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Le rouge avait toujours été ma couleur préférée sauf lorsqu’il était question du sang. La vue de ce liquide épais, fade et à l’odeur de fer ne m’avait jamais plu. Sa place se trouvait dans notre corps à y circuler régulièrement et c’était très bien comme ça.
Il n’est donc pas difficile d’imaginer mon haut-le-cœur lorsque je sortis à l’extérieur de l’habitation Essorerothienne. Rouge ! Rien que du rouge ! Le sol y était imprégné, les murs des maisons aspergés, même pas un centimètre carré n’avait été épargné. Ce liquide carmin régnait en intégralité.
Malgré cette aversion que j’éprouvais, je ne pouvais rester là sans bouger, puisqu'au-delà de la cour, une horde de monstrueuses peaux vertes, affluaient des portes toutes grandes ouvertes de la cité. Et puis, au centre de ce tapis rouge, se tenait un Egregor pâle, trop pâle, malgré sa noirceur d’origine. Appuyé sur ses genoux et non debout, sa tête levée au ciel, ses bras en croix, il semblait exténué.
Dès que je le vis, je partis à courir dans sa direction, une idée bien précise en tête. Quitter cet endroit en l’emmenant loin d’ici. Avec toujours autant d’équilibre et d’agilité, j’enjambais les cadavres d’orques, sans regarder à mes pieds, préférant demeurer concentrer en fixant mon objectif. Le sifflet en main, j’attendis d’être qu’à quelques pas d’Egregor avant de porter l’instrument à mes lèvres et de souffler. L’arrivée du cheval ailé était notre seule chance de survie dans cette ville dévastée.
Sitôt arrivé près de cet être exténué, je passai ma tête sous son épaule, entourant son bras autour de la mienne afin d’être prêt à le soulever et l’installer sur notre destrier dès son apparition.
« Il y a des survivants, gardez espoir, il y a des gens de votre peuple qui se sont évadés ! «
Je savais bien que je disais qu’une moitié de vérité. Rien ne m’affirmait que l’individu qui s’était évadé ait survécu ou qu’il fût Esserothien, mais je devais convaincre Egregor de me suivre.
Tout en ramassant le bâton d'Egregor afin de m'aider à nous soutenir, pour moi-même, pour Egregor, ou pour le cheval qui ne devait pas tarder, je m’écriai de nouveau :
« Il faut se tirer ici, tout droit à Fan-Ming, le plus près de la salle d’entraînement, pas le temps d’écrire un pamphlet sur ces saletés d’orques. »
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