Le marchand qui m'a amené ici vient de s'amarer. Je descend par la passerelle, avec la hâte de découvrir ce monde nouveau pour moi. Je suis vite désenchantée...
( Si c'est à cela que ressemblent les villes des hommes, je préfère ma campagne. Mon père m'avait prévenue remarque. Mais bon, c'est fait, c'est fait, il ne me reste plus qu'à avancer.)
Salissant mes chaussures légères, je longe les quais jusqu'à une rue qui me paraît un peu plus large. Elle l'est certainement, mais tout aussi crasseuse que les autres. Un sombre pressentiment m'envahit...
( Pourquoi n'ai-je pas pris ma dague de chasse? Il va me falloir une épée et assez vite je pense. Je ne connais rien aux hommes ni à leur manière. Il doit y avoir des elfes par ici quand même. )
Je suis interrompu dans mes pensées. Je suis déjà venue ici. Je n'ai donc fait que tourner en rond? Refusant de me laisser vaincre par ce labyrinthe étrange (très étrange pour moi qui n'ai connu que les champs et les bois), je continue ma route à travers les ruelles.
Enfin, voici une rue un peu plus grande. Elle me conduira certainement vers un lieu moins obscure.

Il semble que je sois réellement dans la ville. C'est un peu plus salubre qu'avant, mais ce n'est pas encore ça. La bourse accrochée à ma ceinture me semble être une cloche prêt à attirer n'importe lequel des voleurs. Suivant le conseil de ma mère, je l'accroche à l'abri. Le soleil se couche, donnant aux murs de cette ville une couleur merveilleuse.
(J'arriverais peut-être à me plaire ici...)
En attendant la nuit va bientôt tomber et si je crois ce que m'a dit le capitaine, il vaudrait mieux pour moi être à l'intérieur. Je me mets donc en quête d'une auberge ou à la rigueur d'un temple. Je tourne en rond pendant plus d'une heure avant de trouver un rue de taille acceptable, plus loin, à droite, des lumières s'allument. Je m'approche, doucement. Des rires et de la musique parviennent à mes oreilles délicates. Ce doit être une auberge. Je vais jusqu'à la porte rassurée d'avoir enfin trouvé ce que je cherche.

Je pousse la porte, mi par nécessité, mi par curiosité. C'est la première fois que je rentre dans ce genre de lieu...
L'ambiance y est bonne, quoique calme. La nuit est déjà tombée dehors. Une odeur de cervoise fraîche et de viande grillée parvient à mes narines. Je m'aperçois soudain que je n'ai rien mangé depuis le matin. Je m'assied à une table vide (elles sont assez rares...).
"Tavernier, une repas avec un vin elfique" dis-je en déposant 1 yus sur la table que le tavernier s'empresse de saisir.
Très vite je suis servie. Durant tout mon repas, je replonge dans mes pensées.
( Pourquoi suis-je partie, au fond? Sans doute parce que j'en avais envie. Non, je ne pense pas... J'en avais plutôt besoin. Je ne suis pas fait pour vivre enfermée. J'ai besoin de liberté. Déjà, il y a 80 ans, j'avais ce besoin de liberté. Pourquoi n'ai-je pas suivie le chemin de ma mère? Pourquoi ne me suis-je jamais liée à quelqu'un? Nombreux sont ceux qui me l'on reproché, mais de quel droit...N'ai-je pas le droit de choisir un autre chemin que celui du commun des immortels? Après tout, j'ai encore du temps.... Pas tant que ça... Raison de plus, il faut vivre avant de ne plus pouvoir. )
Le repas fini, je me dirige vers le comptoir.
"Auriez-vous encore une chambre de libre?"
Le tavernier me répond que malgré les fortes demandes du moment, il pense qu'il a encore une chambre pour moi. Ce ne sera pas la meilleurs des chambres, mais il y a de quoi dormir.
"Je suis assez fatiguée et j'aimerais pouvoir me reposer..."
"Comme tout le monde, jeune personne." me répond-il en tendant la clé.
"Merci." dis-je en baillant fatiguée de toute ces nouveautés.

Je monte me coucher. La chambre est petite, avec juste un lit. C'est ce qu'il me faut. A peine, me suis-je couchée sur le matelas que je m'endors...

Après une nuit de sommeil plus que reposante, je descend dans la salle.
"Un petit déjeuner, s'il vous plaît."
Une servante s'approche de moi, son plateau à la main. Elle me sert mon repas et s'apprête à repatir. Je la retiens:
"Excusez-moi vous pourriez peut-être me renseigner? Je cherche un magasin où je puisse m'acheter une arme et m'entraîner."
"Je connais la forge d'Argaïe pour l'arme, il y en a une autre, étranger. Mais je ne sais pas où elle est. Demandez au tavernier. Je sais qu'il possède une ou deux cartes en stock. "
"Merci, gente dame."
Elle s'écarte me laissant finir mon repas tranquillement. Après avoir fini le repas, je vais voir le tavernier. Celui-ci est très loquace (comme je l'avais remarqué la veille) m'explique qu'il a bien une carte de Kendra-Kâr, mais que c'est sa dernière et qu'il n'a pas envie de me la donner.
Je lui demande juste de me la montrer et de m'indiquer où se trouvent les forges, ainsi qu'un lieu d'entraînement. Très vite, je mémorise la carte. Elle est assez complexe, mais je sais où je suis et je mémorise vite le chemin.
" Au revoir et merci." dis-je en saluant à la manière elfe, une main sur la poitrine.
Je sors de l'auberge, le plan toujours en tête...

Suivant le plan que j'avais en tête, je ne me concentrais sur rien d'autre, de peur de perdre les indications si précieuse. Je passe ainsi devant une boutique, tourne à droite à la suivante. Tourne à gauche au temple.
Au coin suivant j'arrive devant le bâtiment que je cherche: la grande forge d'Argaïe.
En espérant que les prix ne dépassent pas ma -maigre- bourse, je pousse la porte.

Je regarde la fiche de prix. J'ai tout juste assez.
(Je n'aurais jamais de quoi m'acheter une épée. C'est dommage, ils n'ont pas de gantelets et d'autres équipements pour les combats à mains nues. Je vais aller voir à la forge de Gonk, ils auront peut-être ce que je cherche.)
Je ressors continuant ma recherche à travers la ville.

Continuant mes pérégrinations à travers les rues de Kendra-Kâr, je longe la rue jusqu'à la cours de combats, prenant la rue parallèle à celle du château, je me dirige ensuite droit vers le Sud de la ville. Au bout de cette rue, si mes indications sont justes, se trouve la deuxième forge.

Je rentre dans la forge, mes yeux d'elfe s'habituent très vite à la différence de lumière. Je regarde rapidement les différents articles. J'ai vu ce que je cherchais. Sans chercher à savoir si cela me ruinerait où pas, je m'approche du comptoir.
"Bonjour, messire, je voudrais acheter une paire de Gantelets cloutés, s'il vous plaît." dis-je en sortant ma bourse.



"Ce sera tout merci. Voilà. 50yus..."
Dis-je en vidant ma bourse sur le comptoir et en prenant les gantelets.
Avant de sortir, je les enfile, ils me vont à merveille. C'est une bonne qualité.
"au revoir." (je reviendrais certainement ici, j'aime bien l'assortiment...) Salué-je en sortant vers la rue.

Ne sachant pas où aller, je me perds, au gré de mes envies dans les rues de Kendra-Kâr. La bourse vide, mais bien équipé...



Un instant étourdi par le choc, je regarde cet être. Elle est étrange à tout points de vue. Cependant, c'est un elfe. Le reste m'importe peu. J'ai appris à me méfier des autres sortes d'elfes, mais je ne suis pas chez moi. Je vais pas faire la fine bouche.
(Elle commence à partir, il faut que je me dépêche.)
En quelques enjambées, je la rejoins.
"Attendez-moi s'il vous plaît. Vous semblez connaître un peu cette ville. Je voudrais juste un renseignement... Je cherche un temple de Yuimen, pourriez-vous m'aider?"



"Merci..." dis-je en saluant à la manière de chez nous, une main sur la poitrine.
Je continue tout droit puis à gauche... Le temple est bien là. Sans cette charmante personne, je n'aurais jamais trouvé mon chemin.

Depuis plusieurs heures, je cherche ce bâtiment. C'est étrange, je ne sens pas cette odeur qu'il y avait dans le temple près de chez moi. Je m'approche. La porte est fermée...
(C'est étrange, je pensais que les temples étaient toujours ouverts. Dommage, je vais trouvé une auberge pas chère avant le couvre-feu)

Je sais maintenant où je suis. Mais, en rajustant ma cape, je me rends compte que ma bourse est vide. Il ne me sert donc à rien de trouver l'auberge. En effet, il me sera impossible de remplir ma bourse. Il ne reste plus qu'un seul choix : (me lancer à l'aventure avec mon arc, c'est partie pour la vie libre... Comme je l'ai toujours rêvé.)
Tout en réfléchissant à ce que je vais faire, je rejoins la grande rue un peu plus loin.



---------------------------------


(Bien voici donc la grande rue. Je n'ai plus rien à faire dans cette ville. Je n'ai même pas assez d'argent pour dormir à l'abri. Dirigeons-nous vers la sortie de la ville.)

D'un pas alerte, l'oreille tendue, j'avance dans cette rue que l'heure à presque vidée de toute sa population. Au bout de quelques minutes de marche, j'atteins la grande porte.

---------------------------------

En remontant la grande rue, j'arrive là où je voulais aller, aux portes de la ville. C'est la première fois que j'en aperçois et je suis ébahi. La lune éclaire les murs blancs ainsi que des petits éclats de métal. En y prêtant attention, je remarque des gardes, vêtus d'armures et équipés d'armes. Regardant à ma ceinture, je me souviens que je n'ai toujours pas d'épée.( Ce n'est pas grave, j'ai toujours mon arc... et mes gantelets qui m'ont coûté si chers....)
Après un petit temps d'observation, je m'aperçois que les gardes fouillent les convois entrant dans la Cité, pas ceux qui sortent. Un ou deux passants sortent de la ville de temps en temps, à cheval, à pied ou en calèche. Je décide de faire comme eux, de sortir de cette ville. (J'y reviendrais.... Un jour.)
J'avance donc calmement, me fondant et disparaissant littéralement dans la foule grâce à ma cape.

Encore quelques mètres, et à moi la liberté...
(Ca y est j'ai passé la porte, je suis libre.)
Première décision de ma liberté, vers où aller?
L'Ouest, en direction du fleuve que j'aperçois au loin, le Nord et les montagnes ou l'Est et les bois. Mon ventre me donne la réponse assez vite: direction les bois et donc logiquement l'Est.

Avant de me lancer dans l'aventure, j'invoque dans une courte prière, le dieu de mes parents: Yuimen...

Sortie hier de la ville, je suis rentrée dans les bois pour passer la nuit, comme lorsque j'étais jeune sur mon île.
Le matin arrive, le soleil pointe à l'horizon, je suis toujours sur la branche où j'ai pu trouver un abri. Lestement, je descend de l'arbre. Une fois descendue, je me dirige vers la clairière et repousse mon capuchon pour me laisser baigner par le soleil matinal. Baissant la tête au bout de plusieurs minutes, je remets mon capuchon et me met à genou pour ma prière quotidienne à Yuimen.

Dix bonnes minutes plus tard, j'ajuste mon sac à dos ainsi que mes gantelets et mon carquois. En prenant le sentier, je reviens assez vite sur la route. Pendant près de tois heure, je marche le long de la route, d'un bon pas. Quand, soudain, un détail m'intrigue sur le bord de la route. Il y a eu un combat ici il y a peu de temps. En regardant plus précisément les traces, je peux dater approximativement le combat à moins d'une semaine. Suivant les traces, je tombe sur un vieux sabre âbimé et rouillé. Des traces de sang... le combat a dû être rapide, mais violent. Au loin, j'aperçois un corps.
"Yrch!" m'écrié-je en ma propre langue. (Un orque seul, ce n'est pas possible, ils sont toujours en bande. Cela veut dire qu'il y a encore des orques qui rôdent. Il vaut mieux s'enfoncer dans les bois. Cela me vaudra certainement quelques heures de marche de plus, mais je me vois pas lutter seule contre des orques. )
Suivant mon idée, je quitte la route et m'enfonce dans les bois.

Gardant toujours un oeil sur la route, et ses voyageurs, je longe la lisière de la forêt. Je réalise soudain que je n'ai rien mangé depuis mon départ de Kadariel. Le bruit qui règne autour de moi me donne la certitude de ne rien attraper à moins d'un lieue de la route. Quittant donc le bas-coté, je m'enfonce dans les collines.
Silencieuse comme seuls peuvent l'être les elfes, je traverse le bois comme une ombre. Ma cape me camoufle un peu, dans l'obscurité du crépuscule. Peu à peu le calme s'installe, c'est ici que je suis bien, loin du bruit et de la foule. J'entend du bruit, les pas d'un animal. Un animal lourd en fait. Le bruit se rapproche. L'animal n'est pas seul, je distingue plusieurs pas. Ainsi que des semblant de voix qui heurte mon ouïe...
- "Nîg Awok! Toûlirk kowâr geurk dômark! "
- "Ouglok, nirmk... Ramôr tourakos kirdim Terepârk
(Yrch... Ce ne peut-être que des orques. Manquait plus que cela.)



Suivant mon instinct, je m'encours vers la route... Quand soudain, je me rend compte que dans cette obscurité, les orques ont plus de chance de me voir si je bouge que si je reste immobile, dans ma cape.
Je cherche un abri à proximité. A moins de deux furlong de moi, se trouve un fossé étroit.
Courant aussi vite que mes jambes déjà fatiguées me le permettent, je rejoins le fossé. Une fois à coté, je l'observe dans la demi-obscurité. Il est étroit, juste assez large pour y mettre un elfe gris en boule. Je saute donc dedans et m'enroule dans ma cape, écoutant les bruits autour de moi.

1ère nuit:
Des bruits, il y en a plein... J'écoute. Les orcs se rapprochent, quelque chose au fond de moi me fait penser que j'ai bien fait de ne plus bouger. J'écoute leur horrible dialecte:
"Ash gor Nezag? Gardûl tierik ropârk kardoûm lûnet. Grishnak, gartoum dhârg kersatuûl".
"Karzog turehirhîm, stalkod niurk galik..."
Pendant longtemps, ils discutent ainsi. Soudain, je me rend compte que quelque chose ne va pas. Le son de leur voix ( Faut bien donner un nom à ce bruit) ne se rapproche plus. En fait, il ne s'éloigne pas non plus (dans ce cas, il n'y aurait rien d'anormal)...
Un accès de témérité me prend, me relevant doucement, je lève la tête hors de fossé.
Les orcs, en effet, ne se déplacent plus. A moins d'un furlong de moi, ils sont assis, leurs paquets déballés à coté d'eux. Une odeur infecte arrive jusqu'à mes narines délicates: une odeur de viande faisandée...


(Est-ce eux, ou leur nourriture?)
Il m'est impossible de le déterminer en fait. Et je ne suis pas sûr de le souhaiter de toute façon. Je retient malgré tout cette odeur, mon expérience de chasseur sait qu'il est toujours bon de mémoriser l'odeur d'une future proie.

Pendant près de 5 heures, je reste là, enveloppée dans ma cape. La peur m'empêche de penser à quoi que ce soit d'autre que ces Yrch qui ripaillent. Que se passerait-il s'ils me trouvaient. C'est simple, je finirais certainement dans leurs ventres.
A ce moment-là, mon ventre grogne. Je n'ai toujours pas manger... Paniquée, je regarde autour de moi. Il faut que je me trouve à manger et vite, sinon le bruit de mon estomac pourrait les ameuter. Pour ma chance, je trouve des racines à 4 pas de moi. Après les avoir ôté de la terre et ôter la terre d'elles, je les englouti.
(Ca ne vaut pas les repas de ma mère, mais au moins ça nourri...)
Après ce (suculent) repas comme j'essaie de me le persuader, je reste à l'affut. Il est passé 3h du matin quand ces sales bestioles décident enfin de lever le camp. A ce moment, un orc vient jeter un sac dans la fosse juste à coté de moi.

Rassurée de les savoir partis, je m'endors, toujours dans la fosse, à l'abri du vent.

2ème jour

Je me réveille longtemps après l'aube. Ma cape ne m'a pas seulement préservée des regards, mais aussi de la pluie. Durant mon sommeil, la pluie est tombée drue. La terre autour de moi est détrempée.
Je suis poussée par ma curiosité .
(c'est pas bien...) me murmure une petite voix.
Pourtant, je suis poussée à aller voir. A quatre pattes dans la boue, j'ouvre le sac avant d'hurler. "Des crânes et des os.... Il ont mangé... un elfe..." prononcé-je terrifiée.
Sans demander mon reste, je quitte cette fosse en courant. La petite voix en moi reprend: (je te l'avais bien dit....)
Ma course me mène au lieu du repas des orcs. Leurs traces partent vers le Nord. Soucieux d'éviter de croiser leur chemin à nouveau, je m'enfonce dans les collines vers l'Ouest.

Durant ma longue marche de la journée, je croise les empreintes (merci la pluie de m'avoir laissé une piste aussi claire) La piste est fraîche... Je cours dans sa direction. J'avais raison c'est un petit gibier: un bouloum. C'est une petite merveille au poil bleu.



Je prend mon arc et tire une flèche vers l'animal. Il m'est impossible de rater une proie aussi lente à cette distance. Je vais pour la manger quand un gros moine avec une sorte d'animal de trait sort de la forêt:



"toi, la chasseresse, tu viens avec moi."
Je le regarde, il est imposant, mais me paraît bon, même en colère.
"Euh... Oui messire."dis-je avec un mélange de surprise et de peur.


Pendant de longues minutes, je suis l'homme. Il n'a rien prononcé depuis notre départ. S'il ne veut pas entamer la discussion, je le ferais à sa place:
"Excusez-moi, messire, mais pourrais-je au moins savoir où nous allons?"
"Chez moi, chasseur, je ne vais pas te laisser dormir cette nuit dehors avec ces orcs qui rôdent..."
Je ne m'attendais ni à cette rencontre, ni à cette courtoisie de la part d'un humain... (Sont-ils tous comme celui-là? Autant en profiter en attendant...) "Mon nom est Lothindil, comment vous appelez-vous?"
Pendant un instant, il semble réfléchir.
"Dans le temps, j'avais un nom... Cela fait tellement de temps que je n'ai pas croisé âme intelligente qui vive... Donne-moi le nom que tu veux, après tout, quel sens cela a?
Je suis de plus en plus surpris par cet humain.
"Je t'appelle donc Nuilë car tu es encore plein de secrets pour moi."
"C'est un nom comme un autre, mais il me convient."
"Pardonnez-moi, Nuilë, mais qui êtes-vous?"
"Tu m'as donné un nom, tu me vouvoies encore après ce geste et tu me demandes qui je suis... Vous êtes étranges, vous les elfes... Je suis Nuilë, je suis le secret. Je suis ton futur, si tu me suis. Je suis de toute façon un bout de ton présent et un bout de ton passé.
"Je t'ai bien donné ton nom."

La discussion s'arrête là... Pendant presque quatre heures, Nuilë me laisse réfléchir à ses paroles, mais je suis trop fatiguée pour cela.
Le soleil est déjà couché depuis un peu de temps quand nous arrivons (enfin) au monastère du vieil ermite.

Après une longue marche le long du sentier, nous arrivons à l'orée d'une forêt celle-ci semble vouloir nous empêcher de marcher. Nuilë s'approche d'un arbre jusqu'à ce que sa bouche prononce des paroles dans une langue que je ne comprend et qu'il m'est impossible de retranscrire. (Il parle la langue des arbres, ce n'est pas possible autrement.)
"Quelle est cette langue étrange avec laquelle vous parlez aux arbres?" dis-je dans un accès de curiosité.
"Une langue que tu parleras peut-être un jour, jeune elfe." me répond-il avec un sourire mystérieux. "Enfin, jeune, oui, pour un être de ta race, certainement. Il y a de grande chance que tu sois plus vieux que moi. Ai-je tort?
"Tout dépend ton âge. Tu ne ressemble à aucun autre être."
"Je ressemble aux miens que tes yeux ne connaissent encore que trop peu. Mais trêve de discussion, le brouillard se lève et il est temps d'y aller.

Le brouillard, je n'y avais pas fait attention. Le temps de la discussion la forêt s'est écartée pour laisser place à un brouillard que mes jeunes yeux d'elfe arrivent à peine à percer. Nous traversons cette zone de brouillard pour atteindre, sans transition, une clairière baignée par le soleil. Autour, une forêt dorée par l'été.

"Bienvenu chez moi qui sera aussi chez toi."
"Je ne désire aucun lien!" réponds-je étrangement sur la défensive.
"Cela, je le sais, Lothindil. Cependant, tous, même les aventuriers, finissent par s'attacher à quelques choses: certains à des souvenirs, d'autres à des regrets; quelques-uns s'accrochent à la mort, d'autres à la vie; une partie s'accrochent à un lieu, d'autres à la liberté. Tu finiras par trouver où t'accrocher. Mais tu ne retourneras jamais t'installer sur la terre de tes ancêtres, quelque soit le lieu où tu ailles. Viens, entre, fais comme chez toi.
Un étrange souvenir ressurgi comme je rentre dans cette maison. Un rêve... celui que j'ai eu juste avant mon départ de Noara. Je suis déjà venu ici.

Je m'assied pendant que le vieil homme me sert à manger.
"Ce sont des racines et des plantes que l'on ne trouve que dans ces bois. Elles ne peuvent te faire que du bien."
Mon intuition me dit qu'il ne me ment pas. Sans hésiter, je mange donc le plat, affamée par mes heures de marche et de veille.
"Maintenant que tu as mangé, il te faut te reposer. La chambre du haut est prête, nous discuterons demain. "

La fatigue me prend aussi soudain, j'ai besoin de dormir dans un vrai lit. Aussi suivant son conseil et sans qu'il ait besoin de me guider. Je monte dans la chambre. Celle-ci est assez grande et éclairer par le clair de lune... Le besoin de sommeil m'envahit et je m'étends sur le lit où je m'endors, épuisé.