Nullement impressionné, mais visiblement contrarié, Ezak se contenta de répondre par une question, demandant ce qu'Azra venait faire ici.

(Décidément, impressionner les gens en jouant les durs, ce n'est pas ton truc !) pouffa Arek.

(Boucle-la, tu veux ?)

Excédé, Azra serra les dents :

« J'ai été envoyé pour une mission dont on ne m'a même pas expliqué la teneur. Ce qui n'est pas étonnant de la part d'une ville dégénérée. Je suppose que je suis censé être sous vos ordres, puisqu'on m'a dit que je saurais quoi faire une fois sur place... »

Ça ne collait pas, puisque son interlocuteur semblait avoir été aussi surpris que lui de le trouver sur la route, mais si c'était un teste, il n'allait pas répondre de but en blanc. Cependant, il ajouta :

« Ne vous faites pas de fausses idées sur ma fidélité. Avez-vous entendu parler de Tal'Raban ? N'aurait-il pas cherché un nouveau laquais ces derniers temps ? Je veux bien rester poli, mais si vous ne voulez pas que votre maître, quel qu'il soit, soit lui aussi condamné à aller chercher ses pantoufles tout seul le matin, évitez de trop me prendre de haut. »

Il s’aperçut un peu tard qu'il en avait beaucoup dit sous le coup de la colère. Il fallait s'accrocher à l'idée qu'il était en territoire Ynorien. Un sergent d'Oaxaca ne pourrait sans doute pas grand-chose contre lui, ici. Du moins, il fallait l'espérer.

Ezak ne comprit pas la moitié de ce que Azra lui signifia. Il comprit qu'il servait effectivement Oaxaca mais il ne savait pas qui était Tal’Raban. Cependant, les menaces lui firent voir rouges. Ses passions se réveillaient à nouveau, Ezak pu sentir cette idée irrésistible de mort qu’il avait en lui, sa haine prit à nouveau le dessus, comme trop souvent. C’est les muscles tremblant qu’il recula en sortant ses lames de son fourreau. Azra avait tôt fait d’aller trop loin en le menaçant ouvertement de mort et toute la sympathie qu’il avait eut pour lui s’était envoler d’un seul coup. De quel droit osait-il le considérer comme assujetti à un maître, lui, un D'Arkasse ? Nul ne le menaçait ouvertement, surtout pas un soldat à la botte d’Oaxaca.

Le regard haineux, il lui délivra ses dernières recommandations la voix tremblante.

«Cours ou bats toi ! Mais choisis bien, car quoi que tu choisisses, je compte bien te tuer.»

Le maitre d'armes lui avait indiqué tout ce qu'elle désirait, il croyait que le portail serait enseveli dans la montagne...La Shaakt n'en était pas si sûre. Si la montagne était frappée par endroit stratégique, elle était persuadée que les dégâts dans la forteresse seraient énormes sans pour autant condamner l'accès à l'autre monde. Marla adossa l'arbalète à l'armoire et prit deux poches en cuir. Elle en attacha une à chaque hanche pour répartir le poids. Une technique de camouflage basique qu'elle avait apprise durant son séjour au Valsharen Shaakt Vel'Xundussa Magthere. Cela permettait de garder les traces de pas uniformes pour éviter de donner des informations à l'ennemi. L'idéal étant de ne pas faire de traces....

Pendant qu'elle s'équipait, elle écoutait d'une oreille le discours d'Armelle qui était venue la rejoindre accompagné du Liykor. Elle ne l'aimait pas et elle était sûre que lui-même partageait ce sentiment à son égard. Armelle parla rapidement de ses missions ou tuer était le seul choix. De ce point de vue, Marla aussi tuait... Par choix, par nécessité...Mais également par plaisir, sentir la vie d'autrui s'échapper entre ses doigts, voir son regard s'éteindre dans une terreur palpable. Elle avait déjà arraché des cœurs de nombreuses poitrines pour ses noirs rituels dans le grand temple de Khonfas et elle avait aimé cela. Elle se raccrocha à cette pensée et esquissa un sourire revenant à ce qu'elle avait dit à l'assemblée auparavant.

Je vous l'ai déjà dit, devenir veldriss est la meilleure solution. Je n'espère pas que les habitants de ce monde ouvrent les yeux sur la réalité qui leur fait face, mais que certains comme vous ayant les capacités pour, ne se laissent pas aveugler par de vaines paroles de la part de conseiller inapte à prendre de bonnes décisions.

Dans ces paroles Marla, visait sans le cacher le haut commandement de Fan Ming qui était présent un peu de temps avant. Elle ramassa l'arbalète et chargea un carreau. Elle était maintenant armée, ce qui la rassurait déjà un peu. Elle jeta un coup d'œil à Ziresh, elle allait faire attention à lui. La prêtresse avait bien compris que celui-ci ne l'aiderait en aucun cas, devait-elle être encore plus sur ses gardes à son sujet? Elle l'ignora, aller rejoindre les hommes pâles la tentait également. Elle savait qu'elle devait être au front pour la gloire de sa déesse, mais la Shaakt pensait également à ramasser richesses et connaissance avant que ce monde soit détruit. Elle reprit à l'adresse d'Armelle.

Vous qui avez vu ces personnes venant du front, y en aurait-il une qui reste en retrait? J'aurais peut-être besoin d'un guide...

Hélas, le guerrier n'était pas du genre raisonnable, et il avait parfaitement compris les sous-entendus d'Azra. Écumant et au bord de la folie, il fit clairement comprendre à Azra qu'il le tuerait. Au moins cela réglait la question de son allégeance. Hélas, il était impossible de le dénoncer. La question se poserait des preuves, et au jeu des paroles, il n'y avait pas de doute sur lequel ces fichus nobles croiraient et qui ils enverraient en prison.
Le jeune homme recula, le visage glacé.

« Soit, petit chien d'une semi-déesse dévoyé. Nous nous reverrons sur le champ de bataille, en espérant, qu'il vous reste assez d'honneur pour que ce jour-là, vous vous présentiez dans votre véritable camp ! »

Il fit demi-tour dans une envolée de cape rageuse et se retira à grands pas pour descendre vers la cour. Cependant, sa main cachée par la cape était sous tension, ses sens concentrés vers le moindre mouvement qu'il sentirait derrière lui. Il était prêt à parer et riposter si ce chevalier dévoyé l'attaquait dans le dos.

(((préparation pour une éventuelle contre-attaque fatale)))

Le nécromant avait fait son choix, la fuite. Il le signifia à Ezak en tournant les talons et en le traitant de chien soumis à Oaxaca. A cet instant, l’information fit deux tours dans le crâne d’Ezak et il comprit rapidement qu’il y avait quiproquo. Depuis le début, ils étaient dans le même camp, mais trop prudents l’un et l’autre aucun d’eux n’avait voulu l’avouer. Le maître d’armes se calma et sa colère vrombissante cessa de marteler son crâne. Quelque peu soulagé, il ferma les yeux en rangeant ses lames et ne pu s’empêcher de pouffer de rire.

«Je suis parfaitement là ou je devrais être. Tu as failli mourir pour rien idiot !»

Le hobbit avait fier allure dans son nouvel équipement et ses manières arrachèrent quelques rires discrets à Rosie, toujours trop nerveuse de la présence de l’homme aux yeux rouges pour se montrer réellement enchantée. Le capitaine lui passa l’équipement qu’elle avait osé demander, acceptant tout ce qu’il avait à lui offrir, ne rechignant pas à ses suggestions. Il devait savoir mieux qu’elle. Elle les revêtit soigneusement, s’assurant que tout était bien serré et convenablement placé.

Rosie flatta l’encolure de la bête qu’on lui avait apportée, tentant ses premiers contacts avec elle. Le cheval n’avait rien de bien impressionnant, surtout aux côtés de l’étalon du capitaine ou de la splendide jument immaculée de la princesse, mais la semi-elfe aimait bien la simplicité de sa monture. Elle s’attela, tentant quelques pas, jugeant les réflexes de la bête. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas monté un cheval.

(Quand est-ce déjà?)

Rosie se sentit gênée lors que ce fut la princesse qui répondit à son interrogation. Cette dernière venait de se joindre à eux, accompagnée d’une suivante qui avait tout l’aire d’une guerrière émérites. Elle était elle aussi très jolie, laissant poindre un brin de jalousie chez la jeune brunette encapuchonnée de rouge.

(Elles sont belles le Ynorienne.)

Pendant tout ce temps, Mérové s’inquiéta peu des nouvelles arrivantes, regardant plutôt Rosie monter le cheval d’un œil noir. Il n’aimait pas la soudaine attention qu’elle donnait au nouveau quadrupède musclé alors qu’elle aurait normalement monté sur son propre dos. Ainsi, se mis t’-il en devoir de la bouder, allant renifler ailleurs, lui tournant soigneusement le dos. Il ne put poursuivre son manège longtemps, le cortège prenant déjà la route, l’ours n’eut d’autres choix que de suivre, se tenant prêt de la croupe du cheval, rendant ce dernier particulièrement nerveux. Rosie ne pouvait pas y faire grand-chose.

Une légère fumée s’échappait des lèvres de la jeune femme à chaque souffle. Le bout du nez commençant à devenir rouge et humide, elle frissonna regrettant de plus en plus un bon feu dans les foyers du palais lorsque ses bras commencèrent à picoter. Bientôt, elle ne sentirait plus sa peau. Tout en observant les patrouilles dans leurs grandes capes de fourrure, elle espérait rapidement atteindre un climat plus accommodant. Elle n’avait pas réellement prévue se rendre dans un lieu aussi froid. Elle aurait choisi ses vêtements en conséquence. Pour l’instant, elle se contenta de supporter la légère brise glacée tout le long du chemin, les bras un peu crispé, la mâchoire un peu engourdie. C’est d’une voix peu articulée qu'elle se répéta:

« Andel’Ys après demain. »

Armes aux poings, protections enfilées, montures sellées, nous étions fins prêts. La ravissante princesse Honoka fit les mêmes conclusions puisqu’elle donna le signal de départ. Aussitôt, le capitaine Hirotoshi monta sur son étalon brun à crinière noire et prit la tête de la troupe. Fier capitaine, responsable de sa troupe, il avait pris soin de nous équiper convenablement se fiant à nos besoins et à son expérience de combat. Je me sentais plus en sécurité sous les ordres de ce dernier que sous celui de l’élégant capitaine vêtu de mauve qui semblait plus préoccupé par la protection de sa ville.

Bien assise sur sa jument blanche, la princesse partit à la suite du capitaine, suivie de près par sa mignonne garde du corps montée sur une jument à la robe parsemée de nombreuses taches blanches. Tout en admirant la jeune dame au visage marqué de cicatrices, je ne pus m’empêcher de faire un rapprochement avec Duncan. Je l’imaginais sans difficulté se sacrifier pour sa maîtresse comme Duncan aurait pu faire pour Cromax. J’admirais cette loyauté et espérais qu’un jour, un être de confiance aurait une telle fidélité à mon égard. Ce fut au tour de Rosie de prendre la route, sur un cheval à la robe brune suivi de près par Mérové. Je me joignis enfin au groupe ne perdant pas Egregor du coin de l’œil par méfiance.

Nous quittâmes le palais et ses remparts pour pénétrer dans les rues de cette ville qui avait tout d’une cité militaire. C’est avec prudence que je manœuvrai ma Bella sur ces pavés rendus glissant par la neige tombée. Il n’était point question qu’elle se fracture une patte. La route tournait encore et encore, mais moi et ma monture tenions bon. Trop concentré sur la pente escarpée et la route rocailleuse, je ne pensais point à faire connaissance avec mes séduisantes compagnes de route. C’est ainsi que grelottant et les yeux rivés sur la route que nous nous rendîmes enfin aux portes de la ville.

Mais aucune attaque ne vint. Tremblant de colère, et aussi un peu de peur, Azra s'engagea dans l'escalier qui descendait vers la cour. Il savait maintenant qu'il y aurait un traître dans l'expédition d'Esseroth, mais il n'avait aucun moyen de l'empêcher. Il ne pouvait pas s'infiltrer dans le groupe 'rapide' puisqu'il avait déjà annoncé être dans le groupe à pied.
Il y avait fort à parier que la ville serait morte quand il arriverait. De plus, s'il y avait encore le moindre doute à ce sujet, il était maintenant sûr d'être définitivement interdit de séjour à Omyre. C'était tellement frustrant qu'il en avait les larmes aux yeux.

(Que vas-tu faire ?) demanda Arek.

(Que puis-je faire ? J'ai perdu ma meilleure chance d'abattre Chandakar... Tout ce qu'il me reste c'est une vaine tentative pour sauver ce monde... Et ensuite... la magie à l'air différente ici. Peut-être que si je meurs, nous disparaîtrons tous les deux...)

(Je ne saurais le dire, hélas. Mais je peux t'assurer que ta mort ne serait pas une bonne chose...)

(Tu m'étonnes... éh bien, tu devras te trouver un autre pion.)

(Azra...) gémit-elle.

(Non. Tais-toi. Si ça peut te rassurer, je te souhaite de réussir à refonder l'ordre des lords nécromants... Mais il est clair, maintenant, que ça sera sans moi. Alors, s'il te plaits, laisse-moi tranquille)

Il sortit dans la cour et se dirigea vers les écuries, interpelant les palefreniers d'un air sombre :

« Holà ! Apportez-moi ma monture, et indiquez-moi où rejoindre la troupe en partance pour Essroth, je vous prie... »

Le maître d'armes avait démontré clairement qu'il savait de quoi il parlait en expliquant l'usage de la Masamune à Ziresh. Ce dernier l'avait écouté avec beaucoup d'attention, tentant en même temps de se remémorer de quelle manière les gardes d'Ynorie l'avaient attaqué avec cette technique. Le fait qu'elle soit une arme essentiellement offensive l'arrangeait d'une certaine manière, car même avec les allonges des armes d'hast, il avait pris l'habitude de baser sa défense sur de grands mouvements. Bondir, plonger, sprinter, c'était ainsi que sa physionomie de liykor l'avait poussé à changer sa manière de se battre. Et encore, il faisait partie des plus "humains" parmi ceux de son clan. Par exemple, il ne chassait presque jamais avec ses crocs et ses griffes : cela lui servait davantage en cas d'urgence.

Quoiqu'il en soit, l'homme lui confirma bel et bien qu'il s'agissait de la Masamune de l'imperturbable, puisqu'il avait cité son nom. Ainsi, il ne s'était pas trompé en essayant de l'acquérir. Le seul problème résidait en son aptitude à l'utiliser en la couplant avec la Hallebarde protectrice. Lui qui était maître d'armes avait essayé d'utiliser deux armes en même temps, mais la technique du iaïto était bien trop complexe pour être maniée de manière aussi encombrante.
En fait, la Masamune était utile en cas de duel, fac à un tout petit groupe d'ennemis. Mais si le loup d'argent était entouré, il profiterait d'un autre avantage en ayant deux allonges. Cela dit, ses coups seraient moins fatals et précis. Mais c'était là la difficulté du combat ambidextre.
S'il voulait apprendre à s'en servir, dans tous les cas, il devait l'utiliser.

"Je vous remercie infiniment, maître. Il s'écarta un peu, se dirigeant doucement vers le centre de la pièce. Si vous me le permettez..."

Il ne fallait pas apprendre face à un ennemi qu'il ne connaissait pas. Le problème était que dans cette salle d'entraînement, il ne semblait pas y avoir de mannequin de combat. Il pouvait très bien apprendre cette technique en frappant dans le vide, mais la meilleure des solutions restait encore d'avoir une cible à frapper.

"J'aimerais expérimenter vos conseils. Auriez-vous une cible à me proposer, je vous prie ?"

Il avait une certaine honte de demander tant de conseils à un inconnu. Ce n'était pas par fierté, ni nécessairement par indépendance, mais parce qu'il avait une pensée pour la plupart de ses compagnons qui s'étaient suffisamment pressés pour aller vers Esseroth. Certains avaient passé le portail, d'autres accompagnaient la princesse... Certes, il avait fait le choix de prendre le même portail d'ici le lendemain, ce qui reviendrait à aller plus vite que le second groupe. Mais il avait le sentiment de manquer d'initiative. Cela faisait déjà un moment que, malgré l'expérience que l'on lui attribuait et qu'il se trouvait lui-même, sa confiance en lui était mise à mal. Il espérait encore pouvoir faire ses preuves quand il en aurait l'occasion.

Malheureusement, ses paroles tombèrent dans l’oreille d’un sourd. L’abruti avait déjà filer. Il était tellement lâche qu’il avait pris ses jambes à son cou et ne semblait pas savoir qu’Ezak n’était pas un ennemi pour lui. Il hésita un instant... Il pouvait très bien lui courir après, grâce au pouvoir de ses bottes, il le rattraperait aisément. Mais son attitude de couard l’agaçait un peu. Ezak n’aimait pas les lâches et il se passa bien vite alors de l’idée de l’additionner à ses plans. Il se débrouillerait seul. Au final, il arriva à la conclusion que c’était peut-être mieux qu’il le pense du côté de l’ennemi. Cela donnerait un côté plus réaliste à son rôle. Cependant, il fallait qu’il couvre ses arrières maintenant et il n’y avait qu’une seule façon de le faire.

Le maitre-d’armes fit demi-tour ouvrant la porte de la salle à manger. Ils avaient l’air tous silencieux mêmes gênés. Peut-être avaient-ils aperçu des éclats de voix, ils avaient été idiots et pour le coup pas discret. Une première erreur qui aurait pu lui en couter la vie.
Mais il était bien loin de tous ça maintenant et de ces iris grises il scruta ceux qui étaient présent. Les deux Esserothéen n’avaient pas bougés, l’Ynorien non plus et il y avait également cet homme en serviette qui avait une tête de benêt. Il lui fallait quelqu’un de confiance à Esseroth et Simaya Sombreroc s’était montré d’un naturel pragmatique, ne se laissant pas débordés par ses sentiments. C’était parfaitement ce qu’il lui fallait. Quelqu’un capable de comprendre les enjeux pour son pays, sans se laisser aller à ses émotions. Le risque restait quand même grand temps pis.

« Je dois m’entretenir avec ceux qui dirigent cette cité et j’aimerais que la demoiselle Sombreroc soit présente lors de cet entretien. Ce que j’ai à dire n’est pas bon à mettre entre toutes les oreilles et pourrait nous donner un ascendant non négligeable sur cette guerre.»

A travers son regard sévère, Ezak voulait clairement faire comprendre qu’il y avait urgence et qu’il ne plaisantait pas. Loin de là.

Lorsque Sirop avait aperçut sa future monture, un mélange de fierté et de crainte avait prit place dans son cœur.
C'était désormais son cheval. Son compagnon qui le suivrait durant cette incroyable aventure dans laquelle il avait mit les pieds. Un ami de plus, qui le sortirait sans doute de pas mal de situations plutôt dangereuses...À condition de savoir la monter.

Et c'est là que ça allait sûrement bloquer. Car si Crindor était plus petit que tout les autres animaux de l'écurie, il n'en restait pas moins beaucoup trop grand pour le jeune Hobbit.

Sans doute par paranoïa, il sentait tout les regards, celui de Rosie, Mathis, du moustachu, du forgeron pas bavard et de la princesse qui venait de revenir accompagnée d'une autre femme qui semblait en avoir déjà vu de toutes les couleurs malgré sa courte vie, braqués sur lui tandis qu'il s'approchait pour "escalader" son cheval et ainsi s'assoir sur sa selle.

Même en prenant toutes les précautions du monde pour paraître assuré, il ne pouvait échapper à un cavalier digne de ce nom que Sirop ne savait pas du tout monter.
Conscient qu'il allait sans doute être ridicule quand tout le monde s’apercevrait qu'il n’était qu'un vantard n'y connaissant rien en cavalerie, il pria dans sa tête :

(Ô, Grand Kubï, tu sais que je ne suis pas un mauvais gars, je suis même plutôt cool, alors s'il te plaît, par le goût exquis de ton meilleur vin, viens à mon aide, par pitié...)

À son grand soulagement, son Dieu sembla l'écouter. Lorsqu'il fut assis sur la selle, tout se passa très bien.
La bête, étonnamment docile suivait ses moindres directives de débutants. De lointains souvenirs revinrent en mémoire au jeune Sinari. Il fallait tirer en arrière en poussant un "Ooh" pour dire au cheval de s'arrêter, tirer à droite ou à gauche pour aller dans la direction souhaitée et tapoter les flancs de la bête avec le étriers pour qu'elle avance ou accélère.
Sauf qu'il ne parvenait pas à mettre les pieds dans les étriers et cela allait sûrement poser un gros problème pour la suite mais le Hobbit ne s'en préoccupa pas davantage.
À peine fut-il sur selle que la Princesse lança une bonne fois pour toute le départ et c'est avec excitation et euphorie que Sirop poussa un :

"On est parti !"

Armelle resta muette pendant un long moment debout avec son arc. Elle vit sa flèche passer à côté. Elle en soupira sans rien dire de plus. C'était un échec, mais on apprenait toujours. La shaakt qui avait apparemment fini ses petites emplettes dans la réserve du maître d'armes, lui posa une question. Il était certain qu'elle ne suivrait pas la même voie que les autres.

"Normalement non, ils repartent tous pour leur ville par un moyen ou un autre. Cependant, il y a une personne en trop qui ne servira pas nécessairement pour ceux qui partent en téléportation. Peut-être que vous pourriez la convaincre de vous suivre pour votre idée. Mais il va falloir se montrer diplomate, avenante et convaincante. "

La jeune archère sourit légèrement amusée par l'idée. Ce serait certainement un spectacle rare si l'elfe noire se pliait à son conseil. Elle pensait qu'il faudrait de bonnes raisons pour que la blonde suive la shaakt. Elle ne trouvait pas cela crédible une seule seconde, mais sait-on jamais.

Armelle se dirigea alors vers la réserve également du maître d'armes pour prendre deux carquois de flèches. Il était certain pour elle, qu'à Esseorth, ils n'auraient pas de flèches. Si tout le monde était des magiciens, alors ils n'en auraient pas du tout besoin. Puis la jeune femme se tourna dans la direction de Ziresh avant qu'il ne s'entraîne avec le vieux maître d'armes.

"Lorsque vous vous êtes présenté, vous avez bien dit vos titres. Si vous vous présentez avec, alors il vous faut les assumer. De quelqu'un comme vous, on attend certaines choses que l'on n'attend pas d'une simple archère comme moi. Vous devez être un exemple, vous devez vous sublimer. Vous serez un excellent dirigeant de troupes quand vous l'aurez accepté totalement. "

Un jeune palefrenier lui donna les indications en tremblant, mais refusa de lui apporter Ombros sous prétexte de la peur que lui inspirait la bête. Le jeune nécromancien haussa les épaules.

« Si tu as peur des bestioles, il fallait prendre un autre métier... »

Il entra dans l'écurie et trouva bien vite son loup. Il suffisait de suivre l'odeur.
Ombos avait bien mangé. Il avait encore les babines pleines de sang et des débris de viande déchiquetés avaient giclé jusque dans les stalles des chevaux voisins, qui se terraient le plus loin possible de fauve. En voyant les yeux brillants et les crocs sanglants, Azra comprit la réaction du garçon. Hors de question de l'admettre, cependant.

« Allons, Ombos, tu dois être gentil avec tes petits camarades... »

Le loup claqua des mâchoires en direction des chevaux.

« Oui, tu es un bon loup... »

Azra ouvrit le portail et fit sortir de loup. Chargeant le loup de ses affaires, glissant le bâton dans son dos, le jeune homme s'élança vers la sortie avec un rapide salut à l'intention des palefreniers.
Ombos, ravis d'être libre, s'élança comme le vent, suivant les instructions jusqu'à la sortie de la ville. Là, ils s'élancèrent dans un paysage de neige.