'une des caravane me répond. J'avais totalement oublié que je m'étais présentée à lui. Il me présenta un sourire mielleux et répondit à Zniitch. Je ne savais pas de quelle question provenait cette réponse mais elle m'apprit qu'il n'y avait que des vivres dans la caravane. Il présente son travail dit « passionnant » son regard voilé par la fatalité. N'a t-il jamais voulu faire autre chose de sa vie que voyager entre deux cités ?

Je suis interrompu dans mes pensée par le gobelin qui me montra son couteau de lancé. Très bien entretenu, on pouvais voir à la lame qu'il suffirait d'un effleurement pour se trancher le doigt dessus. Son manche si fin, était magnifique. Ma simple dague, quoi que fine et sculpté, ne faisait pas le poids à côté.
Il me demanda si mon arme avait une valeur sentimentale pour moi. J'hésite. Quoi lui répondre ? Cela reviendrait à dévoiler mon périple pour arriver ici, dans ce convoi à la recherche d'un trésor. Mais je me ravise, il n'y a aucun dangers à lui révéler une partie de mon histoire après tout. Je jettai le trognon de pomme et saisit ma seconde dague de ma nouvelle main libre. Les motifs de la première continuent sur la deuxième créant un merveilleux accord.

«  Ce ne sont point mes dagues, mais la personne à qui elle appartiennent m'était chère. »

Je lui sourit, mais ma conscience me rattrapa. Je ne serai pas capable de le trahir, lui, ainsi que Sibelle et tout ceux du convoi. Je rangeai mes armes, et me précipitai vers la caravane dans laquelle dors profondément Galem.
C'était bien un voleur ! Près à tout pour se faire de l'argent, et l'idée que je soit comme lui me rendit malade. Je m'approche de son oreille, et espérant qu'il ne dorme pas trop profondément pour m'entendre :

«  J'espère que nous n'avez pas prévu de voler ce trésor et de laisser le convoi en plan juste après ? »

J'avais saisis son petit jeu, et ayant peut qu'il ne le prenne mal, je sortis une de mes dague.

Ce que la guerrière rousse ne tolérait sous aucun prétexte, c’était bien de se faire ridiculiser. Ainsi il est facile d’imaginer que la moutarde lui monta rapidement au nez lorsque ledit recruteur ria de bon cœur alors qu’elle s’intéressait le plus sérieusement du monde à la mission pour laquelle elle venait de se faire embaucher. Les sourcils froncés, la lèvre supérieure retroussée, la main droite sur le pommeau de son épée, Sibelle s’apprêtait à réagir violemment lorsque l’homme expliqua sa soudaine hilarité.

Heureusement pour le marchand, ses explications calmèrent la dame en colère qui peu à peu reprenait son calme. Celui qu’elle croyait leur chef de troupe n’était en fait qu’un commerçant qui avait été chargé par une autorité supérieure d’engager des mercenaires pour venir en aide aux habitants d'un petit village qui avaient subi les assauts d’une troupe de voleurs à la peau verte.

Puisque la nuit avait désormais pris possession des lieux et que le recruteur n’avait plus d’informations à lui donner, Sibelle jugea qu’il était temps pour elle de se coucher. Indépendante de nature elle se dirigea vers la charrette de ravitaillement passant à côté de Lison et du petit gobelin. Puisque ces derniers semblaient en pleine discussion, elle ne les interrompit point se contentant de leur faire un petit signe de tête. La rouquine fouilla ensuite dans la caravane et s’empara d’une chaude couverture qu’elle étendit près du feu. Après s’être installée à son aise, elle s’adressa une dernière fois à l’ensemble de ses compagnons avant de fermer l’œil.

« Si vous songez à faire des tours de garde, je prendrai le dernier. »

Sur ce, elle se tourna sur le côté et ferma les yeux.