Kamaliss a écrit:
(Nonnnnnnnn ! pourquoi faut-il qu'ils m'enlèvent comme si je venais de violer un sanctuaire sacré ! Quoi que, je ne suis peut-être pas loin de la vérité, vu ce que j'ai commis ici. Pourtant, les Dieux aiment les sacrifices... non ? Il me transporte comme un sac à patate, je ne suis pas un vulgaire légume, merde ! Je les étriperai, égorgerai, éparpillerai leurs cerveaux sur la statue de leur divinité et je finirai par les brûler vif, s'ils me libèrent. Ils ne valent pas mieux que ces stupides frères. Un jour je me vengerai même si je dois pour cela y laisser mon âme. Heureusement que je n'ai pas accès à ma dague, sinon je me serai déjà occupé de leur compte à l'heure qu'il est. Mais où m'emmènent-ils ? Je suis dans une carriole là... mais je n'arrive pas à voir où je me situe.)
Emmené et ligoté de force par les 2 prêtres du temple de Thimoros, je n'arrivais toujours pas à croire ce qui se déroulait. Après avoir assassiné mon partenaire de voyage, je me retrouvais enlever à mon insu dans un endroit encore inconnu. Probablement la prison ou dans un endroit où des autels sont érigés pour faire des sacrifices gobelins. Piégé de cette manière me rendait furieux, tous autant qu'avant. Ma rage ne s'éteignit à aucun moment depuis que je me réveillai à la suite de mon cauchemar. Ma rancoeur grimpait en volonté et en certitude.
Le soleil éclairait petit à petit l'intérieur de la charrette, une douce lumière bienfaitrice m'entoura et apaisa un peu mon aigreur. Ça me rappelait les doux moments que je passais à regarder l'aube émerveiller les beaux paysages de la campagne. Une légère mélancolie me prenais, mais rien ne virevoltant, pas assez pour me remettre sur le droit chemin. Il en aurait fallu bien plus pour me faire oublier tous les événements qui se succédaient les un après les autres.
Le véhicule s'arrêta devant dans l'enceinte d'une coure en plein air. Nous venions de franchir des grilles hautement surveillées par des gardes de la milice. Je me demandais où nous pouvions être pour un endroit aussi sécurisé. Je pouvais apercevoir des hommes mi-nus en train de se battre avec des bouts de bois en forme de sabre sur le sable. La sueur perlait déjà sur leurs corps musclés et bien entraînés. En me faisant sortir, je pus enfin comprendre où je me trouvais. J'étais dans la salle d'entraînement de l'arène de combat de Kendra Kâr. Des gladiateurs entamaient déjà leurs exercices matinaux malgré l'heure.
On me conduisit dans une cellule avec d'autres détenus. Il y avait des orcs, des assassins ou encore des gobelins comme moi, un peu trop chevronné. Nous étions tous sensé nous battre cette après-midi dans l'arène en compagnie de soldats surentraîner qui seront sensés nous tuer sous les yeux de Kendran avide de sang. D'ailleurs je n'avais jamais compris cette coutume qui consiste à faire combattre plusieurs personnes comme dans un cirque dont seul le dernier survivant ressortait vainqueur. Je voyais bien là une tradition humaine débile, regarder mourir ses propres congénères dans une sorte de spectacle. Chez nous, nous sommes bien plus civilisés...on ne laisse pas crever nos gob qui ont enfreint la loi, on les envoie à la guerre. Là au moins ils servent à quelques choses de vraiment utile !
Mais j'avais beau râlé sur ma situation plus que désespérée, je ne pouvais rien faire pour me tirer de là. Je commençais à désespérer tellement les chances de survivre face à des tueurs étaient minces. Au mieux, les autres de mon groupe auraient été suffisamment forts pour abattre nos adversaires et ainsi je ne me serai pas pris de frappes mortelles. Mais d'après ce que l'on m'avait fait sous entendre, tous étaient orchestrés pour que nous soyons les appâts et non les héros. Rien qui m'aidait réellement pour récupérer le moral.
(Et comment suis-je sensé me sortir de ce pétrin ? Je ne dois pas compter sur mes nouveaux copains d'un jour pour élaborer une stratégie digne de ce nom. Ils ont l'air tous plus idiot les un que les autres. L'orc souhaite écarter les barreaux et provoquer une émeute pour s'échapper. Bernard l'assassin veut qu'on empoisonne les gladiateurs durant leurs repas de midi, mais ça ne ferait que ralentir notre descente en enfer. De plus je vois pas mal comment nous pourrions atteindre les cuisines sans se faire remarquer. A côté, il y a aussi un voleur qui pleure toutes les larmes de son corps, il a perdu toutes foies dans la vie, voyant la mort se rapprocher de lui.)
Je m'appuyai contre le mure et me mis à réfléchir fermement à la manière d'échapper à une mort certaine. Je canalisai ma furie pour pouvoir me concentrer sur mon nouvel objectif. Je devais me servir de tous les prisonniers pour m'évader et ça n'allait pas être simple. Mais le temps, j'en avais ! Un garde nous signala que nous allions rentrer en scène au alentour de 14h, lorsque le soleil sera à son zénith et que la chaleur se fera hurlante. La déshydratation est un ennemi parfois bien plus crapuleux que le fer de l'ennemi. Il nous avait aussi dit que nous allions être armé d'une petite épée et d'un bouclier, sinon le challenge n'est pas assez « relevé » selon les spectateurs.
Durant ma longue réflexion, je me rappelai comme un flash de mon cauchemar, ou plutôt de la femme qui m'était apparue après celui-ci. Elle me demanda de venir à Mertar. Je ne savais même pas où se situait cette ville, je n'en avais jamais entendu parler même. C'est ça qui me préoccupa le plus. Et ce rêve me semblait d'un réel plutôt troublant, suffisamment bizarre pour que je m'y arrête quelques instants. Dans mon questionnement, je préférai poser tous haut ce qui me préoccupait.
« Est-ce que quelqu'un ici connaît la ville de Mertar ? J'ai entendu ce nom dans un r... par un milicien ! Et je me demandais si cette ville existait vraiment et heu... »
« Héhé bien-sûr que cette ville existe ! C'est là où je vivais avant de venir ici pour faire la vente d'armement. C'est la ville des nains ! La plus grande et la plus glorieuse parmi toutes ! On y vend les plus délicieuse bières et on y fabrique les plus précieuse armes qu'on peut imaginer dans tous Yuimen. On y extrait aussi des minerais et..."
« La feeeerrrrrmmme le nain ! On va bientôt se faire crever, alors tes histoires, on en a rien à faire. »
L'orc n'était pas d'humeur à écouter les boniments du barbu. S'il avait poursuivi son récit, il aurait décrit la raison qui l'a mené à se faire prendre par les miliciens, c'est-à-dire à vendre des armes à des assassins hautement recherchés. Il se fit attraper la main dans le sac et comme c'est un délit grave, on le punit aussi sévèrement qu'un tueur.
Néanmoins, je fus très surpris de savoir que Mertar faisait partie des villes de Yuimen. Voilà un phénomène des plus étonnant ! Au départ je m'imaginais que ce nom n'était que le fruit de mon imagination débordante, mais là... je devais me rendre à l'évidence : une elfe, ou une femme qui ressemblait à s'y m'éprendre à une elfe, m'avait convoqué à Mertar pour l'aider à je ne sais quoi...
(Moi aidé une elfe ? Non mais et puis quoi encore ? Je ne suis pas un larbin qu'on appelle comme ça et dont il suffit de donner des ordres pour que j'obéisse. Je ne suis pas de ce genre de bête moi ! Elle est même capable de venir se présenter en personne. Ce n'est même pas poli de sa part. Mais en y repensant, je ne pense pas que Kendra kâr soit réellement fait pour moi. Après une demi-journée que je suis là et je suis déjà dans l'antichambre de la mort. Pas super comme situation. Si l'orc ne jouait pas à la brute sans cervelle, j'aurai bien interrogé plus longuement le nain, mais ce n'est pas grave, je me débrouillerai bien seul. )
Le repas servis et dévoré à la vitesse d'un griffon mange une proie, je revins au sujet de départ. Le temps m'était désormais compté et je devais obligatoirement trouver une solution ou sinon je pouvais craindre le pire. Ensuite me vins une idée pas si mauvaise que ça. Pas vraiment lumineuse, mais suffisamment réaliste pour quelle fonctionne. Je pris un air posé et me leva pour prendre la parole. Cependant, je surveillais les gardes pour ne pas qu'ils me surprennent à comploter dans leur dos. Je prenais un ton très bas et mes paroles n'atteignaient jamais les oreilles des miliciens.
« Heps, voilà ce que j'ai à vous proposer... »
Au moment du verdict final, je me sentais prêt à tous surmonter. Même si nombreux étaient loin d'accepter les ordres d'un gobelin, c'était cela ou bien mourir sous les yeux des humains.
Ils avaient vraiment eu du mal à croire qu'un gob pouvait construire une tactique intelligente, certains pensaient que j'étais dominé par le fantôme d'un guerrier, d'autre que j'étais simplement un fou suicidaire pour vouloir agir comme je le pensais. Ils prenaient leurs courages à deux mains et se préparaient à se battre pour survivre. La stratégie que je leur avais soumis ne les déplaisait pas vraiment malgré les faibles chances de réussites.
Une troupe de chevalier lourdement armé vint ouvrir la cage qui nous enfermait. L'ouverture de la lourde porte résonnait comme le début d'une partie importante de nos vies. Je marchai derrière le nain pour sortir de notre prison, nous étions tous enchaîner les un aux autres comme des esclaves. Chacun gardait son calme et était prêt à répondre présent au moindre signale que je leur donnerai. On nous emmena à travers des petits couloirs très sombres et où l'humidité régnait en maître. Les cliquetis des chaussures en fer des humains contre les dalles répercutaient des notes de musiques. J'avais fait abstraction à ma colère, je l'avais mis de côté pour le moment, juste le temps d'accomplir parfaitement mon stratagème. Je ne devais surtout pas me laisser aveuglé par mon caractère ravageur et éphémère.
A l'armurerie, on nous donna à chacun soit un gourdin à deux mains, soit une épée et une rondache qui avait apparemment déjà servis lors de précédent duel. Pas de chance pour moi, on me rendit simplement ma dague qu'ils m'avaient confisqué à l'entrée, mais aussi un petit écu fortement éméché. Je l'aurai laissé tombé par terre qu'il se serait brisé en des milliers de cure-dents. Évidemment ma dague était couverte de sang séché ce qui rendait la lame lisse. Elle n'avait plus vraiment la même efficacité qu'avant. J'étais un peu déçu par cet armement précaire. Un morceau de tronc d'arbre aurait mieux fait l'affaire si ça se trouve...
On nous briffa brièvement sur le déroulement des tournois. Si je devais résumer ce qu'il nous avait dit, en gros c'était crevé, mais donné un beau spectacle à tous ceux qui sont assis dans le stade. Ils ne demandent qu'à voir du sang et des boyaux sautés dans tous les sens. C'est presque comme s'il nous demandait d'éviter de blesser les gladiateurs, mais par contre de les laisser toucher le cou pour que la tête s'élève dans les aires. Un peu trop naïf quand même pour un discoure.
« C'est partis les mecs ! »
L'orc attendais ce moment avec impatience, bien plus que tous les autres réunis. Il se précipita sur le premier homme à sa portée et lui flanqua un joli coup de tête entre les deux yeux. Et tel que prévu, ceux qui le voulaient, tentaient de tuer un soldat, ou bien de fuir dans tous les sens pour que l'ennemi ne sache plus où chercher tellement nous serons dispersés. Il fallait compter sur la chance bien entendu, si on tombait malencontreusement sur une bande d'humain armé jusqu'aux dents, dans ce cas-là les gladiateurs auraient peut-être été mieux. Mais pour ma part, j'avais toujours fait confiance en ma bonne étoile.
Il était normal que je n'allais pas me jeter sur un ennemi, je n'étais pas aussi fou que l'orc, même si l'excitation du combat attisait mon sentiment de courage et de rage. En y repensant, ma blessure me faisait à nouveau mal, la situation n'était donc pas en ma faveur. Je suivis comme je le pouvais un groupe qui s'échappa par la petite fenêtre de l'armurerie pendant que l'orc et Bertrant se chargeaient de fracasser du gentil.
Dehors nous nous retrouvâmes à nouveau dans la coures d'entraînement, l'alarme fut déjà sonné. Des gardiens couraient dans tous les sens jusqu'au moment où l'un d'eux nous remarqua et cria à l'aide pour nous encercler. Mais c'est là que servi ma tactique bien gobeline, on se dispersa dans tous les sens ! Un retourna par là où nous étions sortis, deux autres coururent vers la grille solidement fermée à double tour et enfin le nain et moi retournions en direction des petits couloirs. On courut sans relâche pendant cinq bonnes minutes tous en évitant les miliciens. Ce fût excessivement dure ne pas se faire prendre, mais le peu de luminosité était en notre faveur.
On se cacha dans une petite pièce qui se révéla être les toilettes... encore un machin inventé par les hommes et totalement inutile. Les rejets naturel sont un fertilisant pour la terre, lui priver de cette engrais est mauvais pour la germination des végétaux. En plus ça puait ferme à l'intérieur, mais une chose me rassurait, qui aurait pensé à aller fouiller les toilettes pour trouver un gobelin et un nain en cavale ? Mais nous n'étions pas encore sortis de l'auberge, loin de là. On attendit patiemment que les bruits des soldats se calmèrent pour que l'on ose à nouveau nous aventurer hors de notre cachette.
Très silencieusement on retourna sur nos pas, vers l'entrée tous en évitant toujours de se faire voir. Mes membres frissonnaient à l'idée de tomber nez à nez avec un soldat, de manière totalement imprévue. Ma colère s'était maintenant renversée pour devenir la peur d'une mauvaise rencontre. Mon instinct naturel devait reprendre le dessus sur ma folie passagère. De toute manière il m'aurait été impossible de supprimer un homme et encore plus difficile de le faire sans qu'il ne rameute une troupe invraisemblable de garde armé. La crainte et la prudence étaient mes derniers alliés, sans compter le nain qui ne semblait pas vraiment apte à réfléchir.
Le calme semblait être revenu, les autres détenus étaient en train de se faire fouetter pendant que d'autres étaient emmenés dans une charrette qui ira probablement dans une fosse commune à l'extérieur de la ville. Personne ne semblait avoir remarqué notre non présence. Je ne leur avais pas tapé dans l'oeil, ou bien ils me recherchaient toujours, mais avec moins de conviction se figurant que j'ai dû tomber sur un de leurs compatriotes.
« Voilà ce que nous allons faire, nous nous installerons dans la charrette juste au moment où elle partira et nous ferons les morts ! J'ignore si ça marchera, mais c'est la seule façon que je vois pour le moment pour nous évader sans attirer l'attention. Vu que le champ est suffisamment libre, on pourra, en courant assez vite, ne pas se faire percevoir. C'est risqué mais envisageable. Tu me suis ? »
Sa barbe avait beau légèrement bouger, aucune parole ne sortait de sa bouche, mais un petit signe de oui de la tête me fit comprendre qu'il était pétrifié, mais consentant. Il avait beau vendre des haches et des épées d'une qualité remarquable, on voyait qu'il n'aurait jamais su s'en servir et encore moins pour poignarder par sang-froid un être vivant. Il était plus compétent pour distinguer une bière d'une autre, vu sa rondeur, plutôt que de dégainer une épée de son fourreau.
On attendit le meilleur moment, deux gardes qui patrouillaient venaient de rentrer à l'intérieur d'une chambre et les miliciens qui étaient chargés de porter les cadavres venaient de finir leurs travaux. Le chauffeur se capuchonnait hâtivement et d'un coup de fouet fit avancé le cheval. Camoufflé par les bruits des roues sur les gravas, on se jeta à l'arrière de la charrette. Je faisais très bien le mort, les yeux fermé, la bouche ouverte et un peu de sang sur ma tunique pour simuler une plaie béante. Par contre, le nain, ce n'était pas vraiment ça... après quelques secondes couché sur une dépouille, il eut un cri de frayeur en voyant un homme avec les yeux révulsés et une entaille qui coupait en deux partie symétrique le crâne du mort.
Le chauffeur entendant cela, appela immédiatement les gardes croyant avoir à faire à un mort-vivant ! Il sauta de sa charrette et eu un recule de stupeur incroyable. Sa peau devenait blanchâtre tellement il croyait voir un revenant. Les gardes avaient tôt fait de venir voir le problème, mais ils étaient moins naïf, eux ! M'apercevant qu'on était à l'entrée extérieur de l'arène, je sautai sans hésitation hors de la charrette et pris mes jambes à mon coup ! Tant pis pour le nain, il fera un bon appât, il occupa suffisamment les miliciens pour que je prenne un peu d'avance, mais pas assez pour me fondre dans la foule. J'avais rarement couru aussi vite de ma vie...