L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Jeu 20 Aoû 2009 19:57 
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Laissant la rue derrière moi, je m'introduisis dans l'auberge.
Un fumet agréable me titilla le nez et tout de suite, j'eus cette impression de me sentir chez moi. La chaleur dégagée par le feu contrastait franchement avec la fraicheur de la nuit qui venait de tomber. Depuis que j'avais quitté ma maison, c'était le premier moment ou je pouvais me sentir bien, sans me soucier de mon destin pour un moment.

Talic, le gérant de cette jolie auberge, avait parfaitement réussis son coups pour inciter la clientèle à revenir. En effet l'ambiance chaleureuse atteignait ici un paroxysme que je n'avais pas encore connu.

Je m'installa à une petit table dans un coin et fer ma les yeux. La journée fut difficile mais il faut que je m'y habitue. Les yeux fermé pour méditer, je ne me rendit même pas compte que le sommeil m'emporta, me ramenant auprès des miens, dans la chaude froideur de mes montagnes que j'avais quitté pour venir dans ce trou à rats.

"Oh, monsieur, vous allez bien?"

Je cligna des yeux, j'eus une brève vu d'un Talic flou. Je cligna à nouveau des yeux et me leva.
J'étais par terre.
(Comment suis-je arrivé là?)

"Vous avez fait un genre de crise"

"Qu'ai-je fais?"

"Vous gueuliez: il va me tuer! Il va me tuer... C'était assez inquiétant.

Je regarda derrière le brave homme. Une bande de types musclé, mais ayant au moins trois tête de moins que moi, rigolait à s'en déchirer la machoire. Apparemment, Talic avait dit "inquiétant" pour ne pas dire "tordant".

"Faites pas gaffe à ces cons, il payent leurs bouffes mais faut pas leur demander de compter jusqu'à quatre. J'vous sers quoi?"

Quelques instants plus tard, l'aubergiste revint avec une bonne côte de porc appétissante et une bière. J'entamai le repas. La viande était quelconque mais cela aurait fait du bien à n'importe quel affamée, aussi exigeant soit-il. La bière ne servait qu'à faire passé la viande qui était somme toute assez sèche.
Malgré cela, à la fin du repas, je laissa un petit pourboire pour remercier Talic d'avoir été aussi attentionné.

"Oh, ce n'est rien! Je suis comme ça avec tout les nouveaux arrivants"

Talic s'en alla pour faire un bras de fer avec l'un des hommes qui avait bien rit de mon évanouissement. Je sortit mon livre mon encre et ma plume. J'écrivis brièvement ce qui m'était arrivé depuis mon départ. L'écriture arrivé à son terme, je décida d'aller dormir.

Talic m'emmena à ma chambre. Elle était petite et miteuse, mais je devrais m'en contenter. Une petite fenêtre offrait une vue imprenable sur la... rue. J'enlevai ma ceinture et mon fourreau et alla me coucher.
Impossible de dormir.

(Il n'y aura personne, ce type a proferé des menaces en l'air)

Et pourtant, le sommeil ne vint pas. Autre chose vint.

(Bon sang, ils sont vraiment taré dans cette foutue ville)

Un ombre, à peine visible dans l'obscurité venait d'entrer par la fenêtre.
Mon épée était au pied du lit, la personne qui venait d'entrer ne s'était apparemment pas aperçu que j'étais réveillé.

Elle s'approcha de moi silencieusement, le col ne craquant même pas sous ses pieds.
Soudain, je roula de mon lit, prit mon épée, la sortit de son fourreau et la planta dans le flanc de mon ennemi. Il poussa un petit cri à peine inaudible et s'écarta.
Il n'était que légèrement blessé et pu aussitôt contre attaquer.

Un combat silencieux s'engagea. Forte heureusement pour moi, mon ennemi n'était que très peu expérimenté. Il devait surement penser que il serait rentré dans la chambre, aurait planté sa dague dans mon cœur et aurait touché la prime, mais c'était plus compliqué que cela.

Mon épée n'arrivait pas à prendre le dessus sur la dague de l'assassin. Je devina que l'assassin était une femme d'après sa démarche, mais peu importe. Je ne l'épargnerais pas pour autant. Les lames faisait un bruit sourd et silencieux qui ne devait pas dépasser les murs de la chambre. A force de parade et d'attaque plus ou moins bien dirigé, je réussis à lui passer la lame sous la gorge, mais elle fit preuve d'une vivacité impressionnante et me repoussa une énième fois. La fenêtre encore ouverte laissait passé une légère brume dans la pièce et le froid nous agressa tous les deux. Mais habitué aux froid extrèmes, je réussis à profiter de sa faiblesse pour lui assener un coup à la main et la dague vola par la fenêtre.

(Tu es à ma merci)

"Allez, qu'on en finisse"

Elle n'avait pas peur de la mort. Ma lame était sous sa gorge. La lumière de la lune laissait apparaitre des formes que je n'avait que pu entrevoir tant elle était vive.
Elle avait de long cheveux blanc, un visage froid et fin. Elle ne devait pas être plus âgé que moi. Je m'approchai d'elle, affichant un air sadique qui ne me ressemblait pas.
Puis je pris la bouteille de bière que j'avais ramené dans ma chambre et la lui écrasa sur la tête. La dernière vision que j'avais eu d'elle m'interdit de l'achever. Je la fouilla, tout en respectant sa pudeur.

_________________
Archebelt, guerrier de niveau 1


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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 20:33 
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Lorsque Rasliak pénétra dans l'auberge, ni la fumée des nombreuses pipes ni le fumet des plats ne lui parvinrent. Il était tout à ses plans de richesses... Il ne remarqua ni les danseuses presque nues au fond de la salle, ni les autres clients de l'établissement. Pour lui, une seule chose comptait, sa fortune future.
Il s'approcha de la serveuse la plus proche, lui demandant si elle savait s'il pouvait trouver Ral Avir ici.

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Elle le dévisagea, puis hocha la tête, pointant du doigt deux hommes assis en plein centre de la taverne. Rasliak s'approcha d'un pas décidé, attrapant au passage une chaise libre, qu'il posa bruyamment entre les deux hommes, avant de s'assoir comme s'il y avait été invité... Son audace le surprenait lui même, mais à bien y réfléchir, mieux valait ne pas perdre de temps avec de telle futilité.


"Bien le bonjour messieurs. Veuillez pardonner mon intrusion, mais il y a quelque chose de la plus haute importance dont je dois m'entretenir avec Ral Avir, le marchand. On m'a dit qu'il s'agissait de l'un d'entre vous. Ais-je bien été renseigné?" déclara-t-il d'une voie pleine d'assurance.

Les deux hommes surpris, le regardèrent quelques instant, avant que l'un d'un ne se lève, dégainant son sabre dans la foulée
"Espèce d'insolent! Je vais t'apprendre les bonnes manières!"
"Calme-toi Brum. Après tout, je n'ai rien d'autre à faire pour l'instant. Et même si les manières de ce jeune homme ne sont pas des plus plaisantes, qu'ai-je à craindre de lui? Parles donc, je t'écoute!"

"Si mes manières ne vous plaisent pas, vous n'allez pas apprécier la suite non plus. Autant être direct donc. Voilà donc ce que je sais: Vous êtes Ral Avir, marchand ayant réussi dans le dur monde des affaires. Toutefois vous vous êtes fait des ennemis, que vous le sachiez ou non, durant votre parcours. Des ennemis qui cherchent à s'accaparer toutes vos richesses et qui ont amassez suffisamment d'éléments pour avoir l'ascendant au cours des... négociations. Ma proposition est la suivante, en échange d'un tiers de votre fortune, je m'engage à ce qu'ils vous laisse ne paix, du moins pour l'instant. Je peux vous garantir que je suis tout à fait capable de me procurer une copie de leur plan ainsi que leur atout principal, ce qui devrait vous permettre de vous sortir de ce mauvais pas sans trop de peine. Qu'en dites-vous?" Le jeune voleur était surpris par son assurance, mais après tout, mieux valait avoir l'air sur de soi lorsque l'on tenait de tels propos.

"Hum. Sais-tu qui je suis mon garçon? J'espère que tu as conscience que tu ne négocie pas avec un banal marchand de carpettes. Si tu es si bien renseigné que cela, tu dois savoir que je suis apte à m'occuper de moi-même. Pourquoi donc accepterais-je ton offre?"

"Et bien, si vous n'acceptez pas mon offre, laissez moi la pimenter quelque peu. J'ai également en ma possession un relevé détaillé des différentes opérations... douteuses auxquelles vous vous êtes adonné pour assurer votre carrière. Imaginez un peu les dégâts sur votre réputation qu'occasionneraient de tels documents s'il devait parvenir à la garde."
(On n'est plus à un coup de bluff prés...)
"Mes associés détiennent actuellement ce fichier par ailleurs. S'il devait m'arriver quelque chose par votre faute dans un futur proche, soyez certain que les gardes aurait alors rapidement en leur possession la plus belle liste des escroqueries et diverses fraudes qu'il leur ai jamais était donné d'admirer. Bref, récapitulons: Le tiers de votre fortune contre l'assurance que vos ennemis ne pourront rien contre vous, et que les gardes n'apprendront jamais vos petites combines. Pas si cher que ça non? Et s'il vous plait, dites à votre garde du corps de se clamer, une effusion de sang dans cette taverne ne profiterait à personne." dit Rasliak, remarquant que le dénommé Brum avait dégainé son sabre en silence... Le guerrier était un véritable colosse!

(Et surtout pas à moi...)

"Brum, range ton arme. Jeune homme, tu réalises que je pourrais tout aussi bien te faire suivre puis tuer afin de récupérer tout cela?"

"Et bien oui, mais sachez que cela ne m'impressionne guère. J'ai du affronter un certain nombre d'assassins qualifiés pour me procurer toutes ces informations, alors un de plus ou un de moins... Et après tout, cela ne vous profiterait pas tellement. Comme je vous l'ai déjà dis, mes associés attendent mon retour sain et sauf, faute de quoi l'ensemble des preuves que nous avons contre vous sera envoyé à la garde."

"Mon garçon, j'ai bien peur que cela ne te soit pas suffisant. J'ai mes propres espions, et de nombreux contacts au sein de la garde. Cela rend donc caduque toutes menaces concernant la révélations de mes "combines". De plus si en parlant de mes ennemis tu fais référence à cette minable organisation qu'est Lyumen, alors saches que je ne cours aucun danger. Ils ont essayé de nombreuses fois de s'approprier mes biens, et jamais ils ne se sont approcher de la réussite. Si tu n'as plus rien à me dire, alors il ne me reste qu'à te souhaiter une bonne fin de journée. Enfin bonne..." déclara le marchand l'air sur de lui.

(Quel enflure. Je pensais pas que ça serait aussi dur de le faire craquer...)
"Hop hop hop, une minute, je n'ai pas fini. Je n'avais pas prévu d'en parler, mais bon, puisque vous semblait si sûr de vous... J'ai récupéré un objet précieux pour Lyumen... Ils avaient l'air de penser que cela leur assurerait facilement la victoire... Que se passerait-il si je leur rendait cette bague?" Dit Rasliak, la bague d'Ilumy posée dans sa main.

Le visage du marchand se décomposa soudainement. Toute expression disparue du son visage. Plus aucun sentiment ne transparaissait, et le regard du marchand semblait se perdre dans la complexité des motifs ornant la bague. Réalisant que quelque chose d'étrange était en train de se produire, Rasliak ferma la main, plaçant la bague hors de la vue du marchand. Ral Avir retrouva immédiatement ses esprits, mais son visage était livide

"Ou...Ou as tu trouvé cette bague?" lâcha-t-il, d'une voix tellement faible que Rasliak douta l'avoir entendu

"Ça me regarde. Mais apparemment elle ne vous laisse pas indifférente. On peux faire affaire alors? La bague, contre le tiers de votre fortune?"
Les négociations commençaient à devenir longue et Rasliak avait hâte de pouvoir quitter la compagnie des deux hommes. Le garde du corps du marchand le fixait d'un œil mauvais, et il ne se sentait pas vraiment à son aise...

"L'acquisition de cette bague ne m'intéresse en rien. À vrai dire, je préférerais qu'elle disparaisse de ce monde. En revanche, j'ai une proposition à te faire. Tu m'as l'air assez habile, et j'aurais bien besoin de tes... services. Malgré tous mes contacts, il est certaines... commandes... que j'ai du mal à réaliser. Laisse moi t'expliquer la situation, avant de te décider... Vois-tu, il y a quelques années, plusieurs marchands concurrents se sont regroupés en une guilde officieuse, Lyumen, afin de s'emparer des principaux commerces de la ville, et ainsi asseoir leur suprématie financière. À leur tête, un jeune marchand a qui le succès souriait: Moi. Nous avons rapidement étendue notre emprise sur la ville, mais il me devenait de plus en plus difficile de maîtriser les ambitions de mes collaborateurs. Je décidais donc de quitter Lyumen, pour travailler à mon propre compte. Mes associés n'ont en rien apprécié mon geste, et c'est de cette époque que date l'aversion de Lyumen pour mes affaires.
La bague quant à elle, à une histoire tragique. Vois-tu, elle appartenait à ma défunte fille
" Il s'interrompit un instant, visiblement encore émue par le souvenir de sa fille
" Elle est morte assassinée sauvagement. J'ai toujours soupçonné les agents de Lyumen d'être derrière son meurtre, mais n'ai jamais rien pu prouver. Tu viens de m'apporter ce qu'il me manquait. Ce qui me permet d'en revenir à ma proposition. Je pourrais facilement te faire assassiner. Ce soir, demain, ou dans un mois, pour avoir eu l'audace de me menacer. Mais tu peux m'être utile, aussi je te propose d'oublier cette histoire, en échange d'un petit service. Suivant la qualité de ta prestation, je pourrais même te récompenser de manière plus traditionnelle. Ce que je veux est simple, me venger. Œil pour œil, dent pour dent. Fille pour fille. Regarde la bas" dit-il en désignant du menton le bar de l'auberge.

"Tu vois cet homme en armure? Il s'agit de l'amant, et garde du corps, de la fille d'un des dirigeant de Lyumen. Celui qu'ils appellent leur Chevalier Sublime. Tue la. Peu m'importe comment, mais débrouilles toi pour qu'elle meurt. Que cela ai l'air d'un assassinat ou pas, je m'en fiche, je m'estimerais satisfait si elle quitte ce monde. Si tu accomplis cela pour moi, alors retrouve moi chez moi, et nous pourrons reparler d'une éventuelle récompense. Maintenant, vas-t-en!"

La discussion semblait close, mais ne s'était absolument pas déroulée comme prévue. La situation s'était même complètement retournée. Rasliak réalisa qu'à l'avenir, il faut connaitre sa cible en détail pour réussir à la faire chanter... Enfin, la situation n'était pas si noire: le marchand se montrerai sans doute généreux en échange du meurtre qu'il réclamait. Et chose étrange, Rasliak n'éprouvait aucune répugnance quant à l'idée de tuer à nouveau.

En se relevant, il aperçut l'homme en armure payer au comptoir. Apparemment, il était l'heure de commencer sa mission. Il sortit peu après l'homme, le suivant de loin.

Pendant qu'il quittait l'établissement, le marchand finissait sa bière en silence. Il remarqua le regard inquisiteur de son garde du corps.

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" Hum, tu te demandes pour la bague?"
"Oui. Lorsque vous l'avez vu, vous êtes resté..:"
"Je sais. Cette bague est spéciale. Le ressentiment de ma fille, sauvagement assassinée, y est conservé. Elle affecte maintenant tout ceux qui la regarde, et les effets sont d'autant plus puissant que je me sens coupable de la mort de ma fille..."
"Que voulez vous dire, elle affecte...?"
"C'est complexe et je n'en sais pas énormément... Nymel n'a pas pu m'en apprendre énormément... J'avais tenté de m'en débarrasser, mais apparemment, rien n'y fait.
Le mage qui l'avait analysé m'a expliqué qu'elle corrompt l'esprit de tout ceux qui la contemple trop longtemps... L'effet est définitif et progressif. La regarder plus de quelques heures suffit pour mettre en marche le processus... Quiconque l'observe suffisamment longtemps se verra entrainer dans les ténèbres. Un homme qui la fixerait plus d'une journée en perdrait la raison et deviendrait fou à lier, empli d'une haine inexplicable pour ses semblables... Ce jeune homme a surement déjà entamé sa descente... Il faudra trouver un moyen de détruire cette bague. Je lui demanderais de me la remettre lorsqu'il en aura terminé."


_________________

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Watch the shadows, watch the walls,
For there he lurks, and there he crawls
His dagger quick, his dagger sly,
To cut your throat, to pierce your thigh.


Dernière édition par Rasliak le Lun 24 Aoû 2009 22:43, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 22:45 
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La jeunette parut soudainement bien mal à l’aise à la suite de ma question, qui avait l’air d’éveiller chez elle quelques inquiétudes sans doute fondées, puisqu’elles concernaient mon prédécesseur… Je savais mieux que quiconque quel genre de personne il fallait être pour avoir été barman au Purgatoire, et pour avoir quitté la maison de passe vivant et en bonne santé, pour se reclure dans les tréfonds d’une habitation, taisant jusqu’à son identité. Je savais que les renseignements sur cet homme ne seraient pas aisés à récolter, mais si cette petite serveuse ne pouvait m’aider, je ne voyais pas vers qui d’autre me tourner dans l’immédiat pour m’épauler dans ma tâche macabre. Je l’observai avec flegme réfléchir à la réponse qu’elle pourrait me fournir en n’omettant aucun détail sans pour autant se mettre en défaut. Ce moment dura un peu trop longtemps à mon gout. Les secondes s’égrainaient avec lenteur, et je faillis perdre espoir qu’elle me réponde. Je me voyais déjà la congédier sans même terminer mon breuvage, et sortir de cette taverne sans plus attirer l’attention sur moi… Mais l’étincelle arriva dans son regard, cette lueur de connaissance, de savoir, de souvenir tiré de loin dans une mémoire mise à mal par trop de recherches.

Sa voix, toujours aussi fragile, portait cette fois les intonations de satisfaction mêlée d’excuse. Elle avait des informations à me donner, mais pas exactement celles que je cherchais. Ainsi, elle affirma ne connaître aucun Auguste Brandburg, mais bel et bien une Cecilia Brandburg. Elle fit une pause, mais mon regard se fit insistant, et sans que je dusse énoncer la moindre parole, elle poursuivit, visiblement de moins en moins à l’aise, au point de déglutir bruyamment. Mais je ne faisais pas attention à ce genre de détail. Le ressenti de cette serveuse ne me touchait guère que dans mes tentatives de persuasion pour lui extorquer ce dont j’avais besoin. Toute mon attention était concentrée sur le contenu du message qui allait filtrer de ses fines lèvres immatures. Je notai néanmoins un regard inquiet vers une table située derrière moi, sans que je puisse pour l’instant en identifier la cause. Et je n’osai interrompre son élan en me retournant. J’écoutai donc ce qu’elle avait à me dire sur cette mystérieuse et inattendue Cecilia.

La donzelle était visiblement remarquée pour ses charmes et ses attraits, et s’était rendue au Pied Levé en quelques reprises pour se pourvoir en viande salée. Mais mon informatrice nota que cela faisait un certain temps qu’elle ne l’avait plus aperçue vaquer dans le coin. Inconsciemment, je hochai la tête en fronçant un peu les sourcils, mon regard se perdant dans le vague de mes pensées…

La jeunette paraissait réellement troublée de devoir ainsi me parler, et ne cessait de jeter des œillades inquiètes derrière moi. J’aurais bien laissé cette attitude passer si un pressentiment n’était pas né en moi. Les personnes qu’elle reluquait de la sorte écoutaient certainement notre conversation avec attention, et il ne faisait aucun doute qu’elles en savaient plus que la jeune serveuse sur la personne que je recherchais. Aussi retins-je mes questions pour la demoiselle, et lui signifiai avec un sourire charmeur.

« Ces informations sont précieuses, Aliës, merci. Si voulez bien m’excuser un instant… »

Qui sait si j’avais encore besoin d’elle par après, il ne me fallait pas la malmener ! Aussi c’est avec un clin d’œil que je me levai pour me retourner prestement vers la tablée de derrière. En un coup d’œil, j’avais analysé la scène : quelques hommes attablés qui regardaient avec une insistance non feinte dans notre direction, et qui n’avaient pas pu se prémunir de mon retournement. Aussi captai-je leur regard en m’approchant d’eux et en affirmant d’une voix normale, qui ne se voulait ni discrète, ni crieuse :

« Hé bien messieurs, je semble faire votre intérêt, n’est-ce pas ? Et bien c’est une bonne chose, car vous aussi vous m’intéressez. Voyez-vous, je cherche le sieur Auguste Brandburg car je dois m’entretenir d’urgence avec lui. »

Je laissai volontairement planer un air mystérieux sur mes traits, et poursuivis d’une voix un peu provocatrice.

« Cependant, si ce nom ne vous dit rien, si vous ne voyez pas de quoi je parle, je ne saurais que mieux vous conseiller de détourner votre attention de ma personne et de celle de mon amie ici présente… Logique, non ? »

Mon culot était osé, mais j’aimais jouer le tout pour le tout, mettre les pieds dans le plat, peu importe ce qu’on pense de moi…

_________________
- Selen Adhenor -


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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Mar 25 Aoû 2009 11:09 
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La jeune femme fut rassurée que ses réponses paraissent te convenir et te satisfaire. Tout ce qu'elle désirait, c'était que ses clients soient content de l'établissement dans lequel elle travaillait d'arache-pied.

Voyant que tu te levais si rapidement, elle sursauta pour te laisser la place avant de s'en aller pour se mettre à la disposition d'autres individus. Elle gardait pourtant un oeil sur toi et les personnes un peu bizarre vers lesquelles tu te dirigeai en hâte pour les surprendre, sentant bien que les choses pouvaient très rapidement mal tourner. Ces personnes étaient habillés de vêtements sombres, trop sombres, avec une légère cape tombant sur leurs épaules. Ils avaient le visage marqué par le temps, et peut-être aussi par des lames ou toute autre chose coupante, en témoignaient les drôles de traces qui cinglaient leur portrait, et également leur bras, si on regardait bien.

Ton intervention auprès de ces hommes fut des plus sureprenantes, et au départ, ils semblèrent bien mal à l'aise, comme en témoignait les mouvements un peu nerveux de leurs mains noueuses même si leur expression restait impassible. Ils avaient apparemment déjà un certains âge, peut-être la quarantaine, et l'un d'entre eux, celui assi à la table la plus à gauche tourna la tête vers un ailleurs, faisant mine de ne pas se sentir concerné par tes propos. Tu étais donc entrain de faire ton numéro auprès des deux autres qui étaient estomaqués mais qui cherchèrent bien vite à se reprendre.

"Nous nous interessons mutuellement, fort bien, mais nous sommes un peu pris au dépourvu, là. Et donc, le Sieur Brandburg...Tu veux le rencontrer ? Tu entends ça, Alpha ?", lança le plus imposant des deux en arborant soudainement un sourire un peu pincé. L'autre se contenta de hôcher la tête et se pencha en avant l'air interessé.

"On pourrait peut-être s'arranger alors...Qu'est ce que tu as de beau à lui dire ?"

Ils ne dirent rien de plus, faisant un peu planner le mistère sur le sujet. Apparement, ils avaient des informations, mais ils ne semblaient pas vraiment très enclin à te les donner.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Mar 25 Aoû 2009 13:22 
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J'entrais dans la taverne, l'air était lourd, ça sentait la mauvaise bière et la vieille sueur. Tout le monde me dévisageais, sans doute car ils ne me connaissaient pas. Je me dirigeais vers le comptoir et demandais une bière. Mes années passées à me saouler constamment me revinrent en mémoire, mais maintenant tout ça était derrière moi. La bière est infecte mais ici je suis en sécurité.

"Vous êtes nouveau ici ?" Me demanda la tavernière d'un air soupçonneux

Je ne répondis pas et elle insista

"Vous devez être mercenaire, vu tout votre équipement. Vous cherchez du travail ?"

"Je ne suis pas là pour faire le mercenaire. Laissez-moi tranquille maintenant, déjà que la bière est infecte pas besoin de supporter votre interrogatoire"

Elle avait l'air de mal le prendre et elle retourna à ses occupations.

Parmi tous les clients de la taverne certains étaient visiblement des aventuriers, armés, mais aussi inoffensifs qu'un écureuil. Au fond de la salle un homme seul m'observait, je lui rendit son regard, il se leva et se dirigea vers moi.

"Vous croyez être en sécurité dans la taverne ?" me chuchota t-il
"Et vous pensez pouvoir me tuer, sans qu'on vous remarque ?"

Il hésita et dit finalement

"Je pourrais vous tuer avec ma dague et m'enfuir"
"Vraiment ? Et vous pensez que je vais vous laisser faire ?"
"Je ne doute pas que vous allez tenter de vous défendre vieillard !" Et tout le monde l'entendit dans la taverne.

"Très bien battons-nous alors"

Et les hostilités débutèrent, je dégainais mon épée, lui sortie une petite dague. Je chargeais le premier, le bousculant, il tomba à la renverse sur le sol de la taverne. Je lui fonçais dessus, mais avant que j'ai pu lui porter le coup il se releva avec une vitesse impressionnante et me blessa légèrement au niveau de la jambe gauche. Il a remarqué ma faiblesse, et ne va pas hésiter à s'en servir. J'attendis alors l'attaque, il fondit sur mon côté gauche mais j'avais anticipé l'attaque et lui plantais mon épée dans le ventre. Il se vida de son sang devant une vingtaine de témoin, la milice ne tarderais pas et je me retrouverais en prison pour meurtre.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Sam 5 Sep 2009 08:57 
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Mon court discours m’avait permis de mieux percevoir mon auditoire improvisé. Je m’étais adressé à des personnages d’un âge assez mûr, au visage marqué par les traits du temps autant que de l’expérience de leur vie : une vie donnée au service du danger et du combat, du crime, à n’en pas douter. Si bien qu’on se savait pas vraiment distinguer les rides des balafres sur leurs visages. S’ils avaient un âge certain, ils n’étaient pas non plus cramoisis par le temps. Je n’avais pas face à moi des vieillards, mais bien des hommes matures, qui en avaient vécu assez pour ne pas se laisser prendre par une ruse aisément décelable, mais pas assez pour devenir sénile, gâteux ou chétif de corps et d’esprit. Et pourtant, l’un d’entre eux sembla ne pas prêter attention à mes péroraisons quant à leurs intentions : il tourna le visage à l’opposé, comme si mon existence même lui avait été cachée. Peu habile de sa part, puisque je me tenais droit devant eux, et que je m’étais exprimé sans le moindre chuchotement, avec la plus grande clarté. À moins qu’il fut sourd, cet homme, par son attitude, finit de confirmer mes doutes sur la bande à laquelle j’avais à faire. Ils n’étaient pas de simples curieux en chasse d’informations nouvelles sur lesquelles ragoter en groupe autour d’une pinte d’ale brune. Non, c’était bien des hommes qui en savaient long sur ce que je cherchais malgré moi.

Quant aux deux autres, leur visage ne reflétait aucun sentiment, sinon de la méfiance et du doute à mon égard. Cependant, une lueur aisément décelable dans leurs yeux me permit d’affirmer qu’ils avaient été interloqués par mon arrivée, sinon complètement abasourdis. Ils n’arrivaient pas à dissimuler leurs émotions aussi bien que je le pouvais : ils n’avaient pas mon expérience, ni même mon âge, même si leurs articulations noueuses et leur silhouettes charnue engageait une plus longue vie que la mienne, moi qui avait encore un corps de jeune et fougueux humain, la beauté et la grâce elfique en plus, héritage de mon lâche paternel.

Ainsi, je pouvais me gausser d’un certain avantage sur eux, puisque si je pouvais déterminer leur âge, et leur passé, ils n’en pouvaient rien me concernant : Aucun d’eux n’était au fait de mes origines elfiques, qui n’étaient pas flagrantes : des yeux émeraudes déconcertants, une chevelure plus fine et aérienne que la normale, une beauté sans pareil, bien que rehaussée des traits virils de l’humanité, des oreilles légèrement plus pointues que la normale humaine, mais sans être elfiques pour autant… Ils ne pouvaient deviner mes origines, et me sous-estimeraient donc sans doute comme ils l’avaient déjà fait, en imaginant qu’ils ne seraient pas repérés, et que je ne viendrais jamais à leur rencontre.

Ce fut celui qui me sembla avoir le plus d’expérience dans les deux attentifs qui réagit le premier pour se donner une contenance et répondre à mes paroles d’un ton un peu guindé qui relevait sans doute plus de la moquerie que de la plus nette sincérité. Ce verbiage ne seyait guère à sa rustre apparence, même s’il ne relevait tout de même pas des hautes sphères de la noblesse ou de la bourgeoisie, ni même d’une culture très étendue. Il admit donc que nous pouvions nous être utiles, et réciproquement, faisant miroiter de manière un peu trop ostensible la possibilité de rencontrer Brandburg, comme un hameçon sur lequel j’étais sensé me jeter corps et âme. L’autre trublion acquiesça sans un mot après s’être fait interpeler par son collègue.

Peut-être allais-je une fois de plus surprendre ces hommes. Je n’avais pas envie de leur cacher une vérité trop évidente. J’allais mettre les pieds dans le plat, et avec la plus aisée des attitudes. Je m’enjoignis donc d’un sourire mystérieux avant de leur révéler d’une voix plus basse mes noirs desseins.

« On m’a envoyé le tuer… Mais je ne sais pas encore si je vais le faire. Je dois vérifier si l’homme qui m’a donné cet ordre est plus intéressant que votre patron, ce qui ne saurait être trop compliqué. Mais pour juger de cela, je dois le rencontrer, et lui proposer un marché. À lui… »

Je laissai un instant mon discours faire son effet sur leurs petites caboches enrouées, puis poursuivis :

« Inutile de partir en palabres futiles et en discours vains. Je ne démordrai pas de mon but, et l’homme qui me paie non plus. Si vous ne vous arrangez pas avec moi, c’est contre plusieurs hommes autrement armés que vous aurez à vous battre. Moi, je vous propose juste de faire un marché à Brandburg. Menez-moi à lui, ou c’est moi qui le trouverai. Et si je dois chercher, je risque d’être énervé, ce qui descendrait évidemment ce cher Auguste dans mon estime. »

Ils étaient acculés, ils ne pouvaient reculer. Ils savaient que j’avais raison : s’ils s’en prenaient à moi, Ivan enverrait d’autres personnes accomplir ma tâche. Des personnes plus expérimentées pour ce genre de chose, qui ne laisseraient pas la moindre occasion de se refaire à Brandburg… Les trois hommes étaient pris au piège, et je n’avais plus qu’à attendre leur réaction, le regard insistant sur leurs personnes, attentif à la moindre réaction.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Sam 5 Sep 2009 10:51 
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Bizarrement, les deux hommes échangèrent un regard complice. Un drôle de sourire se dessina sur le visage du plus locasse, et lorsqu’ils entendirent tes explications, ils eurent même l’air amusés, étonnement. Pourquoi donc cette réaction ? Tu n’étais donc pas forcement le seul à avoir des façons de te comporter un peu étrange.

« Mais quel genre d’homme es-tu donc pour espérer seulement vouloir le tuer ? Enfin, l’optimisme et la témérité de la jeunesse, je suppose… »

L’homme sorti un poignard de sous sa cape, et se mit à en caresser la lame, acérée, luisante aux reflets des bougies qui éclairaient ce lieu malsain. Quelques gouttes de sang se mirent à couler de ses doigts, lentement, doucement, et un pincement de lèvres précéda la suite de son discours…

« Et bien c'est parfait, ça me va, allons donc voir si notre maître a quelques choses de plus intéressant à vous proposer que le vôtre! »

Il se leva donc sans plus attendre, et le second fit de même, une lueur carnassière dans les yeux qui disparut très rapidement sous les pans de la cape qu’il rabattît sur son visage. Quelques pièces furent laissées sur la table à l’attention de la serveuse, et ils gardèrent le silence jusqu’à se retrouver dans la rue. Le troisième, quant à lui, avait continué à ignorer la scène, et était resté assi, impassible…

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Mar 8 Sep 2009 09:38 
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Deux mois avaient passés depuis ma rencontre avec Neil. Je m’éveillai grelottant dans la chambre d‘hôtel qui était mienne depuis mon arrivée. Passant un bref coup d’œil autour de moi je vis que la fenêtre était entrouverte, laissant filtrer l’air frais du matin. Alors que je me levai, malhabile, et me dirigeai vers celle-ci, j’aperçus gisant sur le sol un bout de papier froissé. Je soupirai, car je sus très bien qui en était l’auteur. C’était mon employeur. En effet après ma rencontre avec Neil, celui-ci avait tôt fait de me présenter aux gens de l’organisation et j’avais même pus rencontrer leur chef, qui n’était autre que le frère de Neil. Celui-ci, sans être une lumière, savait diriger ses affaires, et avait un don certain pour juger un homme. De plus il ne reculait devant rien pour mener à bien ses objectifs, qualité selon lui primordiale d’un bon chef.

Ainsi donc je me retrouvais à côtoyer les brigands de Tulorim. Le quotidien n’était pas aussi romanesque qu’avait laissé entendre Neil, toujours emprunt à enjoliver la réalité, et on pouvait même dire sans trop se tromper qu’il était aux antipodes de cet adjectif. La vie était misérable sous bien des aspects. La pauvreté côtoyait le crime, la famine et la maladie. La mort planait au dessus de chacun de nous, et pas un seul instant elle ne relâchait sa vigilance macabre. Oh ! Combien de fois vis-je de trépas durant cette période. L’espérance de vie était courte, beaucoup ne voyaient pas vingt printemps, et une proportion non négligeable n’en verrait pas un seul… Et comme la vie était misérable, les gens ne reculaient devant rien. Je n’eus jamais à blâmer aucun d’entre eux. Tous étaient damnés, luttant pour leur survie et celle de leur famille. Alors pour surmonter, certains s’oubliaient dans l’alcool, d’autres dans les prières. Moi, j’avais perdu toute foi le jour ou je vis cette mère ôter la vie de son enfant. Nous étions livrés à nous même, et nul dieu ne nous viendrait en aide.

L’organisation comprenait dans ses rangs nombre de voleurs, proxénètes, escrocs, marchands corrompus, mais aussi assassins, bourreaux ou tout autres artistes de la violence. Le plus tragique dans tout cela venait sans doute du fait que la plupart d’entre eux étaient de bon pères de famille et qui, poussés dans leur derniers retranchements, pénétraient dans le monde obscène et malsain de la violence, ce dans l’espoir de nourrir leur famille. Il n’y avait ni joie, ni plaisir dans l’action, d’ailleurs ils n’étaient plus maîtres de leur vie, simples pantins muent par la nécessité. Bien sur, tous n’étaient pas du même bois, il y avait bien des dérangés, des détraqués guidés par le vice, la violence, et le malheur d’autrui. Ceux-là j’avais appris à les reconnaître et à les éviter tant que je le pouvais, ce qui n’était pas toujours possible. J’avais encore en tête de sordides visions de corps humains effroyablement mutilés, sujets à une passion sadique.

Je m’extirpai de mes souvenirs et ramassai le papier. Je pus lire, dans une écriture grossière :

« minuit trente, dock XV, urgent »

Le message était court et allait droit à l’essentiel. J’avais une nouvelle mission, dont on m’avait communiqué le lieu et l’heure. Je brûlai le papier avec négligence, à l’aide d’une bougie qui se trouvait sur la petite table de chevet disposée près du lit. Je me sentis étrangement las.
La vie que je menais à Tulorim n’avait rien de l’excitation des choses nouvelles. Pis, plus les jours passaient, plus je sentais que je m’éloignais de mon humanité pour me transformer en automate. Au fil des jours, j’acquérais une vision désabusée des choses, je me détachais du monde. Les sentiments refoulés, et la place au vide…

Je me tins, immobile devant la glace qui ornait ma modeste chambre. J’avais une gueule à briser les miroirs. Les traits étaient tirés, la peau était blanche, parsemée de fines engelures. Ces yeux cernés ne divulguaient aucune lueur, comme éteints. Quand à mes cheveux, j’avais opéré un changement drastique en entreprenant de les raser il y a de cela quelques temps. Ils repoussent à présent tant bien que mal. Tout comme ma barbe.
Je préférai lâchement détourner le regard.

Je m’habillai sans hâte, enfilant ce gilet en cuir peu élégant, ce dont je me moquai éperdument à présent, que me fit « don » l’organisation, afin de me protéger lors d’éventuelles missions à risques. La vision de ma chambre me fut bientôt insupportable et je voulus sortir à l’air libre, à défaut d’être pur. Sur le palier, je jetai un regard sur la pièce avec, comme étrange sensation que celui-ci serait le dernier. Une vague de malaise commença à monter en moi . Fugace, l’effet se dissipa aussi vite qu’il était venu. Haussant les épaules, je n’étais pas superstitieux pour deux sous, je descendis les escaliers, traversai la grande salle puis m’engouffrai dans la rue au petit matin.

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"I must not fear.
Fear is the mind-killer. Fear is the little-death that brings total obliteration.
I will face my fear. I will permit it to pass over me and through me.
And when it has gone past I will turn the inner eye to see its path.
Where the fear has gone there will be nothing.
Only I will remain."


The Fear Litany, F.H.


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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Jeu 10 Sep 2009 19:10 
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Ces deux empaffés ne valaient guère plus que ce qu’ils présentaient. Sous le couvert d’une réaction inappropriée à mes propos, ils voulaient faire passer une maîtrise tout à fait inexacte de la situation. Ces pauvres gars étaient simplement rentrés dans mon jeu, me suivant dans la folie inconsciente de mes actions induite par un raisonnement ne tenant pas compte des normes sociale de cette société en désœuvrement quotidien. Les humains étaient réellement étranges, dans cette capacité à s’approprier – ou tout du moins le croire – la pensée d’autrui pour en dénicher la logique et y entrer comme chez soi de manière tout à fait erronée, et ce sans s’en rendre compte. Le bavard de service reprit son discours et répondit à mon apostrophe. Ses mots ne voulaient rien dire pour moi, et je n’en prélevai que la substance qui m’intéressait, reniant toutes les autres tentatives vaines et illogiques pour m’impressionner, me déstabiliser ou m’induire en erreur. L’homme avec lequel je conversais était plus finaud qui l’obèse qui m’employait, mais il restait un pataud mental lourd et lent à la détente, gras dans sa faculté de penser, comme si sa cervelle baignait dans une huile de friture usagée et à moitié desséchée.

Ainsi donc, il présentait son patron comme quelqu’un de puissant, à la volonté inébranlable, et qui possédait sans doute un charisme effrayant et une autorité forte. À sa pique sur mon jeune âge, je ne pus réprimer un sourire sombre qui marqua un instant mon visage. Il pouvait être pris pour la fierté de posséder un tel tempérament de feu, dans l’inconscience d’une jeunesse que je ne possédais plus que physiquement. Mon impétuosité était d’une toute autre origine : celle de l’importance inexistante de mon intérêt pour les personnes qui m’entouraient. Je les méprisais, et je n’en avais cure : je ne les reverrais sans doute pas plus de deux ou trois fois dans mon existence, alors que mon corps resterait fier et beau, et que le leur décrépirait lamentablement comme une vieille patate germée. A-t-on des sentiments pour un légume moisi ? Et bien je n’en avais aucun non plus pour ces créatures dépérissantes, denrées vivantes sur le déclin dès la naissance.

Le petit manège du poignard passé comme une menace sur un doigt devenu ensanglanté m’amusa : Cet homme se rendait-il compte à quel point il était ridicule et puéril ? À quoi bon s’ouvrir la paume, meurtrir sa propre chair pour un simple effet soi-disant impressionnant, qui ne marchait même pas ? Mon culot allait une fois de plus faire parler de lui, sous la forme d’un commentaire lâché de manière presque innocente, si ça n’était son intention moqueuse.

« Oh faites attention, ça coupe ! C’est donc de là que vous viennent toutes ces cicatrices… »

Je laissai ma phrase en suspens, comme pour laisser un effet douloureux à mes paroles, alors que je gardai un sérieux sombre et un visage fermé, rehaussé d’un regard faussement craintif pour la peau de ce pauvre imbécile.

Il s’ensuivit une invitation claire à suivre deux des trois lavasses attablées qui, selon leurs dires, me mèneraient à leur chef, sous-entendu ce cher et recherché Auguste Brandburg. Ça flairait le piège à dix lieues à la ronde. Ces hommes voulaient sans aucun doute m’écarter de l’auberge pour me planter leur poignard entre les reins. Ou tout du moins était-ce ce qui était coutumier de faire chez ces humains décrépissant sans imagination ni culot. Alors qu’ils se levaient, je répondis à leur dernière phrase, d’un ton presque amical et prévenant.

« Ah, au fait, je suis persuadé que mon employeur me fait surveiller… Il va donc falloir être discret, pour ne pas nous faire repérer. Ils nous épient sans doute de partout, et n’attendent qu’un geste de travers pour intervenir… »

Et oui, c’était une menace envers eux déguisée sous une surveillance de mes actes. S’ils se savaient surveillés par d’invisibles et dangereux guetteurs, ils ne risqueraient sans doute pas de se risquer à m’attaquer en pleine rue… Ou tout du moins pas avant d’avoir atteint la planque des Brandburg, dont il me tardait de faire connaissance avec les membres : père et fille à un même niveau d’intérêt. Gardant tout comme eux le silence par la suite, je les suivis jusqu’à la porte, ne me détournant qu’au dernier instant pour gratifier la serveuse qui m’avait aidé d’un clin d’œil complice. Adieu Aliës, fille de taverne. Sans doute ne nous reverrons-nous jamais… Et de cette séparation, je ne souffrais d’aucun ressentiment. Je me tournai vers mes nouveaux complices provisoires pour les suivre dans la direction qu’ils indiquaient, dissimulés sous les ombres de leur cape sombre…

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Dim 13 Sep 2009 18:19 
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L'auberge était bondée, comme toujours. Les clients s'y bousculaient, s'agglutinant autour des tables où se déroulaient d'éventuels tournois de bras de fer où d'autres jeux à boire plus ou moins originaux. La fumée des pipes emplissait l'air, piquant les yeux et irritant les gorges. L'odeur de l'alcool se mélangeait à celle de la sueur et de la sciure de bois dispersé au sol pour absorber les diverses chopes renversées et parfois le sang d'un malheureux ayant eu le malheur d' heurter la mauvaise personne.
Pourtant, c'était dans cette agitation chaotique que l'on trouvait les meilleures affaires. Enfin, du moins pour un voleur.

Rasliak s'y trouvait souvent, c'était toujours là qu'il repérait ses proies. Pauvres ou riches, tous égaux face à la bière... À la seule différence que les riches abaissaient leur défense après absorption de quelques chopes, et ne prêtaient plus grande attention à qui les observe, étalant, parfois même à leur insu, l'aisance dans laquelle ils vivaient.

C'était ceux-la les plus intéressants.

En effet, rien de plus simple que de suivre un ivrogne jusque chez lui, puis d'attendre qu'il s'endorme -ce n'était jamais trop long- avant d'opérer une petite "visite" chez lui. Et quand bien même il se réveillerait, un ivrogne n'est pas un grand danger pour qui n'a pas peur de se salir les mains. Il suffisait de le faire taire avant qu'il ne commence à brailler. Tout cela n'était parfois pas possible, puisqu'il s'en trouvait toujours quelques uns pour s'écrouler en pleine rue, terrassés par l'alcool, mais c'était alors un jeu d'enfant de les délester de leur bourse. C'est pour toutes ces opportunités faciles que Rasliak s'imposait l'ambiance de la taverne.
Pour lui, il s'agissait d'un terrain de chasse -pour d'autre d'un coupe-gorge- et non d'un lieu de débauche. Il n'avait jamais pu apprécier la compagnie des rustres qui passent leur soirée à faire disparaitre des litres d'alcools pour le seul plaisir apparent de se comporter comme le dernier des imbéciles et de se coltiner un affreux mal de crane le lendemain. Un verre de bonne liqueur passait de temps en temps lorsque la taverne ne lui fournissait pas de proie rapidement, mais jamais plus. Il n'appréciait pas l'alcool pour ses qualités d'anesthésiant. Toujours posté à la même table, dans un coin obscur, il scrutait la foule, ne s'arrêtant que sur des cibles potentielles, tout en jouant avec sa bague. Il en trouvait le contact rassurant, savoir que seul lui pouvait la toucher lui donnait l'impression d'être spécial. Comme si la bague l'avait choisi.

Comme toute la taverne il remarqua l'entrée du jeune homme, à peine plus vieux que lui, bien vêtu qui franchit la porte en affichant une moue de dégout qui à elle seule aurait suffit à faire saisir la notion d'hygiène à un gobelin crotté. Il cherchait visiblement quelqu'un: il tournait la tête de droite à gauche, haussant parfois le cou. Toutefois du pas de la porte, il lui était impossible de distinguer l'intégralité de la salle... Soupirant, le jeune homme se décida à entrer. Il gardait ses distances avec les clients de l'établissement autant qu'il le pouvait, affichant un regard méprisant en guise de réponse à tous ceux qui tentaient de lui adresser la parole. Rasliak continuait à l'observer, dissimulé dans son recoin sombre. Il le perdit de vue alors que l'inconnu se glissa derrière un groupe de soulards qui hurlait en chœur une chanson paillarde dont les paroles déformées par l'alcool ressemblait à un dialecte orc, puis finit par le retrouver parlant à une serveuse. Celle-ci hocha la tête négativement, et le jeune homme la congédia d'un geste de la main. Il s'enfonça alors dans la foule, visiblement décidé à trouver celui qu'il cherchait.
Quelques minutes passèrent, avant que Rasliak ne l'aperçoive du coin de l'œil. Le jeune homme venait vers lui, d'un pas décidé. Quelques têtes tournaient sur son passage, sans doute des hommes attirés par un tel étalage de bon goût. Le jeune homme n'y prêtait aucune attention.

"Reste où tu es, c'est suffisamment proche!" lui adressa Rasliak, alors que le jeune homme se trouvait à quelques pas de sa table.

"Sire Rasliak?" demanda le jeune homme, apparemment nullement surpris par le ton agressif du voleur

(Sire? Bordel, mais d'où il sors lui? J'ai l'air d'un sire moi?...)
"Ça ça dépend de ce que tu lui veux, au sire Rasliak"

Le jeune homme souris, peu impressionné par la tirade..
(Boarf, je le savais bien que ça marche que dans les histoire... En vrai ça sonne beaucoup plus mal...)
"Bon abrège un peu tu veux? Qu'est-ce que tu me veux? On vois bien que t'es pas là pour boire un coup..."
"Je n'en sais rien à vrai dire. On m'a simplement chargé de vous remettre ceci." Lâcha le jeune homme d'une voie étrange, en tendant une missive... Il la déposa sur la table, reculant de quelque pas.
"Quelle que soit votre décision, sachez que mes maîtres ne confient généralement pas leurs affaires au premier inconnu rencontré dans la rue. Je ne sais pas ce qu'il vous trouve, mais s'ils vous jugent digne de confiance, alors vous pouvez prendre cela comme un compliment... Enfin je pense..." finit-il, sur la même voie étrange. Il avait l'air... pressé.
"Et bah euh... Merci?" repondit Rasliak, surpris. Il ne s'attendait pas tellement à cela. À vrai dire, il avait passé les derniers jours à cran, s'attendant à ressentir un poignard s'enfoncer dans son dos à tout moment, où à trouver une lettre de menace à son intention sur une chaise...

Le jeune effectua une semi révérence, avant de tourner les talons. Il parcourut la distance le séparant de la porte en vitesse, et Rasliak ne comprit l'origine de sa voie étrange qu'en le voyant sortir en soupirant longuement: il retenait sa respiration depuis le début! Rasliak faillit éclater de rire: ce messager n'avait sûrement pas l'habitude des tavernes et de la fumée qui y empestait!
Il défit d'un coup sec le sceau de cire qui fermait l'enveloppe qu'il tenait entre les mains, et déplia la missive qu'elle contenait:

"Messire Rasliak,

Votre efficacité d'hier soir a été remarquée. Nous pouvons très certainement nous entendre. Pour partir sur de bonnes bases, voici une première "affaire" dont j'aimerais vous voir vous occuper.

Le comptable du tripot de Franche-Saurette ne tient pas des comptes clairs. Allez voir Yvanov, veillez à ce qu'il ne lui arrive rien, mais à ce que ses comptes soient plus clairs.

Nous vous recontacterons dans une semaine, pour voir si de nouvelles affaires vous seront confiées.

L"

L... Il repensa en souriant au couple étrange qui lui avait sauvé la vie dans les ruelles l'autre soir... Brulant la missive à l'aide de la bougie posée sur la table, il se mit debout, et disparu dans la foule. La chance commençait à lui sourire, et ses compétences de voleur allaient peut-être enfin pouvoir être appréciées à leur juste valeur...

[vers les ruelles]

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Watch the shadows, watch the walls,
For there he lurks, and there he crawls
His dagger quick, his dagger sly,
To cut your throat, to pierce your thigh.


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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Sam 3 Oct 2009 23:51 
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[ [:attention:] Lecture déconseillée aux personnes ayant l'estomac sensible. ]

Réincarnation charnelle.

Un fracas soudain retentit dans la salle peu remplie. C’était une heure creuse pour les auberges, entre le coup de feu de la mi-journée et la clientèle nombreuse du soir. L’heure où l’aubergiste, arrivé à satiété, prend une pause pour s’offrir un repos dûment mérité, laissant les soins du service général et de la tenue de l’établissement à ses serveuses de garde, chambrières et autres marmitons. Il n’y avait là que quelques voyageurs de passage, l’un ou l’autre habitué qui cuvait son ébriété, un travailleur peu zélé profitant d’une pause gracieusement accordée par son maître trop naïf. Et de tout ce monde, pas un seul ne tourna pas le regard vers la porte qui venait de s’ouvrir avec fracas, claquant sèchement contre le mur de pierres. L’être qui se tenait sur le seuil, menaçant et immense, ne laissait pas la moindre occasion d’admirer l’extérieur de l’auberge. Sa carrure et sa taille fermaient totalement l’encadrement de l’entrée du Pied Levé. Le silence se fit. Un silence lourd et pesant, oppressant, emprunt d’une inquiétude malsaine. Deux iris ternes parcouraient l’assemblée muette avec sévérité, sous deux sourcils froncés. Chaque individu croisant le regard de l’Ogre baissait irrémédiablement les yeux. Seul le tenancier du comptoir, un jeune rouquin au nez trop retroussé et aux taches de rousseur trop accentuées garda ses yeux bruns pointés dans la direction du mastodonte, se parant néanmoins d’une moue inquiète et surprise. Gurth Von Lasch n’était plus connu, ni reconnu à l’Auberge du Pied Levé. Il n’en avait cure, car il savait que sa notoriété d’antan reviendrait bien rapidement. La faim qui lui tenaillait les entrailles ne laissait aucun doute sur la quantité astronomique de nourriture qu’il comptait ingurgiter en ce jour. Mais le rouquin l’ignorait, et continuait de reluquer, muet, le géant qui restait immobile, sur le seuil.

Gurth ne resta pas longtemps inactif. Un renâclement nasal doublé d’un grognement guttural introduit un soupir rauque exprimant son mécontentement face à un tel relâchement. À l’époque où il côtoyait l’endroit, Talic l’aurait déjà accueilli depuis longtemps, et une chopine de taille respectable remplie d’une ale blonde et amère attendrait déjà l’Ogre de Tulorim à sa table fétiche… le jeune apprenti de l’aubergiste ne connaissait rien de tout ça. Il n’avait jamais entendu parler de la légende de l’Ogre, ni même du personnage réel qui se tenait devant lui. Il faisait partie de la clique des sales moutards chanceux qui n’avaient pas subi les affres dévorantes du fanatique de la religion sombre. Voici quelques années qu’il n’avait plus étripé un enfant pour se repaitre de son sang, enivré par l’écho du craquement odieux de vertèbres cervicales sous ses doigts fébriles. Mais ce n’était pas une soif de meurtre qui avait amené l’Ogre au Pied Levé, mais bien une faim de loup. Une insatiable fringale qui lui taraudait l’estomac depuis le début de son enfermement volontaire, dans les profondeurs du temple de Phaitos et Thimoros. La nourriture autrefois cruciale dans sa vie ne s’était révélée que purement substantielle dans la noirceur de sa cellule, lui-même face à son âme et à ses Dieux. Il ne la mangeait qu’en quantités réduites, juste suffisamment pour survivre, et suivant un régime des plus draconien qui soit : viande crue encore gorgée du sang de l’animal défunt – et pas forcément les parties les plus tendres – et pommes de terre desséchées. Pour lui, ça avait été une torture supplémentaire pour accuser le coup de son échec, et sa volonté inébranlable, croisée à son insoluble Foi du Mal l’avait fait tenir bon pendant tout ce temps. Mais maintenant qu’il était sorti de sa léthargie, de sa retraite, maintenant qu’il était prêt à refaire surface, plus fort et cruel que jamais, il se devait de rompre cette monotonie alimentaire, pour de bon…

Une main semblable à un battoir épais et rude s’abattit sur le chambranle béant de la porte avec brutalité, et fit sursauter le serviteur à la toison de feu, sans qu’il ne quitte des yeux l’être qui entrait dans l’établissement dont il avait la charge. Les pupilles de Gurth s’étaient elles aussi fixées sur le visage tacheté de l’homme, et son regard s’était encore durci. D’un pas ample et lourd, il franchit le seuil, baissant la tête pour ne pas se cogner à la poutre surmontant l’embrasure. Une fois entièrement à l’intérieur, il se dressa de toute sa hauteur comme s’il attendait quelque chose. Il resta silencieux dix bonnes secondes, après lesquelles le rouquin déglutit tellement bruyamment que l’ouïe peu entrainée de Gurth parvint à entendre la gorge s’ouvrir nerveusement pour avaler un surplus de stress. Des murmures étaient nés dans les tables, et les regards n’étaient plus tous braqués sur lui. Il le savait, mais lui, gardait les yeux fixés sur sa cible. D’une démarche menaçante, il avança jusqu’au comptoir, sur lequel il posa ses mains, bras écartés et coudes relevés, comme pour s’appuyer dessus. Le bois grinça de manière sinistre alors qu’il prit une longue inspiration qui gonfla son énorme poitrail. Le serveur paraissait de plus en plus mal à l’aise, et aucun son ne semblait vouloir sortir de sa bouche tordue dans un rictus gêné. Et Gurth parla… non pas fort et brusquement, mais d’une voix rauque, sombre, épaisse, et basse.

« Où est Talic ? »

Trois mots. Trois pauvres mots qui déstabilisèrent encore plus le rouquin, dont les tempes s’humidifièrent sous le coup d’une anxiété et d’une gêne grandissante. Une fois de plus, il déglutit, puis toussa un instant, comme pour retrouver une voix égarée. Dans un regain de confiance, et surtout parce qu’il n’avait pas le choix, l’adjoint de l’aubergiste consentit à répondre à la question de l’Ogre…

« Il… Il se repose et je… je le… remplace. Que… Que puis-je pour vous, messire ? »

Un sourire crispé qui contrastait avec ses yeux marron pleins de peur marqua sa face et retroussa davantage encore son petit nez moucheté. Gurth inspira à nouveau, et expira en soupirant, presque en grognant. Ce fut à cet instant que le freluquet aux cheveux roux détourna les yeux pour la première foi, les rabaissant bien involontairement sur son comptoir humide, et, sans le vouloir, sur les mains immenses de l’Ogre.

« Amène-moi Talic. »

Trois mots, une fois de plus, et la voix rauque et sombre avait une nouvelle fois retenti, alors que les conversations alentours reprenaient leur cours, bien que le sujet de toutes soit commun… Le tenancier-remplaçant releva ses yeux apeurés vers le Monstre qui était toujours massivement appuyé contre le comptoir, à le fixer de ses yeux blancs assassins.

« Mais… mais messire, je ne peux pas, le Maître Talic se re… »

« Amène-moi Talic ! »

Le ton s’était fait plus sec, cette fois, plus agressif, plus impératif. Ça n’était plus une demande, mais bien un ordre au charisme redoutable qui venait d’être donné au rouquin. Habituellement, il aurait depuis longtemps envoyé paitre un client ayant une telle demande, mais là, la donne était différente. L’être qu’il avait devant lui était sans doute le plus menaçant qu’il lui avait été donné de voir, au-delà de tous les guerriers et aventuriers armés jusqu’aux dents qui venaient souvent loger le temps de quelques nuitées à l’Auberge du Pied Levé. Cependant, prenant son courage à deux mains, il tenta de rabrouer Gurth Von Lasch.

« Mais monsieur, je vous dis que je ne peux… »

La réputation de Gurth n’était vraiment plus d’actualité dans la bonne ville de Tulorim, et dans les endroits qu’il fréquentait quotidiennement, autrefois. Sa réaction ne se fit pas attendre, et fut d’une rapidité surprenante pour un être de son acabit. Sa poigne énorme passa par-dessus le comptoir et agrippa fermement le col délavé du rouquin. L’instant d’après, le jeune impétueux fut soulevé du sol et passa par-dessus le comptoir, soulevé à la hauteur du visage de l’Ogre, qui dévoila à l’homme une rangée de dents maintenues par des gencives rougeoyantes. Cette fois, une colère depuis trop longtemps contenue grondait dans la voix de Gurth, et ses sourcils froncés lui donnaient l’air d’une bête sauvage énervée, d’un grizzly grognant sauvagement sur sa proie…

« J’ai dit ‘Amène moi Talic’, donc, tu m’amènes Talic, c’est clair ? »

Le rouquin n’était plus blême, il était littéralement livide. On aurait dit que tout son sang s’était échappé de son corps, ne laissant qu’une carcasse tremblante en proie à la poigne serrée du géant monstrueux. Il ne répondit pas, mais tremblait comme une feuille morte. Gurth le laissa tomber au sol comme une vulgaire loque, et le jeune homme fluet se rattrapa maladroitement avant de détaler en trébuchant vers la porte préservant l’antre de Talic du bruit de la grande salle de l’auberge. Lorsqu’il disparut derrière le panneau de bois, Gurth se tourna vers la salle. Tous les regards qui s’étaient à nouveau tournés dans sa direction se baissèrent de concert. Ce fut le temps nécessaire au serveur rouquin de réapparaître avec à sa suite un Talic à l’humeur grondante et aux sourcils froncés. Sans doute s’apprêtait-il à donner une bonne leçon à celui qui s’était cru assez important pour le faire éveiller. Mais arrivé sur le seuil de sa chambre, l’aubergiste marqua un temps d’arrêt. Le regard vide de Gurth venait de croiser les yeux bleus de l’aubergiste, qui mit quelques secondes avant de reconnaître un ancien client. Dans son regard atterré, Gurth crut voir tout le cheminement de l’esprit de Talic, qui cherchait dans sa mémoire les traits inoubliables de l’Ogre de Tulorim. Au bout d’un instant, il s’exclama pour lui-même, d’une voix coupée :

« Grands Dieux… Gurth Von Lasch. »

Voilà, le mot était lâché, il avait été reconnu. Il aurait été offusqué que son hôte de tous les jours ne l’ait pas reconnu, même après tout ce temps. Talic était sous le coup de la surprise, et semblait pris au dépourvu. Il ne devait certainement pas s’attendre à cette visite. Trois longues années s’étaient écoulées depuis la disparition de l’Ogre sans un mot d’explication de quiconque. Les versements mensuels du temple à l’Auberge s’étaient taris instantanément, sans raison expliquée, et Talic s’était fait à l’idée qu’il ne verrait plus jamais son auberge respectable assaillie par le Glouton monstrueux qu’il avait connu. Il semblait désormais figé de stupeur, et paraissait avoir oublié toute envie de sermon. Il ne paraissait pas revenir de sa surprise, et son regard passait de son apprenti à l’immense carcasse appuyée à son comptoir. La voix rauque du fanatique tonna à nouveau, assez fort pour que l’intéressé entende plus que de raison.

« L’hospitalité de ta maison a bien baissé, Talic. »

Et ce fut comme un déclencheur chez le robuste Talic à la chevelure poivre-et-sel. Il avança vers Gurth d’un pas alerte. Sa voix avait retrouvé le ton d’autrefois…

« Non, non, Gurth. Pardonne ma surprise, on ne t’a pas vu depuis longtemps, par ici ! Viens, viens donc t’installer. »

Au moins avait-il rapidement repris son habitude de le tutoyer. Talic avait été en quelque sorte le parent nourricier de Gurth. Depuis son plus jeune âge, après qu’il ait été formé aux préceptes obscurs par le temple de Phaitos et Thimoros, l’Ogre avait élu l’Auberge du Pied Levé comme cantine quotidienne, et une bonne partie des fonds pécuniaires versés au temple par le Dirigeant Freush Von Lasch étaient donnés à Talic pour qu’il rassasie l’appétit vorace de cet obèse terrible. Si bien que jamais Gurth n’avait eu à gérer lui-même un quelconque pécule financier, se laissant vivre comme tout lui tombait dans la main, éducation, vivres et logement, sans se poser de question. Talic se dirigea vers une table, qu’on eut dit qu’il prenait au hasard, mais qu’il avait choisie minutieusement en faisant appel à ses souvenirs. Par chance, elle était libre : la table de Gurth, celle où il avait toujours pris place, celle où il prendrait toujours place, à l’auberge. Un fougueux bucheron l’avait appris à ses dépends, et la bagarre qui s’était engagée avec le filleul du Comte Freush Von Lasch avait peut-être irrémédiablement changé sa vie de rude forestier. Peut-être croupissait-il encore dans les prisons de la milice, peut-être avait-il était éliminé, ou simplement relâché après avoir promis de ne plus s’attaquer à la famille du Comte, alors qu’initialement, ce fut par un excès de colère que Gurth lui avait collé une baffe monumentale. Le mastodonte suivit l’aubergiste jusqu’à sa place fétiche, dans l’ombre d’une poutre, mais offrant une vue d’ensemble sur la salle. Alors que l’Ogre sinstallait sur le siège renforcé, toujours le même qu’à l’époque, Talic transmit ses ordres :

« Fred, deux pintes ! »

Frédéliand était le nom du serveur rouquin, qui n’avait pas osé moufter en voyant la réaction de son patron face au nouvel arrivant qu’il ne connaissait nullement. Docile, mais toujours aussi nerveux, il s’empressa de courir derrière le comptoir pour servir avec hâte deux grosses chopines de bière bien mousseuse. Avec la même rapidité, il vint les servir, et en disposa une face à Gurth, l’autre à proximité de Talic… Mais les deux choppes étaient bel et bien destinées à l’Ogre. Talic n’avait pas sa place à la table, et avait, il le savait pertinemment, du pain sur la planche. Il agrippa son apprenti par l’épaule, et celui-ci, estomaqué de voir Gurth s’approprier d’un geste de la main la chopine esseulée, fut bien forcé de suivre le mouvement, regardant Talic d’un air empli d’incompréhension. Il tenta de trouver une explication auprès de son patron, mais il ne recueillit que des ordres supplémentaires. Visiblement, le maître des lieux n’avait pas non plus oublié l’appétit vorace de celui que l’on nommait à juste titre ‘L’Ogre de Tulorim’. Fred parut de plus en plus décomposé aux ordres de son chef, et tenta des murmures questionneurs et raisonneurs, qui ne trouvèrent qu’une réponse :

« Fais ce que je dis. »

Ce fut les seuls mots que Gurth comprit de leur conversation, avant de les voir disparaître tour à tour, l’un dans la réserve, l’autre dans la cuisine. Satisfait de son effet, et de sa place retrouvée après tout ce temps, il entreprit de baisser le regard sur les deux chopes de bière qui l’attendaient. Toutes deux étaient généreusement servies : la mousse blanche dégoulinait le long de l’armature métallique, et formait un dôme crémeux qui masquait la couleur du liquide pétillant. Elles lui donnaient l’eau à la bouche, et sans attendre, il se plia à une coutume qu’il pensait depuis longtemps oubliée dans les détours obscurs de sa mémoire biaisée. Il agrippa la hanse en bois de la première chopine et la souleva jusqu’à ses lèvres. Il posa le rebord froid contre sa lèvre inférieure, écrasant sans pitié la mousse blanchâtre contre sa bouche, et renversa le contenu alcoolisé dans sa cavité buccale. Sa gorge émit un glougloutement approbateur alors que le breuvage éveillait des sensations oubliées. En trois gorgées énormes, la pinte était vidée, et reposée brutalement sur la table robuste. Le pétillement de la bière faisait piquer les yeux de Gurth, qui les humecta en fermant deux fois les paupières, laissant les relents de son à-fond parfumer de leur arôme amer l’intérieur de son œsophage, les laissant remonter jusqu’à sa gorge pour en savourer le goût passé. Et c’est seulement à cet instant qu’il s’attaqua à la seconde pinte, plus lentement, cette fois. La première chope servait d’éveil au repas, de mise en bouche, éveillant les sens du goût chez le géant. Le second verre apéritif faisait lui-même partie intégrante du repas orgiaque qui allait débuter. Ainsi, la gorgée fut prise avec plus de précision, plus de finesse, si tant est que l’on puisse parler de finesse avec un être comme Gurth. Il porta le contenant à ses lèvres et laissa s’écouler un décilitre dans sa bouche, laissant le pétillant de l’ale titiller ses papilles tout en rafraichissant son palais, et en satisfaisant son sens développé du goût en savourant l’amertume mielleuse au goût prononcé, mais légèrement fruité, humant le houblon, le malt dans une symphonie légèrement alcoolisée. Et la première gorgée avalée appela bien vite la seconde, qui fut comme une confirmation des sensations de la prime, douceur, amertume et rudesse, alors que les premières brumes mentales étayaient l’attention du géant en enveloppant sa cervelle dans un emballage de velours doux er apaisant.

En cuisine, les bruits des casseroles et des plats qui s’activaient résonnaient, mais ça n’était qu’à peine perceptible par rapport au plaisir retrouvé d’un Ogre délaissé depuis trop longtemps. La troisième gorgée fut plus rapidement engloutie, un peu trop, peut-être, puisqu’il fut légèrement frustré de n’avoir pu la savourer à sa juste valeur. Il posa le récipient un instant, savourant l’arrière-gout du fût de chaîne dans lequel la bière avait muri, passant au-delà l’âcreté métallique de la chopine de fer. Son œil émacié se posa sur le breuvage, dont il apercevait désormais les reflets dorés aux volutes ambrées, parcourues elles-mêmes des tressaillements de l’écume blanche qui remontait du fond sous forme de centaines de petites bulles.

Gurth ferma les yeux un instant, se redressant sur son siège en faisant craquer les os de sa nuque pour dénouer une tension qui s’évaporait petit à petit. Lorsqu’il les rouvrit, ce fut pour accueillir un nouvel arôme parfumé. Talic venait de déposer devant lui une assiette généreusement pourvue en soupe. Pas un simple potage de légume, non, une vraie soupe du Pied Levé : épaisse à souhait, des morceaux de pomme de terre côtoyaient des cubes de bœuf bouilli, le tout relevé d’une couleur dominante orangée. Rien qu’au parfum, on pouvait deviner les épices qui relevaient le goût de la mixture : poivre, coriandre, sel marin, basilic et autres secrets culinaires qui se mêlaient sans révéler leur secret. Gurth leva les yeux sur son hôte d’un air suspicieux, et celui-ci lui fit un sourire jovial et compréhensif.

« Pas d’inquiétude, le reste arrive bientôt ! »

Une fois de plus satisfait, il laissa l’aubergiste repartir en cuisine et se laissa porter par le fumet de la soupe qui n’attendait que lui. Deux épaisses tranches d’un pain à la mie brune et parsemée de graines plus claires avaient été disposées à côté de l’assiette creuse. Mais Gurth les délaissa un instant pour se concentrer uniquement sur le liquide chaleureux qu’il savourait d’avance. Nul besoin de cuillère, il prit entre ses deux battoirs l’assiette brûlante sans paraître en souffrir, et amena celle-ci à sa bouche, y déversant une partie du liquide sorti de la marmite. La chaleur mordit sa langue et les parois de sa gorge, mais il n’en avait cure : le goût mêlé des légumes et de la viande macérée dans le potage prédominait à toute sensation. Il mâcha un instant un filament de viande qui s’était glissé dans sa gorgée, et avala la mixture avec un ravissement égoïste. Sa main, presque inconsciemment, s’était saisie d’une tranche de pain, que ses doigts calleux plongeaient déjà dans le consommé. Sa bouche salivait de recevoir ce pain de mie, et ses dents mordirent sans attendre dans la chair tendre de la tartine au seigle. La céréale se mariait fort bien avec le goût prononcé de la soupe, un goût bravache, fort, épicé, qui, non loin de s’atténuer avec le pain, libérait toute sa saveur cachée par la mie imbibée. L’ogre ne sut plus contenir son appétit, et engouffra les deux tranches à sa disposition avant de terminer en quelques gorgées la soupe qui lui avait été servie. Ses coins de lèvre étaient salis, et des mies parsemaient sa barbe hirsute.

Il repoussa d’un revers de main l’assiette vide, et attendit un instant que le reste de son repas arrive. Il était maintenant en appétit, et sa bouche salivait abondamment. Sa faim était réelle, et immense. Pour patienter, il termina sa chopine de bière, la rejetant aussi à quelque distance de lui, sur la table. Une nouvelle fois, ses yeux ternes firent un tour de salle. Quelques clients supplémentaires étaient arrivés, d’autres, à l’instar du travailleur en pause, étaient sorti, sans qu’il ne s’en rende compte. De bruyants paysans semblaient avoir mis en place un jeu de cartes, et les mises s’amassaient sur la table sous la forme de morceaux de cuir symboliques représentant une somme qu’ils ne possédaient pas. Celui qui remporterait le plus de morceaux de cuir se verrait pourvu de la récompense de la soirée : un coq de basse-cour, une joue neuve ou un sac de farine de seigle. Il observa un moment les déboires des uns et les victoires des autres sans y prêter de réel intérêt. Si bien que cette fois, lorsque Talic sortit des cuisines talonné par son apprenti et une autre serveuse qu’il n’avait encore jamais vue, il tourna vers eux un regard signifiant la récompense à sa patience. Chacun portait deux plats, de bois ou de fer, remplis de victuailles diverses, qui furent bien vite disposés sur sa table. Sans un mot de remerciement, il huma les parfums gracieux qui lui donnaient l’eau à la bouche. Ses yeux gourmands passaient d’un plat à l’autre pour savourer à l’avance ce qu’il allait déguster. Les trois personnes s’en retournèrent sans un mot en cuisine, se satisfaisant simplement du ravissement dans les pupilles dilatées de l’ogre.

Son premier choix fut un plat métallique garni de fines tranches de lard accompagnées de morceaux de pommes, le tout poêlé au beurre. Les pommes, moelleuses à souhait, suintaient du sucre brun dont elles avaient été saupoudrées, et le lard dégoulinait de graisse. Gurth ne s’encombra pas de se servir dans l’assiette qui avait été mise à sa disposition : il s’empara du plat et le mit devant lui, prit une fourchette et commença à manger avec jouissance. Les pommes fondaient sous la langue et répandaient leur parfum suave et leur goût sucré dans le gosier affamé de l’obèse. Le lard, au contraire, croustillait savoureusement, et laissait couiner son gras sous les assauts avides des dents. Le tout était une réelle symphonie savoureuse et généreuse, que Gurth s’empressa d’engouffrer sans faillir. Les premiers regards écœurés se posèrent sur lui lorsqu’ils virent la quantité impressionnante de nourriture qui disparaissait dans la gorge déployée de l’être énorme qui s’épanchait sur son repas. Le sucre dégoulinait le long de sa fourchette jusqu’à ses doigts, mais il s’en moquait éperdument : il mangeait.

Une fois vide, Gurth projeta plus loin le plat et ne tarda pas à en choisir un second, une soupière remplie d’une daube de bœuf marinée au vin sombre caractéristique des contrées de Tulorim. Il se pencha pour saisir un pain qu’on avait mis à sa disposition et rompit celui-ci avec acharnement, prêt à imbiber la mie sombre de la sauce généreuse et goûteuse qui stagnait devant lui. Elle était d’une couleur brunâtre, et était aussi épaisse que la soupe. Des marrons flottaient et côtoyaient des champignons des bois. Une fois de plus, il se délecta sous le regard révulsé de certains clients. Sans jamais hésiter, il engouffra la nourriture, et se rua sur le plat suivant, une volaille rôtie accompagnée d’une délectable compote d’airelles, elle-même cernée d’une sauce à la crème. La peau du poulet croustillait de manière jouissive, et les blancs étaient cuits à point, si bien qu’il ne resta bientôt plus que la carcasse osseuse de l’animal, qui fut bien vite rejetée à son tour, alors que Gurth se saisissait du dernier plat qui figurait sur sa table : un pâté en terrine accompagné d’un pain spécial, à la mie plus claire que le précédent, mais décorées de raisins secs et de noix. Armé d’un couteau, il étalait sur les tranches de pain des tranches de pâté plus épaisses encore, et les avalait avec la même ferveur que la première bouchée du premier plat. Tout ça lui donnait soif, et il se servit une coupe de ce vin sombre qui faisait la réputation des coteaux de Tulorim. Il s’en aspergea le palais en éructant de toutes parts.

Il était en train de terminer le pâté, sans pain, puisqu’il en était déjà venu à bout, quand Fredeliand vint récupérer les plats vides, sidéré de ce qu’il avait pu observer du comptoir. Lorsqu’il revint près de Talic, Gurth put le voir se pencher vers celui-ci et lui parler en murmurant. Talic fronça les sourcils à ses paroles secrètes, et lui fit une tape amicale sur l’épaule en lui répondant d’un air contrit tout en regardant dans la direction de l’Ogre. Il n’allait sans doute pas tarder à savoir ce qui s’était dit.

En effet, l’aubergiste ne tarda pas à arriver pour resservir une bonne rasade vin à Gurth. Dans son autre main, il arborait une part d’une tarte aux pommes qui semblaient recouvertes de miel et de sucre. Elle fumait encore, à peine sortie du four de pierre de la cuisine. Talic n’hésita pas à s’installer en plaçant la part de tarte devant Gurth.

« Goûte-donc, ma nouvelle cuisinière l’a fait spécialement pour toi ! Tu m’en diras des nouvelles, c’est sa spécialité. »

Sans attendre, Gurth s’empara du morceau et en engouffra la moitié en bouche. C’était en effet succulent. Mais lorsqu’il avala, il put voir la mine un peu déconfite de son hôte. Troublé dans sa bombance, il lança d’une voix grasse :

« Quoi ? »

Le vieil homme mit un certain temps avant de répondre, comme s’il cherchait ses mots.

« Écoute, Gurth. Ça me fait très plaisir que tu sois revenu me voir… mais c’est assez inattendu. Tu dois savoir que nous ne recevons plus de subsides du Temple et que… »

L’Ogre l’interrompit en faisant un signe de la main, s’exclamant, la bouche pleine de pommes :

« Tout sera payé, aubergiste. Comme ça a toujours été le cas. »

La discussion était terminée, pour Gurth. Et Talic le savait.

« Bien, c’est tout ce que je voulais savoir… j’espère que ça t’a plu ! »

« Ah Talic, je me demande comment j’ai pu tenir si longtemps sans ta cuisine ! »

Le clin d’œil qu’il lui fit se voulait sympathique, mais même avec les plus grands efforts du monde, Gurth Von Lasch ne pouvait pas paraître sympathique. Qu’à cela ne tienne, l’aubergiste le connaissait, et n’en prenait plus ombrage. Il savait accueillir un compliment de la part d’un gourmand, peu importe comment il était exprimé. La façon de manger qu’avait Gurth était la récompense la plus nette pour ses talents de cuisinier, et il s’en retourna au comptoir avec un sourire satisfait. Le rouquin sembla trouver lui aussi satisfaction dans ce sourire, et regarda dans la direction du monstre, qui le scrutait à nouveau intensément. Il sembla hésiter un moment, puis s’empara de la tarte et arriva près de Gurth d’un pas hésitant. Celui-ci le reluqua avec curiosité prendre une pose qui se voulait avenante, mais qui trahissait son anxiété.

« Vous… reprendrez bien une part de tarte ? »

Gurth eut un sourire mauvais, qui perturba encore davantage le jeune marmiton.

« C’est la tarte, que je prends. »

L’Ogre savait que ce jeune freluquet essayait par là de se faire pardonner de sa mauvaise entrée en matière. Il avait dû comprendre à qui il avait à faire, désormais, et c’est tout penaud qu’il laissa la tarte entière à disposition du gourmet énorme, s’en retournant derrière son comptoir sans avoir la certitude d’avoir été purgé de son manque de civilité…

Le Monstre engloutit la tarte encore tiède, et se leva brusquement. Son repas était terminé.

L’Ogre avait bu, et il avait mangé.
Sa faim était repue, sa soif étanchée.


Et dans les ombres de la soirée, il quitta l’auberge d’un pas lourd, laissant son ancienne réputation renaître au grand jour…

_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de Tulorim

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
(Baudelaire - Le mort joyeux)


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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Dim 6 Déc 2009 19:53 
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I/ L’auberge du Pied-Levé




Je me réveille dans une chambre de l’auberge du Pied-Levé que j’avais loué.
Cette chambre était bien décorée, il y avait un tapi en peau d’ours, des boucliers accrochés au mur et un grand lit.


(J’ai bien dormis.)

Diablo et moi descendons au bar. Les escaliers étaient en bois et des fresques rendaient les murs très sympa.

(Il est toujours plein même à cette heure ci !)

Des gens criaient, buvaient, certain même s'affronter verbalement.
Diablo était encore fatigué. Il fermait les yeux toutes les dix secondes.

« Nous allons déjeuner, Diablo, puis remonter dans notre chambre. »

J'avançais vers le bar en évitant les gens puis Talic me dit :

« Bonjour Rek ! Alors tu veux quoi ? Mes stagiaires vont s’occuper de ta chauve-souris ! »

(Toujours aussi de bonne humeur lui !)

« _Merci, donc... Pour moi une bière fraîche !»

« _Ok voici ta bière »

Tout d'un coup un homme de grande taille rentra dans l'auberge brutalement, on aurait dit une personne cherchant la baguarre.
Alors que Diablo se faisait chouchouter l'homme baraqué me demanda :

« _Bonjour toi ! Ça te dit un bras de fer, je paris 10 yus que je te gagne ! »

« _D’accord je veux bien essayais mais je ne paris pas. »

(On va voir !)

On se mit sur une table, en position d’un bras de fer. Le jeu commença.

(Je dois gagner !)

Ce ne dura pas plus de vingt secondes, avec ma main droite je forçai et avec ma main gauche je m'appuyai. Cette personne était peut-être baraqué mais il utilisait mal sa force.
Je réussi à incliner sa main à gauche, il remonta, puis je gagnai en mettant sa main sur la table.

Après avoir remporter ce bras de fer Diablo et moi remontons dans notre chambre en passant par l'escalier au mur de fresques.
A chaque fois que je passe là je ne peux m'empêcher de les regarder.


Les ruelles de Tulorim...

_________________
Si tu vois un canard blanc dans le lac...c'est un cygne!!!

Image


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Rek / Elfe Noir / Guerrier


Dernière édition par Rek le Ven 11 Déc 2009 22:58, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Ven 11 Déc 2009 02:48 
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Inscription: Mar 8 Déc 2009 13:28
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Localisation: Ath-Belgique
J'ouvris la porte de l'auberge, entra prudemment, mon capuchon sur la tête, je fis à peine quelques pas dans la pièce qu'un spectacle ahurissant s'offrit à mon regard ébahi.

L'auberge était bondée et il y régnait une ambiance des plus festives.
Un groupe de musicien, attablé prés du comptoir, jouait une mélodie qui était en grande partie responsable de la bonne ambiance générale.

Les gens buvaient, certains tapaient des pieds ou avec leur chope sur la table, au rythme de la musique, les plus éméchés d'entre eux étaient même debout sur leur chaise ou sur la table en chantant à tue tête, d'autres riaient à pleins poumons.

Abasourdis, Je fus incapable de faire le moindre pas, trop occupé à admirer ce qui se déroulait devant moi (Eh bien, je ne m'attendais pas à cela, j'ai bien fais de venir dans cette auberge, apparemment je viens de trouver un lieu de cette ville qui n'a pas l'air d'être mal famé).

Je parcourus la pièce du regard, du moins les recoins que je pouvais discerner, dans l'espoir d'apercevoir une table inoccupée.
A ma grande chance j'en vis une à quelques pas de la cheminée (ouf après cette dure journée je vais enfin pouvoir me délasser).

Je me dirigeas donc tant bien que mal vers le lieu dit, vu l'agitation qui régnait dans la pièce personne ne fit attention à moi.
Arrivé à l'endroit voulu, je m'assis confortablement, je hélai une demoiselle, qui vu son apparat devait vraisemblablement être une serveuse.

Je n'eu pas d'autre choix car la personne derrière le comptoir, que j'estimais être l'aubergiste, paraissait fort occupé, je ne voulais donc pas le déranger et comme j'avais réussi à trouver une place je ne voulais pas prendre le risque qu'un opportuniste me la prenne. Par chance, la serveuse, qui était d'ailleurs de visu très jolie, s'approcha en me regardant d'un air suspicieux.

- Bonsoir, je ne vous ai jamais vu dans le coin, vous êtes nouveau par ici ?

" Oui en effet je viens d'arriver en ville "

Elle fronça les sourcils en me dévisageant ouvertement.

- qu'est ce que je vous sers ?

" Qu'avez vous de non-alcoolisés ?

" - Eh bien, je peux vous conseiller du jus de Lanurme (((c'est tout ce que j'ai trouvé))), nos fruits sont importés mais sont de très bonne qualité, c'est une boisson revigorante, assez sucrée et plutôt rafraichissante, elle a beaucoup de succès.

" Je vais me laisser tenter "

Elle s'éloigna vers le comptoir et disparus de mon champ de vision.
J'en profitai, maintenant que j'étais bien installé, pour ôter mon capuchon et je me mis à observer les musiciens et écouter leur musique.

Quelques minutes plus tard, la serveuse revint à ma table avec ma consommation.
Dès qu'elle me vit, elle eut un sursaut d'étonnement en voyant mon visage découvert.

- Excusez moi, c'est juste que je ne pensais pas que vous étiez un elfe noir, ce n'est si fréquent d'en voir par ici, encore moins un membre de votre race avec des yeux vairons, un violet et un rouge, c'est plutôt spécial.

Elle déposa mon verre sur la table sans me quitter des yeux, ce qui m'horripila au plus haut point (je déteste quand les gens font ça), puis retourna en me lançant encore quelques regards troublés.

Ayant une de ces soifs, j'avalas cette boisson qui m'était inconnue d'une seule longue gorgée et son goût extraordinaire m'étonnas (elle avait bien raison, c'est vraiment très bon) je reposa le verre et me levas bien décidé à passer la nuit ici.

je me leva donc et me dirigea vers le comptoir afin de demander si une chambre était libre, en faisant le chemin jusque la, je mis rendis vite compte, maintenant que je n'avais plus mon capuchon, que de nombreux clients me dévisageaient ouvertement.
Je fis fin de les ignorer (pff vulgaire humains, vous ne méritez même pas que je fasse attention à vous, bande d'animaux).

Il ne me restait que quelques pas à faire pour arriver au comptoir, qu'un homme, visiblement ivre, vus sont air niais, tituba devant moi et se raccrocha à mon épaule.

- Heeps, ou tu tu vas co co comme c ca? T t t t'est mon cop copain toi, allez bo bois un une gorgée à à à ma bi bière me dit il en me tendant une chope à moitié vide

" Hors de mon chemin ivrogne" (((je lui dis cela d'une voix sévère en le poussant vers le côté)))

- o o ok c c’est b bon f faut p pas s'e s'énerver

Et il s'éloigna du mieux qu'il le put vers la table la plus proche. J’arrivai enfin au comptoir, en m'arrêtant, je lançai un regard mauvais à l'ivrogne.
Puis je me tournai vers l'aubergiste qui était en train de donner un coup de lavette sur son comptoir.

Ayant vu la scène, ou du moins entendus il me dit :

- Bah ne vous faites pas de bile avec lui, c'est le vieux Wilson, ce n'est pas un mauvais bougre, c'est juste que quand il a bu, ça lui arrives d'ennuyer un peu les gens mais ce n'est pas bien grave.

Je ne lui répondis rien me contentant d'hausser les épaules

- Excusez moi je ne me suis pas présenté, je m'appelle Talic, je suis le gérant de cette auberge, je peux faire quelque chose pour vous?

" Oui je désirais une chambre ainsi qu'un repas."

-Il n'y a pas de problèmes monsieur, il me reste encore la chambre 5, et pour votre repas ce sera un ragout de bœuf ca vous convient?

"Oui"

- Très bien, et vous pouvez manger ici à une table ou je peux vous faire monter votre repas dans votre chambre.

" Oui faîtes cela."

Il prit une clé en fer pendu à un crochet derrière son comptoir, et me la tandis, je remarquai qu'un chiffre cinq étaient gravé sur celle-ci et ce faisant il me murmura.

- Dites vous pourriez déjà payer la moitié de la somme pour vos consommations et la location de la chambre? Ce n’est pas contre vous mais je me méfie toujours des nouvelles têtes, à tort ou à raison me direz-vous.

" Très bien, je vous dois?"

- Ravis de votre compréhension, ça vous feras 10 Yus je lui tendis la somme, qu’il s'empressa de fourrer dans sa caisse, et il m’indiqua qu'après avoir montés les escaliers, ma chambre se trouvait derrière la troisième portes à gauche.

Je le remerciai, prit congé dans ma chambre sans autre forme de cérémonies. Une fois dans ma chambre, j’examinai celle-ci, elle n'était pas très grande mais il y régnait une atmosphère chaleureuse.

Elle avait pour mobilier, un lit avec une table de chevet, se trouvant près de la fenêtre un bureau et une chaise, et une grande commode. J’enlevai ma cape et la rangea dans la commode, j’allai ouvrir la fenêtre puis je m'assis sur la chaise pour attendre mon repas qui ne tarda pas à arriver. Je mangeai assis devant le bureau, puis une fois mon repas terminé, me déshabilla, rangeas le tout dans la commode, j’allas fermer la fenêtre et la porte à clef, clef que je cachai sous l'oreiller et avant d'aller me coucher, utilisas la chaise pour bloquer la poignée de la porte. Une fois toutes mes tâches accomplies j’allai me coucher dans le lit assez satisfait (quel journée je suis fourbu), je fermai les yeux et m'endormis presque aussitôt.

_________________
"Fais aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'ils te fassent avant qu'ils en aient eux-mêmes l'occasion."

Proverbe Shaakt


Khalarn /Elfe Noir/ Fanatique


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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Lun 21 Déc 2009 16:21 
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Voici la suite du passage dans les ruelles


Tenaka ouvrit péniblement les yeux. Il avait sérieusement mal au crâne et sa blessure à l'épaule ne prenait guère une allure rassurante. Il était assis, il tenta de se lever mais constata qu'il était ligoté. Il observa la pièce, elle était sans fenêtre et était éclairée par quatre torche disposées sur les murs. Le sol était en dalle de pierre lissées et un escalier au fond de la salle menait à une porte en bois fermée. Il renifla, une drole d'odeur embaumait l'air. Il regarda autour de lui et découvrit, le long d'un mur, une dizaine de tonneau. De la bière, pensa le voleur.

Se remémorant sa soirée, il se souvint de sa mission et du coup qu'il avait reçu. Il se souvint aussi de la lune et regarda son bras. C'est bon, les filaments lumineux n'étaient plus là, il pourrait réfléchir pleinement et en toute conscience. Bon très bien, il était ligoté, sur une chaise dans un sous sol qui contenait plusieurs tonneaux de bière. Il en conclue donc qu'il devait se trouver dans une auberge ou dans une taverne. Plus dans une auberge à son avis. Une taverne aurait sans doute beaucoup plus de tonneaux. Donc de ce coté là tout allait bien, il n'avait pas été arrété par les autorités de la ville. Tenaka en déduit aussi qu'il était là pour le meurtre de sa cible et comme il n'avait toujours pas rendu la carte, sa mission n'était pas terminée. La carte ! Oui, il l'avait toujours, elle dépassait légèrement de l'une de ses poches. Donc on ne l'avait pas amené ici pour la carte. Seulement pour le meurtre alors ? Tenaka en doutait fortement.

La porte en haut de l'escalier s'ouvrit et un homme rondouillard portant un pantalon de bure sombre, une veste sale et un tablier blanc salis par la crasse en descendit. Lorsqu'il vit Tenaka, il remonta en courant sans prendre le temps de refermer la porte. Quelques instants plus tard, il revint accompagné de trois autres personnes, un homme et deux nains. L'homme portait une longue redingote noire avec un col en cuir, son pantalon était brun et serré, à sa ceinture était attachée une lourde épée en étain ainsi qu'un grand tissu noir qui lui descendait sur une partie des jambes. Ses cheveux étaient coupés courts, et il portait la barbe à peine coupée. Son yeux étaient si foncés qu'on aurait pus croire qu'ils étaient noirs. Une cicatrice lui barrait la joue. Cette allure lui offrait une aura de force comme de crainte. Les deux nains se ressemblaient en tout points. Ils étaient petits, portant chacun une puissante hache à la main. Il n'avaient pas d'armures apparentes, sûrement une cotte maille sous leurs toges brunes. Leurs barbes étaient brunes tirant sur le roux, leurs soucils broussailleux cachaient presque leurs petits yeux noirs et meurtriers.
Lorsque la lumière éclaira son visage, Tenaka reconnut immédiatement la première personne qui était entrée dans le sous sol. C'était Talic, le gérant de l'auberge du Pied Levé.


<< Le voilà messieurs, dit l'aubergiste en pointant Tenaka du doigt. Comme vous me l'avez demandé, je vous ai prévenus dès qu'il s'est réveillé. Maintenant, mon or.>>

Sans un mot, un des nains sortis d'une des poches de sa toge une bourse de cuir qui semblait bien lourde. Il la jeta en direction de Talic qui s'en alla en les remerciant. Les trois personnages se tournèrent vers Tenaka. L'homme prit la parole.

<< Bonsoir Ombrelune, dit il. Cela n'a pas été facile de te choper. Tu sais, on te cherche depuis pas mal de temps mais nous n'avons jamais réussi à ton contacter. J'ai donc dù faire appel à un de mes grands amis pour pouvoir de parler. Vois tu, le vieillard qui t'a engagé, fais partie de la milice. Ainsi que ta cible d'ailleur. Ils avaient tous deux reçu la mission de te capturer. Ils se sont donc mis d'accord pour t'engager dans une fausse mission. Ce sont des empoisonneurs et le couteau que tu as reçu étaient empoisonné et je détiens l'antidote.

-Ah oui ? Demanda Tenaka. Alors comment expliquez vous que je ne sois pas déjà mort ?

-Parce que t'ai déjà donné un peu d'antidote, répondit l'homme. En revanche tu dois avaler une dose entière d'antidote en une seule fois pour être totalement guéris.


-Bon très bien, capitula Tenaka, qu'attendez vous de moi ? Parce que je suppose que je ne serais pas payé pour avoir rapporté la carte ?

-Console toi, dit l'homme. La carte vas te servir. En fait j'ai besoin de toi pour trouver un très vieil artéfact qui est caché dans une grotte au fond d'une forêt pas très loin de Yarthiss.

-Yarthiss ! S'exclama le voleur. C'est pas tout près ça. Qui vous dit que je vai tenir jusque la bas, et revenir sans avoir pris d'antidote ?

-Je ne t'ai jamais dit que tu ne prendrai pas d'antidote, répondit l'homme. Je suis presque le seul sur Imiftil à pouvoir concocter l'antidote à ton poison. Alors moi et mes deux amis nous venons avec toi, nous t'accompagnerons. Tu acceptes ou pas ?

-Ah parce qu'en plus j'ai le choix ? dit Tenaka. Bien sur que j'accepte. A part l'antidote, qu'est ce que je gagne ?

-On m'a dit que tu souhaitais devenir empoisonneur, dit l'homme. Malheureusement, je ne connais aucun maitre en poison. En revanche je pourrais te montrer un endroit ou tu pourras perfectionner tes techniques de vol et d'assassinat.

-Ou se trouve cet endroit ? Demande Tenaka.

-Tu le sauras si nous réussissons notre mission, répondit l'homme. Je m'appelle Olam et voici Marock et son frère jumeau, Burgrive.(Se tournant vers les nains) Détachez le.>>

Les deux nains se placèrent derrière Tenaka et ils coupèrent les liens qui le retenait. Le voleur se leva et constata que le sous sol était beaucoup moins haut qu'il ne l'avait cru. Olam fouilla dans sa sacoche et sortis les deux dagues en argent qu'il donna à Tenaka.

<<Tiens, dit Olam en souriant, tu en auras besoin. Maintenant, sortons de ce sous sol et allons boire un coup !>>


Suite ICI

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Si haut que l'on soit placé,
on est toujours assis que sur son cul.


Dernière édition par Tenaka le Lun 28 Déc 2009 20:01, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Mar 22 Déc 2009 14:09 
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Les caravanes disaient toujours que le voyage entre Khonfas et Tulorim durait une semaine. Le chemin lui avait pris trois jours et quatre nuits, parcourus à marche forcée, avec un maximum de trois heures pour les pauses où il entrait en méditation pour se reposer. Il avait sauté son dernier cycle de repos le dernier jour, quand les dernières lueurs nocturnes de Tulorim avaient apparu dans le jour naissant. Ssys avait alors pressé le pas, et effectué à marche forcée les derniers kilomètres qui le séparaient de l’agglomération. L’effort avait été considérable, compte tenu de l’état de stress et de malnutrition du Shaakt.

Depuis sa fuite de la grande cité de Khonfas, il avait dû endurer la lumière mordante du soleil, qui lui brûlait les yeux et l’affaiblissait. Il avait marché, au début, une journée et deux nuits complets, constamment aux aguets, ne s’arrêtant pour manger que deux fois. Puis, après s’être assuré d’avoir trouvé une cachette convenable pour se reposer, il avait médité quatre heures de suite. Il s’était éveillé assoiffé et affamé, et ne put que repartir dans la nuit la faim au ventre. Son régime se composa essentiellement de quelques baies qu’il avait su identifier comme comestibles et de racines. Quand il atteint le fleuve du sud des montagnes d’Hidrain, il y passa plusieurs heures à se désaltérer, et à chercher un moyen de conserver de cette eau avec lui pour la suite du voyage. Mais, à court de moyens, il dut se résoudre à poursuivre sa route sans eau. Il croisa en chemin une caravane, mais prit bien soin d’en faire le tour. Ssys ne voulait pas que les matriarches de Khonfas sachent qu’il était sur la route de Tulorim. Mieux valait être prudent, et ne pas se montrer à ces caravaniers en route vers la cité Shaakt. Durant son voyage, quand il ne pensait pas à se nourrir, ou à se cacher, il pensait souvent à son père.

Vath Ser’nya disait que le secret de sa famille pour supporter la torture était la prière à Thimoros. Quand les épreuves physiques devenaient trop dures, l’esprit devait quitter ce dernier, s’élever dans la prière au dieu. Mais la foi de Ssys était mise à mal. Il avait toujours été intimement convaincu que la prière à Thimoros, si elle était nécessaire dans le cadre sain des guerres de familles, n’était pas ce qui permettrait aux mâles de survivre chez les leurs. Après tout, Thimoros n’avait-il pas inspiré Valshabarath, qui commandait aux matriarches de maltraiter les hommes ? Dans les contes, celui qui avait toujours retenu l’attention du Shaakt était Phaitos. Le dieu de la mort était bien plus modéré que son frère, plus intelligent sans doute aussi. Et, Ssys le pensait, plus puissant que Thimoros. Parce qu’il était capable de commander à la vie des défunts. Ceci fascinait Ssys, à qui l’on avait répété que les femmes étaient supérieures car capables du miracle de vie. En marchant, il repensait à l’histoire des dieux fraternels, et adressait ses prières aussi bien à chacun, l’un pour la force dont il avait besoin immédiatement, l’autre pour le bon déroulement du futur.

À présent, l’elfe noir était à bout. Il était épuisé par plus de soixante heures d’un rythme forcé et complexe qu’il s’imposait pour couvrir sa fuite, il était exténué par l’intense clarté du soleil maléfique. Il était affamé, passant d’habitudes alimentaires correctes comprenant systématiquement de la viande rouge, aux maigres produits de sa cueillette. Il transpirait énormément à cause de ses efforts, et maigrissait à vue d’œil. Il se disait qu’il ne devait plus ressembler beaucoup à l’elfe que les siens avaient connu quand il avait quitté Khonfas.

Arrivé dans la ville où tout maintenant semblait possible, le Shaakt chercha immédiatement un endroit où manger et méditer convenablement. Fort heureusement, il trouva aisément une grande auberge proche de la périphérie, dont il lut distraitement le nom avant d’entrer. L’auberge du Pied Levé l’accueillit vers sept heure du matin, et pourtant on voyait déjà de nombreuses personnes en train de boire et jouer. Ssys n’eut pas à chercher longtemps pour trouver le comptoir, où une jeune femme mal réveillée s’assurait que les casseurs payaient, et s’occupait occasionnellement du service. Le drow la détesta instantanément, dès qu’elle commença à la fixer et à se frotter les yeux, comme pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas.

« - C’est une habitude de la maison, de fixer ainsi les clients ? demanda-t-il de mauvaise humeur, devinant le regard indiscret sur le contour de son œil gauche.
- Excusez-moi, je n’ai pas l’habitude de voir des gens de… votre espèce. elle avait rougi et baissé les yeux, vraiment gênée de son comportement. Que puis-je pour vous ?
- Un repas chaud, un verre de vin et une cruche d’eau répondit Ssys avec mépris. »

La jeune femme acquiesça, tourna les talons, et disparut vers ce qui devait être une cuisine, à en juger par l’odeur. Elle revint avec un bol contenant une sorte de bouillie de légumes et de racines, accompagné d’un morceau de viande qui fit saliver le Shaakt. Elle lui proposa d’aller s’asseoir avec son repas pendant qu’elle revenait avec ses boissons. Ssys ne se fit pas prier, et se lança dans ce qu’il considérait comme un fameux gueuleton, alors qu’il n’aurait sans doute même pas pris la peine de manger ce repas à Khonfas. Son vin l’avait réjoui, et son eau l’avait revigoré.

Il resta un instant assis à sa table, avec la vaisselle sale de son repas, pour apprécier ce qu’il avait accompli. Il n’était plus un laquais des matriarches, il avait fuit Khonfas avec succès, et sans se faire remarquer sur le trajet. Il n’avait encore vu aucun signe qu’il ait pu avoir été poursuivi, et ses poursuivants pensaient probablement qu’il aurait suivi la côte pour rejoindre Eniod, qui était bien plus accessible et proche. Sans indice de sa présence à Tulorim, ils ne penseraient probablement pas à venir l’y chercher. Et sans le trouver à Eniod, ses poursuivants partiraient du principe qu’il avait dû mourir en chemin. L’autre intérêt de venir à Tulorim avait été que le drow connaissait quelque peu la ville, par les dires des caravaniers avec lesquels il avait traité. Ici devait se trouver un temple de Thimoros et Phaitos, ainsi que probablement quelques sorciers de l’ombre qui pourraient lui en apprendre plus sur sa magie. Son père lui avait appris à maîtriser le souffle de Thimoros, mais de son propre aveu, il n’en connaissait pas beaucoup plus en matière de magie.

Ssys se leva, laissa sur la table les quelques Yus demandés en paiement du repas, et observa la salle. Beaucoup de gens l’observaient. Cela l’énervait, bien sûr, mais le mettait en plus sur les nerfs. Il suffirait que l’un de ses idiots parle de sa présence à Tulorim pour que les matriarches envoient des gardes le tuer. Il faudrait qu’il fasse quelque chose à ce sujet, ses traits étaient bien trop identifiables pour se balader ainsi ouvertement. Il retourna en direction du comptoir, vers la jeune femme qui s’occupait de l’établissement.

« - Où se trouve le temple de Thimoros et Phaitos ici ? demanda-t-il en contenant son envie d’égorger l’enfant devant lui. Elle ne devait pas avoir plus de vingt ans mais le regardait avec plus d’assurance maintenant la surprise passée.
- Le temple des frères ? Vous le trouverez au sud-ouest d’ici, aux abords de la forêt.
- Bien. Je vous serais gré de ne pas ébruiter ma destination avec qui que ce soit… demanda-t-il en tendant à contrecœur dix Yus à la jeune femme. Cette dernière accepta les pièces et lui adressa un clin d’œil.
- Je ferai ce que je peux. »

Ssys ressortit, espérant que la somme dérisoire lui éviterait des ennuis sans vraiment fonder d’espoirs là-dessus. Une fois à l’extérieur, il rabattit son capuchon et ramena ses cheveux dans son dos, masquant autant que possible ses traits caractéristiques de Shaakt. Puis il marcha dans la direction que l’aubergiste lui avait indiqué, vers le temple de Thimoros et Phaitos.

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"Le jour viendra où mon nom sera votre malédiction. Et alors vous désespérerez, car vous saurez que vous ne pourrez pas en réchapper." Ssys Del'rad'en Ser'nya
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