Courage ou inconscience ? Que ce soit l’un ou l’autre, Eva n’avait pas mâché ses mots lorsqu’elle s’était adressée à l’humoran accompagnant l’ouessien et celui qu’il appelait le gitan. Son audace lui aurait valu un coup de poing bien senti si elle avait été un homme.
Le grand colosse mi-homme, mi-chat d’une haute stature s’adressa à l’ensemble des esserothiens, se présentant comme l’envoyé du destin. Il les sermonna sur le comportement et leur attitude, leur disant d’accueillir leur infortune et d’embrasser leur avenir. Cela dit, il me désigna, les enjoignant de me suivre.
(Chérir la fatalité et la chérir comme un trésor ! Il ne faut pas charrier, ces gens ont tout perdu, pas seulement leur maison, mais leur famille, voire même leur identité)
Plus prudent que la belle Eva, je gardai mes commentaires pour moi. Tout en annonçant qu’il allait chercher les autres Esserothiens, l’humoran dénommé Sirat, se tourna vers Eva et lui asséna un regard pouvant en faire fondre plus d’un. Après avoir craché au sol devant la belle par mépris, il lui donna un sévère avertissement, la prévenant que la prochaine fois qu’elle s’adresserait à lui, il lui arracherait la tête. Par son ton, le débit de sa voix, sa posture, ses poings serrés, il était évident que le colosse se contenait pour ne pas trucider la belle à l’instant. Après avoir demandé à ses acolytes de surveiller pour ne pas être dérangé, il mit un genou à terre et une main sur le pavé froid.
Mon attention se tourna alors vers Xël que je n’avais vu qu’une seule fois, à mon arrivée à Fan Ming dans la salle d’entraînement, sans que je n’aie eu l’occasion de lui adresser la parole. Autant son compagnon pouvait être sérieux et fier que ce dernier avait tout d’un vagabond. Il était négligé de sa personne et insouciant de la situation présente, arborant un sourire constant et retenant même un fou rire. Son inconscience n’était peut-être qu'une apparence, puisqu’il eut l’intelligence d’approuver ma proposition et d’inciter les esserothiens de s’identifier et de me suivre à l’intérieur du palais. Avant que je ne disparaisse dans le hall du palais, il me fit une requête : lui apporter couverture et nourriture.
A mon entrée dans le palais, j’eus la surprise de me retrouver face à quelques gardes qui le quittaient rapidement, passant à deux cheveux de me bousculer, sans prendre la peine de s’excuser !
Mais un peu plus loin devant moi se tenait le maître d’armes qui affichant un air sévère qui m’était inconnu s’adressa brusquement à l’homme borgne que j’avais aperçu un peu plus tôt, l’incitant à le suivre dans la salle d’entraînement afin qu’il lui parle en privé. J’avais à peine eu le temps d’ouvrir la bouche pour lui parler qu’il était déjà à l’intérieur, laissant à ma vue une splendide femme à la peau pâle et aux yeux rouges portant des vêtements indignes de sa beauté. Ma bouche se fendit en un sourire charmant, mais elle m’ignora, preuve irréfutable de son trouble, de son désarroi. Pour ma part, je l’avais reconnu sans peine, il s’agissait de la même femme qui nous était apparue dans des dimensions hors normes lorsque nous avions été attaquées sur les plages du fleuve Andel’s. Elle se dirigea vers les plus jeunes esserothiennes et s’enquit au hasard, sans vraiment s’adresser à quelqu’un de particulier, s’il existait des soins à leur apporter.
Arthès avait dirigé ses semblables vers la porte où se tenait Eva. Cette dernière prenait les noms et le pouvoir de chaque Esserothien en note. Tous ? Non ! Un seul manquait à l’appel et c’était celui de la sombre demoiselle qui avait accompagné Alistair sur son cheval ailé. Pour ma part, bien que j’avais tendu l’oreille, je n’avais rien retenu tant ces informations étaient nombreuses. Je reluquai par contre le parchemin de la belle mage afin de pouvoir reconnaitre ce dernier et me l’accaparer le moment venu.
Les gens envahissaient à présent le hall sans vraiment savoir où se diriger, l’air perdu ou perturbé. C’est alors que je pris les choses en main en m’adressant aux Esserothiens d’une voix calme, rassurante et assez forte pour être entendu de tous.
« Je vous prierais de passer par cette porte, l’air de ce couloir est à peine tiède et l’espace restreint, vous aurez plus d’espace dans la salle d’entrainement et la température y sera plus agréable. » Dis-je tout en désignant la porte menant à la salle d’entraînement.
« Vous trouverez au fond de la salle, le nécessaire pour soigner les blessures. Mais le plus important, c’est que vous y rencontrerez un homme sage et avisé : le maître d’armes du palais. Ce dernier appellera ensuite ses servants qui s’occuperont de vous restaurer et vous fournir un endroit propice au repos. »
Cela dit, je les dirigeai tous vers ladite salle et j’y pénétrai à mon tour, sans perdre une seconde, je demandai de l’aide, sans attendre de le voir, au vieil homme, persuadé qu’il y était puisque je l’avais vu y entrer.
« Maître d’armes ! J’arrive avec un nombre considérable d’Esserothiens qui auraient besoin de vos conseils, d’un bon repas et de repos ! »
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Dernière édition par Mathis le Sam 26 Sep 2015 23:13, édité 4 fois.
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