J’appréciai moyennement qu’elle m’appelle le Fujonien mais c’était ma nature. Elle avait néanmoins dit cela sans arrière pensée et partit à la recherche de victuailles. Reportant mon attention sur son père, je vis très nettement son expression changer pendant l’espace d’une demi-seconde. Il émanait de lui une sagesse intemporelle, j’avais l’impression qu’il avait vécu autant d’années qu’un elfe. Il nous expliqua qu’il avait été prêtre dans un autre temps, peut être bien une autre vie, et qu’il était un émissaire de Yuimen, tout comme nous à l’heure actuelle. Ses derniers mots étaient bien énigmatiques, il devait occuper ses fonctions depuis très longtemps.
Son ami le raton-laveur descendit de son perchoir pour atterrir sur la table ou elle se transforma en boule d’énergie ou de fluide magique pur. Je n’avais jamais assisté à une telle démonstration de ma vie, mais à ma décharge, je commençais tout juste à vivre. Il nous expliqua que son odeur venait des arbres, qu’elle n’était donc pas humaine, pas plus que lui. Ce n’était qu’une enveloppe. Cette phrase me laissa sur ma fin qu’elle induisait de nombreuses questions. J’avais tellement envie d’en apprendre plus à leurs sujets.
Saraki revint dans la pièce avec de quoi nous restaurer, cela sentait bon et semblait gouteux. Elle nous proposa de monter à l’étage, elle avait préparé des chambres pour nous, sachant que nous arrivions. Notre marque devait fonctionnait comme un aimant en présence d’un autre ermite. C’était fascinant, autant de magie dans en une si petite pièce. J’avais hâte de connaître l’étendue de nos prérogatives.
- « Votre accueil fait chaud au cœur, comme mon amie, je vais aller déposer mes affaires à l’étage. »
Ayant suivi Adweinna, je la vis entrer dans la première chambre de l’étage. Continuant dans le couloir, j’entrais dans la chambre suivante. Je n’avais jamais vu ce genre de bâtiments, ayant toujours vécu en pleine nature. Je découvris dans ma chambre un guéridon, un lit dans lequel je pourrais m’étaler dans n’importe quel sens, de quoi me rafraîchir ainsi qu’un pagne en cuir souple ainsi qu’une cape de tissu vert. Je posai mon sac près du lit, mon bâton de mage sur le guéridon et m’allongeai sur les draps.
Je pus ainsi gouter quelques instants à la chaleur réconfortante d’un vrai foyer, car oui je considérais l’Ermitage comme ma nouvelle maison. Nos hôtes étaient très accueillants et les mystères qui les entouraient me donnaient de belles perspectives de conversations. Je profitais encore quelques minutes de ce lit, fermai les yeux et vit les montagnes d’Hidirain. Les bruits de la forêt, l’odeur des arbres, la sensation de l’herbe sous mes pieds, le vent dans ma fourrure… tout ça allait me manquer. J’arriverais peut-être à retrouver ce sentiment ici.
Nous allions passer du bon temps avec ces gens. Rouvrant les yeux, je me relevai en vitesse. Me prenant la tête dans les pattes, je me frottai les yeux et finis par me lever du lit. Je mis le pagne et la cape, je serais peut-être amené à sortir. Je sortis de la chambre et rejoignis la pièce principale. Adweinna n’était toujours pas là alors je l’attendis tout en regardant le soleil se coucher à travers les fenêtres de la maison.