Pauly finit par céder à nos arguments et me légua finalement son fusil - non sans émettre un grognement peu distingué d'abord - en l’abattant violemment entre mes jambes. C'est avec difficulté que je déglutis en constatant que s'il avait dévié de quelques centimètres plus haut, je n'aurais probablement jamais pu avoir d'enfant.
C'est à ce moment là que notre voiture s'élança brusquement. La petite Luby, finalement toute seule à l'avant, avait décidé de nous faire sortir d'ici en marche arrière. Mais elle ne fit pas dix mètres que Pauly lui ordonna de s'arrêter, réalisant l'erreur qu'il avait fait en montant à l'arrière de la voiture et souhaitant prendre place côté passager. Luby pila d'un coup sec qui envoya voler des graviers un peu partout, Pauly ouvrit sa portière, se leva et se dirigea presque rapidement en direction de la portière avant droite, encouragé par les cris de la conductrice. Il fallait faire vite … La source des hurlements et du vacarme qui retentissait derrière nous s'approchait de plus en plus !
( Mais c'est pas possible, il veut tous nous faire tuer ou quoi ?? ) Pensais-je, les yeux rivés sur l'entrée du parking avec un certain sentiment d’effroi. Je profitais également de la place libérée à côté de moi pour me déplacer, me rapprochant un peu de la fenêtre qu'avait ouvert Pauly et donc de l'air frais.
Enfin, quand le fermier malodorant eut fini son manège, la voiture redémarra en trombe en crissant à nouveau dans les gravillons. Puis commença un slalome hasardeux entre les voitures stationnées un peu partout autour de nous, à la recherche de la sortie en direction du lieu-dit qu'avait évoqué David : La mare aux canards.
( J'imagine que ça doit pas être évident, avec un retro' explosé … ) Songeais-je avec une pointe d'admiration. Je n'avais personnellement jamais obtenu mon permis de conduire ... et ce n'était pas avec l'apocalypse que cela allait changer !
Le paysage baignait dans la lueur orangée du coucher de soleil, et cette marche arrière nous offrit une vision globale du parking et de l'horreur qui s'y déroulait. Déboulant du potager comme des sauvages, une horde de mutants difformes - semblables aux deux dont nous avions vaguement fais la connaissance - se ruait dans notre direction, se bousculant les uns les autres, se marchant dessus et piétinant ce qui restait des plantations sous leur charge. Ils firent voler en éclats la palissade déjà endommagée et se mirent à percuter les voitures une à une, mêlant à leurs beuglements inarticulés un vacarme de chocs métallique et de sirènes assourdissantes.
Bientôt, Luby trouva la place suffisante pour faire un demi-tour improvisé et nous purent nous élancer à pleine vitesse sur la route qui nous intéressait.
( La R14 ... ) A en croire un panneau en sale état que nous venions de dépasser.
Cependant, ces saloperies de mutants qui nous suivaient encore courraient à une vitesse effrayante. Si bien que, même à l'allure à laquelle nous allions, il nous fallut plusieurs minutes et de nombreux virages de la cambrousse pour finalement tous les semer ...
Le voyage en lui-même fut étonnamment calme, et ce n'était pas pour me déplaire. A ma gauche, l’insupportable geek qui se faisait appeler David 2.0 dormait à poings fermés. Lubie, elle, restait silencieuse, sûrement concentrée sur la route. Et Pauly, à l'avant racontait sa vie, ses "rendez-vous amoureux", ... le tout agrémenté de quelques blagues répugnantes sur les grosses à mon attention. Heureusement, je n'y prêtais guère attention, plus préoccupé par le soleil qui se couchait à l'horizon et par la tour qui s'éloignait dans notre dos.
Après presque un quart d'heure à rouler sans s'arrêter sur cette route sinueuse entourée de champs, celle-ci s'enfonça dans un petit bosquet d'arbres à la végétation florissante. Et, à l'entrée de ce bosquet, se tenait le lieu-dit que nous cherchions en empruntant cette route : "La mare aux canards", nom qui venait sans nul doute de la large mare sombre et vaseuse à la surface de laquelle flottaient quelques vieux troncs humides et au-dessus de laquelle bourdonnait un véritable nuage d'insectes.
En face de cette mare, de l'autre côté de la route, se dressait une modeste maison de deux étages, qui semblait abandonnée mais tout de même en assez bon état. Une façade blanche, deux portes, deux fenêtres, un balcon à l'étage, un toit de tuiles rouges, ... tout de ce qu'il y a de plus simple ! Enfin, à quelques mètres de cette battisse, se tenaient deux petits cabanons en bois : des toilettes extérieures.
Sûrement Pauly vit-il ces derniers car il ordonna tout d'un coup à Luby de s'arrêter, manifestant d'une façon peu discrète son envie de s'y rendre. La voiture s'arrêta donc et le paysan put quitter le véhicule. Je décidai d'ailleurs de sortir moi aussi, j'avais amplement besoin de me dégourdir un peu les jambes. J'aurais également souhaité me rendre aux toilettes ... mais la présence simultanée de Pauly dans ce genre de lieu ne m'inspirant guère plus confiance que lorsqu'il pointant son fusil sous mon nez - fusil que j'avais pris avec moi, d'ailleurs.
Faisant le tour de la voiture, je me dirigeais donc vers Lubie - la seule personne d’apparemment sensée dans ce groupe - et tentais d'engager la conversation.
« Vous allez bien ? Le voyage vous a pas trop épuisé ? » Commençais-je en tentant un sourire compatissant. « J'sais pas c'que vous en pensez, mais on devrait essayer de s'arrêter là pour la nuit ... On survivra jamais sans abri ... Par contre, 'faudrait l'explorer d'abord c'tte baraque, pour éviter d'avoir d'mauvaises surprises une fois qu'la nuit s'ra tombée. »
_________________ Je suis Kogan, le Moine Woran tigré. Mais vous pouvez aussi m'appeler Krogan, Hulk Hogan, Koganounet à la crême, Koko, Cagounet, KahounInet, le Koganator, Koganinounichounafibichibidisloubidou, Kogy, Koganichoninet, ... Ça dépend des gens ! ^^
Un grand merci à Vilnish et à Itsvara pour la signature !Je voudrais adresser un hommage aux pages 11430 à 11440, qui furent victimes de la terrible guerre du 9 avril 2012 et de ses conséquences. Rendons également un hommage aux auteurs des pages 12380 et 12381 pour leur élan lyrique et poétique ... qui retomba si rapidement dans la médiocrité ... Mais il serait injuste de ne pas avoir une pensée pour les pages 13358 à 13366, qui se sont héroïquement sacrifiées pour démontrer que BlaBla et RP ne font pas bon ménage ...
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