Vedd a écrit:
Après une marche rapide et silencieuse — deux points sur lesquels Maylee et moi nous accordions parfaitement — nous parvînmes à la boutique du fameux Arim Haibon, qui se trouvait de l'autre côté des murailles. Une elfe blanche... Quel passeport parfait pour entrer et sortir de Kendra-kâr ! Toutefois, lorsque les hauts murs furent derrière nous, je me sentis curieusement déstabilisé. Une route de terre bien battue, bien large et plate s'enfuyait vers un horizon étrangement désert. Seules de belles et riches fermes parsemaient les champs et les pâturages alentours. Où était le dédale de ruelles sombres ? Où étaient la foule, les égouts, les marchés ?
Nous franchîmes la porte de bois rouge aux arabesques abracadabrantes, et entrâmes dans une curieuse boutique où s'entassaient autant d'articles que de yus dans la bourse d'un contremaître. Pourtant, tout semblait parfaitement rangé. Puis, je vis le propriétaire des lieux. Il sortit de derrière un comptoir d'enfant, et s'avança d'une démarche qui tanguait. Un sourire immense illuminait son visage gamin. C'était un hobbit.
Je souris à la vue de cette petite créature ne m'arrivant qu'à la hanche. Jamais je n'avais dépouillé de hobbit... Il y en avait peu, à Kendra-kâr, et ces êtres me paraissaient trop sympathiques. Mais ce jour-là, au milieu de tout ce bric-à-brac, la tentation était grande... Peut-être un peu trop grande. Alors que Maylee et Arim Haibon s'occupaient des fioles multicolores d'une grande armoire en verre, je furetais dans la boutique, glissant mes mains un peu partout, au hasard de ce que je pouvais mettre dans mes poches. (((dés ?)))
Puis, brusquement je m'interrompis, et rejoignis l'elfe et le hobbit. L'heure était bien choisie, car Maylee sortait ses yus et payait le petit homme. Je souris timidement lorsqu'elle me montra les potions, et fus accueilli encore une fois par son sourire bienveillant. Elle remercia le hobbit, mit les flacons dans son sac et nous rebroussâmes chemin vers les remparts.
Une fois dans la cité, nous marchâmes très peu sans rejoindre le centre, pour nous arrêter devant une belle demeure dans une rue dégagée. Non... Ca ne peut pas être sa maison... C'est trop, trop de chance en une journée ! Je levai des yeux extasiés vers Maylee. Un grand jardin à l'herbe parfaitement coupée et aux allées de petites plantes exotiques entourait la maison.
« Voici la maison de mes parents, Vedd. »
Je restai coi, tandis qu'elle m'expliquait les noms compliqués des espèces qui poussaient dans leur jardin. Je crus comprendre que certaines étaient des plantes médicinales et retins ses mots machinalement, sans trop m'en soucier pour l'instant.