Attaque Selen : Réussite.

Le hurlement strident semblait résonner à l'intérieur de vos têtes, les vibrations se faisaient même ressentir dans certaines pièces d'armure. Serpent avait beau brailler à plein poumon que personne aux alentours n'était capable d'entendre ses directives.

Selen avait déjà lancé l'initiative de frapper à mort l'animal de sa magie, le jet de lumière figea un instant la pièce dans toute sa splendeur, la magie vola au dessus de l'eau, aveuglant temporairement ceux qui regardaient directement la scène, elle frappa la créature qui avait subitement cessé de hurler. Elle resta debout, visiblement très mal à l'aise sur l'eau, et tomba finalement doucement. Les deux pattes avant bougeaient encore un peu, grattant la surface de l'eau, elle ne provoquait malgré cette maigre étincelle de vie, plus aucun son. Blessée à mort sur l'eau, ce n'était pas le cas d'Amarante qui elle, rampait doucement. Le visage dans la poussière et la roche, l'aéromancienne rampait en râlant.

Ziresh quand à lui ne se souciait guère plus de cette femme, il s'était dirigé vers Aztai et lui tendit la patte, prêt à lui apporter son aide pour se relever. L'animal prudent gardait cependant la main sur la lance et scrutait les alentours d'un oeil fauve pour en déceler toute menace.

Amarante provoquait maintenant, toujours le visage face contre terre, un râle inquiétant. Celui-ci n'avait rien d'un râle de femme, il était rauque et gras, d'une voix peu commune, presque irréelle, à se demande quelle était la véritable identité d'Amarante. Elle alla jusqu'à l'eau, sans que personne n'eut le temps de l'atteindre, elle glissa dans l'eau noire. Sans bruit.

Totalement engloutie par les flots, la bête immonde fraichement morte coula, elle disparue comme si le sol sur lequel elle se tenait s'était dérobé sous son cadavre.

Le regard flou, se concentrer s'avéra être une tâche des plus difficiles pour le fauve. Un genou à terre, l'équipe entière fut éblouie par ce qui sembla être une des exploits de Selen. Une lumière, si vive! Un hurlement strident résonna, le magicien avait fait mouche sur l'agresseur du woran neige. Le monstre qui pataugeait un peu plus tôt à la surface de l'étrange mare s'affaissa, mortellement touché. Encore quelques spasmes et il ne bougea plus.
Alors que Ziresh s'approchait pour l'aider à se relever, Aztai s'adressa à Serpent, la seule personne avec lui qui avait assisté à la mort de Warren en détails:

-Hé, Serpent! Y'avait pas deux monstres quand Warren s'est fait avoir?

Un brin d'hésitation se glissa dans la question. Le fauve jeta un coup d'oeil furtif au plafond rocheux, se rassurant de ne rien en voir tomber. Il remercia Ziresh, avant de s'apercevoir qu'Amarante provoquait un son étrange plus qu'étrange.

-Amarante? Tenta le fauve.

Un râle des plus inquiétant émanait de sa bouche mi-close.

-Elle... elle a touché quelque chose de spécial?

Serrant le pommeau de son épée, Aztai fit le tour de la pièce des yeux. Et puis, sans demander son reste, la sorcière qui gisait sur le sol rocailleux alla se glisser dans l'eau, crevant sa surface noire, engloutie dans ses profondeurs. Le woran avait fait un pas pour l'en empêcher mais c'était trop tard: Amarante n'était plus elle aussi. Enfin, pour combien de temps?

-Warren et Milyah sont morts dans des conditions affreuses, certes, mais censées! Avança le félin, inquiet. Là il semble pas qu'Amarante ait été faire trempette pour son plaisir...

Avec prudence, Aztai s'avança jusqu'à la surface de l'eau, sans la toucher. Lame en avant, il la scruta, à la recherche de quelque chose de pas normal.

-Si quelqu'un se sent mal, qu'il le dise de suite. J'attendrai pas qu'il se transforme en monstre ou je ne sais quoi pour le tuer.

L’attaque de lumière fusa vers notre ennemi avec puissance et précision. La créature monstrueuse fut bientôt clouée au sol par un vaillant et éblouissant trait de lumière, qui causa plus de dégâts que je ne l’avais espéré. La bête se tut aussitôt, après un dernier cri de détresse, et tomba dans l’eau en pataugeant misérablement. Désormais silencieuse et immobile, elle allait sans doute finir de se noyer. La seule étincelle de vie qui lui restait n’avait plus la force que de remuer légèrement le bout de ses pattes avant. L’eau finirait de la noyer, et d’éteindre définitivement ce résidu de vie en elle.

Pourtant, la situation qui venait de devenir nettement moins critique revira de bord tout aussitôt, lorsqu’Amarante, toujours au sol, se mit à ramper avec faiblesse et lenteur, visage tourné vers le sol, et dissimulé par sa chevelure de feu. Elle émettait un râle curieux, qui allait crescendo, et n’était pas pour me rassurer. Le raclement de gorge, s’il avait sa voix au départ, s’en dépara très vite pour n’être bientôt plus qu’un bruit rauque, épais. Aussi épais que la détestable soupe aux grumeaux de ma vieillissante et non plus aimée mère. Et à force de ramper, visage au sol, ballottant au gré de la force de ses bras sur la roche, elle s’en alla vers le bord de l’eau, où elle plongea sans que quiconque ne put la sauver. J’avais été trop occupé à tuer le monstre. Et les autres, trop occupés à… me regarder faire, sans doute. Ou à choir dans les champignons, à crier vainement des ordres inaudibles mis à mal par le simple fait de n’avoir rien fait ensuite…

Je serrai les poings, alors que la colère montait en moi, invisible sur mon visage mis à part une crispation régulière de ma mâchoire. Mes yeux d’émeraude étaient posés sur les flots, où Amarante venait de sombrer dans l’ombre des profondeurs, ne laissant nulle trace d’elle. Des yeux au regard fixe et intense, que ne troublèrent pas les paroles d’Aztaï, qui tentait apparemment de plaisanter sur cette nouvelle perte. Une mage qui nous aurait été d’une utilité énorme face à une créature que l’on ne pouvait approcher. Après Warren et sa foudre, c’était Amarante et son vent qui disparaissait dans d’étranges dispositions. La prochaine à y passer serait peut-être Depheline, et son feu ardent. Ou moi et ma lumière castratrice. Et ils n’auraient alors plus aucune chance de survivre, munis de leurs seules armes de fer. Je retins toutefois de ne jamais énoncer un quelconque malaise devant Aztaï, puisqu’il s’était permis de nous menacer ouvertement de mort.

D’une voix dont j’arrivai à maitriser la teneur pour qu’il n’y soit perçu ni ma colère montante, ni la peine soudaine et inexplicable que m’inspirait cette nouvelle mort, je dis tout de même :

« Ce n’est qu’une raison de plus de nous presser à agir, avant que tout le monde ne subisse le même sort. »

C’était un coup de la Pondeuse, à n’en pas douter. Pénétrant l’esprit de la rousse, elle l’avait poussée au suicide. Pour semer le trouble chez nous… Il fallait agir, et vite. Je rejoignis rapidement Aztaï au bord de l’eau, tout en scrutant les flots. Il faudrait sans doute passer par là… Je m’emparai d’une de mes lances et en posai la pointe sur la rive visible, au sec, avant de l’avancer prudemment dans l’eau mouvante, afin d’en jauger la profondeur directe, au bord. Et puis un peu plus loin, à portée de bras…

Ziresh et Depheline s'étaient approchés de Serpent après qu'il eut l'idée de lancer un appel au rassemblement. L'union fait la force, mais au plus profond des entrailles de la terre, se tapissait un piège des plus perfides. La créature qui avait tué Warren, dont la dépouille gisait encore dans l'ombre et dans la poussière à quelques pas, venait de trahir sa présence du cliquetis de ses pattes sur le mur en roc.

Depheline était nerveuse à outrance elle pointait du doigt l'animal qui se glissait dans l'ombre avec une souplesse hallucinante.

Cependant, c'était un coup de poignard dans le dos qui survint. Serpent fut immédiatement agrippé par le loup qui venait de faire tomber sa lance. La machoire de Ziresh tremblait et ses crocs canins dévoilaient une gencive noire et humide où brillaient ses dents entartrées. Spasmes et force s'alliaient et avant que quelqu'un ne comprenne ce qui venait de se produire, la mâchoire du loup s'ouvrait, en grand, se déformait et se tordait jusqu'à ce que les babines ne se déchirent devant les yeux de Serpent qu'il maintenait fermement aux épaules, handicapant ses mouvements. Le crâne du loup finit par craquer dans un bruit répugnant de chair déchirée qui chutait lamentablement sur la pierre moite. De longues et fines pattes s'extirpaient de cette compote de chair et de poils qui déversaient des gerbes de sang sur le masque du voleur. Ils chutaient dans l'eau, Serpent sur le dos et Ziresh sur lui. Depheline lanca une boule de feu par réflexe mais elle s'échoua sur la pierre, brûlant d'une petite flamme pâle qui éclairait les alentours et notamment le visage horrifié de la femme.

La partie supérieur de la tête de Ziresh pendait et remuait sous les mouvements de son agression, les pattes du loup cherchaient à serrer la gorge du voleur. Et sous les yeux horrifiés de l'homme, il vit le loup saisir une pierre et la soulever très haut, prêt à l'abattre sur le visage de sa victime.

Derrière Depheline, le bruit si redouté fit de nouveau son apparition. Elle se retourna, mais il était trop tard. Dans son élan mortel, la créature avait bondit sur la rousse et avait au passage profondément enfoncé ses deux pattes avant dans sa poitrine, crevant la femme de part-en-part, elle continuait à galoper, fauchant Selen au passage et à mesure qu'elle avançait, dépiotait la mage qui hurlait, pas encore morte sur le coup, Depheline était une poupée de chiffon maltraitée qui hurlait dans la pénombre, là où la bête l'emmenait...

Les yeux scrutant la surface de l'eau sombre, Aztai ignora l'appel au rassemblement de Serpent. Dans l'attente d'une attaque, le fauve avait peur. Seulement, mais il ne voulait pas le montrer. Si parmi le reste du groupe Selen ou Depheline s'avéraient être les meilleurs en magie, l'imposante carrure du fauve le plaçait premier en termes de physique. Si, Ziresh pouvait l'égaler...
Se répétant qu'il n'allait pas crever ici, Aztai s'en retourna vers ses compagnons. Alors que tous se regroupaient, Depheline tentait d'attirer l'attention du groupe sur quelque chose. Le woran neige fit volte-face.

-Et merde... ne pu-t-il se retenir.

Ils l'a croyait morte. Pourtant le trait lumineux de Selen aurait mit d'accord plus d'un mage en concurrence. Mais elle était toujours là. Cette immonde créature, l'assassin de Warren, s'avançait dans la pénombre, même s'il eut été difficile de la voir. En garde, le fauve fut obligé de détourner son attention car un autre phénomène semblait se tramer non loin.

-Ziresh!

Le liykor, sans doute la personne en qui Aztai avait le plus confiance, venait de se jeter sur Serpent. Le pauvre homme sans défense faisait face au monstre fou qu'était devenu Ziresh. Rabaissé à l'état sauvage, le loup tentait de tuer Serpent à coups de griffes et de crocs. La rage sans non dont il faisait preuve était effrayante. Aztai voulu intervenir, mais avant que l'idée de séparer le liykor de l'homme ne lui vienne à l'esprit, le crâne de Ziresh éclata, découvrant un nouveau parasite extra-terrestre...
Ziresh n'était plus.
Même la tentative vaine de Depheline de carboniser le loup échoua sur les parois rocheuse, plus loin. Encore ne fallait-il pas oublier l'autre engeance des profondeurs de ce monde. Cette araignée meurtrière profita de l'instant de panique qui devait tous les saisir pour porter un nouveau coup dur, et lequel... Le cri qu'aurait voulut pousser le fauve s'étrangla. D'un bond, la créature venait de sauter sur la rousse. Les extrémités de ses pattes percèrent le corps de la jeune femme, l'envoyant de vie à trépas en une seconde.
Depheline n'était plus.
Mais quelle était cette démence? Ziresh se retournant contre ses alliés, corps habité par un virus inconnu. Depheline, pauvre poupée morte dansant au bouts des pattes d'une créature du diable... et puis Serpent, dérivant dans les eaux troubles dans lesquelles Ziresh l'avait emmené, prochaine victime si personne ne faisait rien.

-Le sort de Depheline n'est plus entre nos mains, murmura Aztai. Celui de Serpent, si.

Ni une ni deux, Aztai délaissa le monstre pour le liykor. Rengainant son épée courte, il empoigna pleinement son estramaçon à deux mains, pour plus de puissance. Priant Meno pour que l'araignée de se tourne pas vers lui pendant sa charge, il s'élança vers son ancien allié avant qu'il ne dérive trop loin.






Utilisation de la CC Charge armée avec mon estramaçon sur Ziresh.

Je n’eus pas le temps ou l’occasion de savoir si ma pique s’enfonça profondément ou non dans l’eau. Ou ne pouvais-je en avoir la certitude du moins, l’esprit soudainement embrouillé par une entité qui me dépassait. Ce qui arriva ensuite, en revanche, je n’en loupai aucun détail. Et Depheline aussi, l’avait entendue arriver. La créature aux pattes cliquetantes. Elle approchait indéniablement de notre position, et la mageresse de feu pointait nerveusement son doigt dans sa direction. Je restai attentif, m’éloignant de l’eau progressivement pour ne pas me faire soudainement assaillir d’une entité sombre résidant dans les profondeurs insondables de ce lac souterrain.

Mais ce ne fut pas de la créature que le danger se manifesta. Ziresh émit un bruit curieux, entre le grognement et le gémissement involontaire. Je tournai mon regard d’émeraude dans sa direction pour voir sa gueule s’ouvrir en grand, dévoilant de sombres crocs. Il semblait possédé d’une force destructrice impressionnante, et avait tenté de se raccrocher à Serpent pour son salut… En vain. Sa mâchoire déjà grande ouverte s’ouvrit encore plus, jusqu’à ce que les chairs qui la maintenaient à son anatomie se déchirassent ignoblement dans un bruit de craquement. La moitié de sa tête bascula en arrière alors que le sang fusait à profusion de la blessure mortelle.

Mais il n’était pas mort. Malgré sa tête arrachée, son corps semblait encore avoir toutes ses capacités. Il avait agrippé l’homme masqué à la gorge pour l’étrangler fermement de ses mains griffues, et tenta aussitôt de lui expédier une roche sur le crâne. Tout ce sang, toute cette chair… Je ne savais plus trop ce qui se passait. Et c’était exactement ce qu’attendait la créature cachée dans l’ombre. Elle sortit de sa cachette pour foncer sur Depheline, pattes acérées en avant. La mage fut transpercée de part en part avant d’avoir pu réagir, et mes pupilles se rétractèrent sous l’effet de l’horreur que ce spectacle m’inspirait. Si j’étais pâle de base, c’était blême que je me retrouvais. Tout le sang avait quitté mon visage, et si ma mine restait close à toute émotion, je sentis un fort mouvement de révulsion en moi. De l’horreur, de la peur, du dégout. Tout ceci n’avait rien de logique, et ça me dépassait. Je me devais de le remarquer. Le danger pouvait venir de partout, y compris de l’intérieur de notre chair…

Je ne sus réagir non plus à temps lorsque la bête sauvage me percuta en emportant le corps désarticulé de Depheline. Je chutai sur mon séant alors que la rousse se faisait emmener par la créature, qui la déchiquetait un peu plus à chaque pas. Une mort de plus dans notre groupe. Encore un cadavre… Cette expédition était un suicide collectif, et je commençais à craindre vraiment pour mes jours. Après tout, selon ma logique, la créature s’attaquait aux êtres dotés de fluides… Et de notre groupe, j’étais le dernier en vie. Je serais sans doute le prochain sur sa liste macabre.

Ce fut une phrase du tigré qui me tira de ma courte tétanie. Si Depheline était presque déjà à l’état de cadavre, tout comme Ziresh qui n’était plus mû que par le monstre qui l’habitait, ce n’était pas le cas de Serpent, qui luttait pour sa vie. Aztaï attaqua, et je mis toute mon énergie pour en faire de même. J’avais toujours ma lance à la main, et malgré ma position assise, je tentai de la lancer sur l’appendice odieux qui dépassait du crâne de Ziresh. Afin de le transpercer, de lui ôter toute vie, toute combativité. Pour aider Serpent, même si en soi ce geste altruiste ne me ressemblait pas… Si l’on exceptait que si Serpent mourrait, je me serais retrouvé un peu plus proche de ma mort, encore…

Attaque Döppelganger Ziresh : échec
Attaque Aztai : Réussite (forcément, il a pas d'esquive dans sa position)
Attaque Selen : Réussite (oui, mais pas sur la bonne cible en fait ) - 5 Pv pour le reptile.
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La charge d'Aztai avait littéralement fait basculer la créature plus morte que vivante en arrière, libérant Serpent qui lui lacérait le ventre sans succès. La bestiole remuait encore ses pattes dans la cavité qu'elle venait de creuser. Le haut de la tête de Ziresh était retombé sur le torse de Serpent qui maintenant, pouvait observer ce qui l'entourait, notamment Depheline qui se faisait décortiquer comme une crevette dans un bruit répugnant ou même la lance qui sifflait et se planta directement dans le gras de son aine. Une blessure sans gravité mais dont l'homme se serait sans doute passé.

Aztai avait toujours face à lui sa cible, allongée sur le dos. Le corps devait être mort et l'ouverture béante sur son flanc devait en être la cause. Mais l'animal qui y avait élu domicile non. L'eau arrivait aux chevilles, ce qui faisait qu'une partie de la nuque trempait et on entendait la bête hurler à en briser du verre. Durant quelques secondes, le bruit strident qui meurtrissait vos tympans sera le principal de vos soucis. L'autre bête, elle, s'était dissipée dans le noir, laissant derrière elle, sur le sol et les murs les lambeaux encore empourprés de restes d'être de Depheline.

Le silence tombe lorsque soudain, sur le haut du mur, loin dans l'ombre naquit une petite lumière et une ombre encapuchonnée vint au portant de la pierre, à quelques mètres de hauteur, inaccessible mais encore audible.

« Nous y sommes. Votre expédition arrive au bout. Approchez-vous du monolithe, mais prenez garde, ses soeurs veillent sur ces lieux ! »

Tout alla très vite. Aztaï percuta le corps déjà presque sans vie de Ziresh, qui fit tomber les trois à la renverse presque instantanément, au moment où ma lance fusait dans les airs. Des éclaboussures indiquèrent à mon esprit qu’ils étaient tombés dans l’eau, mais leur vision me fit affirmer qu’elle n’était guère profonde comme je m’y étais attendu. À l’endroit où ils avaient chu, elle devait arriver à peine plus haut que la cheville. Aztaï surmontait le cadavre désormais défunt de Ziresh, qui s’était fait dévorer de l’intérieur, rappelant avec une macabre ironie le mineur du campement de la surface, sur lequel la première des mortes de l’aventure avait trébuché, se retrouvant dans une position plus ou moins semblable à celle du tigré actuellement. Fait notable, qui relevait du pur hasard, du fait de l’action, ma lance avait fait mouche, mais sur une cible erronée. C’était Serpent qui l’avait reçue dans l’aine, sans trop de puissance. Pas de quoi lui arracher trop de sang ou de souffrance. Je n’en tirai donc pas la moindre culpabilité, et pus apprécier avec toute mon attention le cri qui retentit alors…

Un cri horrible, inhumain, qui n’était pas sans rappeler les vains appels de Depheline qui braillait alors qu’elle se faisait démembrer, dépiauter par la bête qui l’avait emportée. Ou encore les cris de la première créature, qui était tombée elle aussi dans l’eau, tout comme celle-ci, après s’être extirpée du cadavre du lupin. Instinctivement, après m’être relevé, je plaquai les mains sur mes oreilles à nouveau avant de minimiser le bruit… En vain, car il était toujours aussi fort et insupportable.

Et puis, soudain, sans explication, le silence se fit. Prudemment, j’ôtai mes mains de mes oreilles et regardai tout autour comme pour chercher une explication logique à ce revirement. La bête devait avoir ingurgité trop d’eau pour espérer survivre… Et alors je vis la faible lueur naitre dans les hauteurs du mur de pierre. Un ombre encapuchonnée, l’un des prêtres de la cité maudite, nous affirmait être arrivés à destination. Il nous fallait approcher du monolithe. Je n’avais plus aucune confiance en ces êtres morbides et sans cœur. Pas plus que je n’en avais désormais pour mes propres coéquipiers. Serpent aurait beau brailler au rassemblement, cela ne ferait que nous mettre tous en position de danger. Il était désormais bien placé pour le savoir. Il fallait certes rester ensemble et garder un but commun, mais également respecter une distance de sécurité entre chacun.

Ne daignant répondre à l’encapuchonné, et mettant en action mes propres théories, l’épée tirée, je m’avançai dans l’eau peu profonde avec prudence, histoire de ne pas tomber dans un trou. Je tâtai le sol avant d’y poser le pied, prêt également à trancher tout ennemi qui se présenterait à moi. Mon but : m’approcher du monolithe pour trouver un chemin d’accès à ses hauteurs. Une porte, une cavité ou un chemin d’escalade…

C'est d'une volonté de fer, mélangé d'un pincement de regret, qu'Aztai découpa littéralement le flan de Ziresh, avant de l'envoyer bouler dans l'eau. Serpent, libre, ne serai pas la prochaine victime, malgré la lance de Selen qui venait tout de même de l'écorcher sans trop de gravité. Le fauve chercha un instant Depheline, ou plutôt son agresseur, mais ne vit que les restes de la pyromancienne éparpillés ici et là...
Le corps sans vie de Ziresh émit un son strident à déchirer les tympans. Par chance, celui-ci s'estompa peu de temps après.
Son regard se tourna vers Serpent, il lui tendit la main pour l'aider à se relever. Enfin, il posa sa patte sur son épaule:

-Je suis désolé mon ami, fit-il avec sincérité.

Depuis le début de cette mésaventure, Serpent et Depheline semblait être les deux personnes les plus proches, probablement deux connaissances antérieures. Si Aztai ne pouvait venir en aide à l'homme masquer, il pouvait au moins comprendre sa peine. Le désespoir se jouait de tous en ce monde, y compris les humains, y compris les worans...

Et puis, une lueur, une voix sur la paroi de pierre. Le reste du groupe fut attiré par un individu qui leur annonça la toute fin de leur macabre voyage. Selen, sans avis, tira sa lame et s'avança prudemment dans l'eau. Il était le seul magicien qui restait, et c'était lui qui prenait la tête du groupe, bravant le danger. En ce lieu, cela ressemblait à une invitation ouverte pour la grande Faucheuse. Soit. Après une tape amicale à l'homme au masque, le fauve suivit les pas de Selen. Il n'osait pénétrer ces eaux troubles, tanière de tous les dangers. Réajustant son casque, il inspira un grand coup, et c'est lame en avant qu'il marcha sur les sillons aqueux que le magicien de lumière venait de laisser derrière lui...

Le voleur était sûr que quelque chose d'autres lui échappait, non plutôt qu'il avait oublié une des données de ce mystère. Son incapacité à se souvenir de ce détails le frustrait et l'énervait. Il lui fallait réfléchir vite, la bête semblait désireuse de les rendre sourd et ses cris insupportable rendait la concentration du bâtard de plus en plus difficile à maintenir. Alors qu'il allait crier de la faire taire, un éclair lumineux traversa la salle en direction de la bête. Une nouvelle fois aveuglé, le demi-elfe dut se frotter les yeux avant les tâches gênant sa vision ne se dissipe, lui donnant vu sur les dernières secondes de vie de la monstruosité.

Maintenant que la gêne s'était dissipée, il pouvait retourner à sa réflexion. Il était sûr que l'indice auquel il n'avait point prêter attention, se trouvait dans la salle. Il élimina rapidement la possibilité que cela puisse se trouver dans le lac qu'il venait d'examiner minutieusement, enfin autant qu'il pouvait sans s'approcher des flots et de la potentielle mort qui y habitait. À peine commençait-il de nouveau son étude que des râles étranges s'élevèrent. Agacé par tous ses dérangements, il décida que se serait l'affaire de ses compagnons et non la sienne. Il porta son regard sur la pointe du monolithe dont la taille était impossible à deviner tant la grotte ne permettait guère de faire une comparaison. En supposant que la maîtresse de ses monstruosités avait un lien avec les insectes, il était facilement acceptable que le pic soit une sorte de nid. Mais cela n'avait pas de rapport direct avec le possible monstre marin.

Ce fut le ton inquiet du woran qui força Trà à détourner le regard de l'entrée du royaume de leur ennemi. Il ne comprit tout d'abord pas ce qui venait de se passer. Ce fut par les paroles d'Aztai, qu'il remarqua la disparition de la sulfureuse dans les flots. L'arme à la main, il s'approcha du bord, chose pour laquelle le voleur lui laissa totale initiative, préférant de loin rester là où il se trouvait. Selen lui aussi s'avança vers le lac, une lance à la main, avec la ferme intention de l'utiliser pour vérifier la profondeur. Serpent, en position de combat, demanda au plus éloigné de se rapprocher.

Le demi-elfe, désirant se servir de ses compagnons pour vérifier la sécurité du bord, ne bougea pas, restant loin des autres. Faisant cela il échappa au danger qui s’abattit sur les autres membres du groupes. En effet, peu après que l'homme masqué, la pyromancienne et le l'homme-loup se soient rassemblés, ce dernier eut un comportement étrange. Ziresh attrapa le ménestrel par les épaules et commença à ouvrir la gueule, enfin c'est ce qu'il semblait arriver jusqu'à ce que son crâne se déforme et éclate. Les deux mercenaires s’effondrèrent dans l'eau peu profonde et contre tout attente celui qui venait apparemment de mourir essaya d'emporter avec lui son allié, d'abord en l'étouffant puis en suite en tentant de lui fracasser le crâne à coup de pierre.

La surprise et la distance empêcha le bâtard d'agir, d'autant plus qu'un autre incident eut lieu au même moment. Une autre créature sortit de l'ombre et bondit sur Depheline. Le monstre partit avec sa proie, bousculant au passage le mage de lumière. Tout en se déplaçant, elle la dépeça ne laissant que des lambeaux de chairs. Se proposant pour sauver, le seul qui avait encore une chance de s'en sortir, le woran fonça vers ce qu'il restait du liykor et le fit tomber, libérant serpent de son étreinte. Selen attaqua également mais la lance qu'il jeta, vint blesser, légèrement, celui qu'il désirait aider. un horrible cris, venant de ce qui logeait dans les restes de leur ancien allié, résonna quelques secondes avant de disparaître complètement, surement signe de la mort de la créature. La seconde, qui avait dévoré la rousse, elle avait disparu.

Ce fut à ce moment qu'un des résidents de la cité maudites apparu, leur demandant de continuer jusqu'au monolithe, tout en faisant attention aux sœurs de la conceptrices de ses immondices. Pendant que tous regardèrent le prêtres, Trà se rapprocha de ses alliés. Ils allaient devoir traversé et il était hors de question qu'il ouvre ou qu'il ferme la marche. Ainsi il entra dans l'eau à la suite de Selen et d'Aztai, armes en main. Regardant une dernière fois l'espace qu'il venait de quittait, il aperçu une des dalles gravées … avec une tête de pieuvre. C'était cela qu'il avait cherché, mais il était désormais trop tard pour faire demi-tour. Il espéra donc qu'il se trompait et que le maitre que servait les prêtres de la cité de fou n'était pas ressemblant à la gravure, ni une des sœurs de leur ennemis. Sinon il venait de se jeter dans la gueule du loup sans la moindre possibilité de s'en sortir.

Selen avançait sur terrain inconnu face à cette pierre dressée. Autour d'elle, l'eau noire ne semblait rien cacher de suspect, aussi son avancée se fit sans encombre ainsi que pour l'ensemble du groupe.

Sur la roche était gravée des symboles plus complexes que ce que vous aviez vu auparavant. Ils semblaient décrire quelque chose, vestige d'un passé, d'une histoire et aussi, d'une horreur. La noirceur se fit alors plus pesante, les champignons éclairaient moins. Plus le manteau de noir enveloppait Selen, face à la pierre, plus il eut l'impression de distinguer un symbole particulier.


La tête divine observait les survivants d'un oeil rouge, luisant dans le noir. Le sol trembla, comme si un épais morceau de roche venait de se déplacer subitement de quelques centimètres. Aztai tombera sur le cul tandis que Selen lui, précipité vers l'avant embrassera la statue, jugeant que les tentacules de pierre venaient de bouger subtilement.

L'eau coulait dans un bruit de fine pluie au travers du sol jusqu'à disparaitre totalement, ne laissant que quelques petites flaques.

« C'était ici que nous venions. Autrefois, la mer menait aux grottes qui forment aujourd'hui notre ville. Notre refuge. Ils l'avaient ramenée de la mer. Mais c'était un... Elle se cache ! Mais le culte qui lui était accordé ne sera pas terminé sans sa mort ! Reculez si vous ne voulez pas finir happés !»