Inscription: Lun 19 Déc 2011 22:57 Messages: 568
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LA GLOIRE La marque du tatouage picotait encore légèrement Rägrok, sans doute la magie qu'il renfermait se mettait enfin à l'oeuvre pour rendre le garzok plus fort, en dépit de son endurance, un sacrifice utile et nécessaire pour devenir un fier guerrier orque. La salle où il se trouvait était plongée dans le noir le plus complet, éclairée par quelques torches dont la fumée s'échappait à travers deux trous dans le mur, deux trous d'où l'on pouvait apercevoir le mécanisme de chaînes métalliques qui retenaient la plaque murale en face de lui, l'enfermant dans une quasi obscurité dans laquelle Rägrok se sentait plutôt bien, écoutant ce qu'il pouvait entendre des hurlements de la foule comme on écoute une berceuse, sombrant dans un semi-sommeil tandis qu'on le recouvrait d'un lourd apparat, qu'on lui soufflait des conseils à l'oreille qu'il n'écoutait pas vraiment et sonnait comme un murmure étouffé dans sa boîte crânienne, alors que de légères tapes lui étaient administrées sur les épaules et l'arrière du crâne.
Finalement, Rägrok fut tiré de sa léthargie par l'un de ses compagnons garde, posté devant lui tout en lui montrant un morceau de papier sur lequel était écrit le nom d'un type qu'il connaissait bien, assez bien pour que ce type, ce ne soit autre que lui-même, Rägrok Mâchefer, inscrit à l'arène depuis le petit matin, après un dur réveil à l'auberge sous les restes de moqueries de ses camarades.
Flashback, Rägrok est tranquillement allongé sur la paillasse moelleuse qui lui sert de lit, jouant avec la dizaine de bouteilles d'alcools différents qui jonchent le sol, fouillant sa poche pour en tirer un petit mot à la signature illisible mais trop raffinée pour être masculine.
Retour à la réalité, un hurlement plus puissant que les autres semble faire taire la foule, alors que Rägrok reprend lentement ses esprits, encore embrumé par sa matinée difficile et la bouteille d'alcool que lui a filé l'organisateur, lui expliquant simplement que l'ennemi qu'il affronterait pourrait peut-être lui filer une peur bleue, et qu'il valait mieux y aller dans un état d'ébriété avancée, mais pas trop pour pouvoir caler une ou deux baffes dans la mélée. C'est dans cet état que commence à se trouver l'orque, mission réussie pour le fournisseur de bibine.
Flashback, retour à la chambre, le vaillant guerrier se lève et prépare ses affaires, renfilant les loques qui lui servent d'habits, le regard soudain attiré par des vêtements plus raffinés, ceux d'une femme à la poitrine visiblement volumineuse. Rägrok commence à ressentir un mal de tête croissant alors qu'il jette le sous-vêtement sur la literie, se tapant le front de la paume de sa main en espérant que les coups de marteau à l'intérieur de son crâne vont cesser : gueule de bois. L'orque descend les marches, et presque aussitôt se fait aborder...
Retour à la réalité, quelqu'un l'a fait se lever, le tirant soudainement de ses pensées pour lui rappeler une ou deux choses que le pauvre a tout juste la concentration pour écouter, le garde lui remontre son ticket et lui explique qu'en cas de victoire, il gagne gros, normalement très gros. Il en profite pour reparler de sa femme et de ses enfants, de son arrière grand père malade et de son chat boîteux ayant un clou de cuivre planté dans la patte et que seul un chirurgien pourrait soigner : Le garzok acquiesce de la tête mais ne comprend pas vraiment plus de choses, se contrefout de la famille du garde.
Flashback, une shaakt, à forte poitrine, collée à lui avec une choppe en main, "cadeau d'une amie". L'orque grogne, renifle, boit et s'en ressert, avec un peu de chance la gueule de bois partirait avec l'ivresse. Aucun résultat, Rägrok repose sa choppe sur une table et se frotte le crâne, retrouvant les tracés de son tatouage. Un garde ouvre la porte donnant sur l'extérieur, les deux autres le poussent dehors tandis qu'une main glisse quelque chose dans sa poche, la lumière lui pique les yeux, et l'alcool lui tourne la tête.
Retour à la réalité, fini le temps des flashbacks, le vaillant guerrier frotte la partie de sa cuirasse où se trouvait une poche, mais cette dernière est maintenant recouverte par la protection de cuir, impossible donc de remettre la main sur le petit mot glissé dans sa poche pour le moment et malgré les grognements répétés du garzok, personne ne veut lui laisser la liberté d'ôter sa nouvelle protection, sortie d'on ne sait où. Deux des trois gardes s'éloignent de chaque côté de la pièce à l'annonce de la voix venue de dehors, éteignant les torches en lançant de derniers encouragements à l'intention de l'orque gladiateur, tandis que ce dernier sent la tension monter à peu près partout. Comme dans son flashback, la plaque qui constituait un mur s'effondre dans un bruit de glissement de chaînes et la lumière inonde la pièce, aveuglant le garzok qui dans un dernier réflexe s'empare de son arme avant d'être violemment projeté par les trois gardes comme d'un seul homme, se retrouvant d'un moment à l'autre du pavé froid au sable chaud."Mesdames et messieurs, fidèles spectateurs, nous voici de nouveau réuni en cette sublime journée, en rond autour de ce sable qui vit s'élever tant de figures de la guerres, et qui vit s'abattre autant de coups que de perdants ! Mes chers spectateurs, voici désormais Rage rauque ! Euh...Rague Rauque....Rägrok Mâchefer ! Un orque venu d'on ne sait où, à l'air féroce et la musculature impressionante, nul doute qu'il ne ferait qu'une bouchée d'un honnête citoyen, mais aujourd'hui, il est là pour vous, pour vous abreuver de combats et de victoire ! Ou bien apportera-t-il à cette arène une défaite de plus ? Je ne laisserais pas durer votre impatience plus longtemps, car aujourd'hui, son adversaire sera quelque peu spécial, puisqu'il ne sera pas seul ! Un nécromancien de passage dans la région ayant besoin de quelques piéces pour s'abreuver à la taverne nous a gentillement fait don de ses pouvoirs pour ce combat, en réveillant trois squelettes fournis par le brave homme lui-même !Alors qu'il tentait de recouvrer sa vue, le "guerrier orque venu d'on ne sait où" réussit à entrevoir le bout de l'arène, dont la plaque murale tombait à son tour dans un grand fracas pour laisser entrevoir quatres silhouettes, l'une restant en retrait une choppe de bière à la main. Les quatres cadavres réanimés s'avancèrent lentement, dans un bruit pour le moins effrayant, armés de vieilles épées de cuivre ou de gourdins fendus, des armes en aussi bon état que leurs propriétaires. Alors qu'il s'apprêtait à faire lui aussi un pas, sa bardiche resta en retrait, suspendue et manipulée à son extrémité à la manière d'un fil à pêche coincé dans une branche d'arbre, le gênant grandement pour garder l'équilibre. Dos au soleil, Rägrok pouvait se permettre d'ouvrir les deux yeux, mais ce qu'il vit lui fit un drôle d'effet, un peu comme une blague stupide à laquelle on s'attendait. La shaakt qui avait probablement dormi à ses côtés accrochait au bout de son arme son foulard, d'un mauve terne, l'encourageant d'un baiser volant à continuer son avancée. Cet encouragement ne fit pas grand effet au garzok, qui sous l'effet de l'alcool ne cherchait pas vraiment à faire le lien avec son flashback. Il se rappelait d'avoir déjà vu cette somptueuse shaakt, mais pas de l'endroit où ils se seraient croisés.
Sous les éloges de l'animateur, la foule redoubla de fureur, clamant des mots de morts, la manière dont l'orque devait renvoyer les squelettes à l'état de cadavres inanimés, elle clamait également le nom étrange écrit sur les tickets de ceux ayant misé sur lui, "sekteg'a'krig", ou bien tout simplement Mâchefer. Toutes ces paroles raisonnaient dans la tête de l'orque qui hésitait peu à peu à s'ouvrir le crâne à l'aide de son arme, ressentant chaque syllabes comme un coup de burin sur sa paroi crânienne, lâchant de subtils grognements à chaque fins de phrases, jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus et cède à la pression du public, bombant le torse pour en sortir un hurlement rauque et animal, d'un ton portant de chaque côté de l'arène, faisant aussitôt taire les encouragements alors qu'il reprenait calmement son souffle, remerciant Thimosios pour lui avoir fait don de telles cordes vocales.
Le calme passé, les chuchotements envahirent le public, mais au moins ces derniers ne faisaient pas souffrir le guerrier éméché qui reprenait une marche tout aussi lente vers les trois créatures, laissant frotter le manche de sa bardiche sur le sable, ne se donnant pas d'effort pour tenir convenablement son arme, l'esprit trop embrumé pour faire attention à l'image qu'il donnait de lui. Les squelettes se tenaient immobiles et attendaient visiblement la carte blanche du nécromancien, qui attendait lui même l'animateur du spectacle, et une fois l'orque en place, un cor résonna dans tout l'édifice, plus puissant que le braillement barbare du garzok, ayant pour effet de lui faire lâcher instantanément son arme, posant ses mains à ses oreilles pour subir le moins possible ce son atroce qui lui déchirait les tympans et le désarmait sans effort, alors que les squelettes, eux, passaient sans hésiter à l'action. Voyant trois paires de pieds putréfiés s'approcher de lui, l'orque eut le réflexe de se jeter au sol, évitant les deux lames mais essuyant un coup de gourdin en plein thorax, lui faisant perdre son souffle alors qu'il se traînait sur le côté pour ramasser sa bardiche, lâchant quelques râles étouffés en même temps que l'air revenait à ses poumons, lui redonnant la force de se lever et se préparer à la suite du combat.
Les trois squelettes n'avaient pas vraiment été éloignés du garzok par sa petite roulade et revenaient déjà à l'assaut, les lames s'abattant en coeur tandis que le gourdin effectuait une attaque latérale. Le premier réflexe du garzok fut de protéger sa cuisse, sachant qu'elle lui servirait d'appui important pour le futur, balayant les deux lames du manche de sa bardiche pour finalement bloquer l'assaut de côté. La réplique fut rapide et le garzok devait rapidement trouver un moyen d'obtenir assez de distance en très peu de temps, hélas le mélange alcool et gueule de bois ne marchait pas vraiment bien lorsqu'il s'agissait de stimuler la mémoire du brave gladiateur, qui comblait son manque de réflexion par d'amples gestes qui balayaient mollement les lames adverses, lui offrant un moment de répit. D'un balayage primitif, le garzok parvint malgré tout à couper une main dans la bataille, celle d'un des deux épéistes, mais hélas pas la bonne.
Rägrok n'avait d'autres choix que de reculer sous les assauts répétés des trois morts-vivant, et le choc inévitable entre son dos et le mur finit par arriver, déclenchant une idée particulièrement ingénieuse chez le garzok ivre, qui prit aussitôt appui contre la paroi pour se propulser subitement, bardiche à l'horizontale, sur les trois squelettes, les repoussant brutalement tandis que ces derniers reculaient encore un peu pour ne pas avoir à tomber. Inspirant un bon coup, l'orque empoigna son arme et l'amena assez loin derrière lui pour que la pointe touche la roche de son précédent appui, l'abattant avec fracas sur l'épéiste dont la main gauche était tranché, tranchant furieusement ses os et laissant s'échapper la magie qui l'animait jusque là, ne laissant qu'un tas d'os inanimé bon à jeter aux chiens ou aux loups, alors que le guerrier en armure de cuir tirait le manche de son arme vers lui, longeant le mur pour reprendre un peu de distance et de souffle, luttant pour bien aligner ses pas alors que son corps entier tanguait en toute les directions sous le silence mortel qui régnait dans tout l'édifice, les spectateurs portant toute leur attention sur le déroulement du combat et sa suite.
Les deux entités restantes, Gourdin et Epeiste, s'approchèrent, ayant toujours le bénéfice du nombre sur l'orque, pouvant malgré leur lenteur flagrante encercler Rägrok à tout moment et achever le combat d'un simple coup d'épée ou de gourdin. Cette simple idée frappa l'esprit du guerrier alors qu'un frisson parcourait son échine et qu'il serrait les dents, donnant un petit coup sur sa mâchoire pour remettre la plaque de fer qui protégeait sa dentition en place, prenant de grandes inspirations d'air et de petits coups sur les armes que ses deux adversaires tenaient fermement, tentant bien souvent d'en embrocher un pour se rendre compte qu'il valait mieux être sobre en ces moments là, ne parvenant qu'à repousse un bras ou bien effleurer une côté sans vraiment freiner l'avancée des deux putréfiés qui de nouveau brandissaient leurs armes respectives pour l'abattre sur l'arme de l'orque suite à une parade maladroite manquant de le jeter au sol, alors que ce dernier continuait de prendre de grandes inspirations d'air, s'énervant de plus en plus de ce combat, donnant des coups tout aussi maladroits mais avec plus de forces et de plus en plus d'acharnement, arrachant côtes et dents, manquant de peu la tête de l'un des combattants, grognant à chaque coup donné comme s'il avait touché sa cible, reprenant son combat avec encore plus de férocité que précédemment, donnant des coups toujours moins précis, repoussant Gourdin alors qu'Epeiste brandissait une fois de plus son arme. Ce fut la botte de Rägrok qui vint cette fois stopper l'attaque en venant enfoncer plusieurs côtes de son ennemi, le projetant à un bon mètre de là alors qu'il tombait également, perdant une fois de plus l'équilibre, observant le ciel tourner autour de lui, tiré de ses rêves par un coup de gourdin sur son épaule, lui arrachant un râle de douleur tandis qu'Epeiste se relevait lentement du coup qu'il venait d'essuyer, visiblement en moins bonne santé qu'avant sa rencontre avec la botte odorante de l'orque.
Le regard du garzok roula en direction du squelette au gourdin, le foudroyant du regard alors qu'il lui pliait le genou dans la mauvaise direction à grand renfort de coup de poing, faisant choir son adversaire mutilé et lui laissant un peu de temps pour se relever, loin d'être stable, ramassant l'arme d'hast qu'il avait lâché alors que son épaule était assaillie par le revenant, probablement déboîtée, en tout cas bien amochée. La douleur que sa blessure dégageait arracha une grimace à l'orque embrouillé par la colère, alors qu'il expirait de plus en plus bruyamment, se jetant presque sur le squelette armé d'une épée, lui balayant les jambes d'un coup puissant avant d'envoyer voler son épée d'un léger coup de pied, empoignant le squelette par les épaules pour refermer sa mâchoire dessus, détachant la tête d'un coup sec, dans un craquement glauque, avant de recracher bruyamment sa salive, se frottant la langue pour tenter d'enlever le goût, surveillant tout de même le squelette boîteux armé d'un gourdin, lâchant un soupir de soulagement alors qu'il se ruait vers lui, désarmant son adversaire dans la ruée, lâchant sa bardiche, repoussant son adversaire à l'aide de son épaule pour l'envoyer heurter le mur, l'y rejoignant en un choc brutal alors que la magie du nécromant quittait l'amas d'os inanimé, vaincu par Rägrok, perdu dans ses pensées, un regard vitreux vers son adversaire au sol, l'alcool reprenant le dessus alors qu'il prenait appui contre la paroi rocailleuse du bâtiment, cuvant son alcool sur les restes du combat, s'écroulant par la suite un peu plus loin en attendant le personnel de soin, traîné par deux visages familiers arborant le blason de la milice...
La douleur à son épaule fit revenir Rägrok à lui même alors qu'il lâchait un puissant hurlement et qu'on lui retirait sa cuirasse pour la poser à côté de sa bardiche, lançant un regard à toute la salle, reconnaissant les trois gardes, parlant avec celui qui semblait être le gérant des paris, échangeant leurs tickets contre trois bourses assez peu remplies, contrastant bien avec leurs visages visiblement très satisfaits lançant des clins d'oeils à une elfe noire assise juste à côté du gladiateur en convalescence auquel on fait maintenant boire une décoction de plantes, soulageant encore un peu le mal de crâne et son épaule :Buvez cela, orque, vous devriez vous sentir un peu mieux, mais ce n'est pas fait pour soigner les effets de la beuverie, par contre, navré pour vous.La drow, souriante mais silencieuse, agenouillée bien sagement aux côtés de Rägrok se pencha vers lui, plongeant la main dans la veste en haillons de l'orque pour en tirer le papier qu'on y avait planqué dans la matinée, juste avant son départ de l'auberge :Tu sais, mon grand, tu me fais gagner là au moins deux bons jours de salaire, mais je suppose que je les mérite. Tu t'es bien battu et je dépenserais tout cet argent sagement, ne t'en fais pas, j'ai justement vu un très beau collier chez un marchand du coin, je suis sûr que c'est une dépense particulièrement utile, non ? Surtout, ne m'en veux pas, hein !La shaakt se leva lentement et marcha tranquillement vers le maître des paris, retirant de ce dernier une pleine bourse, souriant une dernière fois en direction de l'orque, d'un sourire plutôt inquitétant, tandis que les gardes, ayant finalement vu le petit ticket, éclatèrent de rire, l'un d'entre eux s'approchant du chevet de l'orque :On dirait que ta princesse s'est servie dans ta bourse pour parier en ton nom, hé hé hé !N'ayant pas la force d'hurler, Rägrok relâcha sa tête en arrière, soupirant longuement avant de sombrer dans un sommeil réparateur...
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