La lame froide de l’elfe pénétra ma cuisse, s’y faufila et provoqua une douleur sourde… si intense. La souffrance montait de ma jambe et engourdissait tout mon corps… je sentais la plaie béante s’agrandir avec les mouvements de la lame, cela m’arrachait une grimace de douleur. Méraxès semblait animé d’une euphorie lugubre, un sourire de prédateur, une lueur dans ses yeux… je commençais de le craindre. Cet elfe n’était pas normal… il avait cette aura à présent, ce voile sombre corrosif, comme une brume sombre et acide…
Son expression était celle d’un tueur, elle m’emplissait de peur mais je la combattais, j’en étais forcé. Il s’excusa de m’avoir menti mais ses mots sonnaient creux… faux. Je ne voyais plus en lui qu’un monstre à l’aspect humain, un rejeton de Thimoros qui revêtait l’apparence d’un elfe timide et maladroit. La résolution m’emplissait, je sentais Rana, sa présence… bien qu’un monde nous séparât, je la sentais auprès de moi… je devais définitivement éliminer cette chose qui ne pouvait décemment être considéré comme un elfe.
J’étais toujours plongé dans un océan de souffrance dû à la lame fichée dans ma chair mais cette détermination qui me fournissait l’adrénaline nécessaire pour outrepasser mes limites était providentielle. Mon coup de Ki atteignit l’elfe dans le ventre, l’impact fut… détonnant. Méraxes se trouva propulsé sur plusieurs mètres tandis que je relâchais mon Ki avec une fureur renouvelée. Guidé par cette certitude de devoir éliminer ce monstre, je ne me retenais plus et l’envoya valser. Il percuta le pilonne de pierre centrale avec brutalité et resta immobilisé quelques instants.
Je regrettais à présent de ne pas avoir visé son cœur, j’aurais pu alors, le toucher et potentiellement le tuer sur le coup. Je devais pourtant l’avoir violemment impacté car il vacillait tout en essayant de respirer en ouvrant grand sa bouche.
(J’ai surement touché ses côtes. Je dois finir le travail… Ah Rana… pourquoi cela doit-il tomber sur moi ? Pourquoi dois-je être celui qui exécutera ta volonté ?)J’essayais de me redresser mais une soudaine fatigue me réduisit pendant plusieurs instants à un état de loque. Ma cuisse me faisait toujours atrocement souffrir, me lançait constamment… Je vis l’elfe qui se relevait péniblement, portant l’une de ses mains sur ses côtes. Il semblait souffrir le martyr, respirait avec difficulté et s’avança lentement vers moi. Il me regardait encore avec cet air haineux et bestial… Lui qui était si jeune s’était déjà perdu dans les affres de la haine et de la méchanceté…
Ses yeux me fixaient froidement… mais je ne voyais plus en lui mon compagnon. Il n’était plus qu’un adversaire.
Cela me déchirait, je savais devoir le faire, pourtant je ne pouvais m’empêcher de ressentir une pique de tristesse me perforer le cœur à cette idée. Même s’il le fallait, j’allais devoir m’abaisser à son niveau… Je ne trouvais la force qu’en Rana et ses enseignements. Elle nous apprenait à réagir en conséquence et avec sagesse. Si le tabou du meurtre devait être envisagé, il devait se faire sans haine ni rancœur… Si l’on était forcé de le faire, il était salutaire pour son âme, afin qu’elle ne soit pas hantée à jamais, d’être certain que c’était la seule manière de faire, sans oublier de n’éprouver aucune animosité.
Je le regardais et expirais en essayant d’oublier la colère qui m’animait. Mon adversaire était un monstre mais je devais le tuer sans éprouver de plaisir, j’allais le faire car j’y étais obligé, c’est tout. Je me relevais finalement avec peine. La résolution se lisait sur mon visage. Je m’équipais de mon katar celui que les Sylphes m’avaient donné. Je tentais de faire abstraction de la douleur qui partait de ma cuisse. L’énergie du désespoir me donnait des ailes.
L’elfe déclama alors qu’il était trop tard pour faire volteface, j’avais découvert sa véritable nature et je ne devais pas en réchapper. Il avouait donc lui-même que sa quiétude apparente n’était qu’un tissu de mensonge. Ses dires renforçaient ma volonté, de fer elle devenait acier, de la flamme vacillante d’une bougie elle devenait flamme d’un foyer, puissante et pulsante de ce simili de vie.
J’avais l’impression de contempler un véritable monstre, les traits de l’elfe se transformaient en un masque de malfaisance… Je regrettais de ne pas l’avoir compris avant… j’avais bien eu quelques doutes mais rien de suffisamment concret… je savais maintenant que j’aurais dû prêter oreille attentive à mon intuition et confronter l’elfe, les yeux dans les yeux.
« Vous n’êtes qu’un monstre, une abomination. Votre existence elle-même est un affront fait au monde. Mais je ne vous hais pas, cela est votre nature, voilà tout. Votre comportement risque d’empirer, qui sait ce que vous pourriez devenir… qui sait quel carnage pourriez-vous perpétuer en toute impunité. Vous devez mourir, vous qui n’êtes qu’une chose, une erreur de la nature. J’espère que votre âme trouvera la voie de la repentance… »L’expression de l’elfe devint alors solennelle, grave. Il clama alors des paroles lourdes de menace… me défia de braver l’obscure lumière, de résister à sa beauté aveuglante. Il élevait ses bras dans un geste théâtral et je vis le fluide qui se concentrait dans ses mains qui commençaient déjà de scintiller… Je me souvenais très bien de ce sort qu’il avait lancé dans la forêt et en arrivait à la conclusion qu’il allait à nouveau en appeler à ce pouvoir.
Un sourire se dessinait sur mon visage, un sourire assuré, celui d’un Sinari confiant. Ce fieffé idiot pensait m’avoir avec ce sort… il l’annonçait et gâchait tout effet de surprise. Je n’étais de mon avis qu’un piètre combattant mais il me paraissait évident que d’annoncer ses cartes avant de les abattre était fondamentalement stupide. Malgré la douleur lancinante je m’élançais en avant, je manquais de trébucher quand la jambe blessée s’appuya sur le sol mais je tins bon.
Je fus toutefois ralentit mais ne me laissait pas plus perturbé que ça. Une nouvelle fois, j’en appelais à la puissance fondamentale qui véhiculait à travers le monde… le Ki emplissait le poing armé du Katar, il fourmillait dans le creux de ma main, pulsait énergiquement. Je comptais l’achever avec ce seul coup, s’il portait j’allais lui déchirer les entrailles, les lames du katar s’enfonceraient, jusqu’à ce que mon poing lui-même atteigne son ventre, déchaînant une nouvelle fois sur lui toute la puissance du Ki.
Je baissais le regard afin de ne pas être totalement aveuglé, plissait légèrement les yeux, mon poing était maintenant emplit de l’énergie du Ki, je le dirigeais vers l’abdomen de mon ennemi avec force. Je ne voulais pas lui laisser une chance, il fallait en finir maintenant. J’étais investi de la volonté divine de Rana, je me répétais intérieurement comme un mantra que j’étais obligé de le faire, inlassablement, comme pour m’en convaincre…
(Par Rana je dois être celui qui tuera Méraxes… celui qui le délivrera, lui et son âme.)Je mettais mes dernières forces dans cet assaut je savais très bien qu’en cas d’échec, j’allais probablement mourir mais pourtant je ne ressentais ni peur ni regret. Rana me guidait, si je devais succomber, alors je serais mort en ayant fait le bon choix. Cette pensée me revigorait, je savais que mon destin dépendait de mon attaque.
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HRP =>
Tentative d'un nouveau Coup de Ki, accompagné d'un coup de Katar basique. Les lames pénètrent dans le torse et j'envoie le Ki sur Méraxes.