Sur ce fil suspendu, Vallel écouta l’histoire de l’enchanteur. Patiemment et méticuleusement, il prit note de chaque élément, à la fin il prit la parole. Il ne cacha pas son ennui de voir Khynt mêlé à cette histoire, mais celui-ci se dissipa emporté par la contrariété de savoir l’homme loup encore en vie. Il avoua à Sirat que la mort avait une emprise différente sur ce monde et c’était pour cela que son cadavre aurait dû être brûlé. L’escorte de l’humoran ne put que courber l’échine et se faire aussi petit qu’il le pouvait, pour tenter de disparaitre sous le regard froid de son maître. Le ton était glacial, mais un sourire vint briser l'iceberg. Un contentement se dégagea alors, et l’apôtre montra un tout autre visage. Il avait une mission pour l’enchanteur. Il présenta l’orque, il se nommait Rocor Brath et avait l’étrange pouvoir de suivre n’importe qu’elle essence magique et d’en deviner la trace. Sirat fit un signe de tête en guise de salut. Il s’était fourvoyer sur son identité, mais cela n’avait aucune répercussion. La peau verte s’inclina devant vallel dans une révérence peu prononcé qui laissait apparaitre un profond respect mais pas une soumission sans faille comme ses congénères.
Vallel reprit, ce bastion avait été le retranchement d’aventurier, il s’en était enfui par l’intermédiaire de leur magie en confectionnant un portail de téléportation. Sirat était surprit mais ne laissait rien transparaitre. Le champ des possibles qui s’ouvrait devant lui était chaque jour plus important. Il continua d’écouter les ordres de mission. Et ils étaient simple, retrouver les déserteurs qui avait trouvé refuge dans une cité acquise à la cause de l’armée noire et les tuer, peu importait les moyens. Un malaise s’emparait de Sirat, la prophétie devait elle se réaliser et quel rôle devait-il jouer. Que désirait le destin.
Plonger dans l’embarras il n’eut pas le temps de s’appesantir sur ses questions existentiel. La réponse lui éclata au visage. Une nausée s’empara de lui, bien réelle celle-ci, accompagné de vertiges. La passerelle se mit à tournoyer autour de lui, ses jambes le lâchèrent, faible et désorienté par le tourbillon qui se déchainait. Pourtant tout semblait immobile, déraciné, Sirat ne comprenait plus rien. Rocor écarquilla les yeux en voyant défaillir. Le colosse maltais passa sa main sur son visage, le temps s’était stoppé, l’atmosphère n’existait plus en temps qu’éther. Vallel était ralentit et paraissait rester à l’extérieur, simple spectateur, de cet univers ou s’exhibe la défaite des sens. Le garzok s’approcha de l'enchanteur, son regard empli d’une lueur blanchâtre, opalescente et irradiante les ténèbres de son faciès torturé. Encore conscient il frôla Sirat et lui murmura qu’un Dieu se liait à lui, tout en tombant à genou.
Une angoisse terrifiante confisqua l’humoran à sa raison. Il ne pouvait la palper, mais elle était bien là, le rongeant de l’intérieur. Une épouvantable frayeur bercé par l’éloignement brutale avec la réalité. La lumière explosait, s’extirpant de chaque parcelle de l'être glauque. Tout avait été balayé, le gout n’existait plus, submergé par milles saveur, le son était devenu un murmure cacophonique qui bourdonnait son absence dans les oreilles du guerrier. Le contact était imperceptible, molletonné dans une paresthésie étrange et désagréable. L’orque s’adressa alors à lui, muet il plongea dans son esprit avec une voix n’ayant pas de saveur, sinon toutes les saveurs. Aucun timbre, sinon LE timbre universel.
« Agenouille-toi devant ton Destin, Sirat Ybelinnor, car tu es l’élu parmi tant de vivants. Agenouille-toi et prête serment au Temps. Sois le témoin des Récits du Livre, et leur émissaire sur les plans physiques. Sois le garant de l’Avenir du monde tel qu’il est écrit dans mes Pages. Prête serment, et relève-toi Zélote, Gardien du Temps. »
Elle s’imposa à lui, et le temps, sa vie le parcouru en un instant. Elle le traversa de part en part. Les éléments de chaque choses qui lui semblait individuelles et sans liens, s’assemblèrent alors pour former un tout. Son exode, sa fuite, les signes, ses défaites et ses victoires tout devint plus clairs. Ce qui n’avait pas de sens devenait éclatant. Son inconscient s’éveillait à son savoir. Il s’agenouilla. Une tension écrasait l’endroit faisant bruire les planches de bois, pansement chétif sur la dépouille de ce pont de pierre.. Un brouillard vint envahir l’endroit, ne laissant bientôt plus la possibilité de distinguer le haut du bas. Plongé dans cette étendue fuligineuse et opaque, Sirat qui était persuadé de parler au seul et unique dieu qu’il priait, prit la parole. Il ne pouvait en être autrement et la peur qui tenaillait son cœur un peu plus tôt, s’évapora pour laisser place à une certitude assurer et bienheureuse.
Zewen, je serais ton obligé, ton serviteur jusqu’à ma mort. Parle et j’exécuterais.