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 Sujet du message: La forêt des Faera
MessagePosté: Mar 28 Oct 2008 10:12 
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La forêt des Faera


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Une forêt étrange, ancienne, en dehors des sentier battus. Vous vous êtes égaré sur la route de Bouhen à Oranan et vous êtes tombé sur la forêt des Faera !

De taille moyenne, cette forêt est pourtant la moins connue de toutes les forêts de Nirtim car bien des légendes en ont éloigné les voyageurs et les habitants.

A l'intérieur vivent les Faera, mais aussi des tribus Gobelines, des araignées, des Gnomes, quelques Orques, des ours, des loups ... Bref un endroit charmeur mais dangereux !

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Mer 1 Juil 2009 18:30 
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Partir au petit matin n’est pas la meilleure idée que j’ai eue, encore une fois maison fait avec…qui plus est ce matin, une brume étrange enveloppe la forêt, comme si un voile épais était tombé pendant la nuit, comme si on avait voulu dissimuler la vie de la forêt. Ce qui est étrange c’est qu’au village, on voyait percer les premiers rayons de lumière de la journée naissante, ce sera un beau souvenir dans les heures sombres de ces recherches que je m’apprête à entamer de penser ainsi à notre petit peuple et à notre petite tribu.

C’était les pensées qui l’agitaient à la sortie du village forestier où il avait grandi. Quand on est lutin, les départs n’ont normalement rien de définitif, départ rime avec retour, les lutins des Sylves se rassuraient généralement comme cela. D’ailleurs, c’est une créature étrange que le lutin, anxieuse au moment du départ mais toujours prête à partir et une fois partie jamais envie de rentrer préférant prolonger les aventures. C’est une créature qui sort dont ne sait trop où comptant sur la chance, priant Zewen à chaque pas et jurant au suivant ! Enfin, ce matin, on ne pouvait pas se rassurer, le retour ne se ferait pas de lui-même, faudrait le provoquer si on voulait revoir les huttes perchées et les sentiers bordées de mousse, et puis il partait seul, rare, si rare que de mémoire de lutin ça n’arrivait jamais. A la sortie de la tribu il y avait le chemin qui mène à la ville des hommes, c’est long mais ça y arrive, on évite les gobelins, les hiboux, les araignées, on contourne un peu tout ça, puis le chemin se fait route et de la route on entr’aperçoit à deux trois milles les remparts gigantesques de la ville. Malgré les précautions qu’on pouvait prendre, ce chemin s’avérait tout de même dangereux, on n’est pas à l’abri d’une embûche gobeline…Mais il n’en était pas à des conjectures de la sorte. Il fallait qu’il s’équipe, qu’il trouve encore une monture…Il se remémore les derniers mots de son maître :

« Tu sais qu’il faut que tu partes, n’y revenons plus. Tu pourrais te joindre directement à la cité des hommes libres mais ce ne serait pas sage équipé comme tu l’es. Les lutins ne te donneront rien de plus que tout ce que tu as reçu pendant ces dix années d’apprentissages »
(Cela fait quinze ans que je suis ici, quinze ans…)

« Les lutins ça veut pas apprendre, ça veut rire et chanter et jouer encore, et là-dessus on a raison personne ne pourrait venir nous en faire démordre ! Tu as ta baguette d’églantier et quelques habits que tu as déniché personne ne saurait dire où et tu partiras comme ça ! Dès demain ! »
(Pour qu’il parle autant, c’est que l’heure est vraiment venue que je m’en aille…)Soupir.

Et le matin était venu comme ça, implacable et froid d’humeur au creux du grand chêne, le poussant à prolonger son apprentissage plus loin dans les terres, bien plus loin de sa forêt.

« Tu as réussi à posséder Poudre cristalline, c’est grande magie pour un être si petit que toi et tu auras à t’en servir dès la sortie du village »
Le vieux comme un dément lutin se mit à rire et à railler la taille du jeune lutin comparée à la puissance des sorts qu’il pourra un jour détenir. Le vieux était comme ça, un rien l’amusait et encore plus les contradictions, c’est dans la race ce jeu sur les contradictions ! Mais fallait partir alors il lui a botté le derrière avec sa grande pousse de houx et dehors tonitruant sans plus d’au revoir.
« Quand faut y aller faut y aller ! J’ai besoin de quoi dans un premier temps ? Ca serait bien d’apprivoiser un lapin ou un oiseau qui pourrait me porter un peu…Oh oui ça serait bien ! Hutcha aux oiseaux, Hutcha au lapin ! Ca claque ! »

Il parlait tout haut pour se donner du courage et on s’aperçoit que bien vite le lutin oublie dans quelle panade il s’engouffre…C’est bien gentil un lutin et malgré ce qu’on pourrait croire, enfin malgré ce qu’en pense Hutcha, il était tout pareil à ses comparses de sous les bois. Il avait décidé de commencer par se trouver un lapin, chose aisé par ici où les garennes n’étaient que chassé par les gobelins et les orcs et par la protection mystique et magiques des Faera, par ici ils n’osaient guère s’y aventurer pour la chasse. A la sortie de la tribu qui regarde le soleil se lever, il prit le nord, se glissant entre quelques fourrés d’épineux qui ne le mordirent guère, l’avantage d’être si petit dans une forêt si vieille, qui avait eu le temps de se développer vers les hauteurs, prendre une place colossale dans tous les sens, tant terrestres qu’aériens. Il s’approcha d’une garenne qu’il connaissait bien à l’époque pour y avoir taquiné les lapereaux avec Vatar, l’ami d’enfance de toujours qui le prit dans ses bras des les premiers moments de leurs arrivées avec ces parents.

« Pmfpfmpfm »
Imitant le bruit du lapin pour se faire accepter !
(Si on me voyait, enfin je sais pas comment font les autres mais moi je vois que ça) Petit rire strident et étouffé aussitôt pour ne pas se faire remarquer.
« Pmfpfmpfm »


Il s’approche encore un peu et peut voir à l’intérieur de la garenne. Rien n’avait changé, il y avait encore du petit monde dans ce trou là ! Le trou béant ressemblait à une gueule géante d’un animal endormi la bouche ouverte, bouche édentée aussi…Une odeur peu commune exhalait de l’endroit, pas de lapin, enfin peut-être que les lapins ont changé d’odeurs, en quinze ans des choses changent. La brume ne pénétrait pas dans le trou, il y faisait bien trop chaud pour cela !
« Punaise que ça creuse ses bestioles là, on en pas idée de faire des bifurcations comme ça ! Je vais où moi là ! Par là ça sent fort, on va y voir ! »

C’était à sa gauche et ça descendait légèrement, serpentant entre des racines d’arbre. A ce moment là, un petit bruit aigu se fait entendre, paralysé il ne bouge plus d’un pouce pour ne pas effrayer les lapins. Et le coquin de lutin se met à siffler une vieille sérénade murmurer par les arbres d’apaisement des créatures, de légères trilles et beaucoup d’harmonies, mais cela il l’ignorait, la musique c’est fait pour être jouer par pour être sérieux ! Foi de lutin !

« Fi, ça pue carrément ici pas possible que cela soit des lapins ! Oh Zemer !Des rats ! Ca pue le rat là dedans… »

Évidemment la fuite paraissait la meilleure échappatoire mais avec ces petites pattes de lutin ça ne serait pas des plus facile…Dépendait aussi du nombre de rats. Les rats aiment les lutins, la chair tendre et douce du lutin…

« Pfff ! On court !!!!!!!!!!!!!! »

Mais le rat ça court vite sur quatre pattes…Et pour faciliter la fuite, il fait aussi noir que dans le derrière d’un lutin des champs, que le nez pour s’en sortir de là dedans, va surement falloir qu’il improvise pour s’échapper en un seul morceau de ce trou…à rat ! Le rat court trop vite tout de même et il les sent de plus en plus proche de lui, une haleine fétide pleine de sang donne aux lieux une odeur de mort qu’il n’avait pas encore sentie jusqu’alors dans le terrier…

(ils ont du profiter de l’absence des gros lapins pour venir manger les petits, saloperie de rats, je risque de me faire croquer et j’aurai pas mes lapins porteurs !!!!)

Il en décompte trois…S’il sort, s’il y arrive un seul viendra lui chatoyer la couâne et avec un peu de chance il l’enverra au tapis…Mais la sortie ne se fait pas voir, c’est pas par ici qu’il était passé pour rentrer, la terreur monte et il se dirige vers une autre sortie qui semble bien, bien, bien plus loin. Les crocs des rats lui claquent aux fesses. Ses yeux vont sortir de ses orbites et la frousse le gagne complètement ! Encore une galerie ! Encore à droite ! Encore tout droit !

(Ca sent la forêt par là ! oh Punaise j’en peux plus, la forêt est juste là ! je vais sortir !)

Et il sort ! Cœur battant, cheveux encore en bataille que de coutume, pieds meurtris par les petits cailloux qu’il ne put éviter, soulagé il grimpe sur le tronc d’un arbre, juste de quoi empêcher ses prédateurs de le chiquer.

« Mais dégagez de là sales bêtes ! Dégagez de là bon sang ! Mais bon Dieu de Zémer fait quelque chose ! Rana nom de nom de toutes les déesses qui occupent le monde vire moi ces saloperies puantes ! »

Un charretier le lutin, mais rien y fait ! Un rat abandonne tout de même ayant senti ailleurs une proie plus facile à attraper !

(C’est un peu mieux, pourrait pas faire un effort ces Dieux là !!!!!! Sinon j’essaye de les repousser…Enfin euh j’y crois pas à mort, dans la poche un morceau de bois d’églantier…ça fait pas lourd, faudra trouver un coutelas si j’en ressors de cette affaire !!! Oh un sort !!!)

« Une incantation accrochée à un arbre…J’y crois à mort…on essaye… »

Accroché comme un papillon à une toile d’araignée, il commence une incantation de Poudres cristallines des plus étranges, les mots se mélangent…Il attend qu’il se passe quelque chose !! il s’accroche à toutes les branches qu’il peut attraper les arrache et les jettent sur les bestioles…Un nuage d’azur se forme au dessus de la forêt qu’il aperçoit au travers du feuillage dense. Un des deux restants s’en retourne avec le premier parti. Le troisième semble accroché aux pieds du lutin qui se sent vaciller dans un autre plan, la nausée le gagne. Se brouille sa vision. Se mélange ses pensées.

(Je vais tomber…je vais tomber…)

Contrit de peur et par manque de force, il s’évanouit ! Paroles de lutin, rarement, on voit pareilles choses se produire, d’accoutumée, le lutin est capable de se défendre soit par malice, soit par force mais il s’en sort toujours même parfois par coup de chance, comme ça, un caillou une chute et les poursuivants se prennent une branche basse, normalement ça se passe comme ça ou à peu près…

Cette brume qui paraissait si malveillante, si infâme, s’est levée, sûrement sous l’effet d’un sort elfique, ce peuple détestant par-dessus tout la brume, si mauvais présage annonciateur de grands malheurs, la conjuration de cette brume avait en épuisé plus d’un, car si malveillante elle était, il fallait non seulement la dissiper physiquement ici et intervenir aussi dans le désordre émanant d’elle. Ce genre de passe magique où les elfes tentent de résoudre par anticipation la venue d’un grand danger demande une énergie colossale que peu de communautés peuvent se permettre d’engager. Il cligna des yeux et ne la vit plus, confiant dans le survenir du reste de la journée ou de la nuit, impossible de dire où en était le soleil dans sa course céleste. Il se ré-effondra presque aussitôt, sa fatigue ne pouvait être que plus profonde qu’une course bien qu’éreintante et une incantation d’un sort si longuement répété et mesuré, cette faiblesse sortait de ces quinze dernières années où pour farcir une tête de lutin, une tête de pierre en somme, il fallait beaucoup de travail et de patience. C’était ce genre de chose qui se dégageait en ces heures un peu sombre du début de son périple. Gêné au ventre, il finit par se réveiller totalement mais le soleil ne faisait maintenant que pâle figure en dardant des rayons qui s’attardent dans un ciel mauve et saumon. Les montagnes environnantes les empêchant de donner une dernière fois de la journée leur lumière quotidienne. Il se trouvait sur quelque chose de dur et souple à la fois, nauséabond et froid et chaud en même temps. Ca grattait au niveau du bassin. L’effet du repos forcé se faisait ressentir encore et se remémorer ce qui s’était passé semblait demander un effort bien plus grand qu’il ne pourrait donner actuellement.

Étouffant un haut de cœur : « Pouah mais qu’est-ce qui se passe à la fin ! »

Se roulant sur son côté, il comprit instantanément ce qui gisait sous lui…Un des trois rats infâmes étaient mort…A savoir comment se faisait-il qu’il se trouve dans cette posture, qu’il soit mort, il ne pourrait assurément pas dire comment cela s’était produit. Il faudra encore un peu de temps pour retrouver totalement ses esprits et comprendre les tenants de la bataille contre ce rat qui, d’aussi loin il se rappelle, écumait en grattant de ses griffes grises l’écorce de l’arbre sur lequel il s’était hissé, non sans mal.
« Un nuage bleuté…et puis quoi après !? » Fronçant sa bobine pour se donner un air de rechercher la solution…C’était complètement ridicule de le voir comme ça. Et l’insouciance lutin de le rattraper
« Bref, il s’en est retourné à la mort ! Faut se remettre en route malgré la nuit tombante »

Difficilement tout de même, le lutin se relève.
« Ehh mais ça fait mal ! Ce rat m’a mordu à la jambe »

Un lutin n’aime guère réellement la solitude, préférant la compagnie de petits animaux que de souffrir d’être seul, si une telle compagnie ne lui est pas permise, il parle tout seul, piaillant tout le temps une injure, un rire…

« Fichu rat par Zemer et Rana ! Vais me choper une maladie de marais ! Faut me trouver de quoi me faire un pansement et fissa ! »

Hutcha reçut durant l’apprentissage le savoir de quelques plantes médicinales pouvant servir d’onguents, de diurétique…Il lui suffit de se mettre en chasse de feuille qui parfois sont bien plus grande que lui et se les appliquer, ce genre de savoir l’avait intéressé, y trouvant une plus grande avec la forêt qu’il aimait tant, un savant mélange de savoir échangé entre eux deux, c’est ce qu’il s’imaginait. Cette forêt n’est pas une compagne fidèle se jetant parfois du côté plus sombre de l’existence que ce qu’il pouvait imaginer.

Naviguant entre les feuilles mortes et vivantes, soulevant de sa force de moustiques de lourdes feuilles d’arbustes nains mais robustes, en quête de cette feuille qu’il a vu tant de fois séchant dans le local de repos, diffusant une odeur reposante au moment du coucher. Un suave mélange herbeux, mentholé, frais, impossible de ne pas la retrouver. La blessure ne lui faisait pas grand mal, la morsure n’ayant pu être réellement profonde et inquiétante. Il découvrit, par contre, assez rapidement des champignons qu’on mangeait toute l’année à la tribu, cette fichue tribu…Des girolles, un festin à savourer avec la tribu mitonné par la mère des petites mères qui sait leur faire sortir tout leur bon jus. Des images comme celles-ci se dessinent par centaines dans son esprit tout de même embué par cette drôle expérience, quand il se rendit compte que ses souvenirs l’assaillaient
(Ca ne peut-être que cette plante)

Fouillant encore un peu à sa droite et à sa gauche, dégageant des brindilles qui l’empêchait de passer, il la trouve, une plante à la feuille aux cinq dents, d’un vert profond et sensuel, cette plante est une invitation à se prélasser et à sombrer dans la mélancolie imperméable des moments qui fuient. Il en prend un peu en bouche pour faire ressortir de la sève, prenant garde de ne pas succomber à des joies faciles et inopportunes pour l’instant. Se passant la feuille mâchouillée sur la plaie, il sentit ses effets immédiatement, recouvrant par la même occasion une clairvoyance salutaire !

« Bon maintenant, assez joué avec les rats-rats assez cherché les petites plantes qui font rire, assez été dans le coltard le plus total, faut trouver ce fichu lapin qui me servira de monture pour sortir de cette forêt, aller où ? Rien ne sert de savoir, il a dit qu’il fallait chercher les Hommes de Sagesse…Sur un lapin, un lutin ne peut que les trouver ! »

Et de se relever et partir dans un rire cristallin. Il n’est pas dit qu’Hucha perdra sa bonhomie ! Ah ça non !!!!!
Sifflotant au grès des bises toutes légères qui passent si proche du sol, il hume l’air à la recherche d’une garenne libre pour y trouver ce lapinot ainsi qu’un abri pour la nuit !

« Mon vieux, n’oublie pas que les lapins c’est craintif mais une fois qu’il a compris comment ça allait se jouer, il bouge plus et même il obéit ! Tu t’approches, tu l’embobines dans sa langue de lapin et c’est parti ! Hutcha le lutin qui parlait aux lapins… »

Nouveau rire ! Le rire de Hutcha était strident, si petit qu’il était !
« Ca sent le lapin ! Laaapiiinnn !!!Non chut !!! Lapinoux pmfpmfpmfpfmpfm… »

Un bruit de réponse survient de derrière lui, retournement immédiat, recherche avec ses oreilles de la provenance et enfin mouvement vers le dit bruit. Un murmure dans l’air passe, Hutcha cherche les paroles d’apprivoisement des animaux…Les petits se terrent immédiatement. La mère les suit pour les protéger. Une discussion qui ne pourrait être ramené ici s’engage entre le père belliqueux et Hutcha confiant de lui et de ses capacités.

Ce qui peut être encore rapporté est que la nuit d’Hutcha se passerait calmement au sein d’un terrier protecteur, suffisamment enfoncé dans la terre pour ne pas être inquiété par un hululement ou un glapissement de renard. La nuit tombée lentement comme une caresse sur la forêt qui se cherche calme et tendresse après la venue de cette triste brume, au loin les Faera entonnent des chants de félicité comme un bruissement de feuilles mues par un vent chaud et protecteur…
Hutcha s’endormit paisiblement.

_________________
Hutcha, le lutin nabot

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Jeu 2 Juil 2009 19:01 
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Paisiblement se passa la nuit, les rats avaient empestés les lieux de telle sorte qu’aucune créature ne s’était trop approché, bien eus quelques hululements mais lointain et sans danger réel. Des touffes de leur poile infâme jalonné le terrien laissant persister l’odeur de mort qui s’accrochait souvent aux rats, charognards…Et vint sur le petit jour naissant bien loin de la forêt des Faera une brise fraîche et trop fraîche pour Hutcha qui se met à éternuer et se réveilla donc…L’humus de la terre complétait la palette des odeurs du terrier…Ici et là des feuilles jalonnaient le sol, des feuilles de chênes tombées à l’automne et portées jusqu’au cœur de la terre.

« Silence ! Écoute la respiration tranquille des animaux qui peuplent ce trou ! »

Et pour une fois, le lutin se tut totalement cherchant l’osmose avec le milieu de terre et de feuilles, habitat de ce petit mammifère qui pour lui être de grande aide pour voyager un temps. Ces bêtes ne supportent pas longtemps les courses, il faut les amadouer encore et encore, leur donner de l’herbe tendre et surtout ne pas compter sur une quelconque amitié, aussi serviables que ces tas de poiles peuvent être aussi peu amical, jamais il n’y aura ce sentiment de fidélité de l’amitié, faut le savoir et lui le savait, il savait beaucoup sur les lapins.
(Qu’est-que l’on fait ?) Il tape ces vêtements légèrement salis par la terre, légèrement pour les lutins a une signification particulière, un être normal ne saurait reconnaître la couleur qui se cache derrière les tâches, mais pour un lutin c’est presque propre.

(Il me connaît maintenant, il ne se méfiera pas, je monte sur le terrier et quand il sort je suis saute sur le dos ! Oui, on va faire comme ça après on se bagarre pour savoir qui est le chef du vaisseau et hop dans une heure on court à travers les bois, plein nord à la recherche de cette ville humaine.)


Aussitôt dit aussitôt fait, voilà le lutin engaillardi par bonne nuit qu’il vient de passer où les rêves lui laissèrent le répit du repos , qui se met à courir vers la sortie du terrier et monte sur le tertre que forme la garenne, suffisamment à couvert pour ne pas se faire surprendre par un animal de mauvaise augure, les oreilles plaquées sur les épaules, il patiente. S’élances de part et d’autre des chants aériens d’oiseaux se réveillant à leur tour, piaillant au soleil leur joie de vie et leur liberté de vivre dans les cieux. De part et d’autre, la forêt s’élançait dans l’aventure de ce nouveau jour, les arbres s’étiraient faisant craquer leur vieille carcasse épaisse et robuste, les gouttes de rosée parsèment les feuilles basses de cristaux scintillants, plongeant les Faera dans des contemplations sans fin sur la beauté si vivante de la Nature, et un nouveau chant, une mélopée placide et sublime agrémente ces temps de bonheur.

(Vas-tu sortir fichu lapin ? Par Zewer, tu y en sors !!!!! )

D’étranges pensées l’assaillirent, le jetant dans le fondement de son départ de la tribu, lui rappelant la nécessite des étapes qu’il devrait accomplir et des plans qu’il devait élaborer pour se rendre aux lieux de son enseignement comme lui avait fait promettre son maître

(Cherche Rana, cherche les hommes solitaires, cherche les splendeurs d’ivoire, cherche les ruines ancestrales…et va !!)

Ce jour là, le maître s’était trouvé des plus rustres, lançant par colère moult de ses effets, comme pour passer une colère injuste. C’était il y a tout au plus une année que cela se produisit, une réminiscence prophétique sur la route qu’il devrait prendre. Le maître avait déguerpi comme parfois dès le matin, le laissant à la merci de l’ennui et de l’étude. Farfouillant de droite et de gauche à la recherche d’un livre, l’étude forcée, il ne s’aperçut pas de son entrée, des plus tonitruantes pourtant. D’antiques poussières se levèrent, les yeux fous et les cheveux noués autour de branchettes, il s’était mis à psalmodier des mots inconnus. L’effet fut sans détour, paralysé il ne pouvait qu’écouter ce que le vieux fou aurait à lui dire. La fureur avec laquelle il avait fait son entrée avait fait voltiger les feuillets libres, éteindre les deux bougies allumées pour la lecture…

(Ah te voilà mon hôte d’une nuit !)


Ni une ni deux, projeté dans l’avant vide que représente l’espace entre lui et le lapin tout juste sorti de sa hutte, il pousse un cri pour apeuré une seconde l’animal, pas plus il fuirait. Un arrêt sur l’image permet de rendre compte du ridicule de la situation mais ridicule est trop connoté il faudrait surement dire le lutin de la situation, usé du nom comme d’un adjectif tant cette attitude est tellement lutine. Une clairière avec des touffes de mousses ici et là, un trou d’où sort un lapin à peine réveiller de sa nuit, sur le toit de son terrier se tient un lutin tout petit monté sur ces petites pattes prêt à bondir ! Et il bondit d’un coup pour attraper le lapin innocent. Agrippé à la fourrure du cou de l’animal, rien ne pourrait le faire lâcher sa prise, il s’en était fait tout un monde de monter sur son lapin. Et au lapin de se démener pour échapper à se tortionnaire. Et de donner des coups de reins pour faire sauter le nabot qui habite sa croupe !

(Foi de lapin, on m’aura pas comme ça !)

Mais le lutin s’agrippe encore et arrive hélas à se cramponner aux oreilles. La forêt n’avait été pendant ces trente secondes qu’un tourbillon verdoyant où rien n’était reconnaissable. Le soleil jouait à percer les feuillages et la paix revint. Les oiseaux se remirent à chanter sereinement des airs coquins et malingres.
« N’aie crainte petite bête, tu auras à manger et à boire si tu me conduis bien sagement. Du calme, du grand calme… » Une vieille expression lutine monta à ses lèvres, plus apaisante que le miel chaud, plus doux que la caresse du soleil au début du printemps. Héritage lutin sans conteste unique dans le monde. Faudra voir comment ce sortilège de mots fera de l’effet sur les créatures humaines, ces si hautes créatures qui se sentent si dominantes. La bête s’arrêta d’elle-même, s’offrant à un maitre ridicule mais qui ne lui ferait aucun mal. C’est beaucoup ! Petite bête sans défense apprécie beaucoup le non danger, la sureté d’un toit. Tout en continuant de lui parler avec gentillesse pour être sur de garder son emprise sur l’animal, Hutcha descend de sa monture et vient caresser l’encolure du petit lapin qui ne tremble plus ou presque. Un pelage soyeux dans les tons gris…Des yeux de petites tailles et tout noir.

« On va partir ensemble loin d’ici, très loin et tu seras serviable » Ca ne compte pas cher d’espérer que la bête comprendra et agira de la sorte. « J’ai de trop petites pattes pour parcourir des étendues vastes et toi tu cours très vite…On va être camarade » Des paroles chaleureuses et simples pour que le lapin comprenne à sa manière l’état des choses. Les temps pressent au départ définitif de la forêt, il fallait en sortir de cette forêt et chercher la route, toujours à la recherche de la route qui mènerait aux hommes. « Rah ! Faut y aller un point c’est tout » Le retour d’étranges pensées le mirent dans un état second quelques instants, le dérobant à la réalité et à la féérie des lieux, alors il remonte en scelle sur ce lapin qui subira bien les tourments du jeune maître ; il poussa un affreux cri vers les cieux, de ces cris qui glacent le sang quand rien n’en indique la provenance, de ces cris que l’on pense sortir des très fonds abyssaux des entrailles de la terre. « En avant !!! Droit au nord ! »

« A gauche, à droite, à droite encore, à gauche, évite l’arbre lààà, encore à droite, plus vite, oh ralentis » Et ça a duré une heure ou deux comme ça, jalonnant entre les arbres et les arbustes, évitant les putois et les hérissons perdus dans leurs divagations de tous les jours. « Trouve une clairière, on va manger ! Allez cherche bon Zewer !!! » Le reste de la journée ne présente guère plus d’intérêt que ce début d’aventure, ils slalomèrent ainsi durant une bonne partie de l’après midi, croisant une meute de loups qui devaient être repus car seulement deux les avaient poursuivis et encore quelques minutes seulement, de magnifiques loups au pelage d’argent et aux yeux d’or, on eut dit des créatures d’un Dieu, mais peut-être un Dieu se promenait-il par ci ? Ce genre de pensées ne virent ni à l’esprit du lapin, encore heureux sinon c’est à se demander qui des deux est le plus futé, ni à l’esprit d’Hutcha qui essayait de maîtriser la bête quand même à moitié folle qu’était ces lapins des bois. Ils s’arrêtèrent souvent pour reposer PinPin, le nom qu’Hutcha lui donna rapidement. L’imaginaire lutin se trouve à des milliers de la finesse de leurs cousins elfes. Le soir, tout de même après une pérégrination qui avait bien trop duré, ils trouvèrent une lisière, sortant enfin de la forêt qui pendant les dernières minutes s’était faites bien sombres, pleines de toiles d’araignées, puantes, la nuit ne devrait pas être tranquille mais Hutcha, il ne faut pas s’inquiéter, n’y pensa pas une seconde, peu importe comme se fera la nuit pour l’instant fallait encore manger et dormir, la nuit c’était bien loin, voire même infiniment loin, elle venait de tomber accompagnée de vents hurlants aux cardinaux une fureur qui s’élevait des montagnes. Des champignons, des œufs volés dans un nid de merliot, de l’herbe et un peu d’eau avant de dormir l’un contre l’autre, une espèce de complicité inconsciente pour se protéger d’une crainte montante de très profondément de leurs entrailles.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Ven 3 Juil 2009 07:17 
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Couchés l’un contre l’autre contre le gros arbre, un peu à l’abri, encore dans la forêt, juste au bord, pour n’éveiller les soupçons d’aucun prédateur des plaines, lovés dans un de ces creux, ils se tenaient bien chaud et n’avaient guère besoin d’un feu, l’un comme l’autre préférait rester loin du feu, tant qu’ils seraient près des bois, sans parler que le feu n’inspirait pas le lapin pour des raisons obscures qui remontaient aux temps d’il y a pas si longtemps où après avoir reçu une flèche bien planté, il vit une partie de sa communauté tournée sur des broches au creux de la forêt. Enfin là, on était pas dans un terrier et éviter de se faire remarquer serait pas si évidente si on pense à ces chouettes qui patrouillent les bois en quête d’un morceau de chair, lutine ou lapine, bien souvent peu leur importaient à ces animaux de la nuit, détestables entre tous ceux qui faisaient vivre la forêt la nuit, ceux qui la maintenaient dans une agitation permanente, ne permettant que de rares repos quand par malheur tu ne dormais pas dans un terrier douillé aménagé pour les tiens. Bref, ce soir, ils dormirent comme des masses contre l’écorce argent et bleu de lichen d’un arbre qu’aucun n’eut su nommé. Des plaines qui ouvraient la voie du nord, s’engouffrait un air souvenir d’hiver, par rafales, petites rafales, les dents du froid mordaient encore les chairs dévêtues, et Hutcha frémit plus d’une fois cette nuit là, rien qu’à cause du froid. S’effaçait comme il le devait, le souvenir de cette vie à laquelle il tournait le dos, bien souvent les états d’âme relatés ici n’affleurent pas dans l’esprit du jeune lutin, vivant sa vie lutine comme n’importe quel lutin, insouciant et heureux de vivre. Ces plaines qu’il faudrait traverser le plus rapidement possible pour éviter de se faire apercevoir et pouvoir dormir encore à l’abri la nuit prochaine. De ce côté du royaume, il ne semblait pas de la hauteur du lutin qu’il pourrait se trouver des habitations, des gites ou relais pour s’abriter, et l’envie ne lui viendrait guère non plus, rencontrer et parler avec les hommes ne lui porterait que peu de joie, la dernière fois qu’il en vit un, cela remontait avant la cérémonie. Et encore il avait voulu l’écraser sous sa botte malgré ces vociférations acharnées pour lui montrer son existence et son intelligence, à croire que pour celui-ci cela ne représentait pas grand-chose, folklore et superstitions. La lune se pointait sur les horizons est qui s’ouvraient eux vers la mer, scintillante elle diffusait une lumière d’argent qui emporterait n’importe quel cœur sensible à la véritable beauté de la Nature. Fille de la Nature, elle dardait des rayons plus doux et plus sage que ceux de son frère amant, le soleil. Elle offrait de bercer les deux êtres chétifs endormis par des caresses rayonnantes. Se passa encore une heure. Une heure de plus. Un glapissement bien lointain. Un hululement bien proche. Hutcha s’en réveilla même.

« Quoiiii ! » et plus bas pour pas effrayer le lapin. « Un hibou trop proche » Il se met à danser sur un pied sur l’autre ridiculement, pour marquer un désarroi devant la situation, les mains sur la bouche et pas du tout enjoué à la perspective de rencontrer un hibou à cette heure !

(On se fiche de l’heure va falloir réveiller PinPin et l’obliger à partir de suite, je ne sais pas où se trouve ce rapace, s’il est seul, normalement oui mais sait-on jamais par Zewer ce que trame ces bêtes de la nuit, s’il a faim, ça j’en suis presque sur, vu la saloperie vorace que c’est… Si Rana pouvait souffler un brin et le jeter bien loin d’ici…En même temps, ces monstres nocturnes se lèvent, va y en avoir de plus en plus, on aurait du, non laissons tomber)

« PinPin,PinPin, on y va » Le secoue gentiment pour le réveiller doucettement. Il cligne des yeux le petit lapin et ne comprend pas ce qu’il se passe, Hutcha déjà sur le dos lui tirant les oreilles, la Lune brillante haut dans le ciel, des cris qui retentissent encore, la panique va le prendre, le lutin se démène pour le faire partir à présent. D’une main, il écarte les arbustes bas et tapote le bas rein du lapin pour qu’il se mette en marche, certainement que Zewer guettait tout cela, l’hibou fond sur le lutin et l’attrape au gilet, le lapin en transe se met à courir, vite, vite, les yeux exorbités, l’écume à la gueule, Hutcha criant de toutes ses forces, agitant sa baguette dans les airs pour faire fuir son adversaire.

« Mais barre toi de là, enfers de mes nuits !! Va-t-en de là ! Mais lâche ça bon sang de bois ! » Il fonce droit à travers les herbes et les branches leur fouettant le visage, égratignant le front du lutin…

(Rah elle va se barrer cette satanée bête, qui m’envoie ça ? comme si j’avais pas mieux à faire que de me lancer dans les landes pas temps clair de nuit…Il n’y a pas de loups ici ? hein ?) Et le hibou de ne pas lâcher prise, hululant à tout va, perçant de ses yeux jaunes l’obscurité, repérant une pierre vers où menant l’étrange attelage pour que s’assomme le lapin et bouffer les deux…
« Schffffff Hin schfffff »
(Si je saute maintenant, je perds PinPin…)
Déployant des forces encore et encore, Hutcha frappe le hibou au niveau de ses griffes, s’apprête à le mordre, enfoncer ses dents pointus dans les cuisses de cette bête démoniaque qui ne mériterait que la mort.
(C’est hostile ces bestioles…c’est vrai qu’un peu de magie serait quand même un bon moyen de se défendre et de se faire prendre au sérieux…ça ferait s’émouvoir une cohorte de lutin nos aventures mais, j’pense, face à des hommes me ferait bouter !!!)
Encore un effort, un roulé boulé avec le lapin qui s’assomme, inconscient (Pauvre PinPin…) il déjoue les griffes et se jette sur la bête en rage ! Se passe les minutes lentement, le temps apaisé dans un grand mouvement de quiétude, mais pas pour Hutcha qui cherche des souffles nouveaux pour combattre l’enfer en animal contre qui il agite un bout de bois d’églantier. Se passe encore un peu de temps et tout se calme enfin. Du sang coule des crânes des assoupis, un filet, petite rigole s’échappant du front.

Allant de l'avant vers Oranan

_________________
Hutcha, le lutin nabot

---------------------------Niveau 2---------------------------
En passe de se faire mettre en charpies


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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Jeu 6 Jan 2011 01:12 
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Prologue~


L'instinct.
Impulsion innée, inconsciente, qui pousse un animal ou un être humain à se comporter d'une certaine façon.
L'intuition.
Celle que l'on donne à toute action se révélant hors de tout raisonnement...

Le ciel était strié de ses éclats bleutés et blanchâtres. Les couleurs claires explosaient et s'entrechoquaient contre les millions de nuances de marrons, de gris et de jades. Toute cette matière semblait s'élever dans un brouillard insaisissable et inaccessible que par la fraction d'instant que le cerveau est apte à capter. Toutes les teintes d'émeraude de la forêt des Faera scintillaient à ce moment précis, mais l'une d'entre elles avait un avantage incroyablement puissant: elle en était consciente. Deux cavités admirant le tourbillon de tonalités. Deux orifices comblés d'un vert ténue, fragile et à la fois d'une extrême dureté. Un sourire presque naïf s'esquissait sous ses yeux verdoyant de profondeur. Dans sa chute, l'homme tombait poitrine vers le ciel, le visage tourné vers le paysage à sa droite. Il pouvait entendre chaque battement de son cœur, chaque respiration de son être embrasé par le son du vent qui coulait le long de son corps. Ses cheveux noirs semblaient défier toute gravité en s'élevant vers le haut. Son torse était nu. Ses bras reposaient de chaque côté de son corps endurcis par tant d'années passées dans cette forêt; la raison même de son existence. 

Pourquoi se soucier de ce qui sera et de ce qui était? Oui. C'est probablement la question précise sur laquelle Ali s'étire chaque matin et ferme les yeux après le crépuscule. Quelqu'un nous a mis sur terre pour une raison spécifique dans le cadre de règles bien peu satisfaisantes. Prévoir ce qu'il allait avoir sous la dent le lendemain, ce que deviendrait son entité dans quelques jours... Pour lui, lassante est cette pensée propre à une énorme majorité d'êtres civilisés. Ce caractère d'abstraction d'autrui est une chose qui s'effectuait de manière complètement naturelle chez le jeune homme. Ni Ereton, le vieux rôdeur l'ayant prit sous son aile, ni sa mère, qui tenta avec tant de difficultés de lui rendre un semblant d'éducation lors de son enfance ne lui transmirent ce qui semblait aujourd'hui l'évidence de l'existence sur laquelle chacun de ses souffles avait sa raison d'évoluer. Il ne se souciait guère de ce que les autres pensaient de lui. Sa forêt lui offrait tout ce dont il avait besoin et tout ce qu'il demandait était une paix avec son environnement. Cet apaisement, il le vivait avec la nature.

La falaise devait faire une vingtaine de mètres et se terminait par un bassin d'eau douce bordé de rochers et buissons pour atteindre ensuite la forêt dense. Ali ne put empêcher un rire sonore d'échapper à sa gorge la seconde avant de s'écrouler dans le liquide froid et humide. L'eau l'enveloppa entièrement et la sensation de chute libre ne quitta pas son estomac. Comme si son âme était restée à la surface et que sa dépouille fixait les profondeurs du petit lac. Après un instant de latence, il effectua un battement puissant qui le propulsa lentement à la surface. Identique à la bulle qui éclate, il avala une énorme goulée d'air en se débarrassant de ses cheveux juste assez longs pour se coller sur ses paupières. En prenant son temps, il rejoignit la berge recouverte de mousse où il avait déposé son bâton du blanc immaculé d'un chêne ainsi que sa cape bleue sombre. Debout sur ses deux pieds il sursauta avec un rictus douloureux lorsqu'il tâtonna son dos rougit par l'impact. (Peut-être un peu trop haut que je l'avais prévu) se dit-il en haussant les épaules. Fixant les trois seuls objets en sa possession avec la petite bourse de quelques Yus, il réalisa que son fardeau était bien léger pour s'aventurer à l'extérieur des terres qu'il avait toujours connues.

Un sentiment d'angoisse le saisit à la gorge lorsqu'il y attacha sa cape. Son maître Ereton avait fait le choix de le laisser partir neuf ans après être devenu son fidèle protégé. Jamais il n'avait pu prendre une décision à part entière sans les généreux conseils du vieux rôdeur et maintenant qu'il le libérait, Ali se retrouvait dans un néant d'incertitudes. Il passa une main sur son visage et ébouriffa sa chevelure lisse qui retomba de chaque côté de son visage.

-« Faut bien commencer quelque part...» s'entendit-il penser tout haut.

Il jeta un dernier coup d'œil à l'endroit de son plongeon vespéral et empoigna son bâton de la main droite en écartant une branche de l'autre.

Ali connaissait la forêt presque parfaitement. Depuis ses douze ans il n'avait cessé d'y évoluer avec la plus grande fascination. Si ce n'était pas de son plein gré, son père adoptif lui dictait d'aller chercher telle ou telle composante pour des baumes ou tout simplement un gibier sauvage pour le repas. Il avait acquis une aisance très habile pour s'adapter et assurer sa survie doublé d'une connaissance de la flore et de la faune hors du commun.

Marchant d'un pas assuré, il s'extirpa de la petite vallée dans laquelle se trouvait le bassin. La cabane d'Ereton se trouvait plus en aval près de l'extrémité sud de la forêt et le jeune homme avait souhaité revoir son abri une dernière fois avant d'entreprendre son expédition vers l'inconnu. S'appuyant de son bâton, il gravit un petit semblant de sentier qui menait directement à l'ouverture d'une cavité dans le roc émergeant du sol forestier. Il se débarrassa des branchages faisant offices de porte et passa la tête à l'intérieur. Tout y était. Il ne pu s'empêcher de sourire en voyant une renarde ayant pris possession de son petit lit improvisé de vieilles peaux et fourrures. C'est en s'approchant tranquillement qu'Ali s'aperçut qu'elle allaitait trois petits renardeaux à peine vieux de quelques jours. Déposant son arme, il saisit le quatrième qu'il venait de remarquer et l'approcha de ses frères et sœurs.

-« Laissez une petite place pour votre frère »

Un éclair illumina la crevasse et un énorme craquement secoua les feuillus à l'extérieur. La pluie frappa d'un seul coup le plancher de la forêt des Faera avec une violence et une force qui firent froncer les sourcils du rôdeur. Une bourrasque entra dans la tanière faisant sursauter la renarde qui commença à s'afférer, trop faible pour déplacer ses petits dans un endroit plus à couvert. Ali enfila sa capuche et sortit en courbant l'échine tant le souffle humide frappait avec volonté. Le ciel était passé d'un bleu pacifique au gris avec une rapidité à laisser pantois. Il s'empressa de reboucher l'abri avec le plus de branches de conifères qu'il pu trouver aux abords de celui-ci. Quelque chose clochait. Quelque chose d'anormalement incongru s'installait dans la forêt. Comme une fêlure battant au rythme d'un coeur se consumant.


La nuit s'était empressée de s'installer avec l'aide des nuages cendrés. La fraicheur amenée par la pluie engendrait une ambiance hors du commun dans la forêt. Les obstacles visuels normalement distingués formaient maintenant des formes peu précises. Levant la tête vers les cieux, son visage se libéra de l'emprise de sa capuche et des gouttelettes commencèrent à ruisseler jusqu'à la pilosité de son menton. Il plissa son regard vert comme pour déchiffrer un quelconque message flottant de nulle part. Courir. Courir le plus vite possible. L'esprit d'Ali savait où il allait et ses jambes se dirigeaient lentement vers elle. Le cœur battant la chamade, il n'y avait plus de doute. Elle était là. Belle et dangereuse à la fois. Une panthère noire, ce félin si mystérieux. Cette anomalie pigmentaire qui affecte quelques léopards avantageant l'animal par ce camouflage infaillible. Elle se tenait là, debout sur ce rocher à fixer le ciel orageux de son regard émeraude. Son pelage sombre dansait aux lueurs de la foudre. Sa longue queue se balançait gracieusement de gauche à droite. Hypnotisé, Ali réagit une seconde en retard lorsqu'elle se retourna pour le repérer et tout de suite sauter de l'autre côté du rocher. Le jeune homme n'avait droit qu'à une chance, il devait absolument la voir de plus près, essayer de comprendre. Ses muscles se tendirent et il courut sur ce terrain où il avait tant couru dans sa jeunesse: la forêt. Jamais il ne se sentit plus libre qu'à cet instant. Le félin courait à une vitesse phénoménal et Ali ne sait toujours pas combien de temps il dut la suivre.

La silhouette du félin s'arrêta net. Des gouttes de sueurs perlaient au visage du rôdeur et il ne put s'empêcher de fixer le regard du fauve. Ils se connaissaient. Leurs entités étaient profondément liées par le sang qui coulait dans leurs veines, mais restaient à la fois séparées par une brisure invisible impossible à décrire. Leurs cœurs battaient au même rythme passionnel et Ali hésita pendant une seconde s'il n'était pas de retour dans un de ses rêves plus vrais que nature. L'animal restait figé devant lui sans faire le moindre mouvement. Puis, elle recula et s'éloigna de quelques mètres pour s'arrêter encore une fois pour observer le rôdeur. Il jeta par terre son bâton et dénoua sa cape. Ses genoux se plièrent sous son poids. Il se dit à cet instant que cette eau qui dégoûtait de ses yeux avait un goût d'impuissance et de désespoir. Son estomac se noua et il se mordit les lèvres au sang. Il avait compris. Elle resterait inaccessible. Il devait continuer son chemin et acquérir l'expérience nécessaire. Ils n'étaient pas près, leurs âmes étaient encore bien trop jeunes et inexpérimentées. Ali eut un soubresaut de détresse et se laissa effondrer de tout son être sur le sol humide. Un coup de tonnerre et une pluie battante dessina les vifs traits de la silhouette féline qui observait cet homme rongé de l'intérieur. Elle s'approcha et alloua quelques légers coups de tête sur celle d'Ali. Elle lui saisit le poignet de sa puissante mâchoire et l'entraîna sous un énorme chêne situé à quelques mètres de là. La pluie torrentiel fouettait son visage inconscient lorsque l'ombre se faufila dans les profondeurs des bois.

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Dernière édition par Ali le Mer 9 Fév 2011 02:04, édité 9 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Sam 8 Jan 2011 02:39 
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Le temps se fige, s'estompe, se voile et disparaît. Plus rien n'existe et tous se transforme à la fois...
Je suis Ali. Une trace de vie dans une véritable hécatombe de la reconnaissance humaine envers la nature. Je croyais pouvoir vivre à l'intérieur de l'utopie solitaire que je m'étais créé au sein de la forêt m'ayant bercé, mais à ce moment précis de ma vie que je m'apprête à vous transmettre, ce monde bascula du tout au tout. Avant cette rencontre avec la panthère noire, je n'avais jamais pris réellement conscience de ce qui m'entourait sur un sens exponentiellement plus profond. Ce soir-là, jamais je n'aurais pu croire le matin qui vit le jour... Ou peut-être était-ce le matin du surlendemain...

***


C'est une pierre qui fendit à la fois mon crâne et le sommeil engourdit qui m'emprisonnait. Les heurts du sol peu homogène de la forêt des Faera bousculaient mon crâne encore hébété de somnolence qui retombait à répétions sur de petits cailloux ou une racine en quête de clarté. J'eus bien du mal à reprendre mes esprits et ce petit manège où l'on se croit encore du côté des songes aurait bien put durer quelques minutes de plus si cette plus grosse roche n'avait pas élancée mon crâne d'une douleur aussi stridente. Mes yeux clignèrent devant les rayons éblouissants du soleil tandis que je me rendais compte que j'étais bel et bien étendu sur le dos et que l'extrémité des arbres quittait mon champ de vision en direction de mon front. En tentant de toucher cette plaie qui devait suinter abondamment, mon estomac chavira au bord du vomissement lorsque je sentis mes poignets solidement fixés à une sorte de brancard qui soulevait mes pieds et laissait ma tête reposer sur la terre peu confortable. J'avançai, littéralement. Jambes devant et fermement encrées, la chose qui me transportait était positionnée à cette extrémité et c'est elle qui m'imposait cette position ayant causé cette horrible souffrance élançant de plus en plus. Je crus presque à ma folie tandis que je fronçai mon regard sur trois derrières de loup trottinant avec un harnais. Comme si ce n'était pas suffisant, chaque loup était monté d'un petit être à la peau verte et à demi plaqué de simples habits en cuir défraîchie.

Les trois étranges créatures tiraient mon sordide brancard avec obstination en frappant d'une branche la croupe de leur monture peu singulière. Je dus rapidement me faire à l'idée que l'on m'avait fait prisonnier et ce fut avec surprise que je réalisais la suite de mon cortège. Deux paires de pieds crasseux marchaient rapidement à quelques pas de ma tête. Aussi verts que leurs petits amis les cavaliers.

- « Grannnnn ! Kike eh maldt tok sske »

À croire par son expression, le plus près des deux marcheurs avait vite réalisé mon réveil. Soudainement, mon escorte cessa tout mouvement. N'osant pas regarder mes persécuteurs, j'entendis leurs pas s'agglutiner autour de ma tête. Ils se mirent à parler tous en même temps dans un langage constitué de claquements de langue et de sons gutturaux totalement dénués de sens pour mon oreille.

J'étais conscient que diverses créatures vivaient à l'intérieur de la forêt, mais je n'avais jamais observé ces choses avant cet instant. Ils étaient cinq. Cinq aussi laids les uns que les autres. Ils mirent fin à leur bafouillage qui semblait s'envenimer peu à peu et se penchèrent sur moi en tâtonnant la peau de mes bras et de mon torse. Apparemment, on me traitait comme une marchandise. Alors là, ça devenait carrément intolérable et l'agacement atteignit son comble lorsque je poussai un rugissement qui les firent tous sursauter. La colère commençait à me tarauder la cervelle et je leur crachai au visage:

- « Vous voulez rire? Je ne suis pas votre possession! Relâchez-moi immédiatement ! »

Je tirai de toutes mes forces pour me libérer en vint et les êtres me regardaient d'un air complètement indifférent. Leur facial avait une forme plus ou moins triangulaire et le vert passant du clair au sombre tannait leur peau. Ils étaient de petites statures et leurs membres frêles soulignaient un aspect nerveux. Un nez tordu en dessous de petits yeux sombres, des vêtements de peaux dépenaillés et des multitudes de babioles et colliers leurs procuraient un aspect de vermine humanisée. L'un d'eux, le plus petit avec une lance attachée d'une vieille dague à son extrémité, se pencha encore plus de mon visage et je fus aux premières loges de son haleine fétide.

- « Humain. Toi pas bouger. Toi bien nourrir tribu de Tektegst. Maintenant plus bouger dorrrrrmir ! »

Maugréa-t-il d'une voix criarde. Ses dents acérées se déployèrent lorsqu'il poussa un rire quasi enfantin et les autres l'imitèrent en tapant le sol avec leurs gourdins et lances respectives. Vraisemblablement, ils avaient la fervente intention de me servir en met principal pour la tribu « Tekquelquechose » et l'impuissance me mettait dans une situation intenable. La sueur collait mes cheveux sur mon front et les étourdissements dû à la perte de sang commencèrent à se faire sentir. Comment étais-je parvenu à cette situation? Le souvenir douloureux de la rencontre avec la panthère refit surface brusquement et embruma mon regard qui retraçait les évènements passés. La course, l'orage, la déception. J'avais ressenti avec une extrême puissance l'esprit du fauve que j'aurai pu reconnaître entre mille. C'était bien elle, aucun doute possible. Depuis le plus lointain de mes souvenirs, nos rêves fusionnaient et nous pouvions chasser et respirer le même air. Elle m'obsédait complètement par ces moments de pure allégresse qu'elle me faisait vivre avec une réelle intensité. Mais comment expliquer ce que nous avions réalisé au même moment. Nous ne pouvions pas être en contact tout de suite. Le temps n'était pas venu. C'est tout ce que je savais...

L'adrénaline qui nous propulse sur la proie, le sang affluant vers nos tempes, le souffle coupé de la victime, la pupille de celle-ci qui se dilate, sa dernière tentative de nous échapper, notre première morsure dans sa chair humide, la chaleur de son sang activant notre salive... Et la foutue main d'un gobelin qui me pétrissait les joues. Les affreux devaient s'inquiéter de me voir divaguer avec un sourire. Trop tard, je saisis la paume du plus costaud qui avait pris l'initiative de me ramener à la réalité. À l'aide de mes incisives, je lui arrachai un morceau de chair avec un bruit combiné de succion et de craquement. La métacarpe devait s'être brisée et le cri suraigu du grassouillet vint le confirmer. L'un d'entre eux avec une barbe très longue et dégarnie choppa son gourdin et me l'asséna avec une force surprenante sur le côté de la tête. Je dut regretter mon geste.
Noir.

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Dernière édition par Ali le Mar 18 Jan 2011 19:17, édité 7 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Mar 11 Jan 2011 04:18 
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Lorsque j'ouvris les yeux une seconde plus tard, les gobelins avaient disparus.
Une plaine saillante laissait les chauds rayons de l'astre lumineux réchauffer notre crinière noire qui dansait au rythme de la brise légère. L'herbe haute et ondoyante était juste assez abondante pour camoufler nos pattes soulevant notre enveloppe physique vers l'inconnu. L'odeur sucrée des pâturages fleurissants de cet endroit exaltait de plaisir mes pensées et celles de mes blessures furent que des souvenirs embrumés. Le vaste étendu s'étalait à perte de vue où seulement de rares amas d'arbres s'obstinaient à percer la steppe. La vitalité s'engouffrait dans mon esprit et ravivais l'excitation d'une liberté infinie. Une liberté si ténue, que lorsqu'elle semblait à notre portée, nos doigts glissèrent et la firent s'envoler sans se retourner.

Une parcelle de forêt fit tache dans l'horizon nous surplombant. Nous humâmes l'air ambiant et je sentis un vague sentiment familier qui fit tressaillir notre corps. Elle était déjà venue à l'intérieur de ces terres. La force, la peur et l'angoisse furent les seules brèches qu'elle osa m'exposer. Je solidifiai notre lien en m'imprégnant de la sensation de réalité du rêve et la panthère acquiesça avec une onde d'appréhension. L'orée de la forêt se dressa rapidement devant nous. Les feuillus et conifères se penchaient sur la plaine en une délimitation parfaite. La bordure partait de gauche à droite sans bifurcations, donnant l'impression qu'une armée aux feuilles vertes marchait en notre direction vers un quelconque ennemi. Nous nous faufilâmes entre les premiers troncs. Une forte odeur de pin et de terre humide s'intensifia lorsque nous entrions dans cette végétation beaucoup plus variée. Une patte à la suite de l'autre, nous traversions la flore à l'apogée de sa domination et sa densité augmentant, je sus que nous nous enfoncions de plus en plus.

Les rayons du soleil atteignaient maintenant beaucoup plus difficilement le plancher forestier et je remettais entièrement notre sort à la connaissance des lieux de la féline. La forte senteur de loup m'indiqua l'entrée dans le territoire d'un de ceux-ci et nous ralentîmes la cadence, nos sens en alertes. Le cheminement aboutit sur une petite clairière rectiligne, très faiblement filtrée d'une lueur blafarde même si le jour était à son comble. Ceci teintait la scène d'un malaise glacial et les frissons vinrent rapidement chatouiller mon esprit. En plein centre se trouvait une pierre noire ficelée de nervures blanchâtres sortant du sol et s'élevant par delà les plus hautes branches qui formaient une enclave en effleurant le bloc monolithique. Quelque chose émanait de cette étrange sépulture s'apparentant au marbre. Quelque chose d'indescriptiblement séduisant, presque vil. Nous ne pouvions détourner notre regard de par ce qu'elle émanait et c'est avec un sursaut que nous vîmes qu'une silhouette humaine était appuyée sur la pierre et nous faisait face, camouflée par l'ombre. Un loup entra dans notre champ de vision et marcha dans notre direction. Son œil droit était manquant tout comme son oreille. La cicatrice sur sa tête avait empêché toutes repousses de sa fourrure hirsute et grisâtre, lui donnant un aspect macabre. Nous poussions un puissant feulement en exposant nos dents acérées. Le loup retroussa la lèvre supérieure, prit une posture basse et nous obligea à cesser tout mouvement.

Un rire fin et cristallin résonna en provenance de la pierre.

- « Kaali ! Ma très chère pourquoi avoir prit si longtemps à nous rejoindre? T'aurais-je mal expliqué à quel point je haïs attendre? Oui... vraisemblablement tu ne peux pas comprendre cette notion du temps! L'idiote que tu peux faire quelques fois... »

La voix était grinçante et raclait nos oreilles sensibles. Elle cessa toutes traces d'amusement en reprenant:

- « L'ordre ne peut plus accepter tes égards de stupidités. Aurais-tu oublié le pacte? Tu devras... Mais attend une seconde. Qu'avons-nous là ! »

La silhouette, jusqu'alors n'ayant pas bougée, tressaillit et s'avança vers nous. Elle semblait flotter dans cet agencement de tissus bleus et violets. Un morceau de ce tissu prenait le rôle d'une capuche et ombrageait complètement son visage. Ses bras s'arquèrent comme pour nous enlacer et se soulevèrent brusquement pour libérer de petits éclats de bleus. Plus elle approchait, plus les détails de la forêt s'étourdissaient.

- « Que nous caches-tu. Mmm? Pauvre sotte. Jamais tu n'aurais dû te lier. JAMAIS! PEUX-TU COMPRENDRE MES PAROLES ?? »

Je ne pouvais plus rien distinguer de la scène. La voix devint qu'un écho se répercutant dans mon crâne meurtri.

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Dernière édition par Ali le Mar 18 Jan 2011 19:15, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Mar 18 Jan 2011 19:12 
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Kaali... Elle s'appelait Kaali.
Je ne savais pas comment m'interpréter ce rêve aux saveurs surréalistes. Mille questions me tourmentaient et n'aboutissaient qu'à un malaise qui eut tôt fait de me nouer l'estomac. Qui se cachait derrière cette voix? Impossible de le savoir. Et cette pierre qui émanait une telle puissance que même en rêve elle m'imprégnait l'esprit d'une incroyable fascination. Ma pauvre Kaali... Et tout ça à cause de moi. Une idée s'implanta dans mon cœur et ne devait plus jamais le quitter. Je devais absolument la retrouver. La libérer du fardeau qu'elle avait osé prendre sur ses épaules de félidé.

Une odeur âcre de sang séché me ramena à la réalité. Mes yeux étaient soudés par la peur de reprendre conscience dans cet univers qui avait complètement basculé : mon univers. Ma situation n'était pas du tout enviable. J'ouvris les yeux après une longue inspiration et rien n'aurait pu me préparer à ce qui s'offrait à moi. Plus la moindre trace de mon ami à la main arrachée, mais à première vue, je n'aurais pu dire combien ils étaient par leur incroyable nombre. De toute évidence, je me situais en plein milieu d'un hameau gobelin. (Comment ne jamais avoir eus connaissance de cette démographie gobeline en plein milieu de ma forêt?) Les petits êtres semblaient s'afférer à leurs tâches quotidiennes dans tous les domaines possibles. Apparemment, je me retrouvais dans une petite vallée en plein cœur de la nature sauvage. La clairière était largement constituée de terre battue par le piétinement des activités s'y trouvant. Une multitude de petites habitations avaient été érigées un peu partout autour de ma position actuelle et le terrain vacant entre celles-ci était jonché de marchants semblant beugler les particularités uniques de leurs produits. Me faisant face, une scène couronnée d'un siège vide et orné de couleurs criardes s'élevait et aurait donné à son propriétaire une vue d'ensembles sur ce qui semblait être une arène également inoccupée et cerclée de barricades en bois qui devaient faire le double de ma taille. J'évaluai immédiatement que l'arène en question m'aurait prise une trentaine d'enjambées au pas de course pour la traversée entièrement.

Une plateforme en bois m'élevait au même niveau que le trône. Le métal sur mon cou et mes poignets constituaient les seules sources de fraîcheur sous l'astre du jour qui me plombait les épaules de son poids caniculaire. Des piliers, également de bois, soulevaient mes bras où des chaînes étaient fixées aux extrémités. Mes genoux effleuraient le palier incrusté de sang séché qui devait appartenir à mes prédécesseurs de captivité. Je fis rapidement une torsion sur moi-même pour évaluer les limites de mouvements que m'imposaient ces étreintes en fer et avec toujours cette sensation d'emprisonnement, la nausée me pénétra sans aucune pitié. J'étais complètement à la merci de mes tortionnaires et même mon contrôle sur ma propre enveloppe physique se limitait à quelques étirements.

J'eus l'impression qu'un cheval au galop vint me percuter de plein fouet. Un puissant élancement sur le côté droit de mon crâne me rappela le gourdin et la pierre qui l'avait rudement malmené. Je déposai un pied à la suite de l'autre avec un moment de dégoût pour la croute rougeâtre. Au moins, dans cette disposition les chaînes cesseraient de me faire crisper la mâchoire. Je tendis la main pour toucher l'arrière de ma tête. Si mes estimations étaient bonnes, je m'étais fendu le crâne, mais la cicatrice me semblait peu profonde et l'absence de sang liquide sur le bout de mes doigts signifiait une bonne cicatrisation de celle-ci. Je me mordis les lèvres sur une future infection qui pourrait survenir si je n'y enlevais pas au plus vite les fragments de gravier et de sable. L'enflure sur le haut de ma joue me donnait véritablement le plus gros de ce mal de tête qui me frappait de l'intérieur. Mis à part ça, tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Les voix résonnantes des gobelins qui marchandaient remplissaient un air saturé de poussière et de chaleur. Le tintement d'une odeur de viande rôtie me fit prendre conscience que mon dernier repas remontait à beaucoup trop longtemps et mon ventre vide ne manqua pas de le souligner. L'un d'entre eux qui passait plus bas à ma gauche et qui transportait une quantité phénoménale d'objets incongrus sur son dos n'envoya pas le moindre regard dans ma direction. Je fus horrifié qu'un homme ainsi exposé contre son gré et à la vue de tous devienne une banalité. (Mais qu'est-ce que je fais ici... Comment me sortir de cette situation.) Absolument rien ne me venait à l'esprit. Ma seule issue restait le moment où ils décideraient de me détacher. Par la fatigue et la chaleur commençant à jouer sur mon sens logique, je tirai brusquement sur mes emprises dans un mouvement spasmodique. Attirer leur attention devint l'ultime solution à tous mes problèmes.

- «  LÂCHES ! COMMENT OSEZ-VOUS NÉGLIGER LA VIE D'UN ÊTRE VIVANT ? LIBÉREZ L'HOMME QUI VOUS PARLE OU POURRISSEZ DANS LA MALADIE ! »

Les paroles éclatèrent comme un sanglot impossible à retenir. La rage qui commençait à circuler dans mes artères me secoua d'un autre soubresaut et d'un rugissement que l'on aurait très bien pu confondre avec celui d'un lion... Ou serait-ce plutôt celui d'une panthère?
Plusieurs têtes se tournèrent au même moment pour fixer cet étrange homme aux cheveux noirs. Ma tête retomba sur ma poitrine et mes jambes devinrent engourdies. (Pas maintenant... Pas tout de suite... Pas devant tous ces gens... Contrôle toi... Contrôle... Co...)

Je pourrais décrire mes états de crise à un rêve dont l'impression de tomber me saisissait brusquement. L'exception qui délimitait cet état second aux songes, provenait du fait que le réflexe du réveil n'opérait pas immédiatement. J'étais, pour ainsi dire, aspiré par une convergence involontaire dans mes sens primaires jusqu'à rétablissement du dérèglement ayant causé la crise. Je devenais totalement obsédé par mes besoins immédiats et les conséquences de mes gestes devenaient des éléments sans réels importances. C'est comme si ma notion du temps s'évaporait dans l'engloutissement quasi aveuglant des sensations. Je devenais l'animal tapit dans les arcanes de mon âme.

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Dernière édition par Ali le Jeu 27 Jan 2011 00:31, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Sam 22 Jan 2011 23:02 
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(Emprisonnement, faim, rouge, libre, courir, rejoindre.)
Mes pulsions submergeaient mon contrôle sur moi-même comme un raz-de-marée aurait avalé ce village gobelin. Avec force, je tirai brusquement pour extraire mes poignets de leurs anneaux métalliques. Ceux-ci ne me donnèrent aucun signe d'un quelconque affaiblissement et commencèrent à lacérer la peau de mes bras. La colère déferlait en moi dans un torrent d'indignation et d'impuissance. Je goûtai déjà le sang des individus qui reprirent leurs tâches respectives... Complètement insouciants de mon état d'esprit.

D'après la couleur du ciel, le jour tirait à sa fin et la vue du trône vide devint presque insupportable. La fatigue s'installait sournoisement dans mes membres et l'espoir s'atténuait lentement. Avec obstination, je tirais toujours à coups réguliers sur mes emprises, le regard perdu dans ma contemplation de ce rassemblement de gobelins qui s'étaient soudainement mis à se rapprocher autour de l'espace fermé de murs en bois. Certains se rendirent sur la plateforme qui cerclait entièrement l'espace en question pour discuter entre eux et ils me jetèrent, à tour de rôle, un regard vif en pointant la zone maculée de sable et de poussières. Je sentis l'approche de deux des leurs qui gravirent la petite échelle tout près de ma position. Mes yeux roulèrent dans leur direction et à la manière d'un animal, je retroussai la lèvre supérieure en poussant un grognement profond. Ils eurent un instant de surprise où ils se regardèrent sans savoir comment réagir. Celui qui arborait une peinture jaune éclatante marquant son torse et son visage vert de lignes ondulantes sortit lentement une clé de sa bourse. Il tendit l'objet à son compagnon qui répliqua avec une grimace de dédain suivit d'une bousculade pour activer les choses. Avec beaucoup d'hésitation, il finit par s'approcher de moi en brandissant la clé d'une main tremblante. Il fixait mes chaînes qui semblaient le rassurer et effectua un déplacement vers l'arrière de mon cou en s'assurant d'avoir une vue sur le moindre de mes gestes.

Mes pensées basculaient entre lui saisir la jugulaire de mes incisives pendant qu'il tenterait de me délester ou d'attendre d'être libre pour lui déchirer les entrailles avec mes ongles. Je reniflai son odeur en levant le nez pour mieux saisir ses intentions, mais elle me révulsa trop par ce goût de crasse qui effleura mon palais. J'optai donc pour l'immobilisme et l'attente de la suite des choses. Il posa une main sur l'anneau recouvrant mon cou et inséra la minuscule clé qui déclencha un faible tintement. Avec précautions et en envoyant de rapides coups d'œil à son compagnon, il effectua les mêmes gestes sur mes poignets. Brusquement et sans que j'en prédise la réaction, mes genoux fléchirent sur le sol de terre sablonneuse. Je roulai instinctivement dans un nuage de poussière pour éviter un choc excessif vis-à-vis mes articulations. Une rapide confirmation en levant la tête m'indiqua que j'étais installé précédemment sur une trappe qui m'avait propulsé en plein cœur de l'arène. Le temps de regarder autour de moi et des vagues de cris s'élevèrent dans toutes les directions. (Peur, trop nombreux, bruit...) Le bourdonnement assourdissant m'effraya au plus au point et je jetai des regards méfiants derrière moi en titubant jusqu'au centre de l'espace ouvert. Les petits êtres verts s'étaient rassemblés sur le passage qui s'élevait aux abords des murs délimitant la zone que j'occupai maintenant malgré moi.
J'étais leur jouet. Un jouet particulièrement amusant.

Les acclamations se poursuivirent de plus belle lorsqu'un cortège de quelques gobelins s'installa sur la plate-forme du trône. La plupart arboraient de hautes lances ornées de feuilles colorées. Toutefois, mon attention se porta immédiatement sur celui qui vint s'asseoir sur le siège surplombant l'arène. Le gobelin devait avoir bénéficié de toute la nourriture en surplus aux dépens des autres habitants du hameau. Il était tout simplement énorme. Sous un visage élargit par les couches de graisse, je pouvais difficilement apercevoir un nez courbé et de petits yeux profondément encrés dans leurs orbites. Je ne pus conclure s'il était vêtu d'un quelconque morceau de tissu ou de cuir. Son ventre verdâtre et proéminent affichait des peintures tribales avec un noir d'encre et un rouge dont je soupçonnais l'essence par l'odeur qui effleura mes narines.

Le bruit des cris brûlaient mes oreilles affinées par la transe. Les regards me martelaient la peau et la poussière volatile s'enfonçait dans ma bouche déjà sèche. Le malaise atteignit son comble lorsque je reçus sur l'épaule une pomme en putréfaction qui explosa à son impact. Immobile, je regardai le projectile à demi éclaté en serrant les dents. Le goût de tuer devint la pulsion qui prit possession de mes capacités déjà altérées. Je glissai mes mains sur mon cuir chevelu dans un mouvement de désespoir et ma gorge poussa un marmonnement inaudible pour la foule scandant des mots dont je n'arrivais pas à saisir le sens. L'impuissance traumatisante de devoir céder sa vie à autrui paralysait mon corps qui s'affaissa, à quatre pattes, le nez à quelques centimètres du sable. À ce moment, je ne sais toujours pas dans quelle énergie je vins puiser le hurlement qui s'extirpa de mes entrailles. Ce fut mon écho qui mit en relief le silence absolu qui s'était soudainement jeté sur l'assemblée.

Au loin, une voix caverneuse sortit de l'énorme « Boule-de-gras ».

- « Tenesh tii ketenk tos Tektegst. Vos tetentoske veda klegs quulm nose mamoount! »

L'attroupement eut un moment d'hésitation et ils réagirent tous avec un soupir de vénération. La voix reprit avec la même touche autoritaire et dans les tons de graves.

- « Étrrrrranger! »

Mon oreille oscilla lorsque je réalisai qu'il s'adressait à moi. Je levai le menton, puis me relevai de tout mon long en le fixant, les poings toujours crispés. Il reprit en pesant chaque mot.

- « Étrrrrranger! Toi bien battrrrrre contrrrrre Tektegst, notrrrrre combattant invincible! »

Une partie de moi comprenait maintenant mieux ce que j'avais mal interprété lors de ma capture. Je n'étais pas leur proie qu'ils allaient manger, mais bien un bout de chair qui allait se battre pour les bons plaisirs d'un gros chef de tribu. Je ne savais pas si ceci devait me rassurer ou m'inciter à gravir la barrière qui faisait deux fois ma hauteur pour éviter de me faire pulvériser par un combattant invincible...

Sous le trône, une cavité béante de noirceur s'ouvrit dans un grincement et quelques secondes s'échappèrent avant qu'un objet s'en extirpe et vint se planter à mes pieds après un vol plané. Le bâton avait une forme grossière, mais un diamètre parfait pour s'ancrer dans la paume d'un homme. Tout en tentant de capter un mouvement dans l'ouverture, je le saisis avec prudence et le fit tanguer d'une main à l'autre. Mes griffes et mes dents étaient trop courtes et émoussées pour un combat. Une pensée en image traversa mon esprit: l'arme serait l'extension de mon bras pour mieux briser mon adversaire. Un bruit sourd suivit de celui de la foule qui tapait sur les bandes se mit à résonner dans l'enceinte. Une silhouette presque de ma grandeur jaillit avec une démarche assurée et nonchalante. Il portait une armure de cuir sertie de plusieurs ossements allant de la dent d'un lynx au tibia d'un lapin. Sa tête était recouverte d'un crâne d'ours qui lui camouflait entièrement le visage. Toutefois, de très longs cheveux d'un blond quasi blanc s'en échappaient et coulaient sur ses épaules et sa poitrine. Ils étaient parsemés de bijoux tressés à ceux-ci. L'individu avait les membres inférieurs plaqués de jambières en cuir qui resserraient un pantalon ample. Ses bras pendait de chaque côté de son corps et un bouclier fait de branches recourbées avec une omoplate comblant son centre était attaché sur son avant-bras. Il leva un bras d'où l'extrémité se terminait d'un bâton parfaitement sculpté et dont diverses plumes et ornements bougeaient au rythme de ses longues enjambées.

Le poids du bâton entre mes mains et l'instinct de survie qui claquait mes tympans me prodiguaient les uniques armes pour sauver ma peau. Tel un animal cerné au pied du mur, je me résignai à la confrontation. L'adrénaline se déversait en moi dans une déglutition stimulante. J'adoptai une posture basse, les jambes arquées, le buste perpendiculaire à ma cible et mon arme tendue en garde. À quelques mètres de moi, l'individu aux ossements s'arrêta soudainement. Il baissa son bâton et pencha la tête de côté comme pour mieux analyser ma posture. Ma concentration était à son comble et le vrombissement de l'attroupement ne fut qu'un lointain murmure. Il laissa tomber son poids en se retenant de sa jambe fléchie. Son arme était orientée vers ma position et le bouclier en bois était repoussé vers l'extérieur.

Était-ce un sourire qui s'étirait derrière ce crâne d'ours? Peu importait, mon questionnement à cet instant s'orientait sur la manière de briser la défensive de mon opposant. D'un éclair, mes mains se souvinrent du dur entraînement avec mon maître Ereton et toutes ces notions se moulèrent à mes bras endurcis. Je transférai mon corps vers l'avant en ancrant mon bâton dans le sol pour me propulser. L'homme eut un moment de surprise où sa défense vacilla, mais il reprit contrôle de ses membres juste assez tôt pour parer mon coup. En criant, j'avais tenté de le frapper tout en dirigeant mon arme au niveau de sa clavicule, mais ma tentative se solda par un blocage de son bouclier et il sauta de côté pour éviter toute réplique. Le son du bois contre le bois résonna jusque dans mon épaule droite et l'effet de rebondissement me contraignit à reculer juste attend pour voir la canne de mon adversaire me heurter à l'estomac et revenir s'affaisser sur ma poitrine. Le souffle coupé, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte à la recherche d'une parcelle d'air, j'avais eu à peine le temps de le voir se déplacer à ma hauteur pour altérer ma respiration. Ce moment d'inertie lui offrit une porte grande ouverte pour me jeter au sol. Il fit un tour sur lui-même et se pencha pour m'asséner un violent coup sur la cheville. La douleur cria dans mon être lorsque je mordis la poussière. Mon opposant se retourna pour saluer la foule en levant les bras vers les cieux. Je poussai un gémissement de souffrance et plaquai mes deux mains dans la terre pour me relever. (Jamais mourir. Jamais.) Je fixai ma sueur rouler sur le sable, mon bâton avait glissé un peu plus loin et les montagnes aspiraient tranquillement le soleil dans son étreinte. L'étincelle de vivre et d'être libre s'engloutit dans la partie de moi qui se nourrissait encore d'espoir. Cet endroit de mon corps qui avait encore conscience de son intégralité en tant qu'homme...

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Jeu 27 Jan 2011 04:03 
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La vitalité me souleva dans un souffle haché par l'instinct de survie. J'ouvris les yeux et mes jambes me portaient déjà à pleine vitesse dans le dos du combattant. Je l'entendis poussé un petit hoquet de douleur lorsque je percutai son échine et il tituba avant de s'affaisser en se retournant pour me regarder. La scène tourna au ralentie lorsque son masque d'os s'éleva pour aller retomber quelques mètres derrière lui. Son visage était béat. Une bouche entrouverte aux lèvres ondulées, un nez à la douce courbe et légèrement retroussé sous des yeux en amandes qui auraient fait baisser le regard de quiconque l'aurait croisé. Je ne pus m'empêcher de scruter ses oreilles qui en s'allongeant, pointaient comme des flèches. Des mèches de cheveux d'une blancheur qui brillait sous le crépuscule lacéraient son facial aux traits fins et gracieux... Les traits d'une femme. Elle me regardait et je la fixais sans savoir comment réagir. Elle fronça les sourcils et son expression se métamorphosa en pitié. Je devais vraiment sembler mal au point avec ce sang et ce sable qui imprégnaient mon visage. Mais je crois aujourd'hui qu'elle voyait dans mon regard vide une bête rongée par la peur. Elle dut y lire ce que jamais personne auparavant ne sut déchiffrer.

La guerrière se remit sur pied en repoussant le sable qui s'était déposé sur ses avant-bras. Elle leva les yeux et en me voyant toujours immobile elle articula avec des mots secs, regardant furtivement les gobelins frappant sur les rambardes de bois.

- « Audacieux que d'attaquer son adversaire lorsqu'il a le dos tourné. Disons plutôt inconscient d'un combat à la loyal et trop axé sur le fait d'infliger une blessure au lieu de prendre en considération sa propre défense... Ton style de combat est très rudimentaire, presque instinctif et pourtant teinté d'une connaissance technique. Ah et puis je crois t'avoir sous-estimé en te perdant de vue et tu... »

Ses mots étaient rapides et mielleux. Elle s'exprimait avec une tonalité basse et précise, mais le grognement qui s'extirpa de ma bouche lui fit écarquiller les yeux. J'étais déchiré entre prendre cette femme pour une proie ou pour une menace envers ma vie. Le poids de mon âme et de mon corps m'écrasa à genoux. Je me pris le visage entre les doigts. Les mots qu'elle prononçait étaient creux et résonnaient à l'intérieur de ma tête comme les ellipses d'une pierre que l'on aurait déposée dans l'eau.

Je reçus son coup avec la même rapidité et totale surprise que ceux qui m'avaient précédemment jetés au tapis. Il lui fallut une fraction de seconde où mon regard s'engouffra dans le sien pour qu'elle ait déjà empoigné son bâton pour se projeter sur moi. Nous étions les deux sur le sable chaud, sur lequel elle me maintenait vigoureusement les épaules de son arme. Elle enfonça ses yeux dans les miens et souffla ces mots:

- « Souviens-toi qui tu es! Un homme! Résiste aux pulsions! »

Je la repoussai violemment sur le côté de mon flanc en hurlant des sons plus incohérents les un que les autres. Sa simple présence semblait à la fois insupportable et complètement nécessaire à ma survie. Un éclair intercepta mon trouble: je devais immédiatement rejoindre Kaali. Je me retournai en boitant d'un pas décidé vers la rambarde la plus proche de ma position. La gravir serait l'étape à laquelle je réfléchirais lorsqu'elle se trouverait devant moi. Haletante, elle se planta devant moi en appuyant le bout de son bâton sur mon torse nu.

- « Je peux t'aider... »

Son ton m'implorait. J'écartai l'arme de la paume de ma main et recommençai à claudiquer de plus belle. Arrivé à sa hauteur, elle me plaqua le bras sur la gorge et prit soudainement une autre tonalité en s'adressant cette fois à l'assemblée qui réclamait plus de sang. La femme aux cheveux blancs s'éprit avec une pointe de défi qui camouflait trop bien ses véritables intentions.

- « Regardez la peur dans ses yeux! Il se sauve devant ma toute puissance! Mais ce minable comprendra assez rapidement que le courroux du Tektegst est incontournable. »

Elle finit sa phrase en plantant ses yeux dans les miens. La lueur étincelante du gris métallique luisait sur l'iris subtilement teintée de jaune et de marron au niveau de la pupille. Les derniers rayons du soleil et une touche provocante reflétaient un caractère ferme et imperturbable. Était-ce ma tête ou mon cœur qui obligea mon bras à se retenir de lui enfoncer mon poing dans la figure? Plus rien importait. Seulement mon regard dans le sien. Elle m'avait déjà écarté en poussant mon épaule vers l'arrière de ses deux doigts tout en me tirant la langue. Ceci m'obligea à reculer de ma position de quelques pas. J'oscillais. La soudaine réalité humaine qui s'effondra sur moi chamboula mon estomac et la terre me sembla trembler et s'élever de toutes parts. Comme sous l'effet d'un alcool puissant, mes yeux distinguaient le décor qui m'entourait avec un retard qui m'empêchait de bien évaluer la suite des évènements.

J'avais vu juste. Je sentis des jointures s'enfoncer dans mes côtes avant de distinguer la femme qui se lança dans un crochet de gauche qui me leva violemment le menton. Elle me contourna aisément jusqu'à se retrouver derrière moi et murmura à mon oreille:

- « Reviens à toi petit chat... »

La douleur s'éleva, mais flottait comme une pensée qui nous vient et qui s'évapore à l'instant même. Je me retournai le plus rapidement que mon état le permettait pour la projeter au sol, mais mes bras se rejoignirent dans le vide. J'eus simplement le temps de sentir ses cheveux blancs frôler la peau de mon épaule dans un frisson froid. Mon univers tanguait à la recherche de points de repères sans toutefois arriver à un résultat. Je glissais dans les méandres de l'angoisse et de la conscience de soi par la mort qui pouvait y mettre fin à tout instant. Les éléments de ma situation et la structuration d'une pensée cohérente me frappèrent sous les heurts de ces poings qui m'atteignaient uniquement à un niveau physique. (Où suis-je? Co.. Comment... Les fers, le hameau.. et puis? La transe et.. et cette femme.) Les souvenirs des derniers instants déferlaient en chute libre dans mon être.

Je clignai des yeux et je vis trop tard le bâton à quelques centimètres de ceux-ci.

Les bords de ma vision s'obscurcirent et le sol bascula à la verticale. Le sable toucha mon épaule, ma joue et ma tempe tandis que le bourdonnement incessant de l'attroupement semblait ciller dans un monde lointain qui me rejetait de son cercle. Je déglutis en voyant le noir prendre la place de cette arène. La femme me regarda en tombant à son tour et son visage frappa le sable, quelques pas devant le mien. Ses lèvres s'étirèrent et la dernière parole que j'entendisse avant de sombrer dans ma torpeur fut

- « Merci... »

Elle se figea.




La suite des évènements~

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Mer 30 Mar 2011 19:57 
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Sag-nilroë était fatigué. Il descendit de Linuka et l’attacha à un arbre. Il s’assit contre un tronc d’arbre mais son corps gémissait. Il s’allongea et retira sa capuche. Ses cheveux verts se confondirent un instant avec la mousse du tronc. La jument mâchonnait une herbe courte est maigre qui poussait aux abords de la forêt des Faeras.

Le Semi-Elfe avait bien entendu dire que cette forêt était maudite, que les orques et les gnomes la peuplaient mais c’était par pu hasard qu’il était parvenu à sa lisière. (Oui, j’ai compris : la forêt est maudite. Mais les abords, ce n’est pas la forêt, hein ?). Il ferma les yeux et le regretta aussitôt. (Je ne parviendrai jamais à les rouvrir, mes paupières sont trop lourdes). Il essaya de grogner mais n’y parvint pas. Il constata toutefois que sa gorge le torturait moins. Il avala sa salive. Alors, la douleur revint, démultipliée dans tout son corps. Il pleura mais sans sanglots. Les larmes lui brûlèrent les yeux et il dut essuyer complètement ses yeux pour ne plus sentir la douleur. (Le contact de l’eau, même celle de mon propre corps me nuit)

Quelques heures après, alors qu’il était un peu reposé, il se releva avec difficulté. Ses fesses aplaties par la chevauchée l’insultaient mais il les ignora. (Quelles hurlent puisqu’elles le peuvent). Il délirait à moitié. Il lui semblait que chaque bruit était une moquerie pour son mutisme. Il se souvint alors du moment de sa mue. C’était encore un jeune garçon quand sa voix changea. Elle se déroba à son contrôle et émit des sons d’animaux. Les filles des lavandières qui travaillaient au ruisseau près de sa ferme natale se moquaient de lui. Elles avaient des voix de flûtes et lui prenait des notes de tambour. Il se souvint de la souffrance de ne plus se reconnaître lorsqu’on perd sa voix. Ce mutisme était comme une deuxième mue. Il prenait une nouvelle identité depuis son altercation avec les Sirènes. Etait-il encore Sag-nilroë ? Il n’aurait pu le dire.

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Sag-nilroë, Semi-Elfe, Rôdeur


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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Jeu 31 Mar 2011 19:15 
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Localisation: Tulorim
--> La forêt des faeras, lisière

Sag-nilroë s’éveilla en sursaut. Il faisait presque nuit. (Zut ! Il ne fait pas bon rester près de cette forêt pleine d’orques à cette heure !) Un étrange phénomène se produisit : plutôt que de noircir, le ciel s’éclaircissait ! Le Semi-Elfe s’entendit penser (Non pas la nuit, le jour vient !)
Il prit peur. Depuis qu’il avait perdu la parole, il pensait moins ou simplement pour se faire croire qu’il parlait encore en disant des banalités. Mais cette fois-ci, la voix en lui émettait une déduction, sa pensée s’était réactivée… Il songea soudain qu’à force de ne plus parler, il devenait fou. (Deux voix dans ma tête, deux voix en moi…..deux …moi ?) Quelques larmes coulèrent sur ses joues qui le brûlèrent. Alors, une petite main qu’il n’avait pas vue, minuscule, à peine aussi grande qu’un ongle, essuya les larmes et ainsi l’apaisa.

(Non pas deux toi. Il y a toi et il y a moi.) Sag’ voulu reculer et se cogna au tronc. Sa corne de brume, à cet instant, dont le bout métallique s’était entaillé dans son sommeil, entama l’écorce du vieux chêne et une goutte de sève coula sur une mèche du Semi-Elfe qui disparut aussitôt, fondue. La petite créature se précipita sur la chevelure de Sag’ et enleva la goutte destructrice. La chose parla de nouveau dans sa tête. (Je suis ta faera. Je peux parler mais cela peut être dangereux si on m’entend. Je te suis attachée et je peux te parler en pensée. Nomme-moi.) Perplexe, le jeune semi-elfe se gratta la tête. Il n’osait penser de peur qu’elle ne l’entende. Mais il ne du pas réussir à s’en empêcher car la voix revint :
(Je partage tes pensées, tu ne peux me les cacher tout comme les miennes ne peuvent t’être inconnues).
(ça alors !)
(Je comprends, c’est troublant. Nomme-moi.)
(Qui vous envoie ?)
(Je suis ta faera. Nomme-moi)
(Comment vous faire confiance ?)
(Je suis ta faera. Nomme-moi)
La voix semblée paniquée, comme lorsqu’on sait qu’on ne peut bientôt plus parler avec une personne à laquelle nous devons absolument dévoiler une information capitale. Sag-nilroë n’hésita plus, elle voulait qu’il la nomme, il la nommerait !

(Elletsé, dis-moi d’où viens-tu ?)
(J’ai porté bien d’autres noms mais ils te resteront cachés car désormais je les oublie pour porter celui d’Elletsé. J’ai voyagé avec d’autres mais leurs noms aussi je les oublie. Avant de te rencontrer, je n’étais qu’errante et maintenant je redeviens Faera.) Le Semi-Elfe était abasourdi, toutefois s’il ne songeait pas en mot mais en émotion, sa faera le sentit et sur son petit visage s’imprima une mine étonnée. Sag-nilroë prit alors un air interrogatif qu’elle adopta aussitôt. Il redevint surpris et elle le fut.
(Je suis comme toi)
(comme moi ? en femme ?)

Alors, la faera changea d’aspect, elle se fit petit homme, petit elfe et petit nain puis devint bougie, boussole puis carte.
(Je suis ta faera)
(C’est une phrase récurrente…) ne put retenir le Semi-elfe.
(c’est mon identité, ce sont aussi mes facultés).

Alors que le jeune homme se posait de multiples questions existentielles sur : comment nourrirait-il sa faera, car il se devait de la prendre avec lui et certainement de la protéger, où dormirait-elle, que ferait-elle s’il s’engageait un jour dans la milice, serait-elle toujours en lieu sûr avec lui etc…La carte redevint petit être, un nain cette fois tout rond et avec plein de tresses grises. (Je ne te serai pas un poids, je suis là pour t’assister, te consoler, te motiver, te retenir et pour bien d’autres choses encore. Je n’ai besoin ni de dormir, ni de manger, ni de rien. Je vis tant que tu vis.)
(Oh). Le Semi-Elfe et le nain prirent un air surpris puis le semi-elfe éclata de rire au même moment que le nain. Ce fou rire fut long et si bruyant dans leurs têtes qu’ils durent pour leur santé morale cesser leur hilarité. Sag-nilroë se sentit apaisé. Les deux larmes qui coulèrent aux coins de ses yeux lorsqu’il rit ne firent que le piquer comme on pince un ami.

Le Semi-Elfe retrouva sa jument en train de brouter et une fois en selle, sa faera se fondit dans sa corne de brume pour disparaître. Toutefois, si physiquement elle n’existait plus, il l’entendait penser mentalement. Ils reprirent la route pour Mertar et aperçurent les premières montagnes dont ils atteignirent le pied en fin de soirée. Ils campèrent dans une grotte à flanc de montagne après avoir gravi deux cent mètres. Linuka était fatiguée et apprécia cette trève.

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Sag-nilroë, Semi-Elfe, Rôdeur


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MessagePosté: Dim 12 Fév 2012 23:59 
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FAERA POUR AUJOURD'HUI


L'idée même de se retrouver complètement perdu en forêt une seconde fois rendait le garzok complètement fou de rage, presque autant que l'alcool qui commençait à descendre peu à peu alors qu'il ne savait absolument pas où il pouvait bien se trouver, si ce n'était dans un amas de feuilles parfois presque aussi grandes que lui, et ce aussi bien au dessus de sa tête que tout autour de lui, rendant toute tentative de repérage impossible.
Que fait-on lorsqu'on est un Rägrok perdu dans des bois étouffants, que l'on a trop bu et que l'on gueule sur tout ce qui bouge ? On vomit et on donne des coups dans le vide, tranchant feuilles et arbustes tout autour de lui, envoyant balader les champignons d'un coup de pied, abattant furieusement son hachoir sur les troncs les plus solides, tentant bien souvent de les couper en deux sans pour autant réussir.
Couvert de boue, légèrement éméché, la tornade de métal et de muscle ne pouvait rien faire si ce n'était qu'affirmer son ridicule aux yeux de la faune locale, faisant fuir la plupart des paisibles bêtes de la forêt au profit des prédateurs qui commençaient peu à peu à s'intéresser à ce boucan, le tout sous le regard moqueur d'un moineau dont le chant ressemblait plus à une raillerie envers le combattant qu'une douce mélodie...

Alors qu'il s'adonnait à la chasse aux feuilles, retournant la terre, étêtant les diverses espèces de champignons locales, arrachant l'écorce parfois avec les mains, les échardes ne parvenant pour la plupart pas à percer le cuir de ses paumes alors que les copeaux de bois s'entassaient autour de lui, lui frayant petit à petit un chemin sous les notes amusés du petit oiseau qu'il fixait depuis un moment, ce dernier ayant visiblement changé de plumage, ayant viré à un gris sale, à moins que l'éclairage ne devienne lui aussi un obstacle à la perception de Rägrok et qu'il ne distingue pas aussi bien les couleurs...

Au hasard d'un coup de hachoir, une petite silhouette sembla remuer quelques hautes fougères, laissant les feuilles rebondir un moment avant de disparaître un peu plus loin, aussitôt poursuivi par la masse de rage mouvante à grand renforts de moulinets, et cette étrange poursuite réveillait petit à petit un étrange souvenir à la fois dans la tête de Rägrok que sur son visage, plus précisément la balafre sur son oeil qui, sous l'effet de la mémoire, lui renvoyait les échos de sa précédente bataille, freinant peu à peu sa course alors que son calme revenait petit à petit, évitant d'écouter le piaillement incessant qui remplaçait maintenant les railleries du moineau, et, encore une fois, le guerrier Mâchefer louchait en observant la bestiole, qui ressemblait plus à un petit corbeau qu'un petit moineau, son pelage gris-sale virant apparemment au noir, et à peine avait-il posé son regard sur ce dernier qu'il s'envolait et venait se poser sur son épaule :


- "Hey, Triste-Aile ! Descends ! DESCENDS !"

Par réflexe, l'orque balança son bouclier en direction de la bestiole, heurtant violemment son omoplate tandis que le volatile se perchait paisiblement sur son crâne, semblant lâcher un ricanement, bien installé sur le Rägrok empli de douleur qui lâchait son traditionnel râle de douleur, hurlant diverses injures sur l'utilité des corbeaux dans le monde et autres questions existentielles.
Outre la douleur, une étrange sensation sur son épaule attira son attention, l'araignée perchée sur cette dernière se faisant aussitôt balayer d'un revers de la main pour s'écraser par terre, non loin d'une congénère bien plus grosse.

Pendant un moment, Rägrok se posa la question si chaque forêt qu'il allait traverser cachait obligatoirement une personne ou une créature fermement décidée à lui faire la peau, le mettre dans un cocon, le sacrifier, l'offrir à un chef, et autres sorts qu'il ne voulait pas vraiment connaître et qu'il préférait donc éviter, hors il se trouvait qu'aujourd'hui même sa théorie se confirmait et qu'il devait tuer cette bestiole s'il comptait vivre.
Si l'araignée était grande, elle n'avait ni l'air farouche, ni l'air dangereuse, et ce combat fut ainsi probablement le plus épique du garzok, qui commença sa charge par un coup de pied dans le tas de déchets naturels qu'il avait engendré, balançant copeaux de bois et têtes de champignons à la figure de l'araignée qui n'en avait visiblement que faire, et malgré ses multiples yeux, Rägrok sentait bien qu'elle le fixait toujours, le confondant peut-être avec un gros morceau de jambon ou autre met raffiné, en revanche lui ne pensait pas qu'il allait manger cette bestiole couverte de poils, préférant jeuner pour cette fois.

La bête fut hélas incapable de comprendre cette fois l'attaque du garzok, alors que son hachoir s'abattait furieusement sur l'une de ses pattes dans une gerbe de liquide vitale, et cette fois ci ce ne fut pas lui mais bien son adversaire qui couina un bon moment, handicapé d'un bras ou d'une jambe, le peau-verte n'étant pas assez connaisseur pour connaître la fonction de ces pattes, préférant tout simplement les couper.
Alors que cette dernière claquait des mandibules, le pied du Mâchefer s'abattit en plein dans son visage, ou du moins l'amas d'yeux formant son visage et qui lui arracha un second couinement, le hachoir, quand à lui, s'abattant en plein dans l'abdomen de la créature qui, dans un dernier hurlement, s'abattit au sol.
La créature était faible et Rägrok n'en avait fait qu'une bouchée, alors que les railleries du corbeau reprenaient de plus belle, donnant une nouvelle fois au garzok l'envie de tuer :


- "Raah ! Pourquoi Triste-Aile rester ?"

- "Parceque tu ne me l'as pas demandé."

Le grand guerrier orque lâcha immédiatement armes et boucliers, s'agenouillant en croyant voir là un appel des esprits, ayant toujours été particulièrement craintif des spectres et autres créatures immatérielles du genre, totalement incapable de bouger un sourcil en présence de ces entités tout droit sorties des grandes plaines :

- "Qui être esprit ? Qui...être...esprit ?"

- "Tu m'as donné un nom, tu ne te rappelles pas ?"

Le garzok releva lentement la tête, séchant les larmes qui commençaient à naître aux bords de ses yeux, tentant en même temps de retrouver un semblant d'honneur dans une position aussi humiliante pour lui, cherchant une fois de plus la source de cette voix :

- "Pénombre ? Pénombre, c'est toi ? Pourtant je fais tout comme..."

- "Non, ce n'est pas Pénombre, tu m'as donné un nom."

- "Quel nom ?!"

- "Tristelle, tu m'as appelé Tristelle."

Les deux êtres n'ayant pas l'habitude de converser longtemps, un certain blanc s'installa entre les deux, les mains de la brute se levant lentement pour aller saisir d'une poigne terriblement affaiblie le volatile perché sur sa tête, qui se laissa faire, se contentant d'un simple coassement, assez peu perché.

- "Un Triste-Aile, ça parle pas. Pourquoi tu parles ?"

- "Je suis une Faera, t'es pas le premier Garzok que je croise, mais t'es pitoyable, ça c'est sur."

Partagé un moment entre la colère et le désespoir d'être traité ainsi par une bestiole tenant dans sa main, Rägrok resta un moment silencieux, se contentant de fixer bêtement le Triste-Aile en face de lui :

- "Ne désespère pas, tu as du chemin à faire. Tu vas où ?"

- "Je...je vais à Omyre."

- "Et tu voyages à pied depuis tout ce temps ?

- "Je..."

- "Trouves toi une monture, peut-être ?"

Le garzok acquiesça de la tête, reposant le volatile sur son épaule en espérant qu'il se tairait pour le reste du trajet, plus silencieux que jamais, se focalisant sur l'éventuelle sortie qui le mènerait hors de cet enfer, cherchant avant tout à ne pas s'énerver, même si l'alcool lui affirmait le contraire, et pour l'instant il semblait avoir suivi le mauvais conseil.
Au bout d'une bonne heure de recherche supplémentaire, la lumière s'intensifia, les arbres s'écartèrent, plus espacés, les bosquets se faisaient moins étouffant et la clairière plus proche...

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Mar 19 Juin 2012 02:13 
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Chapitre IV : Méandres magiques


Clair-obscur


< Route entre Kendra-Kâr et Oranan

J'avais marché pendant des heures sans m'arrêter. Seul. Même Toal qui était habitué à faire résonner sa voix aiguë dans ma tête s'était tu. Il faisait nuit à présent, mais je m'en fichais. Plus rien n'avait d'importance à part mon but : Oranan. Voyager de nuit n'était pas si désagréable après tout. C'était calme. Seuls quelques ululements de hiboux et crissements de criquets venaient rompre le silence nocturne. Mes yeux s'étaient habitués petit à petit à la pénombre et je pouvais à peu près distinguer où je mettais les pieds. Cependant, j'avais déjà eu le temps de quitter malencontreusement la route et de m'égarer dans la campagne, suivant ce que je croyais être un sentier.

À une vingtaine de mètres, je pouvais apercevoir une masse noire qui se détachait du ciel étoilé. Une forêt. Je soupirai. J'étais épuisé. Je savais bien que j'allais devoir m'arrêter, mais j'avais voulu continuer le plus longtemps possible. Marcher m'aidait à faire s'envoler mon esprit, à penser à autre chose. Malheureusement, ce dernier en revenait toujours à ma camarade dont j'avais appris la mort juste avant de partir.

(Milyah ...)

J'avais rattrapé la forêt plus rapidement que je ne l'aurais pensé et me trouvais à présent à son orée. Le couvert des arbres me permettrai de me dissimuler de la route, au cas où de malveillantes personnes tomberaient sur moi. Je m'engouffrai dans l'épais feuillage des sous-bois, grognant lorsque ma tunique s'embourba dans les ronces.

(Psylo ... Tu ne devrais pas ...)
(Chut !)

J'avançai sans vraiment regarder où j'allais. La tête presque baissée, je laissais mes pas me guider. Au bout d'un certain temps, je trébuchai de fatigue et m'écroulai sur le sol. Je restai un bon moment ainsi, allongé sur la litière faite de brindilles et de feuillages. Loin au dessus de moi, les cimes des arbres me cachaient la vue des étoiles. Le vent souffla dans les feuilles d'un chêne provoquant ce bruissement si particulier. Je fermai les yeux et sombrai.

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(((Musique)))


Un lac, recouvert d'une brume blanchâtre s'étendait à mes pieds. L'on ne pouvait voir à plus de quelques mètres devant soi. Il faisait froid. J'essayai de parvenir à identifier quoique ce soit, mais rien à part cette eau d'un calme absolu et cette fichue brume à couper au couteau.

Soudain, une silhouette se découpa dans la vapeur. D'abord toute noire, je pus en découvrir l'identité lorsqu'elle s'approcha. C'était un homme au teint pâle et à l'expression neutre, tout vêtu de gris et armé d'une épée en argent. Une autre silhouette. Une femme presque identique, puis de nombreuses autres. Je ne bougeai pas d'un poil, tétanisé et curieux. De toutes façons, ils ne semblaient pas me voir. Une centaine de silhouettes surgirent ainsi de la brume pour se diriger vers la berge la plus proche. Ils y formèrent un arc de cercle, semblant attendre quelque chose de particulier. Tous possédaient un arsenal assez conséquent, assez hétéroclite, mais chacune des armes était forgée en argent. Ce détail me troubla jusqu'à ce que de nouvelles formes jaillirent du brouillard.

Les nouveaux arrivants étaient des chevaliers en armure, montés sur des chevaux au pelage gris et terne. Les cavaliers et leur monture arboraient une armure étincelante, si polie qu'elles reflétaient la lumière tel des miroirs. Leur apparence faisait froid dans le dos. Beaucoup plus bruyants que leurs prédécesseurs, les chevaliers vinrent eux aussi se positionner devant l'infanterie, toujours en arc-de-cercle. Rapidement de nouvelles têtes vinrent s'ajouter à cette armée grise. Des vieillards dont la barbe et la tenue se conjuguaient parfaitement à l'ensemble de la troupe.

Je sus que c'étaient les derniers car lorsque tous furent en place, il ne restait plus de place que pour un homme entre la berge et la première ligne. Je fus impressionné par la précision de cette armée. Soudainement, ils se mirent à psalmodier un nom que je ne connaissais pas et dont je ne pus tout à fait comprendre la prononciation. Leur chant plat et étouffant me mit mal à l'aise. J'eus subitement l'envie de quitter cet endroit. Mais, bizarrement, mes pieds restaient ancrés dans le sol.

Une nouvelle apparition, sensiblement plus grande que les autres émergea de la brume et fila en ma direction. Je n'eus le temps de bouger avant qu'elle ne soit à moins d'un mètre de moi. Le visage pâle d'une femme apparut alors. Terrifiant et apaisant. Mauvais et bon. Atroce et beau. Ses yeux de la couleur de l'argent et soulignés de noir semblaient voir à travers moi. Je voulus crier ma peur, mais aucun son ne sortit.

Ce n'est qu'à ce moment précis que je compris le mot qui sortait de ces centaines de bouches : "Brytha"

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Je me réveillai en hurlant. Je suai à grosses gouttes. J'étais encore allongé sur le sol de la forêt. Me relevant brusquement je me pris une branche sur le front qui m'obligea à me rallonger aussi sec. Désorienté, je clignai des yeux. Il faisait jour à présent et les rayons du soleil filtraient timidement à travers les feuillages de la forêt. J'étais trempé de sueur.

Lorsque mes sens reprirent peu à peu le dessus sur mon inconscient, je sentis la source de mon mal-être. Mes fluides bouillonnaient anormalement. Cela était dotant plus anormal que je n'en étais pas l'instigateur. Doucement, je me mis sur pieds et appelai mon faera.

(Toal ?)
(Oui ? Je ...) fit-il d'une voix faible.
(Que se passe-t-il ?)
(Je ne sais pas, je ... Une perturbation dans ... je n'ai plus la ... force)
(Toal)

Une nausée m'emporta et je vomis par terre. La tête me tournait et ma vue se brouillait. Mes fluides circulaient anarchiquement à l'intérieur de mon corps. Je crus un instant les entendre émettre des sons d'ébullition. Cinq jets d'eau sortirent des doigts de ma main droite s'en que j'en aie donné l'ordre. J'observai les arbres autour de moi, ils semblaient danser. Des lumières jaillirent d'un peu partout et j'entendis comme cent mille voix hurler toutes en même temps. Toal se mit à crier lui aussi et je ne fus pas long à le rejoindre. Par Yuimen que se passait-il ?

De nouveau, je me retrouvais au sol, incapable de faire le moindre geste. Les fluides avaient pris la possession de mon corps et de mon esprit. À travers les branches et les feuilles des arbres, j'aperçus une énorme machine voler dans le ciel. Mon père m'en avait déjà parlé, mais j'avais oublié le nom. Un ... cynore. Mais était-ce une vision ou une réalité ? Mes yeux se fermèrent tout seuls sur cette image et je sombrai ... Encore.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Mar 19 Juin 2012 04:12 
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L'ire reconnaissante


Quel si habituel sentiment que celui de se réveiller. Les yeux encore fermés, chaque sens s'éveille à son rythme.

L'ouïe. Le crépitement d'un feu de cheminée, apaisant et doux, me rappelait les longues soirées dans mon village natal. On veillait jusque tard, chantant des chansons et cumulant les pitreries pour faire rire la famille et les amis. On se racontait des histoires avant d'aller dormir puis on s'embrassait et tout le monde quittait le foyer pour retrouver son lit. Quoique, j'embrassais rarement, moi. Préférant lancer une ou deux piques bien placées histoire de dormir en paix ...

L'odorat et le goût. Le doux parfum fumé d'un potage chauffant au-dessus du foyer me ramenait inexorablement aux plats de ma mère si succulents. J'en pourléchai mes babines.

Le toucher. Le contact douillé des draps en laine me faisait me souvenir de l'innovante chambre de Kendra-Kâr, spéciale lutin. J'étais allongé dans un lit confortable et chaud. D'ailleurs, il faisait chaud tout court contrairement à la nuit que je venais de passer.

La vue. J'ouvris les yeux et ... "AAAAAAAAAHHH". Je reculai prestement et me cognai la tête contre un mur. Un air de déjà-vu ... Devant moi, assis sur le lit se trouvait un lutin vieillard qui me fixai. Ses yeux gris s'enfonçaient dans les miens. Mais ce qui m'avait le plus effrayé, c'était son visage, ridé à l’extrême. Le pauvre lutin semblait avoir dix mille ans. Il arborait une tignasse grise en bataille ainsi qu'une longue et terne barbe touffue de la même couleur, resserrée à son extrémité par une perle bleue. Le vieil homme portait également une longue robe d'un rouge éclatant lui descendant jusqu'aux chevilles ainsi qu'un immense chapeau de mage au diapason de la robe. Des gants verts complétaient l'ensemble. Il s'appuyait sur une canne tordue en bois et portait deux boucles en or à l'oreille gauche.

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"Qui ... Qui ... Qui ... Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? Et qu'est ce que je fais là, d'abord ? Na !" m'exclamai-je inquiet et indigné.
(Toal ? Toal ? T'es là) ajoutai-je anxieux pour le sort de ma faera dont je ne me souvenais que le cri.
"Si tu cherches ta faera, elle n'est pas là." rétorqua le vieil homme d'une voix suave qui me fit sursauter.
"Quoi !? Mais comment vous avez su que je parlais à ... Et puis comment vous savez que j'ai ..."
"Je sais bien plus de choses que tu ne sauras jamais, jeune lutin" me coupa le vieillard.

Il se releva laborieusement et se dirigea vers le foyer où bouillonnait le contenu d'une marmite avant d'ajouter :

"Tu as été bien imprudent de t'aventurer tout seul dans cet forêt. Il y a plein de bestioles qui aiment beaucoup les petits êtres dans ton genre. Tu as eu de la chance de ne pas te faire bouffer."

Il insista sur ces derniers mots tout en me foudroyant du regard. Ce qui ne manqua pas de me procurer un frisson d'effroi. Puis, il me quitta presque instantanément des yeux pour s'en retourner à sa tambouille. J'en profitai pour observer autour de moi. Nous nous trouvions dans une petite bicoque apparemment faite de bois. Le lit sur lequel j'étais à présent assis était calé dans un coin de l'unique pièce. À ma gauche brûlait le feu dans une cheminée en pierre qui, bien que petite, semblait de bonne facture. Une chaise était posée près du foyer. Toujours à gauche, derrière le vieillard, se dressait une armoire en bois, fermée, et à côté un bureau de la même matière qui croulait sous les parchemins et les fioles.

En face de ma position, une petite porte en bois elle aussi avait été découpée dans le mur tout comme la fenêtre qui se trouvait directement à ma droite, au-dessus du lit, et qui laissait passer quelques rares rayons. Dans le coin opposé du lit, une petite table, à peine assez grande pour accueillir deux personnes et deux chaises tressées. L'ensemble était assez douillé et plutôt bien entretenu bien que quelques vieilles toiles d'araignées demeuraient encore dans les coins du plafond.

"Qui êtes-vous ? Comment vous appelez-vous ? Et comment je suis arrivé ici ?" réitérai-je finalement.
"Tant de questions ..."

À présent que je ne voyais aucun danger, j'avais repris un peu de courage et ce vieux rabougri commençait à me courir sérieusement.

"Ecoutez, si vous ne me répondez pas, je ne vois pas ce que j'ai à faire ici. Je vous remercie, mais je crois que je vais aller retrouver ma faera." rétorquai-je en commençant à me relever pour me diriger vers la porte.
"Restez ici !" lâcha-t-il alors que le feu rugissait soudainement en émettant des flammes anormalement grandes.
"Qu'est ce que vous me voulez à la fin !? C'est vous qui m'avez amené ici ?"
"Tu ne peux partir maintenant."
"Vous avez toujours l'habitude de répondre à côté de la plaque ?" ironisai-je. Il me fixa puis souleva les épaules en secouant la tête.
"C'est bien moi qui t'ai amené ici. Tu étais dans les vapes et en danger au beau milieu de la forêt. Mon nom a bien peu d'intérêt."
"Je tiens à l'entendre tout de même."

Il soupira de nouveau tout en continuant de touiller son potage.

"Tu peux m'appeler Isilmas."
"Isilmas ..."
"Bien peu d'intérêt, comme je le disais."

Je me tus alors. Laissant le silence s'installer entre le vieux Isilmas et moi. Je me demandais tout de même comment un lutin pouvait devenir aussi vieux, je veux dire, physiquement. Puis, j'essayai de me rappeler des derniers instants avant que je ne sombre. Les souvenirs remontaient peu à peu. Le rêve, le lac, la nausée, mes fluides. Puis toutes ses lumières et enfin les cris.

"Je ... J'ai entendu de nombreux cris tout à l'heure. Vous aussi ?"

Il opina du chef plusieurs fois en signe de satisfaction. J'eus le sentiment que le sujet l'intéressait.

"Les faeras. Nous sommes dans leur forêt."
"Pourquoi criaient-elles ?"
"Je ... Je ne suis pas sûr. Un grand bouleversement dans les fluides."
"Vous êtes mage ?"

Il opina de nouveau.

"Vous avez ressenti des choses bizarres avec vos fluides ?"
"Oui."
"Quoi ? C'est tout ? Moi, ils se sont mis à faire n'importe quoi, à réagir sans que je leur en donne l'ordre."
"On ne donne pas d'ordre aux fluides. Ils agissent, ou n'agissent pas. Si tu avais su cela, peut-être que ce ne serait pas arrivé."

Je fis une mine d'incompréhension et il me fixa de nouveau en secouant la tête.

"Tu es trop idi ... inexpérimenté pour comprendre."
"Non mais je vous emm..."
"Tais-toi !"

Cette fois-ci, j'étais sûr d'avoir vu les flammes de la cheminée grandir anormalement. Je me calai un peu plus contre le mur, ne le lâchant pas des yeux. Il prit deux assiettes sur le rebord de la cheminée qu'il remplit de potage grâce à la louche. Puis il alla poser le déjeuner sur la table. Se tournant vers moi ensuite, il tendit une main vers l'une des assiettes en signe d'invitation.

"Mange."

Après un petit moment d'hésitation pendant lequel je pesai le pour et le contre, le pour l'emporta avec de son côté l'argument non négligeable de mon ventre qui gargouillait. Je me levai donc et m'attablai en face du vieillard. Le repas s'effectua en silence. Ce n'était pas spécialement bon, mais ça avait l'avantage d'être chaud et je m'estimais déjà bien content que la nourriture ne soit pas empoisonnée.

"Vous êtes seul ici ?" questionnai-je à présent que la tension était un peu descendue.

Mais le vieillard n'eut pas le temps de répondre, car dès lors, on frappait à la porte.

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