Il était environ midi lorsque j'avais franchi les portes de la ville de Kendra Kâr y laissant mon amour.

"J'espère qu'il ne se fera pas trop de soucis pour moi mais le connaissant, c'est mission impossible."

Je me souvins de la fois où il m'avait rattrapé sur la route entre la cité kendranne et Lùinwë et c'était lors de ce voyage que j'avais rêvé de mon père pour la première fois.

Cela faisait maintenant plus d'une demi-heure que je marchais et je n'avais croisé personne mis à part des marchands. Ils étaient présents à profusion et cela allait être pratique si jamais une faim ou une soif soudaine me prenait. J'avais volontairement accéléré l'allure pour éviter de me faire rattraper par Amhalak mais j'avais raté mon coup.

"Saly ! Eh Saly ! Attends moi je t'en prie !"

Je me retournai volontairement car je ne voulais pas affronter son regard.

"Tu ne veux pas me voir ?

Amhalak, je..., lui dis-je en étouffant un sanglot. Je dois partir mais je dois y aller seule. Tu ne peux pas venir avec moi...

Oui je sais, mais pourquoi ne veux-tu pas me dire au revoir ?

Parce que c'est trop douloureux ! lui criai-je en me retournant les yeux baignés de larmes. Je viens à peine de te retrouver alors que tu m'as tellement manqué..."

Je ne pus continuer ma phrase. Les pleurs avaient pris le dessus et rien ne semblait vouloir les arrêter. Amhalak s'approcha de moi et me prit dans ses bras tendres. Vivement, je me dégageai.

"Ne rends pas les choses plus difficiles, je t'en prie...

Je vois..., dit-il avec une expression de douleur passant furtivement sur son visage. Tiens, Blanche m'a chargé de te donner ceci, tu es partie trop vite..."

Il me tendit une paire de botte que je mis immédiatement. Je me retournai, fis quelques pas avant de courir pour aller me blottir dans ses bras. Il m'accueillit avec amour et l'on s'embrassa passionnément. Je l'aimais tellement, comment imaginer ma vie sans lui.

"Une fois de plus tu vas me manquer mon amour, mais concentre toi sur le fait qu'une fois que tout cela sera fini, se sera nous deux avant tout !

Tu me le promets ?

Bien sûr et ai-je déjà failli à une promesse ?

Non. Oh ! Je t'aime tellement.

Je t'aime aussi, comme un fou. Maintenant sauve toi ! Plus vite tu seras partie, plus vite tu seras revenue ! me dit-il avec un sourire remplit de compréhension et d'amour.

Oui, je file."

Après un dernier baiser, il s'en retourna à la cité et je repris ma route. Elle était plate et très agréable. Les marchands étaient toujours aussi nombreux et certains étaient même très aimables. Je marchais ainsi tout l'après midi, alternant les moments de motivation et les moments d’abattement à pleurer. Au moment où la nuit commençait à tomber je trouvais que l'endroit devenait de moins en moins sûr et je n'aimais pas ça.

Je vis alors une masse de gens regroupés. Je me dirigeai donc vers un groupe de marchands qui s'étaient rassemblés pour la nuit. Ils soupaient dans la bonne humeur et le vin coulait à flot. J'interpellai celui qui me semblait être le chef de cette petite réunion.

"Que peut-on pour vous belle demoiselle ?

Je voulais savoir si je pouvais me joindre à vous. J'avoue ne pas être rassurée.

Et il y a de quoi, il y a beaucoup de voleurs par ici. C'pour ça que l'on se met en groupe, comme ça on peut effectuer des tours de garde.

Je sais me défendre, je pourrai prendre un tour si cela est utile.

Merci de votre aide, ça fait plaisir ! Mais vous pouvez vous joindre à nous sans monter la garde. Vous avez l'air épuisée. Tenez !"

Il me tendit une assiette et m'invita à m'assoir parmi le groupe. Je m'exécutai puis la nuit tomba rapidement et tout le monde se coucha. Je m'étendis au milieu des autres mais il me fut incapable de fermer l'oeil de la nuit.

Le jour commençait à se lever sur le petit groupe que je formais avec les marchands. Toute la nuit ils s'étaient passés le mot pour monter la garde et nous protéger des malfrats qui auraient voulu nous voler. J'avais un peu parlé avec l'homme qui m'avait autorisé de m'installer avec eux. Il m'avait appris que bon nombres des siens avaient été blessés ou même pire durant leurs trajets entre la cité kendranne et les Duchés. Cela eut pour effet, bizarement, de me booster. Si je me faisais attaquer par des brigands, je pourrai tester ce que j'avais appris aux côtés d'Yrahùm. Le sort d'Amhalak ne me serait d'aucune utilité.

Une heure après le lever du soleil, je remerciai les marchands et pris congé afin de poursuivre ma route car seule j'irai plus vite. Je ne voulais pas m'encombrer l'esprit avec des problèmes inutiles, j'en avais bien assez à gérer comme ça ! Je partis à allure raisonnable en accélérant parfois un peu le pas, puis ralentissant pour me ménager. J'avais quitté le Temple si rapidement que je me sentais encore fragile et cette nuit n'avait pas été propice au repos.

Après trois heures de marche, je remarquai que les marchands se faisaient de plus en plus rare et cela n'annonçait rien de bon. Plus je m'avançais sur cette route, plus le risque de rencontrer des voleurs était grand. Prudence était donc de mise. Avant qu'il n'y ait une totale pénurie de marchands, je décidai de m'acheter de quoi manger. Je m'adressai alors à un marchand qui s'était arrêté pour nourrir son cheval.

"Excusez-moi monsieur. Me serait-il possible de vous acheter quelques denrées alimentaires et de l'eau pour remplir ma gourde ?

Mais tout à fait ! Ce sera avec plaisir. Que désirez-vous ?"

Je pris un savant mélange de fruits, de pain et même un peu de viande que je pourrai me faire cuire ce soir auprès d'un bon feu. Le marchand me remplit ma gourde à ras bord et me donna son prix. Je réglai ce que je devais puis je me remis en marche. Le soleil était brûlant et avoir demandé de remplir ma gourde n'allait pas être un luxe si je voulais arriver saine et sauve dans les Duchés pour rencontrer Pourpre.

Je me demandais bien à quoi il pouvait ressembler. Je n'avais jamais vu de Sindel avant, il allait être le premier.

"J'espère qu'il aura plus de goût qu'Ocre parce que sinon, ça va être une catastrophe..."

Non, le mieux serait qu'il soit quelqu'un de gentil et qui soutient les gens, qui les encourange et non pas l'inverse, comme savait si bien le faire la peau blanche.

"Je me demande bien ce qu'elle peut faire d'ailleurs ? Bah, peu m'importe !"

Vers midi je sortis un fruit et le mangeai tout en continuant de marcher. La route était longue bien qu'agréable de par sa platitude. Tout le reste de cette première journée de voyage se déroula sans accro et tranquillement. Mais lorsque la nuit commança à tomber, des visages pas très sympathiques commencèrent à apparaître. Une fois de plus je n'allais pas dormir cette nuit ou très peu.

L'obscurité était presque totale, je décidai donc de m'arrêter et de monter un petit campement. J'allai chercher du bois, des brindilles car l'herbe était plutôt sèche et quelques pierres pour bien entourer le feu et je réussis, pour la première fois de ma vie, à allumer le feu à force de frotter deux pierre l'un contre l'autre. Je fis cuire un morceau de viande et me restaurais en savourant mon repas.

"J'espère que demain se passera aussi bien qu'aujourd'hui..."

Ce qui était mal parti au vu des gens qui traînaient à présent sur le chemin.

"Enfin, à chaque jour suffit sa peine, tu ne vas pas dormir et puis tu sais te défendre donc, rassures-toi ma grande !"

C'est ce que j'avais de mieux à faire. La nuit s'annonçait longue et ennuyeuse.

Je me réveillai en sursaut. Je m'étais assoupie, erreur qui aurait pu m'être fatale. Le jour commençait tout juste à se lever et le feu que j'avais fait était mort. Le viande avait été excellente et m'avait permis de bien me restaurer. Je me sentais en forme malgré le manque de sommeil. Je partis donc de bonne heure car ne dépendant de personne, j'avais tout le loisir de choisir mes horaires de voyage.

Je partis tranquillement, je décidai que j'accélérerai l'allure une fois que le jour serait totalement levé. Quelques marchands avaient pris la même décision que moi. Même s'ils étaient de plus en plus rare, certains s'accrochaient à finir leur voyage et d'autres semblaient soulagés de quitter les montagnes pour s'en retourner vers la sécurité qu'offrait Kendra Kâr.

Je regardais les montagnes qui se dressaient au loin et les percevaient comme j'avais perçu Tulorim : un endroit hostile. Un milieu qui m'était inconnu et que je n'apprécierai guère. Quoi qu'il en soit, il me fallait continuer à avancer. Je ne pouvais pas me permettre d'avoir peur et de me retourner. Pourpre avait besoin d'aide, certes pas immédiatement, mais tôt ou tard il lui en faudrait.

Au détour d'un chemin un spectacle s'offrit à moi. Un marchand qui ne s'était pas réveillé à temps, était attaqué par des voleurs. Ils étaient deux et tandis que l'un menaçait le pauvre marchand, l'autre se chargeait de s'emparer des provisions. Ce fut instantané dans mon esprit, il fallait que je fasse quelque chose ! Mais comment m'y prendre ?

Je me cachai derrière un arbre afin d'observer la scène. Si je continuais sur la route je me trouverais dans le champs de vision des deux agresseurs. Ce qu'il me fallait, c'était les surprendre, passer par derrière. Je rebroussai donc chemin et lorsque j'estimais que je me trouvais assez loin d'eux, je traversai la route afin de me retrouver du même côté que le petit groupe. Je remontai en me servant des arbres pour me cacher si cela était nécessaire. Je fus choquée de constater que certains marchands qui passaient par là, accéléraient subitement l'allure pour prendre la fuite.

"Aucune solidarité ! C'est charmant..."

Je me concentrai à présent sur le moyen le plus efficace de les surprendre. Je pouvais passer devant le cheval de la charrette du marchand mais avec la peur, il pouvait trahir ma présence pensant que j'étais un nouvel agresseur. Il valait mieux qu'il ne me voit pas. Je remarquais que le soleil levant éclairait la carriole du marchand de telle sorte que tous les acteurs de cette scène se trouvaient dans l'ombre de cette dernière. Je m'avançai plus près tout en restant derrière les arbres. Un fois à la bonne hauteur, je me concentrais pour reproduire l'effet que j'avais obtenu au Purgatoire. Je sentis le sort faire effet et me glissai dans l'ombre de la charrette.

"Eh ! Ça te dis que l'on prenne ce machin ?

Prends tout ce que tu peux triple idiot !"

Celui qui était près de la charrette se détourna et fis une tête étrange. Visiblement l'entente entre ces deux brigands n'était pas au beau fixe. Je pourrai peut être me servir de ce point faible. Je me collai sur l'un des côtés de la charrue et attendis de voir ce qui allait se passer. Je sortis ma dague prête à la planter dans la jambe de celui qui se trouvait non loin de moi. Je progressai lentement pour ne pas risquer de me faire découvrir. Quand je fus à son niveau, je plantai de toutes mes forces ma dague et ce jusqu'à la garde dans la cuisse du voleur. Il poussa un cri qui me déchira les oreilles, me fit perdre l'équilibre et je me retrouvai en plein soleil, à la vue de tous. Le premier homme tomba à genou et le deuxième me lança un regard noir, quant au pauvre marchand il sembla ne rien comprendre à ce qui venait de se passer.

"Espèce de sale elfe puante !

Originale comme insulte !"

Il fondit sur moi avec rapidité. Au moment où il arriva, je m'allongeai quasiment à plat ventre et avec la vitesse il se prit les pieds sur le côté de mon corps et vacilla mais ne tomba pas pour autant. Je me relevai pour lui faire face. De nouveau il courut vers moi, arme sortit, prêt à m’empaler. Je vis sur ma droite la barre de bois qui servait à fermer la porte arrière de la carriole du marchand. Je la saisis pour parer le coup d'épée qui fit une profonde entaille dans le bois. Alors que l'épée était coincée, je lui donnai un coup de pied violent dans le bas ventre le forçant à tomber à genou pour apaiser la douleur. Je lui envoyai le morceau de bois en plein visage et entendis un craquement. Je venais sans doute de lui casser le nez et cette pensée fut confirmée lorsqu'une fontaine de sang jaillit de ses narines. Je courus me placer derrière lui, lui tirai les cheveux, sortis ma dague et sans la moindre hésitation, lui tranchai la gorge et le corps retomba inerte sur le sol.

"Elle n'a pas tort Oryash ! L'odeur du sang est plutôt agréable."

Puis me tournant vers le deuxième homme qui avait assisté impuissant à la mort de son partenaire:

"À nous deux mon cher ! 

Pitié ! Ne me faites rien je... Je vais partir..."

Je m'approchai de lui et plaçai la pointe de mon arme sur sa gorge.

"D'abord, tu remets tout ce que tu as pris et vite ! ordonnais-je en pressant un peu plus la lame.

D'accord, d'accord !"

Il s’exécuta en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

"Bien ! Et maintenant je veux que tu t'en ailles et surtout n'oublis pas le corps de ton ami !

Mais avec ma jambe je...

Je ne veux rien savoir ! Voleur de pacotille !" hurlais-je en enfonçant d'avantage la dague.

Paniqué, il se releva rapidement, prit le corps sans vie de son ami sur ses épaules et s'éloigna en boitant. À plusieurs reprises il chancela et tomba mais il ne se retourna pas et continua sa route. Le feu de l'action m'avait maintenu dans un état proche de la folie mais après quelques minutes je réalisai ce qui venait de se passer et sentis une douleur lancinante au bras. Ma blessure s'était réouverte sous l'effort fourni. Je me mis à trembler de tout mon corps et fus prise de frissons. Ce fut à mon tour de tomber et je m'évanouis.

Lorsque je repris conscience, je me sentis ballotée. J'étais en position assise et devant moi un cheval avançait tranquillement. Je regardais à mes côtés et le marchand que j'avais aidé se trouvait là. Comment avait-il réussi à me positionner près de lui et pourquoi avait-il fait ça ?

"Vous êtes revenus à vous ?

Oui... Oui enfin je crois. Où suis-je ?

Vous êtes en route vers les Duchés. Je dois m'y rendre pour vendre ma marchandise. Je vous serais éternellement reconnaissant."

J'avais encore l'esprit embrouillé et je ne me souvenais guère de ce qui s'était passé. Soudain je réalisai que la douleur au niveau de mon bras avait disparu.

"Je vous ai mis un bandage. Ce n'est que provisoire mais ça fera l'affaire jusqu'à ce que vous soyez arrivée à bon port.

Je vous remercie...

C'était le moins que je pouvais faire.

Je suis restée inconsciente longtemps ?

Presque toute la journée. Regardez, le soleil va se coucher."

En effet, derrière les montagnes le soleil avait commencé à décliner. Il allait être temps que je me trouve un endroit pour passer la nuit en espérant ne pas faire de nouvelles rencontres comme celle de la matinée.

"Je vous remercie encore de m'avoir mené jusque là, je ne vais pas vous déranger plus longtemps et continuer ma route.

Attendez ! Je serais plus rassuré si l'on restait ensemble pour cette nuit...

Je comprends mais je suis pressée je dois absolument trouver quelqu'un ou plutôt un clan et je ne veux pas vous mettre en danger...

Un clan ? J'en connais pas mal de nom, le coin m'est familier. De quel clan s'agit-il ?

Le Clan des Roses.

J'en ai vaguement entendu parler mais très peu. je vous conseille d'allez au village d'Akinos, des gens seront peut être plus en mesure de vous indiquer l'endroit où vous pourrez les trouver.

Akinos ? Très bien, je vous remercie vraiment !

Mais nous pouvons quand même passer la nuit sur le même campement. J'ai des provisions, cela vous évitera de gaspiller les vôtres et demain matin nos chemins se sépareront. Je dois attendre par ici pour livrer, avec ma monture je ne peux pas aller plus loin.

D'accord. Vous avez raison, se sera mieux à deux.

Ravi de vous l'entendre dire !"

Il arrêta l'attelage et nous descendîmes pour monter le camps. Il me prépara un repas savoureux qui me fit le plus grand bien et l'on finit par convenir de tours de garde. Il prit le premier et de mon côté je m'endormis comme une souche. Un sommeil sans rêve et calme. Au milieu de la nuit nous inversâmes les rôles et une dernière fois avant le lever du soleil. Au moins cette nuit avait été plus reposante que les précédentes.

Alors que vous essayez tant bien que mal de ne pas vous blesser dans cette partie escarpée de la route, vous tombez sur un petit groupe de personne qui semble en grande discussion. Autour d’eux, vous pouvez voir des chevaux ainsi que des charrettes pleines de marchandises. En vous approchant, vous remarquez qu’ils sont habillés de la même manière et regardent avec insistance en contrebas. Vous voyant arriver, l’un d’entre eux accoure vers vous.

- S’il-vous-plait, aidez-nous, un de mes frères vient de glisser de son cheval et il est tombé plus bas. Nous ne savons pas quoi faire pour le récupérer. Nous avons vu un sentier plus loin, mais la route est trop escarpée pour que nous passions. Je vous en prie, aidez-nous !

Alors que tu suis prudemment le nuage de poussière, tu entends des bruits de pierre qui tombent de la paroi. Tu arrives à esquiver facilement ces dernières et continue d’avancer. Néanmoins, ton compagnon n’a pas cette chance car il reçoit une pierre sur la tête et se retrouve à moitié assommé. Titubant et en partie hébété, il chemine sur le sentier d’un pas peu assuré. Quelques secondes plus tard, vous arrivez tous les deux à l’endroit ou se trouve le frère que vous cherchez.

- « Isham… Grand frère… Est-ce… c’est toi ? »

Au premier coup d’œil, tu te rends compte que le pauvre bougre est mal en point et qu’une de ses jambes est cassée.

Jet d’équilibre de Thalo : Réussite de justesse

Vous voilà donc remontant ce sinueux sentier pour rejoindre le petit groupe d’hommes. Etant encore sous le coup de la pierre qui lui étai tombée sur la caboche, Thalo évite de justesse la chute, le poids d’Isham n’aidant pas pour qu’il trouve son équilibre. La route du retour est légèrement plus longue que l’aller à cause du fardeau de monsieur.

Une fois arrivée au bout de cet escarpement rocheux, le petit groupe vous saute littéralement dessus pour récupérer son petit protégé blessé. Le frère qui vous avez demandé votre aide vous prends à part, vous prend dans ses bras puis vous serre la main

- Merci beaucoup pour votre aide. Nous ne savons pas ce qui serait arrivé si vous n’étiez pas passé sur cette route. Votre venue fut providentielle pour nous. Nous n’avons pas grand-chose à vous offrir en dédommagement car les marchandises que nous transportons ne nous appartiennent pas. Je ne peux que vous offrir ma gratitude éternel ainsi que celle de tous mes frères ici présent.

En disant cela il désigna la petite troupe agglutiné autour de ce pauvre garçon qui avait bien besoin de voir un médecin.

Le petit groupe sembla réfléchir à la proposition de Thalo. Ils formèrent un petit cercle autour de leurs blessés et entamèrent la discussion alors que vous-même argumentiez avec l’armure. Au bout de quelques secondes, la personne qui s’était adressé à vous depuis le début s’en vint de votre côté.

- « Si votre proposition d’escorte tient toujours nous acceptons mais nous n’avons rien à vous offrir en dédommagement, juste de l’eau et de la nourriture. »

Il vous toisa tous les deux du regard, cherchant une réponse dans vos prunelles. Puis, il fit une sorte de révérence devant vous en s’inclinant bien bas.

- « Il faut également que je m’excuse, du moins que j’excuse mon plus petit frère. »

Joignant le geste à la parole, il désigna le plus petit des marchands. Se relevant, il chercha à déceler de la colère dans votre regard.

- « Il est à l’origine de la chute de pierre qui a failli vous tuer tout à l’heure… »

Une délicieuse odeur flottait autour de moi lorsque je me réveillais. Le marchand, dont j'ignorais toujours le nom, était en train de préparer un petit repas. Le soleil commençait tout juste à se lever et pour une fois je pris mon temps pour me lever afin de ne pas être prise de vertiges. Une fois debout j'allai aider mon bienfaiteur.

"Bonjour.

Bonjour charmante demoiselle. D'ailleurs vous vous nommez... ?

Salymïa. Et vous-même ?

Umary pour vous servir.

Ne soyez pas si cérémonieux voyons ! Ce que j'ai fait hier était naturel.

Vous ne vous rendez pas compte de votre geste. Sur cette route on se fait attaquer sans que personne ne lève le petit doigt pour nous aider...

Oui, j'ai pu le constater hier.

Allez ! Ne parlons plus de sujet qui fâchent et mangeons !"

Nous nous installâmes pour nous restaurer. Je mangeai rapidement et me levai quasi instantanément. Il me fallait partir car l’ascension qui m'attendait, allait me demander beaucoup d'efforts si je voulais arriver avant la tomber de la nuit dans l'un des nombreux villages des Duchés.

"Je suis désolée de vous laisser si vite Umary, mais je dois absolument y aller.

Je comprends parfaitement mais avant de partir j'aimerai vous donner..."

Il alla à sa carriole et en sortit une magnifique cape. Elle était verte avec dans le dos une grande rose brodée qui semblait briller au soleil.

"C'est une cape elfique sue je souhaite vous offrir... De plus elle convient bien à votre but.

Umary c'est trop enfin ! Comment vous rendre la pareille...

Mais vous l'avez déjà fait hier ! En me sauvant la vie et en sauvant mes marchandises. Prenez et ne discutez pas !"

Avec un timide sourire, j'enfilais la cape et embrassais le vieil homme.

"Merci pour tout ! J'espère vous revoir un jour.

À bientôt, Dame Salymïa."

Je m'éloignais avec une vive émotion au cœur. J'avais eu de la chance dans ma mauvaise rencontre avec ces voleurs. La compagnie d'Umary allait me manquer mais le plus dur me restait à faire. Le chemin commençait à monter et les gravillons se faisaient du plus en plus nombreux. La cape que venait de m'offrir Umary était la bienvenue. Un vent froid et pénétrant soufflait avec régularité amenant même parfois quelques goûtes de pluie.

"Décidemment ! Ce n'est vraiment pas le moment que le soleil se cache..."

Je fulminais mais cela ne changeait pas les choses. Et ça me mit même dans une situation délicate. Je donnai un coup de pied dans un petit cailloux et ce dernier alla se perdre dans la forêt où il heurta quelque chose. Je n'y prêtais pas attention jusqu'à ce qu'un énorme loup, cros sortis, se mette en travers de mon chemin. Prise d'une peur panique je m'agenouillai.

Le loup grognait et se mit en position d'attaque. Discrètement je sortis ma dague même si ma petite arme ne suffirait pas à venir à bout de l'animal. Il se cambra, se mit à courir vers moi et amorça un saut. Je me recroquevillai sur moi même pour tenter de le frapper par derrière. Il passa au dessus de moi et je sentis ses poils frôler ma tête. Je me retournai prête à frapper et c'est là que je réalisai que ce n'était pas moi que le loup visait. Il était en chasse et après avoir attrapé sa proie il disparut de nouveau dans les bois.

Je mis quelques minutes à me remettre de mes émotions. Après avoir repris mes esprit, je me remis en route. Aucun autre désagrément ne vint troubler la fin de mon voyage. Comme prévu la montée fut éprouvante et alors que le soleil commençait à décliner, j'arrivais enfin au terme de mon périple. Après avoir hésité à me rendre directement à Akinos, je décidai finalement d'y aller et de me poser dans une bonne auberge où je pourrai dormir dans un bon lit.

"...après se sera tout pour toi et moi..."

Je me concentrais sur cette pensée et sur Amhalak. Je le retrouverais un jour, bientôt et tout les deux, nous pourrions avoir la vie que nous souhaitions avoir. Une fois au village d'Akinos, je me dirigeais vers l'unique auberge.