L’apparition avait été claire, s’il sifflait dans l’artefact un cheval ailé apparaitrait. Il l’emmènerait ou il désirait. En voyant Ziresh se redresser et courir il comprit très vite les intentions du Lykor. Il avait été dans la confidence du don et avait reçu le même sifflet. Le loup apostropha les peaux verte qui galvanisées par les directives de l’enchanteur s’étaient lancé à sa rencontre. Thimoros l’aurait choisi, lui, l’épargnant, les garzok devaient se méfier. Sirat esquissa un sourire moqueur.

Ce que tu peux être égocentrique le loup. Tu n’es pas une parure rare dans une bijouterie. Tu n’es qu’un colifichet, Thimoros n’a que faire de toi et tu le sais.

Il l’apprécia s’arracher au tas de cadavre et se précipiter vers une direction inconnue. Ses muscles bandés et agile s’innervaient rapidement porté par un courage borné. La bête était belle et sauvage, mais désarmé. L’enchanteur ne distinguait pas le sifflet, mais il savait que tôt ou tard celui-ci l’utiliserait pour se sauver. C’est ce qu’il aurait fait s’il avait été à la place du cabot. Mais le colosse maltais avait encore besoin de lui, arriver devant Vallel avec le lykor ferait surement impression.

Voyons si Zewen accepte ton départ.

Se murmura-t-il à lui-même avant de foncer vers Zyresh. L’objectif était apparent le percuter de plein fouet et de toute sa masse afin de l’étourdir ou de faire tomber l’appeau. L’humoran aussi était fougueux, le défis proposé le galvanisait et l’excitait. Il prit de la vitesse et se jeta marteau en avant sur le fuyard.

La vélocité du lykor eut raison de la charge de Sirat. Sans même le frôler il fut esquiver avec malice et termina sa course dans un tas de cadavre. Les corps amonceler tombèrent, sans vie, sur l'enchanteur. La montagne de poupée s'ébranla et vacilla, s’affaissant mollement sur un Sirat remonté. Il poussa les corps inertes, pestant. Mais dans sa colère et sa frustration il ne put s'empêcher de remarquer que les morts ne pourrissaient pas. Aucun, peut importe sa place dans l’empilement anarchique, ne souffraient de décomposition. Cette notion venait d'être soulevé une seconde fois par son esprit et il pensa qu'il fallait en tenir compte. La mort semblait prendre une toute autre forme ici bas. Il se releva, se dégageant des pantins inanimées, quand quelques garzoks accoururent à son secoure. Il les repoussa vivement d'un geste réprobateur et rageur.

Barrez-vous ! M'avez pris pour une fillette à qui on tend le bras pour se relever ?!

C'est alors que Ziresh fier de son coup apostropha le colosse maltais courroucé, se moquant presque de lui et de sa cause. Sirat concentra son Ki et sentit le picotement répondre à sa colère.

Ma cause ?! tu n'as donc rien compris, tout ceci est déjà écrit, t'as ton déjà parler de la prophétie sur les Essérothiens? Ce massacre tout Aliaenon savait qu'il arriverait !

C'est alors que le loup porta son siflet à la bouche, sans plus écouter encore une fois les paroles de Sirat. L'humoran esquissa un sourire, voila le moment qu'il attendait. Il lui restait une dernière carte à jouer un dernier vatout qui pouvait surprendre le fuyard. Il libéra son essence accumulé dans un lasso, afin d'attraper l'appeau avant qu'il ne fasse son effet.

Le coup marcha et un lien mental se créa ramenant l’appeau au pied de l’enchanteur fier comme un paon d’avoir réussi son tour et laissant le lupin désarçonner, bouche bée de ne plus avoir le sifflet qu’il s’apprêtait à utiliser. Sirat esquissa un sourire et ramassa l’artefact le glissant dans ses affaires. Des peaux vertes ne purent s’empêcher de fanfaronner, au loin Ziresh était encore dépité de ce retournement de situation. Mais le maitre d’arme n’avait pas dit son dernier mot. Il rabroua et insulta l’humoran qui bien qu’a une distance respectable et séparé par les garzoks, entendit et s’en offensa. Il tempéra ses émotions, lui, l’incarnation de la bêtise, le lykor commençait à l’énerver, mais il comprenait trop bien son petit jeu qui voulait le voir sortir de sa réserve, il n’en serait rien. Un nuage vint obscurcir la cour, un court instant avant de laisser réapparaitre le soleil. Le Lykor dégaina son arme une hallebarde à deux mains. Dans sa lame au pâle reflet bleuté, se reflétait son pelage gris. Il toisa l’enchanteur qui accueillit l’œil sombre de son adversaire avec un rictus arrogant.

Tes actes sont aussi limpides que les eaux cristallines des océans de Moura.

Et comme pour confirmer la phrase de Sirat, le loup rendit invisible son hast et engendra un halo de fumée qui l’enveloppa. Il se préparait à l’attaquer, l’animal poussé dans ses derniers retranchements allait mordre. Il ne voulait pas le blesser, mais il devait s’en méfier il tira son bouclier pour se protéger. Cela avait trop duré, Sirat était exaspérer par tant d’obstination, Le Lykor lui ressemblait dans son opiniâtreté, mais la race canine de son ennemi et sa colère l’empêchait d’avoir assez de clairvoyance pour le comprendre. Il devait l’arrêter, mais pas le tuer. Il repensa à la pierre d’Escalroth, auxquelles il avait été exposé. Son image s’imprégna et s'empara de son esprit, l’écho de son vrombissement résonna en son sein comme si il était encore à les caresser. Son cœur s’emballa alors, un picotement rageur prenant naissance comme à l’accoutumer de ses frustrations se développa en lui. La mémoire de N’kpa, cette femme sauvage et têtu qui ne voulait jamais l’écouter, comme cet imbécile. La femme qui l’aimait. Pourquoi s’entêter, pourquoi refuser l'indéniable.

(Tu m’as trahi Sirat !)

(Non, je t’ai sauvé !)

Le bourdonnement des pierres augmentaient écrasant et malmenant sa pensée. La rage refit surface, brisant la barrière de sa raison.

(Je suis morte par ta faute, pourquoi m’as tu abandonné?)

(C’était notre destin, je t’aimais, je ne voulais pas...)

(Une bien drôle de façon de le montrer.)

Tais-toi, tout est de ta faute!

Le regard haineux il observa le lupin chargé.

Oui tout est de ta faute…

Murmura t’il vindicatif, le guerrier cendré avait fait ressurgir de bien obscur souvenir, que l’enchanteur espérait occulter. Une torture mentale, cime de son aigreur et de son exaspération, le submergeait. La larme à l’œil il serra les dents, emplit de cette rancœur. Si il pouvait contrôler à la terre il pourrait contrôler à l’âme. Tous ces morts, tout ce fracas, tout ceci allait s’arrêter, il le désirait ardemment. Ce Mécréant, celui qui était à l’origine de cette exaspération allait la partager. Il devait souffrir et se taire, les images devaient cesser, voilà tout ce qu’il désirait, ne plus souffrir, ne plus ruminer cette culpabilité. Il ouvrit son poing, il l’avait serré au sang sans s’en rendre compte et avec la douleur qu'il largua, il lâcha son affliction sur le lupin.

La colère de Sirat se perdit et s’annihila dans le vide. Il n’avait rien, du halo de fumée sortit, le vide, le lupin s’était rendu invisible. L’enchanteur contempla les garzoks s’agiter et s’époumoner comme des pantins sur une cible qui n’existait déjà plus, avant qu’un violent coup le frappe à la tempe. La surprise le brisa, et l’emporta au sol. Il ne voyait rien, immobile, sonner. Il jaugeait le ciel bleu et ses nuages moqueurs qui déambulaient nonchalamment, comme indifférent aux affres du monde. Un léger rayon de soleil brisa cet écrin opale, pour irradier la cuirasse de l’enchanteur, il ressentit cette chaleur agréable et l’apprécia. L’espace d’un instant il en oublia la forte douleur sur son crâne et sa déroute. Il délectait, a demi endormi, de la clarté pourléchant sa surface. C’est la voix du lykor qui le réveilla. Il réaffirma son opposition à l’humoran, mais affirma qu’ils étaient de la même souche. Sirat esquissa un sourire goguenard les yeux fermé pour se protégé des lueurs irradiantes.

Non, tu lui ressembles, elle était aussi têtu que toi et aussi impulsive.

Il avala sa salive et reprit.

Va, le loup, va retrouver ce camp que tu dis immaculé. Ceux-là même qui pense que des êtres comme toi et moi sommes des monstres, qui produisent l’esclavage, qui violent et qui tuent tout autant. Ces bien-pensant qui poussé par cet instinct grégaire s’unisse mais s’entre tueront dès leur ennemi commun disparu. Je ne sais pas jusqu’où ira cette prophétie, mais le destin d’Essseroth était de périr, tes tours de passe-passe n’y ont rien fait.

Il prit un court instant pour prendre une bouffé d’air. Il ne savait pas si Ziresh était encore là, mais il rajouta.

La prochaine fois qu’on se rencontrera, je ne prendrais pas de gant le loup.