Le manoir fantasmagorique
(Lieu de la quête 29)

Cela fait maintenant plusieurs années que les propriétaires de ce manoir se succèdent mais ne restent que peu de temps. Dans la plupart des cas, on n'entend plus parler des propriétaires un mois après leur entrée dans la demeure. Les rumeurs les plus farfelues se sont mises à circuler sur cette résidence, alimentant un peu plus un nouveau mythe, celui d’un manoir hanté. Les quelques rares personnes qui ont réussi à sortir vivant de cette bâtisse en parlent en des termes fort peu élogieux. Ils parlent tous d’hallucinations… d’esprits vengeurs vivant en ces lieux… de pièces qui changent au fil des sentiments… de monstres sortis tout droit de l’imagination… d’un climat de peur… d’énigmes sans queue ni tête… de casse-tête pour l’esprit… Bref un véritable cauchemar pour toute personne saine d’esprit. Les chanceux qui sont sortis de là en ont perdu la raison, finissant par se tuer.

Description : Le manoir que vous découvrez en arrivant ici n'est pas vraiment descriptible. Chacun le verra à sa façon, résidence obscure et délabrée ou magnifique bâtisse subtilement recouverte de lierre.

Mais quoi qu'il en soit, quelques détails seront les mêmes pour tout le monde, qu'ils soient Elfes ou Orcs, qu'ils soient hommes ou femmes, anges ou démons...
Deux étages symétriques au rez-de-chaussée, et un grenier. Des toits à pentes raides, en toiles d'ardoise. Un escalier avec exactement trois marches, chacune d'un marbre différent, menant à un porche semblable à celui d'une église. Et une petite mare un peu en arrière, avec des nénuphars, mais sans animal, quel qu'il soit. Des détails simples, presque anodins, mais que le manoir ne souhaite pas occulter, dissimuler...

Les personnes ayant reçu leur intervention PNJ ou leurs missions peuvent maintenant poster ici. Sauf contre ordre, les portes du manoir sont fermées pour le moment.

<< Route en Mertar et Kendra Kâr

Nous suivons la petite voie qui s'éloigne de l'activité de la grand route. La visite de la métropole sera pour plus tard, la présence de cet étrange manoir est trop intrigante.

"Et y entrer peut-être trop risqué..."

Je sais que Al-Ayrad n'a pas tord, notre dernière visite dans un manoir fut une épreuve extrêmement difficile tant au niveau physique que mental. Pourquoi suis-je alors en train de cheminer vers un autre lieu étrange que les gens sensés fuiraient sûrement ? L'époque et le lieu sont différents, c'est également une façon comme une autre de retarder un éventuel retour à Tulorim. Bien que mes pensées bouillonnent, j'observe avidement le bout de la route, attendant que la bâtisse fasse son apparition. Mon ami à quatre pattes repère sûrement avant moi un petit point noir à l'horizon qui va grandissant à chacun de nos pas. Silencieux, nous gardons nos yeux rivés sur le bâtiment qui se dévoile devant nous.

Plus nous nous approchons et plus mon malaise augmente, par deux fois je frotte mes yeux pour tenter de mieux distinguer la construction au bout du chemin. Je ralentis jusqu'à m'arrêter complètement, je suis assez près pour observer le manoir, différent et semblable.

"C'est impossible..."

La forme des bâtiments et le nombre d'étages diffèrent de celui de Lark au large de Darhàm, celui qui me fait face est bien petit à côté du souvenir que j'ai de la Prison des âmes. Mais le décor... Les mêmes grandes fenêtres à vitraux abritant une lueur de bougie, les gargouilles tristes et sombres d'où émanent cruauté et terreur... Je prends une grande inspiration pour calmer les battements de mon cœur. Lark est mort, son démon avec lui. Je l'ai tant poignardé que rien de lui n'a pu survivre.

"Ariane... Je ne vois pas ce que tu vois."

Étonnée, je tourne la tête vers Al. Que veut-il dire ? Il a une fois de plus parcouru mes pensées sans que je l'y invite mais je ne lui en veux pas.

"Les fenêtres n'ont pas de vitraux, il n'y a aucune gargouille... Même les murs ne sont pas aussi sombres que tu crois les voir."

Comment est-ce possible ? La façade pourrait-elle changer d'apparence suivant le regard qui se pose sur elle ? Les portes et les pièces du manoir de Lark ne suivaient bien aucune logique, pourquoi celui-ci le ferait. Est-ce que cela établit une relation avec le manoir de Darhàm ?

"Par contre tu vois comme moi à l'entrée."

Oui, il y a quelqu'un qui se tient en haut des trois marches menant à la porte de l'édifice. Il ou elle nous tourne le dos et semble noblement vêtu. Je me rapproche de quelque pas mais reste à distance, attendant de voir si quelqu'un vient ouvrir.

Al-Ayrad émet un sourd grognement mais nous sommes bien trop éloignés de la porte pour nous inquiéter de l'arme que dégaine l'étrangère. Qu'elle nous ait entendu ou ait senti notre présence, elle paraît bien tendue. Je ne peux lui en tenir rigueur, il est vrai que l'étrange lieu ne se prête pas aux rencontres. Je prends quelques secondes pour la détailler, car maintenant qu'elle s'est retournée je ne peux confondre sa silhouette avec celle d'un homme, même élancé. Sa peau semble briller sous les rayons du soleil, me rappelant plusieurs Elfes que j'ai connu, notamment Lenwë dont j'ai pu observer l'étonnante peau argentée de très près.

"Nous ne sommes que des voyageurs ayant entendu de curieuses rumeurs sur ce manoir, Sindel."

Je me permets cette appellation, persuadée d'être face à une femme des Sindeldi. Ceux que j'ai connus étaient tous animés de bonnes intentions, mais je ne bouge pas, préférant pour l'instant rester à distance.

Je fronce les sourcils à la nouvelle question de la Sindel. Fait-elle partie du manoir ou est-elle l'une des personnes dont le groupe d'hommes parlait sur la route ?

"Elle n'a pas l'air d'être une menace..."

Mon ami a raison, l'Elfe semble plus sur la défensive qu'autre chose. Elle se serait sûrement avancée si elle voulait m'attaquer. Mais ce n'est pas une raison suffisante pour lui accorder du crédit.

"Je n'ai pas pour habitude de décliner mon identité à des inconnus. Quant à la raison de ma présence ici, je viens de vous le dire. Un groupe de kendrans m'a informé de ce manoir qui semble maudit, ils ont dit qu'il devait ouvrir ses portes de nouveau pour que des gens enquêtent."

Suis-je là pour cette seule raison ? Prononcée à voix haute, elle semble bien faible et pourtant je n'ai pas d'autres buts pour l'instant que de me rendre compte par moi même de ces ouï-dires.

Marchant au milieu des prairies entourant la blanche cité, il sentit ses doutes reculer un peu. La journée était belle et il pouvait en profiter.
En profiter alors que Célimène était peut-être en train de souffrir, torturée par d'infâmes individus ?

(Je n'y peux plus rien ! Je dois avoir confiance en ma mère !)

Mais après tout, elle aussi cherchait la jeune femme, et elle n'avait pas dit pour quelle raison. Tout cela le rongeait de l'intérieur.
C'est alors que Faëlis s’aperçut qu'il était arrivé devant un grand manoir. Il rougit en réalisant qu'il était peut-être dans une propriété privé. Mais pourquoi n'y avait-il pas de haies pour en garder le passage ?
Le bâtiment était élégant et dans un style d'architecture elfique, ce qui était surprennant prêt de la capitale des Kendrans. Les hautes fenêtres ne laissaient rien voir de l'intérieur mais il avait l'impression de deviner une musique de fête. Il passa à côté d'une mare coquette et le lieu lui sembla si bucolique qu'il prit le temps de délacer sa tunique, de sortir son miroir et de se coiffer, puis de s’allonger au soleil pour paresser, comme il faisait autrefois.
Combien de temps resta-t-il allonger là ? Impossible à dire. Mais quand il se réveilla, la musique avait disparue, les murs étaient moins blancs et il réalisa que la bâtisse était couverte de lierre. Elle semblait bien vieille en vérité, et sans doute abandonnée depuis longtemps, d'où la facilité à s'en approcher.
Le silence soudain était oppressant et il se mit à tourner autour du bâtiment, cherchant l'entrée. Comme dans un rêve, il arriva devant le porche.
Une statue de pierre sombre le dominait et la porte avait l'air sinistre.

C'est alors qu'il entendit des voix. Se retournant, il trouva deux belles jeunes femmes en discussion, l'une était une elfe portant une armure et l'autre une femme à la peau mat, grande pour une humaine et... accompagnée d'un lion ?
Il devait s'agir de nobles, peut-être résidentes ici.
Se forçant à tourner le dos à la bâtisse qui exerçait sur lui une attraction étrange, Faëlis s'approcha d'un pas moins élégant qu'il l'aurait voulu.

« Hum... pardonnez moi, gentes damoiselles, êtes-vous résidentes de ces lieux ? »

La réaction d'Al-Ayrad est immédiate aux premiers mots de la Sindel : il se met dans mes jambes pour m'empêcher d'avancer vers cette femme présomptueuse. Il a senti s'allumer au fond de moi un feu qu'il ne connaît que trop bien.

"Ça n'en vaut pas la peine, restons calme Ariane."

Je prends une grande inspiration et me force à laisser mes bras le long du corps, rien n'est visible sur mon visage de marbre et c'est d'une voix froide sans aucune émotion que je réponds.

"Je crois même que le vouvoiement est de mise damoiselle. S'il vous sied de beugler votre nom à tous les vents, cela vous regarde. Tout comme votre degré d'intelligence que vous semblez dévaloriser." Je ponctue ma phrase d'un sourire bref et glacé avant d'ajouter. "Quoi qu'il en soit, à moins que je sois sur votre propriété, je ne crois rien vous devoir."

Maîtrisant la rage naissante, celle-ci redescend aussitôt et je pourrais presque me divertir de la situation et de la colère que je ressens chez mon interlocutrice.

"Des voyageurs ayant entendu de curieuses rumeurs sur ce manoir. Voilà mes mots exacts, que je vous ai déjà répété en précisant la source de ces racontars. Ces derniers ressemblent à des événements que j'ai déjà connus, d'où ma curiosité."

Terminant ma phrase, je reprends mon autre conversation, télépathique, avec mon compagnon.

(Al, tu vois et entends comme moi à part le manoir ?)

"Oui, elle ne semble pas être une illusion."

L'image des pantins de Lark terriblement semblables aux êtres vivants me hante un instant mais l'arrivée d'un troisième larron interrompt mes sombres divagations. Je détaille d'un regard intéressé le grand Elfe qui s'avance vers nous, ses cheveux d'or et sa peau opalescente me rappelle Ralf que j'ai quitté il y a peu. Sa question me désarçonne un instant, il a l'air plus noble que moi dans mes vêtements froissés par le voyage ! Je note la réponse de la Sindel, me confirmant qu'elle ne fait pas partie du manoir, du moins d'après ses dires.

"De passage seulement messire. Mais cet endroit semble attirer bien du monde... et du joli."

Continuant d'observer les formes de l'Elfe Blanc, je me souviens de Maen et Salmon, deux Hinïons qui étaient avec nous dans le manoir de Lark. Je soupire et regarde Al-Ayrad.

(Tu avais peut-être raison, je ne sais plus si venir ici était le meilleur choix.)

Il est toujours temps de faire demi-tour.

L'elfe grise répondit sèchement que non, l'autre, beaucoup plus polie, affirma n'être que de passage. Faëlis avait du mal à détacher le regard de son lion. Pourquoi avait-il soudain l'impression d'évoluer dans un rêve ?
Mais les deux femmes semblaient en froid, et il compris que son apparition risquait de semer encore plus de chaos en déclenchant des jalousies.

« Douces dames, je suis fort aise de vous rencontrer toute deux ! Je suis Faëlis Nyris'Kassilian, de Cuilnen. Mes pas errants m'ont conduit en ce lieu, qui me semble des plus étrange... »

Il continua à regarder le lion. Ses yeux semblaient briller d'intelligence.

« Si étrange en vérité que je ne m'étonnerais presque pas de voir un lion se tenant amicalement à vos côtés... Mais tout de même, ce spectacle est surprenant ! Pourriez-vous m'en donner l'explication ? »

Frottant mon visage fatigué par notre récent périple de cinq jours à travers les montagnes de Nirtim, je me contente de hocher la tête à la présentation de l'Hinïon tout en essayant de retenir son nom de famille.

"Cet Elfe me regarde bizarrement..."

Je n'ai pas le temps de répondre à mon ami que le dénommé Faëlis donne la raison de ce regard appuyé. Comme souvent lors de nos rencontres avec de parfaits inconnus, Al-Ayrad est le centre de l'attention. La Sindel double d'ailleurs l'interrogation de Faëlis mais je n'y prends pas garde, ne m'adressant qu'à l'homme.

"L'explication vous paraîtra étonnante tant elle est simple messire Nyris'Kassilian, c'est un ami de longue date. Dix-sept ans pour être exacte, une première et brève rencontre. Nous nous sommes retrouvés et voyageons ensemble depuis maintenant sept années. Est-ce que ces éclaircissements vous suffisent ?"

L'arrogante Sindel semble retrouver son sang-froid et un semblant de savoir-vivre face au jeune homme nouvellement arrivé. Elle se présente puis nous propose une alliance de but en blanc.

(Ces Elfes sont tout de même curieux Al...)

Le lion semble hocher sa grosse tête avant de poser son arrière-train à même le sol, ennuyé par la conversation avec ces deux Elfes distingués.

"J'ai passé l'âge de me disputer avec des gens dame. Je me suis contentée de subir votre interrogatoire de milice, puis votre courroux non justifié."

Je hausse les épaules, ne sachant pas encore si j'ai réellement envie d'entrer dans cette demeure.

Le ton sembla bien vite se calmer, l'elfe dans laquelle Faëlis reconnaissait maintenant une sindel, se présenta sous le nom d'Elylia et proposa de s'allier pour explorer cette mystérieuse baraque à laquelle le destin les avait amené selon ses dires.
La femme à la peau sombre ne se présenta pas et se contenta de dire qu'elle connaissait ce lion depuis fort longtemps, mais le tout avec courtoisie. Elle semblait plus énervée à l'encontre de la sindel.
Cependant, il ressortait quelque chose d'étrange de la conversation.

(Elles ont l'air d'être là pour ce bâtiment, de lui trouver de l'importance... Enquêter ?)

Il s'approcha avec un sourire qu'il espérait éblouissant.
Hélas, son esprit était toujours aussi tourmenté. Il sentait dans son dos le poids du regard de la lourde statue à l'entrée et, comme dans un cauchemar, il sentait insidieusement qu'il devrait la regarder et qu'alors il n'aimerait pas.
Se raccrochant à ce qu'il savait faire, il essaya de se montrer aussi courtois et séduisant que possible.

« Dame Elylia, m'autoriserez vous à baiser votre divine main ? Et vous, dont je ne connais le nom ? Vous ne résidez pas ici mais semblez y accorder de l'importance, pourquoi donc ? Qu'est-ce que ce lieu ? Il semble... je ne saurais décrire, peut-être est-ce folie de ma part, car depuis quelques temps, le monde semble devenu fou autour de moi... »

Il retint sa langue. Quel imbécile ! Elles n'en avaient sûrement rien à faire !

« Excusez-moi, je ne veux pas vous ennuyer avec mes soucis... »

Il fit la révérence et adressa un nouveau sourire.

« Mais tout de même, je suis curieux de ces lieux... »