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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Dim 24 Oct 2010 15:23 
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Au bout d'un long moment Aglaeka me fit signe qu'elle était satisfaite, même s'il restait beaucoup à travailler. Nous nous installâmes donc pour la nuit, à la belle étoile cette fois-ci, et elle eut la gentillesse de me proposer le second tour de garde. Je la remerciai, ne mettant effectivement pas longtemps pour m'allonger.

La nuit était calme, des grillons particulièrement agressifs nous berçant de leur mélodie "nouvelle vague". Je fermai les yeux, oubliant la brûlure de l'effort...

¤¤¤

Pour la première fois depuis ma rencontre avec Akane je rêvais. Un rêve assez spécial, puisque cette fois-ci j'étais à quatre pattes, regardant en douce Aglaeka. Malgré le ridicule de la situation cela avait l'air bien plus réel que des rêves pourtant objectivement plus crédibles.

Je me glissai, à quatre pattes donc, hors des couvertures sans un bruit, me rapprochant de mon sac. Des odeurs très appétissantes en sortaient: celle du pain, de la viande séchée, du vin et surtout d'un petit met délicieusement épicé. Je remarquai alors que si j'étais à quatre pattes c'était parce que celles-ci étaient petites, au poil roux et surtout canines.

Mais peu importait les pattes, je jetai un regard à la jeune guerrière et sans le moindre bruit je fourrai le museau dans la sacoche de vivres. J'attrapai la viande, que mes petits crocs mâchèrent rapidement et silencieusement. Délicieuse, il y avait au moins quatre portions. Je perçai l'outre de vin, laissant le liquide se répandre dans ma gueule et dans le sac, lapant discrètement le liquide qui très vite me monta à la tête.

Je n'arrêtai que lorsque plus une goutte ne sortait de l'outre. Je m'en pris alors au petit récipient plein de fluides de feu. En m'aidant de ma patte j'enlevai le bouchon, avant de glisser mon museau à l'intérieur. Ma langue atteignit sans problème la douce chaleur de la nourriture luxueuse. Le goût me rendit toute chose alors que je dévorais le tout avec entrain, mes deux queues se frottant l'une contre l'autre avec enthousiasme.

Une fois le tout finit, je pris dans ma gueule le pain, et sans me faire remarquer de la gardienne du feu m'éloignai un peu, grattant le sol pour enterrer la réserve de nourriture nécessaire à ma survie.

Je revins seulement après, claudiquant un peu à cause du vin et des fluides. Je me glissai sous les couvertures en baillant.

¤¤¤

Le réveil ne fut pas agréable...


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Lun 25 Oct 2010 09:55 
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Durant ce premier tour de garde rien de bien intéressant. La nuit était calme et aucun chat ou autre prédateurs plus gros ne paraissaient vouloir égayer ma soirée. Malgré la fatigue de plus en plus gênante, je restai les yeux ouverts à observer les alentours ténébreux de cette partie du continent. Cela dura de nombreuses heures, voir une éternité ... Afin de pouvoir rester en forme, je plongeai ma main dans mon sac qui contenait normalement quelques biscuits.

Chose peu agréable, je ne sentis que des miettes et rien de bien consistant comme ma nourriture. Je me retournai, peureuse de ne finalement pas avoir réussit à faire mon travail. Mais je m'aperçus rapidement la cause de la pagaille qui régnait entre le sac d'Isulka et le mien. En effet, le sien avait subit exactement la même chose, le vin étant vidé, les biscuits dévorés. Il ne restait que des miettes pour les oiseaux.

Je me tournai vers la mageresse qui portait au niveau de ses lèvres et au-delà des moustaches de vin et des miettes d'aliments collés que la lune éclairait comme étant l'indice du crime. Je ne pris aucun gants et la réveillai donc d'un geste vigoureux de ma main sur son épaule. Elle ne fut pas si difficile à réveiller, et bientôt je pus admirer son regard interloquer sur mon visage.

Mon visage était quelque peu furieux, pour ne pas dire complètement dur. Une de mes mains pointait un doigt en direction des sacs ou encore cadavre.

"Tu peux m'expliquer Isulka ?"

Il est vrai que la nuit était très absorbant, mais j'avais comme l'impression que mon visage s'illuminait auteur de ses ténèbres.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Lun 25 Oct 2010 11:41 
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Je criai de surprise alors qu'une main de fer me secouait avec force. Je me redressai aussitôt, une migraine indescriptible mais pourtant bien présente me parcourant le crâne. Je n'avais jamais imaginé ce qu'une pluie de casseroles pouvait donner: et bien ce n'était pas folichon. Aglaeka était au-dessus de moi, le regard en hargne et le doigt pointé vers quelque chose. Elle cracha et vociféra, faisant tomber encore plus de casseroles.

Je la regardai, puis regardai les sacs qu'elle pointait du doigt, puis la regardai de nouveau avant de fermer les yeux: dieux que la terre tournait vite... Sa main me secouant toujours vigoureusement je posai mes doigts sur celle-ci, l'éloignant de mon épaule. C'était mieux comme ça.

Elle me demanda des explications:

"Je... Que... Quoi... Hein? Punaise comment qu'ça s'fait, j'suis bourrée!"


La tête effrayante de la harpie me donnait envie de rire, mais je me retins. Cela me refila un de ces hoquets...

"De quoi tu parles ma belle? Je... hic... Expliquer quoi? C'est déjà mon... hic... tour? J'ai sommeiiiiiil... Et pourquoi ça sent le vin? Et... hic... pourquoi je sens l'vin?"

Je sentis un rot monter depuis mon ventre jusqu'à ma gorge, lentement mais sûrement. Je n'eus pas le cœur de le stopper, et lorsqu'il franchit mes lèvres l'air s'embrasa un instant, faisant reculer Aglaeka sous la surprise. Je mis tout de suite la main devant ma bouche.

"Tu crois que je suis un dragon?"


Sans la présence immédiate d'Aglaeka la gravité se fit bien plus attractive et je me laissai retomber, m'endormant lourdement.


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Lun 25 Oct 2010 21:56 
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Isulka ne sembla pas apprécier le réveil, délogeant rapidement ma main de son épaule. Après s'être aperçue des cadavres que je visais de mon doigt, elle alternait entre observer mon visage dur et les sacs complètements vidés des provisions. La mageresse sembla émerger je ne sais quel lieu et se demanda pourquoi elle était bourrée.

D'une voix sarcastique, je lui répondis que c'était peut être à cause du vin qu'elle venait de boire n'importe comment. Elle ne paraissait s'être même pas rendue compte. Peut être l'avait-elle ingurgité dans un demi sommeil, mais la chose la plus curieuse peut être était que je ne l'avais même pas entendue ...

Isulka continua dans son délire, les yeux à moitiés fermés et la bouche toujours prête à parler. Elle me demanda de quoi j'étais en train de parler et se rendit finalement compte qu'elle sentait le vin, en même temps qu'on en boit ça aide sûrement. Je restai la regardée, dépitée et désespérée de l'état de ma coéquipière. Je sentais peu à peu venir le cou, martellement qui semblait m'enfoncer de plus en plus, je n'allais pas pouvoir dormir de la nuit.

La mageresse s'exprima encore après avoir fait un rot répugnant. Elle me dit si elle était un dragon, curieuse question, mais étant donné l'état et la personne qui l'a pose, pas si étonnant que ça. elle fit par s'étaler de tout son long comme je l'avais prévu et tomba dans un sommeil presque immédiat, me laissant dans les ténèbres de la nuit, avec pour seule compagnie la lune argentée.

***


"Isulka ... Isulka !"

Avec beaucoup d'efforts, je tentai de réveiller la mageresse. J'aurais été très tentée de l'arroser d'eau glacée pour nous n'avions tout simplement plus rien comme nourriture ou liquide depuis le désastre de la nuit.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Lun 25 Oct 2010 22:35 
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A peine m'étais-je rendormis que déjà Aglaeka me tirait de mon sommeil, l'air toujours d'aussi bonne humeur... Je gémis, me massant les tempes avant de me redresser. Il faisait presque jour à présent, le ciel commençant à s'embraser.

La pauvre demoiselle avait une tête de déterrée, des cernes énooooormes pendaient mollement de ses yeux petits. C'est vrai qu'à la réflexion, s'il était déjà le matin c'est qu'elle ne m'avait pas réveillée pour mon tour de garde. Étrange. Et toujours cette gueule de bois, c'était atroce.

Je me glissai vers mon sac, humide. Il me fallut un moment pour me rendre compte que c'était du vin qui tapissait le fond. D'ailleurs je n'avais plus non plus à manger. Je restais un instant dubitative, avant de m'adresser à Aglaeka:

"Comment ça se fait que... Non rien..."

Il est vrai qu'en y repensant ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour la bombarder de questions. Je glissai cependant ma main jusqu'à ma pharmacie, qui n'avait pas pris trop cher: heureusement que j'emballai bien les choses importantes. Je récupérai donc quelques feuilles de saule blanc que je glissai dans ma bouche, les mâchant alors de manière bovine. Ce n'était pas glamour, mais au moins ça soignait le mal de tête.

J'eus alors une intuition, attrapant la petite outre qui était censée contenir des fluides de feu. Vide elle aussi. D'ailleurs l'outre de vin semblait avoir été percée, comme si un chien ou un chat l'avait mordue. Sacrément fort ceci dit. Je restai interloquée. Non ce n'était pas possible...

"Dis Aglaeka... Hum pour cette nuit, dis, tu penses que c'était un animal? Un chat sauvage, ou un chien? Voire un renard... oh un lapin!"

Effectivement un rongeur aux oreilles d'elfes avait pointé le bout de son nez. Ni une ni deux je me jetai à sa poursuite. Il s'enfuit derrière de l'herbe touffue, mais ça n'aurait sut m'arrêter: je bondis, pattes en avant, lui coupant la route. Je l'imaginais déjà rôti... Et puis comme ça Aglaeka me pardonnerait sûrement.

Pas le temps de penser, l'affreux rongeur tenta de me semer. Je le coursai, bloquant ses issues une à une. Puis au bon moment je fis un saut pour atterrir à son niveau. La vérité me frappa alors avec force et fracas: mes pattes que je voyais en-dessous de moi étaient rousses, petites et canines. Je m'entendis glapir en ratant de beaucoup mon atterrissage. Le lapin en profita pour déguerpir.

L'instinct reprit le dessus, et mes deux queues se frottèrent l'une contre l'autre. Je sentis alors ma peau hérisser, une aura rougeoyante m'entourant peu à peu. Je ne savais de quoi il retournait, ne comprenant rien. Pourtant au fond de moi je savais exactement ce que je faisais. Je savais que c'était de la magie, et que cette magie était totalement différente de la mienne. Elle était son contraire, instinctive et réflexe, non pas mûrement travaillée.

Le lapin s'éloignait mais le rouge se fit plus ardent, faisant roussir même l'herbe autour de moi. Je contrôlais mon corps, comme si c'était le mien. D'ailleurs c'était le mien. Cependant la magie qui fusait en moi, chaude et enivrante n'était pas à moi. Je n'aurais su dire d'où cela venait mais une autre force semblait l'orienter, et elle l'orientait vers ce lapin.

Curieuse je ne tentai pas de la contrôler ou de l'inhiber. Seul le besoin de manger, voire même de chasser était en moi. Mes queues s'agitèrent plus vite et je sentis la force mystique fondre vers la petite créature qui pensait être à l'abri à présent. Celle-ci fut touchée de plein fouet et poussa un petit cri plaintif alors que les flammes léchaient son pelage blanc. Il ne fallut pas longtemps au rongeur pour se transformer en repas fumant.

Contente de moi je me dirigeai vers ma proie que j'attrapai de mes crocs fins. C'était chaud, mais hors de question de laisser ça là. Je revins donc vers le campement, rapidement et en silence, rejoignant assez vite Aglaeka. Je lâchai le repas devant elle, avant de sentir ma poitrine se gonfler, comme lorsque l'on inspire de toutes ses forces.

L'air se fit plus frais, de même que la terre que je palpais de mes mains. Je me redressai d'un bond, totalement perdue.

"Je... Je..."


Je marquai une pause, mon regard perturbé cherchant celui de la guerrière. Cette fois ce n'était pas un rêve, j'en étais sûre. Et c'était loin d'être rassurant...


(hrp: apprentissage de bûcher, sort de feu niveau 2)


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Mar 26 Oct 2010 11:28 
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I La roue brisée et le nid de poule.

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Au matin, sur la route entre Bouhen et Oranan, à quelques heures de marche de l’entrée d’Oranan.
Un craquement de branche fait fuir un groupe d’oiseaux qui s’envolent au loin. C’est un homme qui sort du bois, seul.
Il a visiblement passé plusieurs jours dans la nature. Les habits partiellement recouvert de poussière et l’allure peu soignée, Vingilot ressemble à ce qu’il est : un vagabond.

Selon toute vraisemblance, il ne s’attendait pas à se retrouver ici. Il parait étonné d’être sorti du bois et observe avec attention la route qui s’étire au loin. Il s’en approche toutefois, et arrivé près d’elle il s’arrête et laisse tomber son sac dans l’herbe. Puis il s’allonge à côté se recouvrant simplement d’une cape elfique.
Sa respiration ralentie, il s’endort.


Sous le soleil de midi, il se réveille. Aucune carriole ni voyageur ne semble être passé et ne l’a réveillé. Il gratte sa joue rougie d’être restée si longtemps au soleil, et jette un regard accusateur au ciel. Sa décision semble prise, il va retourner dans le sous-bois.
Mais alors qu’il se penche pour ramasser son sac, une petite bourse attachée à son cou s’échappe de son chandail et pend mollement. Il la saisi, sourcil froncé, puis son regard change et il commence à scruter les environs à la recherche de quelque chose.
Mais il n’y a rien.
Rien que le bois, la route, et la plaine de l’autre côté. Un moment interdit, il finit quand même de ramasser son sac. Mais il ne prend pas la direction du bois, et commence à longer la route tout en restant dans la bande d’herbe qui la sépare du bois.


En cet automne bien avancé le sol est couvert de feuilles, aussi Vingilot surveille-t-il où il marche en balayant du regard l’herbe devant lui. C’est alors qu’il aperçoit une forme qui l’intrigue. Ce n’est pas une grosse branche, mais bien un morceau de bois travaillé, d’un demi-mètre.
Après s’en être saisi, il ne fait pas de doute qu’il s’agit du rayon d’une roue. Cherchant d’autres morceaux, Vingilot finit par trouver le reste de la roue, dépouillée de son armature en fer, le cercle en bois brisé. Après quelques recherches, il se rend compte qu’il n’y a rien d’autre que cette vieille roue brisée.
Apparemment même avec une roue en moins l’attelage a pu repartir, ou s’est débrouillé pour trouver une autre roue.



(Une roue brisée..
Si ça c’est pas un signe. C’est Zewen qui doit pas être content)
se mit il à penser avec un humour triste.

Il eut un regard pour la bourse attachée autour de son cou, et prit un air mi-résignée, mi-décidée.


(Apparemment je n’y couperai pas. Avec un peu de chance ça sera plus productif que ces derniers mois), pensa-t-il. Ce qui eut l’air de le faire rire.


Après quelques minutes de réflexion, son regard se tourna vers la route, et son visage afficha une nouvelle expression : résolue.
Il se débarrassa du morceau de bois, puis se dirigea vers la route. Là encore, les yeux scrutant le sol. Rapidement il trouva ce qu’il cherchait : un nid de poule de taille modeste, là, presque au milieu de la route.



(En faisant son métier de cocher sérieusement, c’est possible de se faire surprendre par ça ?) se demanda-t-il.
(Il faut vraiment regarder ailleurs.
A cause de ça, qu’as-tu raté ? Un rendez-vous galant ?)



Tout en pensant aux conséquences du passage de la carriole sur le nid de poule, machinalement, Vingilot donnait quelques coups de pieds dans la terre pour essayer de combler le trou.



(Ou peut-être, as-tu passé la nuit ici, avec la Dame dont tu devais assurer le transport… ?)


A ces pensées, Vingilot suspendit son action.

(Qui sait.. ) pensât-il, un léger sourire sur le visage.

Alors, cérémonieusement, Vingilot fit un geste qu’il n’avait pas fait depuis un long moment. Saisissant son pendentif, il en fit rouler le contenu entre ses doigts à travers le cuir, puis il desserra très légèrement le cordon et jeta un œil à l’intérieur. Son visage se détendit alors qu’il relevait la tête, et il afficha même un large sourire quand en regardant le ciel et le faîte des arbres au-dessus de lui…

[…]

Plus tard, et après quelques heures de marche, Vingilot arriva en fin d’après-midi aux abords d’Oranan.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Mer 27 Oct 2010 17:11 
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Isulka sembla avoir eu pendant une seconde une perte de mémoire certaine avant de finalement se taire au lieu de me demander les évènements de la nuit dû au manque de nourriture. La mageresse me demanda qu'elle genre de bête aurait pu manger toutes nos provisions. Je fus quelque peu énervée par sa réplique et après avoir pris un air sarcastique sur mon visage, je lui adressai d'une voix de cristal ma description du soit disant "animal".

"Et bien je dirais Isulka que c'est plutôt une ..."

Je n'avais pas eu le temps de continuer plus puisque je m'aperçus que la jeune femme partit en courant vers un lapin qu'elle venait d'apercevoir. Mais une chose encore plus étrange se passe, une seconde j'aperçus la mageresse et celle d'après je ne vis qu'une masse de poils roux agitant joyeusement sa queue. Je n'eus que la seul réflexe de m'apercevoir bouche bée du spectacle qui se dessinait devant mes yeux. Pensant être prise d'hallucinations, je me frottai nerveusement les yeux une première, puis une deuxième fois de mes poings. Rien, toujours cette bête qui avait maintenant grillé presque entièrement le lapin.

Le plus étrange, c'est que le petite animal roux se rapprocha de plus en plus de moi, cette chose n'était donc pas le fruit de mon imagination. Mon esprit se porta tout de suite sur Isulka qui avait disparu. Ah non, elle s'était transformer. J'eus un rire nerveux à cette idée complètement impossible, elle était peut être une mageresse, mais elle serait incapable de faire quelque chose de la sorte ...

C'est du moins ce que je me forçai à croire avant de voir la mageresse redevenir humaine, après avoir déposé le lapin fumant à mes pieds. Les yeux dans les yeux, la jeune femme chercha une lumière de réconfort, mais ne trouva qu'un grand regard tout aussi perdue qu'elle.

"Mais qu'est-ce que ... Tu ... Toi ... Ca ..."

Je pointai la chose à terre, lui faisant comprendre qu'elle avait été pendant une minute chasser l'animal avant de redevenir humain. Tout se mélangeait dans mon esprit, entre ce lapin, ses queues, son corps ... Malgré ma prise de panique sous l'incompréhension, je tentai de reformuler une nouvelle fois ma demande.

"Toi, tu es une ... un ... renard ?"

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Mer 27 Oct 2010 19:08 
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Aglaeka répondit à mon bredouillage par un bredouillage légèrement plus convaincant. Au moins elle parvint à finir une phrase, énonçant tout haut ce que je commençais à comprendre et à intégrer.

"On dirait bien. C'est... coquasse quand même..." Répondis-je mollement

Je réfléchis longuement à tout cela, restant debout comme une greluche devant la guerrière qui partageait avec moi une expression très simiesque. Comment se faisait-il que lorsque j'avais faim, que je voyais sentais des fluides de feu ou des lapin je me métamorphosait en renarde?

J'avais beau chercher d'autres solutions, une seule s'imposait à moi: Akane y était pour quelque chose. Elle m'avait dit qu'elle partagerait son essence avec moi, mais j'avais pris cela pour une métaphore. J'avais eu tort.

"Tu te souviens quand tu étais au lit à cause de l'inu? Je suis sortie, je me suis fait amochée et une kitsune m'a sauvée. Et bien je pense qu'elle est restée en moi et ressort parfois. Quand elle a faim..."

Et donc ce n'était pas un rêve que j'avais eu la nuit, j'avais bien pillé toutes les rations de voyage au nez et à la barbe d'Aglaeka. Ce n'était pas quelque chose dont j'étais fière...

"On le mange ce lapin? Il va refroidir..."


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Ven 29 Oct 2010 17:56 
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Isulka tenta trouver une explication plus ou moins aux derniers évènements. Malgré son histoire de la kitsune qui lui a sauvé la vie dans une ruelle, histoire plutôt bien échafaudée, j'avais beaucoup de mal à croire à de telles choses. Néanmoins je restai l'écoutai, bouche bée et avec un besoin de plus en plus douloureux : le sommeil. A cause de toutes ces aventures je n'avais pas eu le temps de dormir, la nuit blanche et ce nouveau marteau sur le tête me rendait plus faire encore.

Au final, je ne dis pas grand chose me contentant d'attendre la suite des évènements et de voir ainsi, si cette métamorphose allait encore se produire ... Nous profitâmes de manger le lapin encore chaud et grillé, même si des résidus de poils étaient parfois dérangeant pour cette dégustation inattendue.

La fatigue s'estompait et ressurgissait par moment, le contrôle de mes yeux était parfois impossible, mais nous parvînmes tout de même à faire un bon trajet jusqu'à Bouhen. Quand j'aperçus de plus en plus les portes de cette nouvelle ville, je dis à la mageresse qu'il me fallait absolument un lit.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Ven 29 Oct 2010 19:54 
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Bouhen.

Enfin, après cette longue et pénible marche nous arrivions. Aglaeka n'avait pas été des plus délicates, épuisée qu'elle était, et je ne m'étais pas amusée à aller l'ennuyer plus que cela. Nous avions donc marcher encore et toujours, faisons des pauses uniquement pour dormir et manger. Côté nourriture j'avais retrouvé le pain enterré par la kitsune, et même si ce n'était pas la meilleur façon de conserver les aliments au moins nous n'avions pas trop besoin de chasser.

Pendant mes tours de garde je m'entrainais, aussi bien à tirer à l'arc (bien mieux avec assez peu d'effort il faut l'avouer) qu'à la magie de feu. Maintenant qu'elle était en moi, cela aurait été stupide que de ne pas en profiter. Il me fallut un moment cependant pour comprendre son fonctionnement. Si pour maîtriser l'électricité il fallait de la précision et de la patience, bien au contraire pour maîtriser le feu il fallait du contrôle. C'était une magie bien plus violente, plus énergique: le défi n'était plus de lancer un sortilège mais de maîtriser celui-ci.

Je constatai que les dégâts collatéraux étaient bien plus grands, la maladresse et les débordements des mages de feu que j'avais pu croisés ne m'étonnait plus guère.

Je tentai enfin de rentrer en contact avec la renarde et plus d'une fois je sentis que je touchais du doigt son essence. Cependant je n'arrivais pas à la faire sortir à volonté. Peut-être avait elle un peu trop utilisé de force pour assouvir ses instincts et à présent il fallait que l'énergie revienne.

Dans le doute je gravai tout de même une rune sur un bout d'écorce que je liai autour de mon cou. Je n'avais pas envie qu'elle puisse prendre trop facilement le contrôle, c'était dangereux, surtout tant que je ne maîtrisais pas les mécanismes. Plus d'études attendraient l'auberge.

"On a pas oublié quelque chose?" demandai-je alors que nous passions le poste de garde de la cité.


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Mar 1 Fév 2011 05:26 
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Évènements précédents~



L'homme a ses particularités bien étranges qui font de lui un être vivant maladroitement complexe. Il lui est possible d'oublier un morceau de nourriture sur le feu, mais on ne peut ni oublier, ni effacer le sourire d'un ami. Jamais. Nous avons la possibilité de nous poser sur des bornes de logiques et de cohérences pour nous assurer un certain ordre sur nos actions, mais il nous est incontournable de faire abstraction des sentiments. Bien sûr, les puristes lèverons la main en soulignant l'amalgame uniquement biologique qui nous fait ressentir la colère, la déception ou l'amour sans prendre en compte un facteur essentiel à ce que nous sommes vraiment: notre reflet. Pourquoi les émotions les plus intenses, réaction de notre personnalité sur un stimuli, peuvent nous affectées physiquement? Pourquoi devenons nous malade à l'idée de tomber dans le gouffre de l'hésitation? Pourquoi moi Ali, suis-je incessamment entre la peur profonde de perdre le contrôle et l'ultime confiance de maîtriser mon bonheur? Non, trouver ces réponses ne feraient que me projeter dans un futur qui me souillerait du niveau de conscience que j'ai sur lui. Voilà, je crois, ce qui fait de nous des hommes: l'incompréhension la plus totale.

***


Les oiseaux devaient s'apprêter à quitter les environs pour un quelconque endroit plus au sud. Leurs vocalises résonnaient bien haut entre chaque amoncellements de l'immense plaine dansant au rythme des enjambées de notre monture. Les yeux mi-clos, ma tête rebondissait lourdement sur mon poitrail lorsque la jument percutait le sol de ses sabots. Mes bras enlaçaient mollement la taille de la femme aux cheveux immaculés qui tirait à coups réguliers sur les rênes attachés au mors du cheval. La douleur me percutait, mais l'incompréhension de ma situation fut la seule raison qui m'incitait à rester conscient. Tant de questions taraudaient mon esprit sans qu'elles puissent sortir de ma gorge au risque de vomir sur l'épaule de ma congénère qui ne semblait pas encore avoir pris connaissance de mon réveil. Je posai ma main droite sur son bras et je sentis son corps se raidir sous le stress qui gonflait ses muscles. Mes doigts retombèrent faiblement sur sa cuisse et glissa sur le flanc de poil brun de notre destrier. Elle poussa deux cris stridents à l'intention de celle-ci et tourna vivement la tête pour m'entrevoir de son œil.

- « S'il te plaît, reste avec moi. »

Elle contourna ma tête de son regard d'acier afin de distinguer une quelconque poursuite de nos assaillants avant de poursuivre en parlant fort pour couvrir le vent qui soufflait sur nos lobes d'oreille.

- « Je sais que ça peut sembler déroutant, mais les gobelins sont des gens dont il vaut mieux fuir la compagnie quand ils sont trop nombreux... J'étais moi-même prisonnière de leur cirque depuis quelques semaines et j'ai vite remarqué que le seul moyen de quitter cette foutue prison c'est d'être soi-même mort ou inconscient pour profiter de l'instant où ils viennent te trancher la gorge bien gentiment avant de te mettre dans leur soupe. »

L'idée de finir dans un ragoût sembla l'amuser. Moi, elle me donna la sensation de bile qui grimpait mon œsophage.

- « T'es un homme chanceux tu sais? J'ai bien failli perdre espoir quand toutes ces peaux vertes se sont jetées sur nous, mais ils ne s'attendaient surement pas à voir un cadavre se réveiller! Ton intervention aurait bien pu tout faire échouer, mais leur état de surprise et leur penchant pour les superstitions les ont complètement dispersés. T'aurais dû te voir courir comme un démon à leur poursuite jusqu'à l'extérieur de l'enceinte! Hahaha, l'occasion était trop belle pour prendre la fuite. T'aurais quand même pu perdre connaissance sur le cheval au lieu de le faire en plein milieu de leur village... T'es drôlement lourd tu sais! »

Elle parlait beaucoup trop rapidement, mais le peu que je réussisse à en tirer malgré mon état me renseigna suffisamment. Ainsi j'avais refait surface après être tombé sous son coup de bâton et notre fuite était complètement de mon essor. J'arrivais avec difficulté à remettre en place une structure claire des évènements passés et de ma condition actuelle.

L'horizon avait presque fini d'engloutir le soleil orangé et la nuit couvrirait très certainement la prairie de son voile dans la prochaine heure. En glissant mes doigts dans le cuir de son armure par simple sécurité, je réussis tant bien que mal à prononcer une syllabe.

- « Où... »

Elle se retourna pour voir mon visage encore maculé de sang et de sable.

- « Bouhen tu connais? J'ai quelques... »

J'entrevis son clin d'œil, mais je dus perdre le fil de la réalité à ce moment. L'effort était trop lourd à porter et les songes me transportèrent dans leur houle tentatrice.

Mon rêve fut celui d'un petit garçon qui courait vers l'inconnu.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Ven 11 Fév 2011 05:46 
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Si la légère brise posait son souffle tiède sur ma chevelure noire, le crépitement du feu l'effleurait autant de sa chaleur réconfortante. Mon dos était à plat sur un bout de tissu qui devait lui-même s'étendre sur un amas de feuillages. Même un confort réduit comme celui-ci suffisait à me conférer un état de bien-être qui dépassait de loin celui des derniers jours. Une mince cape qui sentait l'humidité me couvrait le torse jusqu'aux épaules et mon réveil me fit prendre conscience de sa texture rugueuse qui piquait au niveau des bras et de la poitrine. Pourtant, je me refusais à faire le moindre mouvement, au risque de briser cette perfection si fragile. Le simple fait d'ouvrir les yeux suffirait à briser ce moment quotidien où la vie semble sans problèmes, sans obligations... Sans douleurs.

Elle cria littéralement au tréfonds de moi-même. Sa piqure sadique me frappa de plein fouet et je me retins de vider le peu de ce que contenait mon estomac, noué par une privation forcée. La souffrance au niveau de ma tête était le tourment qui m'affectait le plus. L'enflure sur ma joue droite battait en concert avec les soubresauts de mon cœur et l'étirement de la cicatrice qui me striait l'arrière du crâne me picotait en élançant douloureusement. Quelques ecchymoses se révélèrent un peu partout sur le haut de mon corps, sans aucun doute à cause des nombreuses rafales de bâton que cette femme m'avait fait subir... Cette femme! Un malaise me prit à la gorge. La guerrière aux cheveux blancs avec qui j'avais eu l'échange de coups me revint en mémoire, ainsi que tous les évènements qui accompagnaient son entrée dans ma vie. Mes souvenirs les plus récents étaient notre fuite à cheval et l'inconfort de la fatigue qui martelait mon corps.

Le craquement d'une branche que l'on brise de la plante du pied résonna à quelques mètres de moi. Elle était tout près. Je sentais sa présence comme il est possible de percevoir le regard d'autrui peser sur son dos. Le douillet de mon précédent sommeil se métamorphosa rapidement en inconfort qui progressa vers une fièvre froide comblée de frissons. Les bras étendus le long de mon corps, je sentais la sueur qui perlait sur mon visage crispé par le mal qui broyait mes entrailles... Tant au niveau physique que psychologique.

Lors de mes plus jeunes années, les transes me poussaient à une fatigue extrême qui m'obligeait à cesser toutes activités normales au profit d'un sommeil où il m'arrivait de plonger pendant un jour et une nuit complète. Ce que je vivais à ce moment, n'était en aucun point comparable. Le mal me jetait dans une sorte d'hébétude comparable à un réveil trop brusque et une envie incontrôlable de vomir tripes et boyaux. En gémissant, avec le cœur au bord des lèvres, je me redressai brusquement en écarquillant les yeux. Le plancher forestier tangua pendant un instant où je fixais un buisson bordant la rive d'un faible cour d'eau. Le soleil était bas dans le ciel et sa lumière orangée caressait le sol de la berge. Le goût âcre de la bile roula à l'intérieur de ma gorge et j'inspirai bruyamment pour contrer le flot. Les paumes sur le sol et le menton sur la poitrine, j'haletais avec difficulté. Mes cheveux tombaient sur mon visage gonflé et je tournai lentement le regard vers la guerrière qui me fixait, à mi-chemin pour se dresser sur ses pieds. Je ne sais pas si ce fut précisément la douleur de mes membres ou la honte de s'afficher ainsi devant une inconnue qui rendait la situation insoutenable.

- « Toi... »

Ma langue était pâteuse et faire une phrase complète se dressait soudainement comme une montagne impossible à franchir. Cette femme m'avait fait du mal. Je la fixais et elle en faisait autant. Je tentai de m'appuyer sur mes pieds, mais ma cheville me foudroya et je ne pus retenir le cri de douleur qui glissa entre mes dents... J'étais complètement à sa merci. Avec un dernier effort, je rampai à l'aide de mes mains sur l'herbe tiède en la regardant se relever lentement.

- « Non... Attends! Tu n'as rien à craindre. Je m'occuperai de toi. »

Elle contourna le petit feu et fléchit les genoux près de ma position. Elle avait attaché sa longue tignasse en queue de cheval et quelques mèches flottaient sur ses yeux et contournaient son visage jusqu'à son menton. Ses oreilles pointues s'étiraient le long de sa tête et celles-ci arboraient de nombreuses boucles et ossements de différentes tailles. Ses yeux d'un gris métallique jetaient sur moi une pitié qui se voulait compatissante. La femme s'était débarrassée de son armure de cuir à l'allure d'un corset et se trouvait maintenant vêtue d'une chemise à col avec un pantalon tendu où des jambières plaquées d'os moulaient des cuisses bien entraînées. Sa bouche entrouverte s'étira en un léger sourire qui ne suffit pas à cacher son inquiétude.

- « Laisse-moi veiller sur tes arrières. Tu m'as donné la chance d'échapper à mes tortionnaire... C'est à mon tour d'en faire de même avec ceux qui te détruisent à l'instant. »

Elle tandit la main sur ma joue encore intacte et l'effleura en contournant la ligne de ma mâchoire. La peur flottait derrière mon visage, mais il était vrai qu'après notre fuite elle n'avait tenté en aucun cas de me tuer. Sinon, elle en aurait eu amplement l'occasion pendant mon long sommeil. Je fronçai les sourcils à la recherche d'une quelconque faille dans son visage fin, mais je n'y lis qu'une sincérité pure et simple. Mes yeux s'humidifièrent par l'effet de fixation et je détournai le regard en regardant le petit matelas qu'elle m'avait improvisé. J'avalai mon orgueil d'homme et hochai lentement la tête en esquissant un sourire qui devait plus ressembler à un rictus qu'autre chose.

Elle me prit par le bras et me recoucha sur les couvertures sans prononcer le moindre mot.
Morphée s'empara de moi sans remords.

***


Le ciel est obscure et nous marchons tranquillement. L'odeur de sang goute sur notre langue pendante. La chasse fut bonne et nous remercions la terre. Notre ventre est plein, mais quelque chose préoccupe ma Kaali. Quelque chose nous empêche de bien apprécier la chasse. Quelque chose ne tourne plus.
Nous sommes le cycle.
Je suis le cycle.


***


Je dus dormir pendant plusieurs heures puisque ce fut le chant matinal des oiseaux qui me tira du sommeil. Le ciel était bleu clair et la fraîcheur du début de la journée emplissait l'air ambiant. En me mettant en position assise, je me surpris à découvrir la diminution de la douleur sur mon visage. En tâtonnant celui-ci, j'y découvris une vilaine bosse un peu plus haut au niveau de ma mâchoire. Le mal s'était étrangement atténué et je pus au moins étirer mes muscles en ouvrant la bouche. Ma jambe gauche reposait à l'extérieur de la couverture et une atèle de bois et de racines maintenait habilement ma cheville. Je réalisai à cet instant que le plus gros de mon mal fut étroitement lié à la fatigue.

En jetant un regard sur les environs, je distinguais maintenant les détails d'un petit campement. Un feu de braise rougeoyait sous le vent des champs qui nous entouraient. L'emplacement représentait un amas de petits buissons et de quelques arbres procurant un ombrage tamisé sur le sol herbacé. De toute évidence, ce qui se trouvaient tout autour n'étaient que champs et cultures plombés de rares végétations sauvages perçant la plaine. Un petit ruisseau traversait l'opposé de l'endroit en question et un bruit clair s'en échappait au fracas des cailloux. Un cheval à la robe brune broutait paisiblement le gazon du petit étendu. Ma tête était en direction du feu et je n'eus qu'à me retourner pour voir la femme roulée dans une cape verte. Je glissai de ma couche et entrepris de me lever sans réveiller ma congénère. J'y arrivai sans trop de mal en m'appuyant sur ma jambe en bon état. Avec surprise, mon pantalon en fourrures blanches et noires ne se trouvait plus sur mes jambes. Flambant nu, je jetai un regard accusateur sur la guerrière qui dormait encore. (Certains ne se gênent pas pour profiter du sommeil des autres) Mon vêtement était déposé près de ma tête et je m'empressai de l'enfiler en épiant les moindres tressaillements de la femme. J'avais tout perdu. La cape de mon maître et mon fidèle bâton devait traîner quelque part dans ma forêt et le peu d'argent que j'avais, devait être à ce jour entre les mains des gobelins. Bien sûr, leur valeur symbolique me pesait et je dus me résigner aux uniques possessions que j'avais jadis. Ce pantalon était maintenant la seule chose entièrement à moi.

Avec un pas coupé d'une claudication, je marchais jusqu'au petit cours d'eau. Je m'y agenouillai et y plongeai rapidement le visage en mouillant mes cheveux pour y enlever le sable qui s'y emprisonnait encore. Ma toilette fut rapide et efficace et me conféra un regain d'énergie qui ne me fit que le plus grand bien. En remettant un peu de bois à l'intérieur des braises, j'attendais.

Elle se réveilla après quelques minutes avec de petits yeux. Un long bâillement lui échappa et elle faillit trébucher dans un buisson lorsqu'elle me vit en train de la toiser du regard, totalement réveillé et debout avec des morceaux de bois sous le bras.

- « Je dors depuis combien de temps? »

La question était directe, franche et sans la moindre parcelle d'émotion. Elle cilla en clignant des yeux et répondit en s'éclaircissant la voix.

- « Aaaah heum... alors là jamais je crus possible à un homme de dormir deux jours d'affilés, mais apparemment c'était ce qu'il te fallait puisque te voilà sur pied. »

Je plissai le front en déposant le bois près du feu.

- « Oui. C'est ce qu'il me fallait. »

Elle poussa un rire sec qui s'étouffa immédiatement. Les cheveux entremêlés sur sa tête, elle se sortit de son état de surprise et empoigna un petit sac qui semblait contenir divers vêtements et effets personnels.

- « Monsieur le paresseux m'excusera, mais si tu te porte mieux je ne vois pas l'utilité de perdre notre temps davantage dans ce trou perdu. Pour mon cas, je reviens dans quelques... »

De toute évidence, elle n'aimait pas être prise de court et son empressement camouflait mal l'embarras dans lequel je la mettais.

- « Non. Mes questions et ensuite vous ferez comme bon vous semble. »

Je la provoquais du regard et elle relâcha brusquement son sac. Elle s'approcha de moi, vêtu de sa chemise ample et s'assied dans l'herbe près du feu. Elle laissa tomber son corps vers l'arrière et se retint de la paume de ses mains. Un air de défi releva son sourire narquois.

- « Je t'écoute mon cher »

Cette femme commençait à m'énerver. Sérieusement.

- « Bon... Vous avez un nom? »

- « Tu peux m'appeler Lëyla »

- « Pourquoi m'aider? »

- « Tu m'as aidé... C'est à mon tour de te rendre service. »

- « Que connaissez-vous de moi »

- « Rien... Sauf peut-être la manière particulièrement étrange avec laquelle tu agissais lorsque tu étais dans l'arène. On aurait dit une bête... Un animal traqué par la peur. D'ailleurs j'aimerais t'entendre sur le sujet »

- « Écoutez... Cet état me prend lorsque je vis des situations marquantes et je vous assure que je suis dans le néant complet si j'essaie de vous en expliquer la source. »

- « Étrange tout de même. On aurait dit un félin enragé... »

- « Un félin? »

(Kaali... serais-ce toi? Serais-ce nous?)

- « Bah oui. Tes gestes et tes réactions étaient typiquement félins. »

J'avais beaucoup de difficultés à m'imaginer réagir comme une panthère. Dans ces situations je me sentais déversé dans un entonnoir où toutes mes pulsions convergeaient et devenaient les raisons même de mes actes. Rien de plus. Je m'éclaircis la gorge et me frottai les yeux. Cette femme, Lëyla comme elle prétendait se nommer, avait été témoin de mon comportement. Elle connaissait une partie de moi qui se voulait presque honteuse...
Me voyant perdre le fil de la conversation, elle parla d'une voix claire en se redressant.

- « Je sais que ça peut paraître bizarre, mais sache que je ne te juge point sur cette face cachée de ta personnalité. »

Lisait-elle dans mes pensées? Quoi qu'il en fut, elle et moi étions maintenant liés par ce secret et elle semblait en jouir avec une aisance déconcertante.

- « Je... Merci Lëyla... Pour tout. »

- « Ça fait plaisir chaton »

- « Ali! S'il-te-plait... Ali suffira amplement. »

Je ne savais pas comment définir cette intrusion dans ma vie. Un fardeau? Un moyen de me sortir de ce pétrin? Une amitié? Oui, peut-être un peu des trois et j'en acceptais avec résignation les futurs éventualités.

Elle acquiesça en me tirant la langue et s'éloigna pour faire sa toilette matinale. L'état encore précaire de mes blessures me contraignit à accepter sa proposition de l'accompagner jusqu'à sa destination vers Bouhen où, elle me jura, qu'il m'était possible d'obtenir des informations sur ma personnalité bestiale. L'écho de l'appel de Kaali résonnait encore à l'intérieur de mon être et cette brèche sur notre lien et sur une compréhension de celui-ci me vint comme un moyen de me rapprocher d'elle. Je devais chercher. Chercher pour mieux comprendre.

Une fois le peu de matériel attelé à la jument et un faible repas au creux de l'estomac, nous entamâmes notre montée en direction de la ville. Lëyla conduisait les rênes avec une habileté qui me laissa pantois. Les champs de la plaine mirent longtemps avant de progresser vers une végétation plus variée et le soleil eut largement le temps de faire son chemin jusqu'à l'horizon lorsque nous aperçûmes les premières habitations. Le voyage me fatigua et je dus encore une fois me remettre à la vigueur de la guerrière.

Par mes éveils, j'aperçus les terres qui se métamorphosèrent en amas de forêts de plus en plus denses jusqu'à ce que notre chemin se contraignit à suivre la lisière de celles-ci entre légères vallées et montagnes. Notre fatigue planait comme l'ombre et l'espoir d'arriver avant la nuit rapetissait à vue d'œil. Les rayons de l'astre lumineux filtraient notre route et la possibilité d'établir un campement s'imposa à nous à contrecœur. Toutefois, une chance énorme se décida à nous sourire.

Au loin, perché sur une falaise, un château de pierres grises pointait vers la masse lumineuse du ciel variant dans les teintes d'oranges et de violets. Sans m'interroger, la femme aux cheveux blancs talonna notre monture en déviant légèrement notre direction vers l'édifice.

Le vent fouettait mon visage et mon cœur se serra.



La suite des évènements~

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Dernière édition par Ali le Sam 10 Déc 2011 06:34, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Mar 28 Juin 2011 18:42 
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Nous quittâmes l'Ermitage alors que le soleil se levait à peine. Mes compagnons et moi même marchions d'un bon pas, malgré nos sac remplis. La route est agréable et faite de pavé, nous nous fatiguons moins que sur la terre boueuse. Mes compagnons étaient plutôt silencieux, ce qui me gênais, je ne me sentais pas à l'aise, pas à ma place. J'avais presque l'impression d'être de trop. Toujours cette impression de déranger, depuis quelques temps je ressentais ça. Depuis la mort de ma jumelle. Je n'osai même plus penser son prénom. C'est "elle" et non plus "Gretala". Elle est morte et je devais faire mon deuil. Je m'étais vengé, j'avais vengé mon village tout entier, mais sa disparition était toujours comme une cicatrice brulante qui ne se refermerai jamais. Je le savais, et pourtant je m'attachai à ne plus y penser, à paraître "normal", comme tout le monde.

"Et tu viens d'où Tthéo ?" me demanda Yluica.

"De Tulorim... sur Imiftil. Je suis né dans ses alentours."

"Tu es Wielh ? Comment t'es-tu retrouvé ici aussi rapidement ?"

"Arrête de l'embêter avec tes questions Yluica !" intervint Angalak

"Je... mon village a été détruit par des pirates. Peu après je me suis fait enlevé par leur chef et j'ai lancé une mutinerie sur leur bateau, tout les hommes du capitaine ont été tués et on a récupéré le bateau."

"Il est où ce bateau maintenant ?" demanda Ardic.

"Je l'ai laissé à l'un des mutin avec le reste de l'équipage, j'avais confiance en eux et ils m'ont dit de choisir la destination. Je voulais descendre de ce navire aussi vite que possible, ils m'ont déposé à Oranan. De là je suis parti pour Omyre et j'ai rencontré un elfe blanc et une jeune femme qui m'ont aidé à me libéré d'un groupe d'Orques. Je les ai accompagné dans les montagnes et j'ai rejoins Kendra Kâr, là-bas j'ai eu ce rêve et j'ai rejoins l'Ermitage."

"Et ben, on peut dire que tu as une sacré histoire."

Je hochai la tête en silence, je me sentais toujours aussi mal à l'aise, et pourtant c'était normal qu'on cherchât à me questionner, à mieux me connaître. Je n'étais pas assez en confiance pour leur parler de ma sœur. Peut être que ça viendrait. Peut être que je changerai d'attitude vis à vis d'eux, mais pour l'instant seule m'importait cette mission d'aide à la population. Dans la soirée, nous nous arrêtâmes un peu à l'écart de la route et installâmes un campement.

"Tu boites ? me demande Yluica. Tu as mal à la jambe ?"

"Je me suis blessé dans mon voyage entre les duchés et Kendra Kâr."

"Tu aurais dû me le dire plus tôt ! s'écria-t-elle sur un air de reproche. Je peux te soigner, en espérant que la plaie ne s'est pas infectée ! Assieds-toi sur le sol et laisse-moi regarder ta jambe.

J'obéis sans discuter et la laisse m'examiner le mollet. Elle retire délicatement le bandage de fortune que je me suis fait et passe sa paume dessus, ensuite elle cherche un onguent dans son sac et l'applique sur ma blessure puis souffle dessus. Elle m'adresse un sourire :

"Demain tu n'auras plus rien."

Je me relève et constate que l’appui sur ma jambe ne me fait plus mal :

"Merci Yluica."

"Je t'en prie, beau tulorien."

Elle s'éloigna pour continuer à monter une tente.

"Elle est épatante, n'est-ce-pas ?" me murmura Ardic à l'oreille.

Je hochai la tête sans répondre et m'attaquai à l'allumage du feu. Le soir, après le dîner, on discuta jusqu'à ce que les étoiles apparaissent au dessus de nous, puis nous nous couchâmes dans nos couvertures.
J'aimais la solitude, mais la compagnie m'évitait de me retrouver prisonnier de quelques Garzoks. Je m'endormis facilement ce soir là.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Mer 29 Juin 2011 13:50 
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Je me réveillai avant les autres ce matin là. J'examinai ma blessure à la jambe, il ne restait plus qu'une pâle cicatrice sur ma peau. Je souris, il m'était arrivé au moins une chose de positive ces derniers temps. En silence je me levai pour m'éloigner un peu, pour réfléchir, pour penser. En pensant à ma sœur, pour la première fois depuis longtemps, je me mis à pleurer, le plus silencieusement possible. Assis sur le sol, les genoux ramenés contre ma poitrine, je sanglotais. Ça faisait du bien d'exorciser ainsi mes peines. J'avais eu peu de temps pour penser ces derniers temps, entre l'enquête et l'enlèvement. Mes nombreux voyages ne m'avaient pas laissé du repos. Voilà ce qui me manquait, du repos. Mais quand je n'avais rien à faire, je pensais et obligatoirement mes pensées se tournaient vers ma jumelle. J'avais envie de la revoir, de la serrer contre moi et en même temps je savais que c'était impossible. Soudain j'entendis des pas s'approcher, je séchai mes larmes et saisit mon épée et la brandis devant moi.

"Eh ! Du calme petit ! Ce n'est que moi, Yluica."

Je baissai mon arme et rougis légèrement, par chance dans le noir elle ne risquait pas de le remarquer.

"Tu n'dors pas ?"

"Non. Je suis assez matinal et j'avais besoin de réfléchir. Je ne voulais réveiller personne"

"Tu ne m'as pas réveillé. Par contre il va falloir secouer les autres si on veux arriver à ce village un jour. dis moi comme va ta jambe ?"

"Ça va, il n'y a effectivement plus rien. Merci."

Je vis qu'elle me lançait un sourire avant de se lever pour réveiller les autres. Une fois qu'ils furent tous sur leurs pieds, je les rejoignis pour manger un peu avant de plier bagages pour continuer la route. Dans la journée nous parvînmes à la frontière avec la République d'Ynorie. Les gardes nous examinèrent un moment du regard avant de nous laisser passer. La route devint de moins en moins agréable, tantôt des pavés, tantôt de la terre battue, il fallait faire attention aux foulures d'autant que nous marchions d'un pas rapide, mais régulier. Angalak était devant, le guerrier était sur ses gardes à tout moment, près à bondir telle une bête féroce sur quiconque osait nous attaquer. Ardic, Theril et moi étions juste derrière lui, tous les trois nous marchions d'un pas vif et déterminé tout en bavardant. Enfin, Ardic et Theril bavardaient, moi moins... Séraphin et Yluica eux, venaient juste derrière nous, silencieux. Shi'yan et Alemur fermaient la marche également à l’affut de la moindre présence indésirable. Nous passons par la forêt, mes connaissances sur les forêt nous furent utiles, même si j'étais plus familier de celles d'Imiftil. La forêt était assez grande et vaste, de nombreux animaux y couraient des loups, mais aussi des gobelins ou autres voleurs. Il valait mieux rester sur ses gardes comme dans toutes les forêts.
En effet au bout de quelques minutes de marches, on se retrouva encerclé par cinq loups. Chacun sortit son arme. Shi'yan tira une flèche et ne manqua pas sa cible, un loup la reçu en pleine tête. Angalak et Ardic s'avancèrent, épée à la main, pour en terrasser deux. Les autres s'en allèrent effrayer. Soulagés, nous reprîmes la route vers le nord.
Le reste de la journée fut plutôt calme, le soir on s'arrêta dans la forêt et on alluma un feu, il a été également décidé que cette nuit nous monterons la garde à tour de rôle pour prévenir les autres en cas de problème. Je me portai volontaire pour le dernier tour de garde, celui du matin très tôt. Une fois l'ordre décidé chacun alla se couché en silence après avoir avalé un peu de nourriture.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Bouhen
MessagePosté: Jeu 30 Juin 2011 18:31 
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Localisation: Entre Oranan et Bouhen
Nous sortîmes de la forêt dans le début d'après-midi, débouchant sur un grand lac entouré de quelques habitations. Selon mes compagnons, nous suivions sur la bonne route. Nous étions partis tôt, suite à l'attaque d'un groupe de gobelins pendant mon tour de garde, qui avait réveillé tout le monde. Nous prîmes donc la décision de partir tôt ce matin. Sans nous attarder, mes amis et moi contournons le lac Estina. Je le trouve assez grand ce lac, isolé, sans aucun fleuve pour l'alimenter. Nous ne quittons son rivage que le soir venu, peu de temps avant le couché du soleil. Dès lors, nous décidons de monter le campement et de réitérer le système de garde de la veille, en décalant. Je prenais donc le premier tour, le soir. Après le repas, je m'installai donc près du feu, marchant de temps en temps pour éviter de me laisser gagner par le sommeil. Lorsque la lune, semblable cette nuit là à un disque d'argent, parut être à trente degré de mm position, je réveillai le prochain à veiller et allai me coucher pour m'endormir aussitôt.

suite

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Dernière édition par Tthéo le Ven 1 Juil 2011 19:18, édité 1 fois.

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