Tout au long de la route j'étais restée inconsciente. Mon chevalier servant me portait vers une destination dont j'ignorais tout. Pendant mon inconscience, je revis mon père. Les moments que l'on avait partagé, où il m'avait appris des choses, son entêtement à vouloir me former comme guerriere. Si il n'était pas mort prématurément, j'aurais certainement suivit cette voie pour être avec lui et Yrahùm sur les champs de bataille.

Si mon père avaut eu l'occasion de rester avec moi, je serais sans doute plus endurcie aujourd'hui. Je ne serais pas devenue cette petite créature fragile et qui a peur de tout. J'aurais été plus comme Oryash et j'aurais réussi sans faille la mission que le cornu m'avait confié à Tulorim. Mon inconscient se mit alors à dériver et je me voyais, enfant, assise sur les genoux de mon père. Il parlait.

"Tu seras quelqu'un de formidable ma petite Saly et je sais que si il venait à m'arriver quelque chose un jour, tu vengeras mon honneur en temps voulu.

Que veux-tu dire papa ? Pour t'arriverait-il quelque chose ?

Pour rien, mais le monde est un endroit incertain, tout est éphémère, même moi."

Au fur et à mesure de la conversation, je vis que mon père commençait à saigner. Et bientôt l'image ensanglantée de mon père avec une lance dans la poitrine m'apparut. La petite fille que j'avais été n'était plus là et il me regardait.

"Je savais que tu ne me déceverais pas ma fille.

Père...

Je suis fière de ce que tu es devenue. Une belle elfe à la personnalité troublante. De là où je suis, j'ai foi en toi et je sais que tu parviendras à obtenir le courage et la force que tu désires tant. Tu as déjà tellement évoluée ma princesse..."

Il caressa ma joue et je me sentis frémir. Je savais que tout cela était irréel, que mon esprit me jouait des tours mais j'aurais tant aimé que se soit la réalité. Je commençais peu à peu à revenir à la réalité alors que l'image de mon père s'éloignait. Je sentais que j'étais dans un bâtiment mais lequel je l'ignorais.

J'ouvrais doucement les yeux pour regarder autour de moi. Je ne vis que du rouge avant de sombrer de nouveau. Je percevais des voix, des gens s'occupaient de moi mais comme toujours je n'arrivais pas à savoir où je me trouvais.

"...Blanche..."

Je connaissais ce nom et cette voix qui me parvenaient dans un chuchotement. Après je ne sais combien de temps, mon esprit commença à revenir et la douleur dans mon bras m'élança. Je devais me trouver au Temple des Plaisirs, c'était sans doute là qu'Amhalak m'avait conduite. Une fois de plus mes yeux s'ouvrirent pour laisser couler des larmes. Les visages étaient encore flou autour de moi et je réussis à murmurer une seule pensée.

"Merci père..."

Je reconnus alors les lieux. J'étais bien au Temple, en sécurité.

J'étais à présent totalement consciente. On m'a délicatement allongée sur l'une des couches du Temple, mais pour plus de discrétion, je me trouvais dans l'une des alcôves que je trouvais si romantiques. Avec l'une de mes mains, je me mis à chercher celle d'Amhalak mais je ne la trouvais pas. C'est alors que je remarquais que l'on me caressait doucement les cheveux. Je tournai vivement la tête pensant voir mon elfe, mais j'eus une tout autre vision et pas des plus désagréables. Pulinn se trouvait à mes côtés.

Toujours très attentionnée envers ses protégés, elle souhaita savoir si tout allait bien et surtout si mon voyage dans la ville de Tulorim avait porté ses fruits. Je me redressais doucement car j'avais un mal de tête impressionnant. J'avais la sensation que l'on tambourinait dans ma tête, c'était très désagréable.

"Je suis heureuse de vous revoir, même si j'aurais préféré arrivé dans un autre état... J'ai trop demandé d'efforts à mon corps... Excusez-moi mais, auriez vous de l'eau ? J'ai la gorge complètement asséchée."

J'étais encore entre deux monde et j'avais du mal à rassembler mes pensées. Je voulais qu'Amhalak soit à mes côtés mais vu la question de Pulinn à propos de Tulorim, elle avait du prié l'amour de ma vie d'allait faire un tour. J'espérais en mon fort intérieur qu'il serait retourné aux baraquements prévenir Yrahùm que j'allais bien. La douleur dans mon bras s'appaisaît et je reprenais de plus en plus mes esprits.

"Tout s'est bien passé. La personne vers laquelle vous m'avez envoyé m'a fait part de la suite. Je suis prête à me mettre au service de l'individu que nous devons aider. D'ailleurs, j'aimerais faire sa connaissance, où puis-je le trouver ? Quoi qu'il en soit vous pouvez compter sur ma discrétion."

Je fis une pause car une fois de plus je voulais en faire trop. J'attendais donc mon verre d'eau et le complément d'information que Pulinn pourrait m'apporter.

La sublime gardienne du Temple des Plaisirs claqua des doigts suite à ma demande d'eau. L'un des gardes que je n'avais pas vu jusqu'alors, se précipita pour remplir la têche que venait de lui confier l 'elfe sublime. Elle m'écouta avec attention et je réalisais que je ne lui avait pas préciser qu'Amhalak n'était au courant de rien. En y repensant, je ne lui avais quasiment rien dit. À peine eus-je fini de parler que l'homme qui était partit me quérir de l'eau, revint avec une cruche pleine posée sur un plateau en argent accompagnée d'un verre taillé dans un cristal extrêment pur et d'une beauté à couper le souffle. Je l'aurais bien emmené avec moi si j'avais une famille et une maison pour le garder.

Celle qui était à mes côtés s'empara immédiatement de la cruche pour me servir un grand verre d'eau. Je regardais pendant quelques secondes l'eau à travers le fin cristal du verre. C'était un de mes vieux travers de petite elfe, j'adorais faire ça lorsque j'étais plus jeune ce qui amusait mon père et exaspérait ma mère. Ma mère... Je revins brutalement à la réalité, au Temple j'avais tendance à oublier le monde. C'est alors que Pulinn prit la parole.

Le jeune Sindel que nous allions devoir aider répondait au nom de Pourpre pour plus de discrétion. Visiblement il se trouvait toujours dans les Duchées des Montagnes mais il serait bientôt de retour selon les sources de la Gardienne. Peut être pouvais-je plutôt l'attendre à Kendra Kâr ? Non ! J'avais besoin de bouger et comme si elle lisait dans mes pensées, elle me dit que je pouvait m'y rendre pour faire au plus vite sa connaissance. Elle afficha alors un sourire badin et un regard libertin qui en disait long sur ce à quoi elle pouvait penser. Je me mis à rougir. Était-elle au courant de mon aventure maritime avec le séduisant capitaine Logan ? Oh non ! Si tel était le cas, il me fallait un petit trou de souris pour me cacher.

J'écoutais Pulinn qui venait de reprendre la parole pour m'informer que Pourpre était à la recherche d'un groupe appelé le Clan des Roses qui se trouvait en retrait d'un village appelait Akinos. Ce nom me disait quelque chose mais je n'arrivais pas à me souvenir où je l'avais déjà entendu. Je compris que je devais me hâter si je voulais le rencontrer là bas. Et bien soit ! J'allais me hâter. Elle reposa la cruche et moi je posai le verre à mes côtés. Et mes craintes précédentes ce confirmèrent. Elle avait été mise au courant de mes agissements à Tulorim. J'eus un sourire mauvais.

"Mes agissements ! Tu parles... Je n'ai rien fait, Oryash à tout fait toute seule et moi je suis restée là plantée comme une idiote... Je..."

Je préférais garder mes pensées pour moi. Pulinn me précisa qu'elle ne savait pas encore où se rendait l'homme que nous recherchions. Ce rat savait bien garder ses secrets !

"Je vais rejoindre Poupre immédiatement, il faut que je bouge. Ne vous en faites pas, on aura ce rat et vous savez au combien je veux que Pourpre lui fasse la peau !"

J'eus une pensée pour Amhalak. Il ne fallait pas que je le revois sinon j'allais faillir à la mission. Je le reverrais quand tout sera terminé mais il m'accompagnerait quand même puisque je le porterais dans mon cœur.

"Pourriez-vous dire à Amhalak que je regrette de ne pouvoir lui dire au revoir mais il me faut partir. Dites lui que je penserais à lui à chaques instants et que l'on se reverra le jour de mon retour lorsque l'homme en question ne respirera plus. Merci pour tout."

Je me pressai de rassembler mes affaires, sans laisser le temps à Pulinn de me dire si elle donnerait suite à ma requête mais dans le cas où elle ne le ferait pas, ce n'était pas si important. Amhalak savait combien je l'aimais, il ne m'en tiendrait pas rigueur et dans le pire des cas je lui demanderais pardon mais il savait combien tout cela me tenait à cœur. Je jetai un dernier regard et quittai le Temple.