Notre chevauchée nous mènes dans les ruelles aux abords du temple de Yuimen et de la milice. Le bâtiment, bien que rénové est âbimé par endroit.
(Est-ce cela le malheur dont Nuilë me parlait dans sa lettre?)
(Oui, c'est celui-là... Une puissante force maléfique que je peux sentir s'est réveillée. Le monde change en mal...)

Bientôt, nous atteignons des ruelles dans le quartiers chics de la ville. Nous longeons un petit parc:
(C'est ce parc que nous avons traversé pour aller voir la fille de joie...)
(Une fille de joie? Quelle fille de joie?)
(Laisse tomber Lirelan, c'est une histoire du passé où je me suis conduite comme une idiote!)

Mon visage sourit aux souvenirs des moments de peur vécu avec mes compagnons, mais mon coeur se sert en pensant à eux et à Darhàm:
(Seheiah, Salmon, Maen, Azzormir... où êtes-vous? Qu'êtes-vous devenu? Allez-vous bien?)
(Ils vont bien, tu les reverras, rassures-toi.)
La voix de Lirelan semble rassurante, mais son intonation dit le contraire. Il s'est passé quelque chose.

Avant que j'ai pu lui demander quoi que ce soit, Halgar s'arrête devant une grande demeure, que je devine être la sienne.

Après cinq à dix minutes de chevauchée en ville, nous parvenons à la demeure d'Halgar. C'est une grande demeure avec même des écuries attenantes.
(Waouh... magnifique demeure!!!)
(Elle me fait penser à celles d'un ancien maître qui se servaient de mes pouvoirs pour s'enrichir sur différents mondes. Il en avait 3 ou 4 comme celle-ci...)
(Je pense que la maison d'Azzormir à Tahelta doir ressembler à ça...)
(Qui est ce Azzormir?)
(Un elfe gris, noble et enseignant de Tahelta. C'est un puissant hydromancien, sympathique malgré sa fierté et son arrogance vis-à-vis des autres peuples...)

Je met pied à terre et confie les rennes de ma monture au jeune palefrenier qui s'approche de moi.
Halgar, sa soeur toujours dans les bras se précipite à l'intérieur en appelant son père. Hésitant un moment sur la conduite à suivre, je décide finalement de le suivre.
"Père, père, j'ai retrouvé Aryan!!!"
(Comment ça IL a retrouvé sa soeur? Mais c'est moi et au péril de ma vie qui l'ait retrouvé!)
(Je sais bien Lothindil, calme-toi...)

Un homme approche, il me semble d'un âge mur. Il porte la barbe, chose qui m'étonne au plus haut point:
(On dirait un nain avec sa barbe... Ne serait-il qu'un semi-homme?)
(Non, il s'agit bien d'un homme. Les humains aussi portent la barbe... Enfin, juste les hommes à partir d'un certain âge... Mais elles ne rivaliseront jamais avec celle des seigneurs des mines.)

L'humain s'approche et regarde la fille. Son visage se décompose quand il prend la main. Celle-ci doit être froide à cause du temps et apparement sans vie. Il indique le fauteuil le plus proche à son fils en lui disant:
"Couche-la là et va chercher notre guérisseur."

Saluant brièvement de la tête, Halgar s'exécute et sort de la pièce me laissant seule avec le père et la mourrante...
(Enfin seule... Je suis là quand même!)

Je ne peux m'empêcher de rire légèrement à la remarque de ma faera. Ce qui fait que l'homme se retourne et prend conscience de ma précense. D'un ton agressif, il s'adresse à moi:
"Qui êtes-vous? Que venez-vous faire ici? Êtes-vous encore un de ses chacal qui viennent se repaître de mes malheurs?"

Etrangement, si le fils me mets à l'aise, ce n'est pas le cas du père. Je suis tentée de partir, mais heureusement pour moi peut-être, Lirelan répond à ma place:
"Non, messire, nous sommes arrivées avec votre fils. Lothindil, ma compagne a sauvé la vie de votre fille, en luttant contre un Kodiak..."
L'humain me dévisage, c'est une chose que je ne supporte pas, mais je me tais.
"Attendons le retour de mon fils, et on verra bien si vous dites la vérité, petite créature!"

Quelques minutes plus tard, Halgar revient accompagner d'un humain relativement jeune. Une puissante magie bénéfique émane de lui. Je ne la reconnais que trop bien, c'est aussi celle de Gilmyri et de Nazca, la magie blanche de Gaïa.
(Rien d'étonnant, c'est un prêtre de Gaïa!)

D'un pas calme et posé le prêtre s'approche de la jeune fille, en passant devant moi, il me dit:
"Vous ne bougez pas! Je m'occupe de vous, dès que j'ai soigné Aryan. Après tout il est normal pour quelqu'un ayant votre courage de se montrer généreux..."
"Qu'entendez-vous par cela?"
"Que vous feriez bien de vous montrer généreux envers ceux qui ont risqué leurs vies pour une parfaite inconnue..."
Comprenant que c'est de moi que le prêtre parle, l'homme le plus âgé s'écarte me laissant en bien meilleur compagnie.

"Va-t-elle s'en sortir?"
"Oui, il y a toutes les chances, vous l'avez ramenée à temps..."
Laissant le guérisseur se concentrer, je m'écarte vers la fenêtre. Malgré les 20 ou 25 mètres qui me sépare d'Halgar et de sa soeur, je peux ressentir la puissance du sort.

"Maintenant, laissez-moi vous soigner..."
Doucement, en confiance, je laisse la lumière de Gaïa me guérir. Le souffle est puissant, la chaleur douce pour moi. Petit à petit, je sens les plaies de mon visage se refermer, se guerissant.
"Je suis intervenu à temps... Votre blessure était grave, mais vous ne devriez avoir aucune cicatrice."
"Merci beaucoup..."

Mais c'est Halgar qui me répond:
"C'est nous qui devrions vous remercier, ma soeur vous doit la vie."
"Et je ne vais pas être avare: voici de quoi vous remercier..."

Disant cela, le père me tend une bourse. Sans même jauger ce qu'il y a dedans, j'accroche la bourse à ma ceinture et remercie maladroitement les humains de leur générosité. Ceux-ci semblent aussi gênés que moi, le prêtre s'en rend compte et intervient:
"Bon, elle a besoin de repos, nous ferions mieux de la laisser dormir. Vous venez?"
Demande-t-il en me regardant.
"Oui, j'arrive."

Saluant les maîtres de maison d'une main sur la poitrine je quitte la maison précipitamment, rattrapant au passage Lirelan qui était occupée à discuter avec le fils:
(t'as entendu ce qu'a dit le prêtre, faut partir...)
(oui, oui, j'arrive...)
(TOUT DE SUITE!)
(oui, d'accord...)

La faera voletant autour de moi, nous sortons de la maison , pour nous retrouver à pieds dans les ruelles...

Sortant de la demeure d'Halgar et Aryan accompagnée du prêtre, je le suis un moment...
"Bon, qu'allons-nous faire maintenant, Lirelan?"
"N'oublies pas la mission pour Nuilë, c'est pour ça que tu es venue en ville..."
"Dans ce cas, il nous faut nous rendre chez Moboutou!"

Tranquillement, je marche dans les rues. Il fait plein jour, mais à ma grande surprise, nombreuses sont les patrouilles de miliciens que je croise.

Ce n'est qu'en passant près des écuries que je comprend un peu mieux...
(Que s'est-il passé ici?)
(Il paraît que c'est la faute aux dragons d'or... Ils auraient mis le feu. En tout cas, un ami à eux est parti!)
(C'est pour cela que Nuilë m'a conseillé de fuir cette secte?)
(bah oui... en tout cas, il semblerait...)

D'un geste qui se veut discret, je masque le petit dragon d'or de mon armure...
(Pourquoi tu gardes encore cette armure-là toi?)
(Elle est solide, puis elle est aussi un peu magique, ne le sens-tu pas?)
(c'est elle qui dégage cette force de terre?)
(Bah oui... en tout cas, il semblerait...) Pensé-je en rigolant.

(et en plus de ça tu m'imites!)
(Moi, j'oserais pas voyons...) réponds-je d'un ton innocent.

Et nous voilà parties dans une crise de fou-rire dont les passants ne pouvaient saisir l'origine. Un lien d'amitié et de complicité se créait entre nous, c'était une chose que je n'avais ressenti qu'avec un seul autre être: Nazca...

"Respire Lirelan, ça va passer..." dis-je pour essayer de me calmer, mais ça n'a qu'un seul effet, celui de redoubler notre rire.

Ce n'est que plus de cinq minutes plus tard que nous pouvons enfin reprendre notre route. Une petite dizaine de minutes se passe avant que nous arrivions à la boutique du vieux moboutou.

Entrant dans la boutique, Lirelan toujours perchée sur mon épaule, je m'approche de Moboutou:
"Bonjour. Je suis une druide et je cherche les sorts qu'il me manquent... Je possède déjà "force de la bête" et "bouclier vert"..."

"Il ne vous manque que deux uniques sorts druidiques: "colère verte" qui vous permettra d'attaquer avec des plantes et "guérison verte" qui vous permettra de guérir par la nature."

(Prend les deux... On sait jamais ce qui pourrait t'être utile! Puis vois si tu peux pas renforcer un peu le pouvoir de Yuimen qui est en toi...)
(Je vais vous prendre les deux sorts... Puis si vous aviez encore des fluides de terre, j'en prendrais bien un 1/8."

"Seulement un 1/8? Tu pourrais en prendre 2 au moins..."me fait remarquer Lirelan tandis que je dépose la somme sur le comptoir.
"Chut, moins fort Lirelan!!! Laisse-moi faire, j'ai besoin d'un peu de sous, on sait jamais!"
"oh, comme tu veux!"



"Un grand merci pour les sorts... J'irais sans doute les apprendre à l'extérieur de la ville. Il y a pas assez de plantes ici..."

Je prend les tubes que je glisse dans ma cape. Le vieux mage me tend la sphère de fluide. Je le regarde avec un sourire.
(Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas absorbé un fluide...)
(c'était quand?)
(Au temple de Yuimen à Cuilnen... Je t'en parlais plus tard veux-tu...)
(Sans problème, j'suis pas pressée.)

"Je vais quand même vous payez avant de prendre le fluide"

Comptant ma monnaie, je pose 195yus sur le comptoir. La faera s'en approche et commence à pousser les pièces.
(Excuse-moi, Lirelan, je pourrais savoir ce que tu fais?)
(Bah, je vérifie tes comptes...)
(Lirelan, tu es despérante par moment...)
(Bah quoi?) me demande-t-elle de cette pensée très naïve.
(Rien, ...)

Portant la main sur le fluide, je regarde la boule brune. Celle-ci brille d'un éclat semblable à celui de mon armure. Dès que je prend le fluide, je sens celui-ci essayer de rentrer dans ma peau. Par jeu, je tente de le retenir. Mais les fluides présents dans mon corps et dans mon armure semblent l'attirer. Je ne le retiens donc plus.
Je sens son énergie entrer dans mon corps. J'ai l'impression que des lianes s'infiltrent dans mes veines. Au fur et à mesure que cette sensation se propage dans tout le corps, la sphère diminue de volume.
Après les lianes, une sensation de bien-être intense se propage en moi. Je ferme les yeux pour mieux en profiter. Je sens le sol, la terre sous la brique. Je sens la force de mon armure élémentaire. Je ne suis plus une elfe, mais un être fait tout de terre. En ce moment, j'appartiens à Yuimen, comme quand je me suis prouvé la force de mon serment.
Forte de cette énergie nouvelle, j'ouvre les yeux, prête à repartir.
"Lothindil, tes yeux!" s'exclame la faera.
"qu'ont-ils?"
"Ils...ils ne sont plus bleus, mais d'un brun-vert..."

Surprise par ce fait, je laisse ce mana nouveau redescendre.
"Ah, c'est mieux...ils redeviennent bleus!" Dit Lirelan en se posant sur mon épaule.

Avec un grand sourire, je salue Moboutou, une main sur la poitrine.
"Au revoir, et sans doute à une prochaine fois... puisse la terre vous être favorable."

Cela fait, je pousse la porte et me retrouve à nouveau dans les ruelles...

Je finis par sortir de chez Moboutou, la puissance de yuimen étant plus forte en moi. Mes mains s'égarent sur les deux rouleaux de parchemins qui sont dans ma cape.
"Il me faudra du calme pour apprendre les deux sorts que je viens d'acquérir..."
(bon, on va oublier les auberges alors...)" Il nous faut de la nature en ce cas."
"Où va-t-on aller? t'as pas une idée?"
"Je vois deux coins possibles : soit les docks pour que tu t'amuses avec les algues, soit dans la campagne à la sortie de la ville..."
"Moi? retournez dans les docks??? Pour jouer dans l'eau? Mais tu es complètement folle, Lirelan?"
"euh.... T'énerves pas Lothindil, je ne sais pas moi..."me répond ma Faera un peu inquiète de me voir en colère.
"Comme ça tu le sais, je supporte pas l'eau... Je ne l'ai jamais supporté. Enfin pas depuis..."
(pas depuis la mort de ma soeur en fait...)
(Excuse-moi, je ne savais pas... C'est elle, Syria, je suppose?)

Je ne répond rien... Mais mon silence en pensée comme en voix revient au même.

C'est donc dans cette ambiance assez lourde que je me détourne et que je longe les petites rues que je commence à connaître jusqu'à la porte de la ville...


es pas me conduisent naturellement aux portes Nord de la ville. Cela fait moins d'une journée que que je suis en ville et déjà je vais pour la quitter.
(Décidément, je ne suis pas faite pour rester en ville...)
(Pourtant tu finiras par t'établir... puis tu reviendras par ici.)

Les miliciens me regarde l'air surpris. Ce n'est pas courant de voir une elfe grise entrer à cheval accompagnée d'un noble et ressortir à peine plus tard à pied.
Cependant, ils me laissent parir sans problème. Pour la troisième fois en six mois je passe les portes altières de la fière cité.

Sortant de la cité, je sais qu'il me faut trouver un lieu calme.
"Tu crois qu'il vaut mieux aller où? Dans le bois, ou dans les champs?"
"Vu le bruit qui provient des champs, j'irais plutôt dans les bois par là..."
"En effet, va pour le petit bois à l'Est alors...)

Un grand bruit nous parvient, mélange surprenant du feulement d'un tigre, du miaulement d'un chat blessé et du cri de rage d'un troll. Un combat se déroule, mais pour la première fois de toute ma vie peut-être, je n'ai aucune envie de m'en mêler. (J'ai des choses faire, puis je suis blessée...)
(Tu sais, Lothindil, ce n'est pas la peine de te justifier...)

Je prend la route vers l'Est et l'Anorfain. Le bois doit être à 2 ou 3 kilomètres de la ville.
"Tu m'as dit que tu me raconterais ta dernière absorption de fluides..."
"J'ai dit ça moi?" réponds-je en jouant l'innocente.
"Oui, tu as dit ça chez le vieux marchands de magie."
"bon... si je l'ai dit."

C'est ainsi que durant tout le voyage jusqu'au bois, je raconte à ma faera mon aventure au temple de Cuilnen...
Bientôt nous arrivons à l'orée du bois. Celui-ci est assez jeune, les arbres sont dénudés par le froid de l'hiver. Une pluie fine commence à tomber, perçant à travers les fines couches de tissus qui me recouvre. Je m'arrête sous une grotte, à l'abris. de nombreux arbres et arbrisseaux sont dans les environs, cela me sera certainement utile.

Je m'assied en tailleur, le plus confortablement possible. Je vais pour apprendre les sorts, mais un mal de tête ma convainct que je ferais mieux de me reposer avant d'entreprendre autres chose. C'est donc assez paisiblement que je m'endors, roulée en boule dans cette abri de fortune. Sous sa forme d'oiseau, Lirelan vient se coucher près de moi.

Deux heures plus tard, après un repos bénéfique, je me lève. Lirelan dort encore.
(Peut-être a-t-elle besoin de plus de sommeil que moi... Après tout, je n'en sais rien.)
Doucement, je m'écarte et sous une pluie battante, je récupère de quoi faire un agréable petit déjeuner. Ces bois sont giboyeux à souhait et je décoche sans difficulté un lapin, qui accompagné de baies, sera un vrai régal pour mes papilles. Au passage, je récupère de quoi faire du feu. De retour à la grotte, je regarde Lirelan toujours assoupie avant de préparer le feu et le repas.

Bientôt, une douce odeur de viande cuite envahi notre repère. Lirelan semble le sentir car elle s'éveille.
"J'ai faim!" dit-elle en reprenant son apparence de petite fée.
"Moi aussi...profitons-en!"

Dévorant chacun un morceau de lapin chaud, nous discutons mentalement...
(Ca fait longtemps que tu es réveillée?)
(Ca doit faire deux ou trois heures quand même...)
(tu dors pas beaucoup, toi...)
(J'ai toujours dormi autant... comme tous les elfes il me semble d'ailleurs.)
(C'est vrai que tu es la première elfe que je fréquente. Bon va être temps de te mettre à tes parchemins...)
"Tu as entièrement raison Lirelan..."

Fouillant dans mes poches, je trouve les deux parchemins en question.



Calmement, j'ouvre le premier cylindre et en tire mon premier sort:
"Colère verte... voilà un sort qui pourrait m'être utile un jour..."
"Ca, il y a des chances. Vu ta manie de te battre tout le temps."
"Même pas vrai, il m'arrive de pas me battre!"
"Oui, quand tu es trop blessée pour..."

Je dois me résoudre à l'évidence, encore une fois elle a raison. Oubliant cela, je me concentre sur le sort qu'il me faut maîtriser. Le parchemin est écrit en langue elfique. Bien que je puisse lire cette langue, je ne comprend pas les mots que je prononce à voix haute. Cependant, je les répète encore et encore de manière à les mémoriser... Petit à petit, les mots se gravent dans mon esprit.
Une fois certaine qu'ils sont connus, je sors de la grotte pour me mettre au plus près de la nature. Je me concentre, je sens l'énergie terrestre qui est en moi se concentrer. Je prononce la phrase apprise à voix haute une première fois...
Rien, même une branche qui vibre. Que se passe-t-il?
(La phrase est en toi, Lothindil, comme l'est le sort maintenant. Tu dois trouver la force en toi de le lancer. De te concentrer sur cette phrase!)
(Tu as raison, je vais réessayer...)

Fermant les yeux, je me concentre sur la phrase apprise, je sens l'énergie se mobiliser en moi, je vois l'elfique du parchemin défiler devant mon regard... mais rien ne se passe, l'énergie refuse de se transformer en acte magique.
"Pourquoi, pourquoi j'y arrive pas?"
"Calme-toi deux secondes et réfléchit. C'est un sort de combat non?" me dit Lirelan avec un ton moralisateur.
Etrangement, je tolérais assez facilement qu'elle emploie ce ton avec moi, alors que pas mal de monde aurait connu mon ire pour ça...
"Oui, c'est un sort de combat!"
"Combattrais-tu les yeux fermés? Lutterais-tu sans tes armes à la main?"
"Non... Penses-tu que ça joue?"
"Je n'en sais rien, mais mets-toi dans les conditions idéales, on verra le superficiel un autre moment!"

Sans répondre, je prend mon épée de la main droite et mon sceptre de la main gauche. Je sens à nouveau l'énergie se rassembler en moi, surtout dans ma main porteuse de l'arme magique. Je vois le sort, mais à nouveau rien agit, rien du tout, pas même un brin d'herbe.
"Pourquoi ça ne marche pas? J'y suis presque pourtant!" crié-je d'une voix teintée de desespoir...
"Tente une dernière fois. N'oublies pas qu'il t'arrive de rater des sorts par moment... Puis il te manque peut-être une dernière chose..."
"Quoi donc?" demandé certaine qu'elle ait une idée derrière sa phrase.
"Un adversaire peut-être. ou tout simplement la fureur du combat..."
"Tu voudrais que j'attende d'être en plein combat pour essayer? C'est de la folie pure..."
"J'ai pas dit ça... mais tu pourrais te heurter à un adversaire non?"
"A part moi et toi, je vois personne ici avec qui lutter."
"Tu ne pourrais pas me combattre, ton coeur s'y opposerait!"
"Alors, c'est peine perdue!"
"Mais non, il y a le gibier qui pourrait être un bon combattant... Regarde, t'as pas envie d'un repas chaud?"

L'idée me paraît risible... mais elle me semble aussi être la seule. Tentant le tout pour le tout, je localise facilement un petit gibier non loin de moi: un vanneau. Cet oiseau, connu pour nicher dans les champs aime aussi se retrouver dans les forêts. De plus, cuit à la broche il ferait un met de choix.
Gardant les yeux ouverts, je pointe mon sceptre dans la direction de l'animal. Me rappellant le lapin près de Darhàm, je l'imagine comme un combattant réel. L'énergie se mobilise dans mon bras gauche. Je vois la phrase devant mes yeux. La fureur du combat a pris la part sur mon coté calme.
"Rëa SYRIA, RËA TYÄ ONORO!"

Mon cri de guerre est sorti tout seul. Après tout, c'est aussi pour elle que j'apprend cette magie. Les herbes qui sont autour de l'animal se mettent à l'enserrer, le bloquant au sol. Les branches des arbres autour se tordent et viennent étouffer ma cible. Mon sort a réussi...

Je me retourne vers Lirelan avec un grand sourire.
"J'aurais préféré être ta motivation, mais je ferais avec ta soeur..."
Je me mets à rire.
"Puis on à manger... ce qui ne sera pas de trop vu l'heure..."

En effet, l'apprentissage de mon sort m'avait pris la majorité de la matinée...

Avec l'aide de Lirelan, j'attise le feu dans la grotte. Très vite, nous obtenons des braises bonnes pour faire cuire le vanneau tué.


Roti, ce volatile fourni une chaire douce et tendre sous le palais. Moins d'une heure plus tard, nous nous retrouvons attablés devant ce bon repas.
(Enfin, attablés est un grand mot dans un lieu où nous sommes assis par terre...)
Il manque juste quelques baies, mais Lirelan, pendant que j'apprenais mon sort a été à la cueillette.
Le repas se passe vite, il me reste des choses à faire et le second sort promet d'être aussi simple que le premier.
(Ce qui promet...) soupire Lirelan d'un ton sarcastique.
"Ca va, tu crois que c'est simple toi?"
"C'est très simple quant on sait s'y prendre."
"Sous-entendrais-tu que je sais pas y faire?" demandé-je un peu vexée.
"Disons que j'ai connu des êtres bien plus adroit dans les arts magiques."
"De quoi parles-tu là?"
"D'un elfe qui a choisi une de mes soeurs comme faera. Mais apprend d'abord ton sort, je t'en parlerais plus tard..."
(Ca pourrait être intéressante ça comme rencontre à faire...)
(J'en doute pas, mais apprend déjà ton sort!)

Comme pour le premier sort, je lis la phrase à voix haute... Celle-ci, bien que je puisse la prononcer, ne semble rien vouloir dire pour moi. Pourtant, je la répète encore et encore. Je sais qu'il me la faut connaître par coeur. Peu à peu, elle se grave dans mon esprit. Quand je me sens enfin certaine qu'elle est mienne, je brûle les deux parchemins.
Je me lève prononce la phrase à voix haute, espérant que la magie va englober mes mains de lumière comme c'était le cas pour Nazca. Mais rien, je ne ressens rien. La magie ne s'est pas mobilisée...
(N'as-tu rien appris de l'apprentissage précédent?)
(Bah si, mon sort...)
"Le sort est en toi, Lothindil, tu DOIS trouver la force en toi de le lancer."
(Elle me l'a dit tantôt en effet...)
(Ca je sais que je te l'ai dit! Recommence!)

Me souvenant d'un autre conseil, je garde les yeux ouverts et me concentre sur la phrase et sur l'énergie de Yuimen qui est moi. Je sens cette fois-ci l'énergie se concentrer sur mes mains, mais rien... Aucune lumière, aucune chaleur...
"Pourquoi ça marche pas!!!"
"Lothindil, calme-toi. Tu es une druide, pas une guérisseuse. Il te faut la nature pour soigner, tu ne peux pas le faire sans matière.."
"Une feuille d'arbre ça pourrait faire une bonne matière pour un sort ainsi?"
"Par exemple, oui..."

Je me lève et d'un pas souple et rapide, quasiment enfantin en fait, je cours vers la forêt à l'extérieur de la grotte. Je cueille des feuilles différentes: l'une d'un magnifique hêtre, l'autre d'un chêne séculaire, maître de la forêt, et enfin une feuille d'érable, l'arbre des archers que l'on nomme Cùnan chez moi...
Je reviens à la grotte avec un grand sourire et regarde ma Faera:
"Tu crois que ça ira?"
"Tente toujours..." me répond-elle avec un clin d'oeil.

Assise en tailleur, je retente, me concentrant sur la formule. Je sens les fluides se concentrer en moi, mais il ne se passe rien. Soupirant je regarde le petit être près de moi:
"Que manque-t-il donc, Lirelan?"
"Ce sort peut faire beaucoup de chose. Tente de songer à tes blessures par exemple, ça devrait aider. Puis pense à la feuille aussi, sinon la magie ne marchera pas."
"Ca fait 3 choses à penser en même temps ça... Ca va pas être simple..."
"Pas simple, mais faisable. Je vais essayer de t'aider, je vais penser à la feuille... Ainsi, tu n'auras plus que la formule et tes plaies."
"Tentons ainsi" répond avec un sourire heureux.

A nouveau, je me concentre sur la formule. Le mana se concentre en moi, je le sens dans mes paumes. Toujours concentrée là-dessus, je songe à mes blessures. L'exercice s'avère très difficile mais pas irréalisable. J'entends aussi la pensée de Lirelan qui résonne dans ma tête. Bientôt, une fine lueur apparaît au bout de mes doigts. Instinctivement, je les pose sur le bout de nature sur mes genoux. La feuille du hêtre se pare d'une lumière dorée. Cette lumière diminue, laissant juste la couleur, si magnifique, si bénéfique. Je relâche enfin mes pensées, Lirelan fait de même...

"Crois-tu que nous ayons réussi, Lirelan?"
"Essaye sur une de tes petites plaies..."
Sans attendre plus, j'essaye. La feuille perd peu à peu sa couleur tandis que je ressens le bienfait, même s'il est faible. Quand la feuille tourne au gris, je l'ôte. La plaie sur laquelle je l'avais mise a disparu.

"Ca a marché!"
"En effet, maintenant, retournons à Kendra Kâr, j'ai un lieu où tu ferais bien de passer avant de retourner voir Nuilë..."
"Quel est-il? et qui est cet elfe dont tu me parlais..."
"Je te parlerais de tout ça en route. Allons-y!"

Devant le ton autoritaire de ma faera, je quitte la grotte et reprend la route vers l'Ouest, en direction de la ville Kendrane.

D'un pas serein, je me dirige vers la croisée des chemins...
"Tourne à gauche, Lothindil!"
"Mais, c'est vers la ville... il nous faut retourner chez Nuilë pour l'instant!"
"J'ai d'abord quelque chose à te montrer à Kendra Kâr"
Je soupire, mais me résigne et tourne vers la cité Blanche.
"Soit, allons-y... Mais que veux-tu me montrer?"
"Une tour! Mais je t'expliquerais en route..."
"J'ai vraiment besoin de passer les portes pour voir une tour?"
"Pas une tour, La tour!!!"

Quelques pas en silence...
(Décidement, je ne comprendrais jamais cette faera!)
(Je ne te demande pas de me comprendre... Juste d'avancer.)

L'envie me prend de répliquer soit mentalement, soit verbalement, mais je me tais et marche. Bientôt, j'arrive aux grandes portes que je franchit d'un pas serein...

"Prend la première à gauche."
"Je pourrais au moins savoir où tu m'emmènes ainsi?"
"A la tour, je te l'ai dit..."

Ce mystère qu'elle fait autour du lieu où je me rend m'agace...
"Et elle a quoi de particulier cette tour!"
"Un elfe y vivait, c'était le maître d'une de mes soeurs. Il a bien connu Nuilë a une période... C'était un magicien doué à l'extrême.
(Deuxième à droite)
Il était assoiffé de connaissances et avait un don particulier que tu comprendras un jour peut-être, mais donc je ne veux pas te parler maintenant."
"S'il y vivait, quel est l'intérêt?"
"On raconte qu'un nouveau propriétaire qui connaissait Aeon a pris la place...
(à droite)

Tout en discutant de ce "Aeon" je suis les indications de Lirelan qui semble connaître les lieux. Mais en passant devant une bâtisse, je m'arrête.

"Attends, Lirelan. Je vais d'abord passer ici. Je n'aime pas me promener avec tout cet argent sur moi..."

Je pousse la porte du bâtiment. Celle-ci est bien huilée. Une humain me regarde, je lui sourit.
(Quelque chose me dit que je peux déposer mon or ici. Il ne craindra rien...)
(C'est en effet une bonne idée. J'ai vu deux miliciens aux environs, le lieu doit être sécurisé!)

Je m'approche du comptoir et défait ma bourse pour en transvaser la plus grande partie dans une autre prise à je ne sais pas qui...

"Bonjour, messire. Je désirerais déposer cette bourse..."



(Comme si une elfe grise de mon âge ne savait pas écrire...) pensé-je en soupirant avant d'être interrompu par Lirelan.
(C'est pas tout de savoir écrire, le tout c'est de l'utiliser.)

Je sourit à cette remarque et signe la feuille avant d'y noter en langue commune et de ma plus belle écriture:
LIRELAN LOTHINDIL

Cela fait, je rends le papier au propriétaire des lieux, avant de le saluer, une main sur le coeur comme le veut les usages par chez moi...

Maintenant que je suis devant la tour, je comprend pourquoi Lirelan tient à ce que je vienne ici.
"Alors, Lothindil, tu en penses quoi..."
"Comment ai-je fais dans toutes mes ballades en ville pour ne jamais voir ce lieu?"
Je suis, il faut le reconnaître, assez époustouflée. Tout en étant très discrète, la tour s'élève dans la beauté. Les détails des sculptures sont là, beaux et fins. Tandis que j'observe en détail, Lirelan continue à parler:

"Certains racontent qu'elle n'est visible qu'à certaines personnes précises."
"Si c'est le cas, je dois être destinée à venir ici et à connaître le maître des lieux comme son propre maître a connu le mien..."

D'un pas calme, serein même, je m'avance vers la porte. Deux créatures de fer se présentent à moi, braquant leurs lances vers ma poitrine.
(Un chose est certaine, si tu étais destinée à venir, ils sont pas au courant...)
(Tu me proposes quoi? On fait demi-tour, on les tue ou on joue les pacifistes et on attend?)
(Le demi-tour est hors de question, les tuer me semble risqué, pour pas dire dangereux... Donc jouons la carte du calme.)
(Va pour le calme alors...) pensé-je en soupirant.

Ecartant ostensiblement mes bras de mon corps, je montre que je ne veux pas de mal en ce lieu.
(Tu crois que ces êtres comprennent mon action?)
(Si ce sont des golems, on peut le penser... Si ce sont des véritables automates comme j'en ai vu dans le futur, j'en doute...)
(Très rassurante, Lirelan...)

Comme nous l'avions prévu, j'attend leurs réactions avant d'agir...

Ils ne réagissent pas du tout... Chose qui sans être inquiétante, n'est pas rassurante pour si peu. Un rire clair s'élève soudain, c'est celui de Lirelan. Les êtres se redressent et reprennent leur tour de garde.
"Tu penses réellement que c'est le moment de rire?" demandé-je dépitée à voix haute.
"Pourquoi pas? Il faut absolument des moments particuliers pour rire?" répond le petit être entre deux éclats de rire.

(Je comprendrais jamais cette Faera...) pensé-je en soupirant
(mais si, c'est juste que, actuellement, tes connaissances ne te...)
(Tais-toi, quelqu'un approche.)

Effectivement, un être vient de passer la porte devant moi. Il porte une profonde capuche en tissus qui me cache l'entierté de son visage, à l'exception de ses yeux perçant, mais rassurant.

"Mon nom est Utsien et je suis gardien de la bibliothèque de ce lieu."
"Je me nomme Lothindil et je suis druide. Voici Lirelan, ma faera..."
Lirelan exécute une gracieuse courbette tout en volant, figure qui me fait sourire.

"Bien, donnez-vous la peine d'entrer. Le maître n'est pas là pour l'instant, mais si vous vous voulez bien me suivre, je serais heureux de savoir la raison de votre visite en ces lieux."
"Je vous suis, messire." dis-je en inclinant la tête en signe d'assentiment.

Durant le cours trajet, je fais à peine attention à ce qui m'entoure, trop occupée à discuter avec ma faera:
(Bon, je fais quoi, maintenant moi?)
(bah tu réponds à sa question... C'est simple pourtant.)
(Mais je ne sais pas POURQUOI je suis là!)
(T'énerves pas comme ça. Ca sert à rien!)
(Ne pas m'énerver? T'en as de bonnes, toi. Tu me fais entrer dans un lieu dont je ne sais rien et c'est à moi de me justifier!)
(T'inquiètes pas, je t'aiderais. Si je t'ai fait venir ici, c'est que j'ai une bonne raison...)
(Toi, oui, certainement... mais pas moi!)
(Mais tu es liée à moi, donc tu as aussi une bonne raison!)
(Je la connais pas, moi...)
(C'est pas grave, je te dirais ce que tu dois expliquer.)
(Vaudrait mieux...)

Enfin, nous arrivons dans un petit salon. Comment sommes-nous arrivés à ce lieu? Je serais incapable de le dire, j'ai l'impression d'avoir traversé l'équivalent de trois fois Kendra Kâr. Le salon semble être conçu pour moi: un tapis d'herbe douce sous les pieds, des arbres, des plantes, sur un décors dans les beiges, bruns et verts.

Utsien m'invite à m'asseoir sur un des sièges présents. Je m'installe sur le plus proche, tout en branchages verts.
(En tout cas, j'adore le lieu... On dirait un petit paradis pour druide, rien que pour moi...)
(Qui sait, ici...) me répond Lirelan avec mystère.

Mais avant que j'ai le temps de répondre, le bibliothécaire me pose la question fatidique:
"Bien, alors, que venez-vous faire en ces lieux?"
"Euh...."
(LIRELAN!!!)
(Dis-lui pour ma soeur... et son maître... Aeon Lilaethyr... il lui avait même donné un nom, Gloura il me semble.)
"Disons que c'est ma faera qui m'a poussé à venir ici. En effet, elle a bien connu l'ancien maître des lieux..."
(C'est quoi encore son nom?)
(Aeon Lilaethyr)
(Merci)
"Aeon Lilaethyr... elle était la soeur de sa Faera, Gloura."
(Parle-lui de ta quête des Arcanes...)
Ma voix prend soudain de l'assurance, ce terrain-là, je le connais beaucoup mieux.
"Puis, j'ai fait une promesse à Yuimen, mon Dieu... Celle de maîtriser toutes les arcanes terrestres, et si cela n'était pas possible pour la rôdeuse que j'étais alors, maîtriser toutes les arcanes druidiques. Et Lirelan m'a dit que ce lieu serait sans doute le meilleur pour cela."

Soudain je me sens beaucoup plus calme, comme en présence de mon Dieu tutélaire. Maintenant, je sais pourquoi je suis là... et je sais aussi que c'est le bon lieu si je veux progresser. Patiente, j'attend la réponse d'Utsien, certaine d'être acceptée. J'ai l'impression d'être un peu chez moi dans cette tour si étrange.

Je reste un instant abasourdie avant de réaliser réellement ce que l'homme vient de me dire.
"Mes appartements???" finis-je par exprimer à voix haute après son départ.
"Il semblerait, en effet... en tout cas, j'ai compris la même chose que toi..."
"Mais c'est magnifique..."
"C'est joli, mais un peu trop vert à mon goût peut-être..."
"Rien n'est jamais trop vert pour une druidesse. La magie qui est ici est puissante. Je peux la sentir à travers les pores de ma peau. Regarde, il y a même un nid pour toi, là-haut..."

Avais-je réellement besoin de le préciser? Je ne le pense pas au fond, car ma faera, sous sa forme de pie a déjà rejoint son perchoir.

"Regarde, il y a même de quoi faire un feu. Si j'avais su, je serais venu apprendre mes sorts en ce lieu..."
"Tu pouvais pas le savoir... Je ne le savais pas non plus d'ailleurs."

Lirelan vient se percher sur mon épaule tandis que je traverse le rideau de feuilles qui sépare ma chambre à coucher de mon salon privé. Là aussi le décor est magnifique, le lit, tout en branches de noisetier, douce et ferme est recouvert de lys blanc... La température est idéale pour le repos. Cependant, je n'ai pas sommeil.

Je m'assied sur le matelas de fleurs et dépose mon arc et mon sceptre gardant mon épée à portée de mains.

"Bon, il a parlé d'autres lieux accessibles, n'est-ce pas?"
"il me semble avoir entendu parler de bibliothèque en effet... Cela pourrait t'être utile pour développer les deux sorts nouvellement appris..."
"Pourquoi les développer, je les connais non?"
"Oui, en effet, mais pas à leur force maximum loin de là... N'as-tu pas remarqué de progrès entre ta première utilisation de ton sort "force de la bête" et la dernière contre le kodiak?"
"Si bien entendu...mais cela est dû au fait que je le maîtrise plus, et à rien d'autre..."
"Justement, grâce à certains livres, il paraît qu'on peut augmenter la force de ses sorts..."
"Mais ça doit prendre du temps de faire ça?"
"En effet, l'étude est plus longue que celle du sort en elle-même."
"Ne devrais-je pas d'abord retourner chez Nuilë pour le soigner?"
"Le problème, c'est que lui-même possède le sort que tu as appris... et qu'il l'utilise depuis plus de temps que toi, tu ne lui seras donc d'aucune utilité."
"Que me proposes-tu alors?" dis-je un peu desespérée et inquiète pour mon maître...
"Renseignes-toi sur le moyen d'augmenter la puissance de tes sorts. Apprends ce qu'il te faut apprendre. Prend le temps qu'il faut, puis seulement retourne à l'ermitage."
"Et Nuilë? J'aimerais au moins le prévenir de ce que je compte faire..."
"Je m'en occuperais demain matin. Entre ton temps de sommeil, ton temps d'ablution et ton temps de repas, j'aurais le temps de voler pas mal loin et de trouver une de mes soeurs pour lui porter le message..."
"Mais... et toi... quand dormiras-tu? quand mangeras-tu?"
"Je n'en ai pas besoin, rassures-toi pour moi... Je ne faisais ça que par imitation..."

Je reste pensive sur cette dernière phrase. Durant plusieurs secondes je ne dis rien, Lirelan, étrangement, non plus.

"Bon, on va la trouver cette bibliothèque?"
"Bonne idée, on y va." Dis-je en me levant... en laissant mes armes dans ma chambre, prenant juste mon épée...

Autant le parcours pour parvenir au salon m'avait paru long et complexe, autant celui pour rejoindre la bibliothèque me semble simple.
En effet, en moins de 5 minutes, j'arrive dans la salle de recherches.
(Par où commencer?)
(Faudrait que tu trouves des renseignements sur comment accroître sa magie...)
(J'avais compris... mais je trouve ça où, moi?)
(Bah dans un livre. Sinon, pourquoi être venues dans une bibliothèque.)
(Oui, mais dans quel livre? Je n'ai jamais fait de recherche, moi... En fait, je sais à peine lire.)
(Pour ce qui est de la lecture, c'est sans difficulté, je t'y aiderais, tu verras... C'est pour ça qu'on est deux, non?)

Je souris et parcours les rayons. C'est n'est pas les livres de magies qui manquent. Les titres ne me disent, malheureusement, rien...
(Il faudrait un trier ces manuscrits...)
(C'est pas fait, donc on fera sans... Mais peut-être que le bibliothécaire pourra t'aider...)

En effet, au bout du rayonnage se trouve Utsien, l'homme qui m'a accueillie en ces lieux. Sa capuche est toujours sur son visage, m'empêchant de le voir.
"Excusez-moi, je recherche des renseignements pour accroître la puissance de mes sorts... Je peux trouver ça où?"
Calmement, il m'indique le livre recherché. "la magie élémentaire: les bases". Je le prend de son étagère et retourne dans ma chambre pour l'étudier plus à mon aise.

La salle est toujours aussi belle et verte. Tranquillement, je m'assied à mon "bureau" et pose le livre dessus. Penchée sur la table, je décrypte les mots très aisément.
"Est-ce grâce à toi, Lirelan, que j'arrive à lire?"
"Oui, de même tu pourrais comprendre et parler n'importe quelle langue désormais."
"Ca peut être intéressant ça..."
"oui, ça a d'ailleurs déjà aidé un ami lors d'une missions sur Arda, il y a plusieurs très longues années de ça..."
"Si nous revenions à notre lecture?"
"Tu as raison..."

Le livre explique les fondements magiques, le principe de fluide, des différents niveaux des arcanes, des sorts évoluants avec le magicien...
(Ca ne m'aide pas... j'ai déjà appris tout ça par le vieux Moboutou y a plusieurs mois...)
(Ah, c'est vrai?)
(Oui, à l'époque, je ne connaissais pas la magie, mais j'avais un potentiel qui voulait se développer en moi. C'est pour ça que j'ai commencé à étudier la magie...)
(Puis tu es devenue druide... mais quand tu t'es aperçue que tu pouvais lancer tes sorts?)
(Euh... je t'expliquerais un autre jour...)

A ce moment-là, je pense d'avantage à Seheiah, Maen, Jilara, Arianne, Salmon-El et aux autres que j'avais abandonnés qu'à la rencontre avec mon Dieu suite au combat contre la fanatique... Lirelan s'est soudain tue. Sans aucun doute, elle a dû voir les images de mon départ de Darhàm.
(Pourquoi ne leur ai-je pas expliqué? Pourquoi suis-je partie sans dire "au revoir"? Peut-être les reverrais-je jamais au fond...)
(Ne t'inquiètes pas trop, Lothindil... Oui, j'ai vu les images. N'oublies pas pourquoi tu les as quittés. N'oublies pas ton but, pour Nuilë...)
(Oui, tu as raison... reprenons notre lecture...)

Toujours rien d'intéressant... Enfin, alors qu'il ne reste plus qu'une trentaine de pages, je trouve ce que je cherche:
"Il existe, réparti dans le monde, des tours et temples élémentaires... Ceux-ci, peu accessibles au commun des mortels, permettraient d'augmenter son niveau de maîtrise des sorts connus tardivement. Cependant rare sont ceux qui connaissent l'emplacement de ces haut-lieux.
Une seule exception cependant, la tour blanche, où s'apprend la magie lumineuse. Celle-ci, visible de loin se trouve dans Cuilnen, la capitale des elfes blancs de l'Anorfain..."

"La tour blanche de Cuilnen... oui, je me souviens l'avoir vue quand j'ai été au temple de Yuimen. Si c'est le seul renseignement qu'il y a... il nous faudra nous y rendre. Peut-être pourront-ils m'indiquer le lieu où je devrais trouver le temple élémentaire de la terre... encore faut-il que nous puissions accéder à ce lieu."
"Ne t'inquiètes pas, Lothindil, nous trouverons le temple de terre. Je te le promets"
"Je l'espère bien... Mais ne m'appelle plus Lothindil, mais Lothi comme le faisait si souvent ma chtite peluche..."

Tandis que je rapporte le livre à la bibliothèque, mes pensées s'égarent comme souvent, oubliant la faera...
"Tu penses souvent à cette aniathy... Qui est-elle?"
"hein... euh.. quoi..." dis-je émergeant soudain de mes souvenirs.
"C'est qui l'aniathy à qui tu penses toujours?"
"Nazca, ma chtite peluche... Elle aussi, je l'ai laissé à Naora... Je ne lui ai même pas dit "au revoir". Elle me manque tellement. C'est une jeune guérisseuse, elle aurait pu nous être utile maintenant... Mais sans doute ne la reverrais-je jamais..."
"Moi je te dis que tu la reverras... et peut-être bien plus tôt que tu peux l'imaginer..."
"Qu'entends-tu par là???"
"Tu verras bien... de toute façon, tu ne peux rien faire pour accélérer ou retarder ce temps. Il viendra quand il viendra..."

Nous arrivons à la bibliothèque où je rends poliment le livre... J'ai ce qu'il me fallait.

"Et on fait quoi maintenant?"
"Que dirais-tu de prendre un peu l'air?"
"Bonne idée... j'ai l'impression de ne pas être sortie durant des jours et des jours..."
"Ca doit faire 4 ou 5 jours que tu n'es pas sortie d'ici en fait..."
"Tant que ça?"
"C'est que ça prend du temps à lire un livre pareil..."
"Mais ... et Nuilë? il est au courant de ma recherche?"
"Ne t'inquiètes pas, Lothi... il l'est..."

Tout en discutant, je récupère mes armes et me dirige instinctivement vers la sortie que je trouve très aisément...

quittant la tour, je ressens le doux vent frais sur le visage. Il fait jour, un frisson me parcours l'échine, nous sommes en hiver. Une douce neige tombe sur les toits de la cité blanche, qui en cette occasion porte mieux son nom que d'habitude...

A pas calme, je traverse les rues que je finis par connaître. Je sais où je veux aller exactement, je veux sortir de cette ville et me rendre à Cuilnen...
(Tu vas y aller à pied, Lothi?)
(Oui, j'ai pas les sous pour m'acheter un cheval...)
(Je parle pas d'achat, juste de location. Ca te coûterait pas cher, et on sera plus vite à Cuilnen ainsi...)
(C'est une bonne idée ça. Allons donc aux écuries...)

Tandis que nous marchons, l'image de la place de la milice avec les cendres me revient en tête.
(Mais, le haras est démoli, ça ne sert donc à rien d'y aller...)
(Vas-y, tu verras bien sur place... de toute façon, c'est sur ta route.)

Suivant son conseil, je me rends tranquillement jusqu'à la place de l'hippodrome et découvre les écuries Royales.

Les écuries avaient été rénovées. Les bâtiments étaient comme neuf. Calmement, je m'approche du palefrenier, occupé à soigner ses animaux:

"Bonjour mon brave, je voudrais vous louer un cheval... Le moins cher possible..."

"Nous n'avons malheureusement plus beaucoup de possibilités... En effet, avec l'incendie, nous avons perdu plusieurs belles bêtes. Mais je peux vous proposer trois chevaux différents malgré tout..."

Tandis qu'il me conduit auprès des trois animaux, j'observe leur réaction vis-à-vis de moi. Préférant choisir un cheval moins rapide, mais plus obéissant, plus proche de moi.



Je passe devant le premier cheval, celui-ci me regarde doucement, il a confiance en moi et je sais que je pourrais compter dessus.
(Il a pas l'air mal...)
(allons d'abord voir les autres, je choisirais après.)

Je passe devant le second box. Le cheval, nerveux s'agite, les oreilles en arrière il souffle et renâcle.
(Oublie-le celui-là...)
"C'est ce que je comptais faire..."

Par contre en passant devant le troisième cheval, mon oeil est attiré. Doucement, il vient me sentir avant de passer sa tête contre mon cou. Je lui flatte l'encolure. Elle me donne une impression de force, de souplesse.
"Celui-là semble encore mieux que le premier."
"Regarde, il semble même t'apprécier..."

En effet, Louas est en train de sentir ma faera sous sa forme presque humaine. Ses oreilles sont dressées, fières. Il n'a pas peur. Je fais signe au palefrenier d'ouvrir le box. Délicatement, je prend les rennes de la monture et m'installe sur son dos. Je le monte à nu, comme toute elfe digne de ce nom. Louas se laisse faire, docile. Je commence à le mener avec les rennes. Mais cela s'avère vite inutile. En effet, il anticipe le moindre de mes mouvements.

"Lirelan, tu n'y serais pas pour quelque chose, par hasard?"
"Qu'est-ce qu'il te faire dire ça?"
"Rien...juste un doute..."

Je me retourne vers le lad à sa question:
"Je ne sais pas exactement... Pour l'instant, je dois me rendre à Cuilnen, c'est tout ce que je sais."
Prenant, la bourse de mon cou, j'en tire 10 yus que je jette au loueur.

"Voilà, je vous paye 5 jours d'avance, je payerais le reste à mon retour...

bonne journée à vous, mon brave."salué-je en partant au trot...

Ravie, je quitte rapidement les écuries sur le dos de mon cheval de location... Nous faisons corps et âme l'un avec l'autre. Très rapidement, nous nous retrouvons sur la place de la milice. Je regarde le bâtiment austère, près du temple de mon Dieu. Je souris en pensant à Yuimen.

"Bon, allons-y, nous avons beaucoup de routes à faire..."
"Oui, la route est longue jusqu'à Cuilnen."
"Surtout que nous passerons d'abord par Lùinwë, j'aimerais retourner au temple avant d'aller plus loin..."
"Comme tu le sens. Va pour Lùinwë alors!"

Très vite, nous parvenons aux grandes portes...

Tandis que je franchissais les grandes portes montée sur mon cheval, je vis une silhouette que je connaissais. Malgré la capuche, je reconnais aisément Asaliah, la drow que j'avais aidée il y a de cela plusieurs mois. A elle non plus, je n'avais pas pu dire au revoir...

(Qui est-elle?)
(Une personne que je connais à peine. Elle cherchait un homme qui avait été kidnappé. Je l'ai aidée en lui passant une carte qu'on voulait que je lui transmette...)
(Qu'est-ce qui ne va pas?)
(Pourquoi est-elle seule? Sa soeur m'a dit qu'elles l'avaient retrouvé...)
(Peut-être est-il mort ?)
(Peut-être en effet...)

Tentant malgré tout ma chance de revoir à nouveau ce visage amical, je tourne bride et m'élance vers la rôdeuse. Parvenue à sa hauteur, je m'exclame doucement:
"Asaliah?"



Heureuse de l'avoir reconnue, je descend de ma monture, Lirelan toujours sur mon épaule droite, comme à son habitude.
"Oui, c'est bien Lothindil. Je vous présente Lirelan, ma faera."

Le petit être fait une révérence en vol, action qui me sourire, comme à chaque fois.

"Je vous salue, jeune Drow..."
"Oui, je suis sur le départ, je me rend à Cuilnen pour des recherches... et vous-même?"

(Pourquoi ne lui demandes-tu pas pour son compagnon?)
(Cela ne me regarde pas...puis je tiens pas à savoir...)



Je souris à la question de la drow...

"J'ai revu Seheiah depuis notre rencontre, oui... Mais cela fait un petit temps que je l'ai quittée..."

A cette pensée, une vague sombre me traverse le coeur. Je verse une larme...
(Encore une personne à qui je n'ai pas dit au revoir... )
(Je sais, tu me l'as déjà dit...)
Changeant de sujet, je tourne la conversation vers autre chose:

"Et l'ami que vous cherchiez, ce Longinus, où est-il? Seheiah m'a dit que vous l'aviez finalement délivrer..."



Quelque chose me fait douter de ses paroles...
(Que s'est-il passé avec ce Longinus? Elle aurait donné sa vie pour lui...)
(Je ne sais pas non plus...mais ce ne sont pas nos affaires... Allons-y...)
(Tu as raison, nous avons à faire...)

Avant que j'ai le temps de répondre à sa salutation, Asaliah s'est fondue dans la foule...
(et comme toujours, je n'ai pas pu lui dire au revoir...) pensé-je en soupirant.
(Là tu aurais pu...)
(Comment peut-on dire "au revoir" à quelqu'un sans être certain de le revoir un jour? C'est un peu comme faire une promesse qu'on n'est pas certain de tenir...)
(Pourtant, je suis certaine que tu reverras encore cette drow...)
(Qui sait... à moins que tu puisses voir dans le futur, ce dont je doute...)
(Tu as raison...je ne peux pas le voir. Mais je peux le connaître quand même...)
(Tu fais ça comment???)
(Ca tu l'apprendras peut-être un jour...)

Sans m'en apercevoir, j'avais franchi la porte à la recherche d'aventure... Galopant, cheveux au vent, je me dirige plein Nord. Je sais qu'il me faudra tourner vers l'Est dans peu de temps... mais pour l'instant, je file vers le Nord.