Le jeune inconnu n’a pas menti, l’auberge se trouve à quelque rues seulement du lieu de la rencontre. Visiblement, sa chute lui a tordu la cheville, et il peine à marcher. C’est avec soulagement qu’il montre à Cornélius l’enseigne de l’auberge.
-Voilà on y est ! Eh ben c’est pas trop tôt, ça me fait un mal de chien…
Puis il pousse la grosse porte en bois de l’auberge et pénètre à l’intérieur. Le jeune enodien lui emboîte le pas.
Finalement je suis plutôt chanceux, il ne reste plus qu’à espérer que la bonne fortune me suive…
Alors que l’extérieur ne laisse présager qu’une petite auberge tranquille, l’intérieur offre un spectacle tout autre. Plusieurs mots viennent à l’esprit lorsque l’on contemple l’intérieur de la salle, mais diversité est sans doute celui qui frappe le plus fort. Ici, tout les peuples semblent réunis, on y retrouve des humains évidement, mais aussi des elfes, des nains, et d’autres races que Cornélius n’a jamais rencontré ni même parfois entendu parler. De cette assemblée ressort un brouhaha mêlant conversations animées, chants d’ivrognes, exclamations des joueurs de cartes, dés ou autres jeux de hasard entre autre. Le vice et le plaisir. Ici tout le monde doit avoir quelque chose à se reprocher, du simple larcin aux actes plus…graves. Mais dans ce lieu l’ambiance est à la fête, et pourvu de connaître les règles, de ne pas être trop malchanceux, il y a moyen de passer une soirée très agréables.
L’auberge semble bien remplie, même à cette heure tardive, et aucune table ne semble libre. Ne tenant pas absolument à s’enivrer dès son arrivée en ville, Cornélius décide que le plus simple est encore de prendre une chambre directement. Il fait part de son intention à son interlocuteur.
-Attend tu rigole ! Je compte bien sur toi pour me payer à boire, et puis de la place, ce n’est pas ce qui va manquer tu vas voir.
Comme pour lier la parole à l’acte, il se dirige à la table de deux hommes qui buvaient paisiblement leurs breuvages. Ce sont sans doute les clients les plus calmes à cette heure-ci.
-Bon messieurs je le dirais pas deux fois, faudrait dégager la table fissa, mon ami et moi on aimerait bien passer un agréable moment.
Cornélius commence à douter fortement de la santé mentale du jeune homme. Les deux hommes assis ne sont en effet pas ce qu’on pourrait appeler des gringalets, mais ont plutôt la carrure de solides bûcherons. Ceux-ci se regardent, d’abord surpris, puis sans mot dire commencent à se lever, non pour céder leur place mais plutôt pour en vue de donner une bonne correction au jeune impertinent. Celui-ci ne semble d’ailleurs pas plus impressionné que cela. Pourtant, à la vue de la piètre prestation de tout à l’heure, il a de quoi s’inquiéter.
-Ah ça fait les durs ! Vous allez regretter de vous être opposés à un Pagaille !
Parmi les clients à proximité, plusieurs se retournent à l’écoute des mots du jeune homme, certains avec un air surpris. Les rixes sont nombreuses en ce lieu, et c’est plutôt le nom de famille qui surprend les clients, qui n‘est pas tout à fait inconnu. Cependant les deux intéressés ne semblent pas troublés et pour cause, ils ne proviennent pas de la région, et n’ont donc jamais entendu parlé de cette famille. Voyant le peu d’effet de ses paroles, le compagnon de Cornélius commence à perdre de sa superbe, et jette quelques regards à ce dernier, l’invitant à voler à son secours.
Le jeune enodien n’est pas un bagarreur, et considère que la diplomatie est toujours un moyen plus efficace que l’affrontement. Il se dirige donc vers les deux hommes, les bras en avant, adoptant l’attitude la plus pacifique possible.
-Écoutez, tout ceci est un simple malentendu…
Les deux hommes ne prêtent pas attention à ses paroles, et déjà le premier lève son poing dans la ferme intention de le coller dans la figure du jeune Pagaille. Celui-ci, selon toute probabilité n’a aucune chance de parer le coup. C’est alors que, de nulle part surgit un colosse, s’interposant entre les deux partis, bloquant le poignet de l’agresseur.
-Moi je serais toi j’éviterais de faire ça à ta place. Tu sais pas sur qui tu frappe. Alors un conseil, toi et ton pote feriez mieux de quitter cet endroit au plus vite, parce que vous êtes pas les bienvenus ici.
Sa voix est grave et imposante, et fait l’effet d’un tremblement de terre. Mais le nouvel arrivant n’a pas besoin de parler pour impressionner. Bien que faisant dos à Cornélius, celui-ci peut admirer sa taille de géant, plus de deux mètres selon ses estimations, et surtout la musculature impressionnante dont il est doté. Torse nu, sa peau arbore de multiples cicatrices qui parlent d’elles même quand à l’expérience du bonhomme. La plus grande prend son origine à la base du dos, pour remonter jusqu’aux omoplates. Enfin, un tatouage couvre l’intégralité de son crâne chauve. Les deux hommes ne se font pas prier, et détalent sans demander leurs restes. Le colosse se retourne alors vers le compagnon du jeune enodien,ne prêtant plus aucune attention aux deux hommes. Maintenant que Cornélius le voit de face, l’homme est encore plus impressionnant, si cela est possible.
-T’a bien de la chance de tomber sur moi Neil, j’sais pas ce que ton frère t’aurait fait s’il avait été là.
Neil…Je n’ai même pas pensé à demander son nom se dit Cornélius. La situation prend une tournure étonnante.
Neil prit un air renfrogné à l’entente des paroles du colosse.
-Ouai ouai…J’aurai pus m’en sortir tout seul Igro. Il faut toujours que tu sois dans mes pattes.
Le dénommé Igro ne relève pas, visiblement habitué aux humeurs de Neil. Ce dernier ajoute, haussant les épaules.
-Bon et bien on a une table de libre maintenant, tout ça m’a donné soif. Et vous, vous regardez quoi ? Cherchez les ennuis ?
Les quelques curieux s’étant retournés pour observer la scène s’empressent de détourner le regard, plus par peur de représailles d’Igro que de la réflexion de Neil.
-Tient Igro je te présente un nouvel ami, il s‘appel…
-Cornélius, enchanté.
-Ouai, Cornélius c’est ça. Il est nouveau en ville je l’ai rencontré dans la rue tout à l’heure, complètement paumé. Et Cornélius, je te présente Igro, un ami…et accessoirement le bras droit de mon frère.
Le colosse adresse un signe de tête à Cornélius et ironise.
-C’est une habitude à Neil de s’faire pote avec ses supposées victimes.
La suite de la discussion porte sur les activités peu avouable de l’organisation, dirigée par le frère de Neil. Spécialisée dans les crimes en tout genre, elle a acquis une certaine réputation dans la citée, et ses membres sont craints et respectés. Neil, en tant que frère du patron bénéficie d’une certaine immunité, mais force est de constaté qu’il n’est pas très doué dans le milieu. Cependant son caractère sympathique fait qu’il est plutôt bien intégré. Igro quand à lui est le plus ancien membre encore vivant de l’organisation, et l’ami proche du frère de Neil. Il est peu bavard mais malgré ses airs de grosse brute épaisse, est un bon conseillé et ami sur qui on peut compter. Cornélius lui, parle des motivations qui l‘ont poussé à partir, et ce qu’il espère trouver.
Après plus de deux heures passées à discuter, Cornélius sent la fatigue monter. Le groupe se sépare, avec la promesse de se revoir. Le jeune enodien commande une chambre, quelques heures avant que l’aube ne fasse sont apparition. La salle est maintenant pratiquement vide, et le calme règne. Il monte avec lassitude les escaliers qui mènent à sa chambre. Une fois à l’intérieur, il s’enferme et, exténué, s’endort immédiatement.
_________________ Cornélius, Humain, Guerrier

"I must not fear. Fear is the mind-killer. Fear is the little-death that brings total obliteration. I will face my fear. I will permit it to pass over me and through me. And when it has gone past I will turn the inner eye to see its path. Where the fear has gone there will be nothing. Only I will remain."
The Fear Litany, F.H.
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