Sirendor a écrit:
Il n’y aura pas de fête ce soir. C’est dommage j’aurais profité de l’occasion pour fêter mon départ, encore que je serais surement resté dans mon coin à regarder les autres s’amuser sans osé les rejoindre.
J’attaque le plat tranquillement, savourant chaque bouchée, et fait passé le tout d’une bonne rasade de bière. Ce repas à une saveur toute particulière, c’est le dernier que je prends dans la cité, et je ne sais pas, incapable de prévoir quoi que ce soit, si j’y retournerai un jour.
J’ai toujours désiré voyager, j’en ai l’occasion, ça ne me déplait pas, mais j’ai la curieuse sensation de partir en laissant quelque chose d’inachevé derrière moi. C’est le même sentiment que j’ai eu en quittant le village la première fois, un sentiment de regret ou de nostalgie.
La bière doucement annihile ces sentiments, mais n’est pas suffisante à elle seule, il va m’en falloir plus, j’en commande une troisième en jurant que ce sera la dernière. et prends le temps de la boire.
Je me morfonds dans l’alcool alors que tout autour de moi l’ambiance et gaie et chaleureuse. Les troubadours se lancent dans des improvisations rythmées, certains clients dansent en riant. Moi-même, en commandant un tonnelet de bière, je bats la mesure, discrètement, avec le pied.
Je pourrai occuper ma journée à des choses plus saines que de rester ici, à picoler, mais une incroyable flemme m’en empêche et en plus je commence à me sentir un tantinet joyeux. Plus le niveau du tonnelet et bas, plus j’ose enfin me lâcher. Je frappe maintenant allégrement dans mes mains en souriant bêtement à qui me regarde. Le fond de bière qui reste , je le bois directement aux tonneaux, une bonne partie du liquide coule sur mon menton et ma veste, j’essuie le tout du revers de la manche et éructe bruyamment. J’éclate de rire. Je n’ai presque plus aucune retenue. Je dis presque parce que je n’ose pas encore proposer une danse ou un verre ou les deux à la jeune demoiselle brune, et charmante, qui se trémousse sur la musique.
(Allez du cran, un verre ou deux et je me jette à l’eau !)
Le tavernier, prévenant , me fait porter une carafe, toujours de bière.
En fait, il me faut pratiquement vider la carafe pour trouver le courage d’aborder la danseuse. Je parcours, en titubant les trois ou quatre mètres qui nous séparent, je me place le plus prêt possible d’elle et esquisse des pas de danses maladroits. Dés qu’elle se tourne vers moi, pour me regarder je lui lance :
« Ca va ? Vous dansez bien. vous avez appris toute seule?»
Elle ne danse pas forcement bien mais il faut bien trouver un truc pour engager la conversation et c'est tout ce que je trouve à dire.