L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Jeu 12 Juil 2012 16:15 
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Ephialtès




Très vite, le sommeil d'Agadesh commença à être agité. Son corps se mouvant en tout sens sur la couche abandonnée, des cauchemars l'asseyaient. Sans logique repassaient toutes les angoisses qu'il avait pu connaître. Les raids du clan thimorosiste d'Al Wesir qui venait massacrer les siens, les attaques de voraces en plein milieu du désert, les tempêtes de sables, si longues et insupportables... Et le début de son calvaire... L'obscurité de l'ancienne cité elfique, si silencieuse et oppressante... Le Lotan, si fort et assoiffé de vengeance... La présence malsaine de ces corbeaux à trois yeux qui mourraient soudainement, noyés dans leur propre sang... Les visions sordides de la vie de Xenair, chaotiques et si rapides... Les kadus, ces petits êtres aussi sauvages que répugnants qui fonçaient vers lui... Les katrels et le vide sous ses pieds, la peur de tomber... Et maintenant cette forêt d'un blanc maudit rougissant sous le soleil, cette cave sordide et ces créatures absurdes qui lui avait montré une toute nouvelle et effrayante façon de souffrir... Et des craintes qui ne se sont pas passés... Faire la déception de son peuple, être banni par Balamon... N'avoir plus à se raccrocher ni aux ancêtres ni à Yuimen... Mourir sans revoir son foyer.

Perturbé par ces rêves, Agadesh rouvrit soudainement les yeux. Il fait encore nuit noire mais il put apercevoir que la bougie à côté de lui était allumée. Alors qu'il veut bouger la tête, son corps ne répond pas. Il angoisse. Il essaye d'ouvrir la bouche, sans succès. Il a du mal à respirer et sent comme un poids sur sa poitrine. Soudain, non loin de lui, il entends une mélodie. Quelqu'un, en train de siffler un air de musette. Il en cherche l'origine avec les yeux, mais ne voit néant. Quelques secondes plus tard, il parvint à voir l'être en question qui marchait le long du lit pour aller rejoindre la table de chevet à côté, sur laquelle brûlait la bougie en question.

C'était un petit bonhomme, semblable à un humain, au détail près qu'il ne devait pas dépasser la quinzaine de centimètres. C'était un être obèse, attifé d'une tenue élégante de noble... Des chaussures noires à talonnettes, des collants blancs qui lui remontaient jusqu'au genou, un court pantalon bleu, une chemise jaune rayé d'ocre dont ressortait du col un morceau de tissu de dentelle brodé, un veston rouge vif aux manches épaisses... Il portait également une perruque de cheveux mi-long, blancs et bouclées sous une couronne dorée fermée par un tissu rouge bombé... Il y avait quelque chose de ridicule dans ce personnage. On aurait dit une caricature d'être humain, la création d'un esprit moqueur...

Il ne semblait pas avoir vu le nomade réveillé et, d'un nécessaire de toilette à sa taille trouvé Yuimen sait où qu'il posa sur le livre à côté de lui, il sortit un miroir à pied, s’étala du savon à barbe sur le visage et cessa ses sifflements. Puis, avec un petit rasoir coupe-choux fait d'un métal cuivré, il fit sa tâche, s'interrompant parfois pour dire avec une petite voix nasillarde une phrase, reprendre son rasage, puis en dire une autre et ainsi de suite :
"Le minéral donne et la plante reçoit. Les astres donnent et les fleurs reçoivent. Le ciel donne et la terre reçoit. Tout s'enlace et tout se déplace. Tout se mélange et tout se recompose. Tout se mêle et tout se démêle. Chaque chose se fait selon une méthode. Sans méthode la combinaison et la décomposition de toutes choses et la connexion de l'ensemble ne se produisent pas. La méthode est conforme à la nature, donnant et enlevant le souffle, et conservant ses ordonnances en les accroissant et en y mettant fin. Et en s'accordant par la séparation et l'union, toutes les choses, pour dire bref, si la méthode est bien respectée, transmutent la nature. Car la nature retournée se retourne elle-même. Tel est le caractère de l'excellence de tout l'univers et sa connexion."

Agadesh ne comprenait rien à sa situation, une fois de plus et le fait d'être totalement impuissant n'arrangeait rien.

Lorsque son office fut faite, le petit être continua sa coquetterie, s'appliquant avec un autre blaireau de la poudre blanche sur son visage et de la rose sur ses pommettes.

Lorsque ce fut fait, il rangea toutes ses affaires et se retourna. Il vit alors les yeux interrogatif d'Agadesh et s'approcha avec un grand sourire aux lèvres :
"Ooooooh vous êtes réveillés ? Non non non, c'est trop tôt encore, il faut se rendormir ! Allez, au dodo !"
Sans qu'il n'eût pu réagir, Agadesh se rendormit aussitôt...



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Dernière édition par Agadesh le Ven 3 Aoû 2012 14:03, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Jeu 12 Juil 2012 19:20 
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Agadesh se réveilla une nouvelle fois et à peine eût-il ouvert les yeux qu'il vit la petite créature en train de le saluer :
"Bonjour ! Vous avez bien dormi j'espère !"

Le nomade sursauta, manquant de tomber sur le sol. Au moins, il pouvait à nouveau bouger.
"Que... Qu'êtes-vous ? Pourquoi lorsque je me suis réveillé cette nuit, j'étais incapable de bouger ?"

"Du calme, du calme... Ce n'était qu'un incident. Voyez-vous, je dois user de mes fluides pour que votre conscience puisse me voir et avec ce que vous avez vécu hier soir, vous étiez encore remplie de magie neutre... Ça a déclenché un demi-réveil... Votre esprit était réveillé, mais votre corps était encore endormi. Mais c'est fini maintenant, il n'y a plus rien à craindre !", dit-il d'un ton enjoué.

"Ça ne répond pas à ma première question. Qui êtes-vous ?"

"Moi ? Oh, je suis une faëra."

"Une faëra ? Vous voulez dire... Un guide ?", dit Agadesh, retrouvant un sourire qu'il avait perdu depuis longtemps. Si cet individu était le guide tant espéré, c'était qu'il avait fait un bien grand pas en avant.

"Je ne vous suis pas."

"Vous êtes celui qui me permettra de rétablir l'honneur de mon peuple et de rentrer chez moi n'est-ce pas ?"

"Et bien, me voilà une nouvelle fois lié à un être à la vie agité. Mais un peu de distraction ne sera pas de refus, après tout ce temps. Je n'ai pas encore bien pris le temps de sonder votre mémoire, expliquez-moi donc ce que vous espérez de moi."

"Un être à l'âme viciée déshonore mon peuple depuis bien longtemps. Les ancêtres m'ont chargés de trouver un guide capable de maîtriser une forme de magie qui me permettrait d'agir avant qu'il ne devienne le monstre qu'il est maintenant. Vous pouvez m'y aider, n'est-ce pas ?"

"Certes, sans me vanter, je suis plutôt habile à user de fluides temporels... Mais je crains que la tâche soit plus ardue que ce que vous espériez..."

"Que voulez-vous dire ?"

"Les fluides temporels sont rares et leurs effets chez les mortels sont très éphémères. Pour pouvoir me suivre, il est indispensable d'en trouver sous forme liquide... Et même si nous en trouvions, il faudrait que nous nous rendions dans un lieu où nous serions sûr que cet individu se soit rendu et le moment exact où il y était... Sinon toute cette entreprise serait en pure perte... Comment se nomme votre ennemi ?"

Agadesh eût un peu de mal à sortir son nom, comme si rien que le fait de l'exprimer lui serrer la gorge :
"Xenair."

La faëra se décomposa en entendant ce nom avant de marcher en rond et se mettre à gesticuler en râlant :
"Xenair ?! Par l'essence de l'univers, pourquoi ? Quelle est cette terrible malédiction qui m'emmène toujours à me lier à des inconscients qui cherchent à renverser les plus grands maîtres de l'obscurité ?"

"Qu'y a-t'il ? Que savez-vous à son sujet ?"

Le petit bonhomme parlait rapidement, visiblement énervé :
"Ce que je sais à son sujet ? Xenair est un des treize commandants de la terrible fille de Thimoros, Oaxaca ! Comme tout les autres, il s'est allié à elle pour pouvoir s'échapper des enfers. Avant sa première mort, il était le plus terrible des meurtriers que ce monde ait porté et à sa résurrection, Oaxaca l'a chargé d'établir un solide réseau d'espionnage et d'assassinat. Ce fou en est même venu à utiliser des oiseaux qu'il a transformé en monstres pour lui servir d'agents. On dit qu'il a des yeux partout ! Si vous conspirez contre lui, c'est encore un miracle que vous soyez toujours en vie !"

Agadesh fronça les sourcils devant ces nouvelles. C'était pire que ce qu'il pensait. Un commandant de la fille du mal en personne... Il repensa à l'attaque de katrel en se demandant si elle pouvait avoir été dû à Xenair... Il mit les mains à son visage, un peu désespéré, souffla, les baissa et lança :
"Par les ancêtres, j'ai une quête à accomplir et je l'accomplirais quoi qu'il en soit, dois-je exterminer son armée à moi seul !"

"Ah oui ?! Attendez, je vais vous raconter une histoire particulièrement plaisante : Il était une fois un jeune soldat anorfain remplie de bonté et d'ambition auquel s'était lié une petite faëra qui l'aidait et le conseillait dans ses missions. Le jeune soldat était grâce à elle devenu vite un grand général et s'était marié à une femme aussi belle qu'aimante qui lui donna deux beaux enfants. Puis un jour, ce grand général appris qu'une grande menace venait de naître dans le Nord. Les orques des Terres Sauvages, les pirates de Dahràm et les elfes de l'Atha Ust s'étant alliés sous une même bannière qui venaient avec une armée pour envahir le royaume. Toute l'armée des elfes blancs fut aussitôt envoyé pour les contrer, dont le gentil général. Mais les méchants gagnaient du terrain et, alors qu'il livrait une bataille sur un autre front, le gentil général appris qu'une armée se dirigeait vers le village dans lequel vivait sa femme et ses enfants. Le gentil général abandonna alors ses hommes en pleine bataille pour aller sauver sa famille. Il découvrit alors une armée d'êtres rendus surpuissants grâce à une magie maléfique. Un grand commandant du nom de Vallel les commandait. Le gentil général, qui était aussi très fort, massacra à lui tout seul beaucoup de méchants pour protéger sa famille mais, lorsque le méchant commandant passa à l'attaque, il ne réussit pas à le battre et se fit capturer car Vallel voulait beaucoup le faire souffrir parce qu'il était très énervé. Il fit exécuté ses enfants devant lui et sa femme fut violée par ses soldats monstrueux sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Le méchant commandant décida ensuite de faire emmener les deux époux dans un lieu où ils les transformeraient eux aussi en monstres serviles et confia à certains de ses hommes de l'emmener dans son repère d'Omyre. Mais le gentil général réussit à s'enfuir et pour se protéger lui et sa femme décida d'aller s'installer dans une petite cabane dans un coin perdu d'Ynorie. Mais le méchant Vallel n'en avait pas fini avec lui. Grâce à des informations venues d'on se demande où, il orchestra un raid jusqu'à la petite cabane. Il captura les deux époux, les enferma dans leur cave et les tortura chaque jour et chaque nuit jusqu'à leur faire perdre la raison malgré les efforts de la petite faëra pour l'empêcher de flancher. La peur et la souffrance les avaient consumé et ils n'étaient plus que des êtres absurdes prêts à tuer quiconque rentrerait dans leur cave. Après leur avoir fait subir ses mille tourments, Vallel finit par décider de partir en les laissant emprisonnés dans la sombre cave. La petite faëra qui lui était lié avait souffert avec lui et était très triste pour son maître et sa femme qui ne survivait qu'en léchant l'humidité des murs et mangeant les rongeurs et les insectes qui traînaient dans les environs. Cela jusqu'à ce qu'un homme rentre dans la cave et les libère enfin de leur tourment. La petite faëra décida alors de se lier à cet inconnu, mais voilà que celui-ci aussi voulait se frotter à un terrible commandant et la petite faëra ne veut surtout pas revivre toutes ces horreurs...", dit-il en s'effondrant au fur et à mesure de son discours.

Agadesh le considéra avec peine, mais son avis était tranché :
"Je suis désolé pour tout les malheurs que vous avez pu vivre et je m'excuse par avance de ceux que je vais peut-être vous faire connaître, mais je ne changerais pas d'avis... Désolé."

Le guide le regarda avec désespoir avant de lancer :
"Je me suis déjà lié... Tu n'es plus qu'à me nommer."

"Vous nommer ? Mais j'ignore votre nom !"

"Il faut que vous m'en donniez un, c'est comme cela que ça marche."

Agadesh réfléchit un instant, considéra son apparence et lui répondit :
"Alors que votre nom soit grand ! Vous vous nommerais Sarrukin, comme le roi rouge des légendes que me racontait mon père..."

"Qu'il en soit ainsi..."



Lacrima Prima

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Dernière édition par Agadesh le Mer 12 Sep 2012 14:37, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Jeu 12 Juil 2012 21:34 
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^^

Quand Pépin se retrouva tout seul, il se mit à rêvasser tranquillement. Il s’assit d’abord sur le rivage pour regarder le paysage, puis il s’allongea sur le ventre et fit clapoter le bout de ses doigts à la surface de l’étang. Son visage s’illumina comme un soleil lorsqu’il vit filer des carpes sous ses yeux, et leurs circonvolutions aquatiques lui donnèrent envie de faire des cabrioles à son tour… mais son esprit était occupé par bien d’autres choses.

Parce que, quand même ! il avait rencontré des centaures ! (Wouahou…) Depuis ses primes années de lutillon, il avait toujours voulu vivre des aventures extraordinaires, de celles qu’on raconte autour d’un feu. En sautillant de branche en branche, en gambadant dans la forêt de Bouhen, et même lors de ses simples balades sur les passerelles de Bouh-Chêne – tout le temps ! – il rêvait des créatures fantastiques que l’on rencontrait quand on était un héros. D’abord, il y avait les gobelins (ça avait l’air d’être le passage obligé du héros bien sous tous rapports), et puis les morts-vivants – mais ça, c’étaient pour les méchants. Les héros dignes de ce nom, après tout ça, pouvaient décemment croiser une gargouille, une licorne, ou un centaure. Et voilà que lui – lui ! – Pépin, tombait de manière tout à fait hasardeuse sur une tout une tribu !

- Franchement ! s’exclama-t-il en s’adressant aux carpes. Combien de chances j’avais pour que ça m’arrive ? Hein ? Oui, oui, j’entends bien : zéro, c’est bien vrai ! Mais voilà, j’en ai vus. Vous avez bien entendu, toutes autant que vous êtes : j’ai vu des centaures !

Il s’extasiait encore à voix haute quand il se remit debout. D’un coup, l’envie lui prit de faire des ricochets en attendant le retour des petits. C’était tellement gentil de leur part d’être partis chercher un des leurs pour l’emmener là où il voulait ! A Oranan, peut-être qu’il saurait quoi faire pour retrouver la piste de son régiment, mais en attendant il s’amusait comme un petit fou à lancer ses cailloux. Sa langue tirée sur le côté trahissait sa concentration, quand soudain un éclair de génie lui traversa l’esprit. Le petit galet rond qu’il avait en mains tomba avec un *plouf* sonore quand il se mit à fourrager dans sa poche à la recherche de celui qu’il avait trouvé dans les décombres d’Âne-aux-Nîmes.

- Une rune, avait-il fini par comprendre.

Mais il ne savait pas ce qu’elle signifiait. Il faudrait qu’il se rendît chez un enchanteur pour qu’il l’aidât à comprendre – c’était du moins comme ça que Péperci faisait, lui, et Yuimen savait qu’il en avait trouvées. Et puis Pépin se dit que, comme ça, il pourrait acheter des potions et tout le barda, tout ce qu’il y avait dans les poches des Chevaliers. Il se prit encore à contempler sa pierre magique pendant quelques heures, s’amusant à la faire chatoyer sous les rayons du soleil.

- Ils arrivent quand, mes petits choubidous, hein ? demanda-t-il en louchant sur une libellule qui passa sous ses yeux avec un vrombissement qui le fit craquer.
- Oh, mais pourquoi ils posent toujours les mêmes questions ?
- Toujours besoin de savoir ce qu’il va se passer, de ce qu’il s’est passé !
- Heiiiin ? s’écria Pépin en se retournant dans tous les sens.

Il avait beau se tourner de droite, de gauche, regarder sous son bras, se tordre pour essayer de voir derrière sa nuque, rien n’y faisait. Il n’y avait vraiment personne ! Seulement la petite rainette de tout à l’heure et la libellule qui venait de passer…

- Oh oui, un peu de vacances ça ne fait pas de mal, de temps à autre !
- Et la petite Trollinette, Trollinou, Trollichou, Trullichette ! Tralala-lala, elle s’est fait avoir, hein ? Comme une débutante !
- Pas avoir, tu exagères. Décret six-cent-trente-deux, alinéa c du point six, point de prise qui ne l’eût mal mise ! Elle s’est laissé prendre dans les filets de ce petit chou, et de bon gré !

Pépin roula des yeux, affolé, il entendait des voix alors qu’il n’y avait personne autour de lui.

- Je deviens fou !
- C’est un petit lutin, touintouin !
- Un petit Chevalier, yéyé !

Il soupira de soulagement en entendant un craquement derrière lui :

- Ahhhhhhhhhhhhhh… !!! Verrepenché ! Courlalune ! Qu’est-ce qui se passe dans cette forêt ?!

Mais, malheureusement, quand il se retourna ce n’était pas les centaures qu’il vit surgir entre les arbres…


vv

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Dernière édition par Pépin le Ven 20 Juil 2012 23:07, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Ven 13 Juil 2012 00:43 
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L'antique temple (Partie I)


(((Musique pour les parties I à III)))


Il entra enfin dans la dernière pièce, écartant avec ses mains les toiles d'araignée qui y avaient élu domicile depuis tout ce temps. La salle était gigantesque et bien que mal éclairée, on pouvait distinguer sa magnificence passée. Quelques débris gisaient au sol, restes de gravures et sculptures s'étant décrochées de l'une ou l'autre des nombreuses colonnades soutenant le haut plafond. Sur les murs, des fresques aux couleurs à présent pastel se reflétaient à la faible lumière de sa torche. Elles représentaient de multiples scènes quasi-incompréhensibles maintenant qu'il en manquait une bonne partie, mais il reconnu ici des dieux, là, des citoyens de Yuimen brûlant un temple et là encore des mages en robe longue fuyant des feux lointains. Prudemment, il s'approcha du piédestal qui trônait au milieu de la pièce, croulant sous les innombrables toiles d'araignée et la poussière.

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Je m'enfonçais dans la pénombre, tendant la torche devant moi pour voir ne serait-ce que l'endroit où je mettais les pieds. Il faisait sombre, très sombre. La petite flamme que je tenais arrivait à peine à éclairer les murs.

(La vache !) dit Toal à l'intérieur de moi-même.
(Quoi ?)
(C'est vachement chargé en magie, soit il a dû se passer des choses phénoménales ici, soit de nombreux mages y ont séjourné. Je ne connaissais pas la présence de ce temple dans la forêt, il faut dire qu'il est bien caché aussi.)
(Je croyais que tu savais tout ?)
(Heu ... bah, en fait, non je ne sais pas tout. Mais je sais beaucoup de choses, car j'ai beaucoup voyagé sur plusieurs mondes et dans plusieurs espace-temps et puis j'ai vécu au-delà de la limite du raisonnable pour quelconque espèce vivante aussi. Enfin bref.)
(Bon, et c'est bon signe ou pas alors ?)
(Et bien, ça dépend. Souvent, les mages protègent bien leurs fiefs. Ça m'étonnerai pas que l'on rencontre quelques bizarreries magiques, et Isilmas t'a bien prévenu que ça pouvait être dangereux. Tu ferais bien de regarder où tu mets les pieds ...)
(Mais tu sais que je pourrais jamais m'en sortir sans toi. C'est que tu m'aides énoooooormément ! Merci, vraiment hein !)
(Hé, oh ! Je pourrais aussi te laisser te débrouiller tout seul espèce d'ingrat ! Mes conseils te seront sûrement très utiles ici, alors laisse tomber l'ironie un peu tu veux ?)
(Encore heureux, je te trimbale pas pour rien ...)
(Hmpf ! Regarde là.) dit-il en voulant changer de sujet et en voletant vers le milieu de la pièce.

La faiblarde lumière qu'émettait ma petite luciole blanche de faera se refléta sur une construction qui attira mon regard. J'approchai avec la lumière de ma torche pour y voir plus clair. Au beau milieu de la pièce, trônait une gigantesque statue en pierre peinte. Elle représentait un superbe oiseau déployant ses longues ailes. Je ne connaissais pas ce type de volatile, le bec fin et pointu, les ailes extrêmement longues par rapport au reste du corps et une énorme queue ébouriffée de plumes aux couleurs diverses. Ces plumes avaient d'ailleurs quelque chose de particulier, elles semblaient pousser sous forme de larges spirales, s'enroulant sur elles-mêmes. L'animal était fantastique et le travail de sculpture monumental. Je restai bouche bée pendant un moment à observer cette oeuvre si particulière. Pareillement à la gravure qui se trouvait au-dessus de la porte d'entrée, l'oiseau était entouré de huit boules de couleur qui formaient un cercle autour de lui.

Je notai mentalement la disposition des couleurs. La boule du haut était d'un jaune clair presque blanc tandis que celle du bas était totalement noire, reflétant la lumière. En haut à gauche se trouvait une autre boule presque transparente qui émettait des reflets bleus clairs, comme de la glace. En-dessous une autre totalement transparente puis encore une autre, de couleur bleu marine. À droite, je retins, de haut en bas : rouge-orangé, marron-vert et jaune flamboyant. L'ensemble était époustouflant.

"Woaw, je sais pas ce qu'on va trouver, mais faut avouer que ceux qui ont construit ça, savaient impressionner."

Je parcourus le reste de la pièce en longeant les murs. Un escalier montait à un étage supérieur, mais il m'était impossible d'y grimper puisqu'un éboulement en avait interdit l'accès. J'aurais bien pu me faufiler à travers les gravas, mais je doutais de la stabilité du tout et ne voulais prendre aucun risque inutile. Cependant, deux portes en métal, tout à fait joliment ouvragées se tenaient derrière l'oiseau en pierre, l'une à l'extrême gauche du mur, l'autre sur la droite.

(L'éternel choix, hein ?)
(Il faut le croire ...)
(Bon, que fait-on ? On tire à pile ou face ?)
(Quelle idée !? Et si y'en a une qui est piégée et que tu finis en cendres en touchant la poignée ou encore qu'elle mène dans un placard à balais ?)
(Bah, je préférerais le placard à balais ! Bon aller, on va à gauche !)

Je sautillai alors pour atteindre la poignée et finis par y parvenir. Mon poids fit crisser le mécanisme fatigué et la porte s'ouvrit sans plus d'artifices dans un nouveau couinement. Redescendant de mon perchoir, je tendais ma perche ignescente devant moi. Un simple et court couloir sans fioritures s'offrait devant moi pour déboucher sur une nouvelle porte, identique à celle que je venais d'ouvrir.

(Bah ! T'as bien fait de me tenir la jambe pendant une plombe !)
(Concentre-toi donc au lieu d'essayer de faire de l'humour !)

J'avançai donc jusqu'à la nouvelle porte et réitérai la manœuvre pour l'ouvrir. Elle crissa comme la précédente et je me faufilai dans une nouvelle pièce.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Ven 13 Juil 2012 02:50 
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L'antique temple (Partie II)


Il gravissait lentement la volée de marches menant au piédestal. L'escalier avait souffert avec les années et quelques bons bouts manquaient à l'appel. Il se concentra sur l'endroit où il mettait les pieds pour ne pas se tordre une cheville. Il s'arrêta et leva le nez d'un mouvement vif, tendant l'oreille. Il avait entendu quelque chose. Il resta immobile et silencieux, mais le son ne se reproduisit pas. Il mit cela sur le compte de la vieillerie des pierres et des animaux qui avaient dû élire domicile dans cet ancien temple magique. Il fit un pas de plus et sentit un fil se tendre contre son tibia. Avec une vivacité sans pareil, il effectua une roulade vers l'avant. La boule de feu frôla ses cheveux émettant une odeur nauséabonde de viande carbonisée. Il avait eu chaud. Quand finiraient enfin ses satanés pièges !?

Il observa le sol devant lui pendant une bonne minute mais ne détecta rien, ni plaque, ni fil, ni trou. Peut-être était-ce enfin la fin. Il s'approcha du piédestal. Ils étaient là, enfermés sous une cloche de verre les protégeant de l'usure du temps et de la poussière. Il tendit une main vers la cloche, puis se ravisa soudainement. Il avait senti une aura de fluide, elle aussi était piégée.


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La nouvelle pièce était étonnamment bien éclairée, à contrario du vestibule d'où je venais. Un froid glacial l'envahissait cependant, bien plus qu'à l'extérieur où l'hiver régnait. Je resserrai mon manteau autour de mes épaules et avançai un peu plus. Je glissai alors et chutai violemment. Ma tête cogna brutalement le sol glacé. Je grognai et frottai l'arrière de mon crâne où je sentais déjà une bosse commencer à germer. J'observais alors plus amplement les lieux, assis sur mes fesses. Les murs et le sol étaient de glace, se reflétant l'un dans l'autre tels d'immenses miroirs. Je comprenais alors pourquoi j'avais atterri par terre.

La salle était presque vide mis à part un bloc de glace, carré, d'une dizaine de pieds de côté en son centre. De l'autre côté de cet amas gelé, une autre porte au beau milieu du mur du fond, symétrique à celle que je venais d'emprunter. Je me relevai et tenta de la rejoindre tant bien que mal, glissant et marchant simultanément. Dans une dernière cabriole dotée d'un mouvement de hanche des plus improbables, j'atteignis enfin l'ouverture. À ma grande surprise, celle-ci ne comportait aucune poignée. Je poussai alors, puis tirai, puis poussai de nouveau, je soufflai, donnai un coup de pied dans le métal, me fit mal, puis abandonnai. Je savais que c'était vain. Il devait y avoir un autre moyen de passer outre ce maudit portail de métal.

Retournant près de l'immense bloc de glace, j'en fis le tour, observant ses moindres recoins, mais rien de spécial ne parvint à mes yeux. De la glace, de la glace et encore de la glace, voilà ce que réservait cette salle. Je me questionnai sur l'intérêt de cette pièce quand Toal prit la parole.

"Peut-être que tu pourrais essayer de défoncer la porte avec le bloc de glace ?"
"Ahah ! Très drôle ! Et comment je le déplace ce machin, ça doit peser des tonnes !"
"C'est vrai, mais, comme t'as vu, la glace, ça glisse."
"Ouais, merci de me le rappeler ..."
"Et la glace sur la glace, ça glisse encore plus. Je suis sûr qu'il suffirait d'un tout petit élan dans la bonne direction pour que le bloc n'atteigne la porte." continua-t-il comme si de rien n'était.
"Même un tout petit élan comme tu dis, je vais jamais y arriver !"
"Pfff ! T'as aucune volonté !"
"Très bien ! J'essaie !"

Je m'arquai alors contre le mur gelé et poussai de toutes mes forces. Le bloc ne bougea pas d'un poil, je poussai alors encore plus fort, m'inclinant de plus en plus. Mes pieds perdirent leur appui dans une nouvelle glissade et je m'étalai face contre terre.

"Non mais quelle idée de mer..."
"Le feu !" me coupa Toal.
"Et beh ? Quoi, le feu ?"
"Si tu chauffes la glace, ça glissera tout seul, t'auras même pas besoin de pousser ! Enfin, peut-être un peu, mais même ta force de mouche suffira."
"C'est moi qui vais te cramer, tu vas voir !"

Je m'attelai tout de même à mettre en oeuvre l'idée de Toal. Me plaçant entre la montagne carrée et gelée et la porte, je m'efforçai de ressentir les fluides qui dansaient à l'intérieur de mon corps et captai une partie de ceux de l'élément du feu. J'élevai alors mon bâton pour l'abaisser ensuite. Un chemin enflammé se dressa du bloc de glace jusqu'à la porte. Je laissais la chaleur agir une dizaine de secondes puis interrompais mon sort. La montagne de glace bougea de quelques centimètres, puis prit de la vitesse. Je m'empressai de fuir, m'écartant de son passage. Après avoir avalé les derniers mètres qui la séparait de l'accès, la glace s'y écrasa violemment, faisant trembler les murs et le sol, mais la porte ne céda pas pour autant.

"Et voilà ! C'était vraiment une idée de bouse de Brok’nud ! Maintenant, on ne peut même plus espérer passer par la porte !"

Cependant au moment même où j'admonestais mon faera, je pus voir, à travers la glace, le métal de la porte se geler, émettant un cliquetis étrange. Puis, finalement, la montagne de glace explosa en un magnifique nuage de neige qui se reposa lentement sur le sol. La porte, toujours en état de gel, s'ouvrit alors toute seule, laissant le chemin libre vers un nouveau couloir ennuyeux.

"Je retire, c'était une excellente idée, digne d'une faera !"

Je me mis alors à cabrioler "lutinement", riant et glissant sur le ventre jusqu'au nouveau couloir.

---------------------------------


Il faisait les cents pas autour de la cloche de verre. Aucun système n'était visible. Aucune énigme n'était à résoudre. Il fit le tour de la pièce entière une énième fois, mais rien. Il jura et donna un coup de pied dans l'une des colonnades. Celle-ci, en équilibre encore instable perdit l'une de ses pierres qui s'écroula sur le sol à un mètre à peine de lui dans un bruit assourdissant.

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Alors que j'allais découvrir la nouvelle salle en actionnant la poignée, le sol se mit à trembler et un bruit d'éboulement sembla s'élever du sous-sol. Je tendis l'oreille, mais aucun nouveau son n'y parvint.

(Bon, faudrait se dépêcher avant que ce temple ne nous tombe sur le coin de la figure !)
(Je suis tout à fait d'accord, allons-y.)

Les gonds grincèrent et un vent frais s'évacua de la pièce, m'ébouriffant les cheveux et m'obligeant à retenir mon bonnet de lutin. J'entrai et m'arrêtai presque instantanément. Je me trouvais sur une minuscule plateforme et devant moi s'étendait un immense gouffre sans fond. À une vingtaine de mètres de l'autre côté, une autre plateforme soutenait une autre porte. Le vent qui remontait de l'intérieur du gouffre était puissant.

"Bon ... Et bien, c'est là que je regrette de ne pas avoir appris à léviter avec Isilmas, c'est ça ?"
"Euh ..."
"Et toi ? Tu ne peux pas me faire voler ? T'as des ailes, non ?"
"Bah, moi je peux y aller, mais je peux pas t'emmener. Je suis juste fait de fluides, donc je ne suis pas physiquement réel. Enfin, je suis pas dur, si tu préfères. Si j'essaie de t'attraper, bah je passe à travers."
"Surtout n'essaie jamais de faire ça t'entends !?" dis-je en grimaçant.
"Héhé ! On verra ! Et, au fait, les ailes, c'est juste pour faire joli, on n'en a pas besoin pour léviter."
"Mouais, bah ça m'arrange pas !"

Je penchai la tête par-dessus le bout de la plateforme pour m'assurer de la profondeur du gouffre. Le vent souleva mes cheveux et fit s'envoler mon bonnet.

"Hé !"

S'engouffrant dans le vêtement en forme de cône, l'air le fit léviter au niveau de mes yeux et je n'eus aucun mal à le récupérer. Remettant mon précieux bonnet or sur ma tête, je souriais soudainement.

"J'ai une idée ! Le vent qui souffle va me permettre de traverser ! Il suffit que je fasse une sorte de toile en forme de cône, comme mon bonnet et ça me permettra de léviter au-dessus de ce trou. En plus, je suis pas très lourd, donc ça devrait aller ..."
"Mouais, c'est pas mal, mais comment tu vas faire pour te déplacer jusqu'à là-bas ?" dit-il en voletant en direction de la plateforme en face.
"Ah ouais, euh ..." dis-je en me grattant le menton. "Je sais ! Je vais lancer un jet d'eau dans la direction opposée, avec la pression, ça me fera avancer. Par contre, je ne pourrais pas utiliser mes mains, car je devrais tenir ma toile. Faudra que je fasse passer le jet par mes pieds ... Bon, construisons cette toile déjà."

Je me défis alors de mon manteau puis de ma tunique. Les liant ensemble, je parvins à construire un ensemble assez solide en forme de cône.

"Voilà, un ... pare ... pare-chute !"
"Ahem !"
"Quoi ?"
"Non rien, je t'attends là-bas." rétorqua-t-il en s'envolant jusqu'à la plateforme suivante.
"C'est pas la peine de me narguer, hein ! Bon, aller, j'y vais."

Fourrant mon bonnet dans ma poche et mes bottes dans mon sac, je tins ma construction par deux manches et m'élançai alors dans le vide sans plus d'anxiété. Comme je l'avais prévu, le vent souffla et fit gonfler ma voile improvisée, je lévitais alors sur place. Puis, tendant mes deux pieds vers la porte que j'avais empruntée, j'y concentrais mes fluides d'eau et relâchais le tout. Deux jets d'eau jaillirent de mes orteils pour aller s'écraser contre le mur et je fus propulsé en arrière à une vitesse fulgurante.

"Waaaaaaaaah"

Mon dos se cogna violemment contre le portail visé et j'atterris enfin sur la plateforme.

"Aouch"

Je soufrai de plusieurs contusions mais j'avais atteint mon but. Sentant que mon objectif n'était plus très loin, je m'empressai de franchir cette nouvelle ouverture après m'être rhabillé convenablement.

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Aucun sort de fonctionnait. Il tenta de lancer une pierre sur la cloche de verre, mais le projectile rebondit et retourna à l'envoyeur, le frappant en plein visage. Il s'affala. Cela faisait presque une heure que cette foutue cloche le faisait tourner en bourrique. Après tout, il allait peut-être tenter de l'enlever à la main. Avec un peu de chance, il ne perdrait qu'une main ou un bras ...

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Le bruit assourdissant d'une énorme cascade se fit entendre lorsque la porte s'ouvrit. Poussant un peu plus le panneau métallique, je restai estomaqué devant cette nouvelle pièce. Je me trouvais sur une nouvelle plateforme qui, contrairement à la précédente ne surplombait pas un gouffre, mais une rivière au courant rapide. Chaque pan des quatre murs de la salle était dissimulé derrière une cascade qui entourait alors la pièce, ne laissant une ouverture dans ce mur aquatique que pour découvrir les deux portes, celle que je venais de franchir ainsi qu'une autre, en face, toujours.

Le sol de la pièce était recouvert d'eau et au-dessus, flottait une immense plateforme carrée. En son centre trônait une balance qui était complètement penchée sur le côté gauche. Je sautai au-dessus de la rivière artificielle pour atterrir sur la plateforme principale puis je m'approchai de la porte en face. Comme je m'y attendais, celle-ci non plus ne comportait aucune poignée. J'imaginai que l'énigme à résoudre avait un rapport avec cette balance puisque c'était la seule chose qui se trouvait dans cette pièce, à part cet incessant flot aquatique.

Je rebroussai donc chemin et scrutai de plus près cette fameuse balance. Elle était faite du même métal doré et argenté que les portes, et étonnamment, malgré l'imposante humidité de la pièce, elle ne semblait pas avoir rouillé d'un pouce. Sur la pesette de gauche, un superbe vase en terre peint de frises extravagantes avait été posé. Il était rempli d'eau et au fond, en lorgnant à travers le liquide transparent, on pouvait lire un "4" gravé. Aux pieds de la balance, deux autres vases décorés de la même façon étaient rangés. L'un était plus petit que celui posé sur la balance et exhibait un "3" en son fond tandis que l'autre était plus grand et on pouvait y lire un "5". Je devinai sans mal que la porte s'ouvrirait lorsque la balance serait en équilibre parfait.

"Bah ! C'est pas difficile, il suffit de prendre le vase de quatre galons et de le vider dans celui de cinq. Ensuite, on remplit de nouveau celui de quatre galons et on pose chacun des deux vases de chaque côtés. Il sert à rien le vase de trois galons !"
"Hmmm ... Je doute que ce soit aussi simple."
"Tu sais, parfois tu pourrais me féliciter pour mon ingéniosité, hein !"

Sur ces mots, j'empoignai le vase de quatre galons et tirai, mais tous mes efforts furent vains, ce fichu récipient ne voulait pas bouger, il était collé à la pesette. Je grinçai des dents.

"Rah ! Mais pourquoi tu as toujours raison !?"

Toal ne répondit pas mais émit un petit ricanement cristallin qui eut le don de m'agacer au plus haut point.

"Bon alors, ça veut dire qu'il faut que je me débrouille avec les vases de trois et cinq galons pour en faire quatre. Réfléchissons ... Il est évident que ce sera le vase de cinq qui ira sur la balance, car celui de trois galons ne pourra jamais contenir quatre galons."
"Jusqu'ici, t'as pas inventé l'eau chaude !" dit mon faera en ricanant de nouveau.
"Ahah ! Mais t'es poilant ! Tu veux pas m'aider plutôt ?"
"Non, j'aime bien te voir te creuser la tête. Peut-être que si tu y passes la nuit, je t'aiderai."
"Grmblbl. Bon, alors, je peux tenter de remplir le vase de trois galons à peu près aux deux tiers, deux fois et je verse à chaque fois dans le vase de cinq. J'aurais alors quatre galons, qu'est ce que tu en penses ?"
"J'en pense que si tu fais comme ça, t'es bien parti pour y passer la nuit ..."
"Et alors ? T'as une meilleure idée ?"
"Oui, mais t'es capable de la trouver toi-même."

Je grognai d'exaspération. En plus de ne pas m'aider d'un iota, cette saloperie de faera ne m'encourageait pas non plus des masses. Je devais me concentrer sur ma tâche, tout ceci n'était que mathématique et me rappelait la longue étude que j'avais dû faire pour trouver le nombre de noisettes de Mammy Ray. J’attrapai les deux vases libres et me dirigeai vers le mur-cascade sur ma droite.

(Bon, c'est déjà un début. Si je remplis le vase de cinq galons et que je le verse dans le vase de trois, j'obtiens exactement trois galons et deux galons dans chaque.)

Ce que je fis, prenant bien soin de remplir les vases à ras-bord et de ne verser aucune goutte à côté.

(Bon, et maintenant, il faudrait que j'arrive à ajouter deux galons dans celui de cinq ...)

Je me grattai la tête un bon moment avant de comprendre que cela était impossible à réaliser sans de nouveau toucher au vase de cinq galons. Rageant, je vidais les deux vasques dans la rivière.

"Bordel ! Bon, reprenons tout depuis le début. Ce qui serait bien, ce serait que je réussisse à avoir un galon dans le vase de cinq, comme ça je rajoute juste le contenu du deuxième vase et c'est gagné." murmurai-je à moi-même. "Mais, si ! Si je verse deux fois le petit dans le grand ... Voilà. Maintenant j'ai un galon dans le petit ... Et ... Ahah !"

J'accourais vers la balance, le grand vase dans les mains. Je faillis glisser sur une flaque d'eau et m'étaler, brisant le vase et toutes mes chances d'arriver à mon but, mais par un heureux coup du sort, je réussis à tenir sur mes deux jambes. Fébrilement, je déposais le vase de cinq galon qui en contenait quatre sur la pesette vide. Tandis que la balance tanguait d'un côté, puis de l'autre, puis de nouveau d'un côté, Toal m'argua d'une critique tout à fait pertinente :

"Tu as pensé au poids des vases ?"
"Heu ..."

Mais déjà la balance s'était équilibrée, faisant disparaître la sueur froide qui m'avait parcourue quelques centièmes de secondes plus tôt. Un cliquetis se fit alors entendre et le son d'un chaîne s'enroulant autour d'une poulie s'amplifia. La porte disparut derrière le mur en s'élevant telle la grille d'un donjon. Elle s'ouvrit sur un escalier en colimaçon qui descendait encore un peu plus dans les entrailles du temple.

"Bien sûr que j'y avais pensé ! Heu ... Tu as vu d'autres vases de toute façon ?"
"Mouais ..."
"Tu peux faire ta grosse tête, n'empêche que j'ai réussi ! Bon, allons-y, j'espère que c'était la dernière énigme avant ce fameux objet, j'en ai marre !"

Je sautillai alors gaiement jusqu’à l'escalier tout en prenant bien soin d'enjamber une dernière fois la rivière synthétique.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Mar 17 Juil 2012 01:39 
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L'antique temple (Partie III)


La cloche de verre venait d'émettre un bruit. Un claquement, quelque chose venait de se débloquer. Il releva la tête et sourit, reprenant espoir. Soudain, dans un sifflement désagréable, de l'air s'échappa de l'intérieur de la cloche. Il s'approcha et tendit la main vers la protection en verre. Le piège magique venait d'être désactivé.

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En dépassant l'encadrement de la porte, je découvris une minuscule salle circulaire d'où l'escalier en colimaçon descendait. Rien de bien particulier ici, mis à part une gravure sur le mur de gauche qui attira mon regard. La lumière de la pièce précédente me permettait d'y voir clairement.

Le dessin gravé représentait des formes géométriques emboîtées les unes dans les autres en forme de cercle. Je mis un petit temps avant de comprendre que c'était en fait un plan du temple. Il était pourtant assez précis. Au nord, un rectangle dans lequel était dessiné le mystérieux oiseau représentait le vestibule par lequel j'étais entré. Puis, à l'ouest, trois petits rectangles étaient reliés par des couloirs, je reconnus les pièces que je venais de traverser puisque leur nom était gravé dessus en langue commune : "Glace", "Air" et "Eau". De l'autre côté du plan, à l'est, se trouvaient apparemment trois autres salles, que l'on ne pouvait rallier qu'à partir du vestibule, on pouvait y lire, du nord au sud : "Feu", "Terre", "Foudre".

Je commençais à mieux comprendre ce temple. Il était destiné à prier les ... éléments. Chose étrange, mais plus que certaine à présent, les petites boules de différentes couleurs sur lesquelles je m'étais attardé devaient, elles aussi, représenter un élément chacune. Cependant, me rappelant de mes cours de magie, je constatai qu'il en manquait deux : "Lumière" et "Ombre". De plus, je ne comprenais toujours pas le sens de cet étrange oiseau, que représentait-il ? Pourquoi se trouvait-il au centre de tout ceci ?

(Ce plan semble ne représenter que ce niveau. Peut-être que les réponses à tes questions se trouverons au niveau inférieur.)
(Oui, tu as raison, allons-y.)

J'empruntai alors l'étroit escalier en colimaçon qui s'enfonçait dans l'obscure profondeur du temple. Plus j'avançai, plus la lumière se faisait rare et bientôt, je dus rallumer ma torche pour ne pas rater une marche. Le long des murs courait une frise admirablement travaillée de formes géométriques et ésotériques. Je la suivais du regard un moment avant de trébucher sur une marche usée par le temps, je quittai alors mes yeux de l'oeuvre et me concentrai sur l'endroit où je mettais les pieds.

La descente dura un bon moment, d'autant que l'escalier n'était pas fait pour un être de ma taille. Aussi, dus-je enchaîner sauts et acrobaties pour arriver en bas, complètement essoufflé. Je me retins un moment sur le mur qui longeait la dernière marche avant de lever les yeux et d'observer mon environnement. La pièce était minuscule et ne contenait rien d'autre que quelques débris, deux escaliers en colimaçon (celui que je venais de descendre et autre juste en face) et une éternelle porte métallique sur ma gauche.

Je comprenais que l'escalier en face menait à l'autre partie du temple qui était sans aucun doute symétrique à celui que j'avais visité. Mais ce qui me frappa fut la porte qui, ouverte, offrait un cadre noir et sans lumière. Il était absolument impossible de voir ce qu'il y avait dans la pièce suivante. Je m'approchai alors en tendant ma torche au-dessus de ma tête et lorsque je ne fus plus qu'à un mètre de l'embrasure, mon unique lumière s'éteignit brusquement, me plongeant dans une pénombre peu rassurante.

Je sortis alors mon briquet à amadou et entrepris de rallumer la flamme, mais dès qu'une simple petite lumière apparaissait, elle s'éteignait instantanément. Je jurai, comprenant que j'étais victime d'un enchantement bien étrange avant de me rappeler la réflexion que j'avais eue plus tôt. Cette salle devait être "Ombre", aussi, aucune lumière ne pouvait y survivre. Qu'à cela ne tienne, je m'engouffrai dans cette nouvelle salle, torche éteinte.

À peine eus-je posé le pied à l'intérieur que la moindre lueur venant de l'extérieur ne parvenait plus à mes yeux. J'étais comme aveugle, ne percevant qu'une soupe d'un noir profond, mais plus que cela, je ne ressentais rien. Ni odeur, ni son, ni goût, ni même le sol sous mes pieds. Je me mis soudain à paniquer, me rendant compte que j'avais perdu tout repère et qu'il m'était à présent impossible de faire demi-tour si j'en éprouvai l'envie, quand j'aperçus un point lumineux émettant une forte lumière blanche au loin.

J'avançai alors vers cet unique repère, ne le quittant des yeux que pour humidifier mes globes oculaires d'un clignement. Je reproduisais le mouvement machinal de la marche sans réellement savoir si je marchais puisque mes pieds ne ressentais aucune substance. Le claquement de mes pas ne résonnaient pas dans le silence mais je sus qu'au moins j'avançais, car au fur et à mesure, la lueur se faisait de plus en plus grosse. Elle finit par atteindre un volume assez important pour que je puisse distinguer sa forme rectangulaire. Puis la forme se concrétisa et je m'aperçus qu'en réalité, la lumière venait de la pièce suivante qui apparaissait à travers la porte ouverte.

Je me mis alors à courir, voulant sortir de cet enfer le plus vite possible et plongeai presque dans la salle illuminée. "Lumière", aux antipodes d'"Ombre" scintillait d'un éclat blanc et chaleureux. Je portais ma main devant mes yeux et clignai des paupières le temps de m'habituer à ce contraste d'exposition. Mes sens avaient repris du service et je m'en félicitai. J'en profitai alors pour contempler ce nouveau lieu.

Le rayonnement si particulier provenait de deux cristaux transparents, l'un enchâssé dans le mur de droite et l'autre dans le plafond. Tous deux émettaient un rai de lumière blanche intense. Eparpillés dans la pièce, de nombreux miroirs reflétaient tour à tour l'un des deux rayons, créant ainsi un chemin de lumière jusqu'à deux cercles dessinés sur le plafond. Cela ressemblait fortement à une nouvelle énigme, mais quelqu'un semblait l'avoir déjà résolue. La porte ouverte de l'autre côté de la pièce me le confirma.

(Hmmm ... Tu crois que c'est comme ça depuis longtemps ou bien nous ne sommes pas seuls ?)
(Dur à dire, les effluves sont très puissantes ici et il m'est difficile de ressentir quelque chose, mais ... peut-être ... peut-être que plus bas ... Ah ! J'arrive pas à voir.)
(Ça me suffit. Garde l'oeil ouvert.)dis-je en resserrant touchant du bout des doigts mon bâton accroché dans mon dos.

Je traversais alors la salle qui avait à présent peu d'intérêt et franchis un nouveau seuil de porte. J'entrai alors dans un hall circulaire semblable à l'entrée du temple. La porte de "Lumière" se referma soudainement derrière moi, me faisant empoigner mon bâton dans un sursaut. Expirant pour relâcher la pression, j'entrepris de rallumer ma torche et au bout d'un petit effort, l'ombre fit place à une faible lueur. Je me déplaçai alors jusqu'au centre de la salle, me tordant le cou dans tous les sens pour en explorer les moindres recoins. Mais les murs étaient vides et mis à part quelques débris, absolument rien n'attira mon regard.

(Regarde sous tes pieds.)

Je baissai alors la tête et constatai que je marchais sur une minuscule lune au faible éclat gris enfermée dans un cercle gravé. Approchant ma torche près du sol je discernais alors une immense fresque recouvrant la quasi-totalité de la pièce. Je parcourus alors ma nouvelle découverte de long en large, l'échine courbée et la torche frôlant la pierre. Le dessin représentait de nouveau cet étrange oiseau, entouré de plusieurs boules. Mais cette fois, ce n'était pas leur couleur qui les différenciaient, mais une gravure en leur centre. Je reconnus une goutte, un flocon de neige, un éventail, une flamme, une feuille de hêtre, un éclair et un soleil. Ce dernier se mit à émettre une faible lueur grise, analogue à celle de la petite lune, lorsque j'approchais ma torche. Je me grattai la tête.

"Encore une énigme ! J'en ai maaaaaaarre ..." me plaignis-je, en soufflant.
(Cela m'a l'air d'être la dernière pourtant. On a passé les huit épreuves des huit éléments.) me rassura Toal dans ma tête.
(De toute façon, il n'y a même pas d'autres portes dans cette pièce, je vois pas ce que ça va faire !)
(Ce temple à l'air de réserver bien des surprises, attendons de voir ... En tous cas, je pense comprendre le fonctionnement de cette pièce.)
(Alors éclaire-moi, car là ...)
(Et bien, comme tu l'auras deviné, chaque cercle représente un élément. Comme les petites boules à l'entrée et comme chaque salle dans ce temple ... Bref, la lune, l'ombre, était déjà activée quand nous sommes entrés et ils faisait sombre. Lorsque tu en as approché ta torche, le soleil, la lumière s'est activée ... Tu vois la suite ?)
(Euh ...)
(Le vent : souffle, le feu : brûle ... Tu vois ?)
(Hmpf ! C'était facile !)

Je tendis ma torche vers le premier cercle devant moi, c'était la goutte d'eau. Rien de plus simple pour moi, je fis jaillir un maigre filet d'eau du bout de mon doigt qui s'écrasa sur la goutte dessinée. Cette dernière s'illumina donc faiblement. J'en fis de même avec l'élément du feu, créant un minuscule cercle flamboyant. Je touchai la feuille de hêtre du bout de mon bâton en bois et soufflai sur l'éventail. Il me restait donc la foudre et la glace, je contemplai les deux dessins, incapable de faire quoi que ce soit.

(Euh ... et pour ceux là ?)
(Je m'en occupe !) rétorqua mon faera.

Je le vis alors se transformer en un gros glaçon et se poser sur le flocon dessiné qui s'illumina alors. Vint ensuite le tour de la foudre et l'attitude de Toal me surprit car il se changea en une petite barre de métal et vint se frotter contre mon manteau en laine.

"Hé ! Mais arrête ! Qu'est ce que tu fais !? Na !"

La barre de fer s'envola alors près du cercle représentant l'élément de foudre. Je vis un minuscule éclair relier mon faera transformé au sol et l'élément s'illumina à son tour.

"Qu'est que c'est que ça ?" dis-je décontenancé.
"Rien, oublie, ce serait trop long à expliquer ..."
"Mais ..."

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase car, soudain, l'oiseau gravé dans la pierre s'illumina lui aussi et le sol se mit à trembler. Je tombai sur les genoux et m'accrochai tant bien que mal au sol, essayant de comprendre se qu'il se passait. Je vis alors la fresque s'enfoncer brusquement, où bien était-ce la pièce en elle-même qui remontait ? Je sentis un chatouillement au creux de mon estomac alors que la fresque où je me tenais glissai avec fracas dans les abysses.

"AAAaaaah ! Toal ! Toal ! Qu'est ce qu'il se passe !"
"Ne t'inquiète pas, on descend, ne bouge surtout pas, tu risquerais de tomber."
"Bon, d'accord."

Je retrouvai mon calme, avec tout de même une pointe d'anxiété en voyant le reste du plancher s'éloigner loin au-dessus de ma tête.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Jeu 19 Juil 2012 02:08 
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Retrouvailles musclées (Partie I)


(((Musique)))

Il s'était de nouveau approché de la cloche en verre et tendait à présent une main tremblotante vers sa poignée lorsqu'un roulement de roches s'éleva derrière lui. Il tourna vivement la tête, le socle qu'il avait emprunté descendait de nouveau dans la pièce. Quelqu'un venait.

La plateforme continuait de descendre lentement vers les tréfonds du temple. Autour de moi, je ne voyais rien d'autre qu'un mur circulaire, comme un immense puits, qui défilait à l'allure de ma descente. Mais une dizaine de secondes plus tard, je débouchais sur une nouvelle pièce, aux dimensions démesurées. L'éclairage était étonnamment plutôt bon et j'aperçus en premier de hautes colonnades finement gravées. La plupart étaient en mauvais état mais on pouvait tout à fait s'imaginer l'ampleur de leur beauté passée.

Il s'empressa de se dissimuler derrière le piédestal en bronze, visant à travers le verre de la cloche le nouvel arrivant. Il haussa les deux sourcils et afficha un étrange rictus lorsqu'il le reconnut.

Les murs étaient recouverts de grandioses fresques que je ne sus déchiffrer au premier abord puisqu'il en manquait de bonnes parties et que les couleurs étaient quelque peu passées.

Bien que le désir de se découvrir le taraudait, il se décida à prendre son dû et à s'envoler comme si de rien n'était. La mission devait passer avant tout. Calmement, il attrapa la poignée de la cloche et tira dessus pour découvrir se qui y était caché.

Alors que la plateforme arrivait enfin à son but, se reposant dans un bruit assourdissant contre le sol de la pièce, un reflet attira mon regard. Cela venait du fond de la pièce où résidait un piédestal sur lequel était posée une cloche de verre. Derrière cette cloche se trouvait un lutin que je reconnus immédiatement.

"Bab !?"

Il sursauta en entendant son nom et se murmura pour lui-même : "Merde !"

Je m'approchais du fond de la pièce où j'avais cru apercevoir mon ancien compagnon de route, les sourcils froncés. Il se releva lentement, un étrange rictus accroché au visage. C'était bien lui, cette coupe de cheveux, ces vêtements, ce visage ... Rien ne pouvait prouver le contraire.

"Mais ... Qu'est ce que tu fais là ?"
"Je pourrais te poser la même question ... mon ami." rétorqua-t-il sans bouger de sa position.
"Je ... Un ami me l'a demandé. Je suis censé retrouver une ... Mais je croyais que tu étais parti faire quelque chose de très important. Tu m'avais dit que tu m'écrirais, je n'ai reçu aucune lettre, et maintenant te voilà, je ne comprends pas ..."

Tandis que je parlais, j'avançais vers le piédestal et grimpai les quelques marches qui y menaient. J'aperçus alors ce qui se trouvait sous la cloche de verre : une magnifique paire de gants, en soie apparemment, d'un violet profond. Quelques broderies dorées agrémentaient le tissu au niveau des poignets et contournaient les doigts, formant comme des anneaux. Bab, quant à lui, contourna le socle de pierre, prenant soin de le garder entre lui et moi sans me quitter des yeux. Je fronçai les sourcils devant cette attitude peu habituelle de sa part.

"Que se passe-t-il Bab ?"
"Je suis désolé, mais ce n'est pas le moment, Psylo. Le temps où nous nous amusions dans les tavernes et où nous voyagions clandestinement dans les navires est terminé. J'ai d'autres responsabilités qui m'ont rappelé à l'ordre."
"Tu ne m'expliquera pas, c'est cela ?"
"Non. Mais je te remercie, en tous cas. Tu m'auras permis de déjouer ce dernier piège. Je ne l'avais pas compris au départ, mais les deux parties du temple doivent être activées pour que l'on puisse s'emparer de cette relique."
"Cette relique ? Qu'a-t-elle de si important, à la fin ? Isilmas ne m'a rien dit."
"Qui !?"

Il fit un pas vers moi, l'air colérique.

"Isilmas, un vieux lutin fou, c'est lui qui m'a demandé de venir ici." dis-je en levant les mains en signe de paix.

J'avais grand mal à comprendre la réaction de Bab. Depuis tout ce temps, pourquoi ne m'accolait-il pas en débouchant une bonne bouteille pour fêter nos retrouvailles ? Pourquoi était-il si distant ? Il rit.

"Un lutin ? Isilmas ? Ce vieux fou ..."
"Tu le connais ?"
"Hum ... Pas vraiment ... Je suis désolé, Psylo, mais ce que tu viens de m'apprendre change tout. Je ne peux bien évidemment pas te laisser prendre cette relique. Je comptais te laisser là, mais si c'est Isilmas qui t'as envoyé là, cela veut aussi dire que c'est lui qui t'as formé ... Par conséquent, je ne peux te laisser en vie."
"Quoi !?"

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Jeu 19 Juil 2012 22:20 
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Retrouvailles musclées (Partie II)


(((Musique)))


Son regard changea soudainement, devenant noir et furieux. Il me fixa avec ses yeux sombres, il semblait déterminé.

"Non, mais attends ..."

Il frotta ses mains puis les fit claquer. Un vent se leva de nulle part, ébouriffant mes cheveux et m'obligeant à retenir mon bonnet. Puis le souffle se transforma en rafale et j'éprouvai beaucoup de mal à rester sur mes deux pieds quand soudain, dans une bourrasque plus puissante de que les autres, je m'élevai de plusieurs mètres et m'envolai. La chute fut rude et j'écrasai mon bras sous mon poids, m'extirpant un faible grognement de douleur.

J'eus à peine le temps de me relever qu'une multitude de pics de glaces fondaient sur moi à une vitesse ahurissante. Je roulai sur le côté pour échapper à leur pointe meurtrière, mais l'une d'entre elles déchira l'étoffe de mon manteau et entailla légèrement la chair. Je jetai un oeil vers Bab qui tendait sa paume de main dans ma direction, elle était éclairée d'une faible lumière bleuâtre.

Il voulait vraiment me tuer, c'était une certitude, ce sort n'avait pas d'autre but. Je sentais la colère monter en moi au même rythme que mes fluides qui bouillonnaient à l'intérieur de mon corps. Je ne savais pourquoi l'alchimiste réagissait ainsi, mais une chose était sûre : je n'allais pas me laisser tuer de la sorte. Faisant appel à mon énergie magique, j'attrapais mon bâton et d'un coup vers l'avant, je visai le lutin.

Une gerbe aquatique s'éjecta du bout de mon sceptre et fonça droit vers l'alchimiste. Je souris alors que le geyser n'était qu'à quelques centimètres de lui, mais au lieu de s'écraser sur sa vilaine tête, elle s'abattit sur un mur de terre qui venait de se matérialiser devant lui. Le bouclier magique finit par se briser, mais il n'était déjà plus derrière.

Je cherchais des yeux mon ennemi avant d'enfin l'apercevoir au bas des marches qui menaient au piédestal. Sa main droite était tendue vers l'avant, crispée dans le vide comme s'il voulait étrangler un fantôme. Mais je me rendis bien vite compte qu'en réalité, c'était moi qu'il strangulait car bientôt, je sentis une ombre froide se serrer autour de mon cou, bloquant l'accès de l'air à mes poumons. J'étouffais, incapable de respirer. Suffoquant, je posai mes mains autour de mon cou dans un réflexe de survie, lâchant par la même occasion le bâton de Fenouil. Je sentais mon esprit se brouiller, mes idées ralentir, je devais vite trouver une solution avant de manquer d'air et de m'évanouir.

Cette dernière se présenta sous la forme des fluides de feu toujours présents au fond de moi. De la même façon que je l'avais fait à plusieurs reprises depuis mon baptême du feu, je sollicitai une partie de cette énergie chatoyante. Comme je le faisais pour les fluides d'eau, je relâchai alors toute l'énergie à l'extérieur, la sculptant pour lui donner une forme ronde. Une odeur de brûlé s'éleva dans l'air et je ressentis une immense chaleur envahir mon ventre. Dans un effort presque inacceptable pour mon corps, je baissai les yeux vers mon abdomen pour me rendre compte des conséquences de ma tentative. Une petite boule de feu, ronde et chaude brillait devant moi. Soudain, elle se mit à filer droit vers mon agresseur à une vitesse fulgurante. Il eut juste le temps d'effectuer une roulade sur le côté afin d'esquiver mon attaque, mais je fus libéré de son emprise mortelle.

"Je vois que tu as suivi mon conseil, tu t'es bien amélioré en terme de magie ... Cependant, je n'ai plus envie de jouer avec toi maintenant." me lança-t-il alors que je tentai tant bien que mal de reprendre mon souffle en crachotant et toussant.

Je profitai de ce petit moment de répit pour ramasser mon sceptre qui était tombé à mes pieds.

"Tu n'as pas encore tout vu."

Je le vis de nouveau se frotter les mains, comprenant qu'il préparait un nouveau sort, mais je ne lui laissai pas le temps et déjà, j'envoyai mon bâton dans sa direction, faisant apparaître un nouveau jet d'eau. Tout occupé à lancer son nouveau sortilège, il ne put esquiver qu'à moitié et le geyser lui frappa violemment la main gauche, déchirant une partie des chairs. Il hurla mais se reprit aussi vite. Me jetant un regard noir, il leva l'autre main et je lançais alors une nouvelle projection aquatique. Alors que mon sort allait lui broyer l'autre main, un miroir de glace sorti de nulle part apparut sur sa route. Le jet rebondit alors sur le mur glacé et fit machine arrière, se projetant droit sur moi. Je fis un bond sur le côté et évita de peu ce retour de flamme.

Bab avait eu le temps de disparaître de nouveau alors que j'esquivais son dernier tour de passe-passe. Je lançai un regard circulaire pour le trouver lorsque qu'un énorme rat me sauta dessus sans crier gare. Je poussai un cri de surprise et roulai sur le côté, aux prises avec le rongeur. Les incisives effilées se plantèrent dans ma cheville, m'arrachant un nouvel hurlement, puis le rat se dégagea. Je réagis alors au quart de tour et après avoir enduit mon sceptre des quelques fluides de feu qui restaient en moi, le faisant alors rougeoyer faiblement, je le levai bien haut.

Le feu incendia le sol de la salle, formant un cercle mortel de deux mètres autour de moi. Un couinement s'éleva, me prouvant que Bab avait bien été touché. Je vis alors en me remettant sur mes deux pieds, le rat noir fuir en direction du piédestal. Une bonne partie de son pelage était en feu et il glapissait de douleur. Le rongeur redevint alors un lutin en prise avec des vêtements enflammés. L'alchimiste échappa à l'immolation en se jetant dans l'une des flaques d'eau qui résultaient des mes précédents assauts. Mon incendie volontaire finit par s'éteindre, bien que quelques flammèches ayant eu la chance de trouver quelque chose de combustible subsistèrent encore un peu plus longtemps.

Nous nous tenions à présent face à face. Lui, se tenant le bras gauche broyé sous la force de la pression et fumant encore. Moi, luttant pour tenir debout à cause de mon pied blessé, frottant la future cicatrice sur mon épaule et sentant un oeil au beurre noir naître sous mon oculaire droit.

"Tu n'es pas en très bon état. Je crois que c'est la fin pour toi ... mon ami."
"Va mourir, moisi de fiente de Gnoll ! Na !"

(Moura, prête-moi ta force, je t'en prie.)

C'est alors, que, dans une coordination parfaite, nous fîmes claquer nos mains avant de les reposer en même temps sur le sol.

La terre trembla, faisant chuter quelques morceaux de colonnade, l'odeur de la mer se fit sentir, une fissure se creusa à mes pieds tandis que l'iode emplissait mes narines. Le sol s'ouvrit brusquement alors que l'eau montait à mes pieds formant une immense vague qui s'enroula sur elle-même. Des morceaux entiers de terre s'envolèrent, se mêlant au remous de l'écume, puis un bruit assourdissant emplit la pièce et se fut le brouillard. Ma vague s'éleva pour venir s'écraser sur l'alchimiste tandis que les morceaux de terre fondirent sur moi. Finalement, le tout se mélangea et je fus emporté dans un océan de boue et de débris, valdingué de tous côtés. Je me cognai contre quelque chose sans vraiment savoir quoi dans cette admirable confusion magique et poussai un cri étouffé par l'eau qui envahissait la pièce.

Alors que je commençais à manquer d'air, la vague se calma enfin et je fus déposé sur la première marche de l'escalier menant au piédestal. Ma tête était lourde et ma vue était trouble. Je tentai de me relever, mais mes membres flanchèrent sous mon poids et je retombai la tête contre le sol. J'avais perdu mon bâton dans la confusion et je sentais de multiples contusions former des bleus sous ma peau.

Sous mes paupières qui se fermaient toutes seules, j'entrevis Bab se dresser laborieusement à quelques mètres de moi. Il s'approchai bon an mal an de la cloche en verre qui gisait, brisée, sur le sol. Les gants en soie qu'elle refermait encore quelques minutes plus tôt se trouvaient juste à côté. Je devais réagir avant qu'il s'en empare, j'avais fait un long chemin vers cet objet et bien que j'en comprenais pas l'importance, c'est bien pour cela que Bab et moi-même avions pris tant de risques.

Je me rappelai alors de la troisième leçon d'Isilmas où j'avais appris à interférer dans l'esprit de mes ennemis. J'avais eu l'occasion de tester, en tant que victime, les effets d'une telle manipulation de l'esprit. Alors, dans un ultime effort qui m'arracha un grognement, je libérai le reste d'énergie magique présente dans mon corps pour l'envoyer vers l'alchimiste.

Je pressentis les fluides s'envoler en direction de Bab tendit qu'il tendait une main tremblotante vers l'un des gants en soie. Ils l'atteignirent au moment même où il touchait le tissu. Fermant les yeux, je les fis entrer dans son cerveau avant de les laisser se déplacer par eux-mêmes. Il se figea, bloqué dans une position étrange et j'imaginais alors les images que je voulais qu'il reçoive.

Il se releva alors et se désintéressa de la paire de mitaines au profit de deux petites pierres qui gisaient là. Il les attrapa et les fourra méticuleusement dans son baluchon. Je souris. C'était un stratagème assez simple puisqu'à la hauteur de mes capacités à ce moment précis, mais cela avait fonctionné. Alors que mon corps réclamait à mes yeux de s'éteindre, je pus apercevoir dans un ultime battement de paupières, l'alchimiste se transformer en gros rat noir et disparaître dans un trou de mur. Puis ce fut le silence et l'obscurité qui m'envahit.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Jeu 19 Juil 2012 23:15 
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Lutin géant


(Psylo ... veille ... te plait ... Psylo ... lo révei ... Psylo réveille-toi ...)

La brume laissa la place à la douleur. Chacun de mes muscles s'éveilla dans un tonnerre de souffrance et de lassitude. Je grognai. Le combat passé contre Bab m'avait laissé en piteux état. Je me demandais si j'allais un jour pouvoir m'en remettre lorsque la voix stridente de Toal se fit de nouveau entendre dans ma tête.

(Debout ! Il ne faut pas rester ici, vous avez manqué de faire s'écrouler le temple, ça peut nous tomber sur la tête à tous moment, maintenant !)

Ouvrant un oeil, puis deux, j'observai mes mains, écorchées et blessées par l'épreuve qu'elles venaient d'endurer. Le sceptre que j'avais obtenu de Fenouil reposait en réalité à mes côtés. Je m'en surpris car je l'avais cherché plus tôt. D'ailleurs combien de temps cela faisait ? Combien de temps étais-je resté évanoui ainsi ? Je posai la question à mon faera :

"Je dors depuis combien de temps ?"
"Quelques minutes, j'ai eu beaucoup de mal à te réveiller. Je sais que tu n'es pas au meilleur de ta forme, mais là, faut vraiment y aller."

Je posai alors mes paumes sur le sol et entrepris de me relever par la force de mes bras en poussant un grognement. Posant finalement un genoux à terre, je fis une pause et soufflant et en me tenant le côté.

(Je dois avoir une côte de cassée) pensai-je en grimaçant de douleur.
(Tu auras bien le temps de panser tes petits bobos après ! Allez !)
"Des petits bobos ? Tu te fous de moi !? Tu m'as vu ? Je fais aussi vite que je peux *kof*".

Je ponctuai ma phrase d'un toussotement et d'une nouvelle grimace avant de m'emparer de mon bâton. Le plantant dans le sol, je m'en aidais pour me remettre sur pieds. À ce moment précis, je regrettais de ne pas connaître de magie permettant de soigner les divers maux. Cela m'aurait été bien utile ... Mais de toutes façons, je n'avais plus aucune énergie magique en moi, mes fluides tournaient au ralenti.

Je rejoignis l'emplacement des deux gants en claudiquant, m'appuyant sur ma canne de fortune. D'un gémissement, je me pliai en deux pour ramasser le fruit de mon dur labeur avant de le placer dans mon sac. Puis, je fis demi-tour, pour prendre la route en sens inverse.

Mon estomac se noua devant l'image que je vis alors, puis je me détendis soudainement et mes jambes se défilèrent. Deux bras ridés me rattrapèrent juste avant que je n'heurte le sol. C'est alors que je vis le visage d'Isilmas juste au-dessus de moi, souriant. Mais ce n'était pas le visage que j'avais l'habitude de voir, celui-ci était beaucoup plus gros, à taille humaine, comme le reste de son corps d'ailleurs. Il me murmura quelque-chose que je ne compris pas et m'emmena, me portant dans ses bras qui étaient bien trop énormes pour être ceux d'un lutin.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Ven 20 Juil 2012 00:16 
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Chapitre VI : Le maître et l'élève


Graal ?


Les mitaines en soie brodées de fils d'or reposaient au centre de la table. J'étais assis, sur le bord du lit, mon bras en écharpe pesait contre ma poitrine qui se soulevait lentement mais régulièrement. Sous la fine couche de vêtements que je portais on pouvait apercevoir les multiples bandages qui entouraient mon torse ainsi qu'une bonne partie de mon crâne. J'avais simplement posé mon bonnet or dessus, refusant de le quitter sous aucune condition.

Je fixai l'objet de toutes mes misères en pensant à Bab. Que faisait-il dans cet ancien temple ? Qui l'avait poussé à y venir ? Pourquoi cherchait-il absolument à obtenir ses gants de malheur ? Et surtout qu'est ce qu'il l'avait poussé à tenter de me tuer lorsque j'avais fait allusion à Isilmas ?

Le vieux fou qui venait d'entrer dans la pièce n'avait pas pu, ou pas voulu répondre à ces questions. Alors qu'il passait le pas de la porte, je tentai de me relever du lit, mais il m'en empêcha de son éternel ton sévère :

"Ne bouge pas."

Il m'envoya alors le sac de provisions qu'il tenait à la main et m'ordonna de manger. J'entamai alors d'un bon coup de dents la brioche et le fromage qui s'y trouvaient. Il prit ensuite la paire de gants et les examina sous toutes leurs coutures pour enfin conclure au bout de quelques minutes :

"Ce sont les bons. C'est une bonne nouvelle." Il sourit. "Je crois que c'est maintenant que nous allons nous quitter, tu as encore beaucoup à faire et je n'ai plus rien à t'enseigner, tu vas devoir apprendre pas toi-même maintenant.
"Que voulez-vous dire ? Je ne suis pas encore prêt ! J'ai encore beaucoup à apprendre ... J'ai bien failli mourir dans ce temple, imaginez que ma route recroise celle de Bab un jour ?"
"Non. Tu es prêt. Je n'ai plus rien à t'enseigner. Et maintenant, tu auras ça." dit-il en pointant du doigts les gants en soie.
"Je ne comprends pas ... Vous avez dit que cela faisait plusieurs années que vous les cherchiez. Je croyais que vous voudriez les garder pour vous. De plus, je n'ai aucune idée de leur pouvoir, si jamais ils en possèdent un."
"Tu l'apprendras bien assez tôt. En attendant, il te reste une dernière chose à faire. C'est maintenant le printemps et tu vas pouvoir sortir de cette forêt sans problème. Je veux que tu te rendes à Oranan et que tu ailles voir Anthelia, la tatoueuse. Dis-lui que tu viens de ma part, elle saura quoi faire."
"Encore des mystères ... Puis-je espérer comprendre un jour la signification de tout ceci ? M'expliquerez-vous ?"
"Quand l'heure viendra, tu le sauras et alors, tu reviendras me trouver. Tu comprendras alors."

Il se tut ensuite et me tendit les gants que j'attrapai en grimaçant.

---------------------------


Le lendemain, j'étais parti de la cahute du vieux Isilmas, non sans un petit pincement au coeur. Le mage était resté silencieux toute la matinée et m'avait sobrement préparé de quoi me sustenter pour le voyage. Il avait fait signe à Athanaë de me suivre puis m'avais laissé partir sans un au revoir, sans même me regarder. Lançant mon adieu à un dos tourné, je m'en étais alors allé.

La faera aux ailes flamboyantes m'avait accompagné jusqu'à la lisère de la forêt puis m'avait annoncé qu'elle devait partir, elle aussi. Je lui avais amicalement lancé un au revoir chaleureux puis attendu que les deux faeras fassent elles aussi leurs adieux faussement déchirants. Nous avions alors repris la route vers Oranan.

Le voyage dura toute la journée mais ne fut parcourut d'aucune embûche puisque je m'étais contenté de suivre la route longiligne jusqu'à la citée Ynorienne. Je me trouvais à présent aux portes de celle qu'on nommait la cité verte.

> Les portes d'Oranan

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Ven 20 Juil 2012 23:04 
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- Gnu ?

Alors ça, il ne s’y attendait pas, mais alors pas du tout. Et d'ailleurs, ça se voyait à sa tête : un oeil rond comme une soucoupe, l'autre rétréci, la bouche tordue, il n'en revenait pas. Après ça, c’était sûr qu’il allait moins faire cas des centaures !… Enfin, croire ça longtemps serait peut-être mal connaître notre lutillon, lui qui s’extasiait de tout, tout le temps. Mais là, c’était quand même un peu gros.

Gros. Enooorme, même. Parce qu’une choupette d’araignée, ça pouvait être vraiment très mignon quand elle faisait la taille d’une coccinelle… mais quand elle faisait vingt pouces de haut, c’était une autre histoire ! (Hééé ! Mais moi j’en fais que onze presque un quart !!) Et encore, il était grand pour son âge, et faisait la fierté de sa maman Fibule…

- Mamannn… !

Est-il utile de dire que Pépin se retrouvait complètement tétanisé face à ce monstre deux fois plus grand que lui ? Son petit cœur avait arrêté de battre pendant une seconde quand ses yeux s’étaient posés sur cette effroyable araignée noire et velue. Disons que cette fourrure aurait pu lui donner envie de lui faire des papouilles entre ses huit yeux, ronds et brillants comme des billes, si la bête n’avait pas eu un dard luisant et des mandibules pour le moins… menaçantes. Et cet abdomen qui frétillait, et ces longues pattes qui se désarticulaient ! (Euuurk.)

Mais ce fut vraiment quand l’araignée se dressa sur six de ses huit pattes pour en darder une paire que Pépin comprit qu’il était mal. Très, très mal. Il recula, un pied après l’autre, et il émit un petit cri aigu quand il trébucha sur un caillou et qu’il tomba à la renverse. La douleur qui fulgura alors dans tout son postérieur le réveilla d’un grand coup, et dès qu’il se fut remis debout il se prit à courir aussi vite qu’il le pouvait.

Il bondit de feuille en feuille, écarta les bambous de toutes ses forces, et il sentit que son cœur s’emballait de plus en plus tandis qu’il voyait les érables et les ginkgos défiler sans distinction tout autour de lui. Il ne savait pas où il allait, mais pour sûr il y filait à toute allure – il faudrait aussi qu’il ajoutât cette course exceptionnelle au récit de ses fabuleuses aventures…

Mais ça, c’était s’il restait en vie, car l’araignée jaillit soudain du ciel, et Pépin n’eut même pas le temps d’y penser qu’il dégainait son kunai tout neuf pour la première fois. Parce qu’il faut dire qu’il n’aurait eu qu’une micro-seconde pour ralentir son allure, sans quoi il se fût jeté directement entre les mandibules agitées de la bête suspendue à l’envers par son fil. Alors autant ne pas ralentir, hein, mieux valait pour lui qu’il continuât comme le bouquetin de Mertar qu’il voulait bien être quand c’était pour foncer dans le tas : « YAHAAAAAA ! » Mais sa petite lame ripa contre la cuirasse épaisse du monstre et, à cause de son élan, il partit valdinguer en plein dans les fourrés. Et s’il réussit à faire du trampoline sur de la mousse l’espace d’un battement de cils, il se ramassa aussi plein de cailloux très pointus et très méchants au rebond. Tant bien que mal, et salement amoché, il entreprit de se dandiner le plus loin possible de cet insecte sanguinaire dévoreur de lutins. Enfin…

- Mais qu’est-ce que tu fais ?
- Ben oui ! Hé ho, petit Chevalier des cours de récré ?
- Tu sais qu’elle te suit, hein, quand même !

Frappé par ces paroles, Pépin s’immobilisa, les yeux grands ouverts à cause de l’effroi qui lui fourmilla soudain des pieds à la tête. Il ne faisait même plus attention aux voix, somme toute assez effrayantes elles aussi dans d’autres circonstances. Là, c’était tout son sang qui se glaçait. C’est qu’en regardant au-dessus de son épaule, il vit en effet l’araignée s’avancer d’une claudication sereine – de celle du fauve qui voit déjà sa proie comme un bon dîner en prévision.

- Oh-ohh…
- Non mais c’est que c’est pas le tout… Hoho ?
- Hé, petit chou ? T’es un héros, oui ou non ?

(Je suis un héros ? Est-ce que je suis un héros, moi ?)

Il se campa sur ses pieds et fit face à la bête. Bon, d’accord, plus parce qu’il ne savait plus quoi faire que parce qu’il était sûr de lui. Les voix qu’il entendait dans sa tête (parce qu’apparemment il s’agissait de ça) le troublaient beaucoup et tout ça le perturbait autant dans ses idées que dans ses gestes.

(Ben, peut-être bien que j’en suis un…)

C'est-à-dire que…


vv

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Dernière édition par Pépin le Sam 21 Juil 2012 23:43, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Sam 21 Juil 2012 23:37 
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- C’est géant, Pep’ est dans le vent !
- Pas de peine au Chêne, on chante qu’il est le plus grand !
- C’est un pro…
- … l’Apollo du show…
- ... un monstre sacré qui met tous les monstres KO !
- Il n’était personne : un zéro, zéro !
- Il tire le banco, c’est un héros !
- Lui le marmot qui ne disait mot…
- … il a changé de peau !
- De zéro en héros, illico.

Pépin ne comprenait rien à ce que chantaient ces voix dans sa tête, et à vrai dire il n’avait pas vraiment le temps de se pencher sur la question. Comment il s’était retrouvé dans cette fâcheuse position, il n’en avait pas la moindre idée… mais pour le moment il n’avait pas d’idée du tout, en fait. Secoué comme une guigne, il se cramponnait tant bien que mal à la toison épaisse de l’araignée qui l’entraînait dans un super-rodéo, et la valse du paysage devant ses yeux lui donnait trop la nausée pour qu’il pût penser à quoi que ce fût d’autre. Ailleurs, ça l’aurait bien fait rire, mais la manière dont la bête se démenait pour le ficher par terre et le dévorer tout cru était légèrement angoissante – voire même hyper-terrifiante. Les secousses forçaient le lutillon à se tordre dans tous les sens : sa colonne vertébrale prenait des virages inattendus et sa tête ballottait comme celle d’une poupée de chiffon.

Par ailleurs, il faut noter que Pépin n’avait pas vue sur le chef de l’araignée, mais bien sur son arrière-train : il avait dû tomber là de manière improbable et ridicule (raison pour laquelle je préfère garder tout cela pour moi afin de conserver intacte la probité de notre petit héros). Et c’est bien pour ça qu’il se prenait de grands coups d’abdomen dans la figure, qui lui faisaient voir trente-six chandelles. Quand par hasard il lui arrivait d’arracher une touffe de poils, il entendait la bête émettre une stridulation des plus… mélodieuses, ahem.

Tout à coup, un dernier assaut virulent lui fit brutalement lâcher prise et le fit voler : « WOOOO-ooooaaaaaa-aaaaaaaaaaaaaaah !!! » Pépin atterrit tête la première dans un buisson d’azalées, et il remercia confusément Yuimen de lui avoir permis de vivre encore un peu. Il se rafraîchit un moment au contact doux des pétales, parce qu’après tout il était tellement sonné qu’il ne pouvait rien faire d’autre, et puis il en huma la fragrance en se disant que si un jour il avait une chérie il aimerait bien qu’elle eût le même parfum. Se massant les tempes avec une grimace, il attendit que son tournis disparût complètement avant de se redresser. Il se confectionna alors une sorte de paravent avec la corolle blanche qui l’entourait de toutes parts, afin de jeter un œil alentours en restant discret. (Evidemment…) L’araignée avait disparu de son champ de vision, remplacée autant qu’il pût en juger par un imposant panda qui gloutonnait tranquillement dans son coin. Mais pour sûr son assaillante n’était pas dotée de pouvoirs magiques pour se transformer comme ça : elle était forcément quelque part, dans son dos, au-dessus de lui,… Ce fut donc avec un soupir résigné qu’il leva les yeux, et ce fut avec une moue de dépit qu’il vit la bête fondre lentement sur lui toutes mandibules dehors.

Pépin ne put éviter le coup qu’elle lui donna, il dégringola les quelques pouces qui le séparait du sol et mordit la poussière, la face toute écrabouillée contre une pierre. Il roula sur lui-même avec un gémissement de douleur, mais fut quand même bien aise que son dieu lui eût inspiré cette brillante idée quand il vit qu’il avait échappé au dard de son ennemie. Il s’était fiché en terre quand elle avait porté le coup, et Pépin ne l’avait évité que par miracle. Le lutillon ouvrit grand les yeux lorsqu’il vit l’arme mortifère réitérer son attaque, encore et encore, et à chaque fois il l’esquivait au dernier moment d’une roulade salutaire. Pendant ce temps, un kaléidoscope d’images défilait à toute vitesse dans son esprit : tous les moyens qu’il aurait de se sortir de cette impasse. Mais malheureusement, il n’avait pas de torche à agiter contre la carapace de l’araignée, et s’il se risquait à nouveau à utiliser son kunai, il avait peur que ça ratât encore une fois. C’est qu’elle avait la peau dure, cette grosse bête, et ce n’était pas pour le rassurer !

Mais il n’eut pas à se creuser la tête plus longtemps, car sous la énième menace du dard, il roula suffisamment vite et fort pour cogner les pattes de la créature, qui se retrouva déstabilisée par l’impact. Il profita de ce moment d’incertitude pour se glisser hors de portée et pour se remettre debout d’un bond. Vif comme l’éclair, il dégaina sa petite lame de poing, il n’avait pas une seconde à perdre s’il voulait conserver l’avantage. Il se jeta en avant de toutes ses forces, opéra là-dessus un salto avant qui lui donna l’énergie pour atterrir à pieds joints sur l’araignée encore en proie au doute, et la flanqua par terre sans coup férir. D'un roulé-boulé, il retrouva le plancher des vaches pour faire face à son adversaire. Montrant les crocs, il raffermit sa prise sur son kunai, put sentir son manche dans le creux de sa paume, et il sut que cette fois il saurait s’en servir…

*spoutch*

… mais il n’en eut pas l’occasion, car un énorme sabot vint ni plus ni moins aplatir l’araignée.

- Oh ?

Pépin se rendit soudain compte qu’il était complètement essoufflé et que sa jugulaire battait à bâtons rompus. Il retrouva la conscience de son corps, perclus de courbatures et de douleurs en tous genres, juste comme l’adrénaline retombait. Il avait aussi le visage tordu dans une grimace assez effrayante et pour sûr incroyable, mais ce n’était pas vraiment parce qu’il craignait pour son cœur… Quand ses yeux s’élevèrent sur son sauveur (pour qui il concevait à la fois une immense reconnaissance et un peu de rancœur, parce que quand même il lui avait raflé les lauriers du combat qu’il avait mené, mais bref…) ils découvrirent peu à peu une créature colossale : d’abord des sabots dans lesquels Pépin auraient pu se faire une chambre, ensuite des jambes aussi grandes que Courlalune ou Verrepenché tout entiers, le tout supportant un titan brun tout en muscles. Le lutin manqua d’ailleurs de tomber à la renverse.

- Héhé ! Coucou, Pépin de Bout-d’Chaîne ! fit une voix que le lutin reconnut comme celle de Courlalune. Je te présente Onigiri, comme promis. Onigiri, Pépin. C’est lui qui veut aller à Oranan. Mais attends, Pépin de Bout-d’Chaîne, pourquoi tu es là ? On t’a cherché un moment, du côté de la mare.
- Au premier son, on ne prend la caille !
- Il est certain qu’il nous eût été plus aisé de t’aider si tu ne nous avais semés, Pépin de Bout-d’Chaîne !
- T'es un petit coquin !
- Dans la vieille mare
- Une grenouille saute
- Un ploc dans l’eau.


La bouche de Pépin s’ouvrit toute grande en entendant le centaure, empirant encore sa grimace.

- Je… Heu ?
- T’en fais une drôle de tête, dis !

Oui, en effet. C’était peu dire qu’il ne comprenait rien à la poésie… ni à la musique, et encore moins aux dictons et aux proverbes de Contefleurette. Et Verrepenché parlait d’une manière tellement bizarre, lui aussi ! Tant et si bien que le lutillon en oubliât les voix bizarres qu’il avait entendues, tout entier disputé à son désappointement.

Le centaure Onigiri se révéla très gentil, quand on comprenait où il voulait en venir. Pépin fut charmé de voir qu’il jouait du samisen avec ravissement, et il put en profiter le reste de la soirée sur la proposition des petits. Puis ils prirent la route, après des embrassades à la guimauve comme le lutin les aimait, et le chemin fut rempli de haïkus plus merveilleux les uns que les autres.

- Pep’ est venu, Pep’ a vaincu !
- La foule nue l’acclame dans les rues !
- Rempli d’esprit, fort et hardi…
- … de zéro en héros, il a grandi !
- Zéro en héros, mais qui l’aurait dit ?


>>

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Lun 16 Mar 2015 20:20 
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<--- Quand on se trouvait à son orée, la forêt paraissait encore plus gigantesque que vue de loin. Par endroit, la canopée formait un toit si opaque que la lumière ne la traversait même pas, si bien que l'on avait l'impression de pénétrer dans un autre monde. En fait, peut être était-ce même le cas ? Je commençais à m'inventer des histoires encore plus farfelues que celle que je venais de raconter au gosse quand un cri guttural déchira l'air. Un frisson me parcourut.

(Apparemment, c'est habité)


- Il... il y a quelqu'un ?

Évidemment, personne ne répondit. Ni rien d'autre d'ailleurs.

(Bon... Quand faut y aller, faut y aller !)

Prenant mon courage à deux mains, je rentrais dans cette forêt aussi obscure que mystérieuse.

Pendant le début du trajet, le décor ne différa pas tant de celui d'une forêt classique. J'étais entouré de troncs géants qui semblaient vouloir toucher le ciel, de buissons si épineux que même avec un gant, je n'y toucherai pas et d'une multitude d'autres choses que je ne sus pas identifier. À chaque pas, je me demandais un peu plus comment je pourrais me repérer dans ce labyrinthe sylvestre. Jusqu'au moment où, en observant un arbre, je me fis la remarque de l'avoir déjà vu.

(Bon, il va falloir que j'arrête de tourner en rond comme ça, il me faut une direction. Réfléchissons, ici tout se ressemble, je ne peux donc pas me fier à ma vue. Quant à l'odorat, tout cet humus dégage une telle senteur que je ne peux rien sentir d'autre. Me reste l'ouïe : que puis-je entendre mis-à-part le bruissement des feuilles et les ponctuels cris animaux ?)

Tendant l'oreille pour essayer d'entendre un son qui me servirait de guide, je ne fis plus attention à ce qui se trouvait autour de moi. Ce ne fut qu'au dernier moment que je vis le serpent me sauter dessus. Long de près de cinq pieds et large d'au moins un demi, ce spécimen devait peser au bas mot dans les 20 kilos. Il fut si vif que je ne pus l'empêcher de refermer sa gueule sur mon bras droit. Ce fut comme si la douleur était devenue liquide et coulait dans mes veines. Un hurlement retentit alors. Je pris quelques secondes à comprendre que c'est moi qui le poussais. Il me fallait me dégager et vite. Je dégainai mon poignard de mon bras valide et l’abattis sur le reptile. Mais sa peau était si visqueuse que l'arme glissait sur son corps. Après quelques essais, je décidais que ce genre d'actions risquait plus de me blesser qu'autre chose. Le poison diffusé par ses crochets commençait à me brouiller l'esprit, ma vision commençait à se troubler, mes tempes à battre la mesure de mon sang. Dans quelques secondes, je perdrais connaissance et cette chose me dévorerait lentement. Soudain, un souvenir me revint. Un jour, pendant que je déposais un chargement de bois dans une scierie, j'avais entendu la conversation de deux bûcherons :

-... et quand cette saloperie t'as mordu, qu'est-ce que tu as fait ?


- Impossible de lui faire lâcher prise, cette saleté ne voulait pas en démordre ! Mais j'ai fini par trouver un moyen ! J'ai enfoncé mes doigts dans les yeux de cette saloperie jusqu'à ce que la douleur la fasse lâcher...

Je n'avais aucune autre idée. C'était la dernière chose à faire. Usant les dernières forces qu'il me restait, j'enfonçais mes doigts dans les yeux du serpent. Pendant quelques secondes, il ne réagit pas, je crus même qu'il n'allait jamais renoncer. Mais d'un coup, il ouvrit la gueule et se jeta en arrière en sifflant. Il m'adressa un dernier regard et battit en retraite, partant trouver une proie plus coopératrice.
Dès que je fus sûr qu'il s'était enfui pour de bon, je me suis effondré sur un tronc d'arbre.
Ma tête bourdonnait, j'avais des vertiges, ma vision oscillait. Quel genre de venin m'avait-il inoculé ? Était-ce mortel ?
J'hésitais encore entre m'évanouir et m'allonger pour récupérer quand j'entendis le grognement. C'était terrifiant. Je ne savais pas de quel animal cela provenait et je n'avais aucune envie de le savoir. Et pourtant, cela allait bien être le cas. Un deuxième cri déchira la semi-obscurité de la forêt et le sol se mit à trembler comme si un monstre gigantesque martelait le sol de ses énormes pattes.

À une dizaine de mètres de moi, les feuilles d'un buisson se mirent à vibrer. Sentant la peur m'envahir, je me mis debout. Quand cette créature, cette chose écrasa le buisson, je laissai échapper un cri. Mais pas comme celui de tout à l'heure, non celui-ci venait du fond de mes tripes, le cri d'une peur ancestrale, celui d'une proie face à son prédateur. Toujours dans les vapes, je me mis tant bien que mal à courir. Je n'allais pas droit, plus d'une fois mes pieds se prirent dans des racines et je me relevai, stimulé par l'idée d'être boulotté par cette bête. Prenant une seconde pour regarder en arrière, je vis qu'elle dévorait la distance qui nous séparait plus rapidement que tout ce que je connaissais auparavant. La seule chose qui l'empêchait de m'avoir déjà attrapé était que son envergure la gênait pour traverser cet environnement. Elle se cognait dans les arbres, en détruisant la plupart pour me rattraper. Motivé par cette vision d'épouvante, je repris ma course folle à travers les arbres, me heurtant moi aussi à des obstacles aussi douloureux que nombreux. Au loin, j'aperçus le cours d'une rivière. Peut être représenterait-elle mon salut ?

Mais jamais je ne l'atteignis. Pour l'énième fois, mon pied buta contre un rocher affleurant le sol. Après, m'être violemment étalé au sol, je me rendis à l'évidence : j'étais trop amoché et elle trop affamée pour échapper à cette chose. Capitulant face au destin, je me retournai pour faire face à la bête. Mais ce faisant, je me plantai une aspérité rocheuse dans l'abdomen. À l'endroit exact où quelques jours plus tôt, je fus traversé par une hallebarde. À l'endroit exact où se situait la cicatrice. Qui évidemment se rouvrit. À nouveau, je fus plongé dans une souffrance extrême. Je n'arrivais même plus à aligner deux pensées. Je sombrais dans l'inconscience, quand je repensai à mon poursuivant. Lui jetant un dernier regard, je le vis se brouiller avant de se dissiper. Et je perdis connaissance. --->

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Dernière édition par Ibouky le Mer 18 Mar 2015 15:58, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Mar 17 Mar 2015 00:33 
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<--- Quand je repris connaissance, il faisait nuit. Un coup d’œil aux alentours m'apprit que j'étais seul. Mais où était passée la bête ? Et soudain, une idée se fraya un chemin dans mon esprit. Et si... ? Mais oui bien sûr ! Le venin du serpent m'avait fait déliré. Jamais je n'avais été poursuivi. Du moins réellement. Cette chose qui me poursuivait n'était que pure imagination de mon esprit. Cela expliquait en partie pourquoi je n'arrivais pas à la voir distinctement.

En regardant de nouveau autour de moi, je ne vis aucune trace du passage de la bête. Mon hypothèse s'avérait donc vérifiée. En revanche, mes blessures dues à cette course effrénée, elles, étaient bien réelles. À en juger par la quantité de sang qui recouvrait mes habits, j'en avais perdu un sacré volume. Il me fallait quelque chose pour soigner cela ou j'allais y rester. Vidant mon sac sur le sol à côté de moi, je cherchai un objet qui put me servir. Tout d'abord, je trouvai ce vieux tissu qui me servait pour protéger mes lames dans mon sac, cela ferait l'affaire pour boucher la plaie. Et puis, je vis cette bourse rouge. Je l'avais prise dans le sac d'Alanila pendant le voyage. Déformation professionnelle.

Tirant sur le cordon pour l'ouvrir, je priai pour y trouver quelque chose qui pourrait m'aider. Je-ne-sais quel dieu dut recevoir mes prières, car elle contenait une fiole. Mais elle ne contenait aucune indication et je n'y connaissais absolument rien en potion. Grommelant quelque chose sur les foutus secrets des magiciens, je tentai le tout pour le tout et ingurgitai la potion d'un trait. Rien. Je ne ressentis absolument rien.

(Bordel, ne me dites pas que j'ai volé la seule fiole du sac qui contenait une infusion ?)

Je m'apprêtai à pester de nouveau contre sa créatrice quand les effets de la potion se manifestèrent : je sentis mon esprit se clarifier, l'épais nuage dans lequel se trouvaient mes muscles se dissiper et penchant les yeux vers ma blessure, je vis que le flot sanguin venait de ralentir et s'arrêter, que la plaie commençait déjà à avoir meilleure allure.

(Bon maintenant que ça va un peu mieux, revenons à ce qui nous amène ici. Comment vais-je faire pour trouver qui que ce soit ici ? Cette poursuite a définitivement achevé de me perdre. Et que puis-je...)


Mon regard était fixé sur la rivière. Je l'avais déjà vue. Elle faisait partie des visions que j'avais eues. Me levant doucement pour éviter de rouvrir mes blessures une nouvelle fois, je me dirigeai derrière un grand tronc au moins tri-centenaire.

( Et donc ici devrait se trouver... Exact ! )

Je venais de trouver la seconde image de ma vision, un vieux bâtiment en pierre qui a sûrement jadis servi comme temple. Restant sur mes gardes, je montai une à une les trois marches menant à l'entrée des ruines. Une fois le seuil passé, je laissai quelques secondes à ma vue pour s'accoutumer à l'obscurité ambiante. C'était une grande salle entièrement dallée, à moitié envahie par des fougères et autres mousses parasites. Au centre, s'y trouvait un piédestal, illuminé par un rayon de lumière venant d'une ouverture dans le plafond.

( Cela fait très mise en scène... )

Je fis encore quelques pas en avant.

(BOOOOOUUUUUUUUHHHH)

D'instinct, je dégainai mon poignard et tranchai la forme qui volait au niveau de mon épaule. Du moins, j'essayai, car l'acier traversa cette chose comme si elle n'existait pas.

(Eeeeeehhh mais calmes toi, c'est moi !)

Je pris quelques instants à comprendre que le « moi » était en fait ma Faera.

- Non mais t'es malade un peu nan ? J'aurai pu te tuer tu sais ?

(Nan justement, tu peux pas ! Je peux pas mourir en fait. Dommage hein ? Par contre, tu aurais vu ta tête... Ahahaaa ! J'ai bien cru que tu allais mourir de peur ! Et d'ailleurs... Mais qu'est-ce qui t'es arrivé pour que tu sois dans cet état ?)

- J'ai eu... disons quelques soucis en route. Je te raconterais plus tard. Bon, maintenant que je t'ai trouvé, il y a un rite, une incantation à prononcer ?

(Il faut simplement que tu me trouves un nom !)

- C'est tout ?

(C'est tout ! Oh et au fait, tu peux parler dans ta tête, je t'entendrais aussi. Il faudrait que l'on se parle ainsi en présence d'autres personnes, tu comprends, nous ne sommes pas très connues, nous les Faeras, et les gens seraient plutôt effrayés s'ils découvraient ce genre de choses, surtout que...)

(Kymera !)

(Quoi ?)

(C'est le nom que je viens de te trouver!)

(Kymera, Kymera, Kymera... J'aime bien ! Mais tu pourras aussi m'appeler Kym' pour aller plus vite)

(Alors bienvenue Kym' ! Tu vas voir ma tête, c'est un vrai bazar, mais tu vas adorer, je suis sûr ! Bon, on peut y aller maintenant ?)

(Non attends, une dernière chose. Pendant notre voyage, je vais t'apprendre pas mal de choses que tu dois savoir à propos de mon peuple. Mais il y a des choses, que tu dois savoir immédiatement : nous sommes immatérielles comme tu as pu le remarquer tout à l'heure, ce qui signifie que nous pouvons traverser toute matière, plus ou moins facilement selon celle-ci. Seule la magie est capable de nous emprisonner. Et du fait de notre capacité à traverser la matière, nous pouvons nous « reposer » dans un objet. Un bijou ou un truc précieux de préférence, oui nous sommes exigeantes. Va voir sur le piédestal, il y a un pendentif en onyx. C'est l'objet dans lequel j'affectionne de me reposer. Je crois que ce ne sera pas trop te demander de le porter pour moi ?)


(Je pense que ça peut être dans mes cordes)

(Et bien, je crois que c'est tout. On y va ?)

(Mais... Tu connais le chemin ?)

(Évidemment ! Pourquoi, tu t'es perdu pour venir ? D'ailleurs, profitons du trajet pour que tu me racontes ton aventure, jusqu'ici. Vu ton état, cela a l'air d'avoir été palpitant !)

(On va dire ça comme ça. Bon alors tout a commencé quand j'ai quitté mon maître à Oranan...)
--->

_________________


Dernière édition par Ibouky le Mer 18 Mar 2015 18:33, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La forêt des Faera
MessagePosté: Mer 18 Mar 2015 18:32 
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<--- (Wouah et t'es encore vivant après tout ça ? Ben dis donc ! J'ai bien fait de te choisir, on va en vivre des aventures ensemble !)

(Il n'y a bien que toi que ça amuse, tu sais ?)

(Oui oui, d'accord, je vais me calmer. Mais qu'est-ce qu'on fait ensuite ? On va où ? On fait quoi ?)

(Tu es toujours comme ça ? Je veux dire, tu es toujours aussi exubérante ? On dirait que tu as de l'énergie comme dix !)

(Oui, tu vas vite t'y faire, je bouge toujours, j'ai toujours envie de parler !)

(Calme-toi donc un peu, je ne peux même plus réfléchir)

Rapidement, je fis quelques calculs dans ma tête : j'étais rentré dans la forêt en fin de matinée, j'avais couru pendant une bonne heure puis je m'étais évanoui et enfin réveillé en pleine nuit. Comme il y avait très peu de chance que mon inconscience eut duré plus d'un jour, il me restait encore un jour avant que je ne dusse retrouver mon maître. Pendant ce temps, j'allais avoir du temps libre pour me reposer et mettre de l'ordre dans mes pensées. Mais avant cela, il me fallait sortir de cette forêt.

(Kym ?)

(Oui, je sais, suis-moi !)

Kymeria se tranforma en une sorte de petit renard blanc, minuscule mais toujours plein d'énergie qui se mit à cavaler, bondissant de racine en racine. Je dus lui demander de ralentir au bout d'une centaine de mètres pour éviter de la perdre.

(Le soleil commence à se lever)

(Oui, je sais)


(Regardes vers le ciel et observe !)


Je levai les yeux, cherchant des yeux ce qu'elle voulait me montrer mais je ne voyais rien de particulier.

(Que...)

Et à ce moment précis, le premier rayon frappa la cime des arbres. C'était magnifique. Les rayons rouges du soleil levant venaient frapper les feuilles, découpant la lumière en mille nuances. La forêt si sombre venait de se transformer en un monde plein de lumière, rouge, orange, blanc, vert. Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel semblaient avoir envahies la forêt, dansant sur les arbres, les pierres du chemin et l'eau de la rivière. Un spectacle des plus grandioses.

(Je tenais vraiment à ce que tu vois cela avant qu'on parte. Tu comprends pourquoi nous venons vivre ici quand nous n'avons pas de maître ?)

(Oui, c'est... C'est... Époustouflant.)

(La première fois, c'est toujours un choc, mais on s'y fait avec le temps. Aller viens, on est presque sorti.)


Marcher la tête en l'air en s'émerveillant n'est pas la façon de se déplacer la plus sécuritaire qui existe mais je réussis à m'en sortir sans trébucher même si nous avançâmes vraiment plus lentement à cause de moi. Guidés par Kymera, nous parvînmes rapidement à l'orée de la forêt ou je repris la tête de notre duo afin de retourner vers Oranan. --->

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