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Ziresh avait à peine eut le temps de concentrer son Ki que son adversaire, d'une vitesse surhumaine, l'avait déjà attaqué. Il n'eut pas même le temps de lever ses armes pour prévenir le coup qui arrivait sur sa tête. Aussi, quand il vit la lame s'abattre sur le dessus de son crâne, il crut voir sa mort arriver. Et pourtant, il n'y eut rien. Du moins, pendant une seconde seulement, il ferma les yeux en anticipant l'attaque, puis les rouvrit pour voir que le métal n'avait fait que s'arrêter sur son museau. Mais c'est alors qu'une onde de choc intense se créa tout autour du point d'impact, comme lorsque l'on emporte la poussière derrière soi en courant trop vite. Sauf qu'ici, la vitesse fut telle qu'une bourrasque d'air fit virevolter le pauvre loup. La tête en bas, dans une pirouette incontrôlée, il vit que lui seul n'était pas victime de l'attaque : même les orcs aux alentours avaient été envoyés au loin, projetés littéralement contre les murs de l'enceinte. Le loup d'argent, lui, atterrit fort heureusement sur l'arrière train. Même avec ses tassettes, la violence du choc fut suffisamment grande pour lui infliger une vive douleur qu'il tenta de contenir.
Humilié en une simple attaque qui n'en était finalement pas une, il se releva en s'aidant de la Hallebarde Protectrice, tout en se retenant de masser son coccyx qui le faisait encore souffrir. C'est alors que Vallel, dans un regard des plus méprisants et moqueurs, le provoqua encore une fois. "Une promesse qu'il n'avait su tenir."
Ces paroles, plus qu'une simple provocation quant à sa volonté de mourir debout, le touchèrent plus profondément. Il se rappela alors que tous ses regrets qu'il avait dits pour lui, il ne les avait pas cachés. Et le sergent d'Oaxaca relevait quelque chose d'important à travers sa réplique et même son attaque : Ce combat était perdu pour Ziresh. Il avait prié les dieux dans cette bataille, mais ils n'étaient pas apparus. Il avait eu un espoir infini quand il fut sur le point de l'assassiner. Mais rien n'était arrivé. Qu'avait-il pu penser, en provoquant cet homme en duel ? Comment avait-il pu croire qu'il aurait ne serait-ce qu'un dixième de la force de son adversaire pour se dresser devant lui ? Maintenant, parce qu'il avait voulu se battre pour l'honneur et pour son monde, il se retrouvait à rompre la promesse la plus signifiante pour lui. Kâhra ne connaitrait pas le repos qu'il espérait pour elle. Il voulait se battre pour l'honneur et pour Yuimen. Et s'il devait mourir, il voulait mourir pour sa cause. Mais l'honneur, la fierté, le courage... Est-ce que cela valait le sacrifice qu'il faisait de la personne qu'il aimait le plus au monde ? Est-ce que combattre un homme aussi puissant par dépit était plus significatif que de se plier face à lui et attendre le moment opportun pour réussir à sauver quelques personnes ?
Mais il était probablement trop tard pour se poser de telles questions. Il savait qu'il ne gagnerait pas ce combat, mais il savait aussi qu'il ne pourrait pas fuir non plus. Rien ne pouvait le sauver, à part peut-être une intervention divine... Ou encore l'arrivée soudaine de ses alliés. Mais rien de cela n'était possible. Puisque Vallel l'attendait, il rangea la Hallebarde dans son dos et rengaina aussi la Masamune, gardant tout de même sa patte gauche sur son pommeau. Puis il s'avança vers lui, sans le quitter des yeux. Il y avait quelque chose d'étrange dans la façon dont il le percevait : la malédiction du Dieu-Pieuvre l'avait rendu rougeoyant à travers ses yeux, mais le souvenir de sa promesse envers Kâhra avait atténué sa rage pendant un moment. C'était davantage de la tristesse qu'il ressentait.
Il reprit toutefois une position de combat. Sa jambe gauche, il la mit en arrière. Puis il attrapa son fourreau et empoigna la garde de la Masamune de la patte droite. Il était prêt à mettre en pratique son apprentissage avec le maître d'armes de Fan Ming. Tout était perdu, oui, mais il devait au moins essayer. Le Ki dont il débordait se concentra alors sur toute la partie supérieure de son corps, alors qu'il se préparait à faire jaillir la lame contre le sergent. Mais avant d'attaquer, il lui parla.
"Je m'en rends compte maintenant, oui. Il y a de fortes chances que je meure ici. Mais avant toute chose, je suis curieux... Non, j'ai besoin de savoir. Pourquoi ? Pourquoi tu fais tout ça ? Pas pour Oaxaca, mais pour toi : Pourquoi tu fais ça ?"
Seulement le temps d'une réponse. Le maître de Fan Ming le lui avait enseigné ainsi : il ne s'agissait pas d'attaquer dès qu'il était possible, mais de le faire au bon moment. Alors, puisqu'il allait devoir rester un moment à attendre cet instant qui pourrait potentiellement le sauver, il avait préféré comprendre. Il avait déjà suffisamment exprimé ses regrets envers son amour perdu et il avait bien assez compris que les dieux ne viendraient jamais aider un être aussi insignifiant que lui. Alors juste pour ce dernier instant, il décida étrangement de comprendre ce que voulait dire Vallel. Il parlait de manichéisme, d'être aveuglé. Au moins, dans son dernier acte sur ce monde, il comprendrait peut-être un peu mieux les choses. Mais il n'y a pourtant aucune bonne manière de sombrer.
------------------------------- Utilisation de CCAA : - Surprise éclair : Quand l'adversaire est juste à portée d'arme, brusquement, le personnage met la main sur la garde de cette dernière et l'autre sur le fourreau, le pouce en position pour aider à dégainer très rapidement, en profitant au passage pour tenter de frapper vivement la cible qui ne s'y attend pas forcément (For+1/lvl, esquive AA de la cible -1/lvl pour l'attaque subie)
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