Il se tourna vers lui avec une sérénité perturbante :

« Bien le bonjour, jeune homme. J’espère que vous allez mieux qu’hier au soir. À qui ais-je l’honneur ? »

Il sourit et lui indique un siège.
Maintenant d'une belle couleur de betterave, le garçon perdit un instant ces moyens, cet homme avait la même prestance que Siwih, du genre qui lui donnait l'impression d'être un minable. Mais pourquoi lui indiquait-il un siège ? Il ne pouvait pas vouloir qu'on le voit en pleine discussion avec un vagabond... Il bégaya :

« Euh... oui, bonjour... Je vais très bien, merci... Hum... Vous avez l'air d'un mage alors je me disais que vous liriez mieux que moi... J'ai trouvé ce parchemin et j'ai du mal à comprendre ce qu'il raconte... »

Il bouillait d'envie de s'énerver et de secouer l'elfe. De se reprendre et de montrer qu'il n'était pas le dernier des imbéciles, mais ce n'était pas le meilleurs moyen d'obtenir son aide. Il resta donc calme, décidé à avancer bravement dans l'inconnue. Il persista néanmoins à ignorer le siège proposer par le mage, il fallait mieux être prêt à fuir...

Le mage se proposa de l'aider, signalant au passage qu'il avait identifié de la magie noire. Tout en relevant sa capuche, il sourit et signala également qu'il ne mordait pas.
Son visage fin aux yeux vert était élégant, ce qui aurait normalement dû énerver le garçon, mais il s'aperçut qu'il n'en était rien. Cet homme inspirait au contraire plutôt confiance. Quel contraste avec son amie !
Azra se résolut à laisser le parchemin, se tant quand même prêt à le récupérer à tout instant. Il inclina au passage la tête :

« Je m'appelle Azra... Je ne suis qu'un simple vagabond, je suis un peu surpris que vous acceptiez ma présence. »

Il s'assit en face du mage.

« Et vous, qui êtes-vous ? » demanda-t-il dans l'espoir de reprendre l''initiative.

« Je me nomme Fingolfin Isilrà, et suis un jeune mage à peine sorti de mon apprentissage. Et en ce qui concerne ton statut de vagabond, je le suis peut-être bien aussi depuis que j’ai quitté mon pays à la recherche de connaissance. Être vagabond n’est pas en soi-même un problème, il dépend que de toi d’être un vagabond avec son honneur, ou pas, c’est toi qui doit forgée ta destinée, Azra »

Azra éclata de rire.

« Voilà de bien belles paroles auxquelles j'aurais tendance à adhérer ! Malheureusement, beaucoup de gens, ne partagent pas cette avis... Votre amie, l'archère a été très désagréable avec moi, lors de notre dernière rencontre. Mais il me semble qu'elle n'était pas dans son meilleurs jour, et moi non plus d'ailleurs. »

Il se releva pour aller chercher son petit déjeuné et le dégusta tandis que l'elfe étudiait le parchemin.

« j'ai du mal à vous imaginer en jeune mage débutant. Et vous me semblez plutôt sage. La magie noir ne semble pas vous faire peur... Pas plus que la présence de quelqu'un qui porte un tel objet... »

Il tapota son bracelet de Phaïtos en forme de corbeau. L'objet s'était déjà attiré bien des regards suspicieux. Il continua ensuite son repas, tout en guettant le moindre signe menaçant de la part de son interlocuteur.

« N’en veux pas à Sinaëthin, elle a eu son lot de soucis, pour une si jeune fille. Je n’ai que 560 ans ce qui est chez nous encore très jeune, et mon apprentissage a été long, je dois dire que je n’étais pas un bon apprenti à mes débuts et mon Maitre a eu bien à faire avec moi. »

La notion d'être jeune à 560 ans dépassait quelque peu Azra. Il ne répondit rien. Le mage lui signala ensuite qu'il n'accordait aucune importance au bracelet, ni à l'utilisation de la magie noir du moment qu'elle était destiné à un bon usage.
Cependant, après avoir lu le parchemin, il déclara :

« Un sort de hantise, vrai magie noire. Dis-moi Azra, pense-tu avoir les capacités pour te servir d’un tel sort ? Soit franc avec moi, car ce sort est assez puissant, et dangereux, même si je ne le connais pas, je sens qu'il est dangereux. »

(Un sortilège de hantise ? Qu'est-ce donc ?)

Chandakar se manifesta par un ricanement :

(La preuve qu'il est temps pour toi de devenir un vrai nécromancien !)

Azra secoua la tête. Il tenta de se reconcentrer sur la conversation avec Fingolfin.

« Un sortilège noir ? Ça doit pouvoir se revendre cher... »

Il se sentit griller sous le regard du mage. Et se résolut à ajouter la vérité, espérant que cela passerait :

« Ce n'est pas de ma faute si j'ai des fluides de l'ombre... J'ai envie d'apprendre à les utiliser, et j'ai déjà des connaissances en magie, même si elles restent sommaires. »

Ce n'était pas faut en un sens : les fluides lui avaient été donnés par Chandakar, il ne les avait pas acquis volontairement. Mais ce n'était certainement pas le moment de dire qu'il était possédé par un mort-vivant âgé de plusieurs siècles et obsédé par l'idée de conquérir le monde et de remplacer Phaïtos. Il fit donc un effort pour prendre un air souriant et confiant :

« Bref, je suis un nécromancien. Ce genre de sortilège doit donc être dans mes cordes, même si c'est la seul chose que j'ai compris du parchemin... »

« Pas de ta faute, Azra ? Dois-je comprendre qu’une tierce personne en est l’auteur?

Il se peut que ce soit dans tes possibilités, mais je ne puis en juger ne connaissant pas ta capacité en magie, si tu n’es pas à la hauteur, tu sais que cela pourrait se retourner contre toi, et les effets sont en ce cas pas vraiment agréable, peu importe quel sort on loupe. Es-tu bien sure de vouloir suivre cette voie de la magie noire ?
Quoi qu’il en soit je crains de ne pas pouvoir t’aider plus avant, je n’ai pas les connaissances nécessaire, pour ce sort, et je crains qu’il ne te faille trouver plus apte que moi. Tu devras surement t’adresser à un mage noire. La seule chose que je puisse encore te dire c’est que c’est un sort qui peut ramener des âmes mortes, en notre plan de vie, et leur faire perturber une tierce personne. Si tu préfères ce sort peux une fois lancer peux faire hanter par des âmes déjà mortes un individu, que le lanceur désigne. »

L'avalanche de paroles laissa le garçon pantois. Il tenta de remettre de l'ordre dans tout ça. Visiblement, le mage avait par hasard tapé juste à propos de Chandakar ! Il fallait immédiatement arrêter ça. Aussi, retrouvant son assurance de fanatique, le garçon déclara :

« Nul ne choisi ses fluides. Je suis né ainsi, c'est tout. Et j'ai été rejeté par mes propres parents à cause de ça. Maintenant, je compte m'approprier ce pouvoir. Je sais que c'est risqué mais, qu'ai-je d'autre ? Il suffit de se montrer prudent... »

Comme le mage lui tendait le parchemin, il le récupéra et sourit :

« Vous m'avez expliqué les mots difficiles, merci. C'est tout ce dont j'avais besoin. Si jamais vous vous mettez à la magie noire, vous pourrez me demander conseil... »

Ayant terminé son repas, il se leva et lui dédia un clin d'œil. Il jeta à rapide regard au redoutable bout de papier. Il faudrait sans doute mieux l'étudier dans une ruelle tranquille.

Les gens sont stupides ; ils se fient aux apparences. Je m’en fous de l’autre gourde et du garde, de la taverne de machin-chose avec ses putes, des brigands mal dégourdis et des passants. J’ai faim. La première taverne fera l’affaire.

Je prends la première grande rue et, au second pâté de maison, je trouve une auberge « La Tortue Guerrière ». C’est quoi ce nom à la con ?! Ils ont déjà vu une tortue ces blaireaux ?! Ça doit être tellement ridicule quand ça combat : « Hop ! Je me cache sous ma carapace, v’la la guerrière ! »
Bon, on verra bien si l’intérieur et les clients sont aussi absurdes que le nom…

Fingolfin s'excusa sans paraître très concerné, ce qui se comprenait en un sens. Il lui souhaita bonne chance et affirma ne pas être intéressé par la magie noir.

Azra hocha la tête en le saluant. Quel étrange personnage. Distant et pourtant pas désagréable...
Il grimpa chercher ses affaires, il était temps d'entamer une journée qui pourrait rapporter gros ! Il prit donc sa sacoche et toutes ses affaires et se dirigea vers la sortit. Il était tellement absorbé par ses pensées qu'il faillit percuter une sortant une jeune femme qui entrait.
Elle ressemblait à une noble avec sa riche robe et son éventail distingué mais, tandis qu'il reculait et marmonnant des excuses de mauvaise grâce, Azra la détailla et remarqua que... et bien il y avait quelque chose qui n'allait pas. Comme si on avait tenté de dissimuler des détritus puant sous une montagne de bijoux. Par certains côtés, elle rappelait la vision qu'il avait eu de Chandakar : une montagne de luxe servant à couvrir bien moins reluisant.
C'était néanmoins une femme et Azra, qui était toujours un peu impressionné par les membres du beau sexe, s'écarta pour lui laisser le passage.

À peine entrée qu’un morveux famélique me confond avec la porte et manque de me foncer dessus. C’est une habitude dans cette ville. Il me regarde à peine et se décale pour me laisser passer. Je crois qu’il m’a présenté des excuses, mais j’ai rien compris ; il a oublié d’ouvrir la bouche. Même habillée en bourgeoise on ne me respecte pas. Faut que je fasse quoi pour qu’on me considère un peu mieux qu’une pute ou qu’une chose inutile qui ne mérite pas d’attention ?!
Il a l’air paumé, le petit. La misère touche toutes les villes et tous les peuples il semblerait. Enfin, c’est pas une raison pour me traiter comme ça.

« Hey ! Ça te dérangerait de t’excuser correctement ? J’ai rien entendu. »

Il ne m’écoute pas et fixe le sol. J’vais le remettre dans le droit chemin, à savoir : Me regarder. J’ai horreur qu’on m’ignore ! Je me retourne et lui saisit le poignet.

« J’te cause, petit. »

Je me penche légèrement et lui adresse un sourire forcé, à peine voilé. Ça réagit comme ça, une noble ?

« Hey ! Ça te dérangerait de t’excuser correctement ? J’ai rien entendu. »

La femme le saisit au poignet en s'énervant comme une gamine capricieuse :

« J’te cause, petit. »

Le réflexe est instantanée une main vole et envoie un coup de revers en métal dans la pommette de l'arrogante, pour qu'elle le lâche. Personne ne le touche comme ça par surprise !

« J'vous ai pas autorisé à me toucher ! »

Il se rend compte ensuite qu'il vient de frapper une femme et que ça ne se fait pas. Il ne sait plus trop quoi faire. Il la regarde bizarrement. Mais qui est donc cette excentrique ?

(Quelqu'un à tuer ?) suggère innocemment Chandakar.

Sans l'écouter Azra grince :

« Désolé madame, vous comprendrez qu'un pauvre bouseux comme moi ai des manière peu distinguées. Et en dépit de vos apparences et de vos faux-semblant, je devine que c'est aussi votre cas. »