La Veuve des mers

Navire marchand acquis dans le but de faciliter des transactions par voie maritime, la finesse et la faible hauteur du navire le placent sous les vagues, à tel point qu'il perd de la vitesse lorsque le mauvais temps arrive, il n'en reste pas moins un excellent navire d'une bonne facture. Il est conduit grace à une équipe de 50 matelots.
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Durée du trajet en bateau entre les villes des 4 continents
Vitesse : Avancée (x2)

La pluie redoublait d'intensité. Le port glissait, les flaques s'échappaient entre les galets ancrés dans le sol pour rejoindre la mer Ô combien agitée.

La Veuve brûlait, on avait fait enflammer des substances poisseuses qui rougissaient les voiles du navire pour attirer l'œil. Un homme de forte corpulence frappait de temps en temps un lourd tambour pour attirer l'attention, chacun des battements se mêlait avec les explosions provoquées par le brasier sur le pont. Le navire était une étincelle dans la nuit. Protégé par divers marins pour que les flammes ne deviennent pas un danger, tous les regards se portaient sur la longue et sombre embarcation.

Le vent hurlait maintenant, un personnage braillait contre la nature qui se déchaînait, les badauds passaient sans même prendre le temps de le regarder tant la pluie se faisait battante.

« Avis aux braves ! Les mines de Lebher sont victimes de ce fléau étrange ? Laisserez-vous notre économie s'effondrer ? Notre avenir ? Votre avenir ? Cet or qui sert à repousser les armées noires d'Oaxaca ? Resterez-vous sans rien faire alors que nous risquons de sombrer ? »

Son avis se répétait... Et il se répéterait jusqu'à ce que les braves, comme le disait si naïvement l'engagé de Sir Sitröm, se présentent et embarquent à bord de la Veuve des Mers.

Son malaise rapidement passé, Depheline avait pris la direction du pont à la suite de Serpent, alors que des gouttes de pluie commençaient à tomber. Ce dernier n’était pas redescendu du bateau, ce devait être bon signe et c’est donc d’un pas confiant que la jeune rousse pénétra dans la belle structure de bois. Le navire était vraiment impressionnant, autant par sa carrure que ses décorations guerrières et la magicienne se sentait honorée de pouvoir s’entretenir avec le capitaine lui-même. Découvrir ce personnage était quelque chose d’un peu angoissant, bien que fascinant par ce qu’il promettait.

Ses pas la menèrent à un grand homme sur le ponton, en plein entretien avec Serpent. N’osant se manifester ni témoigner de son lien avec son ami voleur, elle resta donc en retrait jusqu’à ce qu’ils se furent salués. Elle n’avait pas l’oreille particulièrement fine mais été tout de même parvenue à comprendre de la discussion que l’homme masqué était retenu pour le voyage à Lehber. Une pointe de joie traversa son cœur, tandis que ses cheveux commençaient déjà à perdre de leur fameux volume. Au moins, le bas de sa robe longue paraîtrait moins miteux si le reste du corps était mouillé, songea-t-elle en s’approchant humblement du capitaine.

« Que vois-je ? Une belle jeune femme des villes attirée par l’aventure ? On aura tout vu ! »

Il avait parlé d’un air las, comme s’il avait déjà préparé la suite de son discours visant à congédier Depheline. Cette dernière n’allait pourtant pas se résoudre à se laisser marcher sur les pieds et sans plus attendre, elle tendit ses deux mains devant elle, avant de fermer les yeux. Ses traits se durcirent soudainement et le sang qui battait à ses tempes faisait saillir le rouge sous sa peau diaphane. C’est alors que le capitaine comprit ce que cette future recrue était en train de faire. Il venait de faire son choix, Depheline embarquerait avec eux pour voguer vers la ville des elfes bleus.

« Cette boule au creux de ma main ne demande qu’à être lancée pour venir exploser à la face du premier opportunt. Pas mal pour une villageoise, ne trouvez-vous pas ? », murmura-t-elle sur un ton de confidence. Elle ne se voulait pas menaçante, la simple présence de l’énergie de feu contenue dans sa paume suffisait à elle seule à inquiéter le capitaine Sitröm. Heureusement, la magicienne n’alla pas jusqu’au bout de la démonstration et apposa simplement sa deuxième main sur la première, faisant peu à peu disparaître la grosse sphère de feu comme si elle n’avait jamais existé. Ses lèvres découvrirent alors un sourire qui traduisait sa fierté et son espoir.

« La magie de feu est ce qu’il y a de plus redoutable. Tu es la première que je vois si puissante et un obus d’une si belle taille, on ne m’en a pas présenté beaucoup… Bon, ici, je tutoie mes obligés et tu le seras pendant ces quatre jours de voyage en haute mer ! Tu l’as donc compris, je te souhaite la bienvenue à bord de La Veuve des Mers, Mademoiselle… ? »

Depheline en avait oublié les bonnes manières et s’était empressée de remédier à cette erreur en se présentant. Tant bien que mal, elle tentait de contenir son excitation se traduisant néanmoins dans le ton enjoué de ses propos. Cette dernière risquait de lui faire perdre la face et il était hors de question qu’elle se mît à s’agiter en public.

Son entretien également achevé, elle se dirigea vers l'intérieur du bateau dans lequel Serpent avait pénétré une dizaine de minutes auparavant. Il n’y avait même pas besoin de lui annoncer la bonne nouvelle, sa présence dans la pièce parlait d’elle-même.

« Départ immédiat pour Lebher ! », avait-il ordonné à ses moussaillons en criant. La pluie qui tambourinait sur les planches du pont au dessus n’avait pas réussi à étouffer la voix puissante de l’individu. Apparemment, elle avait été la dernière personne attendue pour partir.

( Le capitaine a dû faire le plein d'aventuriers... La chance nous sourit, tu avais raison Serpent...)

Et le bateau se mit à craquer bruyamment en signe de départ. Sur le port, l'homme qui avait annoncé le recrutement s'était tus. Il était probablement remonté à bord pour ce long voyage de quatre jours. Depheline allait enfin pouvoir faire connaissance avec son ami sans qu'il ne pût trouver un moyen de s'y soustraire. C'était même mieux que de voyager vers Kendra Kâr à pied, au final...

La jeune femme avait fini par trouver une cabine libre tout au fond du navire. Minuscule, elle avait juste la place de contenir un lit suspendu en hauteur, un petit meuble se tenant en dessous pour lui permettre d’y déposer ses maigres biens. La jeune femme ne pensait qu’à une seule chose, se reposer. Néanmoins, elle se devait avant tout de retrouver Serpent qui se trouvait quelque part à l’intérieur du navire.

« Serpent ? », appelait-elle sans pour autant rencontrer de réponse. Il n’était visiblement pas dans cette partie du bateau et il allait donc lui falloir poursuivre sa recherche, bien déterminée à partager ses réjouissances avec lui.

C’était assis sur un tonneau, la tête balancée vers l’arrière, que la magicienne le retrouva, l’air assoupi, près de l’escalier qui menait vers le pont. Dans son empressement, la jeune rousse ne l’avait même pas vu et à bien y regarder, il ne semblait toujours pas dans un bon état.

« Serpent, ça ne va pas ? », lui avait-elle demandé en s’approchant doucement de lui. Elle avait essayé de lui parler doucement pour ne pas le faire sursauter. Son masque empêchait Depheline de savoir s’il était endormi ou non, raison pour laquelle elle décida de poursuivre :

« Tu ne devrais pas rester là, on a tous les deux grands besoin de sommeil. Les évènements de cette nuit ont été rudes et nos corps sont à bout… »

Elle s’approcha de lui pour essayer de le prendre sous le bras, souhaitant l’accompagner à sa cabine. Ce n’était apparemment pas maintenant qu’ils allaient pouvoir partager du temps calme ensembles, mais tout viendrait à temps, lorsqu’ils se seraient tous les deux réveillés de leur sieste bien méritée.

Alors que je posai un pied sur le pont glissant et détrempé du navire enflammé, un homme, sans doute de l’équipage, vint vers moi. Sans rien dire, il me reluqua d’un air interrogateur, auquel je mis un certain temps à répondre. Je n’appréciais pas que l’on me questionne du regard en attendant une réponse précise. Mais puisqu’il ne semblait pas enclin à l’ouvrir, je dus le faire à sa place.

« Je viens pour que cette homme cesse de beugler. Ajoutez-moi à la liste des aventuriers qui se sont proposés pour l’annonce. »

Toujours sans prononcer un mot, il me toisa un instant, et sembla satisfait à l’idée de me voir armé, et prêt pour le combat. Il opina du chef, et m’indiqua d’un geste de la tête une porte sur le pont, qui menait à l’intérieur du navire. Je pris ça comme une invitation à entrer. Trempé, je ne pus qu’accepter l’invitation, et pénétrai dans le bâtiment flottant au rythme tumultueux de la tempête portuaire. Je n’étais visiblement pas le premier à m’inscrire pour l’aventure, et décidai de la jouer discret, dans un premier temps. Il était inutile de me faire remarquer.

J’entrai par l’une des portes qui jouxtait le couloir où j’étais arrivé, et je me retrouvai dans une cabine sobre et sans confort particulier. Une paillasse, une couverture de laine, sur laquelle je pouvais m’assoir pour m’attabler à un petit bureau de bois sans fenêtre. Une lampe à huile pendait à une chaine, et éclairait la pièce. Une chandelle éteinte était posée sur le bureau réduit, et je l’attrapai pour l’allumer au feu de la lanterne. Du matériel d’écriture était aussi disposé, sur le bureau. Feuilles vierges de parchemin brunâtre, encrier et plume. Je m’installai, assis sur la paillasse, et sans même prendre consciemment la décision, je me mis à écrire. À rédiger…

Ombre et lumière.
Deux opposés, deux contraires, se chassant l’un l’autre, naissant l’un de l’autre. Voilà ce qu’il y a dans mon cœur, dans mon corps. À l’instant où je couche ces lignes sur ce parchemin usé, éclairé par la lueur vacillante d’une chandelle allumée, je la sens poindre en moi. Forte, puissante, destructrice. Cette lumière que d’autres, ignobles tortionnaires de la bonté, ont inséré en moi de force, afin que je me plie à leurs préceptes ridicules. Contraindre l’homme qui fut fils d’elfe a été une erreur de leur part. Car aujourd’hui, cette lumière bénéfique, je m’en sers comme d’une arme. Comme d’un instrument me permettant d’accéder au pouvoir, d’accéder à la puissance, à la richesse. Une lumière dévorante, éblouissante par sa noirceur. Je la sens en moi, et j’en tremble. Cette puissance antagoniste à tout mon être.
Prêtres imbéciles qui lui prêtent des vertus apaisantes, je les maudis ! Car même au milieu de la nuit la plus sombre, alors que dehors l’orage tonne sous les nuages mordorés, je ne trouve la paix. Omniprésente, toujours. Vive, agressive. Elle perle en moi, sous ma peau. Je la contrôle autant qu’elle me maîtrise. Mon arme, mon être.
La pluie frappe sur les vitres de cette chambre d’auberge, et je rédige ces lignes devant le danger qui m’accable, dans ma quête de puissance. Plus je gagne en force, plus les dangers que je rencontre sont cruels, risqués. Et pourtant je ne peux me résoudre à arrêter. Je dois aller plus loin. Et si je rédige ceci, c’est pour que reste une trace de Selen Adhenor, conquérant de l’ombre par la lumière.
Je ne sais vers quels tourments je me dirige. J’ignore quelles mésaventures parsèment encore la voie de mon destin. Mais je les franchirai, sans ciller, affrontant vents et marées, tempêtes et flammes, métal glacé.
Ombre et lumière.

Plusieurs heures après que je me sois installé, le navire quitta le port. Imperturbable, je poursuivis mes écrits, encore et encore. Comme si un besoin nouveau était né en moi, celui de coucher sur papier mon histoire, de raconter mon histoire, mes mémoires. Non pour passer à la postérité de la sorte, mais pour me rassurer, peut-être. Ma vie était particulièrement mouvementée, depuis quelques semaines. Inhabituellement tourmentée. Et coucher ma vie sur papier m’aiderait à me souvenir de qui je suis, d’où je viens. Afin que jamais, jamais, je n’y retourne pour la même vie. Ma rédaction dura encore longtemps, et lorsqu’on m’apporta un repas, ma chandelle était déjà morte depuis longtemps. Je me restaurai et délaissai le plateau dans un coin de ma cabine. J’avais déjà noirci de nombreuses pages, mais ce n’était pas suffisant, pas encore.

Alors, jusqu’aux heures les plus sombres de la nuit, j’écrivis. Jusqu’à tomber de sommeil, et ne plus pouvoir que m’allonger pour sombrer dans l’endormissement. J’ignorais quelle distance nous avions déjà parcourue.

Elle grimpa alors sur le vaisseau et attendit qu'un de ces rustres matelots lui montre ses appartements afin de pouvoir se reposer et surtout d'apprendre ses terribles sortilèges. Mais, ce mécréant était terriblement lent;déjà que la Belle était trempée jusqu'aux os, dans quelques instants elle ne serait plus qu'une sale serpillère. La Sulfureuse le pressa, le priant pour qu'il lui trouve un lieu au sec où elle pourrait se sécher et accomplir ses méfaits. Amarante descendit un escalier pour se retrouvait dans un couloir sombre et humide où quelques bougies éclairaient les lieux. Cet environnement n'était pas très propice à l'épanouissement de la terrifiante Rouquine. Néanmoins, elle trouva rapidement une cabine dans laquelle elle pénétra lentement avant de l'examiner sous toutes les coutures. Ce n'était pas un endroit extrêmement propre et sans doute des rats devaient y avoir élu domicile. Les boiseries ne devaient pas être élégantes à la base et le temps ne les avait pas épargnées. Néanmoins, cela lui serait suffisant pour apprendre ses sortilèges et emmagasiner la puissance fluidique. Ensuite, elle se reposerait.

La Sulfureuse commença par le sortilège Manque de souffle qu'elle ouvrit précautionneusement comme si elle avait une relique inestimable entre les mains. Elle retira avec délicatesse le ruban qui maintenait l'énergie élémentaire à l'intérieur du parchemin et le déroula, victorieuse. La Belle observa les runes qui se mirent à étinceler sous ses yeux et finit par être prise d'une transe où elle se voyait absorber l'air des poumons d'un enfant. Tout ceci lui était si grisant ! Puis, elle continua avec ses deux autres parchemins qu'elle lut rapidement pour se retrouver prise dans deux autres nouvelles transes. La Vent-geance créait un véritable boulet de canon qu'elle envoya directement sur une petite fille souriante qui ne fit plus la maligne une fois trépassée. Pour terminer, le Sirocco aveuglant déchaîna une véritable tempête de sable sur des vieillards qui tentaient de fuir la Folle. Ces sortilèges lui seraient d'un grand secours, cela était évident ! Chose encore plus certaine, Amarante n'hésiterait pas à libérer toute sa folie à n'importe quel instant.

Un soubresaut la sortit de sa rêverie, de ses désirs de violence gratuite. C'était le vaisseau qui venait de démarrer pour se diriger vers la ville de Lebher. La pluie battait encore le pont et n'était pas prête de se calmer. Par conséquent, Amarante était en route pour montrer qui elle était à la population d'elfes invertébrés ! Dans quelques heures, ils verraient qu'ils n'étaient pas à l'abri de la fureur de la Sulfureuse. Mais pour le moment, il lui restait encore à absorber deux fluides. La Belle jeta au sol la bouteille contenant le plus petit des liquides évanescents qui s'éleva dans une brume douce et vaporeuse. Amarante s'approcha de cette énergie élémentaire, attirée comme si c'était la première fois qu'elle allait absorber un fluide. La Sulfureuse sentait la faible énergie pulser comme le cœur d'une souris. C'était à la fois excitant et revigorant ! Cependant, le fluide pénétra à l'intérieur d'Amarante à travers ses pores, accroissant sa terrible énergie. La Belle se sentit plus vaillante, bien que tout ceci n'altérait en rien sa fatigue déjà bien entamée.

Pour terminer, Amarante sortit de son sac le dernier de ses artefacts magiques : le deuxième fluide qu'elle possédait. Cette fois-ci, la Beauté ouvrit calmement la bouteille et laissa le nuage vaporeux s'élever devant elle. Déjà, elle sentait la magie pulser devant le bout de son nez. Cette énergie était une entité à elle seule, résonnant avec ses propres fluides qui n'avaient qu'un unique désir : enlacer ces nouveaux fluides pour ne faire qu'un, pour devenir un geyser de violence à l'état naturel qu'elle ferait jaillir sur n'importe quel adversaire, même sur un de ces imbéciles de nouveaux nés. La force venteuse s'enroula autour de la Beauté et la caressa, lui hérissant les poils sur sa peau si délicate. Cette scène enchantée était un des plus beaux spectacles qu'Amarante avait eu l'occasion d'observer. La magie scintillait, étincelait autour de son corps, puis finit par s'engouffrer dans le corps de la délicieuse démone, la pénétrant dans un orgasme enchanté. Cette sensation était exceptionnellement revigorante, terrifiante même ! Comment une si jeune personne pouvait possédait une étendue magique aussi gigantesque ? Amarante n'avait qu'à claquer des doigts pour déraciner des arbres ! Les gens lui mangeraient bientôt dans les mains, tous ces peuples stupides et risibles ne seraient que des pets de mouche lorsque la Belle viendrait conquérir leur territoire.

Cependant, ce voyage allait être long, très long... La Belle trouva que se reposer était la meilleure chose à faire. Amarante se coucha sur l'espèce de banquette qui allait lui servir de lit. Ce n'était pas encore aujourd'hui qu'on allait lui donner le confort qu'elle méritait !

La pluie s'abat sur le bateau à forte dose, le moins que l'on puise dire est que ce genre de climat me fous le cafard. Je suis monté sur l'embarcation il y a quelques minutes pour me joindre à cet bande d'aventurier voulant 'aider' Lebher. Mais pour le moment je ne fais absolument rien si ce n'est me recevoir le déluge sur moi, je suis complètement trempé de partout. Bon, la douche a suffisamment duré je décide d'interpeller un matelot pour lui demander si il n'y aurai pas un endroit où je pourrai me sécher et me reposer. Ce dernier me répondis que ça ne sera pas la grande classe, les cases sont rudimentaires. Mais qu'importe ? Je ne demande pas grand chose, juste de quoi poser ma tête. Il me fais un signe de la tête puis il m'accompagna jusqu'à l'étage inférieur du bateau.

Je me retrouve dans une sorte de corridor sombre et humide, éclairé faiblement par quelques bougies suspendu aux murs. L'endroit n'inspire pas beaucoup de bien, je me sens comme enfermé dans une boîte, comme si j'étouffai. Mais bon, je vois une petite porte en bois menant dans une case, c'est celle-ci où je passerai le restant du voyage, du moins la plupart du temps je pense. Je pénètre à l'intérieur et referme derrière moi la cellule. Bon, le matelot ne m'a pas raconté n'importe quoi, c'est très rudimentaire. Une banquette servant de lit avec un matelas en paille, c'est tout ce qu'il y a comme 'équipements'. Je ne vais pas faire la fine bouche, après tout je ne vais pas vivre ici éternellement, c'est juste le temps de la traversée.

À côté de la banquette je vois comme une sorte de petite commode. Je défais mon grimoire de ma ceinture et le pose dessus, voilà un bon poids en moins. Mine de rien de livre pèse assez lourd, je m'y suis habitué avec le temps, mais quand même … Voulant me mettre à l'aise pour ma faciliter le sommeil, je m'allonge directement sur le lit en envoyant mes bottes sur le mur ainsi qu'en retirant ma ceinture. Là c'est mieux, là je me sens plutôt bien, comme dans une chambre normale, sauf qu'ici à cause de l'humidité et de la pluie il fait un froid glaciale. Heureusement que je ne suis pas du genre à grelotter à la moindre petite sensation de froid sur ma peau, sinon il m'aurai été impossible de fermer l'œil.

Bref, tout ceci est bien mais il manque quelque chose … À oui, un bon rhum pour faire passer tout ceci ! Rien de tel que d'étancher sa soif après une journée comme celle-ci. Mais le problème maintenant, c'est que je n'ai plus de flasque sur moi, la réserve que j'ai acheté est restée dans ma charrette, mais quel imbécile je suis … Je balai du regard la cellule pour trouver de quoi boire quand je vois que une petite 'tablette' sur le mur du fond. Sur cette dernière s'y trouve, à ma grande joie, une petite bouteille de rhum … Je ne peux pas espérer mieux. Sauf que je n'ai pas envie de bouger de ma place, donc là je vais enfin pouvoir utiliser un peu de ce que je sais le mieux faire, la magie. Je tends ma main vers la flasque puis me concentre. Je rassemble mes fluides dans ma paume, visualise dans mon esprit l'objet, le conçois, le sens et le touche mentalement. C'est une bonne concentration, une petite gymnastique mentale, je n'y arrive pas tout de suite mais après quelques minutes d'efforts je vois que la flasque file vers ma main à vive allure.

Cette fois-ci je l'attrape dès qu'elle rentre en contact avec ma peau. Enfin j'ai réussi à utiliser ce foutu sort sans avoir de retombées ou de mauvaises conséquences. C'est une satisfaction que je ressens à ce moment-là, ma petite bouteille en main. J'avale le contenu en un rien de temps, la soif était grande. Bien, à présent que je pense pas que j'ai autre chose à faire, j'ai bu, je me suis mis à l'aise, que demander de plus ? Je cale ma tête sur l'oreiller miteux puis commence à céder la place au sommeil, m'emportant petit à petit de la réalité. Demain nous serons certainement parti et en pleine mer, je demanderai plus de détails sur cette mission, car je dois quand même faire vite, le contenu de la lettre résonne toujours dans mon esprit ...

À peine passa-t-il les portes qu'un homme, à l'allure plutôt suspecte, s'approcha de lui. Il lui proposa son aide pour quoiqu'il veuille en ces lieux contre quelques pièces. Trà ne voulant pas perdre de temps lui donna une dizaine de yus et lui demanda qu'est ce qu'il y avait comme bateau qui partait bientôt. L'homme lui demanda d'abord s'il ne désirer pas acheter des choses, son cousin bossant dans le marché noir de la ville. Après un refus, il énuméra des traversé vers Tulorim, Bouhen et d'autres cité. Aucune des destination, ne semblait lui convenir.

Ne sachant pas quoi faire, il observa les quais et aperçut le bateau en feu. Après demande auprès de son nouveau guide, il apprit que c'était un navire venu chercher des mercenaires pour aider à explorer un grotte sûrement infesté d'orcs. Le voleur trouva que cette option était des plus intéressantes. En effet, le voyage serait gratuit et il recevrait peut-être une prime avant de débuter le contrat, il lui suffirait alors de partir après avoir eut l'argent et il serait gagnant à tous les niveaux ! Peut-être remplirait-il la tâche s'il s'agissait d'un truc pas trop dangereux.

Il partit donc vers le vaisseau, après avoir remercier l'homme. Un homme sur une planche qui servait à monter, cherchait à attirer des aventuriers en répétant inlassablement la même annonce. Le demi-elfe passa près de lui, sans lui adressait un mot, ni même écoutait ce qui disait. Toutefois pour lui montrer qu'il pourrait être utile, il se retourna en dégainant sa nouvelle arme, qui se retrouva près de la gorge du crieur. Pensant que ça suffirait, il se dirigea vers le bastingage pour s'y installer. Il devait y avoir des cabines, mais ça faisait longtemps qu'il n'avait pas dormit à la belle étoile et ça lui manquait.De plus, la chaleur du feu, lui permettrait de dormir sans avoir trop froid. Pour le reste du voyage, il aviserait plus tard, une fois reposé.

Une fois sur le navire, je cherchais rapidement quelqu'un pour me renseigner, pour me dire si ce bateau allait bien où je voulais, mais quelques cris de ci de là me le confirmèrent et je n'eus pas besoin de me fatiguer. Non, ce qui m'étonna, qui me frappa aussitôt, c'était la présence sur ce vaisseau de quelques unes de personnes ayant vécu la même nuit de folie que moi. Je n'étais pas capable de l'affirmer avec certitude, mais j'étais persuadée de les avoir vu tout à l'heure.



Les heures passaient, et le bateau était enfin en train de voguer vers les eaux de Lebher. J'allais profiter de ce voyage pour me reposer, dormir et manger, rien d'autre, pour être en pleine possession de mes moyens une fois arrivée.

Suite des rues de Kendra Kâr


Les pavés abîmés des rues de Kendra Kâr laissèrent place aux galets et aux sables gorgés d'eau. Devant le fauve, des centaines de bateaux de toutes tailles, des chaloupes, de véritables navires de guerres attendaient le bon vouloir de leurs capitaines absents. Seuls quelques uns s'apprêtaient au départ, ou à l'inverse, débarquaient des mers pour accoster sur Kendra Kâr. La capuche toujours relevée, Aztai prit soin à ce qu'on ne le repère pas tout de suite. Malgré son équipement entièrement visible, il savait se faire discret, et s'engagea à longer la baie, à l'encontre de renseignements. Mais ici, qui connaitrait ce dénommé Sitröm? Etait-ce un personnage connu au point que d'un continent à un autre on eut entendu parler de lui? C'était peu probable... Enfin, le woran neige ne se laissa pas démonté par ces conclusions si hâtives. Avec prudence, il observa un à un les navires qui tremblaient sous la puissance de la nature, à la recherche d'âme qui vive qui pourrait le renseigner. Le long de la berge, quelques flambeaux brulaient plus ou moins loin devant lui, ce qui l'encouragea quelque peu.
Il s'arrêta devant une barque, où un homme s'épuisait à tenter d'attacher à une bitte la corde qui retiendrait son moyen de transport. Lorsque celui-ci s'aperçut de la présence du woran, il releva la tête et lança d'un air agacé:

-Que me voulez-vous? Ce n'est plus l'heure pour voguer, étranger! Faites demi-tour ou passer votre chemin.

Le vent portait ses mots et rendai la compréhension difficile. Aztai du s'approcher pour exposer l'objet de sa venue. Lorsque le propriétaire entendit parler d'un "Sitröm" et de "Lebher", il fit "non" de la tête avant d'oublier totalement son interlocuteur et de s'en retourner à sa tâche. Passant son chemin, il fallut attendre un bon quart d'heure pour trouver autre chose que des chiens errants, voir même des cadavres...

-Connaissez-vous Sir Sitröm? Cria-t-il en voyant une bande de matelots décharger un grand bateau de sa cargaison.

-Sitröm tu dis, l'ami? Fit un jeune humain à la barbe naissante qui s'approcha. Hum... Sitröm, 'tiendrait pas des mines, l'ami?

-Oui je crois que c'est ça! Répondit le fauve avec une once d'espoir.

-A Lebher, l'ami?

-Oui!

-C't'un des plus gros exploitant, sûr que je le connait, l'ami! Il arrive qu'on transporte quelques cargaisons de ce qu'il extrait!

-Pouvez-vous me dire comment je peux le rencontrer? Vous dites vous même le connaître! Auriez-vous l'amabilité de m'amener jusqu'à lui? Je peux payer, ce n'est pas un problème.

-Tss tss. C't'impossible l'ami! On ne débarque pas de Kendra Kâr avant un mois! Puis c''n'est pas chez lui qu'on retourne après!

-Ah.. Et vous ne connaissez pas un capitaine qui veuille bien m'y emmener?

-C'pas s'qui manquerait mais à cette heure-ci! Tu choisis mal ton moment, l'ami!

A cet instant, un deuxième matelot, plus fort s'approcha à son tour, braillant des paroles incompréhensibles.

-C'mon frérot! Expliqua le premier gars. P'têt qu'il sait!

Faisant volte-face, il rejoignit son "frérot" et ils échangèrent quelques mots sous la pluie battante. Enfin, les deux frères matelots se ramenèrent près de woran.

-'Cherchez à voir Sir Sitröm? Lança le nouveau venu.

-Oui, messire, pouvez-vous m'aider?

-Moi, non, mais j'ai entendu dire qu'eul gars avait des ennuis ces temps-ci! Il recherche des gens sur Kendra Kâr pour résoudre ses problèmes, 'voyez? 'Pourrez bien l'rencontrer!

-Mais comment pourrais-je le trouver?

-'Suffit d'savoir lire, 'voyez?

Sur ce, il fit demi-tour en faisant signe au woran d'attendre. Hurlant un ordre ou deux aux autre matelots, il revint pas longtemps après avec une feuille toute chiffonnée. Il la tendit à Aztai. S'abritant comme il pouvait, il lu très clairement à voix haute:

-"Messires les plus braves, chevaliers, mercenaires, hommes, femmes en quête d'argent et de richesses! Les mines de Lebher sont victimes d'un étrange phénomène! C'est notre ruine, notre défaite si nous perdons là nos seules ressources qui nous garantie la protection contre d'Oaxaca! Sir Sitröm engage des volontaires pour résoudre ce problème qui est celui de tous! C'est pendant trois jours que La Veuve des Mers fera escale à Kendra Kâr pour emporter les meilleurs d'entre vous! Embarquez au port, à la nuit tombée, n'emmenez avec vous que votre courage, et c'est riche que vous reviendrez!"

C'était là une occasion des plus inouïes. Mais cela impliquait tout de même de participer à cette mission que chargeait Sitröm en échange d'argent. Aztai n'avait que faire des richesses, il voulait simplement savoir comment rencontrer Lictaria. Et ce propriétaire de mines était sa solution.

-En bon échange, marmonna Aztai pour lui.

Sur ce il releva la gueule et remercia sincèrement les deux marins avant de partir en quête de la Veuve des Mers. Elle ne fut pas difficile à trouver car l'agitation générale et les torches lui appartenait.
Aztai ne pu compter le nombres d'hommes sur pont mais ils n'étaient pas là pour chômer. Sur le quai, un homme assez fort frappait sur un tambour pour attirer l'attention et hurlait à tûe-tête un message très semblable à celui qu'Aztai venait de lire. Autours de lui, une dizaine de personnes se pressait pour accéder au pont, mais de suite repoussés par de forts marins à l'oeil critique. Derrière eux, le navire sur lequel se hâtaient tant de gens n'avait rien à envier aux autres du port. La Veuve des Mers était sur le point d'embarquer. Saisissant son papier, le fauve s'avança et transperça le groupe de volontaires alors qu'une silhouette féminine semblait monter à bord, tout juste sélectionnée par l'homme au tambour.
De plus de ses deux mètres de hauteur, le fauve dépassait absolument tout le monde, y compris le "recruteur" déjà bien sculpté. Il abaissa la capuche de sa cape tigrée et prononça à voix haute, ferme:

-Homme, je me présente pour venir en aide à Sir Sitröm!

Les quelques marins, et même un peu tout le monde, le dévisagèrent un moment.

-Un woran? Fit le brailleur, intéressé. Comment t'appelles-tu?

-Hum... hésita le fauve. je me prénomme Aztai.

-Quelles sont tes motivations, Aztai?

-La richesse, mentit le woran neige. Vous même l'avez dit: Sir Sitröm payera plus cher que n'importe qui le ferait!

-C'est exact! Si nous prenons les meilleurs, c'est que le prix est d'or! Et qu'est-ce qui te fais penser que tu as les bras pour ce genre d'aventures?

-Parce que, rétorqua le fauve, je n'ai pas que les bras, j'ai aussi les griffes.

L'homme pouffa. Ses yeux se posèrent sur ses épaulettes qui reflétaient le feu des torches dans un contraste orangé rougeoyant. Puis, il avisa les deux pommeaux qui dépassaient du dos et de la hanche du woran neige.

-Hum, alors sois le bienvenue, Aztai le Woran!

Avant même que l'homme eut invité le félin, celui-ci avait déjà engagé la marche en direction du pont.

Les jours passaient, et se ressemblaient inévitablement, sur ce rafiot qui m’amenait jusqu’à Lebher. Le temps ne semblait pas se calmer, et la pluie continuait de tomber drue sur la mer, amenant dans son sillage un roulis monotone et fort présent, qui eut tôt fait de me donner quelques haut-le-cœur. Je n’avais aucune envie de quitter ce petit espace reclus qui m’avait été confié, cette cabine de navire. Et je ne la quittai que peu, pour prendre l’air momentanément, entre deux souvenirs à coucher sur le parchemin. Les embruns marins étaient utiles pour se rafraîchir, mais la pluie et la grisaille n’égayaient guère le voyage.


Aussi je passai celui-ci quasiment tout le temps enfermé, lampe à huile vissée au-dessus de ma tête pour éclairer la plume qui glissait souplement sur le papier. Mon histoire, mes mémoires. Bien sûr, malgré les six jours de traversée, je n’eus le temps de les clôturer. Mais à l’aube du sixième jour, alors que l’équipage annonçait notre arrivée prochaine, je rassemblai mes écrits et les reliai momentanément ensemble à l’aide de la cire fondue des chandelles qui m’avaient été confiées. Ce bloc de feuillets noircis de mon écriture, je le glissai dans ma besace avant de vérifier l’état de mon matériel. Mieux valait être paré avant que l’aventure ne commence.

Alors que je terminais mes préparatifs, on annonça que le port était en vue. Et très vite, nous fûmes arrivés à destination. Je débarquai en compagnie d’autres aventuriers, dont certains me rappelaient quelque chose de très précis, malgré que je ne leur ais pas réellement parlé : ainsi, je dénombrai au moins deux personnes qui étaient, tout comme moi, à l’intérieur de la maison curieuse, voici plusieurs nuits.

L’aventure allait commencer.

Ziresh s'en était allé tôt, de façon à ne pas croiser sa famille de substitution. Incapable de faire ses adieux comme un homme le ferait, il préférait agir de la sorte. Mais en arrivant sur le port, sous un torrent de pluie, il ne s'attendait pas à voir ce qu'il allait rencontrer juste là.
Pas le navire, pas la mer qu'il n'avait jamais connue, ni d'armée de mercenaires. Non... Kâhra, Xavir et Erin. Ils étaient tous là, le père croisant les bras d'un air satisfait. Honteux de sa lâcheté, le jeune liykor argenté s'avança sans oser croiser ce regard qui le toisait. Le museau tourné vers les flaques d'eau, il était complètement penaud, alors que son lutinora, lui, s'en donnait à cœur joie en profitant allègrement de la météo.

"Tu comptais partir en catimini?" fit Xavir, amusé.

"On savait bien que tu n'oserais pas partir aussi facilement en nous disant adieu. Mais on savait aussi que tu ne serais pas capable de franchir le pas seul." renchérit Erin.

"Je... Je ne sais pas quoi dire... Je n'en ai aucune idée..."

"Dis juste "au revoir"." répondit franchement Xavir en enlaçant son fils. Cette embrassade dura un long moment, et tout l'aspect menaçant de la tempête qui se levait était bien loin, alors. "Tu me manqueras."

Toute la pudeur de Ziresh sombra alors, pour le laisser faire couler de grosses larmes chaudes le long de ses joues velues. Malgré la pluie qui frappait sa gueule, on pouvait le voir sans peine sa tristesse. Même pour un humain qui ne côtoyait pas les liykors, c'était évident.

"Tu vas tellement me manquer à moi aussi!" ses pleurs avaient éclaté avec force, et ses sanglots ne furent plus retenus une seule seconde.

Puis ce fut au tour d'Erin de l'enlacer avec bienveillance.

"Fais bien attention à toi, d'accord Ziresh? Garde tes principes, mais ne fais rien d'insensé..."

Encore une fois, Ziresh pleura tout en les remerciant tous, pour leur bienveillance, leur gentillesse et tout ce qu'ils leur avaient apporté. A cet instant, il s'en voulait d'ailleurs (bêtement, peut-être) de n'avoir jamais accordé d'intérêt à l'apprentissage d'Erin, sur les plantes.
Puis, enfin, c'est Kâhra qu'il embrassa. Elle ne dit alors mot, mais se contenta simplement de ce geste, et surtout, d'un baiser. Chez les bratiens, il ne s'agissait que de poser son museau sur celui du compagnon, mais c'était équivalent à un véritable baiser d'humain. Après tout, les bratiens étaient aussi connus pour leur pudeur excessive.
Les larmes de Ziresh s'atténuèrent alors, puis tout en caressant la joue de celle qu'il aimait, il parla en signant avec franchise.

"Je t'aime. Sois heureuse."

"Je le serais toujours pour toi."

Encore une fois, ils s'embrassèrent sous les regards gênés des deux parents. Puis Kâhra se dégagea timidement, sans oser montrer ne serait-ce qu'une once de tristesse. Elle lui tendit alors simplement un paquet assez gros.

"Mets ça dans ton sac. Jure moi de ne l'ouvrir que lorsque tu seras à Lebher. D'accord?"

Ziresh acquiesça, puis le hérault cria de nouveau, l'arrachant cruellement de cet instant pour lui imposer la réalité monstrueuse: cette mission qu'il se devait d'effectuer. Vite, il fourra le paquet dans son sac et emboîta le pas, dans un soupir mélancolique.
Il aurait pu conclure son entrevue avec sa famille ainsi, mais Xavir le rappela à l'ordre, lui mettant un peu plus de baume au cœur.

"Ce n'est pas un adieu, Ziresh. Alors vas y le cœur battant, fort de ta détermination."

Le jeune liykor argenté sourit timidement, avant de monter sur le pont, sous les yeux interrogateurs des quelques moussaillons présents, mais aussi du héraut. Forcément, il était rare de voir un Liykor bratien voyageant, ces derniers étant particulièrement affiliés à leur clan. Mais déjà, certains de ces regards s'étaient tournés vers le trio sur le port, apportant alors un semblant de réponse à la question qu'ils devaient sans doute se poser: "Comment a-t-il fait pour partir seul?"

"Je viens pour l'annonce de Lebher." fit-il au héraut qui le toisait du regard.

"Nom?"

"Je suis Ziresh, du clan de Liykkendra." L'homme écrivit alors le prénom du concerné sur ce qui semblait être une liste (ce qui était une performance miraculeuse, puisqu'il pleuvait averse).

"Bien, bienvenue sur la Veuve des Mers! Tu ferais bien de rencontrer tes futurs collègues, vous aurez besoin de coopérer pour ce qui vous attend. Si tu veux, on doit avoir du savon quelque part dans la cale. Ce serait bien pour toi, à moins que tu veuilles garder une odeur de chien mouillé."

"Heu...? Merci, hein..."

Gêné, il signa en portant la main à sa gueule tout en souriant (à contrecœur), puis il s'engagea alors un peu plus sur le pont, incapable d'identifier les mercenaires des matelots. Il s'apprêta alors à descendre dans la cale, mais avant de le faire, son regard se tourna de nouveau vers le port.
Kâhra, Xavir et Erin s'en allaient. Ils avaient eux aussi porté un dernier regard par dessus l'épaule, et en avaient profité pour agiter le bras. Un dernier au revoir. Ziresh ne pouvait alors s'empêcher d'espérer qu'il ne soit pas le seul à pleurer. Que simplement, d'aussi loin, il ne pouvait pas voir à quel point eux aussi étaient tristes.
Finalement, il pénétra alors dans la cale pour voir les cellules disponibles, toujours accompagné de son lutinora qui profitait cette fois-ci du pelage mouillé du liykor.
Il ne vit toujours pas de mercenaires, mais il trouva une cellule qui lui convint parfaitement: un lit, une table avec un tabouret. Quelque chose de simple et de sobre, donc, mais rien qui ne soit en rapport avec la toilette. Peu importe: il trouverait le moyen de se laver comme cela pouvait convenir aux humains plus tard.
Pour l'heure il se contenta de s'allonger sur le lit, sans vraiment chercher à dormir. Il n'allait que réfléchir, pour l'instant. Peut-être aussi, espérait-il que l'un des mercenaires ne vienne faire connaissance avec lui, sans être trop rebuté par son aspect animal.

Cela faisait plusieurs jours que la Veuve des Mers avait quitté le port de Kendra Kâr. Voguant pleins feux vers Lebher, Aztai venait de connaître les joies et les malheurs des voyages en mer. Cette sensation de liberté d'abord, qui le prenait aux tripes pour le faire vibrer jusqu'aux griffes. Cependant, il avait sans cesse une nausée désagréable pour lui gâcher le spectacle... Lorsqu'il avait fait part de son malheur à un des matelots, celui-ci avait parlé de "mal de mer"? Aztai restait perplexe...
Sur le pont, chaque jour, une cinquantaine de marins courait dans tous les sens pour affronter vent, vagues, pluies et début de tempête... Et parmi ces matelots, tout comme Aztai, venaient et allaient des gens semblant venir des quatre coins du monde, races et sexes confondus. Jusqu'à présent, la plupart restait cloitrée dans les cellules qui leur était destinées.
Pour le félin, se retrouver enfermer dans un endroit sans cesse en mouvement le perturbait quelque peu. Du coup, il passait ses journées à regarder la mer, même sous la pluie, à réfléchir comment convaincre Sitröm, une fois que l'affaire de la mine serait réglée... enfin, il ne fallait pas non plus se montrer imprudent. Pour l'instant il fallait qu'il se concentre dessus. A cette heure, il était un mercenaire engagé dans une mission pour toucher une récompense à la fin. Enfin, une réponse différent, il l'éspérait. Ses amis, son père, et toutes les raisonsx qui le poussait à naviguer, pour la première fois, devaient rester hors de son esprit pour l'instant.

Le voyage était relativement long, et le félin ne ratait jamais sa prière, au moins le matin, pour le Père de la Flamme. A présent loin de tous, il ne pouvait compter que sur sa foi... les jours se ressemblaient sur la Veuve des Mers. Partir ainsi laissait un creux dans le coeur du félin. Il n'osait trop y penser, mais cette soudaine séparation avait sérieusement rongé le moral du woran neige.

Lorsqu'un après-midi, aussi long et calme que les autres, on annonça Lebher en vue, les gens qui, comme Aztai, avait été recruté par Sitröm se pressèrent plus ou moins pour admirer le paysage. Certain s'en fichait comme d'une guigne, il n'avait pas tord. Mais pour le fauve, pouvoir reposer ses pattes sur le sol lui procurait déjà une immense satisfaction intérieure. Il était comme un enfant à qui on à promit une confiserie parce que sur cette terre, d'après l'Ancien et ses amis, il trouverait la solution pour faire taire le pantin d'Oaxaca.