Sous la menace de Trà Thù, Ziresh n'avait pas prononcé le moindre mot. Son visage n'exprimait rien d'autre qu'un renfrognement inexpliqué. Il gardait des secrets dans un silence de plombs, et alors que tous s'approchèrent du lieu du carnage, Trà Thù pourra entendre Warren murmurer quelque chose à l'oreille du loup argenté avant de lui décoller une tape amicale dans le dos.

Depheline s'était effondrée, elle pleurait visiblement suite à sa colère, les nerfs venaient de lâcher la jeune femme qui se précipita dans les bras de celui qui venait de tenter de tuer Warren. Elle agrippa Trà Thù avant même qu'il ne puisse la repousser et pleura sur son épaule, blottie contre lui.

Amarante, elle, avait suivi Selen sans mot dire, et le regardait maintenant, dans la pénombre, plissant légèrement les yeux en lui souriant, un sourire qui n'avait rien de cruel, mais dans son fond n'exprimait aucune sympathie. Toute la puissance du ressentiment se jouait dans ses yeux, elle semblait apprécier Selen...

Warren et le loup ensemble, Depheline atterrée dans les bras d'un assassin fraîchement dévoilé. Le cliquetis se faisait toujours entendre, et aucun d'eux ne sembler y prêter attention, or, il était parfaitement audible.

Au dessus du lieu des corps, sur le mur, une chute de gravier attirera votre attention, dans la noirceur, il vous sera malgré tout aisé de remarquer un mouvement glissant le long de la paroi de pierre. Celui ou celle qui avait fait ça était probablement l'auteur de ces chutes, et lever la tête vous aura, à défaut de trouver l'identité de la chose, permis de remarquer la présence de nombreux pieux dans le mur, tous capable de recevoir un cordage d'escalade. Aztai dans son examen verra quant à lui trois pieux à roche entre les côtes d'un cadavre à ses pieds.

Alors qu'il recula un peu pour éviter toute confrontation directe, il entendit quelques murmures incompréhensibles près de lui. En regardant leur source, il aperçu Warren donnant une tape amicale au loup. Il pouvait être en train de remercier celui-ci pour lui avoir sauvé la vie. Mais pour le voleur, il était clairement en train de conspirer. Bien sûr ils n'arriveraient pas à leur but, il serait là pour les planter au moindre geste suspect. Oui, ils n'avaient aucune chance de le surprendre, il était bien plus vicieux et prudent qu'eux. Le moment venu, il vaincrait, mais en attendant des insectes attendaient de se faire écraser. Il se retourna vers la possible zone de combat et vit la pyromancienne foncer vers lui.

Faisait-elle partie de leur plan ? Par sécurité, il tenta de dégainer son arme, mais c'était trop tard. Elle se blottit contre lui et se mit à pleurer. Malgré toutes les épaisseurs de tissus qu'il avait, le demi-elfe sentit son mal se réveiller. Tout son corps se crispa petit à petit, ne lui laissant aucune chance de la repousser ou alors en mobilisant toute sa force. Quoiqu'il décide, il devait le faire vite, il n'avait que quelques minutes avant de perdre conscience, et elle pouvait rester là à pleurer bien plus longtemps. Il voulut prendre la parole, espérant que s'il la menaçait, elle lâcherait prise. Mais à ce moment, son esprit fut englouti.

(La même forêt que quelques jours plus tôt apparaît, les même arbres, le même temps, mais pas de bruit de poursuite cette fois-ci. La dernière fois n'aurais donc pas été un cauchemar, et à priori il avait rendez-vous encore une fois avec celui qui se prétendait être une partie de lui-même. Contrairement à la dernière fois, il prit une autre route, mais arriva vite devant la vieille maison. Le bâtard essaya de faire demi-tour, mais la porte s'ouvrit et une force l'envoya directement à l'intérieur de celle-ci. Il atterrit violemment sur le plancher, au pied d'une image de lui presque identique. Comparé à la dernière fois, où la moitié de son corps était squelettique, là, il ne lui restait plus qu'un bras dans cet état. Il se souvint de la dernière rencontre qui n'avait durer que quelques minutes et qui en réalité lui avait coûté prés d'une demi-journée. Il espérait que cela ne se reproduirait pas, car si c'était le cas et que les insectes attaqués, c'était un homme mort.

« Ne t’inquiètes pas pour ça, ma reconstitution me permettent de rendre cette zone plus rapide que le réel. Toutefois, étant là pour équilibrer ton âme, il suffit de voir mon état pour comprendre que tu t'éloigne de la neutralité. »

Alors comme ça, il était capable de lire ses pensées. Il se releva et s'assit, sachant qu'il ne pouvait rien faire, son double régnant en maître sur les lieux. De plus, il avait beau le menacer, ce n'était pas sa faute, comment pouvait-il connaître l'état de ses actions ? Et puis, il n'y avait rien dans ses souterrains permettant de faire le bien. La seule chose qu'il pouvait faire c'était éliminer la reine des insectes et pour que cela soit fait, il fallait encore attendre un peu.

« Attendre ! Depuis un moment, j'attends que tu règles cela, mais tu ne fais qu'empirer ton cas. Aucun moyen, dis-tu, mais selon toi, pourquoi depuis peu, tout ce que tu vois et entends te semblent être des menaces, pourquoi tes réactions sont aussi disproportionné. Il ne reste que peu de temps avant que je ne sois obligé de prendre le contrôle de ce corps et d'éliminer ton âme, alors rachètes-toi dès maintenant. Choisis entre sauver ton corps et perdre ton âme et risquer ton corps pour protéger celle-ci. » L’être claqua des doigts et eut tout juste le temps de rajouter. « Fais ton choix ! »)

Il reprit conscience, toujours dans la même situation. Il n'arrivait pas à comprendre ce qui se passait autour de lui et désormais une partie de son corps était paralysé. Son état s’aggravait, mais la dame ne désirait pas encore le lâcher. S'il avait bien compris les menaces de l'autre, il allait être obligé de la réconforter, choses dont il n'était pas habitué. De toute façon, il n'avait pas d'autre choix. Il fit un effort pour desserré les dent et essayer de parler, le problème étant qu'il ne avait pas du tout quoi dire.

« ...Chuuut...ça va aller...ce n'est pas grave...ce n'est pas ta faute... Allez, ressaisis toi, ces choses peuvent arriver n'importe quand, il faut être prêt à les affronter. Ils... nous te protégerons. »

Il passa ses bras autour d'elle, espérant que l'épreuve prendrait rapidement fin.

Ma sommation de silence n’eut guère l’effet escompté sur mes équipiers empotés. Chacun y alla de son petit commentaire futile sur la consistance des cadavres, leurs inquiétudes sur la raison de leur présence à cet endroit, des râles et des geignements ineptes… Je me serais cru avec des touristes qui découvraient une attraction fantasque, et en étaient déçus. Sombre, le visage fermé, je m’étais replié dans les ombres avec Amarante, qui me regardait maintenant avec un air quelque peu inquiétant. Un sourire sur les lèvres, mais qui n’avait rien de gentil ou de réellement positif. Comment l’être, après tout, dans une telle situation ? Ce sourire était accompagné d’un regard perçant, et trouble à la fois. Un regard que je ne comprenais pas. Était-ce de l’admiration, que j’y lisais ? De la peur ? De la suspicion ?

Je ne lâchai pas les doigts de la demoiselle, alors qu’au milieu de tout, Depheline s’effondrait sur le sol, en pleurs, puis se jeta sur Trà Thû pour partager son désarrois. Elle semblait avoir perdu l’esprit, à son tour. Après les mineurs, les habitants hâves de cette cité sans âme, les prêtres allumés aux humeurs changeantes, elle avait fait les frais d’une lobotomisation dans les règles de l’art. La Pondeuse avait pourri sa lucidité, pour changer sa cervelle en une bouillie ramollie à l’utilité fort amoindrie.

Mais le plus inquiétant était ce cliquetis constant, qui ne faisait qu’augmenter en intensité, et en présence. Un cliquetis qui ne sembla en rien inquiéter la plupart des membres de mon groupe. Comme s’ils étaient normaux. Comme si chacun avait accepté de périr ici, découpé en tranches par des mille-pattes géants.

Soudain, des gravillons tombèrent sur le sol, en provenance du plafond. Je levai aussitôt les yeux, reculant moi-même plus prudemment dans les ombres. Quelque chose était là-haut. Quelque chose qui bougeait, se déplaçait sur les ombres de la paroi. Quelque chose d’indiscernable. Et cette chose rampait entre ce qui semblait être des pieux d’escalade, plantés dans la roche, mais démunis de corde.

Il était temps d’agir. De frapper en premier. Une frappe de menace plus que pour terrasser l’ennemi. Une frappe qui peut-être, le ferait fuir…

Mes fluides se concentrèrent dans ma main libre, et je tendis celle-ci d’un geste brusque vers la chose qui rampait sur le plafond, le mur, les parois. Mais déjà, le fugace instant de son apparition était passé, et il ne restait en son lieu et place qu'un abîme de noirceur, sans rien à viser. J'abaissai ma main, prudent, et me tournai vers Amarante, à nouveau. Silencieux.

Les uns après les autres, chaque aventurier était venu admirer le macabre spectacle que leur offrait la mystérieuse grotte. Toujours entravés par les chaines de la peur, Aztai ne détournait pas son regard d'un cadavre à ses pieds. Un visage creux, blême, mort. Un corps sans vie, brisé, d'où trois pieu parfaitement aiguisés sortaient, recouverts d'un sang coagulé et desséché...
Concentré dans son observation, il ne vit pas la réaction des autres, qui était facilement devinable. Quelqu'un éclata en sanglot, Depheline sans aucuns doute... La pauvre jeune fille n'avait pas souvent dut voir une telle horreur dans sa vie. Aztai non plus d'ailleurs.
Le fauve en revint à son observation, et une idée germa dans son esprit.

-Je pense à un truc, commença-t-il. Hum... Ne pourrait-ce pas être l'oeuvre de la magie? Ces pieux sont des armes terrifiantes, et peuvent autant défendre une position qu'attaquer un groupe entier.

Mais alors qu'il allait détourner le regard pour demander l'avis de ses alliés, un petit éboulement éveilla tout le groupe. Dans l'ombre, quelque chose bougeait... Le woran neige sentit (pour la millième fois?) l'angoisse le saisir.

-C'est la Mère? Demanda-t-il en enfilant son casque.

Il sentit de suite un peu plus en sécurité. Portant sa main à son dos, il dégaina son estramaçon, plutôt que sa lame courte. A ce stade de leur recherche, ce ne serait sûrement pas des mouches qu'ils affronteraient...
Selen avait déjà la paume haut levée, prêt à illuminer sans aucun doute les environs. Mais l'idée de voir ce lieu maléfique comme en plein jour aurait de quoi en faire hésiter plus d'un. En garde, le félin attendit patiemment l'éclat qui leur dévoilerait Meno savait quoi...

-Eh alors? S'impatienta le félin, alors que rien ne se passait.

Tendu au possible, c'est l'oeil méfiant qu'il regarda Selen baisser le bras

La créature fuyante avait capté l'attention du groupe. Un animal ou un être de chairs était en train d'épier ou avait été attiré par le vacarme provoqué depuis votre entrée dans la cavité.

Warren lui s'était approché de la paroi, sans gêne en écrasant la main d'un cadavre qui baignait dans ses fluides asséchés. Le constat était simple, les maigres bouts de cordelettes qui retenaient certains crochets ne pourraient pas servir à l'ascension, à supposer qu'il faille grimper.

Depheline était toujours dans les bras de Trà Thù, sa respiration tombait, elle semblait moins affolée, comme si les mots du tueur avaient eu un effet apaisant, ironie du sort, elle ne lâcha pas l'homme pour autant, elle avait juste cessé de le serrer.

Amarante elle, ne pipait mot, elle restait silencieuse, souriante certes mais silencieuse. Elle se contenta juste de montrer du bout du doigt les crochets qui pouvaient être capables de retenir une corde. Warren avait lancé sans oser une tirade humoristique :

« J'crois bien qu'il va falloir grimper. Qui a la corde déjà ? Faudrait qu'elle soit solide... Enfin, Aztai est plus lourd et faudrait pas qu'il tombe encore... Même si c'est moins haut. » Il avait prononcé ces mots en regardant le Worran tout en lui faisant un petit signe marquant le fait qu'il n'y avait rien d'irrespectueux dans ses propos, propos qu'il avait d'abord pesé longuement pour éviter de se prendre une autre châtaigne.

« Et bien... Je m'attendais à ce que tu dises que le chat retombait sur ses pattes. On dirait que tu t'es calmé. Même si on t'a un peu aidé. »
S'en suivi un sourire complice peu discret qui fut réciproque sur le faciès de Warren. Ce que les deux compères avaient bien pu se dire restait suspicieux mais rien ne semblait réellement alarmant à cette heure.

Depheline elle, entre deux sanglots avait lancé à Trà Thù

« Nous... Ne sortirons jamais.»

Aztai, d'un oeil méfiant, observa Serpent escalader les parois rocheuses. Le groupe était sous tension, Aztai n'avais ne s'était même pas donné la peine de répondre à Warren qui semblait avoir enfoui son humour au plus profond de lui. Mais cependant, il avait raison. Le fauve n'était que trop peu séduit par l'idée d'escalader et de chuter une fois de plus.
Dans les ténèbres de la terre, il avait failli mourir plus de fois que dans toute sa vie entière...
Rengainant sa lame, il s'approcha d'une Depheline terrorisée.

-Gardons espoir, souffla-t-il.

Son regard s'attarda un instant sur les cadavres à ses pieds. Derrière son casque, les yeux du woran neige s'emplirent de larmes. Il baissa la gueule pour que personne ne le remarque. Craquer si près du but? Non. Il refoula ses larmes et inspira à fond. En attendant le constat de l'homme masqué, Aztai s'approcha du mur et posa sa patte. Dans un faible crissement, sa griffe traça un léger trait dans la pierre.

-Allez tout le monde, on a une mission à finir.

Le groupe était aculé, et nous devions avancer sans que la voie tracée ne soit praticable pour l’instant. Warren avait raison, tout comme Depheline. Nous n’avions que peu de chance d’en réchapper, et la grimpette semblait forcée, bien qu’actuellement totalement impraticable. Et Amarante, elle, souriait. Et curieusement, je trouvai ce sourire de plus en plus malsain. Comme s’il n’était qu’illusion. Elle n’était pas comme ça. Pas souriante, pas attachante. Elle se montrait détestable avec tout le monde, la veille et là… elle avait changé de personnalité. Je ne me faisais toujours pas à l’idée que ce soit possible.

Serpent, se dotant de gants au pouvoir surprenant, affirma vouloir prendre les devants en grimpant sans corde ni filet la paroi qui nous attendait. N’ayant pas de corde à portée de main, je me contentai de le regarder s’équiper et commencer l’escalade. Aztaï rappela pourtant bien vite que devions tous œuvrer, et malgré mon impuissance face à la situation, je guettai alentour pour percevoir une autre voie à prendre, une faille dans la roche, si mince, étroite soit-elle.

Ma main était toujours dans celle d’Amarante…

Suite aux paroles du voleur, Depheline cessa de le serrer et sembla légèrement se calmer. Mais ce ne fut point suffisant pour mettre fin à l'étreinte mortelle de la jeune éplorée. Le voleur commençait la peur montait en lui, ce n'était pas la première fois qu'il la ressentait. Mais cette fois-ci, ce n'était pas un combat où la chance et les capacités avaient leur places, pour s'en sortir il devait dire les mots qui convenaient alors qu'il ne les avait presque jamais utilisés et qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait rajouter à sa précédente déclaration. Il releva la tête, cherchant parmi ses alliés de l'aide, mais aucun ne sembla comprendre qu'il en avait besoin.

Ils étaient occupés à chercher un chemin pour continuer à avancer et à priori il allait leur falloir grimper. Suite à ses récents problèmes, Warren se demanda s'il ne fallait pas d'abord assurer la monté avant que les plus lourds ne fassent l’ascension. Il laissa même passer une vanne comme le fit remarquer un autre. Étant l'un des plus légers des hommes de la troupe, Trà pensa enfin avoir trouver une raison de s'éclipser des bras de la pyromancienne sans que cela ne lui coûte son âme. Mais avant qu'il ne penne la parole, Serpent s'était déjà proposé et avait un atout de choix, ses gants à ventouses. De plus, il fallait aussi compter sur son masque pour lui protéger le visage d'une quelconque attaque durant l'escalade.

Toutefois, il eut le droit à une seconde chance, venant de sa tortionnaire elle-même alors qu'entre deux sanglots, elle exprima sa crainte qu'aucun ne sortent vivant. Que tout le groupe soit tué, il y avait peu de chance, mais si ça continuait c'était lui le prochain sur la liste des morts. Il se reprit, espérant qu'en la réconfortant à ce sujet, il pourrait se sortir de cette situation. Il lui chuchota :

« Mais non... On va s'en sortir ! Les morts que l'on peut voir, ne sont que des anciens membres de leur ville, ils ont été sacrifié, sans la moindre possibilité de se défendre. Mais nous nous sommes armés et déterminés, nous avons toutes nos chances. Et pour les conserver, il est temps de se mettre au travail et d'arrêter de se morfondre. Nous devons avancés avec le moins de doutes possible et en se serrant les coudes, si on veut s'en sortir indemne. »

Il espérait que ses paroles allaient être bénéfiques. Ils avaient été loin d'être le plus réconfortant, mais il était difficile de faire mieux, sans avoir la moindre foi dans ses dires. Pour lui, il était clair qu'il y aurait au moins un mort supplémentaire avant la fin de la mission et que la solidarité ne serait pas forcément une force. Il était prêt à sacrifier n'importe lequel de ses alliés, pour sauver sa vie.

« Sortir indemne... » Depheline lâcha l'assassin, la mine baissée, elle recula, ne semblant plus y croire, elle ricanait nerveusement et s'adossa enfin sur la paroi que Serpent était en train d'escalader avec succès.

Amarante serrait la main de Selen avant de la lâcher. Elle fit quelques pas, à l'image d'une poule perdue et rajusta sa longue chevelure dont le parfum s'en alla jusqu'aux narines de son compagnon d'infortune. Serpent venait de poser la botte sur la surface, baignée dans une pâle lumière provenant des champignons lumineux.

Il n'y avait pas grand chose si ce n'était qu'une immense boîte de bois rongé et moisi, de la taille de l'homme, elle était ouverte au dessus du gouffre, à en juger les traces de sang et l'odeur de mort qui y régnait, les cadavres trouvés ci-bas venaient bel et bien de cette fosse commune portative. Mais une découverte plus intéressante se trouvait à ses pieds. Un long rouleau de corde était soigneusement enroulé autour d'un pan de roche. La poussière et la surface du roc était meuble, comme si elle venait d'être remuée. Cependant, aucune trace de pas ou de pattes ou quoi que ce soit de réellement visible.

Un bruit cependant ne manquera pas de frapper l'attention du voleur, derrière lui, un cliquetis se fit entendre sur le plafond, et bien que s'il se retournait rapidement, l'origine de ce bruit passera rapidement au dessus de sa tête avant de disparaître dans le noir qui baignait le reste du boyau dont il ne distinguait rien pour l'instant.

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Si Serpent décide de vous jeter la corde déjà présente en haut, il y aura un ordre de passage pour les PNJ, la première à grimper sera Amarante, Depheline, Warren et Ziresh. Retrouvez-vous à l'étage si j'puis dire.

C'est avec aisance que Serpent atteignit le sommet du mur rocailleux. Ses griffes avaient eut raison de la pierre, en irait-il de même pour le fauve? Il craignait chuter de nouveau, cependant, flirter avec la mort encore une fois lui parut normal... cet endroit le rendait fou.
Chaque pas qu'Aztai faisait le rapprochait soit un peu plus de son but, et de sa liberté, soit un peu plus du monde des défunts. Il avait tant à faire. Des images circulaient dans sa tête, il avait quitté Nirtim si vite, laissant derrière lui ses amis, sa famille, son peuple se faire massacrer par les soudards d'Oaxaca. Son pire ennemi, présent sur le champ de bataille alors que les worans allaient gagner la bataille. L'angoisse saisit le coeur du félin qui manqua tressaillir devant ces sombres souvenirs. Et le pire, c'était l'errance dans laquelle il se perdait jour après jours, celle de ne pas savoir si ses proches étaient en vie ou non: son père, l'Ancien, Waor et les autres, sans oublier Gaora. C'est en silence qu'Aztai adressa une prière à Meno: qu'il veille sur eux en attendant son retour.
Cette grotte paraissait bien minable à côté des malheurs que vivait le woran neige. Et pourtant, au fond de ces parois rocheuses se trouvait peut-être la solution, sa solution.

Reprenant ses esprits, Aztai leva son regard vers Serpent, désormais bien haut.

-Il y a quelque chose? Demanda-t-il alors que sa voix grave résonnait sur les véritables barreaux que formait la roche, les barreaux d'une prison, une prison pour des exilés tels qu'eux.




(Hrp: je compte poster un petit rp sur l'éventuelle escalade, si j'ai le temps, une fois que vous aurez tous posté. Là j'avais juste besoin d'écrire un coup)

Ma main s'abat sur le bord de la faille, et après quelques tâtonnements hâtifs de la paume, la magie des gants adhère à une surface plane et me permet de me hisser sur la plate-forme rocheuse. Je me relève doucement en secouant mes membres pour chasser la tension de l'escalade et envoie un rapide regard circulaire, en plissant les yeux. Il n'y a pas grand chose, toutefois, je ne peux manquer l'énorme caisson, ouvert vers le vide et surplombant mes camarades en contrebas.

Alors que je m'approche, l'odeur caractéristique et insidieuse de la charogne et du sang tournant au boudin, vient s'infiltrer dans mon masque et me fait pour la énième fois dans cette aventure, frisonner de dégoût. Et pourtant, Rana sait combien de fois le vent de la putréfaction m'avait caressé le nez. J'en avais croisé, des cadavres, des légions de zombies lâchés sur Darhàm et auxquels moi et quelques aventuriers avions mis bon ordre. Mais là, c'était un stade de mort terminale, plus glauque, plus viscérale et plus terrifiante que des pantins de chairs pourries.

Je me détournais de ce cercueil géant qui puait comme milles derrières. Au même moment, la voix rauque et gutturale du Woran quémandait des nouvelles.

"Deux minutes, mon cher ami poilu ! Ne soyez pas si pressé de monter en haut, la vue n'offre rien de spectaculaire et si vous vous attendez au parfum des edelweiss, je peux vous dire qu'on est bien loin du compte" lancé-je, avant de continuer l'analyse du lieu avec minutie.

Toujours près du bord, sagement accrochée à un pique rocheux, une corde me fait de l’œil et je m'en approche d'un pas leste. Tirant sèchement dessus à plusieurs reprises pour en vérifier la qualité, ce n'est qu'une fois satisfait que j'en balance un bout vers le bas en plaisantant :

"Attention ! ... il pleut des cordes"

Je ne peux m’empêcher de me gausser comme un morveux, retenant une partie de la corde pour assurer une aide au prochain grimpeur en herbe, quand un bruit désagréable et salement familier de mes sens recommence à taquiner mes tympans et à me hérisser les quelques pauvres poils ornant ma peau d'albâtre. Nerveusement, je jette un regard derrière moi, puis lève la tête par acquis de conscience. Rien que de la roche froide, témoin de ma présence au fond des entrailles des terres de Lehber et seules détentrices de l'identité de la chose qui fait ce bruit inquiétant depuis un bout de temps maintenant.

Aztai, distrait par ses sombres pensées, entendit Serpent crier quelque chose avant qu'une corde, apparement de bonne facture ne tomba au bas de la falaise rocheuse. L'idée d'escalader la paroie ne lui rappelait que trop la chute qu'il avait subie la veille... Enfin, il avait un peu perdu la notion du temps en vérité.

-Je passe le premier, s'enquit-il de dire.

Il saisit la corde d'une patte et lança:

-Rattrappez-moi si je tombe! Levant la gueule, il cria: J'arrive.

Cette déclaration avait bien sûr pour objectif de signaler que lui, Aztai, le bras cassé de l'escalade, s'engagait le premier.

-C'est une mise à l'épreuve: Si Meno croit en moi comme je crois en lui, j'arrive là haut vivant!

Il hésita un instant.

-Aucun soucis, conclut-il en engageant sa montée.

Tout le monde était dans l’expectative. Qu’est-ce que Serpent allait trouver en haut de cette falaise ? Allait-il réussir à la grimper sans choir ? Se ferait-il transpercer de part en part par un énorme scolopendre, comme la regrettée Milyah ? Les regards étaient levés vers ce grimpeur aux mains collantes, vers ce chantre aux surprenantes capacités. Amarante, elle, avait serré un peu plus fort ma main avant de la relâcher pour mettre un peu d’ordre dans sa chevelure de feu. Ce mouvement capillaire amena à mes narines une fragrance bien plus agréable que la puanteur nauséabonde de cet endroit plein de cadavres. Son odeur personnelle, délicat parfum de vie mêlé d’une subtile touche acide de sueur féminine. De cette sueur qui fait se sentir homme, en prenant contre son corps une amante abandonnée à soi.

Mais ces senteurs évanescentes, si elles m’apportaient de si agréables pensées, n’en relâchaient pas moins mon attention sur notre compagnon, qui ne tarda par ailleurs pas à atteindre le sommet tant convoité. Fébrile, Aztaï lui cria de nous révéler ce qu’il voyait, ce que Serpent fit l’instant d’après. Enfin, presque, car sa description manquait de précision, et l’image n’était que peu explicite. Il se rattrapa néanmoins en balançant par-dessus bord une corde de chanvre, qui s’abattit contre la paroi. Fier et téméraire, le tigré s’assura de sa prise avant de grimper, à la gloire de Meno. Un abruti religieux qui semblait penser que le divin flamboyant allait lui être d’une quelconque utilité dans ces sombres boyaux.

Amarante se proposa ensuite pour monter à sa suite. Je la suivis, laissant une certaine distance entre elle et moi, cependant. Je n’avais aucune envie de la recevoir sur la tête. J’attendis aussi que le félin soit en haut, ayant encore moins envie de l’une de ses habituelles et maladroites chutes. J’assurai la corde dans la tenue de minage qui nous avait été confiée, afin de ne pas glisser, et de me faciliter l’escalade, et entrepris de monter, assurant mes prises sur le mur de pierre, et ne posant mon pied que là où je le savais stable. Le reste ne serait qu’effort et endurance.